Jim et Pam, rue Beautrellis, 1971

Un homme, grand, avec des longs cheveux brun aux reflets châtains, comme sa longue barbe, arborant un léger embonpoint, fait le funambule au bord d’une fenêtre.

Tous ses voisins, sont habitués. Il n’est pas suicidaire, quoique… mais il ne va pas sauter. Il fait cela car il aime peut-être flirter avec la grande faucheuse et surtout, se faire remarquer jusqu’à à provoquer des réactions chez les passants. Mais à Paris, on ne regarde pas en l’air, on regarde devant soi ou ses chaussures. Aucun passant ne daigne regarder, ni s’inquiéter du funambule chevelu. Même dans le cas contraire, ils n’ont pas le temps d’être inquiets. Car à Paris, tout le monde est pressé.

Cette nuit, ses voisins ont entendu une énième dispute éclater entre lui et sa concubine, ou plutôt sa régulière, Pam. Une petite rousse très belle, très charmante à l’air fragile et mutine.

L’un des deux était saoul, voir carrément les deux. Ça gueulait en anglais. Les « fuck », « bitch », « asshole », « son of a bitch » et autres joyeusetés de la langue anglaise avaient raisonné dans tout l’immeuble.

Un voisin de palier regrette Zozo, la mannequin qui habite cet appartement et qui l’a prêté au couple d’américain. On dit qu’elle le leur a loué mais que ses locataires oublient souvent de payer.

L’homme serait un poète, à ce que la rumeur dit. Il doit être connu outre-Manche voir outre-Atlantique pour se permettre un train de vie si spécial. Qu’il paît son appartement ou non, les bitures qu’il se met avec ses ami(e)s sont régulières. On ne parle pas que d’alcool, ça sent parfois l’herbe dans le hall de l’immeuble. On voit parfois un jeune homme, dans la vingtaine, plutôt beau garçon, bien habillé, rentrer et sortir de l’immeuble. On dit qu’il est un comte, il a un nom en « de », un garçon d’une famille bourgeoise pour sûr. Certains voisins ont mené leur petite enquête. Ce jeune homme deal de la drogue dure, de l’héroïne venue de Chine, fournit par les truands marseillais.

Les voisins sont des voyeurs, tout le monde l’est un peu quand on vit si proche les uns des autres. Et certains ont remarqué que le jeune comte venait souvent quand le grand barbu n’était pas là.

Après tout, on sait que lui aussi la trompe. On l’a vue amener des filles, parfois plusieurs en même temps, dans l’appartement. C’est donc de bonne guerre que Pam se tape leur jeune dealer.

Le grand brun est descendu de son perchoir étroit et fume une cigarette, puis une autre. Une n’est presque pas finie qu’il en allume une autre. Il a le regard dans le vide, il semble perdu. On peut même voir une lueur de désespoir, quelque chose de spirituel, comme un appel à l’aide à un Dieu quelconque au fond de ses yeux bleus fatigués.

Pas de cris ce matin, la dispute s’est arrêtée au milieu de la nuit. On a entendu des bruits sourds, des coups, sûrement. Les deux se battent comme des chiffonniers et ne se cachent pas pour s’échanger quelques baffes dans le hall d’escalier quand ils rentrent tard, ensemble, souvent le soir, complètement défoncés.

Personne n’appelle jamais les flics, on se mêle de ses affaires. Et se grand type, qui ne semble faire de mal à personne excepté à lui même et à sa régulière, n’est pas quelqu’un qui cherche la bagarre avec les voisins. Mais mieux vaux ne pas attiser la colère d’un alcoolique.

En parlant de colère, l’homme reparaît à sa fenêtre et crie :

« Have you ever broken throught ? Through the other side ? »

Le silence parisien lui répond. Une réponse qui ne semble pas le satisfaire. Il rétorque donc :

« If the doors of perception were cleansed every thing would appear to man as it is, infinite ! »

Pas de réponse là encore. Quelque seconde plus tard, après s’être allumé une nouvelle cigarette, il se penche dangereusement sur la rambarde. Ceux qui l’aperçoivent prient intérieurement pour que la rambarde soit solidement fixé au mur mais restent muets.

« William Blake anyone ? »

Silence.

« Huxley ? Aldous ? »

Quelques coups de klaxon résonnent au loin pour toute réponse.

« Andale ! Andale ! Français ! »

Retour du silence.

« I did broke broke through the other side, not as easy as it appeared. And man, I wish I didn’t see the infinite. Fuck no. Please god, help me. »

Il jette sa cigarette à moitié consumée par la fenêtre. Habituel, là aussi. Heureusement, le hasard fait qu’il n’y a jamais personne qui passe sous sa fenêtre au même moment. Et, surtout, quand quelqu’un gueule de sa fenêtre, on change de trottoir.

« Do not pick up hitchhiker ! Their’s a killer on the road ! »

Et la litanie recommence.

« Father ? Father ? Père ? »

Silence.

« I want to kill you !… MOTHER ? Mama ? »

Silence.

« I want to… fu… fuck you ! »

Quelques pigeons roucoulent.

« The whisky-à-gogo, the original one, you know it’s just in the area ? Well, try to kick me out again ! »

Silence.

« Guess the French are okays with their oedipus complexes. Alright. »

Une voiture de police passe dans la rue, elle ralentit au niveau de Jim, on peut voir les deux policiers penchés sur le tableau de bord, le regard rivé sur Jim.

Jim leur fait un salut amical.

« Bonjour police ! Eat my ass yes ! »

Les deux gendarmes se regardent, échange de regard confus entre eux, puis redémarrent et s’en vont.

« Au revoir ! Au revoir ! Révolution ! Au revoir. »

Un cri derrière Jim, il est difficile de distinguer les mots, mais le ton, lui, est autoritaire.

Pamela tire son régulier, l’écarte dès la fenêtre et la ferme.

Silence.

C’est un spectacle étrange dont les voisins du poète sont témoins presque chaque jour depuis l’arrivée du couple tumultueux.

Certains, inconsciemment, ont parfois l’impression d’être comme happé par les discours de l’homme barbu à sa fenêtre. Comme le prêche d’un gourou. D’ailleurs, ils ressemblent à ce type américain qui avait une « famille ». Famille qu’il a poussé à tuer Sharon Tate, enceinte.

L’Amérique, on ne sait plus quoi en penser. La France non plus à vrai dire. Mai 68 est finie depuis 3 ans, mais est-ce que quelque chose a vraiment changé ? Les jeunes ont-ils forcé les vieux à les écouter ou a encore plus les haïr ?

Les temps ont changé. Beaucoup, depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale. D’ailleurs, des jeunes Américains, pauvres pour la plupart, dont beaucoup de Noirs, qui vivent dans des ghettos, partent tuer et se faire tuer à des milliers de kilomètres de chez eux dans une guerre qu’ils ne comprennent pas vraiment et qu’ils trouvent inutile et injuste ; le Vietnam. Comment ils chantaient déjà ces quatre types avec leurs cheveux longs ? Mais si, ces Américains… « Four dead in Ohio/ how many more ? »

Parce que oui, en Amérique, le Summer Of Love, les hippies, c’est presque du passé. Mais la National Guard tire sur des étudiants pacifique.

En fait, tout change… mais tout se répète.

Voici Agnès Varda qui s’apprête à rentrer dans le bâtiment de Jim et Pam. Tout est calme quand elle leur rend visite. Peut-être est-ce le bon moment pour quitter cette rue et continuer notre vie.

Jaskiers

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Dante’s Dusty Roads – Chapitre 15

Springsteen avait disparu dans le rétroviseur de Dante, Bruce, se mit à chanter.

Désolé Bruce, mais entre toi et moi, je crois que c’est fini.

Il éteignit la musique et suivit les panneaux indiquant Alva jusqu’à y arriver, après deux heures de route à une vitesse excessive.

Faire le plein de bouffe, prendre un Starbucks, fumer une clope tranquillement, si la Providence le lui permettait, et repartir en direction de Buffalo, dernière étape avant d’arriver à son ranch de Forgan. Eldorado qui lui semblait encore tellement loin, bien qu’il soit tellement près.

