Springsteen sortait de sa cabine, le sourire édenté étiré jusqu’aux oreilles. Il brandissait une clé pour démonter un pneu d’une main et un cric de l’autre, les outils qui avaient manqué à Thomas.
Le camionneur se rapprochait, et avec l’outil en croix, il ressemblait à un mauvais prophète. Il criait quelque chose que les tympans de Rand refusaient d’étendre.
Dante agrippa son volant, serra sa mâchoire et poussa un cri rauque pour se donner du courage. Ou parce qu’il déraillait. Et parce qu’il allait falloir jouer délicatement avec ce monstre. Ravaler sa fierté et le laisser pavoiser, le caresser dans le sens du poil. Ne pas poser trop de questions.
« – Bah ça alors ! Le yankee mal polis !
– Salut mec.
– Putain, hey, sacrément amoché l’pneu.
– Ouai.
– Une chance que je passais par là !
– Une chance oui !
– T’sais changer une roue, Yankee ?
– Oui j’pense.
– Tu penses ?
– Mais je pense que tu as l’air bien plus doué toi.
– Ah ça, bien dit.
– Je te lâcherai un billet.
– Nan, pas d’ça chez nous Yankee ! À New-York peut-être que les gens sont pingres mais pas nous !
– Ça pour être pingres, les new-yorkais si connaissent…»
Dante sortit de sa voiture et à son grand bonheur Springsteen cala le cric sous la voilure, tourna la manivelle et le côté gauche de sa voiture se souleva.
« – Putain, vraiment pas de veine de crever ici non de Dieu ! J’t’avais dis, y’a personne par ici.
– Dis-moi Peter, est-ce que tu me suivais ?
– Te suivre ? Mais pour quoi foutre ! Tu crois que j’suis amoureux de toi ! J’suis pas un n’homo’ comme vous, les new-yorkais !
– Faut avouer que cette coïncidence est un petit peu suspecte.
– Coinci’ quoi ?
– Un hasard si tu veux.
– Ah ouai, j’oubliais qu’t’etais un feignant de gratte-papier d’mes deux.
– Tu me suivais oui ou merde ? »
Peter arrêta d’actionner le cric. Il se releva, fixant Rand avec un sourire narquois et un regard noir légèrement inquiétant.
« – Tu crois vraiment que je te suivrais en camion ? J’suis con mais pas au niveau de suivre un type discrètement avec mon énorme outils de travail.
– Ok, ça se tient.
– Ouai qu’ça se tient ! Bon je vais déboulonner ton pneu là, tu dois avoir un embout qui se met sur la croix pour déboulonner le boulon antivol. »
L’écrivain feignit de comprendre, il avait entendu le vendeur de la voiture lui parler vaguement d’un truc antivol. Il ouvrit le coffre, trouva un sachet plastique qui contenait un embout métallique.
« – C’est ça ?
– Ouai ça l’air d’et’ ça. »
Le routier prit l’embout et d’une main experte le posa sur le boulon antivol du pneu dégonflé. Il plaqua la croix dessus et força. Ses muscles des bras et du cou se tendirent, il tourna l’outil et le boulon céda.
« – Bingo !
– Banco !
– Hein, tu m’traites de « blanco » ?
– Non, BANCO, B.A.N.C.O.. Ça veut dire pareil que bingo s’tu veux.
– Ah ! J’croyais que tu m’avais dit un truc de racisme.
– Nan j’suis pas raciste.
– Pareil ! J’ai rien contre les noirs hein, mais…
– Non on va éviter de parler de ce sujet, d’accord ? Laisse-moi plutôt admirer ta technique pour changer un pneu. Peut-être que je te mettrai dans un de mes romans un de ces jours.
– Vraiment ?
– Oui, les écrivains puisent sur leurs vécus, leurs expériences et leurs souvenirs pour écrire.
– Compliqué vot’ truc, mais vas-y, tu m’appelleras l’homme qu’change un pneu plus vite que son ombre.
– Pourquoi pas ! Un peu longuet mais pourquoi pas. »
Le flatter, c’est comme ça qu’on traite avec ses types, les plaindre, ils sont contents et vous mangent dans la main !
Springsteen déboulonna les trois autres boulons avec confidence, enleva la roue qui s’avéra récalcitrante à sortir de son emplacement, alla de lui-même chercher la roue de secours dans le coffre et fit la manœuvre inverse pour la fixer.
Il n’y avait pas à dire, il savait ce qu’il faisait, il le faisait bien et rapidement. Comme au lit, pensa Rand en lui-même, excepté le ‘bien’.
« -Bah V’la, c’est finito comme disent les mexicains ! »
Je ne parle pas espagnol mais je n’ai jamais entendu de mexicain dire ‘finito’.
« – Impressionnant vraiment. Sacré technique !
– Ça c’est pas les mexicains qui feraient un si rapide boulot et gratis ! Même avec l’mur de Donald ils viennent…
– Juste une question, pourquoi t’a parlé de moi à ton pote, le type avec la barbe hirsute, celui dont la femme est morte à New-York ?
– Franky ? Franky tu l’connais ? L’est pas discret ! J’lui avait dit de la fermer ! Il va m’entendre ! Tu sais, il m’a dit qu’il avait tué sa femme pour l’assurance vie ! »
J’accélère. Jamais je n’ai roulée si vite. Je ne ralentie pas, l’environnement n’est plus qu’un immense flou multicolore.
Pied au plancher, j’allume une cigarette. La vitesse et le cancer, plus rien ne m’importe que de rouler. Où ? On verra demain, si j’ai la chance de voir se lever un nouveau soleil.
Je sens la voiture quitter l’asphalte, le temps de quelques millisecondes. Qu’à cela ne tienne, mieux vaut une mort rapide que la vieillesse, refuge des optimistes. Je pourrai accélérer encore plus. Ces routes californiennes déploies leurs miles sur de longues lignes droites. Parfois la mer m’accompagne. Je roule direction le nord, à ce rythme, j’aurai Seattle demain mais avoir un objectif, c’est pour les naïfs. Demain, demain c’est trop loin.
La liberté dans la vitesse. Dans un cercueil d’acier qui avance grâce à de explosions, oui des explosions, nous roulons tous dans un corbillard, nos siège notre bière, la tôle froissée, comme créée des mains d’un Ephaïstos aviné, est notre cercueil.
Promis demain j’accélère encore plus !
Qui de nous deux méritait le plus de vivre ? Qui vit le plus longtemps vit sur le dos des autres, regardes moi, tu n’est plus, j’ai pris ta voiture. Ma seule hantise sera de m’arrêter, je ne pense déjà plus à toi et à ce que je t’ai fais. On récolte ce que l’on sème, cliché pourtant vrai quand on voit comment tu as finis. Est-ce que mourir de la main d’un autre c’est mourir seul ? Qu’importe que l’on meurt en société, moi je voudrais me voir partir, succomber doucement aux ténèbres éternelles, faire la comparaison : vie et trépas, quel sort envier ? Vivre vieux ou mourir jeune ? Si nous vivons plus longtemps dans la mort, je choisis de mourir jeune, je serai déjà plus habitué, pas de temps à perdre, l’éternité nous attends, vivre est une parenthèse loin d’être enchantée. Nous sommes ici pour être punit, j’en suis sûr. Qui peut se targuer d’avoir une vie de bonheur sans une once de malheur ? Voyez, l’éternité n’offre rien que du temps à profusion, la vie n’offre rien qu’une torture perpétuelle ou dés la naissance notre corps est voué à ne plus être, chaque seconde nous dévore. Nous pensons construire un futur, quelque chose qui nous restera après notre passage dans les ténèbres éternels, égoïste ! Rien ne nous ressemble totalement car rien n’est sous notre contrôle total. Peut-être que tout est écrit, prévue, peut-être que notre vie n’est que recommencement. Peut-être que je t’ai tué pour la centaine de milliards de fois, que vous lirez ces mots pour la centaine de milliards de fois. Quand tout recommence ? Quand l’humain s’éteindra, naissance c’est destruction, mort c’est libération.
Je confesse j’en oublie, je longe les côtes, l’océan sur ma gauche, l’humain sur ma droite, le vent droit devant moi, la justice derrière.
Loi humaine, il suffit d’un faux pas pour être endetté par la société, cruelle, mais c’est la loi des Hommes. Plus que d’argent, notre amende est de temps, trop précieux. Temps et liberté, si vous avez ces deux choses, vous êtes chanceux. J’ai eu les deux.
Que le moteur gronde ! À l’arrêt il ronronnait mais maintenant à pleine puissance il rugit. Puissance, la puissance c’est le pouvoir. Et qui a le pouvoir possède tout. Qui a dit cela… ah oui Tony Montana dans Scarface. Oliver Stone est-il un philosophe ?
Ce vent qui fouette mon visage, légèrement frais, j’ai détachée mes cheveux, ils batifolent maintenant, libres eux aussi mais toujours attachés à leurs racines. Comme l’être humain moderne. Qui se dit libre mais reste où il est. Il regrettera sur son lit de mort, mais qui ne mourra pas sans regret ?
Le sel sur mes lèvres. Il me disait qu’elles étaient sucrées, voici maintenant qu’elles sont salées. Les tiennes étaient sans goût. Rien chez toi n’était atypique. Toute ta vie semblait avoir été réglée, chaque situations prévues, parfois au mot près ! Il y a une chose que tu ne pouvais pas contrôler, l’amour. Tu le savais, t’es parents aussi, je n’étais pas femme à marier, je n’étais pas pour toi. La survie du plus fort existe encore, l’exercice a juste pris des nuances différentes. Encore la loi des Hommes, ou des hommes en ce qui nous concerne, nous créatures émettrices d’œstrogènes.
Est-ce que je regrette ? Regret, regret, regret et puis on ne vit plus !
Quand j’ai brandie le calibre, mon bon vieux Smith & Wesson, les regrets, ils y a bien longtemps que je les aies mis de côté.
C’est fou, ils peuvent avoir tout l’argent du monde, quand un calibre les braques, ils sont prêts à tout te donner, avec femmes et enfants si ils en ont.
Je ne t’ai rien réclamé. Tu as jouer, j’ai gagné. Ton gain, tu le ramasses dans ce petit morceau de métal dans ton cerveau.
Mon gain ? Quelques centaines de milliers de dollars, un bon cabriolet avec une lionne en guise de moteur, et les moyens d’arriver à bon port pour la prochaine chasse.
Des amies ? Lesquelles ? Ce n’est que perte de temps pour les gens comme moi. Je me sers, comme dans un restaurant, je picore. Je prends ceux qui m’intéressent. Intérêt, c’est tous ce que vous êtes pour moi. Ne soyez pas hypocrite, vous êtes pareils. Une fois qu’une personne ne peut plus rien nous apporter, nous la laissons sur le côté de la route. Tout n’est que question d’opportunisme. C’est le fonctionnement des relations humaines. Des miennes en tous cas. Je ne ressens aucune peine ni pitié. La culpabilité, c’est pour ceux qui ont le temps de s’apitoyer sur leur sort. Je n’ai jamais compris ces faiblesses humaines, si vous regrettez tant, tuer-vous et laissez la place à nous, les loups et louves. Tous, solitaires mais vivants, regardez nous. Nous sommes les maîtres du monde. Les puissants : chefs d’entreprises, politiques, artistes et j’en passe. C’est nous qui dirigeons le monde, nous qui vous dictons quoi penser, ce qui est bien ou mal, normal ou pas, moral ou amoral. On ne dirige pas avec des valeurs mais avec des décisions. Et ceux qui tranchent dans le vifs sont ceux qui ont le plus de pouvoir. Un jour peut-être vous comprendrez.
C’est incroyable, j’ôte une vie et je roule, libre comme l’air. C’est tellement simple ! Rien à voir avec vos séries télévisées, vos livres, vos films. Ces choses sont faites pour vous garder docile. Nous, les loups et louves, n’avons pas le temps pour ces inepties. Nous prétendons nous intéresser à vos centres d’intérêts mais c’est pour mieux vous cerner mes enfants !
