L’impact est violent, les flics et les Sans-Riens se mélangent dans une bataille au corps-à-corps, c’est une bataille homérique qui fait rage.
Vous prenez quelques coups, dans la tête, les côtes, les bras et parfois les jambes. Mais vous ne vous arrêtez pas, la fuite, c’est votre but. Savoir qui vous a frappé et rendre les coups signerait votre arrêt de mort.
Vous sentez l’air du dehors, il est frais, ça change de l’air vicié que vous avez respiré jusqu’ici dans le camion-cellule et le hangar.
Il fait nuit, mais les grandes lumières donnent l’impression qu’il fait encore jour. Vous continuez à avancer dans la mêlée. Votre équipe gagne du terrain, certains ont eu la même idée que vous. Ils vous dépassent, une bonne chose, car les flics se concentreront sur eux en premier et cela vous donnera plus de temps et d’opportunités pour trouver le moyen de vous enfuir.
Ça pétarade encore, des corps tombent, vous trébuchez pour vous relever immédiatement. Les yeux aux aguets. Des tours de guets, des explosions, un grillage surmonté de barbelé électrifié, ceux qui vous ont dépassé se jettent dessus, leur corps tressautent avant qu’une fumée et que les flammes les consument. Certains cochons sont projetés dessus, cochons grillés.
Puis, une explosion plus forte que les autres, la foule belligérantes vous entraîne inévitablement vers le grillage. Vous serrez les dents quand vous le touchez. Rien ne se passe. La pression de la foule pleine de rages est tellement forte que vous êtes plaqué contre cette barrière qui cède.
Vous tombez, des gens tombent sur vous, trébuchent, vous piétinent. Utilisant la force du désespoir, la liberté étant toute proche, vous forcez sur vos bras, réussissez à vous dégager et vous courrez. Encore et encore. Des corps tombent raide mort devant et à côté de vous, vous slalomez, et utilisez votre adrénaline pour la dernière ligne droite. Une forêt, cette nature qui brûlait il y a quelques années est maintenant votre refuge.
Après vous êtes profondément enfoncé dedans, vous vous arrêtez, épuisé. D’autres survivants apparaissent, certains décident de se regrouper pour continuer leur fuite, l’union fait la force. D’autres repartent seuls. Des cochons sont à vos trousses mais ils ne connaissent pas la nature comme un Sans-Rien la connaît. Vous profitez du terrain pour vous camoufler, grimper dans un arbre, sous des racines, dans des buissons. Puis, après avoir attendu la nuit, vous avancez jusqu’à retrouver un bon paquet de survivants avec la même connaissance de la survie que vous.
Et vous voici libre.
Si vous avez besoin, ou envie, je ne sais pas quel est le terme approprié, des ami(e)s qui n’ont malheureusement pas pu s’échapper et qui ont survécus vous écriront leurs histoires. Ma connaissance de l’univers carcéral du Gouvernement Unie s’arrête à cette évasion. J’ai eu la chance de réussir à m’enfuir, et je m’apprête à venger mes amis, mais je vous expliquerai cela plus tard.
Revenons à la vie dans la jungle urbaine.
Le Gouvernement Unie, qui semblait nous délaisser, envoyé parfois quelques missionnaires pour essayer de nous remettre sur le droit chemin.
Ce n’était pas un travail facile pour eux, beaucoup avaient l’audace de rentrer dans des squats ou des repères de Sans-Riens. Et ils repartaient avec un nez cassé, des ecchymoses partout sur le corps, des dents en moins, un œil au beurre noir et, s’ils avaient eu l’excellente idée de venir avec des objets de valeurs, voir des objets pour nous appâter, ils ressortaient culs nus.
Je ne sais comment ces gens ont été recrutés, et encore moins comment ils ont été convaincus de faire ce sale boulot.
À ma connaissance, jamais de Sans-Riens n’ont accepté de revenir dans les rangs grâce à ces pauvres agents.
Toujours est-il que le Gouvernement Uni n’a jamais baissé les bras et a décidé d’utiliser la technologie pour nous ramener dans ses filets.
