« – Au fait, vous êtes gradé ? Sous-off’ ou trou fion ?
Sergent.
Pas mal le petit gars ! Vous êtes jeune et déjà une huile !
Quand vous sortez de l’école avec le bac, vous pouvez entrer comme officier.
Ah oui mais vous avez dû faire pas mal de terrain !
J’ai été sur le terrain évidemment. Autant que mes camarades.
Et on nous parle jamais de l’armée aux infos, à part le 14 juillet. On oublie qu’on a des jeunots qui se battent !
Le manque d’information, c’est normal. La population n’a pas besoin d’être au courant des guerres en cours. Question d’image et avec ça, plus de latitudes grâce au silence. Les reporters de guerre au plus près des soldats, ça s’est arrêté au Vietnam. Le peuple ne doit surtout pas voir des soldats français se battre tous les jours à la télé.
C’est vrai qu’on sait pas vraiment où nos gars se battent ! Oui, c’est curieux.
Il y a aussi des femmes vous savez.
Ça doit amener son lot de désagrément.
Pas du tout. Elles se battent comme les hommes, s’entraînent pareil.
Non mais ça d’accord. J’voulais dire par là… des jeunes gens en pleine forme avec des jeunes femmes, bah forcément, il doit y avoir des histoires de coucheries !
Non.
Étonnant.
Il y a beaucoup de gradés femmes qui commandent des hommes.
Et ça ne pose pas de problème ?
Non.
Hey bien mon garçon, c’est sacrément étonnant de voir à quel point l’armée a changé ! »
Je pensais avoir évité la discussion sur les sujets délicats, sujets que je n’ai pas forcément envie de parler. Mais non.
« – Vous avez été où ? Afghanistan truc comme ça ?
Oui, entre autres.
Y’a quoi d’autre… vous n’avez pas que fait l’Afghanistan ?
Non.
Je vois pas d’autre conflit auquel la force participe.
Il y a l’opération Barkhane au Mali.
Qu’est-ce qu’ils foutent là-bas ? Une guerre civile ?
Terroristes. Et ça peut tourner à la guerre civile.
Évidemment maintenant… c’est le terroriste. À notre époque, on nous disait que l’ennemi c’étaient les Russes.
C’était encore l’époque du mur de Berlin, du rideau de fer.
C’était une autre époque.
Mais les problèmes avec les Russes ne sont jamais trop loin. Voyez l’élection de Trump.
Ah ! Un sacré moustique celui-là ! »
Je me demandais s’il allait encore rester là longtemps. Il était chirurgien, il avait sûrement d’autres chats à fouetter. Ou à opérer. Non, ça c’est les vétos.
« – Bon, je vous laisse ! Mesdames, pas d’inquiétude, tout va bien se passer demain matin. Il n’y a aucune raison pour que les choses tournent mal. Et vous soldat, merci pour votre service !
Merci docteur, tu verras ma chérie demain ça se passera comme prévu.
Au revoir docteur. »
C’étaient mes dernières paroles, un au revoir courtois, mais j’avais envie de lui dire que je me fichais pas mal de ses remerciements pour mon service.
Car j’allai quitter l’armée. Il ne me restait plus que quelques mois à finir. Je ne pouvais plus supporter la vie de soldat. Mais je savais que ce qui m’attendait, la vie civile, qui serait une nouvelle épreuve. Une qui réserve ses lots de souffrances. Mais les vétérans, en France, tout le monde s’en fichent…
Have you ever heard that old saying, it was ‘better back in the good old days’?
How hypocrite and stupid is this saying! If you are reading this, if you are a white and straight male, trust me, today’s world is the same as it was before. Maybe a little (slightly?) ‘better’, for those who haven’t been born privileged.
There was a time, my friends, where being black was more difficult than today. And even as of today, it is still awfully difficult for them.
Being homosexual? Back in the ‘good ol’ days’? Let me give you a friendly reminder, it was illegal to be gay in America until 2003.
Being black, or gay, or both, life was about being outcasted. Wait, hold on, more than outcasted, they were lynched, insulted, threatened, and even killed. And you couldn’t ask the law to help. You had to pick up yourself and go on. If they didn’t kill you of course. It’s still going on today…
See, I’m an old, old man now. My job, all along my life, was reporter. Working with prestigious newspapers, doing real investigations. Of course there wasn’t any internet, everything was… slower. But we, reporters, on the ground, behind our typewriter, we were spreading informations, real ones. If you were fake my friend, no newspaper wanted you on board. The news rooms were battlefields.
Hunter S. Thompson, who breaked the codes and the boundaries, Woodward and Bernstein and their detective works pushing Nixon out of the fucking White House, you named it.