Je roule, j’ai des milliers dans le coffre et pilote un engin qui en coûte autant. Aucune dette. Libre.
Libre, vous devriez essayer. Je croise vos regards, vous m’enviez. Je serai pareil à votre place. Ça se lit dans vos yeux « Les yeux Manny, ils ne mentent jamais », Al Pacino dans Scarface.
Vous avez sûrement oublié d’oser. On ose plus, on s’écrase, on laisse sa place et on vit notre vie par procuration, on regarde des émissions de télé-réalité et des talk-shows pour oublier notre médiocrité. Pardon, pas « notre » médiocrité mais la vôtre !
Travailler pour votre patron qui lui vous dirige depuis son yatch. Après tout, vous êtes à votre place, lui a osé et prit des risques, vous non.
Je suis différent de ceux là aussi. Moi je prends, je prends des vies et leurs fortunes pour disparaître. Sociopathe ? Psychopathe ? Quelle beaux mots ! Vous perdrez trop de temps à vouloir toujours mettre les gens dans des cases. Vous réfléchissez trop ! Il y a les chassés et les chasseurs, ceux qui dégustent et ceux qui mangent les miettes. Prenez place à la table, appuyez-vous sur un malheureux. Dans toute crise, ceux qui n’ont rien paient car ceux qui ont tout les forcent à payer et s’enrichissent. Tout est prévu pour enrichir les riches et appauvrir les pauvres. Statu Quo !
Ceci étant dit, j’accélère. J’ai d’autres hommes à croquer, à escroquer et à tuer. Voyez-vous la liberté à un prix, voici le prix de la mienne, celle d’une vie.
La mienne arrivera à son terme, la cabane ce n’est pas pour moi, je ne me ferai pas prendre par les cow-boys, je ne resterai jamais enfermée. La mort, c’est ça la vraie libération, s’évader par une porte dont on ne peut plus revenir, et surtout, personne ne peut venir vous y chercher.
Rappelez-vous, le monde n’est pas à vous, mais à moi et aux loups. Vous êtes le gibier, payer vos impôts et enrichissez votre patron ! Toute dérogation à cette règle vous mènera dans de terribles soucis. Vous auriez dû être comme moi, visionnaire, égoïste, manipulatrice, tueuse, profiter de chaque faille dans l’armure humaine ! L’adage dit qu’il n’est jamais trop tard mais si, trop tard, vous êtes un moucheron dans la toile d’une araignée qui vous déguste lentement, vous laissant de la force pour vous nourrir, grossir et vous faire dévorer, guérir et rebelote, comme Prométhée. Qu’avez à gagner Prométhée à donner le feu à l’Homme ? Rien ! Tous ce que vous auriez dû faire, vous auriez dû le faire pour vous et vous seul ! Et quand ça coinçait, rien de tel qu’un bon calibre qui crache ce pruneau de mort.
Nous sommes plus présent nous, les sauvages, que vous pouvez le penser. Nous sommes vos voisins, compagnons, amis, femmes, maris, sœurs, frères et même enfants. Tous, nous nous reconnaissons et ne marchons pas sur nos plates bandes. Cela nous prendrait beaucoup trop de ressource pour rien.
Je quitte la Californie à l’instant, la prochaine ville, ma prochaine victime et mon butin. N’oubliez pas, les regrets, gardez les pour votre lit de mort. Et si c’est moi qui vous y allonge, merci de m’avoir laissée vous plumer.
Le cri est strident, « Le diable se dirigent vers nous ! Ohé ! Le diable en a après nous ! »
Les hommes du Wigram se réveillent sans se faire prier, c’est le branle-bas de combat. On se bouscules pour aller à son poste, les canonniers et boutes-feu se postent derrière leurs canons, prêts à lâcher une bordée au premier ordre.
Antoine, le bosco, posté sur la dunette, sort sa longue vue, la dirigeant sur 360 degrés.
« – Mais qu’est-ce que c’est que ça ! Antoine tu peux me dire ce que c’est !
C’est une boule de feu ! On dirait un… un soleil ! Un petit soleil ! »
Tous les hommes se relèvent de leurs postes pour chercher de leurs propres yeux les paroles terribles d’Antoine.
À l’horizon, venue de l’ouest, une forme rougeâtre est visible, avec un peu de concentration, certains matelots jurent que cette chose approche.
La forme semble être triple dans la longue vue du bosco, il peut voir cette chose de feu, son reflet sur la mer et ce phénomène curieux qui reflète cette énigme juste au dessus de la ligne d’horizon, comme trois cavaliers de l’Apocalypse parfaitement alignés à la verticale.
« – Antoine, qu’est-ce que tu vois exactement !
C’est une chose en flamme mon commandant.
Ça vient vers nous ?
Ça vient pas de doute.
À quelle vitesse ?
Je dirais… , Antoine prend son loch, éclair le cadran en l’approchant d’un brasero. Je dirais 35 noeuds mon commandant !
Trente-cin… Bon dieu. Faisons lui face à notre bâbord, je veux les canons prêts a lâcher une bordée sur ce… machin. »
Le Wagram fait un quart de tour sur la droite, le contre-amiral Kerjulien approuve de la tête en regardant le timonier.
« – À bâbord, je veux 5 canons d’anges à deux têtes, 5 autres de boulets pleins. Prêts à canonner à mon signal !
Oui commandant ! »
Les boutes-feu préparent leurs baguettes, prêts à en enflammer la mèche d’étoupe. Dans la nuit, aucune lune, aucune étoile, les braseros et torches du Wagram vacillent, laissant voir des ombres sur les faces crispés des matelots. Elles dessinent de curieux visages sur celui balafré du contre-amiral, créant l’illusion de lui ajouter, le temps d’une seconde, d’autre cicatrices avant de disparaître. Ses rides semblent se multiplier avec le jeu de lumière erratique, lui donnant des airs de vieillards. Ses pupilles sont rouges, tel un possédé, tel ceux qui entrent en transe dans les lointaines terres hindoues durant ces étranges cérémonies dédiées à Shiva.
« – Commandant, je pense… je pense qu’il dévie de sa trajectoire et met le cap dans notre direction !
Je le sais ! On… ne regardez pas trop cette… chose en feu, rien de tel pour vous éblouir.
Mon commandant, c’est quoi ce truc ? »
Le commandant allume sa pipe à l’aide d’un petit tisonnier qu’il avait préalablement chauffé à un brasero.
« – Ça… c’est une putain de légende, une légende vraie !
Que voulez-vous dire mon commandant ?
Ce que je veux dire ? C’est que si nous ne le coulons pas, nous seront morts.
Évidement…
Évidement quoi sous-fifre ?!
Pardon mon commandant.
Ce truc là messieurs, c’est le diable en personne ! C’est un navire en flamme, qui terminera sa mission infernale soit coulé, soit en nous coulant.
Chef, peut-être qu’on pourrait essayer de le perdre !
Inepties ! Conneries ! Ce machin vient pour nous envoyer en enfer, j’ai… il… on a trop péché ! Trente-cinq noeuds ! T’as pas entendu Antoine ! Notre Wigram dépasse difficilement les 10 noeuds !
Et si on manœuv…
Tu pense pouvoir l’esquiver ? Ah ! Ce machin va vouloir se repaitre de nous, c’est intelligent, cela nous est destiné ! Allez me chercher Spark ! Il n’est pas là, doit être en train de prier sa mère au carré.
Oui chef.
Et dite lui que si il ne ramène pas son cul ici, je lui fourre mon tisonnier dans l’œil !
Oui chef !
Du nerf ! »
Le commandant s’approche du charnier et s’asperge le visage d’eau, maintenant, les flammes du navire lui donnent un teint translucide. Les yeux braqués sur le navire en flamme qui approche à grande vitesse.
« – Putain, on dirait… sa carcasse… mais y’a encore les voiles mais c’est… tout en feu !
Antoine, arrête de le regarder, tu vois le diable merde ! Arrêtez de le regardez ! Soyez prêt, foutrement prêt à canonner cette terreur ! On aura pas de deuxième chance !
Commandant…
Spark petit enculé !
Désolé mon com… »
Cosmao Kerujulien prend la tête de Spark entre ses mains pour la placer en vue du navire enflammé.
« – C’est de ta faute ça enfant de putain !
Commandant… je suis désolé !
Tu sais ce que je vais être obliger de faire hein ?
Pitié non ! Non ! Laissez moi une chance, une… »
Le commandant lui tranche la gorge, Le corps de Spark, refusant la mort, fait des soubresauts. Le contre-amiral tourne et retourne sa dague dans le cou de Spark, on entends les tendons et les nerfs se défaire et le bruit de scie que fait la lame sur les os du cou de l’infortuné. Le commandant s’acharne, pose le corps du mort à terre et le décapite.
En brandissant la tête, il se déplace jusqu’aux gaillard avant, se tourne face au vaisseau brûlant qui n’est plus qu’à une moitié de mille et hurle :
« – Voici ! Voici Chtuhulu ! Regarde, j’ai accompli ta vengeance ! Chtuhulu, voici mon offrande, épargne moi, mes hommes et mon navire ! Prend-le ! Par pitié ! »
Ces derniers mots sont dits dans les sanglots. Tous les matelots le regardent, son uniforme est tacheté de substance noir, dégoulinante. Son corps a l’air d’une ombre, brandissant en l’air la tête de Spark comme Persée avait dû brandir celle de Méduse devant Phinée et ses sbires.
Les canonniers placent leurs canons dans leurs sabords respectifs, les boutes-feu enflamment leurs baguettes.
« – Chtuhulu je ne mérite pas ta colère. C’est lui, dont je tiens la tête, qui t’as offensé ! Lui a brisé son serment, pas moi ! »
Antoine ne peut s’empêcher de regarder le navire en feu, il croit même voir un visage, une terrible vision, un crâne à la mâchoire immense sortir puis, le fracas des canons firent vibrer l’air.
Les boulets percutent le vaisseau du diable, éclatant sur sa proue, des esquilles mêlées aux étincèles emplissent l’air, les anges à deux têtes fendent les voiles enflammées mais le vaisseaux fantômes ne ralentit pas.
Une seconde de silence, comme si l’oxygène du monde entier avait disparue, les matelots se regardent, à l’ombre des flammes ils ont l’air de spectres.
Le diable de vaisseau émet un son rauque, à faire exploser les tympans, des matelots en paniquent s’apprêtent à sauter à l’eau dans l’embarcation de sauvetage, le contre-amiral, reste debout, il a baissé les bras et la tête. Il est le premier percuté par le navire.
Soudain, tout le vaisseau prends feu, le bois craque et semble même hurler, le métal se tords, les feux de l’Enfer s’effondrent sur les marins.
L’instinct de tous les matelots est de sauter à l’eau, dans un dernier réflexe de conservation, ils sautent par dessus bords mais la mer n’est plus que flammes. Tel un feu grégeois, les marins sautent à leurs pertes, se consument, brûlés dans l’eau.
Tout se désagrège, l’oxygène n’existe plus pour les hommes encore conscients. Ils préfèrent mourir immédiatement plutôt que d’être les témoins de cette horreur. Préférant une mort rapide que de finir mangé par les flammes un mousse se tranche la gorge, l’autre s’enfonce son poignard dans le ventre, un autre encore plonge, la mer n’est plus un espoir, il brûle. On ne sait comment mais il reste à la surface et pousse des cris d’agonie avant que les flammes se repaissent de son visage.
Les mats s’affaissent, se donnant au feu pour mieux le nourrir, tout n’est que vision d’enfer, des silhouettes titubent et s’affaissent à genoux, des torches humaines sautent dans les lames de feux, des gerbes enflamment chaque parcelles de navire et de corps humains. L’air est emplie de petit débris qui se consument, comme des fées éphémères dont la vie est écourtée net par le présent à l’humanité de Prométhée.
Puis une énorme explosion finit de compléter le tableau d’apocalypse, le feu ayant atteint les réserves de poudres. L’atmosphère aux alentours hurle, comme si elle aussi pouvait sentir la souffrance.