Alva ! Sois bienfaisante pitié ! implora l’écrivain tout haut dans l’habitacle de sa voiture. Alva sonnait pour lui comme le nom d’une déesse mineure, peut-être une néréide, de la mythologie grecque. Mais il était forcé d’admettre que la ville ne ressemblait pas à celle d’une déesse. En tout cas pas à celle d’une déesse bienveillante. Elle semblait vide, sans charme, ressemblant à tant d’autre petites villes perdues qu’il avait traversé jusqu’ici.

Il passa au drive d’un MacDonald et commanda un hamburger, des frites et un coca. Personne, pas de queue, la commande arriva rapidement.

Que Dieu bénisse l’Amérique et sa création la plus exportée, le fast food.

L’auteur se gara sur un parking, occupé par une dizaine de voitures, d’un magasin de bricolage. Au moins, si quelque chose lui arrivait, il y aurait des témoins. Des témoins ou des bourreaux potentiels…

Il dévora son Big Mac, la faim l’avait tenaillé pendant des heures sans qu’il ne s’en soit rendu compte. Les frites furent avalées aussi vite et le grand Coca-Cola expédié. Il lui fallait maintenant se trouver un starbucks, le fast-food du café.

Il ne tarda pas à trouver son bonheur, à 1 mile, peut-être moins, du MacDonald.

Que Dieu bénisse l’Amérique et le capitalisme à outrance ! Travaillez dur, soyez riches et payez vos impôts !

Il dut sortir de sa voiture pour aller commander. Il ne risquerait pas de trouver des personnes louches dans un starbucks. C’était habituellement le repaire de jeunes hommes et femmes, souvent sur leurs Macbooks hors de prix, en train d’essayer d’écrire le prochain succès d’Hollywood ou le roman, genre « Young Adult », qui les rendraient riche. En tout cas, c’était ce qu’on pouvait trouver dans un starbucks new-yorkais.

Par chance, encore, le starbuck était vide, aucun client. Dans sa surprise, il crut même qu’il était en fait fermé, qu’il était entré par effraction et que les flics allaient lui tomber sur le dos. Mais une barista penchée sur son téléphone redressa la tête et lui demanda, d’un air nonchalant, ce qu’il désirait.

« – Un Frappucino.

– Ah désolé mais nous n’en avons plus.

– Ah…

– Non je plaisante va pour un frappucino, quelque chose d’autre avec ?

– Oui, en fait, je vais en prendre deux.

– Ah ! Un pour votre dame aussi !

– Non, tout pour moi.

– Votre tête me dit quelque chose.

– Et qu’est-ce qu’elle vous dit ?

– Vous êtes l’auteur, Dante Rand !

– Exactement.

– Un auteur dans un Starbuck au milieu de nul part…

– Observatrice à ce que je vois…

– Sacrément cool votre bouquin au fait !

– Merci.

– J’l’ai pas lu.

– Ah…

– Mais j’ai vu sur Twitter que les gens aimaient bien.

– Twitter ? super !

– Paraît que vous avez vendu les droits à Hollywood pour un sacré tas de pognon.

– La rumeur court mais personne ne la rattrape.

– Vous êtes vraiment perché, un vrai écrivain.

– Je prends ça pour un compliment.

– Avec tout ce succès, vous devez bien avoir trouvé une femme ?

– Non.

– Un bel homme comme vous, talentueux et riche, qui est célibataire !

– Je suis peut-être l’exception qui confirme la règle.

– Moi, je me porte candidate.

– Ah… c’est gentil. »

La jeune femme prépara les cafés, ses yeux semblaient à la recherche de quelque chose.

« – Vous m’offririez bien un café ?

– Pardon ?

– J’avoue, je peux en boire un à l’œil, faut juste pas que mon manager me grille, mais il est en train de s’envoyer de la meth quelque part au fond d’la réserve en ce moment. Enfin, s’il fait comme d’habitude.

– Désolé mademoiselle, je dois y aller. Combien je vous dois ?

– Vraiment ? Et où allez-vous pour être si pressé ?

– Dans un endroit tenu secret.

– Ah ! Secret d’écrivain ?

– Exactement !

– Bon, eh bien, voici pour vous !

– Je paie par carte s’il vous plaît.

– Bien sûr. Allez-y. »

Rand sorti sa carte, l’apposa sur lecteur. Un message d’erreur s’afficha.

« – Oh, c’est sûrement le lecteur qui bug, je vous l’remets.


– Merci. »

Tom frotta sa carte bleue avec sa chemise blanche, juste au cas où, et reposa sa carte sur le lecteur, qui afficha toujours le même message d’erreur.

« – Hey bien ! Vous êtes déjà à sec ? Où avez-vous dépensé tout cet argent ?


– Je comprends pas, je vais essayer avec le code.


– Naturellement. Rentrez bien fort votre carte dans le lecteur. »

Rand souffla sur sa carte, l’essuya encore, espérant qu’il n’ait pas un problème avec sa banque.

Il remit la carte, fit son code. Le lecteur marqua que son paiement avait été accepté.

« – Oh ! Quel dommage !

– Ah c’est plutôt une bonne nouvelle pour moi !

– Sinon, je vous aurai bien fait payer en nature.

– J’ai pas de liquide sur moi.

– Je ne parlai pas de ce genre de nature, si vous voyez ce que je veux dire… »

Un long silence pesant s’imposa. Rand prit ses cafés, lâcha un ‘au revoir’ précipité et se hâta rapidement vers la sortie.

Jaskiers

Une opportunité rêvée – Chapitre Final

« – Je suis là cobaye ! Pas besoin de me chercher ! Papa vient à toi ! »

Il tira une nouvelle fois, j’avais anticipé le coup avec mes réflexes aiguisés à l’extrême. Les mouvements de son index appuyant sur la détente se firent au ralenti. Mais moi, je ne l’étais pas, au ralenti. J’esquivais la balle qui continua doucement son trajet rectiligne en direction du vieil homme. Tout redevint à vitesse normale d’un coup seul coup, me laissant le temps de faire un bond en avant. Je pris la main du doc’ qui tenait le revolver, la tourna à 360 degrés. Ses os craquèrent dans ma main. Je lui tendis le bras gauche avec ma main gauche et assenas un coup du plat de la main droite sur son coude qui émit un son de bouteille en plastique piétinée. Son bras était brisé.

Je le pris par les cheveux et le projetais dans la chambre. Le pauvre vieux qui avait assisté à tout cela avait été touché à l’abdomen par la balle du docteur que j’avais esquivé. En état de choc, il regardait sa blessure et sa main ensanglantée avec laquelle il essayait d’arrêter l’hémorragie.

Je donna une violente claque à ce vieillard, sa tête percuta le sol sur le sol carrelé. Je ne crois pas l’avoir tué, juste l’avoir assommé, il ne m’avait rien fait, mais qui sait ce qu’il aurait pu faire ? Le docteur l’avait tué après tout, je n’avais fais qu’abrégé son agonie.

J’allais maintenant régler mes comptes avec le docteur, dont le bras gauche au coude fracassé et la main droite broyée n’avaient pas l’air de le faire souffrir.

« – Wow ! Gamin ! J’avais pas prévu ça !