Le cri est strident, « Le diable se dirigent vers nous ! Ohé ! Le diable en a après nous ! »
Les hommes du Wigram se réveillent sans se faire prier, c’est le branle-bas de combat. On se bouscules pour aller à son poste, les canonniers et boutes-feu se postent derrière leurs canons, prêts à lâcher une bordée au premier ordre.
Antoine, le bosco, posté sur la dunette, sort sa longue vue, la dirigeant sur 360 degrés.
« – Mais qu’est-ce que c’est que ça ! Antoine tu peux me dire ce que c’est !
C’est une boule de feu ! On dirait un… un soleil ! Un petit soleil ! »
Tous les hommes se relèvent de leurs postes pour chercher de leurs propres yeux les paroles terribles d’Antoine.
À l’horizon, venue de l’ouest, une forme rougeâtre est visible, avec un peu de concentration, certains matelots jurent que cette chose approche.
La forme semble être triple dans la longue vue du bosco, il peut voir cette chose de feu, son reflet sur la mer et ce phénomène curieux qui reflète cette énigme juste au dessus de la ligne d’horizon, comme trois cavaliers de l’Apocalypse parfaitement alignés à la verticale.
« – Antoine, qu’est-ce que tu vois exactement !
C’est une chose en flamme mon commandant.
Ça vient vers nous ?
Ça vient pas de doute.
À quelle vitesse ?
Je dirais… , Antoine prend son loch, éclair le cadran en l’approchant d’un brasero. Je dirais 35 noeuds mon commandant !
Trente-cin… Bon dieu. Faisons lui face à notre bâbord, je veux les canons prêts a lâcher une bordée sur ce… machin. »
Le Wagram fait un quart de tour sur la droite, le contre-amiral Kerjulien approuve de la tête en regardant le timonier.
« – À bâbord, je veux 5 canons d’anges à deux têtes, 5 autres de boulets pleins. Prêts à canonner à mon signal !
Oui commandant ! »
Les boutes-feu préparent leurs baguettes, prêts à en enflammer la mèche d’étoupe. Dans la nuit, aucune lune, aucune étoile, les braseros et torches du Wagram vacillent, laissant voir des ombres sur les faces crispés des matelots. Elles dessinent de curieux visages sur celui balafré du contre-amiral, créant l’illusion de lui ajouter, le temps d’une seconde, d’autre cicatrices avant de disparaître. Ses rides semblent se multiplier avec le jeu de lumière erratique, lui donnant des airs de vieillards. Ses pupilles sont rouges, tel un possédé, tel ceux qui entrent en transe dans les lointaines terres hindoues durant ces étranges cérémonies dédiées à Shiva.
« – Commandant, je pense… je pense qu’il dévie de sa trajectoire et met le cap dans notre direction !
Je le sais ! On… ne regardez pas trop cette… chose en feu, rien de tel pour vous éblouir.
Mon commandant, c’est quoi ce truc ? »
Le commandant allume sa pipe à l’aide d’un petit tisonnier qu’il avait préalablement chauffé à un brasero.
« – Ça… c’est une putain de légende, une légende vraie !
Que voulez-vous dire mon commandant ?
Ce que je veux dire ? C’est que si nous ne le coulons pas, nous seront morts.
Évidement…
Évidement quoi sous-fifre ?!
Pardon mon commandant.
Ce truc là messieurs, c’est le diable en personne ! C’est un navire en flamme, qui terminera sa mission infernale soit coulé, soit en nous coulant.
Chef, peut-être qu’on pourrait essayer de le perdre !
Inepties ! Conneries ! Ce machin vient pour nous envoyer en enfer, j’ai… il… on a trop péché ! Trente-cinq noeuds ! T’as pas entendu Antoine ! Notre Wigram dépasse difficilement les 10 noeuds !
Et si on manœuv…
Tu pense pouvoir l’esquiver ? Ah ! Ce machin va vouloir se repaitre de nous, c’est intelligent, cela nous est destiné ! Allez me chercher Spark ! Il n’est pas là, doit être en train de prier sa mère au carré.
Oui chef.
Et dite lui que si il ne ramène pas son cul ici, je lui fourre mon tisonnier dans l’œil !
Oui chef !
