Tout perdre – Chapitre 1

J’ai tout perdu, tout, en quelques minutes, il y a de cela une dizaine de mois.

Mon travail, simple agent de liaison avec l’Appolo 100, travail sur lequel ma vie était basée, m’a été retiré.

Il n’a fallu que quelques secondes après l’annonce de mon licenciement pour que tout me lâche.

Ma banque, mon propriétaire, mes enfants, ma femme, ma famille… plus rien.

Évincé car mon rôle était devenu obsolète; selon mes supérieurs, un agent de liaison humain n’était plus utile. Une Intelligence Artificiel, sortie de je ne sais où, a simplement prit ma place. Pas besoin de bureau, d’espace, ni de salaire pour cette intelligence immatériel.

L’Appolo 100 est la la nouvelle structure de l’ISS, l’Internal Space Station, ou Station Spacial International. Le 100, comme on le surnomme, est une extension très importante de l’ISS, de par sa dimension, plus de 2 km de long et 1,5 de large, de sa technologie de pointe. Imaginer une sonde Hubble pouvant être propulsée à des milliers d’années-lumières, construite directement et manipulé à distance par les plus de 100 astronautes vivants sur l’ISS. Voici l’importance de l’Appolo 100 en quelques exemples. Il y a beaucoup plus que cela, mais c’était pour donner un ordre d’idée à qui lira ceci.

Les communications avec le 100, d’ici, la Terre, jusqu’à la station Appolo s’est avéré un aspect encore plus important qu’à l’époque du petit ISS.

Plus que communiquer, il fallait aider, conseiller, planifier et organiser le travail de ces 100 hommes et femmes en orbite autour de notre planète.

Le Conseil Spatial International, une fusion de la NASA, du CERN, de Space X (même si cette dernière société restait privée, bien qu’ayant des astronautes et du matériel sur l’Appolo) et d’autre organisation spatiale de tout pays (Tous pays, Russie, Chine, Corée Unifié, État Arabes Unies ect…) ce sont entendues pour donner un but à l’espèce humaine. C’était une époque, et ça le reste toujours, heureusement, où l’humanité, confronté à de graves problèmes environnementaux irréversibles, tremblement de terre multiplié par deux dans certains secteurs, notamment l’Ouest de l’Amérique, chaleur extrême dans toute l’Europe entraînant des sécheresses terribles provoquant des pénuries importantes d’eau potable, ruinant les récoltes, des feux de forêts devenues incontrôlable, l’Amazonie étant détruite à 80 %, les inondations devenues incontrôlables, la Nouvelle-Orleans, Cuba et la Floride ont été balayée par des tempêtes intempestives et violentes, la fonte des des grands glaciers et des Pôles a entraînée une montée des hauts spectaculaires, engloutissant avec une rapidité terrifiante des kilomètres entiers de pays, comme la Bretagne, dans l’Ouest de la France, l’Island, et la cote Est américaine faisant face à des catastrophes qui ont provoqué des dégâts irréversibles, tous ces événements ont mis le monde au bord de l’implosion.

Des émeutes ont éclaté partout. Le manque d’eau, l’insalubrité, maladies, virus, la famine ont poussé des peuples à l’anarchie la plus totale. Des scènes de guérilla urbaine ont éclaté entre civils et militaire, dans le sud-est de l’Amérique, par exemple, et tout ce que l’humanité peut faire de pire quand elle a un pied dans le vide s’est produit. Ou presque.

Jaskiers

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La loterie nucléaire – chapitre 6

Sabine s’approchait de son mari et le tirait par la chemise.

« – Benjamin, calme toi merde ! On as pas besoin de ça, arrête ça tout de suite !

  • Laisse-moi ! J’aime pas qu’on parle dans mon dos, et j’aime encore moins que ceux qui le font n’aient pas le courage d’assumer ! Venez !
  • Arrête, tu vas attirer la sécurité avec tes conneries !
  • Sécurité ? Sécurité de quoi ? Rien que des planqués ! Qu’ils viennent et je leur dirai leurs quatre vérités !
  • Si tu continues, c’est moi qui vais les appeler !
  • Tiens donc !
  • Benjamin arrête ! »

Sabine avait lâché ses derniers mots avec autorité, comme une mère rappelant son fils difficile à l’ordre. Et Benjamin se retourna vers sa femme, passa son bras autour de ses épaules et l’emmena sur un banc. Il suffisait de parler à son mari comme une mère parlerait à son enfant pour le ramener à la raison. Complexe d’oedipe ou, là encore, l’explication se cache t’elle dans les recoins les plus reculés de notre instinct ?

