Un coma et puis…

Fiction

Je suis réveillé depuis plus de 24 heures, d’un coma, apparemment.

Personne, seulement le personnel de l’hôpital était à mon chevet à mon réveil.

Le médecin m’a demandé si je me souvenais de ce qu’il s’était passé. Je n’ai aucune idée de comment je suis arrivé ici, pourquoi je suis sortie d’un coma et surtout comment j’y suis entré.

Quand j’ai demandé pourquoi, comment je m’étais retrouvé ici, ils me répondaient qu’ils ne pouvaient rien me dire. La police devait venir me poser des questions.

Un accident de voiture ? Une agression ? Un accident quelconque ? Personne ne voulait me dire les raisons de mon putain de coma !

La police arriva quelques heures après mon réveil, j’étais fatigué, encore alité, je le suis encore d’ailleurs.

Les policiers sont arrivés, un, grand et gros, et une jeune femme, le gros était l’archétype du flic bourru. La jeune était très fluette, maigre comme un clou.

Même pas un bonjour, directement aux questions :

« – Bon, on va faire vite, vous rappelez vous de quelque chose ?

  • Avant le coma ?
  • Évidemment ! » Répondit le gros flic en roulant des yeux.

Il ouvrit promptement son carnet, appuya sur son stylo et le donna à la jeune femme flic.

« – Reb’, tu notes d’accord ?

  • Oui chef.
  • Oui, donc avant le coma, vous rappelez vous de ce qui s’est passé ? Ce qui vous a amené dans ce lit.
  • Je ne sais même pas combien de temps j’ai passé dans le coma ! Les médecins n’ont pas voulu trop m’en dire.
  • 2 mois, répondit la flic.
  • Reb’ ! Fermes-la ! C’est moi qui parle avec le suspect !
  • Suspect ? De quoi ?
  • Justement, vous rappelez-vous de quelque chose, un détail ?
  • Je ne sais rien… je sais même pas ce que je… écoutez, je me suis réveillé, je ne me souvenais que de mon nom et prénom, mon adresse et l’année. Le reste je ne me rappelle plus de rien monsieur l’agent…
  • Tu notes Reb’ tu notes.
  • Oui oui.
  • Ecoute-moi bien le comédien, dis-moi maintenant ce qui s’est passé, et tu auras beaucoup moins de problèmes.
  • Mais je vous dis que je ne me rappelle de rien !
  • Ça t’arrangerait !
  • Mais qu’est-ce qu’il s’est passé !
  • Dite-le-nous !
  • Mais puisque je vous dis que je n’ai aucune putain d’idée…
  • Restez poli !
  • Bien dis Reb’ mais occupes toi de noter.
  • Je me réveille d’un coma de 2 mois, aucun souvenir de ma vie d’avant à part le plus important. Mon adresse, prénom et nom. Le reste je ne me souviens de rien. Vous n’avez qu’à parler au médecin.
  • Justement, il nous a dit que les souvenirs allaient sûrement revenir, tout doucement. Mais je t’ai connu moi, enfin le toi d’avant. Tu étais un sacré connard !
  • Dite m’en plus…
  • Ce serait te faire un trop beau cadeau salopard !
  • Partez, je ne suis pas en état d’arrestation n’est-ce pas ?
  • Oh non, ce serait trop beau !
  • Laissez-moi, je n’ai rien à vous dire car je ne me rappelle de rien. Notez ça agent Reb’, suspect ne se souvient de rien.
  • Je n’ai pas d’ordre à recevoir de vous !
  • Exactement ! Petit salopard, tu sais quoi, c’est Dieu, dans sa miséricorde, qui t’a enlevé tout souvenir de ta vie d’avant.
  • J’ai… putain mais vous allez me dire ce qui s’est passé pour que je finisse ici.
  • Disons… certaines personnes parleraient de Karma.
  • Oui d’accord, j’ai bien compris mais qu’est-ce que j’ai fait ?
  • Je vais respecter mon Seigneur qui, par la perte de mémoire, vous préserve d’être tourmenté par… votre ancien vous.
  • S’il vous plaît !
  • Ok Reb’, on y va !
  • Mais attendez… »

Les deux policiers partirent et je restais seul. Je m’endormis, aucun rêve.

Après des examens, IRM, scanner, les médecins confirmèrent que ma perte de mémoire pouvait se soigner facilement avec une thérapie et un traitement, et surtout beaucoup de repos.

Je ne veux plus me souvenir de ma vie d’avant.

Le gros flic a sûrement raison, si le destin a décidé cela, peut-être mieux vaut-il que je vive sans souvenirs.

Je me suis réveillé avec le journal sur la table de chevet ce matin. Je l’ai pris. Un encart était entouré au crayon fluo :

« Le principal témoin dans l’affaire des policiers « ripoux », Joseph A., victime d’un grave accident de voiture quelques jours avant sa déposition au tribunal, se serait réveillé hier, deux mois après son accident.
Des sources nous apprennent qu’il souffre d’amnésie temporaire.
Un sursis pour les « ripoux » ? Rien de plus sûr, car à en croire nos sources, la mémoire de Joseph A. pourrait revenir. Mais est-ce que sa déposition sera crédible aux yeux du jury ? Là encore, rien n’est sûr. »

Cette nuit j’ai entendu du bruit, comme quelqu’un faisant des allers-retours dans le couloir, devant ma porte. Je pensais que c’était un infirmier, quelqu’un de garde. Je pense maintenant que ce n’était pas un infirmier. « Ils » ne prendront pas le risque de laisser ce témoin gênant recouvrir la mémoire.

Et je ne peux pas m’enfuir et encore moins me défendre.

Jaskiers

Publicité

24/02/2022 | The Man Who Sold The World…

https://youtube.com/watch?v=fregObNcHC8

We passed upon the stair
We spoke of was and when
Although I wasn’t there
He said I was his friend
Which came as a surprise
I spoke into his eyes
I thought you died alone
A long long time ago

Oh no, not me
We never lost control
You’re face to face
With the man who sold the world

I laughed and shook hand
And made my way back home
I searched for form and land
For years and years I roamed
I gazed a gazeless stare
We walked a million hills
I must have died alone
A long, long time ago

Who knows?
Not me
I never lost control
You’re face to face
With the man who sold the world

Who knows?
Not me
We never lost control
You’re face to face
With the man who sold the world

24/02/2022

Jaskiers

D’une femme sur la route

-Ce récit est inspirée de l’histoire vraie de Mary Defour.

Steven Owscard connaissait Marina Delord depuis qu’il travaillait comme infirmier assistant pour l’hôpital pour criminels fous de l’état dans le Nord de l’Illinois.

Comment et surtout pourquoi avait-elle atterri ici, dans cet enfer, il se le demandait, sans toutefois partager ses interrogations à haute-voix.

Médicalement parlant, rien ne montrait qu’elle était folle, ni dangereuse. Elle avait, disait-on, était retrouvé sur le bord de la route, seule, perdue, ne connaissant ni son nom, ni où elle habitait, ni où elle allait.

Et juste pour une amnésie sévère, on l’avait enfermé ici, avec des fous, des vrais, des tueurs, des violeurs, des hommes, pour la plupart. Cette jeune femme d’environ 25 ans, avec des yeux bleus très clair, des pommettes hautes, des cheveux châtain clairs bouclés, et son visage rond faisait tache, une tache élégante, dans cette antichambre de l’enfer.

Quand Steven apportait le dîner à Marina, il essayait de poser des questions, variées mais ayant toujours attrait à son passé pour voir, si par une curieuse gymnastique du cerveau, elle pouvait recouvrer cette mémoire, mémoire défaillante qui l’a retenez ici, ou elle n’avait pas sa place.

Madame Delord, pourquoi l’avait-on appelée ainsi ? Personne ne le sais vraiment. Comme si on devenait amnésique juste à la côtoyer. Il ne travaillait pas encore dans cet hôpital quand elle y fut amenée. Selon ses collègues, elle était catatonique, ne parlait pas, ne manger presque pas, comme une créature venue du ciel échouée sur la planète Terre et se demandant où elle avait atterrie.

Maintenant, elle semblait calme, sortie de sa carapace et communiquait normalement avec le personnel de santé, elle avait un vocabulaire, une capacité d’éloquence qui faisait penser à ceux d’un professeur. Le seul problème c’était cette mémoire défaillante.

Aux questions que Oswcard avait posé à ses collègues qui était là le jour de son arrivée, on lui avait répondu qu’elle avait souffert d’une agression à caractère sexuelle violente. Quand Steven fit remarquer que ça placé était dans un hôpital civil et que la place de son agresseur était ici, avec les criminels fous, on lui répondit que c’était comme ça. À ses pourquoi, on lui répondit qu’ici, il ne fallait pas trop poser de question. Non seulement, on risquait de devenir fou comme ces patients criminels, mais aussi parce que cela pouvait affecter les soins prodigués aux malades, qui étaient aussi des prisonniers.

Madame Delord, bien qu’amnésique, avait un traitement de cheval, extrêmement lourd, doublé par des séances d’électrochocs régulières. Bien qu’étant la plus saine des patients ici, et n’étant pas une criminelle, son traitement semblait avoir comme but premier de l’assommer et si possible, de dégrader sa santé mentale.

L‘assistant-infirmier Steven avait assisté au lent et terrible déclin de la psyché de cette jeune femme. Sortie de sa catatonie, elle était lucide, intelligente, éloquente et charmante, elle était passée dans un état d’hébétude, d’avilissement et bien sûr, de folie dû à ce lourd traitement.