Du nerf ! »
Le commandant s’approche du charnier et s’asperge le visage d’eau, maintenant, les flammes du navire lui donnent un teint translucide. Les yeux braqués sur le navire en flamme qui approche à grande vitesse.
« – Putain, on dirait… sa carcasse… mais y’a encore les voiles mais c’est… tout en feu !
Antoine, arrête de le regarder, tu vois le diable merde ! Arrêtez de le regardez ! Soyez prêt, foutrement prêt à canonner cette terreur ! On aura pas de deuxième chance !
Commandant…
Spark petit enculé !
Désolé mon com… »
Cosmao Kerujulien prend la tête de Spark entre ses mains pour la placer en vue du navire enflammé.
« – C’est de ta faute ça enfant de putain !
Commandant… je suis désolé !
Tu sais ce que je vais être obliger de faire hein ?
Pitié non ! Non ! Laissez moi une chance, une… »
Le commandant lui tranche la gorge, Le corps de Spark, refusant la mort, fait des soubresauts. Le contre-amiral tourne et retourne sa dague dans le cou de Spark, on entends les tendons et les nerfs se défaire et le bruit de scie que fait la lame sur les os du cou de l’infortuné. Le commandant s’acharne, pose le corps du mort à terre et le décapite.
En brandissant la tête, il se déplace jusqu’aux gaillard avant, se tourne face au vaisseau brûlant qui n’est plus qu’à une moitié de mille et hurle :
« – Voici ! Voici Chtuhulu ! Regarde, j’ai accompli ta vengeance ! Chtuhulu, voici mon offrande, épargne moi, mes hommes et mon navire ! Prend-le ! Par pitié ! »
Ces derniers mots sont dits dans les sanglots. Tous les matelots le regardent, son uniforme est tacheté de substance noir, dégoulinante. Son corps a l’air d’une ombre, brandissant en l’air la tête de Spark comme Persée avait dû brandir celle de Méduse devant Phinée et ses sbires.
Les canonniers placent leurs canons dans leurs sabords respectifs, les boutes-feu enflamment leurs baguettes.
« – Chtuhulu je ne mérite pas ta colère. C’est lui, dont je tiens la tête, qui t’as offensé ! Lui a brisé son serment, pas moi ! »
Antoine ne peut s’empêcher de regarder le navire en feu, il croit même voir un visage, une terrible vision, un crâne à la mâchoire immense sortir puis, le fracas des canons firent vibrer l’air.
Les boulets percutent le vaisseau du diable, éclatant sur sa proue, des esquilles mêlées aux étincèles emplissent l’air, les anges à deux têtes fendent les voiles enflammées mais le vaisseaux fantômes ne ralentit pas.
Une seconde de silence, comme si l’oxygène du monde entier avait disparue, les matelots se regardent, à l’ombre des flammes ils ont l’air de spectres.
Le diable de vaisseau émet un son rauque, à faire exploser les tympans, des matelots en paniquent s’apprêtent à sauter à l’eau dans l’embarcation de sauvetage, le contre-amiral, reste debout, il a baissé les bras et la tête. Il est le premier percuté par le navire.
Soudain, tout le vaisseau prends feu, le bois craque et semble même hurler, le métal se tords, les feux de l’Enfer s’effondrent sur les marins.
L’instinct de tous les matelots est de sauter à l’eau, dans un dernier réflexe de conservation, ils sautent par dessus bords mais la mer n’est plus que flammes. Tel un feu grégeois, les marins sautent à leurs pertes, se consument, brûlés dans l’eau.
Tout se désagrège, l’oxygène n’existe plus pour les hommes encore conscients. Ils préfèrent mourir immédiatement plutôt que d’être les témoins de cette horreur. Préférant une mort rapide que de finir mangé par les flammes un mousse se tranche la gorge, l’autre s’enfonce son poignard dans le ventre, un autre encore plonge, la mer n’est plus un espoir, il brûle. On ne sait comment mais il reste à la surface et pousse des cris d’agonie avant que les flammes se repaissent de son visage.