Après ce moment de tension, retournons vers Thomas, qui avait enfin trouvé une place assise. Il avait assisté, mais pas entendu, l’altercation du couple avec les voyageurs sur le quai d’à côté, par la vitre contre laquelle il avait posé sa tête, l’alcool pesant sur le cerveau, sur les muscles et, trop imbibé, le corps miné a besoin de soutien.

« – L’amour, à cette époque ? Des projets ? Des enfants ? Une maison ? Les crédits ? Les disputes ? Les violences verbales et physiques ? Les enfants qui tournent mal ? Le divorce ? Les avocats ? Les coups bas ? Qui en sortira avec le plus d’argent ? La bataille pour la garde des gamins ? Une famille recomposée ? Non ! Peu pour moi, je cède ma place ! Jamais ! À cette époque croire en l’amour ? C’est niais. Croyez en une mort certaine, ça, tout le monde y passe, riche ou pauvre, idiot ou génie (les deux sont d’ailleurs parfois en une même personne, le génie de la connerie, et la connerie du génie), gros ou maigre, chômeur et travailleur, enfin… la liste pourrait continuer indéfiniment. Tiens… je me demande si ceux qui balancent les bombes arrivent à dormir et à se regarder dans la glace le matin. Ils sont sûrement chargés de drogues, ou ça ne m’étonnerais pas qu’ils soient manipulés jusqu’à croire qu’il joue à un jeu-vidéo. Je divague… J’ai envie de vomir mes tripes… Plus je vieillis, plus je picole et moins je tiens l’alcool… s’est pas normal ça. Sûrement un cancer, un truc au foie ou à l’estomac. Tiens, je devrai me mettre à fumer, histoire de viser le cancer du poumon ou de la gorge. J’aurai une chance de me voir mourir, de passer de l’autre côté, au lieu que ma vie finisse en un clin d’œil. Si on réfléchit bien, fumer et boire, c’est un peu comme un suicide lent. Ceux qui sautent d’une falaise ou se font sauter le caisson, eux, ils utilisent la manière rapide. Mais ils sont jugés, vilipendés, l’église ne veut pas célébrer leurs funérailles. Par contre, ceux qui, comme moi, se tuent à petit feu, on ne leur dit rien. C’est un suicide, plus long qu’une bastos dans la caboche mais, au final, c’est pareil. Quel monde étrange. Attends, n’est-ce pas du suicide de sortir de chez soi à notre époque ? Attends, pire, rester chez soi, c’est du suicide aussi ! Une bonbonne atomique ça te fait t’évaporer de la surface de la planète que tu sois dedans ou dehors. Non, le mieux c’est un bunker souterrain ! Mais c’est interdit, enfin je crois… J’évite de trop réfléchir. Ça demande des matériaux nécessaires à l’effort de guerre, ainsi que de la main d’œuvre et tout et tout… Plutôt qu’ils ne veulent pas provoquer la panique en disant que les abris anti-atomiques sont nécessaires… et, en filigrane, ils veulent surtout être sûrs que l’on crève. Ma pauvre petite dame, ne retiens pas la rage de ton bonhomme, laisse le déverser sa bile, ils ne nous restent pas longtemps à vivre, vivons pleinement, et surtout goulûment ! »

Comme à son habitude, Thomas avait pensé tout haut. Chaque passager dans son wagon étaient passés dans celui de devant ou de derrière après avoir entendu sa rente.

« – Je pari qu’il y en a un qui va baver aux autorités ! Je ne sais pas si les prisons sont ciblées par les bombardements… en fait, je n’ai jamais entendu parler d’une bombe ayant atterri sur un pénitencier… C’est peut-être une bonne planque ! Ça et bosser pour le gouvernement. Étrange époque, mais on s’y fait, l’être humain s’habitue à tout ! Et je dirais presque que je l’aime, cette période sombre… »

Le train de Thomas enclenche sa marche en avant, doucement, il quitte la gare. Il enlève sa tête de la vitre, les vibrations que provoque le contact de son cerveau éméché avec la vitre du wagon ne faisaient pas bon ménage avec son état. L’ingénieur ne peut s’empêcher de vomir sur le dos du siège en face de lui. Dégouté par l’odeur de son propre vomi, mais se sentant déjà mieux, il déambula dans le wagon à la recherche d’un siège plus confortable. Il le trouva, s’affala dessus et allongea ses jambes sur le siège de devant. Si un contrôleur passait, il aurait été bon pour une bonne réprimande. Mais pour ça, le valeureux contrôleur aurait dû le réveiller. Et le sommeil d’un homme qui cuve est profond. Parfois le sommeil se transforme en coma.