Des questions, Oswcard en avait beaucoup, et plus le temps passait, plus il y en avait. Comme pourquoi une femme victime était enfermée avec des criminels ? Pourquoi le traitement que l’on lui donnait n’avait pas pour but de la soigner mais plutôt d’empirer son état ?

En plus de ce traitement injuste, l’assistant infirmier apprit qu’elle avait accouchée d’un enfant tout de suite après son arrivée ici. L’enfant avait été placé directement en orphelinat. Bien qu’elle réclamait sa fille, il lui fut interdit de la voir. Ni même de la nommer. Là encore, pensait-on vraiment qu’arracher une tout jeune et nouvelle mère à son enfant allait l’aider à recouvrir la mémoire ?

Son traitement était indigne d’être appelé ainsi. Steven n’avait jamais signé pour abrutir une jeune femme innocente.

Au début, Marina avait tenté de se rebeller contre son sort injuste. Steven était arrivé en plein milieu et il avait assisté et aidait à lui faire prendre de force des concoctions de médicaments destinées à annihilé son esprit, mais les médecins disaient, eux, que c’était pour la calmer. Protester une injustice, il n’y a rien de plus normal et de plus sain, mais selon ces tous puissants docteurs, c’était une névrose, une maladie psychique à annihiler. Qu’elle guérisse non, mais l’annihiler oui. Tel semblait être le mot d’ordre sans jamais le mentionner.

L’ingestion forcée de médicaments n’était pas assez, parfois, tant sa détresse justifiée l’a menée à la révolte.

Dans ces moments-là, il fallait la déshabiller entièrement, l’attacher sur une chaise roulante, l’amener pour des séances d’électrochocs : de puissantes et très douloureuses décharges électriques administrées au cerveau, sans anesthésies.

Les traitements aux électrochocs étaient choses courantes, mais le traitement réservé à Marina était d’une brutalité sans pareille. Les décharges étaient tellement fortes qu’elle finissait par s’évanouir de douleur. Quand elle finissait par tourner de l’œil, son corps, nues, était plongé dans une baignoire remplie d’eau froide et de glaçon.

Pour Steven, ces moments où il était appelé pour assister à la torture, car c’est comme cela qu’il considérait ce traitement, était une épreuve. Un traitement si violent que même les criminels les plus dangereux internés ici n’avait pas à subir.

L’injustice, Oswcard l’a ressentez aussi. Cette femme avait été probablement violée et molestée, avec une telle violence que son cerveau décida de lui ôter la mémoire dans un soucis de conservation. Elle ne devait pas être déshabillée de force par des hommes pour se voir coller des électrodes sur le crâne afin de lui griller l’esprit et finir balancée dans une baignoire glacée. C’était un traitement pour un criminel fou à lier, et non pour une victime. Victime qui réclamait son nouveau-né, le seul élément positif de sa vie, capable de la guérir, de la faire avancer.

Steven ne pouvait plus supporter d’être complice d’une telle horreur. Il était un allié de Marina, essayant de placer des mots d’encouragements, de réconfort, de soutiens, quand il était appelé à son chevet. Mais des alliés, Delord n’en voyait pas, ou plus. Elle était devenue une morte-vivante, son esprit cédait, le peu de résistance dont elle pouvait faire preuve était supprimé par la torture. Elle ne luttait plus ou peu. Et Oswcard sentait qu’il était de son devoir, devoir professionnel mais surtout d’être humain, de l’aider à sortir de cet enfer et de retrouver sa famille, essayer de reconstituer son passée, de trouver des personnes qui l’avaient connue et même aimée. Quitte à donner des informations confidentielles aux médias, enfreindre les règles de déontologies pour une cause juste.

On l’appelait à l’instant dans la chambre de Marina qui se débattait, du peu de force qui lui restait, pour ne pas prendre ses médicaments.

Steven s’offusquât de la manière brutale dont ses collègues l’avait plaqué contre le lit. Hubert, l’infirmier en chef lui rétorqua qu’il n’avait pas son mot à dire, qu’il n’était même pas infirmier à proprement parler mais un sous-fifre forcé d’obéir. Il n’avait qu’a démissionner si ces méthodes n’étaient pas à son goût.

Mais Hubert oubliait comment Steven avait eu cette place, par le père de sa fiancé. Gouverneur dans l’Illinois. Bien que ses relations avec lui étaient tendues, il savait que son beau-père le soutiendrait car ce travail rapportait de l’argent au ménage de sa fille.

Steven éructa d’une colère terrible, hurlant l’injustice dont Marina était la victime. Il se précipita sur Hubert, le prenant par le col de sa blouse, il voulait le tuer, le faire passer par la fenêtre grillagée de la chambre de Delord, lui faire comprendre que lui n’était qu’un infirmier, pas un médecin. Il en avait sa claque de ces infirmiers qui pensaient être aussi compétent qu’un docteur. Il cracha son venin sur l’infirmier en chef, l’accusant de prendre son pied à dévêtir une jeune femme pour la maltraiter. Qu’il semblait presque qu’Hubert avait quelque chose à gagner dans tout ça, qu’il ne serait même pas surpris qu’il l’ai violé pendant ses pertes de connaissances.

Entravé maintenant par ses collègues qui l’empêchaient de fracasser Hubert, il vit sur ce dernier un sourire narquois. Et une réflexion lui vint à l’esprit. Et si le traitement de Marina avait pour but de couvrir quelqu’un ? Quelqu’un de haut placé ou un groupe de personne ? Et si, ici, elle était à la merci de son agresseur ?

Il sentit une piqûre sur son épaule gauche, les ténèbres l’envahirent. La dernier chose qu’il vit était le regard inquiet et le sourire niais de Hubert.

Jaskiers

Mauvaise réputation, La véritable histoire d’Emmet Dalton Tome 1 par Ozanam & Bazin

Quatrième de couverture :

– Pourquoi raconter la vie des Dalton ? Vous devriez prendre des héros.

– Oui, mais le public préféra voir un film de bandits dont ils ont entendu le nom.

– Putain de célébrité.

Tagada tagada voilà les Daltons !

Oui j’ai osé la chanson de Joe Dassin !

Allons, nous avons tous dans notre inconscient collectif, en France du moins, les personnages de bandits que sont les Daltons dans la célèbre BD Lucky Luck. Mais saviez-vous qu’ils avaient vraiment existé ?! Moi non.

Hey bien, cette BD est surprenante. J’ai appris, selon le point de vue d’Emmet Dalton, l’histoire du gang des frères Dalton. Rien à voir évidement avec ceux du Lonesome Cowboy Lucky Luck… Quoique…

Je ne saurais dire si cette version est vraie ou non, il serait intéressant de voir quel documents et sources ont été utilisé pour écrire cet ouvrage. Je sais qu’Emmet Dalton a écris un livre sur la vraie histoire des frères hors-la-loi, je me le suis d’ailleurs procuré, mais je ne l’ai pas encore lu.

En tous cas, les bandits et justiciers du Farwest nous fascinent n’est-ce pas ? Si oui, vous serez servis avec cet album.

Les dessins sont épurés, simples mais efficaces. Les décors sont parfois laissés un peu de côté au profit des personnages et de l’action mais ce n’est point dérangeant.

L’utilisation de la couleur est plutôt atypique, de mon point de vue, car les planches ont l’air d’avoir été recouverts d’un filtre vert. Pourquoi ? Aucune idée pour ma part. C’est curieux, original, atypique et mystérieux.

Peut-être aurais-je des réponses dans le tome 2, car cette histoire est en deux tomes. Comme souvent, je trouve les BD trop courtes mais c’est un art… et un business.

Je conseil cet ouvrage si vous aimez les westerns et les légendes du far west et si vous aussi, vous avez envie de connaître la vraie histoire derrières la légende des Daltons. Par contre, pas de Lucky Luck dans les parages ! Même pas son ombre !

Les Dalton et leurs crimes semblent refléter l’époque difficile qu’était l’Ouest Américain à cette période. Par eux, les artistes de cet album nous donnent la possibilité de voir ce qu’était l’Amérique à l’époque où la modernité s’imposait dans une partie du pays encore sauvage et parfois inexploré, ne se laissant pas facilement amadouer par le « progrès ».

Jaskiers

Pulp par Ed Brubaker & Sean Phillips

Quatrième de couverture :

Que decide-tu de faire de ta vie quand tu t’attends à mourrir jeune, mais que cela n’arrive pas ?…

Auparavant, Max Winter portait un autre nom. Mais c’était dans une autre vie, il y a longtemps.

Maintenant, ce sont les années 1930 à New-York, et Max survit en écrivant des histoires romancées de l’homme qu’il était pour les pulps ; des récits qui parlent d’une frontière oubliée et de hors-la-loi du Far West qui faisaient régner la justice des revolvers à la main.

Mais alors que sa vie s’effiloche, et qu’il voit le monde s’engouffrer lentement vers la guerre face aux nazis en Europe aussi bien que dans les rues de New-York, Max se remet à penser comme un hors-la-loi…

Et une fois engagé sur cette voie, il n’y a pas de retour en arrière possible.

La Dream Team composée de Ed Brubaker & Sean Phillips fait à nouveau mouche, en proposant un récit complet plein de fureur et de sang, situé dans un New York des années 1930, gangrené par les guerres des gangs et la présence rampante des nazis.

