Johnny sur la route – Chapitre 4

« – Garfunkel… on dirait le nom d’un meuble IKEA non ?

  • Ne me vole pas mes blagues !
  • Tu fais quoi dans la vie Robyn ? Tu chantes vraiment ?
  • Si je te dis oui, tu me croiras ?
  • Oui. Enfin, mens si tu en as envie, mais je pense qu’entre nous, la franchise s’est imposée d’elle-même.
  • Oui, je chante.
  • Bien… genre dans les bars ? Comme Bob Dylan à ses débuts ? Tu vadrouilles dans Greenwich Village avec ta guitare et tout ça ?
  • Cette image te plaît ?
  • C’est… cliché mais tu dois admettre que c’est romantique.
  • Hey bien va pour ça. Oui, je vadrouille dans Greenwich Village, je joue dans les bars et c’est pour cette raison que je me dirige actuellement vers la Californie dans mon tacot avec un… Français bien curieux et remplis d’imagination.
  • Cette histoire que je ne te connaisse pas t’embête hein ? Ton égo a pris un coup ? Pas l’habitude je paris ? J’veux dire, je connais rien de ta carrière de musicienne, tu est… belle… Ça doit pas être souvent que ton égo en prend un coup… tu devrais lire Freud tiens. Ça te changera de l’instagramable Nietzsche.
  • Quelle condescendance !
  • Je suis Français je te rappelle.
  • Vous êtes vraiment casse-couilles.
  • Comme je te l’ai dit, ça dépend d’avec qui on discute.
  • J’avoue être une casse couille.
  • Bien. Tu veux t’arrêter au bord de la route, t’allonger sur la banquette arrière et me parler de tes problèmes avec ton père ? »

Le véhicule s’arrêta abruptement, le corps de Johnny est ramené sèchement sur le siège à cause de la ceinture.

« – Doux Jesus ! C’est quoi ton problème. Putain, mon cœur va pas faire long feu avec toi !

  • Tu veux continuer à pied ? Reprendre ton stop ?
  • C’est pour ça que tu t’es arrêtée ?
  • Non, j’ai juste envie de pisser. Pas toi ?
  • Non… attend pisser , au milieu de la route ? Au bord ? Merde, tu vas être à la vue de tout le monde !
  • Et qu’est-ce que ça peut me foutre ? Si j’ai envie de pisser, c’est pas d’ma faute ! Et surtout, venant d’un mec qui peut, et ne se gêne sûrement pas, sortir sa saucisse pour pisser sur le trottoir après une soirée de beuverie, j’en ai un peu rien à foutre.
  • J’disais ça pour toi… je connais pas beaucoup de femmes qui pisseraient en pleins milieu d’une route.
  • Et bien maintenant, tu en connais une ! Prépare-moi une clope quand je reviens. Et évite de regarder, j’arrive pas à pisser quand on me regarde.
  • Ok, moi pareil.
  • Et tu sais que les SupraVoit’ ne me verront pas à la vitesse où ils vont.
  • Je suis d’accord avec toi. Mais y’a une sorte de loi dans ce monde où dès que tu penses être à l’abri de quelque chose, bam !, cette chose se présente à ta porte.
  • Un peu comme la loi de Murphy ? Hey bien qu’ils se rincent l’œil.
  • C’est le cas de le dire.
  • Vous avez le fétichisme bizarre vous les hommes.
  • J’ai… maintenant que tu me le dis, je n’ai jamais vraiment entendu de truc tordu, de fétichisme venant d’une femme. Non pas que je connaisse toutes les femmes de la Terre, je sais que je suis un Frenchy mais quand même.
  • C’est parce que tu n’en as connu que des gentilles demoiselles, Johnny Boy. Bon, assez déblatéré, j’y vais. J’espère que t’es pas un de ces adeptes de douches dorées.
  • Moi ? La pisse c’est pas mon truc.
  • J’adore la manière dont j’apprends à te connaître.
  • De même. »

Robyn claque la portière, s’installe à côté de la SupraRoute, et s’accroupît.

