Dante’s Dusty Roads – Chapitre 17

« – Re-bonjour monsieur ! Tout va bien ?

– Bonjour. En fait, je me suis déversé un peu d’essence sur les chaussures et le pantalon, et je me demandai si vous vendiez une paire des vêtements.

– Oui, bien sûr…Dites, je peux vous poser une question ?

– Oui…

– Vous êtes l’écrivain là ? Elle pointa du doigt un magazine littéraire, ou son visage était placardé dans un petit encart avec comme titre : « Découvrez le nouveau maître de l’épouvante ! »

– Oui, c’est bien moi.

– Ah ! C’est sympa de savoir qu’un écrivain est dans les parages !

– Pas pour longtemps, je repars immédiatement.

– Pour aller où ?

– Je… je vais rendre visite à un vieux professeur, pour le remercier de m’avoir encouragé à continuer à écrire.

– Oh c’est beau ça, même dans le succès, vous n’oubliez pas d’où vous venez. Vous êtes natif de l’Oklahoma ?

– Non, du tout. Je suis juste resté en contact avec lui. Après tout ce succès, il faut essayer de rester terre-à-terre, et rien de tel qu’un petit retour aux sources.

– Comme Anval.

– Pardon ?

– Anval Thorgenson ? Votre meurtrier sociopathe !

– Ah ! Oui pardon. C’est toujours bizarre quand les gens me parlent de mes personnages comme des vrais gens.

– J’aurai tellement de questions à vous poser ! Mais vous n’êtes pas là pour ça. À vue d’œil, je pense que vous faite du 42 en pointure de chaussure ?

– Vous avez bon œil !

– L’expérience.

– La meilleure des qualités !

– Comme Omar.

– Par… Ah, Omar le flic au bout du rouleau, oui.

– J’adore ce personnage. À quelques jours de la retraite et il doit se coltiner un tueur en série !

– Oui, j’ai pris beaucoup de plaisir à écrire ce personnage complexe.

– De qui vous êtes vous inspiré ?

– De mon grand-père, principalement.

– Toujours une source solide nos grands-parents.

– C’est vrai !

– Il s’est reconnu ?

– Il n’est plus de ce monde.

– Mes condoléances, je suis désolé.

– C’est pas grave, vous ne pouviez pas savoir.

– Et pour Anval, de qui vous êtes vous inspiré ?

– Simple, imaginez un supporter de Trump, ajouter à cela l’amour des armes à feu, du sexisme, pas mal de xénophobie, mélanger le tout avec l’idéologie suprémaciste blanche et la mythologie nordique, et voilà !

– Fascinant ! Vous avez eu beaucoup de mauvaises critiques de la part de groupuscules d’extrême droite. Vous avez pas peur ?

– Non j’ai reçu des menaces de morts, mais on m’avait dit qu’il fallait s’y attendre. Et emmerder des racistes, c’est un plaisir. Être mal vu par l’extrême-droite, c’est un compliment.

– Les menaces ! La rançon du succès !

– Il faut croire.

– Un nouveau livre en route ?

– En route… oui, on pourrait dire ça.

– Ah ! Un petit avant-goût ?

– Il commence juste, je laisse mes personnages et leurs actions me guider ,donc je n’en sais quasiment pas plus que vous.

– La méthode Stephen King !

– Exactement !

– On sent l’influence de son univers sur le vôtre.

– Ça, je l’assume.

– Et ça marche !

– Merci beaucoup ! »

Elle sortit un exemplaire poche de « Personne n’est en danger ».

« -Est-ce que vous pourriez me signer mon exemplaire.

– Oui bien sûr ! Je vous mets un petit mot ?

– Avec plaisir ! »

Il signa son livre, y apposa un petit mot gentil, puis lui tendit le livre. Pour une fois depuis son entrée dans l’Olkahoma, il pouvait avoir une discussion normale avec un autre humain, en plus, sur un sujet qui le passionnait. Il avait presque envie de rester, mais la crainte que la situation ne se retourne contre lui, d’une manière ou d’une autre, le rappela à l’ordre.

« -Désolé, est-ce que vous avez un jean ?

– Oh oui, désolé, je vous l’apporte.

– N’oubliais pas la paire de chaussures s’il vous plaît. »

Elle revint avec un jean bleu foncé, plutôt élégant étant donné qu’il venait d’un magasin de station essence, et des chaussures couleurs rouge sang. Dante réprima une moue de dégoût à la vue des ces dernières.

« – Il vous plaît le jean ? Je crois que c’est la bonne taille. Pour les chaussures, je sais, elles ont l’air un peu funkie, mais c’est les seules potables que j’ai. Pour le jean, j’ai pris une taille L, retroussez-le, si jamais il est trop grand.

– D’accord, parfait, merci beaucoup.

– Vous voulez vous changer ici ?

– Si possible.

– Les toilettes sont à droite à la sortie, dans la petite bâtisse grise avec une porte verte.

– Je vous remercie ! Combien je vous dois ?