Le titre Pulp m’a directement attiré. Les pulps dans les années 1930 à 1960 étaient, aux États-Unis, de courtes histoires souvent violentes, gores, stéréotypées, hyper sexuées (limite sexistes disons-le) et très populaires dû au fait qu’ils étaient à bas prix, imprimés sur du papier de très mauvaise qualité. D’ailleurs, un certain Stephen King a grandi avec ces pulps et ont été et son encore une de ses inspirations.

Bon le titre est une chose, mais la couverture. Ça sentait un peu le western, et un sacré coup de crayon !

Et puis, j’avais entendu parler de Ed Brubaker. Scénaristes de BD à succès, écrivant pour un public adulte (attention, quand je dis public adulte, je ne parle pas de BD holé holé on se comprend !) et dont le nom apparaît sur plusieurs ouvrages qui semblent vraiment intéressant.

Donc, j’ai pris cette bande-dessinée et voici ce que j’en pense.

Une claque magistrale ! Le genre de bande dessinée que vous pouvez donner à un snob des BD et qui peut lui faire oublier ses aprioris sur cet art.

Un scénario brutale, pourtant tellement humain, des dialogues qui tiennent la route. Pas de pathos. Le rythme est parfais. Les dessins sont impressionnants. J’ai adoré les gros-plans sur les personnages comme dans les vieux westerns spaghettis, tellement de talent, tellement réel !

L’encrage est excellent, atypique mais pas dérangeant pour autant. C’est beau. Le jeu sur les ombres est magnifique. Maitrise parfaite du sujet.

C’est violent et émouvant. On sent la colère du personnage principal, on comprend ses motifs, on frissonne. Ça bastonne, ça tire mais c’est aussi psychologique, tendu, plein de suspens. Je l’ai déjà dis, le rythme est excellent. Je n’en dirai pas plus, je vous réserve la surprise de l’histoire, surprenante mais qui tient la route.

On le lit d’une traite. Malheureusement, comme la plupart des BD, je l’ai trouvé trop court, mais j’ai adoré et j’ai encore beaucoup à découvrir du duo Brubaker et Phillips. Ces deux là semblent maîtriser leur sujet à la perfection.

Laissez une chance à cette BD et je doute que vous le regrettiez !

Jaskiers

Les fous du Président par Carl Bernstein & Bob Woodward (prix Pulitzer 1973)

Le seul livre de première main sur l’Affaire par ceux qui l’ont révélée : les deux journalistes du Washington Post

Quatrième de couverture :

Carl Bernstein et Bob Woodward (photo Ken Feil – The Washington Post)

L’enquête politico-policière la plus dévastatrice du siècle, voilà ce que fut la révélation progressive du scandale de Watergate à l’opinion américaine et mondiale. Deux jeunes journalistes, chargés des affaires locales et des faits divers, se trouvent de permanence à la rédaction du Washington Post la nuit où se produit le coup de main d’inconnus sur le QG du Parti démocrate. Ils collectent aussitôt quelques renseignements, pensant qu’il s’agit d’un cambriolage un peu spectaculaire. Et de fil en aiguille, Rouletabille et flanqué de Sherlock Holmes détruisent la première puissance politique au monde.

Voici leur stupéfiante histoire, racontée par eux-mêmes. Voici l’un des exploits les plus admirables du journalismes de tous les temps. À partir des premiers soupçons, Woodward et Bernstein ont creusé peu à peu les galeries souterraines qui les conduisirent à la vérité, malgré les pièges, les mensonges, les fausses pistes, les pressions politiques. Ils nous font vivre avec eux, minute par minute, cette aventure angoissante et excitante et ils nous amènent jusqu’à l’instant où, grâce à leur courage et à leur rigueur intellectuelle, ils furent en mesure de réunir toutes les pièces du gigantesque puzzle que la Maison Blanche avait voulu enterrer.

Carl Bernstein est né à Washing. Études inachevées en l’Université de Maryland. Comme sa carrière de journaliste à 16 ans au Washington Star, comme copy boy (porteur des dépêches aux divers collaborateurs concernés). Devient reporter à plein temps à 19 ans. Entre au Washington Post en 1996, dans le service des affaires locales de la ville de Washington.

Bob Woodward travaillait au service des Informations générales et faits divers du District de Columbia (zone et faubourgs de la capitale) du Washington Post lorsque eut lieu l’effraction des bureaux du Parti démocrate dans l’immeuble dit Watergate, le 17 juin 1972. Né à Chicago, il obtient ses diplômes universitaires à Yale en 1965. Passé cinq ans ensuite dans la marine, au service des transmissions. Fait ses débuts dans un petit journal local : La sentinelle du Comté de Montgomery, puis entre au Post en 1971.

Carl Bernstein et Bob Woodward (« Woodstein » comme on les appelle souvent aux États-Unis depuis qu’ils signent toujours leurs articles ensemble) ont obtenu en 1973 le Prix Pulitzer (catégorie du « reportage investigatif ») pour la série d’enquêtes qu’ils ont publiées dans le Washington Post en juin 1972 et juin 1973 sur l’affaire Watergate et ses ramifications.

Le titre du livre « Les fous du président » fait allusion à une comptine anglophone, « All the King’s men ». Les fous du roi est traditionnellement la traduction du titre de cette comptine. Des fous ? En tous cas, le scandale du Watergate et ce qui s’en ai suivi en est une, histoire de fou.

Bernstein et Woodward, aux parcours complètement différents s’allient pour enquêter sur ce qui deviendra le scandal qui mènera le tout puissant président Nixon a démissionner.

Mais imaginez vous l’époque, l’ambiance, l’esthétique. Car oui, ce livre n’est pas un roman, mais comme souvent, la réalité dépasse la fiction !

Vous êtes un ou une jeune reporter. Cigarette au bec, chemise, cravate, pantalon trop large, chaussure bateau (ou robe et talons pour les femmes si elles le veulent). Vous rentrez dans l’open space d’un grand journal. Vous êtes jeune et avez secrètement de l’ambition. La fumée de votre cigarette se mêle à celle de vos collègues. Les machines à écrire crépitent sans arrêt, les téléphones sonnent toutes les cinq minutes, ont crie, la deadline approche, ça débat dans des meetings improvisés autour des bureaux des collègues. Des bureaux avec des piles de dossier telles que l’on ne voit plus la personne derrière. Vous vous asseyez. Écrasez votre clope. Buvez un café et BOUM, l’histoire, l’événement, le fait que vous attendez, que vous rêviez s’amène à vous, il se présente. Il est dur à attraper, encore plus à le comprendre mais c’est votre boulot, informer et expliquer. Vos compétences, votre instinct, votre flair vous le dit. Cette affaire est plus importante qu’elle n’y parait et vous devez partir en chasse !

Bref, désolé, je suis parti dans mon délire. Passons au livre voulez-vous ?

J’ai trouvé le livre passionnant. Je ne pourrai pas vous raconter en détail le Watergate tellement l’affaire est compliquée et contient de ramifications et de protagonistes. Mais j’ai été plongé dans l’ambiance des reporters des années 70.

L’enquête menée par Woodstein les emmènent dans un dédale de mensonges, de manipulations, de secrets, de violences, d’injustices à travers les deux cotes Est-Ouest des États-Unis avec comme Minotaure le Président des États-Unis. Est-il possible qu’il ai espionné et essayé de saboter l’autre camp, les Démocrates, pour sa réélection en utilisant des méthodes dignes de la mafia ?

Comment vont-ils démêler cette affaire quand le FBI couvre le Président ?

Qui va vouloir (pouvoir?) parler à découvert ?

Comment éviter les pièges tendus par les hommes du Président ?

Comment se protéger contre d’éventuelles représailles ?

L’histoire est folle. Compliquée mais tellement incroyable que l’on reste scotché au livre.

Suivre ces deux jeunes gens qui n’ont presque pas 30 ans dans cette enquête rocambolesque, à portée mondiale, est une expérience peu commune. Avec des « personnages » mystérieux tel que deep throat, l’informateur qui en sait tellement mais qui impose un anonymat total à Woodward. Ils se rencontrent dans des parkings sombres, la nuit pour parler et essayer de tirer au clair l’affaire qui fera tomber le président.

Nous savons maintenant qui était deep throat mais je vous laisse faire vos recherche sur cette personne vous même, un peu de mystère, faite votre petite enquête vous même (attention à ne pas tomber sur des choses un peu tendancieux si vous voyez ce que je veux dire…).

Le livre n’est pas dénué d’humour. Certaines scènes sont cocasses, il faut parfois lire un peu entre les lignes pour comprendre que ces jeunes gens ont découvert une histoire plus grande qu’ils ne pensaient et qu’avant tout ils restent humains. Il font des erreurs. Ils ont une vie. Ils sont jeunes, l’expérience leur manque mais ils ont le soutient indéfectible de leur patron.

Je sais qu’un film avec Robert Redford et Dustin Hoffman existe, appelé Les hommes du Président, mais je ne l’ai pas vu. Si vous l’avez vu, pourquoi ne pas partager votre avis sur ce film ?

En tous cas, c’est une lecture que je conseil. La narration est intéressante, presque atypique sachant que le livre a été écrit par deux personnes. C’est un page-turner ! Et tout est vrai !

Le livre reste aussi une leçon, un avertissement, de ce que les puissants de notre monde peuvent faire dans notre dos. Il est aussi un totem pour la liberté de la presse et la défense des journalistes, d’investigations en tous cas. Sans une presse libre, pas de démocratie. Sans une presse libre, les puissants de ce monde se joueraient de nous encore plus qu’ils ne le font actuellement.