Jaskiers

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Tout perdre – Chapitre 4

Pourquoi n’ai-je donc pas cherché un autre travail ? J’ai tout simplement compris comment fonctionnait cette nouvelle société. Il n’est pas difficile de voir que nous sommes retombés dans nos vieux démons. Il faut à l’être humain, à une société, quelqu’un à détester, quelqu’un qui est tout le contraire du bon citoyen, qui n’a pas sa place. L’Utopie n’est qu’un mensonge, personne ne peut être totalement heureux dans une société ou, en-tout-cas, pas tout le monde. Pour l’être collectivement, il nous faudrait ne plus avoir de conscience, pas de libre-arbitre, être des robots. Et c’est bien par là que cette se société dirige, car un robot a pris mon travail, et personne ne me plaint.

Je ne cherche pas à être plaint, j’ai choisi de m’écarter de cette société. Je n’avais pas la force de lutter. De lutter pour revenir dans les rangs, comme un bon soldat, un citoyen model. Ce n’était pas le genre de vie que je souhaitais quand l’humanité a osé se regarder en face et décide qu’il fallait un changement radical pour continuer à vivre.

Le problème vient peut-être de moi, nous ne sommes pas forcément faits pour être dans le moule que la société veut nous imposer.

Et j’ai réalisé que beaucoup de personnes s’étaient retrouvées sans rien, comme moi.

J’ai vécu jusqu’ici dans la rue. J’ai vécu avec ceux que je haïssais, comme les gens me haïssaient maintenant. J’étais une bouche de trop à nourrir. Enfin, pas totalement sans ressources, non, une association du Gouvernement Mondial nous venait, très sporadiquement, en aide. Nous pouvions voir que ces gens voulaient nous aider, faire beaucoup plus. Mais ils étaient limités car surveillés de près. Trop nous donner d’attention, de nourriture, de refuge, d’aides en tout genre pouvait se retourner contre eux. Gâcher du temps à aider ceux qui n’ont rien au lieu de travailler pour le projet spatial commun était mal vu. Ces bons samaritains risquaient beaucoup, leurs vies confortables en fait, juste par le fait de nous donner une bouchée de pain.

Il fallait s’entendre avec les autres démunis, apprendre la débrouille. Et surtout, une chose que je n’aurai jamais imaginé faire de toute ma vie, mener une vie de truand.

Voler, agresser, intimider les honnêtes gens étaient essentiels à notre survie. Vous ne pouviez pas faire la manche sur le trottoir, illégal. Et ceux qui donnaient étaient accusés de dépenser de l’argent qui devait servir à alimenter le projet spatial. Nous n’étions pas les bienvenus, plus vraiment humains, donc pas étonnant que nous devenions des chiens galeux prêts à tuer pour quelques centimes.

J’abhorrais faire ça, je n’étais pas bon à la violence, j’ai dû me faire une raison, me fabriquer une carapace, un nouveau moi, un monstre.

Mais c’était le seul moyen de vivre. J’ai pensé au suicide, mais au fond de moi, j’avais cette petite voix qui me disait qu’un miracle pouvait advenir si je survivais jusqu’à demain. C’est l’espoir, vraiment, qui m’a fait vivre.

Jaskiers

La loterie nucléaire – Chapitre 4

Les nerfs souffraient dans les deux pays. L’alcoolisme gagnait les populations. Si ce n’était pas l’alcool, on se faisait prescrire des anxiolytiques, des antidépresseurs et le tour était joué. L’abrutissement psychique semblait un des remèdes les plus efficaces pour les civils pour supporter la guerre moderne.

L’ingénieur alcoolique savait qu’il partait pour travailler sur un chantier militaire. La lettre ne le précisait pas mais les conditions évoquées ne lui laissent guère de doute, la clause de non-disclosure et le « chantier » situé dans la zone ouest.

« – Qu’importe ce qu’ils veulent de moi, je ne ferai pas mon boulot, du moins, par correctement. Je vais salement saboter l’ouvrage, tirer au flanc, rien à foutre de leurs sbires, on sait comment tout cela va terminer… »

Mais cette affirmation, Thomas la regrettait d’emblée. Non, personne ne savait exactement comment cela finirait. Enfin si, ceux en costard cravate. Eux savaient, eux avaient planifié. Il n’était même pas étonnant que les deux côtés furent en fait de très bon amis derrière le théâtre de guerre. Il n’y avait peut-être même pas de côté, ils s’enrichissaient à souhait, sans vergogne ni regret, tout en étant portés aux nues par leur peuple respectif.