Jaskiers

La loterie nucléaire – Chapitre 1

Benjamin, main dans la main avec sa femme sur le quai de la gare de Baptist ne peut s’empêcher de penser au danger, certes minimum mais bien présent, d’une catastrophe nucléaire.

Cette sensation n’est pas chose nouvelle, c’est la guerre et on se bat à coup de petites bombes nucléaires. Moins de dégâts que les grosses, mais balancées sur les civils autant que chez les militaires avec une précision insolente. Une guerre aussi psychologique que physique.

Je te balance une bombe sur un quartier résidentiel, tu me réponds avec une petite bien placée sur une caserne. C’est le jeu de cette nouvelle guerre.

Ce n’est pas une guerre comme nous en avons connu. Jamais nous ne voyons de soldats, ami ou ennemi, jamais de coups de feu, pas de civils mobilisés, pas de champs de bataille.

Si ce n’était que les minis bombes nucléaires, les masques à gaz et les agents de dénucléarisation habillés de leur parka jaunes, ce serait une guerre diplomatique, une guerre de gens en costard. Les gens en costards sont bien là, ils décident qui va être la prochaine victime. Tacticiens mais aussi businessmans, la guerre, la mort, les morts, la misère, ça rapporte… quand on sait où placer son argent et que votre répertoire comporte quelques personnes bien placées.

Sabrina ne s’inquiétait pas, ou du moins ne le montrait pas. Elle partait voir sa grand-mère mourante. Dans des cas comme cela, la mort d’un proche occupe plus votre esprit que la perspective de votre propre mort. Et puis, qu’elles étaient les chances qu’une bombe éclate sur son train à elle ? Sur des milliers qui traversent le pays tous les jours. Il était peu probable, selon elle, qu’un costard cravate trouve utile d’exploser un train d’une poignée de touristes allant en direction de l’ouest. L’ouest, le côté du pays le moins exposé au bombardement, c’était à l’est que le plus de bombe étaient lâchés. Peut-être parce que les deux pays y partageaient une frontière de ce côté-là.

Et ça n’arrive qu’au autre, de mourir dans ces conflits, pas à nous, pas à elle. Du moins, c’est comment l’esprit réfléchit pour éviter de vivre dans une peur perpétuelle. Exactement la même chose quand nous prenons la route. Si l’on pense à l’accident ou à la mort à chaque fois que l’on prend la route, ou dans le cas de Sabrina le train, nous ne vivrons plus. Ça n’arrive qu’aux autres la mort. Ce genre de mort en tout cas. Car sa grand-mère, dévorée par la vieillesse et une pneumonie tenace, elle, allait bien mourir. Ça arrive un proche qui meurt de maladie. Mais d’un accident ? Non !

Elle regarde du coin de l’œil son mari, ils se sont mariés il y a de cela trois mois après deux ans de vie commune. Deux ans de vie commune, c’est pas mal, la troisième sera une année charnière pour leur relation. Enfin, c’est ce qu’elle croit. Et on ne meurt pas qu’en on est jeune marié avec plein de projets d’avenir n’est-ce pas ?

Jaskiers

Dante’s Dusty Road – Chapitre Final (+ Prologue)

Dans son rêve, il se retrouvait dans un bateau qui tanguait, l’eau faisant un bruit métallique quand elle percutait son embarcation, qui était pourtant en bois.

Il se réveilla en sursaut. Son rêve n’était pas dénué d’une certaine réalité, car il se réveilla et sentit sa voiture se balancer de gauche à droite avec un bruit de crissement.

Il se retourna pour voir le dos d’un bison côté passager arrière sur la droite.

L’auteur démarra la voiture immédiatement et klaxonna, le bison ne fut nullement effarouché. Pire, il semblait encore plus énervé et mit un grand coup de corne dans la vitre, qui se fissura légèrement, puis un autre coup violent vers la roue.