Those were the day when journalist, writer, poets were Rockstars along with Jim Morrison, The Beatles, Bob Dylan, Janis Joplin, The Rolling Stones. It was a revolution.
God, it was as violent as today. Maybe a little less, considering the amount of mass shootings skyrocketing right now.
But ‘back in those good ol’ days’, protest could turns into slaughter. For example, the four of may 1970, when the National Guard killed four students in Ohio while protesting against the war in Vietnam.
This was also the discovery of a new type of horror, serial killers. I won’t mention their names, you probably know some. But let me tell you, today, we do not have serial killers, well there is, but now, schools shootings seems to have taken the place of those monsters.
It’s terrifying. A bunch of people, mostly women, loved serial killers. Now, people admire school shooters. Those are mostly young men, white and with a simple access to gun. They kill as much as serial killer on a shorter period of time. And it’s spreading all over the country. Never ending.
Politics ask for thoughts and prayers, but no laws about restraining or even banning guns. And even if such laws pass, it barely does anything. Because, the NRA got some high profile politicians on theirs paycheck. In my opinion, this is legal bribing… Therefore, it will not end soon. Kids in America go to school like their in a war zone. All this for Freedom… kids pay that American Freedom by dying in classrooms…
Man, America is violence. It begun by the massacre of Native American. We live in a bloodstain soil, in violence in it’s purest form. Something got to change. We thought that a black president would change things drastically. It didn’t. A beautiful symbol of course, a powerful step forward but… nothing have changed.
We all needs a new Martin Luther King, a Robert Kennedy, a Malcom X before is assassination, someone need to help the black community and make the whites understand the tragic situation that the blacks and other minorities are facing. We need someone to gather us, to show us that we can live together and that we being divided and manipulated constantly for political gains… Why? Because a polarized and divided country is easier to govern. Divide and conquer. We should talk about sexism, the meetoo movement, women denouncing the sexual abuse and assault they face in their life. Powerful men who thought they were untouchable had to face justice. Femicids are on a all tome high. The fight need to go on. Equality is far from being reached.
Back in the ‘good ol’ days’c I was in the newsroom when Doctor King died. Same as for the murder of John Fitzgerald Kennedy.
I was at the scene of the murder of his younger brother, Bobby.
This was America sacrificing a potential peaceful and brighter future.
Today is better than the past. Come on, let’s not being grumpy, you, old folks dreaming of the past reading this. But it is far, far from being perfect. Because, like I’ve already said before, from the get go, things were already extremely bad. We need to care for each others, to stop being scared of our neighbors. Tolerance, respect, communicate, sharing! We need to be together so bad. Let’s not live in fear, this is not a life to live frightened. Neo-nazism is back in force, we need to face them, block them, and fight to keep our democracy.
I will live this earth soon, for a better place, I hope to at least. But I doubt this world is going in the right direction.
It was just the rambling of an old man. Sometimes, it’s good to hear what they have to say.
So, stand for what’s right, for your rights, for you life.
J’étais enfant, je dirais que je devais avoir 8 ou 9 ans. J’étais en vacances chez mon père qui m’avait amené à la campagne, dans la maison de ma grand-mère. Une vielle maison qui nous appartient depuis plusieurs générations, si j’ai bien calculé.
C’était (et est toujours) une vieille bâtisse, avec de massifs volets en bois, un étage, un immense jardin, une petite cour devant et l’atelier de menuisier datant de mon arrière-grand-père juste en face. En faite je pense même que l’atelier a été construit à l’époque de mon arrière-arrière-grand-père, mais je ne suis pas sûr.
Toujours est-il que cet été, je jouais dans la cour de devant, une cour pas bien grande mais constituée de cailloux, de sable et de mauvaises herbes qui semblent pousser en une nuit.
Mon père bricolait dans l’atelier et moi, j’avais découvert comment faire du ciment, du moins je pensais que j’avais découvert comment en faire.
J’avais décidé de créer une sorte de petit fort en utilisant le sable et les cailloux de la cour mélangés avec du ciment « prêt à l’emploi ».
Autant vous dire que mon fort ressemblait plutôt à une sorte de montagne. Qu’à cela ne tienne, j’avais sorti mes petites voitures et avait créé des chemins avec une balayette qui passaient autour de la montagne, j’étais content.
Je jouais tranquillement, mon père toujours en train de bricoler je ne sais quoi dans l’atelier, ma grand-mère, handicapée, devant sa télé quand j’entendis quelqu’un cogner dans une vitre.
Je me retournais pour voir si c’était ma grand-mère qui cognait à une des vitres du rez-de-chaussée, personne.
