Quand il entra, la jeune femme, elle devait avoir tout juste la trentaine, pleurait et sursauta quand elle le vit s’approcher d’elle.
« Vous allez bien ? » Question stupide se dit Rand en lui-même.
« – Pourquoi vous êtes revenus ? Vous allez vous attirer des ennuis. »
– Je ne suis plus à un soucis près vous savez.
– Vous devriez partir. S’ils repassent vous allez avoir droit à une visite au poste.
– Je ne fais rien d’illégal ! J’ai oublié de vous acheter des chaussettes !
– Ah…
– C’est du harcèlement ce qu’ils vous font subit !
– Ils… font leur boulot.
– C’est pas plutôt à un agent de probation, ou quelque chose dans le genre, de vous surveiller ? Enfin… vous aider plutôt.
– Si.
– Vous en avez un ?
– Oui, et eux en plus.
– Sacrés cerbères que vous avez…
– Oui…
– Vous… vous avez un avocat ?
– Oui…
– Commis d’office ?
– Oui…
– Et vous êtes encore en contact avec lui.
– Oh non, pas vraiment.
– Vous lui avez parlé de ce que vous subissez ?
– Non, et puis au final, je le mérite.
– Comment ça ?
– Ils ont sûrement dû vous le dire…
– Défoncer la boîte crânienne de votre mari ? Oui ils me l’ont dit…
– J’ai honte.
– Je suis sûr que vous n’avez pas prise la tête de votre mari pour une balle de baseball sans raison. C’était un de ces enfoirés hein ? »
Elle marqua une longue pose, mais ses sanglots repartirent de plus belle. Dante ne savait pas quoi faire et surtout, ne savait pas pourquoi, au final, il était revenu. Peut-être que la misogynie belliqueuses des deux cow-boys lui avait donnée l’envie de prouver à cette femme que tous les hommes n’étaient pas des porcs.
« – C’était compliqué Monsieur Rand.
– Je n’en doute pas une seconde.
– J’ai eu ce que je méritais.
– Est-ce que je peux vous demandez pourquoi vous avez fait ça ? Légitime défense ?
– Oui… d’une certaine manière.
– Laissez-moi vous faire un chèque, je peux contacter un bon avocat pour vous défendre.
– Non non ! Laissez-moi je vous en prie ! Je suis habituée !
– Mais vous n’allez pas continuer à vivre avec les flics aux trousses encore toute votre vie. Ils attendent le moindre faux pas de votre part !
– Je paie ma dette envers la société.
– Connerie oui ! Ils vous font culpabiliser ! Vous avez fait une erreur, ou peut-être pas, si c’était de la légitime défense. Et même, ce n’est pas le boulot des flics de harceler les gens, même ceux en probation.
– Je sais…
– Vous en avez parlée à votre agent de probation n’est-ce pas ?
– Il me dira quoi ? Que je me rebelle ? Et il trouvera un moyen de me remettre derrière les barreaux, car je suis une déséquilibrée, instable ?
– J’ai été témoin de leurs abus de pouvoir !
– Je suis juste fatiguée.
– Je suppose que vous ne pouvez pas sortir de la ville…
– Vous supposez bien.
– Fais chier ! »
Dante sortit son téléphone, son bloc-note et son stylo. Nota son numéro de téléphone et le numéro du cabinet d’avocat qui s’occupe de ses affaires légales à Manhattan, New-York.
« – Tenez, mon numéro et celui de l’étude d’avocat qui s’occupe de mes affaires. Je les appellerai quand je sortirai et je leur parlerai de votre cas. Aussi acceptez ça. »
Il sortit son chéquier, fit un chèque de 5 000 dollars et lui tendit.
Elle faillit s’évanouir à la vue du chiffre sur le chèque.
« – Je ne peux vraiment pas accepter… ils ont les yeux sur mon compte en banque.
– Il y a mon nom sur ce chèque, j’ai le droit de faire un chèque à qui je veux ! Encaissez-le. Gardez-en pour l’avocat. Je vous aiderai financièrement et je vous obtiendrai un bon avocat pour être à vos côtés, je ne peux pas faire grand-chose d’autre.