Les mats s’affaissent, se donnant au feu pour mieux le nourrir, tout n’est que vision d’enfer, des silhouettes titubent et s’affaissent à genoux, des torches humaines sautent dans les lames de feux, des gerbes enflamment chaque parcelles de navire et de corps humains. L’air est emplie de petit débris qui se consument, comme des fées éphémères dont la vie est écourtée net par le présent à l’humanité de Prométhée.
Puis une énorme explosion finit de compléter le tableau d’apocalypse, le feu ayant atteint les réserves de poudres. L’atmosphère aux alentours hurle, comme si elle aussi pouvait sentir la souffrance.
Et le calme reprend ses droits. La mer s’est éteinte, des débris encore fumant flottent et sifflent au contact de l’eau, les squelettes des deux navires embrasés restent encastrés l’un dans l’autre comme des amants maudits.
Une immense lame engloutit les deux carcasses. Une épaisse fumée s’échappe de la mer puis s’évapore.
La vie reprend ses droits. Les flots sont calmes. Rien ne les perturbent, l’équilibre est revenu.
Crédit image : Pinterest
Récit inspiré par « Chtuhulu » d’H.P. Lovecraft et par « Moby-Dick » d’Herman Melville.
Cette sensation qu’un poids se pose sur le bord du lit, c’est ce sentiment vague qu’il ressentait. Pas la première fois d’ailleurs, cela arrivait surtout quand il était fatigué.
Quand ce poids s’installait dans son lit, il ne pouvait plus bouger. Ouvrir les paupières était effrayant. Ce petit mouvement lui semblait impossible et inutile car la chambre était emplie de pénombre.
Ce qu’il craignait le plus, c’était que ce poids se déplace sur son torse, sur sa cage thoracique. Dans ces moments là, son esprit était comme coincé entre rêve et réalité, il était on ne peut plus confus, apeuré. Tétanisé était possiblement le mot qui conviendrait le mieux car il lui était impossible de bouger et de respirer quand l’entité entrait ses songes.
Ce sont des sentiments dithyrambiques quand il y repense car il avait toujours voulu avoir des hallucinations. Une expérience extra-sensorielle, un événement qu’il ne pourrait expliquer et qu’il chérirait. Il a souvent pensé à prendre des drogues dures pour avoir ce genre d’expériences mais les drogues douces ne faisaient déjà pas bon ménage avec ses méninges, mieux valait ne pas tenter le diable, d’autant que dernièrement, le diable semblait envoyer un de ses sbires pour l’étouffer dans son sommeil.
Ses ambitions hallucinatoires se concrétisèrent bien vite. C’était pendant ses siestes que l’entité semblait la plus prompte à intervenir.
Mais elle avait déjà commencé à venir les nuits, régulièrement elle s’asseyait sur son lit, parfois un peu sur lui. Elle aimait beaucoup secouer le lit quand elle n’essayait pas de l’étouffer. C’était comme être dans un manège, il se cramponnait dans un état de semi-sommeil et sentait sont corps subir les oscillations du lit. Et il n’avait pas peur. Il attendait que ça passe. C’était devenu une habitude.
Souvent elle venait avec son ami, le rat, qui aimait se frotter à ses jambes et se balader sous la couette. Il se réveillait en sueur et secouait sa couette mais il n’y avait rien bien évidemment. Il avait peur de la morsure ou que d’autre rats le rejoigne dans ses brefs mais intenses moments de panique. Elle envoya une dizaine de fois son ami le rat.
Les interventions de l’entité étaient plus concrètes quand venait l’heure de sa sieste. Elle commençait par s’asseoir sur son lit, comme à son habitude, parfois posant une main pesante sur son torse. Et pénétrait ses songes. Des images sans queues ni têtes défilaient dans son esprit, il réalisait parfois qu’il avait arrêté de respirer et vous pouviez l’entendre essayait de reprendre son souffle. Comme un nageur resté sous l’eau un peu trop longtemps revenant à la surface, à quelques secondes de mourir noyé.
Un jour, elle décida de se montrer, très subrepticement.
Le défilement des images s’était arrêté, il ouvrit les yeux, la sueur avait nimbé son oreiller, ou peut-être était-ce de la bave. Les deux semblent plausibles. Réveillé, il se mit sur le dos et pour la première fois, vît l’entité.