Trois nouveaux coups retentirent à ce même moment et je levais ma tête. Une femme pâle, brune, un visage fin, avec sur la tête une sorte de voile, me faisait signe, avec un grand sourire.
Je lui rendis son signe amical et recommença à jouer. Je pensais que c’était une nouvelle femme de ménage qui était venue aider ma grand mère, sans que je ne m’en rende compte. Je n’ai pas plus été surpris que ça.
Après une demi-heure de course poursuite effrénée autour de la montagne de ciment, appelons cette montagne ce à quoi elle ressemblait vraiment, un monticule de sable, de cailloux mélangé avec du « ciment » et de l’eau, je décidais de rentrer pour prendre mon goûter.
En rentrant dans la cuisine, je dis à ma grand-mère, qui était devant sa télévision, que je ne savais pas qu’elle avait une nouvelle femme de ménage. Elle me répondit qu’elle n’avait pas changée de femme de ménage depuis plus de 10 ans. Je lui demandais donc qui était cette personne à l’étage qui m’avait fait « coucou ». Elle me répondit par un silence, une expression un peu inquiétante, comme si elle parlait à un fou. Elle me répondit que personne n’était monté là-haut, les femmes de ménages ne pouvant faire le ménage que dans les espaces de vies de la bénéficiaire. Ma grand-mère étant lourdement handicapée, l’étage n’était pas un espace de vie. Aussi, personne n’était venu faire une visite de courtoisie à ma grand-mère, ce qui était chose courante à cette époque pas si lointaine.
L’étage n’était occupé par personne, excepté par mon père et moi quand nous y dormions.
J’affirmais avec certitude avoir vu quelqu’un à l’étage, une femme. Mais ma grand-mère trouva l’explication : j’avais imaginé ça, j’étais tellement pris dans mes courses de petites voitures que j’ai imaginé une femme me faisant un signe de la main et un sourire.
Depuis ce jour, c’est la chose la plus inexplicable qui m’est arrivée. Je suis persuadé que j’ai vu cette femme car je me rappelle exactement à quoi elle ressemblait, et surtout, je me souviens avoir entendu distinctement les coups sur la vitre, le signe de la main, le sourire, le beau visage de la femme et son châle de marié.
En regardant des vieilles photos de famille, je crois avoir reconnu mon arrière-grand-mère, une femme brune au visage fin, je n’ai que cette photo d’elle… en robe de marié. Je n’avais jamais vu cette photo auparavant, c’était en fouillant il y a 3 ou 4 ans dans une vieille armoire que j’ai trouvé cette photographie.
J’ai demandé des renseignements à ma grand-mère, elle m’a dit que c’était une femme très belle, avec des cheveux magnifiques, mais avec une personnalité des plus… extravagantes. Elle croyait aux extraterrestres par exemple, ce qui n’est pas rien quand on sait qu’à l’époque, cette croyance était très mal vue.
Parfois, ma grand-mère me dit parfois qu’elle entend quelqu’un cogner à une vitre la nuit. Elle et moi ne croyons pas aux fantômes. J’aimerais qu’ils existent, cela rendrait la vie plus intéressante, mais je ne peux expliquer ce que j’ai vu ce jour-là. Je m’en rappelle comme ci c’était hier.
J’ai dormi des années et passées plus de dix ans dans cette maison et je n’ai jamais vécu quelque chose de paranormal. Je n’ai jamais entendu les bruits que ma grand-mère entends la nuit, jamais vu d’autre apparition ni senti de présence.
Mais j’ai vu, j’en suis sûr et certain, ce que je crois être le fantôme de mon arrière-grand-mère, dont je porte le prénom en troisième prénom (ça se dit ça ?).
Je préfère cette théorie là, celle du fantôme, à celle d’une personne qui vivait en cachette dans la maison familiale, à l’insu de ma grand-mère, et même de moi et de mon père.
Je sais ce que j’ai vu, et jamais je n’ai vécu d’autres expériences. Et honnêtement, j’aime à me souvenir de son beau visage.
L’envie de voyager à New York m’a pris par surprise.
Il y a presque 1 an de ça, je voulais l’Alaska, la tranquillité, la nature, la beauté, le sauvage, l’animal, l’indomptable et rien d’autre.
Et voici que maintenant, c’est au tour de la Grosse Pomme de m’obséder.
Ce que je connais de New-York ? Malheureusement, mon premier souvenir est le 11 septembre. Il fallait que je le mentionne dans cet article. J’avais 7 ans et j’étais devant ma télévision, comme sûrement beaucoup d’entre-vous.
Puis-je parler de ma génération comme la génération des attentats sur les Tours Jumelles ?