Et le calme reprend ses droits. La mer s’est éteinte, des débris encore fumant flottent et sifflent au contact de l’eau, les squelettes des deux navires embrasés restent encastrés l’un dans l’autre comme des amants maudits.
Une immense lame engloutit les deux carcasses. Une épaisse fumée s’échappe de la mer puis s’évapore.
La vie reprend ses droits. Les flots sont calmes. Rien ne les perturbent, l’équilibre est revenu.
Crédit image : Pinterest
Récit inspiré par « Chtuhulu » d’H.P. Lovecraft et par « Moby-Dick » d’Herman Melville.
The microphone explodes, shattering the molds Either drop tha hits like de la O or get tha fuck off tha commode Wit tha sure shot, sure ta make tha bodies drop Drop an don’t copy yo, don’t call this a co-op Terror rains drenchin’, quenchin’ tha thirst of tha power dons That five sided fist-a-gon Tha rotten sore on tha face of mother earth gets bigger Tha triggers cold empty ya purse
Rally round tha family! With a pocket full of shells They rally round tha family! With a pocket full of shells They rally round tha family! With a pocket full of shells They rally round tha family! With a pocket full of shells
Weapons not food, not homes, not shoes Not need, just feed the war cannibal animal I walk tha corner to tha rubble that used to be a library Line up to tha mind cemetery now What we don’t know keeps tha contracts alive an movin’ They don’t gotta burn tha books they just remove ’em While arms warehouses fill as quick as tha cells Rally round tha family, pockets full of shells
Rally round tha family! With a pocket full of shells They rally round tha family! With a pocket full of shells They rally round tha family! With a pocket full of shells They rally round tha family! With a pocket full of shells
Bulls on parade
Come wit it now! Come wit it now! Bulls on parade! Bulls on parade! Bulls on parade! Bulls on parade! Bulls on parade!
Bouclier d’airain dans ma main gauche, javelot de bronze dans ma main droite.
Au milieu de la mêlée je danse, je tournoie. Le sang a remplacé l’huile qui m’a oins.
Les membres se défassent sous mes coups, sous ma pointe. Les crânes craquent, les muscles se déchirent, les casques d’aciers brisés jonchent mon passage. Les ténèbres recouvrent les yeux des grecs.
Je suis le dernier de Troie. Je combat pour toi et lui.
Andromaque, trop vite je suis parti, pour toi, de sang est recouverte la glèbe, la terre qui accueille et nourrie.
Astyanax, sa peur, mon casque.
À terre la peste qu’a amené mon frère. Que Pâris périsse pour ses péripéties.
À nous de payer, le regard d’Helene. La Haine a amené ici la Terreur, terre fertile devant nos remparts.
De tes doux baiser, ces murs, nous sommes séparés.
Tes bras pâles plus jamais autour de ma taille.
Curieux, le regard d’Astyanax sera maintenant hanté par la Peur. Même si jamais plus il ne verra ma coiffe.
Les Dieux sont et ne sont plus, avec nous, gagnons puis perdons, gagnons encore puis perdons. Acculés souvent, dos au rempart de Père, le Roi, Priam.
Pour personne je ne voulais plus mourrir que vous. Mon char, mon attelage ne se pressent que pour vous. Ma lance percute, blesse et tue. Arès le Sanglant semble me guider. Mais je me perdrai bientôt.
Qu’on l’amène ce guerrier aimé de Zeus ! D’un face-à-face, que nous en terminons. Qu’Agamemnon, Menélas l’Usurpé, que Ajax l’empenné, que Ulysse aux milles ruses se ruent sur leurs vaisseaux. Et qu’on ne chante aucunes louanges aèdes ! Rien n’était beau dans cette bataille, c’était la folie des Hommes, entraînée et provoquée par les immortels, qui s’exerçait.
Et notre Xanthe empourpré, remplit de cadavres éviscérés, sera bouché après le carnage d’Achille, élu de Zeus.
Et le Simoï avec nous, toujours se battra mais sera dressé par le tueur d’Hommes.
Protésilas ma première victime n’était qu’un amuse bouche, il y a déjà de ça dix ans. Je tue les Danaëns depuis comme l’ours massacre et mange l’agneau blessé abandonné par son berger.
A jamais Tydée, Glaucus, Médon, Thersiloque les trois fils d’Anténor, Polybetes, Idéus. Un autre honorable troyen vous verra en Enfer, ce ne sera pas moi, chère femme, mon sang, mais le meilleur guerrier après moi dans notre camp. Énée fils du vénérable Anchise et d’Aphrodite, beauté souriante.
Ces grecs ont peur de moi. Mes cris de fureur leurs glacent le sang, je rentre dans la mêlé, mes chers, mes puissants équidés leurs broient les membres de leurs sabots.
La Laconienne, sont regard dément, je la vois. Elle nous ment ! Tous ça pour elle, et Pâris, mon frère.
Dardanus le Fondateur, ta cité, cher ancêtre, brulera. Et moi je me bats, pour toi, pour Elle, pour eux, pour elle, pour lui.
Si tu es la, guide mon bras, aide moi et tue. Le poids sur mes épaules ne tiendra pas. Ilion nous perdra. Troie nous perdons.
Que ces Grecs repartent dans leur nefs, qu’ils rapportent avec eux cette folie, avec Hélène, qu’elle parte. Pâris, quelle folie s’est emparée de toi ! Regarde frères, nos chers héros ne font plus qu’un avec la terre qui nourrie.
Et voici que vient Patrocle, ce faux Achille. Les armes ne font pas le bon guerrier. Nu, à mes pieds, ces armes je me parerai !
Qu’Achille le Tueur d’homme vienne, je l’attends ! Je sais que ma mort viendra de sa main, Prémonition m’a montré les Aédes, chantant ma mort et le supplice de mon corps sans vie.
Père ne pleure pas, j’attendrai Charon au bord des noirs eaux du Styx. Je n’ai rien à me reprocher, ton fils est mort les armes à la mains, il a tué l’envahisseur ! Tu périra toi aussi, sur l’autel du Dieu des dieux, tu verra un de tes fils mourrir devant toi avant de passer toi aussi de vie à trépas. Père tu sera courageux ! Aésacos vole papa ! Jamais il ne nous a quitté sache le !
Astyanax, mon petit enfant, quelle mort t’attends, mais courageux toi aussi tu sera malgré ton jeune âge. Et Andromaque, tendresse, reste courageuse. Troie ne sera plus mais tu vivra.
Agamemnon ne jouira pas longtemps de sa gloire, lui et ses alliés. Errants perdus aux portes de l’Enfer, ils pleureront comme vous me pleureraient ! Et quelle lamentations ! Rien ne leurs viendra en aide, même pas les mots du Rusé Ulysse.
Et le Terrible Achille, Pâris de tous nos hommes héroïque le tuera d’un trait ! Mais il mourra aussi. Mon frère. Malheurs, c’est juste rétribution pour avoir voler la femme du voisin.
Les dieux se jouent de nous. Leurs peines sont les nôtres, leur joies ? Il n’en auront pas, nous non plus. Bien qu’immortels ils ont soifs, une soif que nous qui mourront ne comprenons pas !
Le fer, l’épée, l’airain étincelant remplissent notre Troade. Mon regard fait fuir les Pélasges, ils n’attendent que la venue de l’Haémonien. Ils n’ont pas de guerrier plus fort à m’opposer. Mais il tarde ce lâche ! Est-il Achille le Peureux ?!
Une fois Patrocle mort, que j’aurai revêtu son armure et ces airains brillant, j’affronterai et mourrai contre le fils de la Néréide. Fier, je resterai courageux quand Atropos coupera le fil de ma vie.
Il en est ainsi, cessez de vous lamentez. Vous récupérez mon corps inviolé car un dieu aura protégé et veillé sur ma dépouilles. Père paiera cher pour la récupérer et vous me pleurerez pendant de longs jours.
Puis Troie tombera, je ne sais comment. Attention aux ruses de ces perfides grecs, le seigneur d’Ithaque est dans leurs rangs, cet habile manipulateur !
Dites à Énée mon second sur le champ de bataille, le plus brave des braves, fils d’Anchise, qu’un futur s’annonce pour lui, une mission, faire vivre Troie pour des siècles et des siècles après un voyage et des épreuves terribles. Sur une autre terre notre race prospéra après bien des malheurs. De cruelles morts, de cruelles épreuves et de cruelles batailles t’attendent pieu Énée, les Olympiens ne sont pas rassasiés !
Qu’on n’oublie pas Astyanax, mon rejeton, car innocent il mourra. Qu’Énée ne l’oublie pas et qu’il te rende visite, Andromaque.
Mon étoile, tu aura un autre homme dans ton lit, je ne t’en veux pas, car dans un autre pays tu vivra, une petite Troie, et finira ta triste vie.
Nous faisons honneur aux nôtres quand nous trépassons le glaive à la main.
Pardonne moi.
Je t’aime.
–
Inspiré par L’Iliade et l’Odyssey d’Homère et L’Énéide de Virgile.
L’envie de voyager à New York m’a pris par surprise.
Il y a presque 1 an de ça, je voulais l’Alaska, la tranquillité, la nature, la beauté, le sauvage, l’animal, l’indomptable et rien d’autre.
Et voici que maintenant, c’est au tour de la Grosse Pomme de m’obséder.
Ce que je connais de New-York ? Malheureusement, mon premier souvenir est le 11 septembre. Il fallait que je le mentionne dans cet article. J’avais 7 ans et j’étais devant ma télévision, comme sûrement beaucoup d’entre-vous.
Puis-je parler de ma génération comme la génération des attentats sur les Tours Jumelles ?
J’ai vu en direct cette horreur, je pense que ma mémoire me fait défaut, et je ne veux pas vérifier sur internet, mais je crois me rappeler avoir vu le deuxième avion de ligne percuter la deuxième tour. En live.
Je me rappel avoir été confus. C’était à la télévision, ça avait quelques choses de… cinématique ? Je sais que ces propos peuvent choquer, mais je n’ai pas compris de suite ce qu’il s’est passé. Il a fallu l’intervention d’un proche, mon frère en l’occurrence, pour m’expliquer que c’était réel, que des gens étaient en train de mourrir, sous nos yeux.
Et comme n’importe quel gamin, j’ai demandé pourquoi ? Les morts, la mort, dans ma petite tête d’idiot, ça n’avait pas encore de sens, ou du moins peu.
Le terrorisme ? Encore moins. Aller expliquer à un gamin que des adultes tuent d’autres gens « juste » pour nous faire peur. Les enfants comprennent bien des choses, mais pas ça. Ce qui fait peur, c’est les monstres et les monstres ne ressemblent pas à des humains quand nous sommes enfants.
Le jour d’école qui a suivis, tous le monde parlaient des attentats. Nous confondions l’Amérique et l’Irak et l’Afghanistan, les méchants et les gentils.
Je me rappel qu’en classe, on nous avait distribué « Le Petit Quotidien » expliquant, du moins essayant d’expliquer ce qui s’était passé.
Le Petit Quotidien était un petit magazine en papier destiné aux enfants et qui était parfois distribué en classe, en tous cas dans mon école (publique je précise). C’était toujours un petit moment de joie de recevoir ce petit journal, c’était vraiment intéressant. Je ne me souviens plus par contre si, après l’avoir lu, j’avais mieux compris les « raisons » et les conséquences. Enfin si, les conséquences, à mon niveau, c’était l’arrivé de nouveaux mots dans mon vocabulaire : « Terrorisme », « U.S.A. », « Irak », « Armes de destructions massives », « détournement »,« plan vigipirate » ect…
Le plan vigipirate était quelque chose de concret pour moi. La première fois que je l’ai entendu, j’ai bien sûr, dans mon innocence, pensé aux pirates, aux corsaires, aux types barbus aux visages scarifié avec un perroquet sur l’épaule, un crochet à la place d’une main, une jambe de bois, sur leurs vaisseaux fait de bric et de brac avec un drapeau avec une tête de mort blanc sur fond noir (maintenant, un autre drapeau avec les mêmes couleurs et bien plus terrifiant qu’il existe vraiment essaie de faire régner la terreur…) flottant au sommet du mât, prêt à aborder n’importe quel autres bateaux.