Elle était dans le coin supérieur gauche de sa chambre, les mains collées au plafond et les jambes écartées, prenants leurs appuies chacune sur les murs formant l’angle.
Rouge sanguine qu’elle était, des yeux ronds et noirs, une langue rose et velue pendante, une couronne, un corps tailladé, un large sourire composé de dents requins.
Elle n’apparut peut-être qu’une seconde, même moins. Assez pour qu’il sentit un poids sur sa poitrine et pour refermer les yeux et essayer de se rassurer.
Il fit tout de suite un rêve où il était projeté de l’autre côté de la chambre par une force invisible. Il criait à l’aide mais personne ne venait et il le savait, personne ne viendrait, non seulement il était seul mais de sa gorge ne sortait qu’un petit râle pitoyable.
Il se réveilla en sueur, le cœur battant, avec un mal de crâne terrible. Il aurait juré que cela c’était vraiment passé. Il n’aurait même pas été surpris de se réveiller dans le coin de la chambre où il avait été propulsé dans son cauchemar.
Peut-être deux années plus tard, ces rêves et cauchemars, cette entité, semblaient avoir disparue de sa vie, disparue aussi vite qu’ils étaient apparus. Il avait tord.
Il dormait dans un tout autre endroit maintenant, il avait déménagé. Son habitude de faire la sieste ne l’avait pas quitté. Et l’entité semblait s’être évaporée, du moins c’était ce qu’ils pensait car elle s’était faufilée discrètement dans ses cartons de déménagements.
Il dormait quand il sentit quelque chose s’assoir délicatement à ses pieds. Son réflexe a été de se réveiller immédiatement pour trouver un affaissement au pied de son lit, comme si quelqu’un c’était vraiment assit à ses pieds, la couette portait la marque d’une personne qui s’y était assise. Il y posa sa main, la marque ovale, le tissus bien aplati contrastait avec les plis du reste de la couette et il sentit une chaleur à l’endroit où il posa sa main. Elle était revenue, et cette fois-ci, cela n’était sûrement pas qu’un simple mauvais rêve. Il avait une preuve, physique de sa présence. Il était seul. Le seul humain du moins.
Durant la sieste suivante, il vît la deuxième apparition de la créature, assise sur le dossier d’une chaise posée à côté de son lit dont il se servait pour poser son linge à laver.
Elle n’avait pas changée, toujours aussi rouge, la langue rose et poilue pendue entre deux de ses énormes crocs. Elle souriait mais plus amicalement cette fois. Et cette couronne qu’elle portait était magnifique, d’or, finement taillée, incrusté de pierres de toutes les couleurs. Elle pencha la tête à droite et disparu.
La proximité de cette apparition le choqua. Elle était là, pas loin, se rapprochait. Prenait-elle de la confiance ? Était-elle bienveillante ? Bien que terrifiante, il ne sentait pas forcément de mauvaises intentions en elle.
Elle apparue une autre fois, la dernière.
Cette fois, perchée sur un tabouret, comme un chat prêt à bondir, comme les gargouilles des cathédrales. Sa couronne étincelait, sa peau était toujours aussi rouge, il pouvait voir deux grosses écailles au niveau de ses cuisses, des tendons et des bouts de chairs accrochés à ses ligaments, les muscles à vifs. Des pattes de rapace à la place des pieds, des mains ornées de longues griffes noires. Ses yeux rond le fixait, elle ouvrit la bouche pour en sortir un son guttural et rauque. Il sentit son corps s’effondrer. Quelque chose éclata dans ses oreille, puis ce fut le néant.
Je tiens aussi à préciser que cet ouvrage et les deux autres qui arrivent sur le blog étaient des cadeaux de Noël offert à une proche, passionnée de ce genre de chose. Et je suis curieux, donc j’ai décidé de m’y ouvrir pour voir de quoi il en sortait.
Descendons ensemble, ou pas, dans l’horreur gratuite.
