J’ai fait un mauvais rêve… ou un bon cauchemar. (Billet onirique ?)

C’était bien la première fois depuis longtemps, en faite, depuis toujours que je m’étais réveillé avec l’impression que j’étais heureux d’être vivant. Dans ma vie courante, ce sentiment, je ne l’avais pas eu depuis longtemps.

Il m’a fallu ce « rêve » pour réaliser, non, ressentir, le temps de quelques secondes, que je devrais profiter de la vie et arrêter de me tracasser pour un rien.

Mais ce sentiment est venu quelques minutes après mon réveil, j’étais secoué par le cauchemar que je venais de faire.

Voici le rêve que j’ai fait durant la nuit du 03/06/2022 au 04/06/22 :

J’étais dans un hôpital avec une perfusion dans le bras. J’avais un cancer en phase terminal et j’allai mourir d’une minute à l’autre.

Cancer de quoi ? Je n’en sais rien, je me rappelle avoir mal à la cuisse gauche, j’étais épuisé et terrorisé d’attendre la mort.

Je sais qu’il y a plus de détails de ce rêve mais ils sont passés aux oubliettes de ma mémoire. Vous savez, quand vous avez fait un rêve dont vous ne vous souvenez pas mais que les sensations que vous a laissées ce dernier vous tenaille la poitrine et hante vos pensées… C’est frustrant de ne pas pouvoir se souvenir. Le corps, lui s’en souvient, mais l’esprit a décidé qu’il fallait l’oublier.

Je me rappelle l’attente terrible de ma dernière seconde de vie. Puis, je suis sortie de l’hôpital pour faire une dernière balade avant ma mort.

Le soleil reflétait ses rayons sur une des façades de l’hôpital, comme si les vitres de ce dernier étaient des miroirs.

Je vis mon père, maigre, la peau jaunie et tout aussi épuisée que moi, me rejoindre. Je ne me rappelle plus du tout de ce dont nous avons parlé.

Pour information, mon père est mort d’un cancer.

Puis, je retournais dans ma chambre, seul. Un tout petit peu moins terrorisé.

Mais l’attente et surtout cette douleur qui se propageait dans mon corps reprît sa terrible emprise.

Et je me suis réveillé, en sueur, le cœur battant. Puis, j’ai allumé une cigarette pour décompresser et c’est là que j’ai ressenti cette sensation d’être en vie, relativement en bonne santé (ironique de dire que je fumais en même temps d’avoir cette pensée…) et qu’il fallait que j’arrête de me monter la tête pour des petits riens. Et puis, les réminiscences du rêve-cauchemar revinrent me hanter.

J’ai, à l’époque où j’écris cet article, c’est-à-dire le jour même de ce cauchemar, lu pas mal sur la vie de Jim Morrison, sur sa philosophie de vie. Je lisais le « Photojournal » de Frank Lisciandro sur sa relation avec Jim. Il parlait dans ce livre des écrits de Jim sur ses rêves et cauchemars qu’il avait pour habitude d’écrire sur ses carnets notes. Morrison portait une attention particulière à ses rêves, au monde onirique. Je l’ai lu dans sa poésie et on peut l’entendre dans la musique des Doors.

De plus en plus, je remets en question la vie, pas MA vie mais LA vie. Je commence à être persuadé que nous ne voyons qu’une infime partie de notre monde, que la vie a des mystères, des choses puissantes, peut-être peut-on parler de dimensions ou de plusieurs mondes, parallèles au notre. Des choses invisibles, des choses dont nous perdues la capacité de voir et ressentir.

Je pense aux Indiens d’Amérique, aux Égyptiens de l’Egypte antique, ils semblent qu’ils avaient une vision différente, ou mieux, une relation différente avec notre monde. Évidemment, pour les Égyptiens de l’antiquité, cette réflexion est étoffée de toute cette culture connue dans le monde entier, mais les Indiens d’Amériques, bien que martyrisés, mal traités encore aujourd’hui, ont gardé la sagesse, certains rites et secrets qu’ils protègent depuis je ne sais combien de milliers d’années mais qui reste, je pense, trop inconnus du grand public. J’aimerais parler avec l’un d’entre eux. Nous ne pouvons juger de leurs visions du monde car leur peuple, coutumes, croyances, rites, existent depuis des millénaires, enfin je présume. Ils savent, leurs ancêtres savaient des choses sur notre monde, des facettes que nous avons oubliées.