– Oh rien ! Offert par la maison !

– Non, je ne peux pas accepter.

– Mais j’insiste ! C’est bien la première fois que je vois un écrivain ici, autant prendre soin de lui !

– C’est très gentil mais ça me gêne. »

Rand sortit 100 dollars qu’il posa sur le comptoir.

« – Vraiment Monsieur Rand, pas besoin de ça, c’est un cadeau !

– Considérez cela comme un pourboire ! »

L’auteur sortit en vitesse et courut en direction des toilettes. Angoissant à l’avance de ce qui se pourrait se passer dans cet endroit, toujours étrange et glauque, que peuvent être les toilettes d’une station-service en bord de route.

Jaskiers

Publicité

Dante’s Dusty Roads – Chapitre 9

Il sorta en trombe de la ville.

Entre colère et peur, il essaya de ne penser qu’à sa destination. Là bas, à Forgan, dans son ranch, il allait enfin pouvoir se défouler, sortir ses démons et ses frustrations, ses sentiments enfouis, ses fantasmes, grâce à l’écriture. Quitte à ce que son prochain roman ne soit pas un récit d’horreur fantastique mais un récit d’horreur tout court, ancré dans la vraie vie.

Oui, pensait-il en lui-même, peut-être que ça surprendra mes lecteurs mais, ce qu’il a de plus effrayant dans la vie, c’est la réalité.

Une fois prit la bretelle d’autoroute, il partit en direction de Tulsa, prochaine étape de son périple. Il y avait encore quelques miles à engloutir avant d’arriver à Forgan, et ils semblaient interminables. Dante décida de mettre le pied au plancher, plus vite arrivée, mieux ce serait.

Après une dizaine de minutes d’une conduite à vive allure, des lumières rouges et bleus firent leurs apparitions dans son rétro ainsi qu’un bruit strident.

Manquait plus que la flicaille, merde !

« – Ranger vous sur le côté immédiatement ! Immédiatement ! »

Le haut-parleur ? Carrément ? Les lumières et les coups de sirène n’étaient pas suffisants ? Un cow-boy ! J’en suis sûr !

Rand mit son clignotant à droite, ralentissant pour s’arrêter sur la bande d’urgence. Pas besoin de faire l’innocent, il avait roulé comme un malade.

Donnes moi ton amende, je te paie immédiatement et je me casse.

Les ‘bouseux’, il en avait sa claque, mais là, c’était un bouseux flic. Et Dieu sait que ça pourrait vite tourner au vinaigre au moindre mot de travers.

Il voyait déjà les gros titres dans la presse et sur internet « Dante Rand, le nouveau Stephen King, arrêté pour outrage à agent, refus d’obtempérer dans un trou pommé de l’Oklahoma. » Toute publicité est bonne à prendre dit-on, mais celle-là, il préférait s’en passer.

Il vit le flic sortir de son rutilant 4×4, tous feu encore allumés. Un chapeau vissé sur la tête, une chemise bardée d’insignes superficiels, sûrement pas réglementaire d’ailleurs, et un pantalon marron qui semblait lui coller à la peau, rentré dans une paire de botte de motards brillante. C’était à quoi ressemblait son policier.

Génial, j’ai le droit aux Village Peoples maintenant.

Il souriait de sa plaisanterie quand le flic toucha la carrosserie de sa berline allemande, geste que Rand trouvait énigmatique.

C’est sûrement un truc qu’ils font pour se donner un genre. Un truc qu’ils voient dans les films et qu’ils reproduisent pour montrer qu’ils ne rigolent pas. Sacrés clowns !

« – Vous souriez monsieur ! Vous savez pourquoi je vous arrête sûrement ?

  • – Je roulais un peu vite ?
  • – Un peu ? Un peu beaucoup oui. Papier du véhicule ainsi que licence de permis de conduire s’il vous plaît. »

Tom se pencha sur le siège passager, ouvrit la boîte à gants, et sortit les papiers. Il prit son portefeuille et tendit le tout.

« – Votre tête me dit quelque chose. Dit le policier.

  • – Ah ?
  • – Oui oui… »

Le policier regarda le permit de conduire et s’esclaffa :

« – Putain mais c’est vous ! Dante Rand !

  • – Ouai… Ouai c’est moi oui.
  • – Merde alors ! Jamais j’aurai pensé vous rencontrer un jour ici !
  • – La vie est pleine de surprises monsieur l’agent !
  • – Ah vous pouvez m’appeler Leonard ! J’ai adoré « Personne n’est en danger » woaw !
  • – Merci merci.
  • – Nan mais j’en ai fais des cauchemars mec ! Et j’suis flic j’en ai vu des trucs mais merde, c’était diabolique votre truc.
  • – Ah merci, enfin désolé et merci.
  • – Ah ! Merde ! Qu’est-ce que vous faites dans l’Oklahoma ?
  • – Je… Le travail.
  • – Bordel ! Vous allez écrire sur l’Oklahoma ?
  • – Non. Juste prendre un peu de recul, m’isoler pour écrire.
  • – Ah cool. Et ça vous dérange si on fais un selfie ?
  • – Ah… non allons-y. »

Le flic sortit son smartphone de son pantalon moulant, enleva ses lunettes Ray-Ban Aviator, retira son chapeau dévoilant des cheveux blond fins qui commençait à se clairsemées. Il doit avoir dans les 35 ans pensa Rand.