Quatrième de couverture :
Les terrifiantes confessions de 12 tueurs en série
« Un descente aux enfers dans le psyché des pires criminels que l’histoire a vus naître »
Les Inrockuptibles
Stéphane Bourgoin réunit pour la première fois en un volume les confessions, textes autobiographiques et nouvelles, inédits ou rares, de tueurs en séries, meurtriers de masses et autres criminels. Aussi terribles qu’éprouvante, cette anthologie meurtrière donne à voir l’abîme ouvert par ces esprits maléfiques et dérangeant. Une véritable plongée au cœur d’une machine implacable, où l’autre n’est qu’un simple objet destiné à assouvir le goût du meurtre.
Spécialiste français des tueurs en séries, Stéphane Bourgoin est mondialement reconnu. Il est l’auteur de nombreux ouvrages et documentaires sur le sujet.
—
Je n’ai aucune sympathie pour les tueurs en séries. Ce qui peut m’intéresser dans leurs cas, c’est leurs psychologies. On ne peux porter aux nues ces laches qui tuent plus faible qu’eux. Voici l’extrait d’un texte biographique écrit par un de ces serials killers dont je ne nommerai que par ses initiales :
« Si vous prenez la peine d’examiner en détails tous mes crimes, vous vous rendrez compte que j’ai toujours suivi un seul et unique précepte dans l’existence. De m’attaquer aux plus faible, aux plus vulnérables et à ceux qui n’étaient pas sur leurs gardes. C’est ce qu’on m’a appris : la puissance fait Loi. »
C.P.
Autant vous dire que l’ouvrage est un tout petit recueil d’écrits de tueurs agrémenté de commentaires de l’auteur.
Je n’ai rien appris dessus. Non en faite, j’ai appris ce qu’ils ont fais, mais rien d’important dans la lecture ne m’a appris quelque chose d’important. C’est une lecture pour ceux qui ont un intérêt et/ou une curiosité morbide à combler.
J’ai peut-être appris quelque chose en fin de compte, que l’être humain peut tuer sans raison et être lâche. Mensonge, mes lectures précédentes m’ont déjà montré se côté de l’Homme, mais sous d’autres formes.
Je ne conseil pas se livre, à par comme je l’ai dis plus haut, si le gore et le dérangeant (extrêmement d’ailleurs) vous passionne. Les victimes ne sont que très peu mentionner, les survivants non plus. Je pense que l’auteur s’est fait de l’argent facile avec se petit livre. 90 % des textes à l’intérieur proviennent des tueurs en série.
— Deuxième Ouvrage —
Le livre noir des serial killers de Stéphane Bourgoin
Quatrième de couverture :
Plongeon abyssal dans la tête de tueurs en série
Stéphane Bourgoin a rencontré plus d’une soixantaine de tueurs en série à travers le monde. Il relate ici l’histoire, retrace le profil psychologique et analyse la personnalité de six d’entre eux. Et non des moindres. Du Vampire de Düsseldorf à l’Ogre de Santa Cruz, en passant par le Cannibal de Milwaukee, ce sont à chaque fois de véritables monstres auxquels il nous confronte. Âmes sensibles s’abstenir !
—
Entamons donc la deuxième lecture. Le livre est un peu plus consistant que le premier présenté si-dessus.
Il se concentre sur 6 tueurs, en détails.
Beaucoup de répétitions, beaucoup de détails horribles… J’ai trouvé cet ouvrage un peu plus intéressant, comparant récits de tueurs avec rapports de psychiatre et survivante (car l’écrasante majorité des victimes sont des femmes). Les témoignages sont dure à encaisser. L’horreur, l’inhumanité et la manipulation de ces assassins transpirent via leurs comportements et leurs aveux. Ils manipulent les autorités, les policiers, les lois avec une impressionnante facilitée. Aucun d’eux ne semble éprouver de vrais remords. À part quant il s’agit de manipuler.
Beaucoup de ces tueurs ont eu une enfance difficile. Mais ce n’est pas une excuse. Beaucoup de personnes ont eux une enfance difficile et ne sont pas devenues des assassins sans pitiés. « L’excuse » de l’enfance difficile, bien qu’ayant joué sur le psyché des tueurs n’est pas une explication, ou la raison, de leurs crimes atroces. Puis souvent, ils mentent.