Ma mère m’a expliqué, tant bien que mal ce que signifiait ce terme. J’ai vite compris, d’autant qu’il était plus facile de l’expliquer, et pour ma petite personne, de comprendre, quand il était devenu interdit de se garer devant l’école, des grilles venaient d’être placées devant mon école primaire avec sur chacune d’elles un triangle rouge marqué « plan Vigipirate ».
Et puis, nous pourrions en venir aussi à 2015. Là le choc a été terrible.
Ne nous méprenons pas, je n’ai perdu aucun proche, je n’ai pas été blessé, personne que je connais n’y était, ce soir là.
Quand j’ai vu l’âge des victimes, les lieux du massacres, je me suis dis que c’était ma génération que l’on attaquait. Certain(e)s victimes avaient mon âge. J’aurais très bien pu, si j’avais vécus à Paris, être avec eux.
J’allais dans des bars, des boites de nuits, avec mes ami(e)s dans ma petite bourgade de province. On c’était attaqué à mon identité et à ma liberté. Paris était certes loin mais le choc a résonné et a terriblement secoué la jeunesse française.
J’étais tellement en colère et triste à la fois. Même aujourd’hui. Je me sens pitoyable car je n’ai pas était une victime de ces attentats, comme je l’ai dis je n’ai perdu personne. Je n’ai pas été meurtri dans ma chair. Ma colère et ma douleur n’était (n’est ?) rien en comparaison des victimes de ces horreurs.
C’était une jeunesse insouciante qu’ils avaient massacrées. Une jeunesse qui veut changer le monde mais qui avait aussi besoin de s’amuser, de danser, d’aimer, d’être encore insouciante avant que le futur l’attrape et lui impose des responsabilités.
Ils ont souillé notre jeunesse dès le 11 septembre 2001.
Blâmez autant que vous voulez cette jeunesse, mais nous avons grandis dans, ou plutôt, à travers, cette terreur et maintenant, nous et les générations encore plus jeunes faisons les frais d’une pandémie qui fait de notre futur un futur plus sombre qu’il ne l’était avant l’arrivé du virus.
Ma génération a déjà vécu plusieurs temps, l’après et l’avant 11 septembre, après et avant les attaques sur Paris, l’après (y’en aura-t-il un ?) et l’avant coronavirus.
Ce qui devait être un article sur New-York c’est retrouvé être un article tout autre. Plus sombre. Je reviendrai parler de la ville qui ne dort jamais, de ce que je voulais vraiment écrire à propos de cette ville, c’est-à-dire voyager à New-York avec les livres.
Je voulais finir cet article en disant que je fais la différence entre religieux et terroristes. J’ai eu la chance de grandir avec des musulmans, des juifs, des chrétiens, des athées ect… J’en suis heureux car je me rappel de cette époque, enfant, ou la religion, ou la couleur de peau n’avait aucune valeurs à nos yeux. On jouait au foot, on s’amusait sans jamais, jamais, faire de différence. Il n’y a que les adultes pour faire de ces choses une excuse pour justifier leur propre mal-être. Il faut être un adulte pour se concentrer sur ces choses, il faut être névrosé, rester hermétique à tout changement et aux opinions des autres pour inculquer la haine.
L’adulte est un enfant qui croit que sa vie est dure à cause des autres. L’enfer, c’est les autres comme nous le disait Sartre. Freud nous dirait que c’est à cause de notre mère. Mais au final, moi, je dis que c’est l’ignorance, le fait de se croire supérieur, le fait d’avoir oublié que quand vous étiez gamin, la religion des autres vous importez peu, même pas du tout. Que le principal, c’était de chasser des dragons dans un donjon ou d’être une princesse parlant aux animaux. Ça vous l’avez oublié. Pourtant, relisez L’Iliade et l’Odyssey d’Homère, vous verrez que même adulte, vous serez transporter, retour aux sources de l’imagination, celle qui vous fait réaliser que le dragon que vous chevauchiez, que la princesse parlant avec les dauphins sont encore là. Laissez cette imagination, cette innocence reprendre du terrain sur la morbidité qu’est la vie d’adulte.
Pour finir, le terroriste n’est pas un religieux. Il viole la religion et l’utilise comme bouclier pour « justifier » ses agissements. Il ment et manipule, au nom d’une religion qui, elle, ne prône pas l’assassinat, la torture ni les massacres.
Restons solidaires et fraternels. Qu’importe la religion, restons ferme contre ceux qui pensent pouvoir nous diviser, nous monter les uns contre les autres, nous dires d’avoir peur de l’autre car il est différent. La différence n’est pas un mal mais un atout, c’est cliché mais nous pourrions au moins essayer.
La tolérance, ce que nous avons besoin pour rester unis.
Divideet impera disait Machiavel.
Ne nous laissons pas berner par la haine et la terreur. Nous avançons beaucoup plus, plus loin, ensemble.
À bientôt, j’espère, pour mon article sur New-York, ses écrivains et ses livres.
Mars 1943. Le Reich vient de perdre Stalingrad. Pour Joseph Goebbels, il faut absolument redonner le moral à l’armée allemande et porter un coup aux Alliés. Or sur le territoire soviétique, près de la frontière biélorusse, à Smolensk, ville occupée par les Allemands depuis 1941, la rumeur enfle. Des milliers de soldats polonais auraient été assassinés et enterrés dans des fosses communes. L’armée Rouge serait responsable de ce massacre. Goebbels, qui voit là l’occasion de discréditer les Russes et d’affaiblir les Alliés, décide l’ouverture d’une enquête. Le capitaine Bernie Gunther, du Bureau des crimes de guerre, organisme réputé antinazi, est la personne idéale pour accomplir cette mission.
—
Fini les bd sur le blog, du moins pour l’instant, on repasse au format original pour ce plonger en pleine Seconde Guerre Mondiale.
Partons dans un roman historique policier basé durant la période de la Seconde Guerre Mondiale, plus précisément après la défaite allemande à Stalingrad.
Bernie Gunther, capitaine du Bureau des crimes de guerre est chargé par Goebbels en personne d’enquêter sur un potentiel massacre commis par les Russes envers des officiers et sous-officiers Polonais durant l’occupation orientale de la Pologne par l’URSS, une Pologne divisée en deux, la partie occidentale étant occupée par l’Allemagne nazie et orientale par l’U.R.S.S., avant le déclenchement de la guerre, grâce au traité Molotov-Ribentrop.
Gunther, antinazi qui ne s’en cache pas vraiment part pour Smolensk pour commencer son enquête. Mais c’est sans compter sur les habituelles rivalités entre les différentes branches de l’Armée, les exigences et les projets de certains haut-gradés. Bernie se retrouve avec plusieurs meurtres qu’il doit résoudre, dans un pays qui le terrorise et entouré d’ennemis, même dans son propre camps. Et avec ceci, des généraux allemands essayant d’assassiner Hitler.
C’est un vrai roman policier en milieu militaire. Plusieurs enquêtes et péripéties s’entremêlent, incluant des personnalités allemandes ayant vraiment existé.
Le scénario est bien fixé et semble crédible. La tension et le suspens sont omniprésent. Ne devinant que sur la fin le dénouement de l’histoire. Le détective Gunther est plutôt brute de décoffrage, n’a pas sa langue dans sa poche et est un véritable séducteur même si il est un peu bizarre de voir un détective allemand avec un humour anglais (l’auteur est British !) on reste toutefois inquiet pour son futur. Histoire très bien maniée de la part de l’auteur.
Bien sûr, certains passages sont assez dures et glauques, certains personnages détestables et certaines scènes crues. Exactement l’atmosphère dans laquelle devait baigner la région de Smolensk et la forêt de Katyn durant cette période terriblement sombre de l’histoire.
J’ai apprécié cette lecture d’une enquête policière d’un détective anti-nazi sur un massacre commis par l’armée Rouge. Si le détective trouve les preuves, Goebbels utilisera ce massacre pour sa propagande tout en omettant, évidement, de divulguer le massacres de millions de Juifs et de Russes par les nazis et leurs alliés.
Ce massacre pourrait provoquer des dissensions au sein des Alliés. Ce qui en fait, s’est vraiment passé.
L’auteur semble s’être très bien renseigné sur le massacre de Katyn et les personnes impliquées dans ce massacre. Vérité et crédibilité dans un roman policier historique, l’exercice semble très difficiles mais est relevé haut la main par Kerr.
Je conseil ce livre si l’Histoire de Katyn vous intéresse et que les romans policiers avec une dimension historique (ici la Seconde guerre mondiale) vous intéresse.
Le massacre de Katyn s’est vraiment déroulé. Un massacre oublié de cette guerre immonde. Quelle guerre n’est pas immonde d’ailleurs ?
Comme d’habitude, quelques extraits sans spoilers bien sûr.
Extraits :
– Laissez-moi vérifier ma sténographie mentale, messieurs, dis-je. À propos de ce que voulez que je fasse. Que je ne commette pas d’erreur. Si cette fosse commune est remplie de Juifs, alors je dois l’oublier. Mais si elle est remplie d’officier polonais, cela fera le bonheur du Bureau.
— Ce n’est pas une manière très élégante de résumer la chose. Mais oui, voilà exactement ce que nous attendons de vous, capitaine Gunther.
–
Je n’étais guère enclin à retourner à Smolensk, ni nulle part en Russie, d’ailleurs. Le pays tout entier me remplissait d’un mélange de peur et de honte, car il ne faisait aucun doute que, quels que soient les crimes que l’armée Rouge avait commis au nom de communisme, la SS en avait commis de non moins atroces au nom du nazisme. Les nôtres étaient probablement encore plus atroces. Exécuter des officiers ennemis était une chose – je possédais moi-même une certaine expérience en la matière -, mais assassiner des femmes et des enfants en était une tout autre.
« Oui. J’irai. Bien entendu.
— Merci, dit le juge. Comme je vous l’ai déjà expliqué, s’il existe. Le moindre indice que c’est l’œuvre de ces brutes de la SS, ne faites rien. Quittez Smolensk le plus vite possible, rentrez tout de suite et faites comme si vous n’étiez pas au courant.
–
L’horreur n’a pas besoin des ténèbres, et il arrive qu’une action foncièrement mauvaise fuie l’ombre.
–
Ce sont toujours les femmes qui reconstruisent les civilisations que les hommes se sont appliqués à détruire.
–
Parce que la vie est de la merde, mais que la solution de rechange est toujours pire. Du moins, c’est mon avis. Je suis dans un endroit sombre, mais l’autre cote du rideau m’a l’air encore plus ombres. Et ça me fait peur.
–
Nous faisons semblant de vivre car mourrir dépasse de loin la dose de réalité que nous sommes capables d’assumer.
–
Ils souhaitent se livrer à une petite comédie de l’horreur pendant qu’on mettra au jour les cadavres de centaines d’officiers polonais, tout en évitant soigneusement les fosses communes dont ils [les allemands] sont eux même responsables.
–
De quoi sont capables les êtres humains. Hallucinant.
—
Une écriture brute mais aussi, parfois, fine. Beaucoup d’action et d’émotion. Le sujet est terrible, il est traité du point de vue d’un détective qui ne se fait plus d’illusion (il ne s’en ai jamais fais je pense) et dont l’anti nazisme ne fait pas de doute. Entre rendre justice, donner ou non satisfaction à ses supérieurs, les pièges tendus sur sa route, la peur et la mort omniprésente, l’ouvrage réserve quelques surprises et nous aide de manière surprenante à mieux saisir les événements qui ont eu lieux dans l’Est de l’Europe à feu et à sang durant le second conflit mondial.