  • Ah non ? Est qu’aviez-vous prévu ?
  • C’était secret…
  • Hey bien ça ne le sera plus !
  • Écoute-moi ! Arrête ça. Tu as tué John, tu es un tueur ! Tu n’as pas assez de sagesse pour avoir une telle force…
  • Allons ! Vous me parlez de sagesse ? Était-ce sage de m’injecter cette… chose ?
  • Je ne savais pas que ça allait prendre une telle ampleur !
  • Qu’aviez-vous en tête exactement ? C’était quoi ces expériences ?
  • C’est militaire ! On… voulait créer… une… substance qui permettrait à un soldat tombé à la mer, marinier ou pilote, de ne pas se noyer…
  • Ça a marché !
  • Oui mais peut-être… trop !
  • Je n’ai pas vraiment à m’en plaindre…
  • Qu’est-ce que vous êtes… devenus exactement mon garçon ?
  • Je ne suis pas votre garçon, ni votre cobaye. Mais depuis l’expérience, mes sens sont comme décuplés, mes réflexes sont aiguisées, ma force physique est incroyable, ma condition physique en elle-même est impressionnante. Ma mémoire, mon intelligence sont passées à un niveau de capacités incroyablement performantes. Je suis passé d’étudiant fauché à sur-homme grâce à votre expérience docteur !
  • Je vois ça… j’ai mal géré la dose… mon projet… c’était de le tester sur vous et d’améliorer la drogue. Vous avez beaucoup souffert pendant l’expérience et cela, même si la vie du soldat est sauvée, n’est pas une bonne chose. Il faut qu’il soit sauvé et puisse reprendre le service le plus rapidement possible, sans séquelle.
  • Vous avez l’air tellement déçus docteur ! Mais vous aviez raison, vous avez créé une révolution. J’ai été le spectateur et l’acteur d’une révolution qui va bouleverser le monde entier ! Vous auriez pu devenir encore plus riche… quoique si nous devenions tous des super-humains, le monde s’écroulerait en quelques jours !
  • Mais je peux peut-être arrêter ça. Vous ne voulez pas rester dans cet état de… super-humain comme vous dites, toute votre vie ?
  • Je n’ai pas vraiment à m’en plaindre. J’ai cassé pas mal de chose sans le vouloir, je dois apprendre à contrôler ma force. Non, je ne veux pas changer.
  • Mais… vous réalisez que cela pourra durer jusqu’à votre mort ? Vous… ce n’est pas une vie ! C’est le mythe de Midas en quelque sorte !
  • Des mythes gréco-romains ! Belle analogie ! Je suis plutôt Hercule, je pense.
  • Je peux vous rendre normal à nouveau !
  • Si vous le pouviez, vous l’auriez fait tout de suite après l’expérience. La vérité, c’est que vous n’avez aucune idée de comment faire marche arrière.
  • Laissez-moi un peu de temps !
  • Mais je ne veux pas redevenir comme avant !
  • Vous êtes devenus un tueur !
  • Je me suis défendu !
  • Vous auriez pu facilement mettre ce pauvre John hors d’état de nuire sans le tuer !
  • Effectivement… mais je ne contrôle pas vraiment ma force comme je vous l’ai déjà répété.
  • Arrêtons cette folie, tous les deux !
  • Et que feriez-vous après ? Vous continuerez vos expériences et ferez souffrir d’autres cobayes et vous ferez de ce monde un champ de bataille !
  • Faites ce que vous avez à faire, dites-moi comment vous voulez que tout cela finisse ! Me tuer ne vous apportera rien. Vous savez que l’organisation vous traquera sans relâche
  • Je le sais, et je les attends. Je suis tellement pressé de m’occuper d’eux, c’est… euphorisant d’utiliser mes incroyables capacités ! Quand à vous, je vais régler notre différent une bonne fois pour toute ! »

Je ramassai son pistolet, j’appuyais le canon sur la tempe du docteur :

« – Un savant fou se suicide après avoir tué son homme de main et un vieux… je ne sais pas vraiment qui il était mais c’est vous qui l’avez condamné. Meurtres suicide, c’est ce qui ressortira de ce carnage, tout simplement !

  • Pit… »

Le coup de feu était partie, sa cervelle dégoulinait sur le mur blanc immaculé.

Je ne pris même pas le temps de regarder les derniers soubresauts de son corps. Je sortis de la salle, découvris après quelques minutes de recherches la salle de surveillance, effaça les enregistrements et brûla les disques durs.

Je sortis du bâtiment, j’allais continuer ma vie comme avant ou presque, car maintenant, j’avais des capacités surhumaines… et confiance en moi. Terriblement confiance en moi.

(A suivre ?)

Jaskiers

Une opportunité rêvée – Chapitre 9

Je décidais d’y aller en courant, comme je l’avais fait pour revenir. J’arrivai en avance, ne sonna pas à l’interphone, ne me dérangea pas à fixer du regard la caméra pour m’identifier. J’eus juste à pousser la poignée de la porte et cette dernière s’ouvrît devant moi, les pênes se brisèrent et le bruit de leur chute sur le sol carrelé raisonna dans l’immense hall d’entrée.

« – Hey docteur ! Votre cobaye est arrivé ! Et il est impatient, impatient de parler des résultats de votre expérience. »

Mes mots aussi raisonnèrent, je savais qu’il me voyait et m’entendait car tout semblait sécurisés dans ce bâtiment. Je repérais une caméra de surveillance, fit un geste amical de la main et pointa ma montre en signe d’impatience.

« – Bonjour cobaye ! »

La voix du docteur se fit entendre par des hauts parleurs. Je m’attendais à de la peur mais pas à de la lâcheté pour un homme de science.

« – Montrer vous doc’ ! Croyez-moi, vous aurez envie de voir ce que je suis devenu grâce à vous ! 

  • Est-ce… une bonne chose ?
  • Ce que je suis devenus ?
  • Oui !
  • Et bien venez vous faire votre propre avis !
  • Vous me paraissez bien agité cobaye ! La destruction de la porte d’entrée blindée sera retenu sur votre rémunération !
  • Oh ! Il n’y a rien dans le contrat que j’ai signé stipulant ce genre de chose docteur ! Mais ce n’est qu’une porte, vous devriez voir ce dont je suis capable grâce à vous !
  • Oh mais quel empressement ! Quel changement effectivement !
  • N’est-ce pas ? Venez voir de plus près !
  • Oh mon garçon ! Pas besoin d’être si pressé ! Dans une expérience il faut observer, avoir de la patience !
  • D’accord, mais… »

John, son homme de main, sortit d’une des portes latérales de gauche et se précipita sur moi. J’avais attendu ce moment depuis plusieurs jours.

Il sortit une matraque télescopique et m’attaqua avec. Je dressai mon avant-bras gauche pour me protéger, la matraque percuta mon bras et elle éclata en plusieurs morceaux. Je ne laissai pas le temps à John de comprendre et lui envoyai un direct du droit en plein nez. Je sentis le cartilage de son nez craquer, je lui envoya un coup de poing avec mon poing gauche dans le ventre. John s’affaissa par terre, à genoux. Je mis un terme à ses souffrances en frappant sa tête d’un coup de pied. Sa nuque fit un bruit de branches séchées sur lesquelles on aurait sauté.

John, allongé sur le dos, la tête dans une position étrange émît un râle rauque, du sang sortait de sa bouche et de ses oreilles. Il agonisait.

« – Docteur ! J’ai besoin d’un autre cobaye ! Le vôtre n’était pas très solide ! »

Le docteur ne répondit pas. Une alarme se mit à gémir.

D’instinct, je me précipitais vers une des portes latérales de gauche, celles où je n’étais jamais allé, celles par où était sorti John. Je pensais que c’était de ce côté que les scientifiques créchaient. Les portes de droites étant sûrement réservées à leurs expériences.

Je me retrouvais dans un couloir similaire à celui où j’avais été torturé. Je pensais qu’ici serait un bon endroit pour une bagarre si plusieurs sbires du docteur se rameutaient, étant dans un couloir plutôt étroit, ils ne pouvaient m’attaquer à plusieurs à la fois.

J’ouvris quelques portes, au petit bonheur la chance. Toutes les portes semblaient mener à des chambres. Des chambres avec lit, table de travail scientifique avec éprouvettes, écrans de surveillance et tutti quanti. J’étais bel et bien dans le quartier où les docteurs et scientifiques observaient et travaillaient sur leurs projets.

Je tombais sur un pauvre hère en caleçon, le crâne chauve avec de fine lunettes.

« – Bonjour monsieur, je suis de la sécurité. Pouvez-vous m’indiquer où se trouve le docteur ?

  • Lequel ?
  • Le docteur qui fait des expériences avec la baignoire.
  • Ah… »

Je sentis que ce monsieur avait compris que je n’étais pas de la sécurité. Il se jeta sur moi. Je l’attrapai par les épaules et le souleva de terre.

« – Monsieur, je suis là pour votre sécurité, le docteur a besoin d’aide, et d’ailleurs vous aussi. Je dois vous amener à la salle de sécurité. »

J’essayais de reprendre mon mensonge histoire de ne pas perdre trop de temps. Et plus les mensonges sont gros, plus les gens ont tendance à les croire. Mais il me regardait, terrorisé.

