Dante’s Dusty Roads – Chapitre 18

La mauvaise réputation des toilettes de stations-services.

Petite bâtisse blanche, ou presque, de plein pied, la porte, d’un vert fatigué, était taguée et montrait des signes alarmant d’usures. Elle grinça à l’entrée de l’écrivain.
Un tout petit hall d’entrée avec des lavabos sur le mur faisant face à la porte. Une porte de chaque côté, à gauche les femmes, les hommes à droite.

Dante Rand rentra dans la section des hommes et constata qu’il n’y avait pas de toilettes, mais seulement des urinoirs. Rien pour pouvoir se déshabiller sans être vue. Les WC étaient déserts. Il ne perdit pas de temps, se déshabilla, changea son pantalon, enleva ses chaussures et ses chaussettes en réalisant qu’il avait oublié d’en racheter une autre paire. Il n’aimait pas vraiment déambuler sans chaussettes. Depuis tout petit il avait besoin de les avoir aux pieds. Il enfila sa nouvelle paire de chaussures à la couleur rouge presque aveuglante. Le genre Skechers qu’utilisent les personnes âgées pour rester cool et actif.

Il en profita pour uriner, quand le deuxième appel de la nature se rappela à lui. Il allait devoir essayer les toilettes des femmes pour la grosse commission.

Il passa le couloir et rentra dans les toilettes des femmes, qui possédait des cabines. Dante poussa un soupir de soulagement, s’engouffra dans l’une d’elle et fit ce que la nature lui demandait. Une fois la chasse d’eau tirée, il sortit de la cabine et se retrouva nez à nez avec sa fan tenancière de station-service.

« – Hey bien re-re-bonjour monsieur Rand !

– C’est très gênant je voulais juste des toilettes pour vous savez…

– Oui les toilettes des hommes n’ont que des urinoirs. Que voulez-vous, les hommes ici tiennent chèrement à leurs masculinités.

– Hey bien je ne sais pas comment leurs masculinités leur permet de couler un bronze dans ces urinoirs. Ça doit-être une sacré gymnastique. Limite de l’art pour viser dans le trou !

– Quel poète vous feriez !

– La poésie vous mange dans les mains dans les moments les plus atypiques !

– Je vois ça !

– Bon, je vais pas m’éterniser, je vous remercie encore.

– Pour ?

– Pour votre sympathie et votre compréhension, l’Oklahoma a été jusqu’ici une sacrée épreuve, un chemin de croix, une descente aux enfers, et il me reste encore de la route.

– Vous m’envoyez enchantée et aussi désolé pour votre mauvaise expérience du pays. Bonne route et faite attention à vous !

– Encore merci ! »

L’auteur sortit en trottinant. Il rougissait, légèrement gêné et honteux. Mais quand dame nature appelle, on avise.

Il grimpa dans sa voiture, arrêté au stop de la sortie de la station à essence, il s’alluma une cigarette.

Une voiture de police fit entendre ses sirènes juste devant lui.

Jaskiers

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Dante’s Dusty Roads – Chapitre 10

Tout le long de la route pour Enid, il n’avait été dérangé par personne. C’était presque bizarre. Tout comme il pouvait deviner au premier regard la personnalité d’une personne par son look, il sentait quand quelque chose allé mal tourner. Pessimisme névrotique ou déformation professionnelle ? Après tout, il était écrivain d’épouvante.

Les choses doivent aller bien, juste bien… quand elles vont trop bien, il y a anguille sous roche.

Arrivé à Enid, il s’arrêta à une station essence, la jauge lorgnait dangereusement sur la réserve, il appréhendait déjà sa prochaine rencontre avec le pompiste.

Il gara sa voiture et attendit l’employée, une dame ronde au visage renfrogné s’approcha.

J’ai tiré le jackpot. Ça y est, qu’est ce qu’on me réserve maintenant ? Oh Oklahoma, tu auras ma peau !

Il baissa sa vitre, s’arma mentalement.

Inspire, expire.

« – Prenez quoi ? Dit la dame sans aucune tonalité dans la voix.

  • – Sans-plomb 95.
  • – Sans-plomb 95 pour le monsieur.
  • – Merci.
  • – Y’a pas d’soucis ici. J’vous fais le plein ?
  • – Oui, ça serait parfait, merci.
  • – Z’avez une sale tête si j’puis dire. »

Et ça commence

Il pensait que ne pas répondre était la meilleure solution pour ne plus s’attirer d’ennuis.

« – Mauvaise journée vous aussi ? » Demanda la dame.

Si vous saviez. Et j’ai le sentiment que vous allez l’empirer.

« – Z’avez perdu vot’ langue ? »

Il ne répondit toujours pas, jeta un coup d’œil au compteur de la pompe à essence, espérant qu’elle comprenne le message.

« – C’est chérot en c’moment l’essence hein ? »

Il posa son coude sur le rebord de la fenêtre et posa sa tête sur sa main, lui tournant le dos, peut-être comprendra-t-elle le message.

« – Vous les yankees, z’avez aucune éducation. Toujours pressé, de mauvaises humeur, comme ces lâches de français, ces socialistes de merde ! »

Rand, pour une raison inconnue, réalisa que les les américains, ces américains comme cette dame, pouvait s’acheter une arme à feu au supermarché du coin aussi facilement qu’acheter une bouteille d’eau. Pas étonnant que le pays semblait redevenir le Wild Wild West dernièrement, quand des personnes de ce calibre pouvait s’acheter librement des engins de mort.

« – Bon v’la, fini. 60 dollars, oubliez pas l’pourboire. »

Tom sortit les billets, rajoutant 5 dollars de pourboire. Le tendit à la femme.

« – 5 balles ? Et tu conduis une Mercedes j’te rappelle ! Radin ! »

Il ne prit même pas le temps de fermer la fenêtre et démarra.

Suffit juste de ne pas parler. Le minimum syndical, et encore ! Plus tu leur donnes de l’intention, plus il t’en consume, plus tu te consume, plus ils prennent l’avantage et plus ça risque de tourner au vinaigre. Le silence semble fonctionner, pendant un certain temps, car frustrés de ne pas avoir de réponses, ils prennent votre silence pour du mépris. Et ça non plus, ils n’aiment pas. Qui aime être méprisé après tout ?

Il fallait trouver autre chose. La compassion ?

Sûrement pas !

Jaskiers