Il démarra en trombe, sentit un poids le retenant. Il n’osait accélérer trop de peur de blesser l’animal et de coincer ses cornes dans la carrosserie de la voiture.

Il klaxonna, cria même. La bête imposante le regarda, il fut terrifié le temps d’une seconde et accéléra, profitant de cette courte pause dans l’entreprise de sabotage du mastodonte.

Transpirant sur le volant, il espérait que la bête n’ait pas percé sa roue ni fait trop de dégâts.

La voiture roulait normalement, mais mieux valait s’arrêter sur le bas côté pour évaluer les dégâts. Il trouva un petit espace en terre sur le bas-côté de la route pour s’arrêter.

La carrosserie était percée au niveau de la portière, la poignée avait été arraché, la jante était rayée et ressortait légèrement de son emplacement. Un vif coup de pied l’a remis en place. Il se pencha pour regarder au niveau des amortisseurs et du disque de frein. Rien ne semblait endommagé, mais le bas de caisse avait pris un mauvais coup. Un trou assez large, où la main entière pouvait passer, se situait entre la portière et le bas de caisse. L’écrivain, encore tout tremblant de la décharge d’adrénaline, savait qu’il allait falloir faire réparer ces dégâts avant qu’ils n’empirent.

Et dire qu’il y aura le chemin du retour. Et Forgan n’aura pas de mécano.

Il espérait ne pas avoir blessé le bison, mais il se souviendrait longtemps du regard de feu, et presque haineux, de la masse de muscle que l’animal lui avait lancé. Il s’en servira pour écrire, peut-être donnera-t-il son regard à une créature infernale dans son prochain ouvrage.

Il reprit la route, il avait dormi toute la nuit. Malgré tout, il se sentait encore épuisé et un léger mal de crâne s’imposait au niveau des yeux.

Et il n’y aura pas de pharmacie à Forgan, il n’y aura rien à Forgan, à par moi. Seul… c’est ce que je voulais non ?

Il ne pouvait s’enlever Springsteen de la tête. Que faire s’il le trouvait garer devant son ranch, ou carrément dedans avec son énorme camion ? Et s’il n’était pas tout seul, mais avec son ami fumeur au langage fleuri ? Et si les flics étaient là eux-aussi ?

Il réfléchissait trop.

Rand alluma la radio, se demandant quel genre de station il pouvait capter dans cette région perdue.

La voix nasillarde d’un jeune Bob Dylan chantait que les temps étaient en train de changer. Du folk, la musique des paysans, la musique du terroir américain. Pourquoi les gens de l’Oklahoma n’étaient-ils pas aussi poétique que les rimes de Bob Dylan ? Enfin, il ne mettait pas tous les citoyens du Middle-West dans le même panier, ce serait injuste et le rabaisserait au même niveau que cette poignée de ploucs qu’il avait rencontré jusque-là.

Le panneau Forgan afficha 20 miles. Autant dire qu’ils lui donnèrent l’impression d’en avoir fait 200 quand, enfin, il arriva.

Forgan, c’était petit, plat, et strictement rien autour à par de l’herbe grillée par le soleil, une curieuse odeur de brûlé et quelques bisons.

Il entra son adresse exacte sur son téléphone qui marquait qu’aucun réseau n’était disponible. Internet ne fonctionnait toujours pas. Il allait devoir se présenter à ses nouveaux voisins plus tôt qu’il ne l’avait prévu pour demander sa route. Pas une seule âme dans la petite ville, ni dans la petite rue principale bordée de petits bâtiments plats, ni dans ses quelques rues perpendiculaires à la principale. Il savait que son ranch n’était pas à Forgan même. Un tout petit peu plus à l’ouest, lui avait-on dit à New-York.

Il s’arrêta dans une ces petite rues perpendiculaires et sortit de la voiture. Il voulait sentir l’air de son nouvel environnement car l’odeur de brûlé qu’il sentait l’inquiétait. Était-ce sa voiture ? Dehors, l’odeur assaillait ses narines. Il fit le tour de la voiture, pas de fumé, l’odeur semblait remplir entièrement l’air de la petite bourgade.

Cette ville serait peut-être le premier témoin de son nouveau roman. Mais difficile d’être témoin de quelque chose quand il n’y a personne.