Un livre percutant, passionnant et parfois effrayant ! N’hésitez pas à le lire si l’envie vous en prend !

Voici une compilation d’extraits montrant à quel point l’enquête était difficile et dangereuse :

[…] le 22 juin, au cours d’une conférence de presse, le président Nixon fait son premier commentaire officiel sur l’effraction du Watergate : « La Maison-Blanch, dit-il, n’est pas impliquée en aucune manière dans cet incident-là. »

Bernstein et Woodward m’éditent sur l’expression « cet incident-là ». Il y a déjà trop de coïncidence dans cette affaire que la définition ne saurait englober.

Les gens de la Maison-Blanche et du C.R.P. [Comité de Réélection du Président Nixon] emploient toute leur énergie à lancer les journalistes sur de fausses pistes. Une fuite indique que l’effraction du Watergate est le fait de Cubains anticastristes qui voulaient faire croire que les Démocrates recevaient des fonds de Cuba.

L’affaire Watergate piétine, elle a peut-être fait long feu. Les deux journalistes n’y comprennent rien.

[…] les relations de travail entre Bernstein et Woodward reposent essentiellement sur l’émulation. […] Depuis, tous les articles sur Watergate portent la double signature. Leurs collègues les confondent d’en un seul personnage qu’ils appellent en riant Woodstein.

Ceux qui voisine avec lui dans la salle de rédaction sont bien forcés de constater que Woodstein ne donne pas toujours l’image d’un rouage parfaitement huilé de la machine journalistique. Les deux moitiés se querellent, souvent ouvertement. Il leur arrive de peine un quart d’heure sur une seule phrase. […] il n’est pas rare de voir l’un quitter majestueusement le bureau de l’autre.

[…] Woodward, qui écrit plus vite, se charge du brouillon que Bernstein récrit ensuite. Bernstein n’a souvent que le temps de récrire la première partie, et la suite, dans le style de Woodward […]

Ils finissent par essayer de se lier d’amitié. […] Ils restent souvent dans la salle de rédaction fort avant dans la nuit, faisant des vérifications, compulsant des coupures, discutant du prochain pas à faire, échangeant leurs hypothèses.

Dean : « Je peux vous dire catégoriquement [qu’] il n’y a personne à la Maison-Blanche, pas un seul membre de cette administration, actuellement en place, qui ait été impliqué dans cet incident [Watergate] vraiment bizarre. »

Une source : « Ça ne sortira jamais, toute la vérité. Vous ne saurez jamais la vérité. Ça n’est pas les reporters qui la découvriront, ils faudraient qu’ils s’adressent seulement aux gens honnêtes. Ils savent que vous sortez le soir parler aux gens. Quelqu’un du service de presse [de la Maison-Blanche] est venu dans mon bureau aujourd’hui et a dit : « J’aimerais drôlement savoir qui, au comité [C.R.P.], est en cheville avec Carl Bernstein et Bob Woodward. »

Woodward à un contact, au gouvernement, qui a accès à des informations en provenance aussi bien du C.R.P. que de la Maison-Blanche. Woodward est le seul à connaître son identité. Il ne peut le joindre qu’en cas grave. […] surnommé en plaisantant « Deep Throat » — Gorge Profonde, titre d’un film pornographique qui fait alors fureur. Le sobriquet lui est resté.

Mitchell : Vous les gars, vous ne savez pas ce qui vous attend. Dès que vous aurez fini de payer Ed Williams [avocat du Washington Post] et consorts, c’est nous qui allons monter une histoire du vous tous.

On a dit à Bernstein qu’un ancien agent du FBI avait participé à l’opération Watergate et qu’il avait prévenu les enquêteurs que la quartier général démocrate était sous surveillance électronique depuis déjà trois semaines lorsque les cambrioleurs ont été arrêtés.

Après avoir travaillé quatre mois ensemble, Woodward et Bernstein ont développé une sorte d’affinité intellectuelle.

Leurs collègues au journal les taquinent parfois, prétendent qu’ils veulent la peau du Président. Et que se passerait-il s’ils se trouvaient soudain dans cette situation : non pas en position d’avoir la peau du Président, mais d’obtenir la preuve flagrante qu’il est impliqué dans cette affaire ?

Au cours de ces conversations, Deep Throat lui a raconté que la politique s’est infiltré dans les moindres recoins de l’appareil gouvernemental, que la Maison-Blanche de Nixon a pris la haute main, et une main de fer, sur tous les services.

« Vérifiez chaque indice, conseil Deep Throat. Cela recouvre tout le pays, ce qui est important. Vous pourriez écrire des articles jusqu’à Noël et même au-delà… Il n’y a pas un seul de ces jeux (son terme pour opération secrète) qui ait été lancé sur une initiative personnelle. C’est important. Ils sont tous liés. »

Deep Throat lui lance alors un avertissement : « Ils veulent se débarrasser du Post. Ils veulent aller en justice pour découvrir vos sources. »

Pose de micros, filatures, faux tuyaux à la presse, fausses lettres, meetings politiques décommandés, enquêtes sur la vie privée des candidats adversaires, mise en place d’espions, vol de documents, provocateurs dans les manifestations politiques.

Jusqu’où seraient-ils allés si les cambrioleurs de Watergate n’avaient pas eu l’incroyable bêtise de bloquer de pêne des portes, donnant sur la cage d’escalier avec les bandes adhésives, ce qui avait incité le gardien à appeler la police ?

Un juriste : « Le FBI se comporte de façon étrange… quelqu’un, au sommet, s’intéresse à tout ceci » Mais il ne veut pas dire à quelle altitude se situe ce sommet.

Le ministère de la Justice s’est gardée d’enquêter sur le véritable complot qui a produit Watergate ; à concentrer ses efforts sur l’incident limité de l’effraction commise au quartier général démocrate — sur l’I.O.C. (Interception de Communications Orales), comme l’appellent les Fédés — et a ignoré la vaste conspiration ourdie par les hommes du Président pour saboter le processus électoral.

Bradlee : « J’ai parlé jusqu’ici à mots couverts, leur dit-il. Cette affaire, c’est un jeu serré, le plus serré qu’on ait jamais vu dans cette capitale. Il va falloir que nous fassions très attention, tous, au bureau et à l’extérieur. Je ne veux rien savoir de votre vie privée […] Faites attention à qui vous parler, et qui vous voyez; soyez prudents au téléphone; commencez à mettre de côté tous vos reçus en vue de vos déclarations d’impôts, et prenez un avoué pour s’occuper de tout ce qui touche à vos futurs impôts; faites attention à ce que personne n’apporte de la drogue chez vous; soyez mesuré dans tout ce que vous dites sur le Président et l’administration. »

[…] les téléphones de plusieurs reporters et directeurs du Post sont sur table d’écoute.

Le procès dure encore deux semaines. Woodward et Bernstein continuent d’y assister, à trier les preuves matérielles et documents présentés à la Cour. Woodward copie les numéros de téléphone inscrits dans les carnets d’adresses des prévenus, qui font partie des pièces à conviction, et se met un soir à appeler quelques numéros. « Le FBI ? » lui demande un de ses interlocuteurs. « Ils ne sont jamais, jamais entres en contact avec moi. Je ne leur ai jamais parlé. »

Woodward raccroche brutalement le téléphone. C’est ça, l’enquête la plus importante, la plus vaste menée en Amérique depuis l’assassinat du président Kennedy : le FBI n’a même pas appelé les numéros inscrits dans les carnets d’adresse des prévenus ?

Bernstein et Woodward font une longue analyse de l’ensemble du procès sous le titre : « Qui a engagé les Espions, Pourquoi : Toujours un Secret. » Ils soulignent que ce qui a marqué ce procès de seize jours ce sont les questions qui n’ont pas été données, les témoins qui ont pas été cités et les trous de mémoire de ceux qui étaient présents.

[Edward] Kennedy lui-même a confié à Bernstein, au cours d’une interview […] qu’à moins qu’une commission parlementaire exerce rapidement son droit de réquisition pour obtenir les dossiers et documents que les enquêteurs fédéraux semblent négliger, sa chance de mener une bien une enquête approfondie risque de disparaître des incinérateurs et machines à l fêter les dossiers. […] « je connais l’entourage de Nixon, a-t-il ajouté, et c’est assez. Ce sont des crapules. »

[…] le vaisseau Kennedy est étanche et ne fuit pas.

Jusqu’à ce que la cour suprême déclare la chose illégale, le 19 juin 1972 — deux jours après l’effraction de Watergate — le ministère de la Justice a utilisé des systèmes d’écoute téléphoniques pour contrôler les faits et gestes de tous ceux qui étaient soupçonnés d’activités « subversives » contre les institutions et cela sans l’autorisation des tribunaux. Les « radicaux [la Gauche/Démocrate] » et les défenseurs des libertés civiles proclament depuis longtemps que les autorités brandissent de mot de « subversion » pour s’attaquer en fait à ceux qui manifestent trop ouvertement leur hostilité à la politique du gouvernement Nixon. Les deux garçons décident d’essayer de découvrir si certains de leurs collègues font partie de ces « éléments subversifs » que le ministère s’est arrogé le droit d’écouter.