J’ai vu en direct cette horreur, je pense que ma mémoire me fait défaut, et je ne veux pas vérifier sur internet, mais je crois me rappeler avoir vu le deuxième avion de ligne percuter la deuxième tour. En live.
Je me rappel avoir été confus. C’était à la télévision, ça avait quelques choses de… cinématique ? Je sais que ces propos peuvent choquer, mais je n’ai pas compris de suite ce qu’il s’est passé. Il a fallu l’intervention d’un proche, mon frère en l’occurrence, pour m’expliquer que c’était réel, que des gens étaient en train de mourrir, sous nos yeux.
Et comme n’importe quel gamin, j’ai demandé pourquoi ? Les morts, la mort, dans ma petite tête d’idiot, ça n’avait pas encore de sens, ou du moins peu.
Le terrorisme ? Encore moins. Aller expliquer à un gamin que des adultes tuent d’autres gens « juste » pour nous faire peur. Les enfants comprennent bien des choses, mais pas ça. Ce qui fait peur, c’est les monstres et les monstres ne ressemblent pas à des humains quand nous sommes enfants.
Le jour d’école qui a suivis, tous le monde parlaient des attentats. Nous confondions l’Amérique et l’Irak et l’Afghanistan, les méchants et les gentils.
Je me rappel qu’en classe, on nous avait distribué « Le Petit Quotidien » expliquant, du moins essayant d’expliquer ce qui s’était passé.
Le Petit Quotidien était un petit magazine en papier destiné aux enfants et qui était parfois distribué en classe, en tous cas dans mon école (publique je précise). C’était toujours un petit moment de joie de recevoir ce petit journal, c’était vraiment intéressant. Je ne me souviens plus par contre si, après l’avoir lu, j’avais mieux compris les « raisons » et les conséquences. Enfin si, les conséquences, à mon niveau, c’était l’arrivé de nouveaux mots dans mon vocabulaire : « Terrorisme », « U.S.A. », « Irak », « Armes de destructions massives », « détournement »,« plan vigipirate » ect…
Le plan vigipirate était quelque chose de concret pour moi. La première fois que je l’ai entendu, j’ai bien sûr, dans mon innocence, pensé aux pirates, aux corsaires, aux types barbus aux visages scarifié avec un perroquet sur l’épaule, un crochet à la place d’une main, une jambe de bois, sur leurs vaisseaux fait de bric et de brac avec un drapeau avec une tête de mort blanc sur fond noir (maintenant, un autre drapeau avec les mêmes couleurs et bien plus terrifiant qu’il existe vraiment essaie de faire régner la terreur…) flottant au sommet du mât, prêt à aborder n’importe quel autres bateaux.
Ma mère m’a expliqué, tant bien que mal ce que signifiait ce terme. J’ai vite compris, d’autant qu’il était plus facile de l’expliquer, et pour ma petite personne, de comprendre, quand il était devenu interdit de se garer devant l’école, des grilles venaient d’être placées devant mon école primaire avec sur chacune d’elles un triangle rouge marqué « plan Vigipirate ».
Et puis, nous pourrions en venir aussi à 2015. Là le choc a été terrible.
Ne nous méprenons pas, je n’ai perdu aucun proche, je n’ai pas été blessé, personne que je connais n’y était, ce soir là.
Quand j’ai vu l’âge des victimes, les lieux du massacres, je me suis dis que c’était ma génération que l’on attaquait. Certain(e)s victimes avaient mon âge. J’aurais très bien pu, si j’avais vécus à Paris, être avec eux.
J’allais dans des bars, des boites de nuits, avec mes ami(e)s dans ma petite bourgade de province. On c’était attaqué à mon identité et à ma liberté. Paris était certes loin mais le choc a résonné et a terriblement secoué la jeunesse française.
J’étais tellement en colère et triste à la fois. Même aujourd’hui. Je me sens pitoyable car je n’ai pas était une victime de ces attentats, comme je l’ai dis je n’ai perdu personne. Je n’ai pas été meurtri dans ma chair. Ma colère et ma douleur n’était (n’est ?) rien en comparaison des victimes de ces horreurs.
C’était une jeunesse insouciante qu’ils avaient massacrées. Une jeunesse qui veut changer le monde mais qui avait aussi besoin de s’amuser, de danser, d’aimer, d’être encore insouciante avant que le futur l’attrape et lui impose des responsabilités.
Ils ont souillé notre jeunesse dès le 11 septembre 2001.