Imaginez un type qui se réveille au petit matin sur le port de San Francisco avec une blessure à la tête, un flingue à ses côtés et le cadavre d’une fille quelques mètres plus loin. Même si il est sonné et a mal au crâne, il comprend immédiatement qu’il est dans la merde et qu’il va avoir les flics sur le dos. S’il ne veut pas finir sur la chaise électrique, il a intérêt à se barrer vite fait. Mais pour aller où ? Car il réalise tout à coup qu’il a totalement perdu la mémoire. Il ne se souvient ni de son nom, ni de sa vie. Le voilà obligé de fuir la police tout en menant une enquête sur lui-même.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il va aller de surprise en surprise…
GILA MONSTERn.m [angl. Gila monster, lat. heloderma suspectum]
L’heloderma suspectum est un gros lézard venimeux d’Amérique du Nord. Son venin est un neurotoxique aussi puissant que celui du serpent corail. L’attaque du Monstre de Gila est fulgurante et quand il a mordu, il est pratiquement impossible de lui faire lâcher prise. En cas de morsure, la seule solution est de plonger l’animal entier dans l’eau pour le forcer à ouvrir ses mâchoires. Un remède peu pratique quand il s’agit d’un lézard vivant essentiellement dans les zones désertiques de l’Ouest américain…
—
Encore un polar Jaskiers ?
Tant qu’à faire ! J’avais envie de me plonger dans le côté sombre de l’univers de la bande dessiné.
Donc c’est parti pour cette histoire qui semble prometteuse n’est-il point ? Et cette fameuse description de lézard dans la quatrième de couverture… effrayant non ?
D’abord, parlons du dessin, les personnages ont tous un air patibulaire ! Tous le monde semblent mauvais dans cette bd ! L’artiste a joué sur les couleurs pour jouer sur les différentes ambiances durant le récit.
L’histoire prend son temps, ce n’est pas une tare, au contraire, au début, nous nous retrouvons comme le personnage principal, que ce passe-t-il et qu’elle est ce fichu bordel ? Des indices nous sont données au fur et à mesure de l’histoire (encore heureux !).
La bd ne fait pas dans le gore ni dans le glauque. Peu de violence mais plus de psychologie.
Je trouve la partie enquête policière un peu simple, trop facile. Elle aurait sûrement gagnée à être plus développée.
L’ouvrage reste malgré tout un bon polar. Bien sûr, il y a 2 tomes et celui-ci finit sur un bon petit cliffhanger sans être trop frustrant.
Bien sûr, comme souvent avec les bandes dessinées, elle est très courte.
Je vous la conseil donc mais procurez-vous aussi le tome 2 !
« Parfois, quand j’entre dans mon bureau, j’ai l’impression de marcher dans les ruines d’une ancienne civilisation. Non à cause du désordre qui y règne, mais parce que certainement cela ressemble aux vestiges de l’être civilisé que je fus jadis. »
—
J’avais cette bande dessinée depuis longtemps dans ma liste d’achat. Je n’aime pas trop les séries, je préfère les bd en One-shot, c’est à dire une histoire complète dans une seule BD. Non pas que je trouve les séries mauvaises, mais parce qu’il me faut acheter la suite si le tome 1 me plait. Et ça devient vite un investissement !
Mais j’ai tellement entendu (disons plutôt lu) de bonnes choses sur cette série que j’ai décidé d’essayer, au moins le tome 1 !
Un polar en BD où les personnages sont des animaux ? Intéressant ! Mais en plus, le personnage principal est un chat ? Animal des plus beaux et mystérieux ! Ils me fascinent. Le dessin de couverture est très beau, c’est pour cela aussi que j’ai craqué !
Mais quant est-il de ce matou détective ?
Les dessins sont époustouflants. Ils nous plongent en plein dans l’univers du polar, c’est impressionnant. L’esthétique est parfaite, l’ambiance d’une ville malsaine parfaitement représentée. C’est impressionnant.
Extrait d’une planche
Comment parler du scénario sans ne rien vous révélez ? Cela va s’avérer être difficile car la BD est courte, 48 pages…
Disons qu’un chat détective se mêle à une affaire très personnelle. Et que la vengeance est un plat qui se mange froid…
C’est violent, ça castagne et parfois ça canarde !
Une certaine dose d’humour qui pour moi n’a pas vraiment fais mouche mais ce n’est pas dérangeant. L’histoire, dans ce tome du moins, se déroule vite, pas le temps de s’ennuyer.
Bizarrement, je sais qu’il y a au moins 6 ou 7 tomes à cette série, mais ce tome 1 ne termine pas vraiment sur un cliffhanger. Comme si les auteurs nous disaient : « Vous avez appréciez ? Rendez-vous au Tome 2 pour une nouvelle histoire ! » Et je trouve ça génial. Je pensais que l’histoire dans ce tome 1 allait traîner et qu’il me faudrai me procurer les autres tomes mais non, les auteurs ont été généreux sur ce coup-là !
Les personnages sont tous des animaux :
Chat, chien, souris, rats, lézards, renards, crocodiles, rhinocéros, singes, gorilles et j’en passe !
Remplacer l’humain par l’animal, l’anthropomorphisme, est souvent intéressant dans l’art, et on se remet en question, presque inconsciemment, en lisant ce genre ouvrage. Je pense aux Fables de Lafontaine ou La ferme des animaux de Orwell par exemple. Il y a dans cette BD, un message que les artistes ont voulu faire passer. À chacun son interprétation.
Qui de l’Homme ou de l’Animal est vraiment une bête ? J’aime la quatrième de couverture qui mentionne la civilité. L’Homme « civilisé », ça veut dire quoi exactement ? Ne sommes-nous pas des animaux, nous aussi, à qui on a donné (par erreur ?) une conscience (qui ne nous empêche pas d’être méchant et cruel envers les autres) ? Coucou les fans de True Detective saison 1 !
Caryl Chessman était dans le couloir de la mort quand il écrivit Cell 2454 qui eu un important succès, succès qui l’aida à plaider sa cause. À clamer son innocence. Et a se battre contre la Justice américaine pendant plus d’une décennie.
Car Caryl était accusé d’être le tueur en série appelé Le bandit à la lanterne rouge, The Red Light Bandit, surnommé ainsi car le tueur agressait ses victimes dans des lieux isolés et sombres, utilisant une lumière rouge sur sa voiture, imitant celles de la police, pour les appréhender.
Chessman capturé, condamné pour une série d’agressions sexuels qu’il niera jusqu’à sa mort. Condamné à la peine capitale, la chaise électrique, il écrira pour se défendre. Il se proclame innocent et écrit sur la difficulté de se battre contre la justice américaine.
Il mourut dans une chambre à gaz, après bien des reports et une lutte acharnée contre la justice.
Dix minutes après son exécution, le téléphone sonne. C’était pour annoncer que Caryl Chessman bénéficiait d’un nouveau report.
On blâmera cette erreur sur une greffière s’étant trompé d’un chiffre dans le numéro d’identification administratif de la prison de Saint-Quentin lors de l’appel. Bien sur, cela déclenchera les théories du complot.
Peut-être était-ce un mensonge délibéré ou à moitié faux, peut-être l’état de Californie voulait en finir avec cette rocambolesque histoire et mettre Caryl et l’histoire du The Red Light Bandit derrière lui. Chessman devenus influent et dont la cause a fais le tour du monde était devenu gênant pour la Californie et dangereux pour le système pénal américain en place à l’époque.
Voici trois de ses 3 ouvrages majeurs:
Cellule 2455– Autobiographie romancée et essais sur son combat contre la justice américaine et pamphlet contre la peine de mort.
À travers les barreaux– Autobiographie qui reprend directement la suite du précédent ouvrage.
Face à la justice– pamphlet contre l’injuste système carcéral américain et dernière autobiographie.
Un autre ouvrage de lui existe : This kid wasa killer. Après avoir lu des avis sur internet, j’ai décidé de ne pas prendre se livre. Il s’agit d’un roman écrits dans le couloir de la mort.
Ces 3 ouvrages sont les principaux et les plus intéressants de Caryl Chessman.
—
Cellule 2455 Couloir de la Mort
Pas de quatrième de couverture
Passons donc tout de suite à mon ressenti.
La narration, la manière d’agencer son livre est déroutante, surprenante et il faut l’avouer, efficace.
Il commence le récit de sa jeunesse, la première partie du livre, en écrivant une nouvelle. Dans se récit, il se nomme Witt.
Tout commencé pour le mieux pour le jeune Witt, avant qu’une maladie et les aléas de la vie ne déstabilise son jeune psyché.
Voles, agressions, cambriolages. Direction le centre de redressement. École de la criminalité.
Je vais partager avec vous la dernière page de la nouvelle. Ce n’est pas vraiment un spoiler, juste qu’il affirme que cette nouvelle était bien autobiographique.
Extrait :
L’exécution de l’homme de la cellule 2455 ne prouvera rien, excepté qu’il sera mort. Que prouvera cette mort ?
Le problème du crime et des criminels ne disparaîtra pas avec lui. La société peut le détruire, lui et ses semblables, mais le crime existera toujours, il y aura encore et toujours des criminels.
La vengeance de la société est une inutilité humiliante.
L’auteur de ce livre le sait.
Car c’est lui l’homme de la cellule 2455.
Ceci est son histoire, racontée par lui-même, cependant qu’il attend encore que le bourreau frappe à sa porte.
—
Puis suit une petite partie sur une réflexion de Chessman sur la délinquance juvénile et le système de justice américaine de l’époque.
Extrait :
Un jour prochain, je marcherai vers la chambre d’exécution. Si cela arrive, ne seriez-vous pas tenté de penser : « Par la grâce de Dieu, cet homme, c’est moi »?
Ne vous trompez pas. Je ne nie pas les fautes que j’ai commises. Je ne blâme que moi-même et j’accepte la pleine responsabilité de mes actes. Je sais que ce qui m’arrive ne vous arrivera probablement jamais. Lorsque je serai mort, vous aurez encore le droit de dire : « Il l’a voulu, on l’a assez souvent averti, mais il n’a pas voulu écouter. Il n’a qu’à s’en prendre à lui-même. »
Ainsi soit-il. Je suis prêt à me trouver face à face avec la mort et à accepter ce jugement commode.
Mais je veux essayer d’abord de vous ouvrir les yeux et de vous prouver que les histoires qui entourent le problème du crime, comme d’un brouillard mortel, sont mensongères et dangereuses.
—
Le livre, après cet « intermède » prends une tournure totalement autobiographique, utilisant son vrai nom, il narre son histoire, ses crimes, des braquages et des courses poursuites folles avec la police. Le récit est palpitant. Je lis le livre d’un criminel, et ce dernier est un très bon écrivain. Je ne peux m’arrêter de tourner les pages. C’est un polar, ou presque car les événements qu’il narre sont vrais. Parfois, il coupe son récit pour revenir sur le système carcéral, on y apprend que dans notre esprit cartésien, il y a une raison à tout. On vole car on a besoin d’argent. Sauf que Caryl Chessman avoue, même si il a une raison, que les explications qu’il avance pour ses crimes ne convainc personne. L’homme veut garder une part de mystère, semble-t-il.
Il est de toute façon très intéressant de lire les aventures d’un truand, écrit avec talent par ce dernier. Car l’auteur aime écrire. C’en est presque gênant d’avouer que l’on apprécie le récit d’un criminel, ses mots, sa prose.
Extrait:
Oui, je désire écrire, et je le désire désespérément. Mais je refuse d’écrire des bêtises, ou de me courber devant une hypocrisie bigote et stupide. Un écrivain doit avoir la foi. Il doit croire en autre chose qu’en cette réalité dure, terrible et finale qui s’appelle la jungle. Il droit croire en sa propre force, pour pouvoir survivre dans cette jungle. Il doit se sentir libre.