« – Monsieur ! Nous n’avons pas le temps d’attendre, dites-moi où est le doc’!

  • Su… sûrement dans sa chambre !
  • Quelle chambre ?
  • Au bout de ce couloir.
  • Porte de droite ou de gauche.
  • Gau… gauche ! »

Je reçus comme un coup de poing dans les reins accompagné d’un bruit sourd. Je lâchais le pauvre homme et me retourna pour voir le docteur, un pistolet dans les mains.

Jaskiers

Une opportunité rêvée – Chapitre 4

Nous sortîmes du cabinet pour déambuler, nous enfoncer encore plus dans le couloir. J’avais l’impression d’être dans l’organisme d’une créature extraterrestre tant l’endroit, sa couleur, son odeur de javel, et surtout son immensité me rendait mal à l’aise.

Le docteur ouvrit une porte, à gauche du couloir cette fois. C’était, là aussi, un cabinet, sauf qu’il y avait tout le matériel nécessaire, me semblait-il, pour une opération chirurgicale.

Il me fit entrer et m’assoir, encore, sur une table d’auscultation. Le médecin ouvrit une armoire fermée par un lecteur de carte. Il y prit rapidement une petite fiole mais j’eus le temps de voir que l’armoire était rempli de fioles, de tubes, seringues et tutti quanti.

« – Allongé vous sur votre flanc gauche, je vais vous faire une légère piqure entre les omoplates. Je ne vais pas vous mentir, vous sentirez une légère pression suivie d’un liquide chaud. Prêt ?

  • Ouai… enfin… »

Je n’eus pas le temps de finir ma phrase qu’il enfonça l’aiguille. En effet, je sentis la pression et le liquide chaud, disons même brûlant rentrer dans mon corps. Mais ce n’était rien, absolument rien comparée à la douleur qui envahissait mes poumons.

Je m’étais brûlé la main quand j’étais petit en la posant sur une plaque de cuissons. Je me rappelle la terrible douleur, ma mère avait appliqué immédiatement un gant d’eau froide dessus, ce qui atténua légèrement la douleur avant d’aller à l’hôpital.

Je ressentais ce même genre de brûlure mais à l’intérieur de mes poumons, et là, impossible de faire quoi que ce soit pour réduire la douleur. Je pouvais respirer, là n’était pas le problème, j’avais juste la sensation d’avoir un incendie dans chaque bronche, chaque alvéole de mes poumons.

Je me tournais pour demander des explications au docteur mais je vis un deuxième homme qui m’attrapa assez brutalement pour m’attacher sur une planche.

Une planche ; un morceau de bois épais et rectangulaire plus grand et large que mon corps.

J’essayais de parler mais c’était comme si je ne pouvais plus contrôler mes cordes vocales. Tout ce que je pouvais sortir d’eux était des sons rauques et plaintifs.

« – Bien John attachez le bien. Ça commence déjà voyez-vous, la science, la médecine elle commence sa magie sans nous prévenir ! Elle ne perds pas de temps ! »

John était un sacré colosse mais je ne suis pas un petit gabarit non plus, j’essayais de me défendre mais chacun de mes membres semblaient être de plombs, impossible de les mouvoir ou presque. Je criais, de colère mais surtout de terreur !

John ne peina pas à m’harnacher avec des sangles en cuirs enroulées autour de mes poignets, de mes chevilles, de mes bras et une énorme ceinture autour de mon bassin ; j’étais attaché à la planche. Après avoir été sanglé, des crampes se déclarèrent dans chacun de mes muscles. La douleur était terrible, j’avais l’impression que mes membres allaient se désarticuler. Je ne pouvais que gémir, en espérant attirer l’attention du docteur, c’était peine perdue.

« – John, amenons notre ami pour un peu d’exercice ! Direction la piscine ! Allez, on n’a pas de temps à perdre ! »

Jaskiers

Une opportunité rêvée – Chapitre 3

De grande taille, les yeux bleus perçants, les cheveux poivre et sel, une barbe finement taillée de même couleur, la peau hâlée, des pattes d’oies sur les yeux et un sourire rassurant, voici qui était mon référent, comme il me demanda de l’appeler. Ce fut la première chose qu’il me dit :

« – Eugène Zweik je présume ! Je suis votre référent ! Appelez-moi comme cela d’ailleurs. Oh, et bienvenue ! Suivez-moi, ne perdons pas de temps avec les présentations et les politesses, car le temps joue contre la science et la médecine, le temps joue contre tout ! »

Je ne lui répondis pas. Son ton, amical mais aussi déterminé ne me laissa pas le temps de lui dire quoi que ce soit et je le suivais par une des portes de droite.

Une fois franchis cette porte, nous nous retrouvâmes dans un long couloir, toujours aussi blanc avec ces mêmes portes sur les murs, placé pareillement, à droites et à gauches, symétriquement et espacées avec la même régularité que celles du hall. Je n’eus pas le temps de voir jusqu’où pouvait bien aller ce couloir, à première vue il était immense car je n’en vis pas la fin.

Mon référent en ouvrit une, sur la droite encore, m’emmena par le bras jusqu’à une table d’osculation. Il me demanda, ou plutôt m’ordonna, de retirer ma veste puis me mit un brassard sur le biceps gauche, glissa son stéthoscope sous le brassard et prit ma tension. Puis il mesura ma taille en me plaquant sur un des murs d’une main ferme. Enfin, il me demanda de monter sur la balance pour noter mon poids.

Il rejoignit ensuite son bureau et m’invita à m’assoir en face de lui.

« – Bien parfait. Une dernière chose, signez ce papier et nous pourrons commencer immédiatement. »

Je jetais un coup d’œil à ce papier quand il m’interpella :

« – Si vous lisez tout, on n’aura pas fini avant demain ! En gros, c’est un papier qui vous engage au silence, interdit de parler de ce qui se passera ici, et aussi une déclaration comme quoi vous connaissez les risques et que, quoiqu’il arrive, vous ne pourrez pas vous retourner contre nous devant les tribunaux, nous dédouanant de toutes responsabilités en cas de problème de santé futur.

  • C’est… pas très rassurant tout ça pour être honnête.
  • Écouté, je comprends, mais ayez confiance, vous n’êtes pas le premier à servir de « cobaye », je déteste ce mot soit dit en passant, pour notre programme spécial. Personne n’a eu à se plaindre de nous, d’ailleurs vous ne nous connaissiez même pas avant notre prise de contact non ?
  • Non en effet mais si vos cobayes sont forcés au silence…
  • Y en a toujours pour se plaindre, ils s’en fichent d’avoir signé tel ou tel papier. Si on faisait quelque chose de dangereux, vous pouvez être sûr que vous en auriez entendu parler.
  • Oui…
  • Et d’ailleurs, nous ne l’avons pas mentionné dans nos mails mais si vous signez ces closes, votre paix passera à 2 000 €.
  • Ah !
  • Oui ! Ah j’adore vos têtes quand j’annonce cette info !
  • Effectivement…
  • Bon vous signez ou vous rentrez chez vous ? »

Je pris le stylo qu’il me tendait et, un peu anxieux, tremblant légèrement, j’apposai ma signature sur les différents documents.

« – Bien ! Bon cobaye ça ! Allez venez, on va commencer, suivez-moi ! »

Jaskiers

Une opportunité rêvée – Chapitre 2

Je descendais du bus après avoir pris le métro et changé deux fois de station. J’étais maintenant dans une banlieue limitrophe à la Capitale. Une banlieue… plutôt une sorte d’ancien secteur industriel désaffecté.

Je devais me rendre dans le seul bâtiment en bon état du secteur. Il n’était pas difficile à rater, c’était le seul peint d’un blanc immaculé avec d’imposantes fenêtres, qui semblaient tout juste installées. L’entrée était située sous un porche.

Selon les indications que j’avais reçues par mail, il me fallait sonner à l’interphone et dire mon nom. Ce que je fis.

Une voix robotique me répondit : « Fixer la caméra. Fixer la caméra. Fixer la caméra… » Elle n’arrêtait pas de réciter cela, je cherchais la caméra en levant la tête, pensant instinctivement qu’une caméra se devait d’être accrochée quelque part en hauteur mais je découvris qu’elle était insérée dans l’interphone.