Blâmez autant que vous voulez cette jeunesse, mais nous avons grandis dans, ou plutôt, à travers, cette terreur et maintenant, nous et les générations encore plus jeunes faisons les frais d’une pandémie qui fait de notre futur un futur plus sombre qu’il ne l’était avant l’arrivé du virus.
Ma génération a déjà vécu plusieurs temps, l’après et l’avant 11 septembre, après et avant les attaques sur Paris, l’après (y’en aura-t-il un ?) et l’avant coronavirus.
Ce qui devait être un article sur New-York c’est retrouvé être un article tout autre. Plus sombre. Je reviendrai parler de la ville qui ne dort jamais, de ce que je voulais vraiment écrire à propos de cette ville, c’est-à-dire voyager à New-York avec les livres.
Je voulais finir cet article en disant que je fais la différence entre religieux et terroristes. J’ai eu la chance de grandir avec des musulmans, des juifs, des chrétiens, des athées ect… J’en suis heureux car je me rappel de cette époque, enfant, ou la religion, ou la couleur de peau n’avait aucune valeurs à nos yeux. On jouait au foot, on s’amusait sans jamais, jamais, faire de différence. Il n’y a que les adultes pour faire de ces choses une excuse pour justifier leur propre mal-être. Il faut être un adulte pour se concentrer sur ces choses, il faut être névrosé, rester hermétique à tout changement et aux opinions des autres pour inculquer la haine.
L’adulte est un enfant qui croit que sa vie est dure à cause des autres. L’enfer, c’est les autres comme nous le disait Sartre. Freud nous dirait que c’est à cause de notre mère. Mais au final, moi, je dis que c’est l’ignorance, le fait de se croire supérieur, le fait d’avoir oublié que quand vous étiez gamin, la religion des autres vous importez peu, même pas du tout. Que le principal, c’était de chasser des dragons dans un donjon ou d’être une princesse parlant aux animaux. Ça vous l’avez oublié. Pourtant, relisez L’Iliade et l’Odyssey d’Homère, vous verrez que même adulte, vous serez transporter, retour aux sources de l’imagination, celle qui vous fait réaliser que le dragon que vous chevauchiez, que la princesse parlant avec les dauphins sont encore là. Laissez cette imagination, cette innocence reprendre du terrain sur la morbidité qu’est la vie d’adulte.
Pour finir, le terroriste n’est pas un religieux. Il viole la religion et l’utilise comme bouclier pour « justifier » ses agissements. Il ment et manipule, au nom d’une religion qui, elle, ne prône pas l’assassinat, la torture ni les massacres.
Restons solidaires et fraternels. Qu’importe la religion, restons ferme contre ceux qui pensent pouvoir nous diviser, nous monter les uns contre les autres, nous dires d’avoir peur de l’autre car il est différent. La différence n’est pas un mal mais un atout, c’est cliché mais nous pourrions au moins essayer.
La tolérance, ce que nous avons besoin pour rester unis.
Divideet impera disait Machiavel.
Ne nous laissons pas berner par la haine et la terreur. Nous avançons beaucoup plus, plus loin, ensemble.
À bientôt, j’espère, pour mon article sur New-York, ses écrivains et ses livres.
1942. Une compagnie d’infanterie débarque sur l’île de Guadalcanal, lieu stratégique de l’offensive japonaise visant à contrôler l’ensemble du Pacifique.
Des soldats et des officiers qui ne sont pas des « héros », mais juste des hommes aux prises avec la nécessité de survivre et de se battre.
Un effarant et prodigieux témoignage, dépourvu de toute sentimentalité, pas l’un des plus grands écrivains américains, auteur de « Comme un torrent », qui a lui-même combattu et a été blessé à Guadalcanal.
Sûrement l’un des meilleurs livres jamais écrits sur la guerre, « La ligne rouge » vient d’être adapté au cinéma par Terrence Malick. Un film pour lequel on parle déjà aussi de chef-d’œuvre.
Avant propos de Romain Gary.
—
L’histoire suit la section C-comme-Charlie de leur débarquement sur Guadalcanal jusqu’à la fin de la campagne de l’île.
Entre ces deux événements, vous connaîtrez les soldats de ce roman intimement, vous irez dans les recoins les plus sombres de leurs êtres traumatisés, vous accompagnerez ces militaires dans leurs première expérience de la guerre. Et plus spécifiquement celle du Pacifique.
La jungle, la chaleur, les rivalités entre officiers, la sexualité, l’homosexualité, l’homophobie, le racisme, la vie, la mort, le courage, la lâcheté, le sadisme, la peur, l’amitié, l’amour, la trahison, la soif, les blessures (physiques et mentales) mélangés au sang. Le sang de jeunes hommes loin de leur pays, sur une île au milieu du Pacifique.