De la documentation provenant du FBI apporte une dose importante dans la compréhension et les manières que les forces de l’ordre utilisent pour appréhender ces criminels. Bien que les forces de l’ordre ai commis d’énormes erreurs, laissant parfois le champs libre à ces criminels pour continuer leurs horribles forfaits.
Voici un passage intéressant que Bourgoin partage, celui de l’agent du FBI Robert Kessler sur la peine de mort (je censure le nom du tueur) :
« D’une certaine manière, K, avec ses souvenirs précis, son regard critique sur les actes qui l’ont amené en prison, illustre parfaitement la nécessité pour la société de maintenir en vie ces meurtriers implacables. Je reste persuadé qu’on commet une grave erreur en les exécutant ; il faut contraire les garder en prison, les soigner et, ce faisant, apprendre d’eux les moyens de combattre à l’avenir une criminalité qui nous dépasse. Oui je maintiens que nous avons beaucoup à apprendre d’eux. Exécuter de tels assassins n’offre aucun avantage pour la société. La peine capitale n’a rien d’exemplaire, et n’empêchera certainement pas des serial killers en herbe de tuer, tout simplement parce que l’emprise de leurs fantasmes restera toujours la plus forte. De plus, il est faux de prétendre qu’une exécution économise l’argent de l’Etat : aujourd’hui, pour tuer un condamner, il faut dépenser des millions de dollars en frais de justice. Il est bien plus utile de garder des assassins comme K en prison ; nous gagnons beaucoup à les étudier. »
— Troisième Ouvrage —
Serial Killers : enquête mondiale sur les tueurs en série de Stéphane Bourgoin.
Quatrième de couverture :
Noms des tueurs censurés par mes soins
Avec la collaboration d’Isabelle Longuet et Joël Vaillant
Ouvrage de référence, traduit dans le monde entier, cette édition revue et augmentée pour la quatrième fois et le résultat d’une trentaine d’années de recherches sur ces criminels qui tuent en série sans mobile apparent, et le plus souvent sous l’emprise de pulsions sexuelles. Ils commettent leurs forfaits en toute impunité pendant des mois, voire des années.
Stéphane Bourgoin a pu s’entretenir avec plus de soixante-dix de ces serial killers dans des prisons de hautes sécurités. Cannibales, comme O.T. ou le pedophile sud-africain S.W. ; psychotiques, tel G.H., dont le cas inspiré le personnage de Buffalo Bill dans Le silence des agneaux ; ou R.C. et J.R., authentiques vampires modernes ; femmes criminelles, comme M.B. ou C.F. ; tueurs d’enfants à l’exemple de J.J. et A.F. ; nécrophiles et chasseurs de têtes, à l’image de G.S. et E.K. qui sert de modèle au Hannibal Lecter de Thomas Harris ; étrangleurs de prostituées à la façon d’A.S., tous expérimentent les mêmes fantasmes sanglants – et une absence totale de remords.
Grâce à de nombreux séjours à l’étranger, l’auteur a rencontré les agents spéciaux du FBI chargés d’étudier ces assassins hors norme, ainsi que des profilers du monde entier qui utilisent une approche psychologique et des bases de données informatiques pour résoudre les enquêtes. Leurs conclusions sont confrontées à l’avis des plus grands psychiatres dans le domaine.
L’ouvrage est complété par de nouveaux entretiens et portraits de tueurs, un cahier-photos revisité, une étude sur la « détection de la sérialité » par le colonel de gendarmerie Joël Vaillant et une étude sur les nouvelles méthodes d’investigation informatique du FBI.
—
Le livre est un mastodonte de plus de 1 000 pages, coupé à la moitié par un album photo.
La première partie concerne les manières et tactiques que les forces de l’ordre utilisent pour arrêter ces criminels. Il est terrifiant de réaliser que la Police et la gendarmerie française sont encore très loin d’être au niveau des forces américaines. Nous sommes à la traîne.
Une partie sur les femmes serial killers éclaire les théories selon lesquelles il y a peu de tueuses en série, ce qui est vrai. Mais leurs méthodes sont complètement différentes de celle des hommes. Et tout aussi meurtrière.
L’interview de 3 profilers s’avère très intéressant dans le ressenti et l’impact que se métier peut avoir sur leurs vies.