« – Et puis, si je crève dans ce train, personne ne me regrettera. »

En effet, Thomas n’avait pas de femme, ni de mari. Pas peine d’avoir essayé pourtant mais l’alcool faisant son effet, il évitait de trop creuser sur ce côté de sa vie. Un échec.

Pas d’enfant non plus. Grand Dieux ! Qui oserait mettre au monde un enfant dans ces conditions ?

Qui ? Beaucoup en fait. De n’importe quel branche de métier, de situations diverses et variées, d’âges également. On trouvait toujours à mettre au monde un enfant même si les conditions de vie étaient exécrables. Peut-être était-ce dû à l’instinct. Perpétuer l’existence (et la subsistance mais Thomas arrête sa pensée là) de la race humaine.

Au sommet de la chaîne alimentaire, au summum de la connerie vivante. Numéro un pour s’entretuer et entraîner les autres espèces dans leur chute. En fait, même sur une planète aux conditions de vie incroyables, réunissant tout ce qui était primordial (et plus ? Trop peut-être ?) pour la vie, l’Homme semblait exceller à entraîner cette immense sphère dans sa chute. Parce que l’être humain a un ego. S’il échoue, tout le monde doit échouer, c’est comme ça. La loi du plus fort. Ou du plus idiot, du plus égocentrique, voir tout ça à la fois.

Le train de Thomas arrivait en gare. L’ingénieur prenait souvent son temps avant d’entrer dans le train, pendant que des passagers descendaient que d’autres montaient, il attendait presque le moment du départ pour admirer la machine qui allait le transporter à une vitesse impressionnante. Le génie humain, quand il est dirigé pour le bien de tous, est une bonne chose. Enfin, tout est relatif…

« – Tout n’est pas à jeter chez l’être humain, il faut chercher, mais on trouve parfois les bons côtés de notre espèce, les bonnes personnes. »

Thomas pensait tout haut, il avait cette habitude depuis tout gamin de laisser s’exprimer sa pensée à haute voix. C’était pour cela que les passagers le regardaient curieusement, le temps d’un instant. Certains s’arrêtaient parfois parce qu’ils pensaient qu’il leur parlait directement. Mais souvent, ils accéléraient le pas quand ils sentaient l’alcool émanent des pores de la peau de l’ingénieur, quand ils voyaient sa démarche titubante. Comme si être saoul était contagieux, comme si, jamais de leur vie ils n’avaient vu quelqu’un alcoolisé. Certains semblaient presque outrés, mais l’ingénieur se fichait du regard des autres depuis longtemps.

Il monta dans le train.

Sabine vit arriver le sien, et elle se demandait si elle devait annoncer la grande nouvelle à son mari.

Non, pas tout de suite. Ce n’est pas le genre d’annonce que l’on fait à la veille d’un enterrement. Quoique…

Benjamin ne desserrait pas la mâchoire, elle était crispée. Son mari était tendu. Quel serait sa réaction ? Quand serait le bon moment pour l’annoncer ?

Jaskiers

Une opportunité rêvée – Chapitre 4

Nous sortîmes du cabinet pour déambuler, nous enfoncer encore plus dans le couloir. J’avais l’impression d’être dans l’organisme d’une créature extraterrestre tant l’endroit, sa couleur, son odeur de javel, et surtout son immensité me rendait mal à l’aise.

Le docteur ouvrit une porte, à gauche du couloir cette fois. C’était, là aussi, un cabinet, sauf qu’il y avait tout le matériel nécessaire, me semblait-il, pour une opération chirurgicale.

Il me fit entrer et m’assoir, encore, sur une table d’auscultation. Le médecin ouvrit une armoire fermée par un lecteur de carte. Il y prit rapidement une petite fiole mais j’eus le temps de voir que l’armoire était rempli de fioles, de tubes, seringues et tutti quanti.

« – Allongé vous sur votre flanc gauche, je vais vous faire une légère piqure entre les omoplates. Je ne vais pas vous mentir, vous sentirez une légère pression suivie d’un liquide chaud. Prêt ?

  • Ouai… enfin… »

Je n’eus pas le temps de finir ma phrase qu’il enfonça l’aiguille. En effet, je sentis la pression et le liquide chaud, disons même brûlant rentrer dans mon corps. Mais ce n’était rien, absolument rien comparée à la douleur qui envahissait mes poumons.