Emmené à attaqué une énorme colline rocailleuse surnommée L’éléphant dansant, ils feront leurs premières expériences de la guerre. Dans tous ce qu’elle a d’injuste, d’inhumain et de cruelle.
La bataille de Guadalcanal, pour ceux qui sont encore debout pour combattre, ne se termine pas là.
La crevette géante bouillie, la limace de mer et le village de BoulaBoula les attends. Ces surnoms viennent des officiers de renseignements, les reliefs des collines ressemblant à ces animaux. Petit clin d’œil de l’auteur pour comparer l’Homme et l’animal ? Peut-être pas, car le roman est tiré du vécu de l’auteur, soldat durant la bataille de Guadalcanal. Je crois qu’il était coutume dans cette guerre de donner des surnoms à plusieurs objectifs, peut-être pour mieux se repérer et, en creusant un peu, prendre un peu de distance avec la réalité brutale qu’est devenu leur quotidien ?
Le roman s’appuie sur le vécu de l’auteur. Il change les noms des protagonistes et des lieux, lui permettant de raconter son histoire et d’écrire sans freins ! La force de la fiction pour raconter la réalité, une leçon d’Hemingway !
Chaque personnage a son histoire, son background, on s’identifie ou non, à certains de ces jeunes bidasses, dans la jungle, la boue, les débris des mortiers, les balles qui fusent et détruisent les corps, les exactions et les tortures dans les deux camps.
La ligne rouge n’est pas un repère géographique ni une limite physique, c’est une expression pour désigner le basculement du psyché des soldats, aller toujours plus loin, puiser dans ses limites jusqu’à franchir, pour certains, la folie. Que faire, ou ne pas faire, pour ne pas franchir cette limite ? Cette Ligne rouge ?
C’est un très bon récit de guerre, un des meilleurs que j’ai lu, même si j’ai peiné à me situer géographiquement dans le récit.
Je dirai que ce roman est dans la même veine que celui de Norman Mailer, Les nus et les morts. Peut-être encore plus vrai, car James Jones parle de sexualité, d’homosexualité, chose que je n’avais jamais lu dans un livre de guerre. Je n’ai jamais lu de livre parlant de relations homosexuelles entre soldats, ce qui fait de ce livre de guerre un livre vrai, unique, sans fioritures, sans censure, sans omission. Brut de décoffrage, réaliste.
L’obsession et la recherche de réponses aux questions qu’ont dû se poser tous les soldats est le sujet principal du livre, c’est à dire, pourquoi nous battons nous ? Pour qui ? Pourquoi toujours les mêmes ? Pourquoi les guerres semblent ne jamais disparaître dans notre société ? La guerre est-elle une chose normale, qui est ancrée dans l’Homme ? Tuer, être tué, pourquoi l’Homme l’accepte-t’il, en grande majorité, quand il s’agit de défendre sa nation ? Et après la guerre, que deviendront-ils ? Sommes nous vraiment libre, au final, quand l’État nous oblige à tuer ? Quand la société nous encourage à tuer le plus d’êtres humains d’ennemis et nous porte en héros ? Autant de question que l’auteur adresse au lecteur, avec ses réponses à lui, parfois, tout en nous laissant réfléchir aux autres de nous même.
James Jones dévoile sa guerre, sous forme de roman, sans rien censurer. C’est là, je pense, que réside le succès du livre.
Voici, comme d’habitudes des extraits importants, de mon point de vu, ayant pour principals sujet la guerre vu par le soldat de terrain.
–
Tandis qu’ils se préparaient au débarquement, pas un d’entre eux ne doutait, théoriquement, qu’un certain pourcentage de l’effectif demeurerait à jamais dans l’île, que les morts seraient nombreux. Mais pas un ne pensait être de ceux-là.
–
Un des risques du métier militaire était que tous les vingt ans, c’était réglé comme du papier à musique, la partie de l’humanité à laquelle on appartenait, quelles que soient ses ambitions ou sa politique, se laissait entraîner dans une guerre à laquelle on devait bien participer.
–
Curieux, avec respect, en silence, en retenant son souffle. Ils ne pouvaient retenir leur curiosité ; le sang frais était si rouge, si vif, si réel, et ces trous béants dans des chairs palpitantes un bien étrange spectacle. Cela avait quelque chose de vaguement obscène. C’était une chose qu’ils n’auraient pas dû regarder, ils le sentaient, mais qui attirait leurs regards, malgré eux, qui donnait envie de s’approcher, pour voir de plus près.
–
Chacun pour soi, les hommes s’efforçaient d’imaginer leur propre mort, de sentir la balle les traverser, crever le poumon, et ils étaient les jouets de leur propre esprit.