[…] Woodward rend visite à un fonctionnaire bien placé du C.R.P. L’homme semble désenchanté, dégoûté de la Maison-Blanche et des tactiques qui ont été utilisées pour aider à la réélection du Président. « S’il y a une manière honnête de faire les choses et une manière malhonnête, tout cela pour arriver au même résultat. Nous avons sûrement choisi la seconde, confie-t-il. »

Deep Throat : « Notre Président est parti en campagne contre les fuites qui concernent Watergate. Il a dit aux gens compétents : « Faites tout ce qui est en votre pouvoir » pour mettre fin à la chose. Quand il dit cela, il veut du sérieux. Des enquêtes intérieures, et il veut aussi utiliser les tribunaux. Ils ont discuté pour savoir s’il valait mieux d’abord attaquer en droit commun ou en droit civil. Nixon a déclaré dans une réunion qu’ils géraient aussi bien d’utiliser l’argent qui leur reste de la campagne, 5 millions de dollars à peu près, pour rabattre un œuf le caquet du Post. D’où vos citations à comparaître et les autres.

« En 1969, le premiers à faire l’objet de ces écoutes agressives ont été les reporters et les membres de l’administration suspects de déloyauté, explique Deep Throat; puis, à l’époque des manifestations pacifistes, ils ont porté leur effort sur l’opposition radicale. A l’approche des élections, il était tout naturel qu’ils s’attaquent aux Démocrates. Les arrestations de Watergate les ont pris au dépourvu, parce que l’effraction risquait de mettre toute l’opération à nu. »

Mais le message, haut et clair, confirme que ceux qui ont dans le passé servi Richard Nixon comme un seul homme, et érigé, à la Maison-Blanche, cette muraille rigide de discipline et de contrôle de soi, sont aujourd’hui ouvertement à couteaux tirés.

Deep Throat : « Voilà la situation, dit-il enfin. Il faut que je vous quitte à la seconde. Vous me comprenez. Soyez, eh bien, je dirai, soyez très prudent. »

Que se passe-t-il demande Bernstein. À la porte d’entrée de l’immeuble de Woodward. D’un doigt sur les lèvres, il lui fait signe de se taire.

Bernstein se demande si Woodward a perdu la tête, ou s’il le fait marcher. Ils longent le corridor jusqu’à l’appartement de Woodward. Une fois à l’intérieur, Woodward met un disque en marche. Un concerto pour piano de Rachmaninov. Bernstein se dit que Woodward a un goût épouvantable, en musique classique. Woodward tire ensuite les rideaux devant les grandes fenêtres qui donnent sur les quarters est de la ville. Puis, assis devant la table de la salle à manger, il tape une note à la machine et la passe à Bernstein.

La vie de tout le monde est menacée.

« Tout l’appareil de renseignements des U.S.A. a collaboré aux activités secrètes qui sont incroyables. Deep Throat à refuser d’en donner les détails parce que c’est contre la loi

S’ils ont étouffé l’affaire ce n’est pas vraiment à cause de Watergate mais surtout pour protéger leurs activités secrètes. »

C’est l’indication la plus clair qu’ils aient jamais recueillie que le Président savait que l’on étouffait l’affaire, et y participait lui-même de son plein gré.

« C’était le Washington Post, je vous dis. Je lui ai formellement ordonné de détruire le Washington Post, réplique Corson [homme du Président] sur un ton parfaitement uni. Je voulais détruire le Washington Post. »

[…] le Président s’est incliné devant l’opinion publique et devant l’ordre lancé par un tribunal, et a remis sept des bandes [audios] incriminées aux enquêteurs. Les deux autres n’ont jamais existé, disent les avocats.

Le message de Deep Throat est simple est bref : une ou deux des bandes magnétiques ont été partiellement et volontairement gommées.

Bernstein commence à appeler ses contacts à la Maison-Blanche. Quatre d’entre eux lui disent avoir appris que les bandes étaient de qualité médiocre, qu’il y a des « trous » dans certaines conversations, mais qu’ils ne savent pas si ces accidents ont été délibérément provoqués.

Bernstein et Woodward regardant le président Nixon annonçant sa démission
Le complexe hôtelier du Watergate où s’est déroulé le cambriolage

Il est terrifiant de voir le pouvoir de l’argent, en politique et partout en faite. Tous ce qu’ont fais Woodward et Bernstein était « simple », suivre la piste de l’argent. Simple ne serait pas le mot approprié, plutôt, je dirais que le début de leur enquête a été facilité par la trace qu’a laissé l’argent, les échanges, les pots-de-vin et autres méthodes consistant à payer gracieusement des personnes pour faire le « sale » boulot.

Malheureusement pour ces personnes, ‘Woodstein’ veillait au grain et n’a pas abandonné. Il faut avoir un certain courage pour oser accuser l’homme le plus puissant du monde de crime.

Le journalisme d’investigations est passionnant, autant que dangereux. Avoir une presse libre est une chose rare.

Je dédie cet article à tous les journalistes risquants leurs vies pour informer, et à ceux qui l’ont perdu.

Jaskiers

Le serment de Kolvillàg par Elie Wiesel

Quatrième de couverture :

Un jeune homme veut se tuer ; il a vingt ans ; il est Juif. Le vieillard qu’il rencontre l’après-midi de ce qu’il croit devoir être son dernier jour, est juif ; il a quatre fois vingt ans ; il est le seul survivant de Kolvillàg.

Cette petite ville d’Europe centrale ne figure sur aucune carte, dans aucun manuel d’histoire. Elle n’existe plus que dans la mémoire du vieillard ; et dans un livre dont il est dépositaire. Lié par un serment, il assure ne pouvoir en parler. Pourtant il en parlera : « Si je te racontais Kolvillàg ?… Il y a là une leçon dont tu pourrais tirer profit. Kolvillàg : la haine contagieuse, le mal libéré. Les conséquences graves d’un épisode banal et insensé… Brisant les chaînes, l’Ange exterminateur a fait de tout les hommes ses victimes… »

C’est l’histoire d’un pogrom. Histoire absurde à l’origine ; angoissante dans la progression de l’inévitable ; hallucinante par l’Apocalypse finale qui n’épargne pas plus les massacreurs que les massacrés. C’est aussi la peinture d’une communauté juive, avec ses figures pittoresques ou émouvante dominées par celle du hassid Moshe, « le fou ».

C’est enfin l’illustration entre toutes pathétique d’un thème obsédant Elie Wiesel : la fidélité aux morts devenant raison de vivre : « Ayant reçu cette histoire, tu n’as plus le droit de mourrir », dit le vieillard au jeune homme.

C’est impossible, ou presque, de mettre des mots sur ce roman. J’essaye de tourner cette expérience de lecture en article mais je doute que cela soit possible tellement l’expérience était puissante.

Nous connaissons, sûrement, tous le livre La Nuit d’Elie Wiesel. Ouvrage qui avec celui de Primo Levi, Si c’est un homme, ont marqués la littérature concentrationnaire de manière indélébile.

Bien que Le serment de Kolvillàg ne soit pas sur l’univers concentrationnaire, du moins pas entièrement, il traite avec une force, une plume et une philosophie incroyable l’antisémitisme. Le martyre du peuple Juif, spécialement durant le XXe siècle. Il est, de mon point de vue, aussi important que les deux premier ouvrages cités dans ce paragraphe. Une plongée dans l’épouvante d’un pogrom dans un petit village de l’Est européen.

Le livre m’a touché, directement. Parlant de suicide dès la première page (Wiesel voulait-il exorciser le suicide de son ami Primo Levi avec se livre ?), avec une rencontre entre un jeune homme suicidaire et un vieillard, près à lui dévoiler son plus grand secret pour lui sauver la vie.

Le récit est rempli de passage sur la culture Juive, sur les traditions, la vie, des hommes et des femmes qui ont tous une personnalités marquantes et une histoire personnelle. On plonge dans le doute, l’enfer que vie cette communauté innocente tout en étant plongé dans l’immensité et la magnifique culture juive. L’horreur inconsciente opposée à l’immense histoire du peuple Juif.

Ce pogrome se déroule avant la Seconde Guerre Mondiale, avant la Shoah. Un terrifiant rappel du martyr que vivait le peuple Juif avant l’Holocauste.

Bien sur, j’avais sélectionné des passages à partager avec vous. Mais je ne pourrai pas faire justice au livre avec juste des passages. Il faut le lire en entier pour le comprendre. Un extrait ne serait pas assez.

Un livre qui étonnamment ne semble pas avoir marqué beaucoup d’esprits, dans le monde littéraire du moins. Pourtant je pense que sa lecture est importante, aussi importante que la lecture de La Nuit. Pour quelle raison ce livre est-il passé inaperçu ? Pourquoi personne n’en a parlé ? Ou bien est-ce moi qui manque de culture ce qui n’est pas impossible, loin de là.

Dans ces temps difficiles ou l’antisémitismes revient au premier plan, une œuvre comme celle-ci serait la bienvenue. La remettre sur les étagères des librairies et bibliothèques. Une force en émane. Celle de l’horreur, de l’horrible stupidité que l’être humain est capable de commettre et mettre en œuvre sans pitié aucune. Mais aussi de l’espoir, de la jeunesse, du combat contre l’oublie et pour la vie et pour la conservation d’une culture juive martyrisée mais millénaire. Ce livre est une preuve et une épreuve. Avec comme point d’orgue : témoigner peut sauver.

Lisez le et parlez en à votre entourage. Car cet ouvrage est important, beau, triste, même poétique, en lisant entre les lignes, pleins d’espoirs et de leçons pour les générations futurs.

Jaskiers

Japan’s Infamous Unit 731 par Hal Gold

Firsthand Accounts of Japan’s Wartime Human Experimentation Program

Quatrième de couverture :

Some of the cruelest deeds of Japan’s war in Asia did not occurs on the battlefield, but in quiet antiseptic medical ward in obscure parts of China. Far from the front lines and prying eyes, Japanese doctors and their assistants subjected human guinea pigs to gruesome medical experiments in the name of science.