Extrait éclatant et palpitant digne d’un roman :
Les copains et moi avions un besoin urgent d’argent. En une nuit, nous cambriolâmes sept ou huit maison, l’une après l’autre. Pour la plupart des magasins de liqueurs, des postes d’essences. Tout marchait comme sur des roulettes, jusqu’au jour où la police nous prit en flagrant délit. Des balles sifflèrent. Tuffy, refusant obstinément de quitter les lieux avant d’avoir le fric, ne revient vers la voiture que quinze secondes après mon coup de klaxon avertisseur. Les policiers eurent tout le loisir de se mettre en position de tir. Ils voulaient nous montrer qu’ils étaient les plus forts. Pourtant, nous nous en tirâmes à ce moment-là sans trop de casse. Une balle solitaire vint frapper le toit de la voiture.
– je crois que j’arriverai à les semer, dis-je. Sinon, casse la fenêtre arrière et on renverra ces salopards d’où ils viennent.
Je pris tous les virages à la corde et j’étais sur le point de prendre une avance sérieuse lorsque soudain, sur le pavé gras, un de nos pneus avant creva. La Ford fit une embardée. J’entendis un déclic et le volant se mit à vibrer dans mes mains.
—
Caryl ne souhaite pas retourner dans le droit chemin. Il appel la société la « jungle », les soucis d’argents semblent être son excuse pour commettre des crimes. Mais il avoue aimer les commettre. Il se dit presque obligé d’avoir dû faire ces crimes. Il blâme la société, incapable de remettre les jeunes délinquants dans le droit chemin.
Extrait :
L’avenir ne peut pas être bâti sur la violence, sur la haine et sur la férocité humaine. Avant de construire un avenir, l’homme doit avoir la certitude que la lutte engagée a un but, qu’elle conduit vers une paix certaine, vers une paix qui a un sens et dans laquelle l’homme peut vivre une existence utile et constructive, sans menaces et sans haines et sans discordes. Mais une paix pareille n’existe que dans l’imagination. En réalité, c’est la jungle qui existe. Et quelle jungle !
—
Plusieurs séjours en prison, une idée folle lui vient lors de l’un de ses séjours. Tuer de ses propres mains Adolf Hitler pour rentrer dans l’histoire. Il s’évade (une énièmes fois) pour essayer de mener à bien son projet impossible.
Bien sur ce projet ne réussira pas du tous. Et l’emmènera en enfer.
Il est retrouvé et arrêté après de nombreux crimes. Les policiers trouvent des objets ressemblant à ceux utilisé par « le tueur à la lanterne ». Il clame avoir été violenté par la police pour le pousser à avouer les crimes du Serial Killer.
Extrait :
Cette prétendue confession n’avait été faite qu’oralement. Je maintiens encore aujourd’hui qu’elle m’a été extorquée de force. Je maintiens qu’on m’a battu férocement et qu’on m’a traité comme il n’est pas permis de traiter un être humain. J’invite toutes les polices du monde à me soumettre à un sérum de vérité. Si ce test montre que j’ai menti en ce qui concerne les mauvais traitements, j’abandonne volontairement toutes les possibilités qui me reste pour sauver ma vie, je retire toutes mes plaintes et je cesse toute activité légale. Les policiers qui sont venus témoigner à mon procès ont nié bien entendue avoir obtenue mes aveux par des moyens illégaux, mais, moi, je jure que je dis la vérité. Je répète que je suis persuadé que le président du tribunal ignorait que ces aveux avaient été obtenus en violation de la Constitution. Mais je maintiens ma plainte. Depuis mon arrestation, je n’ai cessé de réclamer l’épreuve du sérum de vérité en ce qui concerne mon innocence ou ma culpabilité des crimes dont on m’accuse, mais on le l’a toujours refusée. Si jamais on me fait subir cette épreuve, j’exige qu’on le pose deux questions : si oui ou non j’ai été maltraité lors de mon arrestations, et si oui ou non je suis le « bandit à la lanterne rouge ». Si le test révèle que j’ai menti sans scrupules et que j’ai par conséquent commis les crimes pour lesquels j’attends la mort, alors j’abandonne la lutte…
—
Suit un procès médiatique, il se défend seul. Après de mauvaises décisions, il est jugé coupable de plusieurs crimes, est condamner à mort dans une chambre à gaz.
Il ne s’avoue pas vaincu et se bat contre un système judiciaire qui semble vouloir lui mettre des bâtons dans les roues.
Utilisant plus de 12 années de prison et ses expériences personnelles et ceux d’autres criminels, il pose la question de la place du jeune délinquant en difficulté et de la punition approprié. Humilier ? Respecter ? Ferme ? Compréhensif ? Sanctionner ? Pour lui le problème du crime vient de la société. Elle punie, mal, sans voir plus loin. La prison est la punition. Mais qu’apprend le délinquant en prison ? Pourquoi mettre un délinquant avec des criminels endurcis et penser qu’il en sortira assagi ?
Son récit est « vieux », plus de 60 ans, mais la question de la prison et de la réinsertion des prisonniers reste d’actualité. Autant en France qu’en Amérique.
Son récit inclut aussi ce que nous pensons au fur et à mesure de la lecture, Chessman était intelligent, il avait un talent certain pour l’écriture par exemple. Ses résultats scolaires étaient très bon avant qu’il ne rentre dans une vie de crime. Nous pourrions penser qu’il avait des regrets à ce propos mais pas vraiment. Un directeur de prison le lui dira, Chessman fataliste ou trop égoïste et fier de ses méfaits utilisa son intelligence pour commettre des crimes. Diagnostiqué psychopathe, il utilisera ce terme comme explication de ses actes criminels, de son passé plutôt que de réfléchir sur ce qu’aurait pu être sa vie. « Avec des Si on refait le monde » comme on le dit en France.
Extrait :
Le même argument revenait toujours comme un leitmotiv : je devais être coupable. Pourquoi ? Parce qu’en ces temps modernes, les tribunaux fonctionnent de telle manière qu’il est impossible, n’est-ce pas ? de condamner à mort un innocent. Il y avait donc un élément d’audace et d’immoralité scandaleuses dans mes protestations d’innocence. J’étais sûrement coupable, puisque j’avais été condamné. J’aurai dû pleurer de remords et passer mon temps à demander pardon, afin que nul n’en ignore.
L’innocence n’est pas un avantage si le fait de la clamer est considéré comme une impertinence.
—
Lors de ma lecture, apprenant que l’auteur était intelligent et souffrait de psychopathie, j’ai pris mes distances sur sa défense. Il sait séduire, manipuler. Il sait aussi très bien utiliser sa plume. De là à penser qu’il est le Bandit à la lanterne rouge, j’ai des doutes mais je pense qu’il savait qui était le bandit. Il n’a jamais voulu le dire à la police pour protéger sa famille, il ne « balance » jamais. Cela lui a sûrement coûté la vie. Ça et se battre seul contre le système judiciaire américain.
Ses arguments contre la peine de mort et son combat contre elle sont importants à lire. Je suis d’accord, la peine de mort n’arrange rien. Il est intéressant de lire un de ces hommes condamnés à mort en parler.
À travers les barreaux
Quatrième de couverture :
« Vous mourez seul, mais on vous regarde mourir.
« Une mort rituelle, laide et dépourvue de signification.
« Ils vous font entrer dans la chambre aux huit murs verts et vous garrotent sur l’une de ses chaises métalliques à dossier droit.
« Puis ils s’en vont, en scellant la porte derrière eux. Déclenché, le gaz mortel monte en spirale avides de trouver vos poumons.
« Vous aspirez les exhalations incolores et fatales. L’univers se désintègre sans bruit. C’est seulement pendant un instant affreux que vous planez en liberté : un vague noire, épaisse et sans appel a tôt fait de vous engouffrer.
« Ensuite… Quoi ?
« Un ciel improbable ?
« Ou simplement l’oubli ?
« Bientôt tu le sauras. Après de longues, de brutales années de bataille pour survivre, tes jours tirent à leur fin. »
Caryl Chessman
Cellule 2455
La cour suprême ordonne la révision du procès de Caryl Chessman
Washington, 11 juin (U.P.).
« La Cour suprême des États-Unis a ordonné hier lundi la révision du procès de Caryl Chessman, le condamné à mort de San Francisco, dont le roman, « Cellule 2455, couloir de la mort », a été un best-seller dans le monde entier. La Cour suprême a reconnu que le compte rendu de son procès contenait des faits volontairement déformés. »
Chessman avait été condamné en 1948 pour dix-sept cas d’enlèvements, de vols et crimes sadiques. Il avait fait l’objet d’une double condamnation à mort à laquelle s’ajoutaient quinze ans de reclusion.
Caryl Chessman a été exécuté le 2 mai 1960
—
À travers les barreaux est la suite directe de Cellule 2455 (ou Cell 2455). Si la première partie de l’article vous a donné envie de lire l’histoire de Caryl Chessman, ne continuez pas la lecture de cet article.
Caryl reprend son récit, il est à l’aube de rentrer dans la chambre à gaz quand son livre est publié est déclenche un phénomène d’intérêt international. Il se voit obtenir un sursit de quelques mois.
Des écrivains, des religieux et des personnes de tous bords se mettent à le soutenir. Certains médias, surtout papier, se mêlent à l’histoire.
Il y a bien évidement ceux qui veulent l’exécution de Chessman et s’acharnent, des journaliste et hommes politiques principalement.
Le livre est écrit sur le mince fil de vie sur lequel Chessman marche. Grâce à son livre, son histoire, la criminalité et le couloir de la mort sont passé aux premiers rangs des sujets de préoccupation de la population américaine et même mondiale.
Jamais vous ne lirez de tel livre que ceux de Chessman. Car il écrit pour sauver sa peau ! Sa plume a réussi à lui donner une plus ample marge de manœuvre. Certaines personnes, bien sur, diront qu’il a manipulé là son monde pour sortir de l’impasse dans lequel il s’était retrouvé.
Le livre suit le décompte des jours jusqu’à sa prochaine exécutions, titres, articles et lettres à l’appuie. Jusqu’au sacro-saint report d’exécution.
Dans sa lutte, il n’est plus seul. Il a maintenant une femme, Frances et les deux enfants de cette dernière. Grâce à l’argent du premier livre, il a deux avocats et l’attention des journalistes. Mais plus que tout, l’écriture et son potentiel rôle de père de famille sont ce qui le fait tenir.
En fait, c’est Claude Gueux, sauf que le condamner EST l’écrivain et que l’écrivain n’a tué personne et demande un nouveau procès équitable.
Caryl émet comme hypothèse d’avenir qu’en cas de liberation, il continuerai à écrire et se porterai comme « cobaye » pour étudier comment un enfant ayant grandi dans un foyer « normal » puisse devenir un criminel.
Il ajoute, comme dans son premier ouvrage, que l’écriture et son nouveau statu d’écrivain lui on permit de se délivrer et de continuer à combattre. Écrire était cathartique. Dire qu’il a écris tous ses ouvrages dans une cellule d’un couloir de la mort déclenche en nous, et en lui, un sentiment dithyrambique. Le couloir de la mort l’a-t-il aidé à réaliser qui il était vraiment, qui il aurait pu être et la dimension de ses crimes (excluant meurtres et viols dont il se proclame innocent) ? Le problème, c’est que dans l’écrasante majorité des cas, le couloir de la mort mène… à la mort. Le criminel condamné à la peine capitale n’a aucun moyen de prouver à la société qu’il a changé, qu’il s’est repenti. Il n’est là que pour mourrir. Quand bien même l’État libérerait un détenu ou lui infligerait une peine moins dure, qu’est ce qui prouverait que le criminel repenti n’est pas manipulé son monde pour sortir et recommencer ses méfaits ?
Dans son récit, il n’oublie pas ces autres criminels avec qui il vit et ceux qu’il voit passer devant sa cellule pour aller mourrir dans la chambre à gaz.
Il se lance ensuite dans une analyse du système judiciaire américain de l’époque et de ses failles. De l’injustice flagrante qu’un criminel riche puisse se défendre beaucoup plus efficacement qu’un criminel pauvre. Il analyse avec les connaissances du système judiciaire glanées après des années de crimes et de déboires avec la justice les failles du système. Bien que le récit soit daté, il n’en reste pas moins intéressant de voir que certaines tares concernant la justice et son fonctionnement restent cruellement d’actualité. Et quand la politique et les médias s’en mêle, la justice, la sentence peut s’en trouver influencée. Pour le pire ou pour le meilleur, cela dépend de quel côté nous nous trouvons.