Je m’étais brûlé la main quand j’étais petit en la posant sur une plaque de cuissons. Je me rappelle la terrible douleur, ma mère avait appliqué immédiatement un gant d’eau froide dessus, ce qui atténua légèrement la douleur avant d’aller à l’hôpital.

Je ressentais ce même genre de brûlure mais à l’intérieur de mes poumons, et là, impossible de faire quoi que ce soit pour réduire la douleur. Je pouvais respirer, là n’était pas le problème, j’avais juste la sensation d’avoir un incendie dans chaque bronche, chaque alvéole de mes poumons.

Je me tournais pour demander des explications au docteur mais je vis un deuxième homme qui m’attrapa assez brutalement pour m’attacher sur une planche.

Une planche ; un morceau de bois épais et rectangulaire plus grand et large que mon corps.

J’essayais de parler mais c’était comme si je ne pouvais plus contrôler mes cordes vocales. Tout ce que je pouvais sortir d’eux était des sons rauques et plaintifs.

« – Bien John attachez le bien. Ça commence déjà voyez-vous, la science, la médecine elle commence sa magie sans nous prévenir ! Elle ne perds pas de temps ! »

John était un sacré colosse mais je ne suis pas un petit gabarit non plus, j’essayais de me défendre mais chacun de mes membres semblaient être de plombs, impossible de les mouvoir ou presque. Je criais, de colère mais surtout de terreur !

John ne peina pas à m’harnacher avec des sangles en cuirs enroulées autour de mes poignets, de mes chevilles, de mes bras et une énorme ceinture autour de mon bassin ; j’étais attaché à la planche. Après avoir été sanglé, des crampes se déclarèrent dans chacun de mes muscles. La douleur était terrible, j’avais l’impression que mes membres allaient se désarticuler. Je ne pouvais que gémir, en espérant attirer l’attention du docteur, c’était peine perdue.

« – John, amenons notre ami pour un peu d’exercice ! Direction la piscine ! Allez, on n’a pas de temps à perdre ! »

Jaskiers

California Rocket Fuel – Chapitre 4

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Rappel : California Rocket Fuel est une FICTION

Me revoilà chers lecteurs et lectrices.

Là, on est en voiture, sur le chemin du retour. Déjà j’anticipe la petite engueulade pour savoir qui de nous deux va monter les courses. Ces petites choses de merde de la vie quotidienne m’énervent. Ma grand mère avait coutume de dire que la vie était comme une tartine de merde, on en mange un peu tous les jours. Joël Robuchon (qu’il repose en paix) l’a bien garnis ma tartine, parfois je pense que s’est plutôt Maïté qui me l’a tartiné. Avec autant de classe et de délicatesse que quand elle assommait des anguilles…

Mon traitement, le California Rocket Fuel, l’essence de fusée californienne, est une foutue blague de merde. Censé être un remède contre les insomnies sévères et tenaces ainsi que la dépression aiguë et ses névroses, n’est en faite en rien un truc qui vous fait décollez votre gros cul du canapé. C’est tous l’contraire en faite. Vous dormez d’un sommeil chimique, vous vous réveillez la nuit, le matin, c’est comme une petite gueule de bois. En faite toute la journée est une sorte de gueule de bois où vous avez faim, tout le temps, vous avez la bouche sèche, tout le temps, vous avez la tête lourde, tout le temps, vous êtes fatigué, tous le temps. Les psychiatres sont de sacrés comiques parfois. « Il faut que vous sortiez monsieur Telemaque ». Mais quand t’as l’impression que tu vas tourner de l’œil n’importe quand, t’as pas envie non. T’as pas envie de tomber dans la rue, de rameuter des gens, de finir dans l’ambulance du SAMU ou des pompiers et devoir tout leur expliquer. Non, j’suis mieux chez moi.

Un jour j’ai entendu dire, et là honnêtement je ne me rappel plus où et par qui j’avais entendu ça, que les psychiatres étaient aussi fous que leurs patients. Enfin y’a un truc bizarre avec les psy. D’entre nous tous, ce sont ceux qui devraient être les plus heureux car ils savent quoi faire quand il ne vont pas bien psychologiquement et s’autosoignent ou un truc dans le genre mais je suis sûr que ce n’est pas le cas. On fonctionne bizarrement nous les humains. J’pense que c’est le libre arbitre le problème. On réfléchit beaucoup trop. En faite on réfléchit plus que nécessaire et on se fout un bordel monstre dans le cerveau. Comment dit l’adage déjà, « les cordonniers sont les plus mal chaussés » ?