Author Hal Gold draws upon a wealth of sources to construct a portrait of the Imperial Japanese Army’s most notorious medical unit, giving an overview of its history and detailing its most shocking activities. The book presents the words of former unit members themselves, taken from remarks they made at a traveling Unit 731 exhibition held in Japan in 1994-95. They recount vivid firsthand memories of what it was like to take part in horrific experiments on men, women and children, their motivations and reasons why they chose to speak about their actions all these years later.

A new foreword by historian Yuma Totani examines the actions of Unit 731, the post war response by the Allies an the lasting importance of this book. Japan Infamous Unit 731 represent an essential addition to the growing body of literature on the still unfolding story of some of the most infamous war crimes in military history. By showing how the ethics of normal men and women can be warped in the fire of war, this important book offers a window on a time of human madness and the hope that history will not be repeated.

HAL GOLD was a writer, journalist and historian who was a resident of Kyoto for over 30 years. He authored many books, essays and articles on Japanese history and culture including Japan in a Sake Cup, Neutral War, Japanese army medical officer and several articles on turn-of-the-century Kyoto development.

YUMA TOTANI is professor of modern Japanese history at the University of Hawaii at Manoa. She authored The Tokyo War Crimes Trial : The Pursuit of Justice in the Wake of World War II, co-authored, Justice in Asia and the Pacific, 19451952 : Allied War Crimes Prosecutions and has written numerous articles.

Comment écrire sur ces horreurs et surtout, quoi partager avec vous, ceci est le dilemme (encore) pour cet article.

L’unité 371 a été créée par le jeune et ambitieux Ishii avec l’aval de l’empereur Hirohito. Le but étant de préparer, de créer et d’améliorer des armes offensives et défensives chimiques en les testants sur des êtres humains vivants.

L’unité était installée dans l’état fantoche de Mandchourie, créée par les japonais lors de la guerre sino-japonaise, à l’est de la Chine. À Pingfang plus exactement. L’endroit était tenu secret défense. Construit comme un château, avec deux cheminées pour incinérer les corps.

Médecins, infirmiers, étudiants et jeune soldats y ont « exercés ».

Vivisections avec et/ou sans anesthésies, expériences sur le froid, sur les maladies vénériennes, le typhus, le choléra, la peste ect…

Les victimes étaient appelé des maruta, des « planches ». Elles étaient chinoises, coréennes, russe, anglaises, françaises et américaines. Les victimes occidentales restaient rares. Des femmes, des hommes et des enfants (incluant les nourrissons) en étaient les victimes et cobayes.

Le livre est partagé en deux, une section historique, une section témoignages d’anciens soldats (car les médecins, infirmiers ect… étaient soldats). Les deux sections étant séparées par une toute petite partie photos, contenant juste les photographies des ruines de l’établissement et des reconstitutions des expérimentations. Cette section est plus anecdotique qu’autre chose, vous pouvez trouver sur internet plus de photographies.

Les témoignages des bourreaux sont important, car à la fin de la guerre, les soldats étaient priés de se taire. Et nous connaissons l’obéissance et la discipline des soldats japonais envers leur empereur. Surtout que beaucoup recevaient de l’argent pour leur silence. Heureusement, une poignée a décidé de témoigner pour ne pas oublier. Aucune victime n’a survécu, nous n’avons que les aveux des bourreaux pour savoir ce qu’il se passait dans cette unité. Les anciens bourreaux témoignent, expriment leurs regrets et demandent pardon.

Aucuns des ces criminels n’a été jugés, les japonais ayant utilisés judicieusement la guerre froide pour se couvrir. En échangeant des informations avec les américains, en les menaçants de révéler les résultats des expériences à l’URSS. La plupart de ces « expériences » n’ont pas apportées de découverte majeure, loin de là. Les japonais ont bluffés leurs juges.

Femmes enceintes éventrées, femmes de conforts, victimes gazées, forcées a des relations sexuelles pour étudier la propagation des maladies vénériennes.

Congeler des membres du corps pour tester la résistance des os avec un marteau, victimes vidées de leurs sangs, attachées à des planches pour observer l’efficacité des obus contenant des agents pathogènes, élevages de rats et de puces pour étudier et propager des virus. Ces expériences servaient à créer des armes bactériologiques, par bombe, ou par empoisonnement des rivières, principalement.

Aucuns « tests » sur d’innocents villages civiles chinois n’ont donnés de résultats concrets. Un témoin/bourreau raconte en fin d’ouvrage que la plupart des professionnels y travaillant le faisaient pour s’amuser.

Le sujet des « femmes de conforts », autrement dit des femmes forcées à la prostitution, est légèrement traité dans le livre. Leurs sort étaient évidemment terribles. Ce sujet aurait mérité d’être plus développé tant le sort de ces femmes durant la Seconde Guerre Mondiale est encore peu connut.

Est mentionné aussi l’entraînement de jeunes soldats japonais, apprenant le maniement de la baïonnette sur des civils vivants.

Est-ce que je conseil se livre ? Il n’est pas mal écrit, ce n’est pas la question, le sujet est difficile. Si vous voulez en apprendre plus sur ce crime de guerre japonais, oui, mais les informations que vous pouvez trouver sur internet sont amplement suffisantes. Je pense à la lecture du Wikipedia de l’Unité 731 notamment.

Je n’ai pas jugé important de partager des extraits de ces horreurs. Je ne me sens pas la force de les écrire ni de les relire.

Voici quelques photographies glanées sur internet pour compenser le manque d’extrait.

L’énorme complexe de l’unité 731.
Général Ishii, responsable et créateur de l’unité 731.
Une victime, appelée maruta (planche), emportée par des soldats japonais en combinaison.
Reconstitution d’une des nombreuses expériences commises dans l’Unité 731. Celle-ci consistait à enfermer un(e) prisonnier(e) dans une sale réfrigérée et de lui verser de l’eau sur les membres jusqu’à ce qu’ils gèlent, puis des les frapper jusqu’à ce que le membre se cassent. Expérience censée étudier l’effet des gelures et du froid extrême sur le corps humain.

Je regrette de ne pas avoir eu la force de partager avec vous les extraits du livre mais relire l’horreur et l’inhumanité de ces expériences m’est difficile. Comme noté plus haut, vous trouverez assez d’informations sur ce crime de guerre sur internet. Le plus important, je pense, est de ne pas oublier ce crime de guerre peu connu et, surtout, ses victimes oubliées.

Jaskier

Terres de sang – L’Europe entre Hitler et Staline – par Timothy Snyder

Quatrième de couverture :

« Voici l’histoire d’un meurtre politique de masse. » C’est par ces mots que Timothy Snyder entame le récit de la catastrophe au cours de laquelle, entre 1933 et 1945, 14 millions de civils, principalement des femmes, des enfants et des vieillards, ont été tués par l’Allemagne nazie et l’Union soviétique stalinienne. Tous l’ont été dans un même territoire, que l’auteur appelle les « terres de sang » et qui s’étend de la Pologne centrale à la Russie occidentale en passant par l’Ukraine, la Biélorussie et les pays Baltes.

Plus de la moitié d’entre eux sont morts de faim, du fait de deux des plus grands massacres de l’histoire : les famines préméditées par Staline, principalement en Ukraine, au début des années 1930, qui ont fait plus de 4 millions de morts, et l’affamement par Hitler de quelque 3 millions et demi de prisonniers de guerres soviétiques, au début des années 1940. Ils ont précédé l’Holocauste et, selon Timothy Snyder, aident à le comprendre.

Timothy Snyder en offre pour la première fois une synthèse si puissante qu’un nouveau chapitre de l’histoire de l’Europe paraît s’ouvrir avec lui.

Avertissement : le contenu de cet article est choquant.

Le « pari » est osé. L’auteur pense que les crimes commis avant l’Holocauste peuvent nous aider à « comprendre » la Shoah. La quatrième de couverture nous annonce même un nouveau chapitre potentiel de l’Histoire européenne qui s’ouvrira avec se livre. Quant est-il ?

Les « terres de sang » selon l’auteur.

L’ouvrage commence logiquement sur l’accès au pouvoir des deux dictateurs Hitler et Staline. Si vous avez bien suivis vos cours d’histoires-géographies je n’ai pas grand chose à vous apprendre là dessus.

Suit bien sur la grande famine en Ukraine de 1933 provoquée par Staline. Et c’est là que le livre devient un vrai livre d’histoire. Et que l’horreur prends de la vitesse. Car en plus du récit historique, l’histoire agrémente son travail de plusieurs extraits de témoins. Écrivains, journalistes, artistes et mêmes civiles. Le lecteur est plongé encore plus dans le cauchemar.

Le livre a encore plus raffermi mon opinion, ni communisme, ni nazisme. Les deux régimes bien que différents aux premiers abords sont en faite les mêmes. Et heureusement qu’ils finissent tous, à la fin, par mordre leurs propres queues.

L’auteur commence donc son ouvrage sur la famine en Ukraine provoqué par Staline. Le récit est terrifiant. Rarement j’ai lu autant d’horreur. Voici un petit extrait, et encore, se passage n’est pas le plus glauque.

Extrait : attention passage choquant.