Le condamner Chessman dresse le portrait des différents « types » de criminels présent dans le couloir de la mort. Donnant des exemples de nombreux détenus qu’il a eu l’occasion de croiser.
Il s’attaque ensuite amplement à décrire comment l’écriture l’a amener à continuer le combat ainsi que la lecture d’ouvrages de Droit. Il expose ainsi ses propres théories, très interessante au demeurant, sur comment un procureur et un tribunal conçoivent un procès. Il est épineux, pour moi, sans aucune connaissance du Droit de trop écrire sur ce passage dans cet article.
Toujours est-il que même durant la rédaction de se livre, Caryl est encore dans le couloir de la mort et se bat. Il écrit et travail pendant des dizaines d’heures chaque jour, tout en prenant le temps d’aider, de conseiller et parfois de sauver, des détenus condamner à mort à la suite d’un procès ou d’une défense bâclée.
Il est dommage que Caryl Chessman ai été exécuté. Bien qu’il ai commis des crimes, je pense que ses réflexions et son intellect aurait pu être grandement utile. J’aurai aimé avoir son opinion sur le « phénomène » des tueurs en série car à l’époque où il écrit, ces tueurs ne sont pas « légion », du moins Caryl ne les mentionnes pas. Logique car le terme sera crée des décennies plus tard par un agent spécial de FBI.
Quel aurait été son opinion sur la fascination qu’exercent ces tueurs sur une partie de la population ? Qu’aurait-il dis au sujet des médias et de leurs couvertures sensationnalistes à l’extrême ? Comment aurait-il analysé, lui, le pourquoi et le comment de l’existence de tels criminels ?
Certaines réponses à ces questions sont ébauchées mais l’époque n’était pas encore à la psychanalyse criminelle et aux « profilers ». Il reste néanmoins étonnant de lucidité, propre aux grands écrivains. Suivant cette logique de l’époque, l’homosexualité était malheureusement considéré comme un crime, une maladie psychiatrique quand ce n’était pas une possession démoniaque. Caryl expose, de manière un peu bancale, que Oscar Wilde et Gide étaient homosexuels et n’avaient jamais causés de tords à quiconque mais ont payé de leurs libertés leur orientation sexuelle. Ces deux artistes à part, sa réflexion et un peu maigre, elle sent encore une certaine homophobie , homophobie qui a l’époque, comme noté précédemment, était la « norme ». Le manque d’éducation, la religion et les tabous de l’époque (ect…) étaient la cause de cette homophobie. Il est courageux de la part de Caryl de parler d’homosexualité dans son livre, considéré par énormément de personne comme une personne à abattre, il prend le risque de défendre la cause homosexuelle, de manière maladroite certes, bien que les gens l’attendent au tournant et que ces derniers sont ostensiblement homophobes et racistes.
Le livre se termine sur un hypothétique « Quand vous lirez se livre je serai peut-être déjà mort. »
Extrait :
Mon message aux jeunes en difficulté, le voici : le crime est une sale affaire. Sors-en ! Il n’y a aucun prestige à tirer de la prison, aucun prestige à ce qu’on vous casse la tête, aucun à finir dans le Couloir de la Mort. Bien sûr, je sais ce qu’il en est des provocations, des sermons, des coups de gueule et des passages à tabac dans les arrières-salles des commissariats. Mais il ne faut pas être une bille. Il ne faut pas gaspiller sa vie. Ça ne vaut pas le coup.
–
Que je vive ou que je meure, j’espérais fervemment que le récit de mes épreuves et de mes expériences, joint à ce j’ai appris des unes comme des autres, contribuerait en fin de compte à convaincre la Société que la chambre d’exécution et la justice vengeresse ne répondait à rien.
–
Le passé, le présent et l’avenir convergèrent vers le milieu de février. Ce fut d’abord au parloir avec Frances qui me confia, presque timidement, qu’elle était tombée amoureuse de moi. David et Cheryl me faisaient dire qu’il fallait que je rentre à la maison pour être leur papa. Ainsi, il existait pour moi un avenir, un beau rêve que tenait en échec le présent et qu’obscurcissait le passé. Ici, la mort était plus réelle, plus certaine que la vie. La chambre à gaz continuait à réclamer ceux qui lui appartenaient.
–
– Sauf pour nous et quelques amis, ma mort n’a pas vraiment d’importance. Mais je prie pour que le livre que je laisse derrière moi contribue à empêcher d’autres parents de se retrouver devant une tragédie pareille à celle que les miens ont vécue.
–
En fait, je lisais et écoutais avec une fascination détachée tout ce qui se publiait au sujet de cet énigmatique condamné qui avait nom Caryl Chessman. Je me demandais : « Est-ce vraiment à moi que cela arrive ? » Mes relation avec le temps et les événements semblaient s’entourer d’une sorte d’irréalité, d’un inadmissible surréalisme. Et, pourtant, la chambre à gaz n’en manquait pas, elle, de réalité.
–
De lui [le juge Charles W. Fricke] les journaux citaient le propos suivant :
« Si un homme qui méritait la mort à laquelle il a été condamné par le jury a droit à une mesure de clémence uniquement parce qu’il était capable d’écrire et de faire publier un livre, autant flanquer tout le code criminel à la poubelle ! »
–
Sûrement, c’avait été folie que de rêver que Cellule 2455, Couloir de la mort, pouvait être écrit ici, contre la montre, en dépit de la pression, de la tension, des obstacles ; qu’il pourrait trouver un éditeur, que son message atteindrait le monde entier. Pourtant, le rêve c’était métamorphosé en fait.
–
Une fois de plus, je défis mon lit, pliai les draps, les couvertures et rendus à la cellule son aspect anonyme. Une fois de plus, je pris l’écoute pour entendre un speaker qui déjà me voyait virtuellement dans la chambre à gaz. Dans de pareils moments, on a le choix entre l’épouvante et la folie.
Quoi que j’aie pu être et quoi que j’ai pu faire, je n’avais pas commis les crimes de la lumière [ou lanterne] rouge. Ce n’est pas moi, je le jure, ce Bandit à la lumière rouge.
—
Face à la justice
Onze ans de sursis
Pas de quatrième de couverture
Nous somme donc à la dernière œuvre de Caryl Chessman.
Après avoir raconté sa vie et sa descente aux enfers jusqu’au couloir et ébauché une nouvelle compréhension pour la société de la criminalité juvénile dans le premier ouvrage.
Après avoir écrit son deuxième livre sur son combat au jour le jour contre la chambre à gaz et une justice implacable, affirmé sa théorie sur la criminalité et découvert que l’écriture était son futur, si futur il y avait et après avoir rendu son cas célèbre à travers le monde entier tout en proclamant ne pas être le Tueur à la lanterne rouge, Chessman écrit ici son dernier livre.
Grosse déception, pas de l’auteur, mais du vendeur. Arrivé à la page 83, j’ai remarqué que plusieurs pages avaient été arrachés ! Je suis donc passé de la page 82 à 89. Une leçon que j’ai apprise donc : quand vous achetez des livres d’occasions, faites attention !
J’ai pu déduire tant bien que mal que Caryl et ses avocats Georges Davis et Rosalie Asher avaient réussis à faire passer un Habeas Corpus devant le juge Goodman. Mais avant, celui-ci avait essayé de transférer Chessman à Alcatraz en lui promettant de meilleures conditions de détention, qui aurait permis à l’accuser de travailler sur son cas avec ses deux avocats plus facilement et discrètement. C’était un piège, et Caryl Chessman et ses deux avocats s’en sortirent in extremis.
La confrontation devant le juge, la stratégie de Chessman et de ses défenseurs, les échanges et les débats, compliqués pour un non-initié comme moi a été dur à suivre. Ces ouvrages seraient importants à lire à tous ceux qui étudient le droit. Toujours est-il que j’ai compris que le juge Goodman n’était pas, loin de là, impartial. Le combat de Chessman était celui de David contre Goliath.
L’écriture en prison devient dangereux car l’administration pénitentiaire de Saint-Quentin rend illégal tout manuscrit. Caryl écrira donc son roman avec une ingéniosité sans pareil, camouflant son roman dans ses papiers de justice. Rien n’est simple dans le couloir de la Mort.
Son habeas corpus est rejeté par le président du tribunal de Californie Gooodman. Sa requête devant la Cour Suprême des États-Unis aussi. Mais ce n’est pas encore la fin pour Chessman, l’écrivain bagniard. Il a encore une pièce maîtresse à jouer.
Malheureusement, son manuscrit est trouvé et confisqué. Il se retrouve en isolement. Le directeur de la prison ne l’ayant pas à la bonne, Caryl ayant conféré à la prison de San Quentin une mauvaise réputation, il attendait le moment opportun pour le faire taire une bonne fois pour toute, son récit est terminé, il ne peux plus écrire. Il avait réussis néanmoins à faire passer son roman Le fils de la haine et cet ouvrage hors de la prison. Le livre se termine par une lettre de son éditeur, s’adressant autant à nous qu’à lui, en décrivant la situation inextricable dans laquelle Caryl Chessman se trouve.
Carylsera exécuter le 3 mai 1960 après 12 ans de luttes dans le couloir de la mort.
Extraits :
Un autre nom défrayait la chronique : celui d’un jeune Californien qui, du fond du couloir d’une cellule de condamné à mort, écrivait des livres et luttait contre le Gouvernement qui voulait trancher ses jours. « Mieux vaut un coup nul qu’un coup dur » avait-il dit à l’annonce que, contre toute attente, il était arrivé à garder la vie, sans pour autant être parvenu à faire annuler deux condamnation à mort…
–
J’avais probablement été un salue en toutes sortes de genres et un bagarreur imbécile dans tous les genres possibles, seulement il se trouvait que je n’étais pas le bandit à la Lumière Rouge. Je n’étais pas un satyre qui traînait et rôdait dans les sentiers amoureux ; j’étais un bandit qui, les derniers temps, menait la vie dure à un syndicat de bookmakers protégés par la police en matraquant ses encaisseurs et en razziant ses repaires. Et il y avait une rude différence entre un satyre et un bandit, ainsi qu’aller le constater les braves gens qui m’avaient tamponné de bout en bout à mon procès et jusqu’à la condamnation incluse.
–
Comme j’ai dans le crâne que, en puissance, j’ai l’étoffe d’un écrivain, il se peut que je démontre à la société que je suis capable de faire œuvre de créateur et que que, tout compte fait, je peux servir la communauté. Cela si le bourreau ne se met pas en travers avant, s’entend.
–
Au bout de sept ans, trois moi et quelques jours de bataille, et en somme, de lutte pour la vie, j’avais remporté ma victoire de la dernière chance à la Cour Suprême. La Cour de district des États-Unis avait reçus des instructions qui lui enjoignaient d’étudier entre autres les accusations que je formulais concernant la préparation frauduleuse d’un compte rendu de sténographe dont on s’était servi pour confirmer mes deux condamnations à mort et mes quinze condamnations à la prison.
–
Il insistait vigoureusement sur les tracasseries dont nous étions l’objet. On ne nous avait donné qu’un délai restreint pour nous préparer. Pourtant, chaque fois que Rosalie ou lui venaient à la prison, ils étaient inutilement retardés. Des bonshommes qui n’avaient rien à faire là venaient compter mes papiers. Ils les dénombraient à mon entrée dans la cage [parloir] et les recomptaient ma sortie. Un gardien restait assis en permanence à trois mètres de moi. Chaque fois que nous nous mettions au travail, nous étions interrompus. […] on se trouvait en présence d’un harcèlement aussi méthodique qu’ininterrompu.