Après avoir marché seul dans la rue principale, il remarqua qu’il n’y avait aucun commerce, en tout cas aucun d’ouvert en cette matinée. Comment allait-il se nourrir ? Son ranch n’avait aucun animal et il n’était pas fermier pour un sou. Uber-Eat ne devait sûrement pas livrer par ici. L’angoisse l’envahissait.

Pourquoi cette folie ? Il avait eu ce sentiment, cette envie d’aller s’éloigner au milieu du pays. Il avait demandé à sa maison d’édition des adresses, regardé sur internet, et un agent immobilier de la Grosse Pomme lui avait trouvé ce ranch. Il était tellement confiant dans ce projet qu’il l’avait acheté et dépensé de l’argent pour la rénover sans même jamais le voir en vrai, ni même se renseigner sur les alentours.

Il était coincé, pas de nourriture, pas d’internet, pas de station essence. Rien.

Pourquoi personne ne l’avait prévenu ? C’était comme si cet endroit l’avait aimanté, une force inconsciente, ou plutôt très consciente, l’avait entraîné ici, au milieu de nulle part.

C’était peut-être ça être artiste et vivre de, et pour, son art. Obéir à ses envies jusqu’à la folie. Rien de romantique, l’auteur ténébreux et torturé, c’était bien dans le principe, mais en vrai, c’était une lutte de tous les instants.

Quand la survie était devenue optionnelle, l’argent palliant à ce problème, il pouvait dire amen à tous les caprices de son art. Il pouvait ? Non, il le devait.

Il devait être ici, seul, abandonné au milieu de nulle part, dans la poussière et la chaleur, démuni, sans même une bouteille d’eau. Il n’avait plus la force de faire demi-tour, ni de continuer. Il voulait juste disparaître. Il l’a fait, en quelque sorte. Sa disparition ajouterait à sa notoriété une note de mystère qui collerait parfaitement à son image.

Il s’allongea au milieu de la route et ferma les yeux. La solitude extrême. Une petite ville abandonnée remplaçait un New-York bondé de monde.

Son projet d’écriture, c’était peut-être de mourir ici.

Dante se releva rapidement. Déterminé, subitement, à ne pas mourir ici, mais plutôt en société, à la vue de tout le monde. Fini l’envie de solitude. Et il n’avait jamais été question de venir passer l’arme à gauche ici.

Debout sur ses jambes flageolantes, il vit devant lui un énorme feu, une belle bâtisse en bois allait être rongée par les flammes dans quelques instant, une énorme grange, rouge, comme celle qu’il voulait allait subir le même sort.

Parfois, on arrive à son but sans s’en rendre compte. Il suffit de s’arrêter pour contempler le chemin parcouru, pour savoir où nous en sommes et continuer ou pas, notre route.

Et Dante était arrivé.

Le feu. L’incendie. Tout ce qu’il voyait, c’était les flammes qui mangeaient une grande maison et commençaient à dévorer les plus petites installations. C’était son ranch qui partait en fumé.

« – Hey bien, ma vie a fini par devenir un mauvais roman. On récolte ce que l’on sème. Et je n’ai rien semé dans ce ranch. »

Prologue

Dante, assit à sa table habituelle dans son bar préféré de Hell’s Kitchen, The Topito, attendait anxieusement son agent littéraire.

Son nouveau roman fini, qui lui prit six mois à écrire, avait été envoyé à sa maison d’édition qui attendait fiévreusement le travail de leur nouvelle star. Quelques semaines plus tard, son agent l’avait appelé. Ils devaient se rencontrer pour parler d’argent, de droits d’auteur et, sûrement, même si son agent ne le lui avait pas dit, de quelques réajustements à faire dans son nouveau livre.

Rand avait écrit une histoire qui se déroulait dans un désert aride, où des créatures et entités sortaient du sable pour traquer un pauvre homme perdu dans l’immensité dorée.

Il était fébrile, ce deuxième roman devait prouver une bonne fois pour toute qu’il était un écrivain sur qui compter dans les prochaines années. Les critiques l’attendaient au tournant et ne le rateraient pas.

Quand son agent arriva, il vit son grand sourire.

Bonnes nouvelles, s’ils sourient ainsi, bonnes nouvelles.

En effet, son agent lui exposa que la maison d’édition était enchantée par ce roman, quoique surprise.