Je fixais donc mes yeux sur la caméra, un buzz sonore retentit, le bruit se répercutant dans toute la zone, où peut-être était-ce dû à ce porche plutôt imposant.

La double porte vitrée de l’entrée s’ouvrît. Je rentrais. À ma droite était un guichet, où devait travailler les secrétaires à l’époque, mais pas de secrétaire derrière le bureau, non, mais une borne qui me demanda mon nom et de fixer la caméra, encore une fois.

Cela me prit une minute, j’eus le temps d’observer un peu l’intérieur de cette ancienne usine remise à neuf. Tout semblait avoir été repeint en blanc, sauf les portes, repeintes en noires. Le sol immense était carrelé et coloré en damier. Ce hall de réception était gigantesque, quelque chose me dérangeait, sûrement le fait d’être seul au milieu d’un si grand espace. En face de moi, de large et grandes fenêtres par où la lumière passait et se réverbérait contre les murs blancs immaculés. Il y avait des puissants néons produisant une vive lumière jaunâtre. Il fallait se rendre compte de la puissance de ces néons pour arriver à imposer leur lumière à l’immense espace déjà éclairé par la lumière du jour.

Le plafond était plutôt bas, je pensais, à raison, que cela signifiait que le bâtiment comportait plusieurs étages. Les murs latéraux comportaient bien au moins une dizaine de portes chacun, espacés symétriquement, et peintes de cet imposant noir de jais. Elles semblaient lourdes, blindées, leur poignée étaient massives. Et pas de petite fenêtres à ces portes, ce qui leur donnait un côté brute. Je constatais qu’il y avait, situé à côté de chacune de ces portes, une sorte, je présumais et encore avec raison, de lecteur de carte.

Je n’eus pas le temps pour cette première visite d’observer un peu plus cet étage car une des porte s’ouvrît brusquement, je ne pu voir laquelle car mon attention se fixa sur l’homme en blouse blanche qui approchait d’une démarche assurée et faisant raisonner chacun de ses pas dans le hall.

Jaskiers

Une opportunité rêvée – Chapitre 1

J’étais comme beaucoup d’étudiant, fauché. Rien de nouveau à ça, et comme beaucoup d’entre eux, il me fallait trouver un gagne-pain pour payer mon prêt étudiant et, surtout, pour régler mon loyer, mes factures et manger.

J’écumais les sites de recherches d’emplois, j’avais inscrit mon mail dans plusieurs de ces sites et je trouvais parfois des offres intéressantes, mais mes envoies de CV avec lettres de motivations restaient lettres mortes. Je commençais à me résigner, à me dire que finalement, travailler dans un fast-food, me bruler les doigts dans l’huile, rester coincé dans le réfrigérateur, et sentir la frite n’était pas si mal que ça, peut-être même n’aurai-je plus besoin d’aller à la Banque Alimentaire pour me nourrir. J’étais à un jour ou deux de craquer quand j’ai reçu un mail me proposant 1 800 euros pour juste une journée de travail par semaine. Et ce pendant un maximum de deux mois.

Gagner 1 800 euros en une journée, c’était incroyable, impensable presque. Trop beau pour être vrai, mais laissez-moi vous parler de ce « job ».

Cobaye pour une entreprise pharmaceutique.

Pas le droit de parler de ce que j’allais voir et vivre là-bas. Je ne « travaillerai » qu’un jour par semaine, l’étude ne durant que 2 mois, soit en tout, 8 jours de travail.

Le mail ne demandait rien de plus qu’une personne « relativement jeune et en bonne santé ». Je pense qu’à 20 ans, on est « relativement » jeune, et surtout, j’avais la santé.

J’ai donc envoyé ma candidature sur leur site, site des plus basiques, comme les vieux sites des années 2000. Le formulaire était aussi formel que n’importe quel autre sauf qu’il n’y avait pas besoin d’envoyer de CV ni de lettres de motivations. Je recevrai un deuxième mail pour savoir si j’étais pris dans 24h et aucun, si je n’étais pas sélectionné.

J’attendais patiemment en jouant sur ma console quand le bruit d’une notification mail m’avertit sur mon smartphone.

Même pas 5 heures après ma candidature, je recevais le mail de confirmation !

J’étais extatique ! Fini les fins de mois difficile pour quelque temps, je pourrai même mettre de côté une somme conséquente pour le remboursement de mon prêt étudiant.

Le mail m’indiquait, outre le fait que l’entreprise était très heureuse et impatiente de commencer à travailler avec moi, que je pourrai commencer le lendemain !

De fauché à 1 800 euros en une journée ! Nous étions en semaine, j’allai rater des classes mais je pouvais les rattraper grâce à nos classes « en lignes » qui permettait aux étudiants, qui rater des cours à cause de leur travail, de pouvoir rattraper un peu ce qu’ils avaient manqué.

J’avais juste à envoyer un mail à une autre adresse mail confirmant ma venue. Ce que je fis.

Je dormis peu, car j’étais légèrement angoissé. Bien sûr, « cobaye médical » ne semblait pas être nécessairement une partie de plaisir. J’avais peur des répercutions sur mon corps, le fait de ne pouvoir travailler, en tout et pour tout, seulement 8 jours m’inquiétait. Je présumais que ce que subirais en tant que cobaye n’était sûrement pas rien. Mais après tout, on ne crache pas sur 1 800 € en une seule journée quand le temps nous est compté et que nous sommes fauchés n’est-ce pas ?

Je pense avoir dormi peut-être 3 heures d’un sommeil agité. Mon inconscient m’envoyait des messages inquiétants. Mon corps et mon esprit avaient peur. Et ils avaient raisons. Peut-être est-ce cela « l’instinct », peut-être qu’après tout, nous avons tous ce pouvoir de sentir quand quelque chose ne va pas même si on ne le voit pas.

J’aurais dû m’écouter. Quoique, en y réfléchissant bien…

Jaskiers

The needle and the damage done

Ce texte fait un peu plus de 3 000 mots. Je n’ai pas trouvé judicieux de le diviser en chapitre. Je vous conseille de le lire à votre rythme.

Inspiré par le livre intitulé « Flash où le grand voyage » de Charles Duchaussois et par la chanson intitulée « The Needle and The Damage Done » de Neil Young : https://youtube.com/watch?v=Hd3oqvnDKQk

Flic dans une banlieue aisée d’Amérique, c’était mon job. Depuis tout petit, je rêvais de devenir policier.

Le badge, le pistolet, évidemment, l’uniforme et les collègues.

J’ai grandi dans cette banlieue, Mots-Bleue, j’ai eu la chance de pouvoir y travailler, je connaissais tout le monde, ou presque, et tous les recoins, pour sûr.

Cela s’avère une bonne chose pour un flic de connaître les moindres recoins de sa zone d’action, et ça l’est ! Mais connaître toutes les personnes est une autre pair de manche. En faite, c’était même une erreur.

J’écris ce témoignage pour exorciser l’histoire que j’apprête à partager. Peut-être servira-t-elle de leçon à un futur flic, ou à n’importe qui en faite.

J’ai donc grandi dans Mots-Bleues, une banlieue paisible de la classe moyenne américaine. J’ai, comme tous les jeunes, vécus à peu près tout ce qu’un jeune homme peut vivre, ou plutôt faire l’expérience.

Mes années primaire, collège et lycée se sont faites dans cette banlieue. J’ai fait les premières fêtes, premières petites amies, premières cuites, premières (et dernière) expérience avec la drogue, premier job, enfin tout ce qu’un jeune peut découvrir. Je suis partie quelque temps à l’université, qui franchement ne m’as pas vraiment réussis. Comme beaucoup d’étudiant. C’est le moment où l’on réalise parfois que nous ne sommes pas forcément faits pour les grandes études.

Toujours est-il que j’ai décidé de rentrer à l’académie de police, vieux rêve d’enfance, j’ai passé les examens, haut la main si je puis me permettre. J’étais vraiment dans mon univers. Plus que punir, protéger et parfois guider les citoyens, c’était cela mon truc.

