
Sabine se demandait si c’était le bon moment pour annoncer la grande nouvelle à son homme. Mais non, tout bien réfléchi, ce n’était pas le bon moment. Annoncer cette surprise puis partir, ce serait tout gâcher. Et Benjamin était trop stressé pour encaisser positivement cette nouvelle. Quoique… cela aurait put lui faire un électrochoc, guérir son mal-être, sa haine de la société et de la guerre… mais non, à son retour, quand tout serait calme, ce serait le moment idéal pour l’annoncer.
Encore un long baiser, peu de mots échangés, il semblait que tous les deux étaient à court de mots.
Un bref ‘Je t’aime’ émit par chacun, des mains enlacés qui se séparent, la porte automatique du wagon de Sabine se referma.
Le train émit quelques sons mécaniques, martiaux, puis commença à démarrer.
Les deux amoureux se regardèrent par la vitre, ils ne se quittaient pas des yeux. Benjamin lui envoya un dernier geste d’amour, sa femme lui répondit de même. Le train prit de la vitesse, l’angle dans lequel il s’engagea empêcha les deux tourtereaux de se voir.
« – Ca y est. Elle est partie. »
Sabrina perdit de vue son homme, elle espérait qu’il l’avait vue lui envoyer un baiser, mais l’angle était déjà trop étroit pour voir le dernier geste d’amour de sa femme.
Une larme coulait sur la joue gauche de Sabrina, une lame coulait sur la joue droite de Benjamin, chacun étant persuadé que l’autre pleurait à chaudes larmes.
« – Ce n’est qu’une question d’un week-end… un week-end. » Pensait Benjamin qui quittait lentement, comme abattue et abasourdie, le quai et la gare.
Il se dirigeait en direction de sa voiture, quand l’alarme d’alerte nucléaire lâcha son cri strident et aigu.
Jaskiers