–
De toute évidence, ils avaient tout bonnement peur ; tandis que lui, il était terrifié, il aurait donné tout ce qu’il possédait au monde – et même ce qu’il ne possédait pas s’il avait pu mettre la main dessus – pour ne pas être là en train de défendre sa patrie. Au Diable la patrie ! Que les autres la défendent !
–
Comparé au fait qu’il pouvait fort bien être mort le lendemain à la même heure, son courage ne rimait à rien. A côté de sa mort éventuelle le lendemain, rien ne rimait à rien. La vie n’avait pas d’objet. Tout était inutile.
–
[…] que des créatures qui parlaient un language, qui marchaient debout sur deux jambes, qui portaient des vêtements, qui construisaient des villes et qui prétendaient être des hommes pussent vraiment traiter leurs semblables avec une telle cruauté bestiale. Manifestement, le seul moyen de survivre dans cet univers de prétendue culture humaine élaboré par l’homme et dont l’homme était si fier, c’était de se montrer encore plus dur, encore plus mauvais, encore plus cruel que tous les autres.
–
Il avait tué un être humain, un homme. Il avait commis la chose la plus atroce qu’un homme pût commettre […] Et personne au monde, personne au monde, ne pouvait le lui reprocher. Personne ne pouvait rien lui faire. Il se tirait à blanc d’un assassinat.
–
Demain, quelqu’un d’autre serait à sa place. C’était une vision d’horreur ; tous autant qu’ils étaient répétant les mêmes gestes, tout aussi impuissants à y mettre fin, se prenant tous, avec fierté, avec ferveur, pour des hommes libres. La vision s’étendît aux centaines de nations, aux millions d’hommes qui accomplissaient les mêmes gestes sur des milliers de collines à travers le monde entier. Et ça ne s’arrêtait pas là. Ça continuait. C’était le concept – le concept ? Le fait, la réalité – de l’État moderne en pleine action.
–
Quelle était donc la puissance qui décidait que tel homme serait touché, tué, et non tel autre ?
–
« – Morts, sanglota-t-il. Tous mort, mon capitaine. Tous jusqu’au dernier. Je suis le seul. Tous les douze. Douze jeunes gens. Je veillais sur eux. Je leur ai appris tout ce que je savais. Je les ai aidés. Ça n’a servi à rien. Ça ne veut plus rien dire. Morts. »
–
C’était ça la guerre ? Il n’y avait pas de suprême épreuve de force, pas d’actions d’éclat, pas de combats héroïques sabre au clair, pas de cris de guerre de Vikings, pas de tir précis. Il n’y avait que des chiffres. Il était tué pour des chiffres.
–
Ils se prenaient pour des hommes. Ils croyaient tous qu’ils étaient des êtres réels. Ils le croyaient sincèrement. De quoi rigoler ! Ils se figuraient qu’ils prenaient des décisions, qu’ils menaient leurs vie à leur guise, et s’arrogeaint fièrement du titre d’hommes libres. La vérité, c’étaient qu’ils étaient là, et qu’ils allaient y rester, jusqu’à ce que l’État ou une quelconque autorité leur dise d’aller ailleurs, et ils riaient. Mais ils iraient librement, ils choisiraient d’y aller, car ils avaient leur libre arbitre, ils étaient des hommes libres. Mon cul, tiens.
–
[…] il y avait cette autre chose, qu’il ne pouvait pas nommer, cette chose sexuelle. Les autres l’éprouvaient-ils ? Se pouvait-il que toute la guerre, toute guerre, fut à la base un acte sexuel ? Une sorte de perversion sexuelle ? Ou un complexe de perversions sexuelles diverses ? Ce serait un sujet de thèse marrant, et que Dieu ait pitié des hommes.
–
C’était extraordinaire de penser que plus on tenait le coup dans cette histoire, moins on avait de pitié pour les autres qui se faisaient esquinter, du moment que soi-même on était sain et sauf. Il s’en fallait parfois de quelques mètres à peine. Mais la terreur se limitait de plus en plus à ces instants où sa propre peau était en danger.
–
Brusquement, il se dit qu’il les aimait tous, ses hommes, même ceux qui ne lui plaisaient guère. Qu’aucun homme ne devrait passer par une expérience pareille – non, même pas ceux qui aimaient ça ! Ce n’était pas naturel. A moins que ça ne soit que trop foutrement naturel ?