J’ai réussi mes examens, finissant premier de ma promotion. J’eus donc l’opportunité de choisir où je voulais être stationné. J’ai choisi tout naturellement le commissariat de ma bourgade d’enfance. Mes mentors m’ont dit à quel point mon potentiel serait gâché à faire le policier dans un quartier sans grands problèmes. New-York, Los Angeles, Chicago, c’était là-bas que mes talents seraient le plus utiles. Mais je répondis que c’était un petit tour d’essai, j’avais envie de protéger ma communauté, de faire mes premières armes dans mon fief.

J’ai commencé ma carrière officielle de sergent à Mots-Bleus.

J’y ai rencontré un vieux policier qui m’avait arrêté durant mon adolescence avec un joint à la main. Il rigola tellement fort quand il m’a vu arriver, tiré à quatre épingles. Il a tout de suite arrêté quand il a vu que j’étais plus gradé que lui. C’était sa dernière année en tant que flics, je le tenais en grand respect. À l’époque où il me chopa le joint à la main, il le confisqua et me fit jurer de ne plus recommencer. S’il m’avait amené au poste et déclaré mon méfait, cela aurait pu nuire à mon futur et à mes parents. Il me le fit bien comprendre en me gueulant dessus. Je n’avais plus recommencé et maintenant, peut-être un peu grâce à lui, j’étais officier de police.

Je lui demandais de me montrer un peu les locaux, propres, mais pauvrement équipés, au final, le crime ici n’était vraiment pas monnaie courante. Il me fit un topo sur les cas que je rencontrerai dans cette banlieue. Souvent des groupes de jeunes, fumant de la marijuana, parfois de la drogue plus dure, cocaïne, extasie, amphétamine, mais cela restait rare. Je lui demandais où ces jeunes se fournissaient.

Il s’avérait qu’à environ 30 km d’ici, dans la ville la plus proche, Seattle, la drogue tournait à plein régime, pas vraiment de gang, mais tout se passait dans « l’underground ». C’était difficile de suivre le circuit de la drogue car il n’était pas organisé dans notre petite banlieue par les gangs mais des particuliers qui, de temps en temps, faisaient tourner leur petit business puis arrêtaient dès qu’ils en avaient assez ou se sentaient menacés.

Les cambriolages, qui se déroulaient surtout l’été, les disputes familiales qui pouvaient vite tourner aux drames étaient les cas d’interventions les plus fréquents. Chaque foyer, ou presque, avait un calibre ou deux par personne. C’est l’Amérique après tout.

Et puis, parfois, des problèmes liés à la drogue, overdose principalement. La drogue tournait comme partout ici, même si tout cela restaient relativement discrets et ne concernaient qu’une partie de la population, les adolescents et jeunes adultes

Il fallait surtout jouer le diplomate plus que le cow-boy, éviter de faire trop de vague, la réputation de la petite banlieue tranquille était la priorité.

C’est ce qui me poussa à la faute.

Après quelques bonnes années de service agréables , un événement changea tout dans ma vie. J’en ai honte et cela reste dur à avaler. J’ai fauté.

Durant une de mes patrouilles, je repérais un jeune homme blond, grand et athlétique, fumant un joint juste derrière le lycée.

Je m’arrêtai à quelque mètres de lui, pour lui faire penser que je ne l’avais pas vu. Mais je descendis promptement, il se retourna, prêt à détaler.

« – Arrête-toi là gamin ! Pas la peine de courir, je ne vais pas te mettre les bracelets tranquille, je veux juste te parler. »

À demi rassuré, il resta sur place, me fixant du regard, le regard de notre vieux côté reptilien qui consiste à fixer une personne que nous considérons comme un danger.

« – T’inquiète promis, je veux juste te parler.

  • De quoi ?
  • Tu le sais très bien.
  • Non non.
  • Tu fumais quoi à l’instant ?
  • Une clope.
  • Évidemment, ils font les cigarettes saveur cannabis maintenant ? »

Il jeta son joint, l’écrasa du pied.

« – Tu sais, je pourrai t’emmener faire un tour au poste pour un dépistage, pas besoin d’effacer les preuves. »

Je le vis encore inquiet.

« – Tu t’appelles comment ?

  • Corey.
  • Et ton nom de famille ?
  • Torcezk.
  • Torcezk ! Mais je connais sûrement ton père. Il ne s’appellerait pas Will ton paternel ? »

Il ouvrit de grand yeux.

« – Bah si.

  • J’étais avec lui au lycée, au même lycée que le tient, celui-là. Lui dis-je en lui montrant le bâtiment derrière lui.
  • Ah ouais ?
  • Ouais ! Tu veux que j’te dise un secret ?
  • Allez-y…
  • J’ai fumé mon seul et unique joint avec ton vieux père ! »

Son visage s’illumina.

« – Hey oui gamin ! On n’était pas des saints non plus quand on était jeune. Je me rappelle, il t’a eu très jeune d’ailleurs. Il était pétrifié à l’idée d’être déjà père !

  • Mon père y fumait des joints ?
  • Moi j’en ai fumé qu’un seul de toute ma vie, c’était avec lui. Je sais qu’il a vite arrêté quand son vieux père l’a appris et quand il a appris qu’il allait devenir papa.
  • C’est fou.
  • La vie est un éternel recommencement, n’est-ce pas ?
  • P’tetre mais je n’aurai jamais pensé qu’un flic me parlerait d’un truc comme ça !
  • Ah ! On n’est pas là pour sanctionner et punir tout le temps. On est tranquille ici.
  • Ouai…
  • Dis gamin, tu fumes beaucoup ?
  • Non…
  • Dis-moi la vérité sérieusement.
  • Vous allez tout dire à mon père…
  • Non, ça reste entre toi et moi, tu fumes beaucoup ?
  • Ça m’arrive. Je vais être honnête, ça m’aide à me détendre.
  • Bah, c’est un peu le but non ?
  • Et puis… les cours, les examens, l’université, à la maison, il y a quelques soucis…
  • Je comprends. Sérieusement, on passe tous par là gamin. Je voudrais qu’on fasse un marché d’accord ?
  • Ouai… enfin ça dépend.
  • Je te pose le deal sur la table, tu acceptes ou pas.
  • Allez-y balancez.
  • Tu promets d’arrêter de fumer des joints et je ne dirai rien à ton paternel, à personne. Sinon… je vais devoir t’emmener au poste, remplir de la paperasse avec tes méfaits. Ce ne sera pas bon pour l’université et ça n’arrangerait rien à la maison. On a un deal ?
  • Ouai… ouai. J’suis désolé.
  • T’as pas à être désolé. Pas envers moi, mais envers toi. C’est à toi que tu fais du mal principalement.
  • Ouai j’sais…
  • Il y a encore un psy au lycée ?
  • Ouai… mais c’est la honte quoi.
  • Il y a aucune honte à demander de l’aide. Imagine, tu as une cheville foulée. Tu va voir le médecin et tu marches avec une béquille jusqu’à ce que tu ailles mieux. C’est pareil avec un psy, ce sera ta béquille jusqu’à ce que les choses s’arrangent d’accord ?
  • Ouai. Promis j’arrête la fumette, je ne promet rien pour la psy.
  • D’accord, on a un deal.
  • Ok…
  • Allez gamin, ne ruine pas ton futur. »

Je répartis, le sourire aux lèvres. Je pensais avoir fais le nécessaire pour éviter à ce gamin une vie de débauche et tout ce qui s’en suit.

J’étais jeune, naïf, je pensais que tous les jeunes pensaient comme moi quand j’avais leur âge.

Durant mes rondes, je ne croisais plus le jeune homme, j’espérais qu’il avait compris la leçon.

J’avais plus ou moins réussis à créer des relations avec les habitants, les anciens et les nouveaux. Renouer des liens avec les premiers était simple, j’étais un gars du pays, partit pour revenir policier. J’avais le droit à quelques railleries de bonne guerre. Pour les nouveaux, l’exercice était un peu plus difficile. Il me fallait me montrer ferme, mais aussi amical, j’étais là pour les aider et pas nécessairement pour punir.

J’appris un jour de la bouche d’une ancienne petite amie, maintenant marié avec un enfant, que Will Torczek avait des soucis avec son fils Corey. Le père ayant divorcé de la mère, Corey ne supportait pas sa belle-mère et passait son temps dehors à « faire des choses pas très très légales ».