– Vous plaisantez ? C’est déjà beaucoup. Beaucoup trop. »
Il lui posa une main sur l’épaule puis la regarda droit dans les yeux.
« – Ayez confiance en moi. Les poulets vous lâcheront la grappe quand ils seront qu’un avocat de Manhattan vous défend maintenant. Et sûrement que cet avocat arrivera à vous tirer de cette sale affaire.
– Je ne sais pas comment vous remercier…
– En ne baissant pas les bras. Promis ? »
Elle fit oui de la tête. Rand se dirigea vers la sortie, fit un sourire à sa fan avant de se rendre compte qu’il ne lui avait jamais demandé son prénom.
« -Une dernière chose, comment vous appelez-vous ?
– Harley. Merci encore.
– Courage Harley. Et pour les chaussettes, je ferai sans ! »
Il regarda aux alentours, ne vit aucune voiture de flics. Il se dépêcha de rentrer dans sa voiture, démarra. Il mit son potable en connection Bluetooth avec sa voiture et contacta l’étude d’avocat de Manhattan.
« – Cabinet LeMaher, Sabine a l’appareil.
– Bonjour Sabine, c’est Dante Rand.
– Bonjour Dante ! Comment allez-vous ?
– Bien. Dites, puis-je parler à David s’il vous plaît.
– Un instant, je vérifie s’il est disponible. »
La musique d’attente se déclencha. Peu de temps car une voix rauque retentit.
« – Allô monsieur Rand !
– Bonjour monsieur LeMaher !
– Appelez-moi David ! Comment ça vas en Oklahoma ?
– Bien, dite, je suis tombé sur une jeune femme harcelée par des bouseux de flics. Je lui ai donné votre numéro et de l’argent pour vos honoraires. J’espérai que vous pourriez l’aider…
– Quel samaritain ! Vous êtes amoureux ?
– Non David, je ne plaisante pas, elle a besoin d’aide. Elle est sous probation, mais les flics surveillent le moindre de ses faits et gestes.
– C’est à un agent de probation de s’occuper de ça ! Et encore !
– Elle a un agent qui ne semble pas s’occuper d’elle, et pire, qui cherche à la faire retourner derrière les barreaux.
– Elle a fait de la prison pour quoi ?
– Elle s’est défendu à coup de batte de baseball contre son mari, qui n’avait pas l’air d’être un saint si vous voyez ce que je veux dire…
– Elle l’a tué ?
– Non, mais il est handicapé à vie. Écoutez j’en sais pas plus.
– Rand, moi j’m’occupe des affaires, du business, je fais pas dans la personne… dans les mœurs. C’est très bancale votre demande.
– Vous avez sûrement un collègue qui pourrait s’en occuper.
– Oui sûrement…
– Et je suis sûr que vous pouvez gérer cela. Vous avez le feu en vous, je suis sûr que vous avez envie de casser du flic et de secouer le système judiciaire de ces bouseux.
– Dit comme cela, c’est sûr que ça m’intéresse !
– Je paierai les honoraires, ok ?
– On verra pour l’argent plus tard. Vous avez son numéro ?
– Elle vous appellera. Ou si jamais elle n’ose pas, peut-être m’appellera-t-elle. Si vous n’avez pas de nouvelles d’ici deux jours, appelez-moi.
– C’est quoi son nom à votre dame ?
– Harley.
– Ok, c’est noté.
– Merci bien David !
– Hey ! Moi je suis toujours partant pour casser du bouseux.
– Je peux te dire que niveau racisme, misogynie et tout ce qui va avec, tu vas être servis. J’ai même rencontré un dealer d’arme qui croyait que j’étais du FBI !
– À la bonne heure ! Tu as besoin de moi pour quelque chose d’autre pendant qu’on y est ?
– Non, merci. Je compte sur toi.
– Pas de soucis. »
Il était déjà sorti de Alva, il ne s’en était même pas rendu compte.
À cinq miles, il réalisa qu’il avait complètement oublié d’acheter ses outils de dépannage. En aucun cas il ne retournerait à Alva. Autant ne pas tenter le diable. Il n’avait qu’à prier que tout se passe bien à Buffalo.
Jaskiers