Ce rêve était peut-être une mise en garde ; ne pas trop chercher ce que je ne pourrai pas supporter. Ou peut-être est-ce l’inverse, une sorte de renaissance. Ou bien, c’était juste un rêve.

Un rêve qui m’a marqué. Je fais souvent des rêves, je les écris sur mes carnets depuis presque 8 ans maintenant. Mais j’avais envie de partager ce rêve avec vous car, au fond de moi, je le trouve important. J’entamerai, bientôt je l’espère, des lectures pour ouvrir un peu mes horizons et m’éclairer un peu sur ce monde qui cache à nos yeux des facettes oubliées. C’est peut-être aussi ça le problème, nous ne pensons et croyons qu’avec les yeux. Jim Morrison l’écrivait, nous sommes dépendants des yeux, ils nous offrent un monde, un seul et nos autres sens sont dominés par eux. Je pense qu’il nous faut nous reconnecter à la nature, à notre nature pour pouvoir découvrir le reste et nous émanciper de la dictature de la vue.

Je parle comme si j’étais fou. Et je le suis un peu. Et je revendique que les fous ont peut-être raison. Peut-être voient-ils quelques choses que le commun des mortels ne voit pas où ne veut pas voir et réprime ces fous. Avons-nous peur d’eux parce qu’ils sont fous ou parce qu’ils voient des choses que nous ne pouvons pas voir ni comprendre ? Peut-être que ces fous sont devenus fou car ce qu’ils ont découvert, les choses dont ils ont fait l’expérience les ont laissés sur le carreau. Parce que nous avons oubliés que l’existence est autre chose que le monde physique et observable à l’œil.

Suis-je à la recherche de la Vérité comme Proust, enfant, dans le jardin de grand’tante Léonie à Combray ? Et, qu’en saurais-je que j’ai trouvé cette Vérité ?

À la recherche d’un monde plus juste, doux qui a un sens. Que nous ne pouvons avoir mais qui est là.

Merci d’avoir lu jusqu’ici.

Jaskiers

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L’entité rouge

Ce texte est une FICTION

Cette sensation qu’un poids se pose sur le bord du lit, c’est ce sentiment vague qu’il ressentait. Pas la première fois d’ailleurs, cela arrivait surtout quand il était fatigué.

Quand ce poids s’installait dans son lit, il ne pouvait plus bouger. Ouvrir les paupières était effrayant. Ce petit mouvement lui semblait impossible et inutile car la chambre était emplie de pénombre.

Ce qu’il craignait le plus, c’était que ce poids se déplace sur son torse, sur sa cage thoracique. Dans ces moments là, son esprit était comme coincé entre rêve et réalité, il était on ne peut plus confus, apeuré. Tétanisé était possiblement le mot qui conviendrait le mieux car il lui était impossible de bouger et de respirer quand l’entité entrait ses songes.

Ce sont des sentiments dithyrambiques quand il y repense car il avait toujours voulu avoir des hallucinations. Une expérience extra-sensorielle, un événement qu’il ne pourrait expliquer et qu’il chérirait. Il a souvent pensé à prendre des drogues dures pour avoir ce genre d’expériences mais les drogues douces ne faisaient déjà pas bon ménage avec ses méninges, mieux valait ne pas tenter le diable, d’autant que dernièrement, le diable semblait envoyer un de ses sbires pour l’étouffer dans son sommeil.

Ses ambitions hallucinatoires se concrétisèrent bien vite. C’était pendant ses siestes que l’entité semblait la plus prompte à intervenir.

Mais elle avait déjà commencé à venir les nuits, régulièrement elle s’asseyait sur son lit, parfois un peu sur lui. Elle aimait beaucoup secouer le lit quand elle n’essayait pas de l’étouffer. C’était comme être dans un manège, il se cramponnait dans un état de semi-sommeil et sentait sont corps subir les oscillations du lit. Et il n’avait pas peur. Il attendait que ça passe. C’était devenu une habitude.

Souvent elle venait avec son ami, le rat, qui aimait se frotter à ses jambes et se balader sous la couette. Il se réveillait en sueur et secouait sa couette mais il n’y avait rien bien évidemment. Il avait peur de la morsure ou que d’autre rats le rejoigne dans ses brefs mais intenses moments de panique. Elle envoya une dizaine de fois son ami le rat.