Face à la famine, certaines familles se déchiraient, des parents se retournaient contre leurs enfants, et les enfants les uns contre les autres. La police d’Etat, l’Oguépéou, fut bien obligé de le reconnaître : en Ukraine soviétique, « des familles tuent les plus faibles, habituellement les enfants, pour en manger la chair ». D’innombrables parents tuèrent et mangèrent leurs enfants, avant de finir par mourrir de faim quand même. Une mère fit cuire son fils pour nourrir sa fille et elle-même. Une fillette de six ans fut sauvée par des parents : la dernière fois qu’elle vit son père, il affûté un couteau pour la tuer. Toutes les combinaisons étaient bien entendu possibles. Dans une famille, on tua une belle-fille pour donner sa tête au cochon et faire rôtir le reste de son corps.

La paranoïa de Staline est inimaginable. Trouvant et manipulant le plus possible, il exécute par centaine de milliers d’innocents. L’excuse qu’il trouve pour convaincre son parti que les ukrainiens faméliques que les cadres du parti voient en Ukraine est… que les ukrainiens font exprès de mourrir de faim pour saboter le grand plan quinquennal du parti…

Paysans affamés à Kharkiv en 1933. Ukraine.

Vient aussi la comparaison avec Hitler. Le pacte de non-agression entre l’Allemagne et l’URSS, la Pologne divisée par les deux puissances. Les polonais subiront des exactions commises dans les deux camps.

Puis, le déclenchement de la guerre. Hitler et Staline, deux dictateurs sanguinaires, sans pitié aucune pour la vie humaine. L’irrespect des conventions de Genève, la mise à mort et le privation de nourriture pour des millions de personnes.

Voici un extrait du livre sur le siège de Lenindrad par les allemands :

-Le journal le plus marquant d’une petite leningradoise est celui de Tania Savitcheva, que je cite ici dans son intégralité :

Jenia est morte le 28 décembre 1941 à minuit trente.

Grand-mère est morte le 25 janvier 1942 à 15 heures.

Leska est morte le 5 mars 1942 à 5 heures du matin.

Oncle Vassia est mort le 13 avril 1942 à 2 heures du matin.

Oncle Lecha est mort le 10 mai 1942 à 16 heures.

Maman est morte le 13 mai 1942 à 7 h 30 du matin.

Les Savitchev sont mort.

Il ne reste que Tania.

Tania Savitcheva est morte en 1944.-

Trois hommes enterrant les victimes du sièges de Leningrad. 1 octobre 1942.

L’horreur ne fini jamais dans les pays coincés entre les deux belligérants. La Pologne, l’Ukraine, la Biélorussie sont mis à feu et à sang, par les deux camps. Les civiles sont assassinés, hommes, femmes et enfants sans aucune autre forme de procès. Les témoignages sont terribles, les survivants, très peu nombreux, ne parleront que des décennies plus tard, libérés du joug soviétique.

Officiers Nazis exécutant un civil russe.

La Biélorussie sera le pays le plus touché par les atrocités, autant nazis que soviétiques.

Extrait :

Autour de 2 millions de mort sur le territoire de l’actuelle Biélorussie au cours de la Seconde Guerre Mondiale est une estimation apparemment raisonnable et sans doute en deçà de la réalité. Plus d’un million d’habitants fuirent les Allemands, et deux autres furent déportés comme travailleurs forcés ou déplacés pour une autre raison. À partir de 1944, les Soviétiques déportérent 250 000 personnes vers la Pologne et des dizaines de milliers d’autres à destination du Goulag. À la fin de la guerre, la moitié de la population de la Biélorussie avait été tuée ou déplacée. On ne saurait en dire autant d’aucun autre pays européen.

Trois civile Biélorusse pendus par les SS. Sur le panneau est écrit : Nous sommes des partisans et avons tiré sur des soldats allemands. Écrit en Russe et en Allemand. 1942.

Le massacre commis par deux régimes anti-démocratique, mené par des hommes prêt à tout pour prouver qui est le meilleur. Quitte à massacrer, trouvant toujours quelqu’un pour mener ces massacres d’innocents. Et ces gens n’étaient pas des « monstres », ils étaient comme vous et moi.

L’auteur précise avec justesse et démonte la « pensée » que le plupart des Juifs étaient partis à la mort sans résister. Cela est faux. Les Juifs du ghetto de Varsovie ont tenus en respect des soldats SS très entraînés et armés jusqu’aux dents avec de simple pistolet et quelques grenades. Himmler en deviendra fou furieux, demanda à la Whermacht et à la SS de brûler et raser le ghetto. Contrairement à une idée « populaire » la Wehrmacht a bien commis des crimes de guerres et exécutés des Juifs.

Une fois rasé, le ghetto de Varsovie deviendra un camp de concentration. Chose que je ne savais pas.

Résistant juif arrêté par les nazis durant l’insurrection de Varsovie. Le soldat allemand à gauche tient un lance-flammes, qui selon l’auteur, aurait-été prêté par la Wehrmacht. Avril 1942. © BELGA/AFP

Les Alliés étaient au courant du génocide et du massacre des juifs mais n’en n’ont jamais fait part dans leurs communiqués. Je vous laisserai en découvrir les raisons dans l’ouvrage. L’enfer de la percussion des Juifs ne finira malheureusement pas avec la fin de la Seconde Guerre Mondiale, le Stalinisme usera d’antisémitisme jusqu’au bout. Les horreurs continueront. Et l’antisémitisme est toujours présent aujourd’hui.

La fin du livre permet à l’auteur de rassembler sa « théorie », d’affirmer et d’expliquer sa méthode de travail et de recherche. Il souligne avec raison que les nombres des massacres, 14 millions de morts, selon l’auteur, dans la zone des « terres de sang » n’est pas juste un nombre, 14 millions de personnes, d’être humains qui pensaient, aimaient comme nous, ont été assassinés sans pitié. Par d’autres êtres-humains.

Le pari de l’auteur as-t-il été tenu ? Je dirai oui, mais l’ouvrage tendrai plus à être lu par d’autres chercheurs, historiens et autres spécialistes pour confirmer ou infirmer.

Jaskiers

La guerre Iran-Irak 1980-1988 de Pierre Razoux

Quatrième de couverture :

On ne peut pas comprendre la situation qui prévaut aujourd’hui dans le Golfe sans saisir les frustrations et craintes persistantes qui découlent directement de la guerre entre l’Iran et l’Irak de 1980 à 1988. Terriblement meurtrière, celle-ci a marqué à jamais les esprits par les images dramatiques d’enfants envoyés au combat, les villageois gazés, les villes en ruines, les pétroliers en feu ou les tranchées ensanglantées.

Pour en retracer les événements, et grâce à des sources inédites de première main, Pierre Razoux explique les opérations militaires et détaille les nombreuses affaires – Irangate, attentats en France, enlèvements au Liban – étroitement liées à ce conflit. Une histoire faire de rebondissements permanents au grès de l’attitude des pétro-monarchies, de la Russie, de la Chine et des Etats-Unis, mais aussi caractérisée par la compromission de nombreuses nations, parmi lesquelles la France…

Pierre Razoux est directeur de recherche à l’Institut de recherche stratégique de l’Ecole militaire (IRSEM). Praticiens des relations internationales, spécialiste reconnu du Moyen-Orient, il est l’auteur de plusieurs ouvrages de référence portant sur les conflits contemporains et le conflit israélo-arabe, en particulier chez Perrin Tsahal. Nouvelle histoire de l’armée israélienne.

« Trente-sept ans après le début des hostilités, Pierre Razoux nous ouvre les portes de ce conflit si déterminant pour le Moyen-Orient, un tournant géopolitique dont les effets perdurent. »

Le Monde

Un soldat irakien observe l’incendie de la raffinerie iranienne d’Abadan. 1980.

Curieusement… en fait non, ce n’est pas surprenant, je ne connaissais rien de ce conflit, absolument rien. Jamais appris de ce conflit à l’école, et cette guerre semble être passée à la trappe de la mémoire collective, françaises du moins. Pourtant, comme souvent au Moyen-Orient, les puissances européennes ne sont jamais loin. Les puits de pétroles, l’or noir en étant la raison principale. Mélanger à cela la guerre froide, l’URSS et les U.S.A. cherchant la destruction de l’un et de l’autre tout en évitant le conflit directe, incorporant dans leur lutte des pays qui souffriront, et qui seront marquées et déstabilisées et dont les blessures et conséquences se voient encore aujourd’hui.

Voici un livre sur la plus longue guerre du XXeme siècle.

Le président (dictateur) irakien Saddam Hussein. Décrit par l’auteur comme un homme violent, attentif mais cruel. N’hésitant pas à exécuter des officiers et généraux à la moindre erreur. (Photo de propagande)
Ayatollah Khomeiny. Le leader spirituel de l’Iran, meneur de la révolution islamique. Le président iranien Abolhassan Bani Sadr n’as presque aucun pouvoir réel dans son pays, le puissant Ayatollah détenant plus d’influence et de popularité. Le conflit interne en Iran opposera le président représentant la laïcité et l’Ayatollah représentant une société islamique. Pendant la guerre, se conflit interne minera l’effort de guerre iranien.
Carte de l’Iran et de l’Irak avec leurs capitales respectives.

La première agression est irakienne. Saddam Hussein voyant l’Iran dans une position précaire suite à la révolution islamique de l’Ayatollah Khomeiny, le dictateur Irakien y voit là l’opportunité idéal d’attaquer son voisin, très rapidement, une attaque à l’allemande de 1939, rapide. Pourquoi cette attaque ? Pour un peu plus de territoire… et d’autre raisons que vous découvrirez par vous même en lisant l’ouvrage.