Il tendit son bras armé de son téléphone, se pencha et demande à Rand de sortir sa tête de la voiture pour la photo. Le flash se déclencha, ce qui fit sursauter Dante et lui marqua la rétine de traînées violettes à chaque mouvement et battement des yeux.

« -Ah putain j’oublie toujours d’enlever le flash !

  • – Ça arrive, ça arrive.
  • – Et j’peux avoir un autographe ?
  • – Sur mon PV ?
  • – Nan nan, on va passer l’éponge. »

Le blondinet arracha un bout de feuille d’un petit calepin froissé et un stylo qu’il tendit à Rand.

« -Juste une signature ou un p’tit mot ?

  • – Vous pouvez mettre « À Leonard, vieux briscard ! »
  • – D’accord. »

Il gribouilla le papier, tout en évitant de sourire à la mauvaise dédicace qu’il devait écrire et le tendit au flic.

« -Ah j’vous remercie vous êtes super cool en vrai. »

En vrai ? Et en faux je suis comment ? Non, ne dis rien Dante !

  • « – C’est gentil merci.
  • – Vous pouvez y aller. Au fait, vous allez où ? »

L’écrivain ne savait pas s’il devait dire sa destination. Surtout que c’était un fan ET un flic. Mais il pourrait trouver facilement son ranch avec son ordinateur de service. S’il mentait, Rand était sûr que ce blondinet se vengerait en lâchant l’info à TMZ ou un truc dans le genre… voir pire.

Il doit connaître Peter et consœur…

« – Forgan.

  • – Forg’ ? Y’a personne là-bas ! »

Si Dante avait perdu le contrôle de lui-même à ce moment-là, il se serait cogné la tête contre son volant en espérant que l’airbag l’assomme.

« – Ouai c’est le but, être tranquille pour travailler.

– Là-bas vous aller être tranquille parce que c’est la ville de personne. Merde ça peut être dangereux là-bas, on raconte des trucs…

– J’ai entendu parler oui.

– Z’inquietez pas ! Je vais prévenir mes collègues, comme ça, on sait jamais ! »

Pitié doux Jesus, Aidez-moi !

« – Non non, ne vous donnez pas de mal pour moi, pas d’inquiétude, je suis sûr que ça ira. Mais c’est gentil, vraiment. »

Mais ces dernières paroles étaient inutiles, car l’officier était déjà parti en trottinant dans son SUV, démarra et reparti dans le sens inverse.

Dante Rand s’alluma une nouvelle cigarette et enclencha la marche avant pour reprendre sa route, à vitesse plus respectueusement de la loi cette fois.

Le panneau pour Enid s’affichait, encore 20 miles.

Mon dieu… je suis si proche de Forgan mais j’ai l’impression que je ne vais jamais y arriver…

Jaskiers

Dante’s Dusty Roads – Chapitre 3

Les États passaient à une vive allure, ainsi que les heures, dans sa nouvelle berline allemande. Il appuyait le pied sur l’accélérateur jusqu’aux plancher et il avait le rock de Springsteen pour l’accompagner, Dante ne voyait pas le temps passer. Quand la fatigue se faisait sentir, il s’arrêtait pour dormir au premier motel qu’il trouvait.

Il avait fait déjà plus de la moitié du chemin en deux jours.

Il ne s’arrêtait à un motel que pour récupérer un peu, faire le plein de caféine et repartir à l’aube.

Ces chambres d’hôtels étaient vétustes et lui rappelaient son ancien appartement à Hell’s Kitchen. Rien de tel pour rester humble. Garder ses racines même quand on est au sommet, car on ne sait jamais quand, et comment, on va en redescendre.

Bien que fatigué, il n’arrivait pas vraiment à s’endormir, trop excité d’arriver et la caféine n’aidait pas. Il plongerait directement dans le travail une fois arrivé, c’était décidé.

La deuxième nuit, dans un motel au bord de la route, il rêva, dans un demi-sommeil étrange, que sa machine à écrire tapée toute seule. Quand il s’approcha de la feuille battue par les tampons de la machine, il lisait : Certaines choses, aussi anciennes soient-elles, ne doivent pas être réveillés ni dérangées.

Jaskiers

Trois nanars pour cet Halloween confiné ;

J’espère vous faire découvrir ces 3 beaux nanars dont un 100% made in France. Bonne rigolade !

Pas si nul mais quand même nanar.
C’est un nanar de grande classe ici.
Un nanar 100% français et puisqu’il faut être un peu chauvin, un peu mieux que May… Mais quand même un nanar. Cocorico !

Joyeux Halloween ! Jaskiers