Les interventions de l’entité étaient plus concrètes quand venait l’heure de sa sieste. Elle commençait par s’asseoir sur son lit, comme à son habitude, parfois posant une main pesante sur son torse. Et pénétrait ses songes. Des images sans queues ni têtes défilaient dans son esprit, il réalisait parfois qu’il avait arrêté de respirer et vous pouviez l’entendre essayait de reprendre son souffle. Comme un nageur resté sous l’eau un peu trop longtemps revenant à la surface, à quelques secondes de mourir noyé.

Un jour, elle décida de se montrer, très subrepticement.

Le défilement des images s’était arrêté, il ouvrit les yeux, la sueur avait nimbé son oreiller, ou peut-être était-ce de la bave. Les deux semblent plausibles. Réveillé, il se mit sur le dos et pour la première fois, vît l’entité.

Elle était dans le coin supérieur gauche de sa chambre, les mains collées au plafond et les jambes écartées, prenants leurs appuies chacune sur les murs formant l’angle.

Rouge sanguine qu’elle était, des yeux ronds et noirs, une langue rose et velue pendante, une couronne, un corps tailladé, un large sourire composé de dents requins.

Elle n’apparut peut-être qu’une seconde, même moins. Assez pour qu’il sentit un poids sur sa poitrine et pour refermer les yeux et essayer de se rassurer.

Il fit tout de suite un rêve où il était projeté de l’autre côté de la chambre par une force invisible. Il criait à l’aide mais personne ne venait et il le savait, personne ne viendrait, non seulement il était seul mais de sa gorge ne sortait qu’un petit râle pitoyable.

Il se réveilla en sueur, le cœur battant, avec un mal de crâne terrible. Il aurait juré que cela c’était vraiment passé. Il n’aurait même pas été surpris de se réveiller dans le coin de la chambre où il avait été propulsé dans son cauchemar.

Peut-être deux années plus tard, ces rêves et cauchemars, cette entité, semblaient avoir disparue de sa vie, disparue aussi vite qu’ils étaient apparus. Il avait tord.

Il dormait dans un tout autre endroit maintenant, il avait déménagé. Son habitude de faire la sieste ne l’avait pas quitté. Et l’entité semblait s’être évaporée, du moins c’était ce qu’ils pensait car elle s’était faufilée discrètement dans ses cartons de déménagements.

Il dormait quand il sentit quelque chose s’assoir délicatement à ses pieds. Son réflexe a été de se réveiller immédiatement pour trouver un affaissement au pied de son lit, comme si quelqu’un c’était vraiment assit à ses pieds, la couette portait la marque d’une personne qui s’y était assise. Il y posa sa main, la marque ovale, le tissus bien aplati contrastait avec les plis du reste de la couette et il sentit une chaleur à l’endroit où il posa sa main. Elle était revenue, et cette fois-ci, cela n’était sûrement pas qu’un simple mauvais rêve. Il avait une preuve, physique de sa présence. Il était seul. Le seul humain du moins.

Durant la sieste suivante, il vît la deuxième apparition de la créature, assise sur le dossier d’une chaise posée à côté de son lit dont il se servait pour poser son linge à laver.

Elle n’avait pas changée, toujours aussi rouge, la langue rose et poilue pendue entre deux de ses énormes crocs. Elle souriait mais plus amicalement cette fois. Et cette couronne qu’elle portait était magnifique, d’or, finement taillée, incrusté de pierres de toutes les couleurs. Elle pencha la tête à droite et disparu.

La proximité de cette apparition le choqua. Elle était là, pas loin, se rapprochait. Prenait-elle de la confiance ? Était-elle bienveillante ? Bien que terrifiante, il ne sentait pas forcément de mauvaises intentions en elle.

Elle apparue une autre fois, la dernière.

Cette fois, perchée sur un tabouret, comme un chat prêt à bondir, comme les gargouilles des cathédrales. Sa couronne étincelait, sa peau était toujours aussi rouge, il pouvait voir deux grosses écailles au niveau de ses cuisses, des tendons et des bouts de chairs accrochés à ses ligaments, les muscles à vifs. Des pattes de rapace à la place des pieds, des mains ornées de longues griffes noires. Ses yeux rond le fixait, elle ouvrit la bouche pour en sortir un son guttural et rauque. Il sentit son corps s’effondrer. Quelque chose éclata dans ses oreille, puis ce fut le néant.

Jaskiers