Il demande à son État-major de préparer une attaque en règle en 1 mois. Malgré l’infériorité numérique de l’Irak, autant humain que technologique, Saddam mise sur l’effet de surprise.

La première attaque irakienne sera aérienne et se soldera par un match nul. Aucun dégât sérieux des deux côté. La riposte de l’Iran aura les mêmes résultats.

Soldat irakien.

Suit l’assaut terrestre, fantassins et blindé irakiens fonce sur les frontières iraniennes. L’attaque se solde par un résultat mitigée, mais le dictateur Baas a gagné du terrain.

Vient ensuite dans le livre un chapitre expliquant la montée au pouvoir des deux protagonistes de cette guerre. Le leader (dictateur) Baas, Saddam Hussein pour l’Irak et l’Ayatollah Komeinyh pour l’Iran. Deux entités complètement différentes. Le premier est considéré comme un gangster, le deuxième comme un potentiel extrémiste islamique par la communauté internationale.

En Iran, l’Ayatollah est le leader religieux, plus important que le président. D’ailleurs, l’Ayatollah a amené au pouvoir le président Abolhassan Bani Sadr, grâce à son influence. L’Ayatollah pourra avoir une certaine emprise sur le président, espérant ainsi le pousser à la faute pour prendre tous les pouvoirs. Le président en Iran n’aura que peu ou pas d’influence sur le pays, il est contrôlé et entouré de proche de l’Ayatollah. L’Iran devient au yeux de la communauté internationale une potentielle enclave islamique extrémiste.

L’Amérique a t-elle influencé Saddam Hussein a attaqué l’Iran ? Cette théorie reste encore d’actualité aujourd’hui. Je vous laisse découvrir l’avis et l’étude de l’auteur pour vous faire votre propre opinion. Toujours est-il que des pays de l’Occident ont des intérêts et influencés la guerre par la vente d’arme. Notamment la France et l’ex-URSS. La Russie cherchant à s’imposer au Moyen-Orient, une Russie qui d’ailleurs partira en guerre contre l’Afghanistan. Avec des conséquences, encore une fois, qui se sont répercutées de manière brutale dans le futur, aujourd’hui encore.

Le conflit Irako-iranien a déstabilisé encore plus le Moyen-Orient. Et les guerres fratricides continues encore aujourd’hui à faire des victimes innocentes.

Plusieurs pays choisissent leurs camps, et en changent souvent, soutenant l’un ou l’autre suivant les intérêts économiques. Pétrole, vente d’armes, opportunité économique diverse. Le but de ses pays, se faire de l’argent. Et de protéger leurs intérêts, surtout pétroliers, que les belligérants n’hésitent pas à attaquer pour influencer l’économie de l’un ou de l’autre.

Les attaques de raffineries sont monnaies courantes et font parties de la stratégie des deux pays.

Les pays arabes ne sont pas en reste. Ils choisissent leurs camps suivant leurs géographies, la menace potentiel, l’argent et l’influence en vu d’une victoire de leur « protégé ».

Ainsi l’ont réalise que la vie humaine ne compte pas du tous dans l’état d’esprit des Etats. Qu’ils soient européens, arabes, américain, russe ou chinois. Même ceux qui se déclare «neutre » font leurs affaires sous-le-manteau, car les pétrodollars sont à la clé.

Ainsi, c’est un conflit où beaucoup de pays apporte leurs aide. Officiellement ou officieusement. Voir sous la contrainte. De nombreuses prises d’otages et attaques terroristes majoritairement commises par les iraniens, pousseront certain pays, notamment la France à collaborer d’une manière ou d’une autre à la guerre.

Extrait : Au total, une quarantaine d’Etats contribueront à l’effort de guerre de l’Irak ou l’Iran. La moitié d’entre eux apporteront un appui matériel à la fois à l’Irak et à l’Iran, à un moment donné ou un autre. Ce sera le cas des cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies. En Europe, seule l’Irlande pourra se targuer de ne pas s’être sali les mains. Tous les autres États seront impliqués, à des degrés divers, dans des ventes de matériel militaire à l’un ou l’autre des belligérants, bien souvent aux deux. Seul l’éclatement au grand jour de scandales politico-financiers contraindra certains États, dont la France, à mette un peu d’ordre dans leurs affaires.

Soldats iraniens durant la bataille de Khorramshahr.

Revenons au début du conflit.

Bien sur, l’Iran se défend, le conflit s’enlise.

Un nouveau président en Iran est élu en juillet 81, Ali Radjai. Les conflits internes en Iran mine le pays. Il est divisé entre le Président, représentant la laïcité et l’Ayatollah représentant lui d’une société islamique. Et ce dernier compte de plus en plus de partisan.

Ali Radjah décède dans un attentat un mois environ après son investiture. Le complot terroriste semble probable. L’Ayatollah raffermi son pouvoir, plaçant ses hommes de confiances et sous son contrôle aux postes clés.

L’ancien président iranien Abolhassan Bani Sadr s’enfuit en France. L’Iran cri au scandale. La France arme donc l’Irak.

L’Iran contre attaque sur le terrain et gagne rapidement le terrain perdu au début de la guerre.

Soldat iranien tenant sa transfusion.

Et c’est ainsi que continu cette guerre. Attaque de l’un, contre attaque de l’autre. Alliance diverse, vente d’armes contre pétrodollars avec l’Occident et l’Asie. Trahison, civiles bombardés, massacre pour des raisons ethniques. L’ONU appel à l’arrêt des bombardements aveugles sur les civiles et à l’ouverture de pourparlers entre les deux camps. Mais elle n’intervient pas. Le massacre continue.

Acculé dans le nord-est, Saddam Hussein décide d’utiliser le gaz moutarde utilisé pendant la première guerre mondiale. Autre élément qui rappel cette guerre, pendant l’hivers 82-83, les deux camps creusent des tranchées.

Soldat iranien portant un masque à gaz dans une tranchée.

Pour combler la perte énorme de soldat, les iraniens n’hésiteront pas à enrôler des enfants soldats. Ils vivront un calvaire. La plupart non armé, fanatisé et galvanisé, certains partiront sans armes sur le champ de bataille pour ouvrir la voie au soldat de l’armée. Certains jeune irakiens pleureront après avoir abattus des centaines d’enfants.

Enfant soldat iranien embourbé sur le front.

Extrait : Le régime irakien a […] enrôlé des adolescents de 16 ou de 17 ans pour combler les pertes de l’armée populaire, en particulier à la fin de la guerre, mais de manière non systématique. Ce qui s’est avéré choquant, dans le cas iranien, c’est son côté massif, allié au fait que les enfants ont été utilisés, dès l’âge de 12 ans et pendant plusieurs années, comme de la vulgaire chair à canon, dans des missions souvent suicides destinées à ouvrir la voie au reste de l’armée.

Enfant soldat iranien, ils étaient lancés sur les fortins irakien ou les champs de mines pour ouvrir la voie aux soldats réguliers. La plupart n’étaient pas armée.

Couplé l’utilisation d’enfants soldats fanatisés par l’Iran et l’usage d’arme chimique par les deux belligérants et vous avez le cocktail d’une guerre des plus terribles de l’Histoire.

Enfant soldat iranien fanatisé.

Et cette guerre reste toujours la même chose, attaque, contre attaque, alliance, trahison et toujours et encore des civiles utilisés comme monnaie d’échange (notamment les prises d’otages de l’Iran), des civiles innocents recevant des missiles, parfois victime de massacre en guise de représailles pour suspicion de collaboration avec l’ennemi.

Et toujours, et encore, l’Occident, l’Asie et même les Émirats Arabes Unis essayant d’avancer leurs propres agendas, pour de l’influence, de l’armement et surtout et toujours, le nerf de la guerre, la piste qu’il faut suivre durant chaque conflit, l’argent.

Pierre Razoux écrit extrêmement bien. Il est facile de comprendre de conflit grâce à son écriture simple, efficace, droit au but, précis et pédagogique. Les nombreuses cartes montrant les différentes attaques, contre attaques apportent énormément à la compréhension. La fin de l’ouvrage contient des graphiques, des chiffres permettant de réaliser avec encore plus de précision le déroulement de cette guerre.

Je regrette que le sort des civiles n’ait pas été plus détaillé. L’auteur a quand même fait un incroyable travail de recherche sur la guerre. Le livre parle du conflit armé, et non pas des civiles au milieux de celui-ci.

J’appréhendai la lecture de se livre mais je n’avais pas de soucis à me faire, Pierre Razoux a un talent immense, malgré les très nombreux tenants et aboutissants de cette guerre, j’ai compris grâce à son ouvrage l’influence et les retournements de situations du conflit.

Je ne connaissais absolument rien de cette guerre, ce livre est précieux si vous voulez comprendre le déroulement de la guerre Iran-Irak.

Le problème avec cet article, c’est que je ne sais pas vraiment quoi écrire. Je ne veux pas dévoiler l’excellent travail de l’auteur mais j’ai aussi envie de partager ce que j’ai appris durant la lecture avec vous. Mais ce n’est pas vraiment mon but, dans se genre d’article, de révéler tous ce que j’ai lu en espérant que vous lirez un jour un des ouvrages que je présente. J’ai décidé d’écrire sur le début de la guerre, son de déclenchement et les protagonistes. Puis d’écrire les grandes lignes en vous laissant l’opportunité de découvrir l’ouvrage par vous même.

Je pense pouvoir vous dire que se conflit n’as mené à rien du tous, pour les deux camps, à par la ruine financière et des morts.

Jaskiers