Toujours est-il que le trajet se fait sans parole. Musique en sourdine. On ne se parle pas, on anticipe l’engueulade. Moi j’ai pas envie de me défoncer le dos à monter les courses mais en même temps je ne veux pas tout laisser à la demoiselle. Mais j’ai payé moi. Ouai c’est ça que j’lui dirais. C’est batard mais je ne sais plus communiquer comme il faut. Ou c’est dans ma nature et on peux rien y changer. Et en ce moment, j’aime blesser verbalement.

Comment elle peut rester avec moi, ça s’est un mystère. Je pense qu’elle doit avoir un autre gentlemen et je ne serai même pas en colère de l’apprendre. J’aurai sûrement fais la même chose. Elle ne reste pas avec moi pour l’argent, ça s’est sur, pour ma beauté, encore moins car je grossis à vu d’œil, pour ma personnalité ? Ah la bonne blague ! Si je pouvais me dédoubler je me mettrai une raclée à moi-même ! Et pour ce qui est du sexe, z’avez sûrement pas couché avec un type sous traitement anti dépressif, parce que c’est une tragi-comédie qui fini souvent par une gêne, tellement gênante que dormir est la seule activité au lit. Sa craint n’est-ce pas ? Enfin je vous en avez déjà parlé au premier chapitre. Je me répète, le traitement donne des trous de mémoires. 30 piges et déjà des symptômes de vieux.

Elle mérite une médaille ma copine comme on dit par ici.

Et nous prenons le dernier virage pour arriver à l’appartement. Des regards de biais. Qui va dire quoi ?

Je me dévoue, je lui propose de partager.
Elle répond oui sans sourciller. Et une fois dans l’appart’, il va falloir tout déballer et ranger. Et j’ai pas envie. Je poserai les sacs et j’irai me vautrer sur le canapé, fidèle ami du dépressif. Et je foutrai ma tronche dans les coussins. Et si je me fais engueuler, et bien j’ai l’habitude. Je le mériterai dans un sens. Je me morfondrai mais ne m’excuserai pas. Jusqu’aux soir, l’heure de bouffer où une autre engueulade risque de s’imposer pour savoir qui fait à bouffer et quoi. Le mieux en début de mois et qu’on a de la thune, c’est qu’on se commande un uber-eat, on se fait livrer par des jeunes gens exploités et on graille comme des morfales.

La race humaine est une sale race. On bouffe pendant que les autres triment et meurent de faim pour nous amener notre manger.

On descend de la voiture. Ça caille. Je jette un œil sur le voisin voyeur mais il est pas là, peut-être a-t-il découvert le porno gratuit sur internet. Et les autres mégères derrières leurs rideaux, on ne peut que supposer qu’elles sont là. Mais je sens des yeux qui me m’observent de partout.

Je demande à la dame de se dépêcher, elle fait se qu’elle peut. Je le sais mais c’est plus fort que moi. Vite, mon petit confort d’occidental privilégié !

J’ouvre l’énorme porte de notre immeuble.

Je vais regarder le courrier, je dis. Comme si c’était un incroyable acte de bravoure. C’en est un pour moi. Limite une preuve d’amour. On donne à l’être aimé ce que l’on peut. C’est-à-dire par grand chose personnellement.

Bien sûr, un tas de pubs que je ne regarderai pas, mademoiselle non plus. Je lui dis qu’il faut vraiment qu’on pense à mettre un stop pub ou un truc comme ça. Ça nous donnera un air « écolo » respectable devant les voisins.

Elle acquiesce et on grimpe l’étage. Devant la porte j’ai un sentiment, pas de sécurité, mais que je retourne où je suis censé être. A l’intérieur chez moi à ne rien foutre, à me morfondre et à comater. C’est ma vie, c’est comme ça. Une fatalité ? À vous de voir, mais honnêtement, votre opinion je m’en fous. Enfin peut-être que non. Je m’en fous un peu. Mais j’vous aime bien quand même hein ?

On se retrouve au prochain chapitre, le dernier, vous avez lu jusqu’ici, vous n’allez pas rater la fin quand même si ? Finissez ce que vous avez commencé ! Et faites ce que je dis, pas ce que je fais !

Jaskiers