« – Tu vois Dante, j’l’ai lu moi aussi, il est plus triste qu’effrayant.

– Ah… bon, à peu de chose près, c’est la même chose.

– Pas vraiment. Surtout pour la maison d’édition qui te voyait devenir une poule aux œufs d’or grâce à ton talent de conteur d’histoire terrifiante.

– Hey bien… ça surprendra mon public. Après tout, c’est une bonne chose de ne pas se cantonner à un seul genre

– Oui… Oui évidemment. Mais… bon, je pense que ça va passer, le livre sera bon et les critiques surpris.

– Tant mieux.

– Par contre, je trouve que tu n’es pas trop dans ton assiette depuis quelques mois. C’est cette histoire avec cette Harley de cette station-service perdue en plein Oklahoma ? Faut pas te sentir coupable. Tu n’y es pour rien. C’est horrible mais les féminicides sont de plus en plus courant…

– Ce n’était même plus son mari. Elle a fait de la prison pour s’être défendue contre lui. Je suis persuadé qu’elle n’a pas osé se défendre quand il s’est ramené avec un calibre devant elle… Il ne va même pas faire de tôle, il est considéré comme fou. Qu’elle société de merde ! Et tu ne serais pas dans ton assiette toi non plus si, ajouté à ça, ton ranch à plusieurs millions de dollars, non assuré, brûlait sous tes yeux.

– C’est du passé Dante, passe à autre chose ! Ton livre va bien se vendre, tu vas te renflouer un peu, voir beaucoup. On va faire raquer Hollywood pour les droits cinématographiques !

– Si tu le dis, tant mieux…

– Ce n’est pas le moment de te laisser abattre ! De la concurrence arrive Dante ! La rançon du succès, tu inspires les gens et ils se mettent à écrire.

– Super. Répondit l’écrivain d’un ton blasé.

– Je suis sérieux ! La maison d’édition a reçu un de ces manuscrits mon vieux ! Tu devrais le lire !

– J’ai pas le temps, ni même l’envie de lire.

– Ah ! Arrête de morfondre un peu !

– C’est tout ce que tu avais à me dire ?

– Non ! Je te dis, on a reçu un manuscrit d’un type qui sort de je ne sais où, incroyable. Le type s’appelle Springsteen !

– Springsteen ?!

– Pas Bruce hein, mais un certain Peter Springsteen.

– Oh putain de merde…

– Quoi ? De… ? Attends, son titre c’est le seul truc un peu bancal de son manuscrit : ‘Du feu pour mon ranch’. »

Dante eut l’impression que son cerveau penchait sur la droite, ses yeux et son regard déviaient eux aussi, comme un plan dans un film, comme un navire qui chavire brusquement. Ses oreilles bourdonnèrent et l’envie de vomir le fit se précipiter vers la sortie.

« – Dante ?! Ça va ? Hey !… Ah merde, c’est le titre du livre de Springsteen qui te chamboule ?… J’aurai dû y penser avant, désolé… Je vais envoyer un message à la maison d’édition, ce titre craint vraiment trop… »

Essayant de prendre appuis sur une borne incendie sur le trottoir et de reprendre ses esprits, une voix familière interpella l’écrivain :

« – Si c’est pas gratte-papier ! Gratte-papier dans la ville des grattes-ciel ! Ça fera un bon titre pour mon prochain bouquin. Et désolé pour ton ranch l’ami, sans rancune entre écrivain maintenant, hein ? J’ai énervé quelques personnes en te dévoilant mon petit trafic et j’ai dû prendre les devants tu vois, brûler ton ranch, c’est comme le Joker quand il dit ‘c’est pas une question d’argent, c’est plus pour envoyer un message’ ou un truc du genre. Mais bon, tu m’en veux pas hein ? On est pareil tous les deux, au final ! Springsteen et Dante, ça ferait de beaux noms pour les personnages d’un roman noir ! »

FIN

Jaskiers

ELVIS : Aloha from Hawaï

Tout le monde vient de la même source. Si vous détestez un autre être humain, vous détestez une partie de vous même. – Elvis Presley
Je ne connais absolument rien à la musique. Pour ce que je fais, je n’en n’ai pas besoin. – Elvis Presley
L’amour est une chose que vous ne devez pouvez jamais partager. – Elvis Presley
Quand les choses vont mal ne les accompagnez pas. – Elvis Presley