–
– Nous en arrivons, Monsieur le Président [du tribunal], à un stade que je [Georges Davies, avocat de Caryl] n’ai jamais connu en quelque vingt-quatre ans d’exercices de ma profession. J’ai eu d’innombrables conférences dans les prisons tant en Amérique que dans les pays étrangers et nulle part je ne me suis heurté à un harcèlement et à des tracasseries goutte à goutte de ce genre.
–
– Qu’est-ce que c’est que cette plaisanterie ? Dis-je. Le très honorable Louis Goodman nous déclare et clame à tous les échos qu’il nous propose une affaire merveilleuse et assure qu’il s’en est entretenu avec le directeur d’Alcatraz. Là-dessus le directeur viens vous raconter qu’il n’a jamais entendu parler du juge. Tout ce qu’il sait de l’affaire, c’est ce qu’il en a lu dans les journaux et il nous met en garde pour que nous ne venions pas. Si tout ce que je souhaite est d’être mis au secret, j’y arriverai aussi bien ici.
–
– Sans qu’il y ait de notre faute, nous n’avons pas pu vraiment mettre nos dossier au point comme nous l’aurions dû. Depuis que la Cour suprême a ordonné ces débats, on n’a pas cessé de rencontrer des pierres d’achoppement et des pièges à andouilles, et en plus, on a l’impression qu’on butte sur un juge qui est prévenue contre nous. Il continue refuser des témoins qui nous sont indispensables. Sans leurs dépositions, sans des débats complets et équitables, nous perdons notre temps.
–
L’enjeu, c’était une vie humaine. La mienne.
–
« Âgé de trente-quatre ans, l’écrivain du Couloir de la Mort se présenta armé d’un monceau de documents et une liste de quelque trente témoins dès l’ouverture des débats, notait David Pearlman de la Chronicle de San Francisco. L’Etat s’efforce depuis 1948 d’envoyer Chessman à la chambre à gaz… Écrivain brillant, celui-ci a pu apprendre tout seul le droit dans sa cellule de condamné à mort, esquiver six rendez-vous avec le bourreau et faire à neuf reprises appel à la Cour suprême des États-Unis…
À présent, Chessman conteste la validité de la toute première décision de justice qui confirma la condamnation à mort par la Cour. »
La presse mettait l’accent sur les « mesures de sécurité sans précédent » qu’on avait prises « parce qu’on ne sait jamais ».
–
Je n’avais pas oublié que, à plusieurs reprises depuis quelque temps, le contenu de certaines communications confidentielles qui m’étaient destinées avait été révélé à la presse ou au Parquet par le directeur [de la prison] et qu’on s’en était servi pour me faire du tort, parfois en les isolant de leur contexte. Cela s’était même produit une fois avant que la lettre ne me fût remise. Je n’allais pas laisser cela recommencer.
–
Le Couloir de la Mort fut l’objet d’une nouvelle fouille générale et un des gardiens fit tomber presque « accidentellement » ma machine à écrire de l’escabeau. Je la rattrapai à temps et le gratifiai d’un sourire.
Ainsi allaient les choses. Quotidiennement, d’une petite façon ou d’une autre, on me « remettait à ma place ». Les forçats appellent ce traitement plein d’égards « satonner » son bonhomme. J’étalais la tempête, souriant extérieurement et bouillant au-dedans.
–
La médaille à son revers : le prix sur j’ai payé pour ces neuf années passées à ce travail de Sisyphe a été prohibitif. Tous mes rêves d’un avenir honorable sont mangés aux vers et rien n’est plus terrible que de regarder mourir l’espérance, pour la voir renaître et mourrir encore, étranglé et sans pitié.
–
Les fumées qui m’environnent sont bien plus mortelles, bien plus anéantissantes que celles qui m’attendent dans la chambre à gaz, là en bas.
–
En fin de compte, de même que les deux premiers ouvrages de la trilogie, celui-ci est en fait une histoire écrite à l’intention des gens qui accordent quelques importances au fait que pour un de leurs semblables la descente aux enfers, la perte de son âme et la déchéance de toute humanité n’aient pas été, à l’origine, le résultat d’un choix par lui librement consenti.
–
Jusqu’à dix heures, je lisais, causais, étudiais et, pendant une demie-heure au moins, j’arpentais la cellule en réfléchissant au travail de la nuit et en revivant la période passée que j’allais évoquer. À partir de dix heure, je couchais les phrases sur le papier. Je me contraignais à rédiger au moins l’équivalent de trois pages du manuscrit final, ce qui, entre le projet jet et le texte définitif représentait de dix à quinze pages d’écritures d’écriture courante. C’était une besogne à l’arraché. Il n’était pas question d’attendre « l’inspiration » ou l’état d’âme approprié. Quand je fléchissais, j’empoignais un memento homo que je conservais spécialement pour cela : une image en couleur de la chambre à gaz d’en bas. Je la regardais, j’aurais un bon coup, rigolais et, mon démon aidant, je me remettais au travail.
Comme depuis des années je ne m’étais servis que d’une machine et que je n’avais plus guère écrit à la main que ma signature, au bout de deux semaines de séances nocturnes à gratter du papier, je n’arrivais plus à tenir mon stylo à bille. Je tâtai d’une douzaine de position, mais ma main droite s’obstinait à trembler et à se crisper, mes doigts devenaient des ergots arthritiques et je souffrais de façon intense. Je n’avais pas le choix, je ne pouvais pas lâcher, quitte à faire une pause de temps pour m’imposer des flexions à mes phalanges et à me masser la main. À la longue, les douleurs disparurent. À ceux qui prétendent que le crampe des écrivains est un phénomène purement psychologique, je ne puis que rétorquer qu’ils font erreur.
Peu après que j’eus commencé mon bouquin, de nouveaux ordres tendirent à rendre plus compliquées les tentatives de suicide. La littérature clandestine, bien qu’elle ne fût pas visée, souffrit aussi de ces mesures. Je ne pouvais pas lever le nez sans constater qu’un gardien de service recensait son monde et, à en juger par le nombre de ses tournées, l’homme de ronde avait tout l’air de s’entraîner pour le marathon.
–
À la fin septembre, le directeur, Teets, vint un matin visiter le Couloir de la Mort. Il arriva à ma cellule au moment même où les deux spécialistes de la fouille en sortaient après une minutieuse inspection. On ne m’avait pas encore renfermé. Le garde armé, sur la passerelle, nous surveillait attentivement.
– Eh bien Caryl ! me dit le directeur, avec un sourire avenant, ont-ils trouvé de la contrebande ? des manuscrits ?
Mon regard suivant le sien, se porta dans la cellule 2455. Là, sur la table, sur le devant de la cellule, se trouvait le manuscrit inachevé. Un pas et le directeur aurait pu le prendre… s’il l’avait reconnu pour ce qu’il était. En déménageant mon « fratras » pour ses investigations, l’équipe de fouille l’avait mis là avec diverses copies et dossiers.
– Non, répondis-je en lui retournant son sourire.
Ils n’ont trouvé ni manuscrit, ni contrebande. Mais ce n’était pas faute de chercher.
Ils ne s’en étaient, certes, pas privés. J’avais de longues minutes sur des charbons ardents, avec un air d’indifférence totale. L’un des gardiens avait ouvert la boîte plate qui contenait mon manuscrit et en avait examiné les feuilles. Heureusement, il ne les avait pas regardées dans le bon sens. Il fallait les considérer d’une façon particulière, sans cela toute détections étaient impossible et le camouflage endormait d’autant plus les soupçons que l’ensemble se trouvait bien en évidence et comme offert à l’inspection.
–
Convaincu qu’une génération ultérieure m’écoutera, voici ce que j’ai fait :
Avec l’aide de quelques amis, j’ai mis au point un volumineux « colis » d’une nature toute particulière et qui se trouve garé en un endroit où on ne peut le découvrir, le saisir, le supprimer ou le détruire sans mon consentement. On y trouve, outre des preuves qui démontrent indiscutablement que je ne suis pas le Bandit à la Lumière Rouge, un document qui désigne nommément les Bandits (car ils sont plusieurs) à la Lumière Rouge. En fait, ils sont deux, bien qu’un seul présente une certaine importance. Ainsi, la vérité éclatera de façon si patente que l’opinion publique sera stupéfaite qu’on ai pu le condamner et que cette erreur judiciaire, sinistrement voulue, ternira plus gravement encore le blason, taché de boue et de sang, de la Californie.
–
J’ai lu un jour qu’un homme fait ce qu’il a la conviction de faire, ou qu’alors ce n’est pas un homme.
–
[À son avocate Rosalie Asher] – C’est le nom, l’identité et une partie de l’histoire du Bandit à la Lumière Rouge. Du principal et aussi d’un pantin qui s’est trouvé avoir affaire avec lui, ainsi qu’à moi, d’ailleurs, dans une autre combinaison.
—
Dures lectures que ces trois ouvrages de Caryl Chessman. Écrits dans un endroit où les hommes sont destiné à la mort.
Certains passages où il décrit sa cellule et comment il travail me fait penser à Écriture Memoire d’un métier de Stephen Kings où Stephen démontre l’exercice presque télépathique qu’est l’écriture en décrivant lui aussi l’endroit où il travail. D’ailleurs un passage sur une sourie dans le deuxième ouvrage de Caryl m’a fais penser à Laligne verte du King…
Pour ce qui est de la peine de mort, moi, né français, cette peine capitale est moyenâgeuse. Je me rappel un cour de primaire ou une professeure nous en avez parlé et nous avions tous été choqués. Déjà, à notre jeune âge, nous ne comprenions pas pourquoi on pouvait tuer un criminel. Cela ne réglé rien. C’était inhumain. Que tuer un tueur ne change rien.
Passé ces quelques jours à lire Caryl a été une experience violente. Je ne savais que peu sur les couloirs de la mort, de la vie des détenus à l’intérieur. Après cette lecture, cette carence en information est comblée bien que les ouvrages soient datés.
De mes lectures, je pense que Caryl Chessman n’était pas le Bandit à la Lumière Rouge. Bien que diagnostiqué psychopathe, ayant un casier judiciaire long comme le bras, braquages à mains armées, voles de voitures, cambriolages, courses poursuites et échanges de coups de feux avec la police, il n’a jamais tué personne. Bien qu’il ne sache pas entièrement pourquoi il se comportait comme cela, ses crimes avaient pour but principal l’argent. Et non le meurtre et encore moins le viol et l’assassinat de femmes.
Caryl Chessman était innocent des crimes dont il a été jugé coupable et exécuté pour. Cela reste mon avis.
Il s’est battu comme un diable, dans sa minuscule cellule pour rester en vie. Il a trouvé son salut dans l’écriture, son talent l’a amené à ce que le monde entier le connaisse. Bien loin de n’avoir que des soutiens, ses détracteurs étaient nombreux.
Il se sera battu jusqu’au bout contre un système qui ne voulait pas discuter son sort. Le monde contre lui et sa seule plume pour se défendre.
Il aurait été intéressant de savoir son point de vue sur la situation actuelle de la Justice aux États-Unis, surtout sur la police qui semble jouer de la gâchette plus facilement qu’avant ou plutôt en entendons-nous parler plus car les réseaux sociaux et les chaînes d’informations sont omniprésents à notre époque…
Bizarrement, dans les derniers extraits que j’ai partagé avec vous, ce fameux colis n’a jamais du être découvert car encore aujourd’hui, le Bandit à la Lumière Rouge n’a jamais été identifié.
Il fit des signes aux journalistes présents pour avertir que l’exécution était douloureuse.
Sa dernière demande d’Habeas Corpus. comme écrit au début l’article, aurait pu (dû ?) encore délayer son exécution. La Californie avait peut-être envie d’en finir avec se prisonnier qui lui tenait tête depuis plus d’une décennie.
Des livres qui ont leurs places dans la bibliothèque d’un étudiant en Droit ou pour tous juriste. Et à ceux qui pensent encore que la peine de mort sert à quelque chose. Non. La mort n’arrange rien. Tout le monde perd dans la mort. Le bourreau comme la victime ainsi que la société.