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[Il] ne pouvait s’empêcher de se demander si seulement l’un d’eux était réellement redevenu ce qu’il avait été auparavant. Il ne le pensait pas. Pas franchement, en tous cas. Peut-être, quand la guerre sera finie depuis longtemps, quand chacun aurait érigé selon ses besoins sa propre forteresse de mensonges, et enregistré assez de mensonges sur la propagande nationale leur distillerait […] Ils pourraient alors feindre, aux yeux les un des autres, d’être des hommes. En évitant d’avouer qu’ils avaient un jour distinguer au fond d’eux-mêmes quelque chose de bestial qui les avait terrifié. Mais si l’on allait par là, la plupart d’entre eux s’y appliquaient déjà.
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Ils subissaient tous, naturellement, le plus grave choc émotionnel de leur jeune existence […] Tandis que le miséricordieux engourdissement se dissipait, la foi qu’ils avaient eue en leur invulnérabilité leur paraissait de plus en plus ridicule, et la peur de la mort revenait les hanter et les torturer.
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Sur le contrefort abrupt, parsemé de pièces de fourniment abandonnées, y compris des fusils, il y avait une civière. Un jeune soldat à la figure encore enfantine y gisait, mort. Les yeux et la bouche étaient fermés, et un bras pendait en dehors du brancard. L’autre main, contre le cuisse, était complètement noyée jusqu’au poignent dans une incroyable mare de sang gélatineux déjà à demi coagulé qui remplissait presque entièrement le creux que faisait le poids du corps dans la toile de la civière. […] « Regarder ce que vous avez fait, vous des êtres humains, à ce gosse qui aurait pu être moi ! Parfaitement, moi, espèce… espèce d’hommes. »
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[…] tous les soirs il y avait une séance de cinéma en plein air à laquelle ils assistaient tous, pour rêver avec nostalgie devant les images scintillantes de la vie brillante et libre de Manhattan, de Washington ou de Californie qu’ils étaient là pour défendre, et qu’ils n’avaient jamais connue sauf au cinéma.
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Les hommes transforment leurs guerres, dans les années qui suivent les combats. C’était toujours la même histoire : « Je croirai à tes mensonges si tu crois aux miens. » L’Histoire avec un grand H.
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Il commençait à en avoir foutrement marre d’expliquer à des petits trou-du-cul morveux que pour le monde, la guerre, la nation, la compagnie ils ne valaient pas tripette ; qu’ils n’étaient qu’une marchandise à dépenser ; qu’il pouvaient tous mourrir jour après jour et un par un, et qu’on s’en foutrait du moment qu’il arrivait des renforts pour les remplacer. Bon Dieu, il se prenait pour quoi ?
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Ce qu’il y avait de pire, c’était le pourcentage de chance, le hasard. Le soldat le plus parfait, le mieux entraîné, ne pouvait y échapper, à cet élément de chance, ne pouvait se protéger contre le hasard.
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Tout au long de la ligne, bien d’autres soldats éprouvaient aussi cette même impression de vide au creux de l’estomac, ce même picotement nerveux des couilles, et des conversations chuchotées toute la nuit, d’un trou à l’autre, tandis que les hommes fumaient prudemment, dans leurs mains repliées. Ils savaient maintenant qu’il en serait toujours ainsi à la veille d’une attaque.
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Il était lui-même intimement persuadé d’être vraiment le seul, mais vraiment le seul, à comprendre de quoi il en retournait. La maison, la famille, la patrie, le drapeau, la liberté, la démocratie, l’honnêteté du Président. De la couille.
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La guerre moderne ! On ne pouvait même pas faire semblant qu’elle était humaine !
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Oui, eh bien l’humanité, cette bande d’animaux « honorables », elle pouvait aller se faire mettre ! L’humanité, il lui pissait à la raie. C’était tous ce qu’elle méritait, l’humanité !
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Des hommes normaux, dans une situation normale, des soldats normaux, tous, qui avaient accepté une mission normale, et la mort les frappa normalement – sauf que personne ne meurt normalement.
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Rien que des gars normaux. Une mission relativement normale. Et maintenant, plus que des morts.
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J’ai aussi aimé le language cru. L’auteur ne passe pas par quatre chemins, c’est comme ça qu’un militaire parle et pense après tant d’épreuves. Plus le temps pour les beaux mots. La beauté de leur fragile innocence, envolée par la mort omniprésente, leur vocabulaire suit, ainsi que leur attitude, leur valeurs et leur manière de penser, assassinés par la guerre à un si jeune âge.
Je précise que je n’ai pas vu le film. J’ai trouvé sur internet le synopsis du film qui a l’air différent du livre. Dans tous les cas, je ne pourrai pas faire de comparaison entre les deux œuvres. Peut-être l’avez vous vu ? Dans se cas, n’hésitez pas à partager vos impressions sur le film.