Je fus peiné d’entendre cela et je me sentais coupable. Peut-être aurai-je dû avertir au moins son père, ou peut-être que cela aurait empiré les choses, mais j’avais manqué à mon devoir, protéger les citoyens que j’avais sous ma responsabilité.

Un jour, je décidais de m’arrêter devant la maison de Will. Il avait bien réussi sa vie, sa maison était belle, un grand jardin, une petite fontaine, quelques belles statues, une maison à étage avec un balcon.

Tandis que j’hésitais encore sur la marche à suivre, Je vis Will sortir en trombe par la porte d’entrer et se précipiter vers moi. Je descendis immédiatement de ma voiture.

« – Qu’est-ce qu’il a fait ?

  • Will… enfin Monsieur Torczeck, qu’est-ce qui se passe ?
  • Vous avez trouvé mon gamin ?
  • Corey ?
  • Oui !
  • Non… désolé. Il…
  • Ça fait deux jours qu’il n’est pas rentré !
  • Deux jours ?! Vous pensiez nous avertir quand ?
  • Je pensais que c’était encore une de ses fugues !
  • Il fugue souvent ?
  • Pas mal ces temps-ci oui.
  • Et combien de temps dure ses fugues ?
  • Pas plus d’une journée…
  • Montez avec moi, il faut faire un signalement au poste, il est encore mineur, c’est grave.
  • Nan nan, j’veux pas qu’on… vous voyez, que ça s’ébruite. Si les flics si mettent, je vais avoir l’air de quoi moi ?
  • Et si votre gamin est retrouvé mort de froid au bord de la route, vous aurez l’air de quoi ?
  • Hey ! Ce n’est pas un flic qui va m’apprendre à m’occuper de mon gamin. J’ai pas besoin de vous, j’vais le retrouver tout seul !
  • J’entends… mais… tu te rappelles de moi Will ?
  • De quoi… putain oui votre tronche me dit quelque chose.
  • Arthur C. Lark.
  • Oui… mais attends ! Mais oui ! Arthur la biture !
  • Oui, c’est moi Will l’anguille !
  • Putain de merde !
  • Ça tu l’as dit !
  • T’es devenu un poulet toi !
  • La vie est pleine de surprise non ?
  • Ça tu peux le dire…
  • Je vois que pour toi les affaires marchent bien ?
  • J’ai repris l’entreprise de paysagiste de mon père, tu sais, les petits banlieusards fortunés aiment à avoir leur gazon bien tondu !
  • Ça, on dirait bien.
  • Putain, désolé de t’avoir parlé comme ça.
  • Tu sais… j’ai vu Corey il y a deux mois de ça environ.
  • Putain il a fait une connerie ?
  • Je l’ai coincé en train de fumer un joint…
  • Oh le petit enfoiré !
  • J’lui ai fait la leçon, je voulais surtout pas l’amener au poste et tu vois… son avenir, la réputation comme tu as dit tout à l’heure…
  • Merci, merci. Oh merde…
  • Il se passe des trucs à la maison ?
  • On dit quoi dans le patelin sur moi ?
  • On dit… enfin Corey me l’a dit aussi, que depuis ton divorce, les relations avec ton fils et ta nouvelle compagne ne sont pas très bonnes.
  • Ça oui… il supportait pas de vivre avec sa conne de mère, il a décidé de vivre avec moi. J’ai rencontré Jennifer, bonne fille, secrétaire de direction, mais le courant passe pas entre elle et le gamin.
  • T’as remarqué un changement dans son comportement… genre…
  • Il a l’air déconnecté tu vois ? Il revenait les yeux rouges depuis quelques mois, je savais qu’il fumait, mais tous les jeunes fument tu vois, et là il commençait à plus manger, pas autant qu’avant. Tu vois on a un beau soleil et tout et il avait toujours ses pulls à manches longues… il a maigrit. Y’a un truc qui va plus avec lui depuis quelque temps.
  • Écoute Will, c’est le flic et aussi l’ancien ami qui te parle, je te conseille de venir au poste et de faire un signalement de disparition. Il est mineur encore non ?
  • 18 ans dans pas longtemps…
  • Oui, donc il est mineur, les patrouilles auront sont signalements et on le retrouvera bien.
  • Mais ça va s’ébruiter ?
  • Sûrement, mais s’il est vraiment en danger, mieux vaux que le plus de personnes possibles sachent non ?
  • Ouai… vas-y je te suis. Vieux Will va ! »

Will Torczeck m’a suivis jusqu’au poste, nous avons fait une déclaration de disparition. Son signalement à, comme je l’avais prédit à Will, était donné à tout les autres postes de polices du comté. Et même de l’état quand sa disparition dépassa les quatre mois.

Chaque jour, Will passait au poste pour nous demander si nous avions du nouveau et téléphonait le soir au cas où nous aurions eu des pistes dans la journée. Durant ces mois de torture, Will dépérissait à vue d’œil, il pleurait parfois quand il venait à mon bureau.

Aucune information, rien ne nous était parvenue concernant ne serait-ce qu’une suspicion ou un signalement erroné. Le gamin avait disparu sans que personne l’aie aperçu.

Je décidais un jour d’aller faire un tour à Seattle. J’avais besoin de jeter un coup d’œil à la situation là-bas, sur la criminalité et les réseaux de drogues.

En arrivant au poste de Seattle, un collègue policier m’interpella :

« – C’est vous l’officier qui vous occupez de la disparition d’un gamin de Mots-Bleus ?

  • Oui, je suis en charge de l’affaire.
  • Je crois avoir vu votre gamin dans un squat de camé.
  • Vous croyez ou vous en êtes sur ?
  • Ça je ne peux pas en être sûr, mais le gamin que j’ai vu ressemblait un peu à son signalement.
  • D’accord donnez-moi l’adresse. Je vous remercie.
  • Je ne suis pas sûr que vous aurez vraiment envie de me remercier…
  • C’est-à-dire ?
  • Bah… le gamin, si s’est lui… c’est vraiment plus qu’une brindille. Il n’a plus rien sur les os.
  • Merde… écoutez… merci quand même.
  • J’ai voulu envoyer un message pour vous signaler ma suspicion…
  • Pourquoi ne l’avez-vous pas fais ?
  • Rien de sûr et puis c’est pas facile de vous joindre, vous n’êtes pas aux normes niveau technologie…
  • Ouai… enfin tout de même, un coup de téléphone c’est rien. C’est plutôt une histoire de rivalité, de subvention à la noix qui gâche notre coopération. C’était il y a longtemps ?
  • Je dirais… deux bonnes semaines oui.
  • Deux semaines !
  • Oui. J’espère pour vous que ce n’est pas lui, car il était dans un état lamentable.
  • Et vous n’aidez pas ces gens ?
  • À quoi bon ? Vous les amenez en détox, la plupart se barrent avant la fin, ou il n’y a aucune institution ni associations ayant les moyens de les aider.
  • Donc, vous les laissez crever comme des chiens.
  • On fais ce qu’on peut sergent.
  • Oui, je me doute. Toujours une question de moyens et d’argent. La prochaine fois, prêtez mains-forte aux collègues des petits comtés. Au revoir. »

L’agent m’avait noté l’adresse sur un bout de papier, j’entrais les coordonnées sur mon gps.

Je m’arrêtai quelques rues avant, pour ne pas attirer de suspicions. La drogue rend paranoïaque, je ne voulais pas faire fuir Corey ou des gens qui le connaissaient. J’avais aussi troqué ma tenue d’officier pour des habits civils tout en gardant mon calibre et ma radio bien planquée dans un sac à bandoulière. Juste au cas où.

J’approchais de la rue en question. Le Skid-Row de Seattle. Des toiles de tentes de sans-abris, des cadis, des déchets partout, des hommes et femmes, certains dans un état catatoniques, ne bougeant pas, comme figés, fixant devant eux le néant.

Je marchais aussi rapidement que possible jusqu’aux squats de drogué que l’on m’avait indiqué. Un bâtiment délabré, j’y entrais comme ci je connaissais les lieux, meilleurs moyens de passer sans avoir l’air suspect.

L’intérieur du bâtiment était à l’image de l’extérieur. En un mot, délabré. Aucun papier-peint, des trous dans les murs et dans le sol, toutes les vitres éclatées, certaines bouchées par des vieux journaux, on pouvait, juste en levant la tête, voir ce qui se passait à l’étage supérieur. Des déchets partout, canettes de bières, mégots de cigarettes, seringues, cuillères, briquets, réchauds, des tables démontées, des chaises en morceau, des bouts de vitres éparpillés sur le sol. De la moisissure sur tous les murs. Des tuyaux arrachés, des magazines, de vieux draps et matelas de camping éviscérés.

Dois-je vraiment d’écrire l’odeur ? Je ne pense pas, aucun mots pour décrire une odeur pareille.

Je visitais les étages, jetant un coup d’œil à chaque junkie allongé en faisant attention de ne pas tomber dans un trou et finir à l’étage inférieur. J’étais extrêmement tendu. Certains drogués m’interpellaient pour me demander de l’argent ou de la drogue, un me proposa même de la marijuana. Une femme se jeta sur moi et proposa de m’offrir son corps pour 5 dollars. Je n’avais qu’une hâte, sortir, mais arrivé à l’avant-dernier étage, je vis un corps, allongé, les cheveux blonds m’attirèrent, je savais que c’était Corey.

Quand je m’approchai, il était inerte. La vision de ce gamin est de celle que je n’oublierai jamais.

On aurait dit le Christ. Le Christ, les cheveux longs, blonds, gras et sales, une barbe fournie. Il était torse nu. Ses côtes étaient saillantes, ainsi que ses pommettes. On pouvait voir chaque os de son corps. Mais il avait le visage du Christ.

J’essayais de le réveiller. Il ouvrit ses yeux bleus pâle et fit un petit sourire. Avec le recul aujourd’hui, je comprends cette chose qu’il avait dans le regard à ce moment-là, il savait qu’il allait mourir à cet instant.

J’ai faits des formations pour reconnaître et aider les personnes addicts à la drogue dure. les gestes de premiers secours, qui étaient là presque inutiles, me vinrent en tête mais je décidai d’appeler d’abord une ambulance à la radio. Il avait tenu jusqu’ici pour que son père sache ce qu’il lui était arrivé. Il avait atteint le point de non-retour, il avait décidé que c’était la fin. C’était peine perdue mais je pensais qu’il avait encore une chance. Tant qu’il y a de la vie…

Je le redressais, le regarda dans les yeux, je sentis ses épaules et ses bras bouger. Je répondais à ma radio qui me demandait mon identification et de plus amples informations sur la situation quand le jeune martyr bougea. Je pensais qu’il allait m’enlacer, mais je vis qu’il avait une seringue plantée dans son pieds. Les gros addicts n’ont souvent plus de veine au bras, ils se piquent là où ils peuvent trouver la moindre nervure.

Je n’eus pas le temps de réagir, je n’ai pas compris tout de suite ce qu’il faisait à son pied tellement le sol était crasseux et jonché de débris, je réalisai au dernier moment qu’il avait poussé le piston d’une seringue. Il souriait. Je le pris dans mes bras, et je le sentis partir à jamais.

Tout c’est déroulé dans un calme, un silence absolu.

Après l’enterrement de Corey, je déposais ma démission des forces de Police. J’ai décidé de reprendre mes études pour devenir psychologue.

Jamais je ne me pardonnerai d’avoir laissé Corey aller à sa mort. Will et moi avons gardé contact, nous sommes redevenus des amis comme durant notre adolescence. Mais pas de reproches entre nous deux, nous avons tous les deux fauté envers le jeune Corey. Moi en tant que flic et lui en tant que père. J’ai ma part de responsabilité, comme tous ceux qui l’ont connus. Mais la mienne, de responsabilité, était peut-être la plus importante. Protéger et servir… je n’ai fait aucun des deux.

J’ai gardé mon arme de service, souvent, des idées noires m’assaillent. Je mérite peut-être de rejoindre Corey.

Jaskiers

My Goodbye to Jim Morrison | The Selected Works of Jim Morrison [Cloud Words Article]

Je dédie cet article à ma chère Pandora. Tu sais mon admiration pour toi et je sais ton dédain pour les compliments. Accepte celui-ci, si être « admirée » par ma petite personne est un compliment.

Tous les mots et photos proviennent du livre.

Prologue by Anne

« Money is freedom »

« The Pony Express »

Automatic writing

never happened

« Horse Latitudes »

left school, for dumb reason

was wise

lost notebook

hypnotized or taking sodium pentothal

Been free.

Lizard

Is everybody in ? (Repeated 3 times)

The ceremony is about to begin.

Once I had a little game

I liked to crawl back into my brain

I think you know the game I mean

I mean the game called ‘go insane’

Forget the world, forget the people

Wait !

There’s been a slaughter here.

(siren)

Run, run, run

Let’s run

« I am the Lizard King

I can do anything

(cries of assent)

all labor is a lie;

I want obedience !

I confess

To the poet

Snake-wreaths & pleasures.

She fell.

They killed him.

A shot-gun blast

Air

More of your miracles

More of your magic arms

The elaborate sun implies

Dust, knives, voices.

Call out of the Wilderness

Do you want us that way with the rest ?

Do you adore us ?

Fall down.

Boys are running.

Girls are screaming, falling.

Lizard woman

Venom

A forest.

Now for the valley

Take her home.

A pair of Wings.

Sirens

Saints

The warm aquarium, warm

Doesn’t the ground swallow me

« See Naples & die. »

& death

in the avid summer.

Savage destiny

explore the labyrinth

Sisters of the unicorn, dance

changes

Find her !

Female prophet

Music renews.

‘Salvation’

Bells

Walking to the riot

running

Mercy pack

Nailed to a ghost

Stranger, traveller,

Camel caravans bear

Terrible shouts start

in the mind

Surreptitiously

Leave her !

Cancer city

Summer sadness

Stop the car

The gods of mourning

we march toward the sea

Catalog of Horrors

« You got a cool machine »

from a tired land

island, & is gone.

will be dark

Trench mouth

to the killing.

The artists of Hell

the terrible landscape

the slaughtered wind

I am ghost killer

the death of all joy

potency

you will fry

You are alone

who made you man

Photo-booth killer

Kill hate

Kill photo mother murder tree

The beautiful monster

Menstrual fur

My son will not die in the war

consult the oracle

Mantra mate

the poison

the time-bomb free

The new man, time-soldier

this could be fun

to rule a wasteland

text of the unforgiven

but all will pass

is in love

on Vision

the religion of possession

(Windows work two ways,

mirrors one way.)

Into our chamber.

Read love vocabulary

Does the theatre keep out light, or keep on darkness ?

Modern life is a journey by car.

You cannot touch these phantoms.

Film spectators are quiet vampires.

to rival the real.

She said « Your eyes are always black. »

We all live in the city.

The spectator is a dying animal.

defining our world in its percussions.

Our lives are lived for us.

Door of passage to the other side,

The soul frees itself in stride.

(I touched her tigh

& death smiled)

give us and hour of magic

Artist as moral catalyst

I wish clean death would come

Writing helps you think

Crystallize a trip & memories

the moon became a woman’s face.

France is 1st,

Your image of me

my image of you

The Studio is a dark church

The cigarette burned my fingertips

My eyes took a trip to dig the chick

Lamerica

Black horse hooves galloping sun

– – Time does not exist.

There is no time.

– – Time is a straight plantation

He follows a woman into the firmament

There’s a whole realm I mustn’t tell

Please death be the end

to disarm them smile at our failure

These days are coming to an end

This time come in me like an astronaut

Send snakes in my orbit

« He had to »

Flowers & lights.

The Love Police

The walls screamed poetry disease & sex

They send me books

Times change, damaged

Will warm names & faces come again

Acid had tried to make a mystic out of me

Men holding hands.

Ceremonies, theatre, dances

to reassert tribal needs & memories

As the body is ravaged

the body grow stronger.

The Politics of ecstasy are real

Well, I been down so very damn long

That it look up to me

Well she feels like dying

But she’s only 21

She’s not alone man

She’s not the only one.

We create

the dawn

This is the end

Beautiful friend.

Jaskiers