Stéphane Bourgoin reprend des passages des deux livres précédents, se qui est un peu frustrant. Mot à mot ou presque. Si l’un de ces ouvrages vous intéressent, je vous conseil de prendre celui la. Prenez note qu’il fait plus de 1 000 pages.
L’ouvrage prends un tournant très intéressant, il faut l’avouer. Et il est très bien écrit. Les interviews réalisaient par Bourgoin sur ces tueurs s’avèrent très intéressant, une plongée dans le psyché directement. Sans fard. Je suis maintenant tenté de me procurer des ouvrages sur l’interview de ces tueurs, quelque chose dans ces interviews est captivant, je l’avoue. Mais après la lecture de se livre, j’ai ma dose d’horreur. Ces trois livres ont remplis leur objectif, nourrir ma curiosité morbide, je n’ai plus besoin de dose d’horreur humaine.
La fin du livre est une sorte de « compilation » de tueurs en séries, classés par ordres alphabétiques avec énormément d’ouvrage pour en apprendre plus sur chacun d’entres eux.
Je quitte se livre exténuant en me demandant comment des personnes peuvent bien baigner dans ces horreurs, par « passion », « intérêt ». Je peux comprendre l’utilité de se genre de livre pour les professionnels, gendarmes, enquêteurs, psychiatres, psychologues ect… je ne dénie pas que ces livres pourraient les aider dans leurs métiers, quant à nous, lecteur lambda, je me demande ce qu’ils peuvent bien apporter… peut-être à nous rendre plus attentif envers notre environnement et notre entourage. Peut-être. Car cela pourrait mener à de la paranoïa.
Mais après tout, ce n’est pas parce que vous êtes paranoïaque que quelqu’un ne vous suit pas actuellement. Peut-être même que ce quelqu’un vous regarde actuellement.
Mon verdict :
Comme noté au début de mon article, les serial killers ne sont pas une de mes passions. Par contre, je mentirai si je n’avouai pas la curiosité morbide qui m’a attiré à lire ces livres. Avouons le, nous sommes humains, nous aimons nous faire peur, nous ralentissons notre allure quand un accident s’est déroulé sur le bord de la route, et nous nous devons de jeter un coup d’œil.
Ce qui m’intéressais le plus, c’était le côté psychologique. Les maladies. Les personnalités. Les crimes, ça, ce n’est pas vraiment ma tasse de thé. Mais j’ai quand même été servis par ces ouvrages.
Je voudrais pointer un problème que j’ai observé sur internet. Celui des gens, et disons la vérité, des femmes, qui adulent ces tueur en séries. Il y a des fanbases de tueurs en séries, des site de Murderabilia (terme signifiant la vente d’œuvres d’arts, d’objets, ayant appartenus à des tueurs sur internet). Je pense qu’il ne faut pas confondre fascination et admiration. Comme il ne faut pas confondre évolution et amélioration. Nous pouvons évoluer (dans tous sujets) négativement comme positivement. Amélioration par contre signifie que quelque chose devient positif, de retour à la normale. Fascination, pour moi, semble synonyme de curiosité, d’intérêt, tandis qu’admiration semble porter un intérêt plus poussé pour un sujet, un modèle, un but. Et cela est effrayant. Effrayant n’est peut-être pas le bon mot, mais je crois qu’admirer un tueur signifie qu’il y a peut-être un petit soucis, un manque à combler ou plus grave, mais je ne suis pas psychiatre. Les tueurs en série sont des lâches, la grande majorité des hommes qui s’attaquent à plus faible qu’eux. On oublie les victimes, les survivants, leurs familles. Imaginez vous, tant que faire se peut, être un proche d’une victime d’un de ces assassins et de voir que des gens l’admirent, le vénèrent, sont même attiré par eux. Que ressentiriez vous ? Certains même de ces fans vont jusqu’à insulter les victimes, les traiter de menteurs.
Tous cela pour dire qu’il faut faire attention sur internet, qu’il ne faut pas se faire berner par ces tueurs qui, si vous les admirez, ne vous considère pas comme des êtres humains mais des objets. Rien n’est possible avec eux.
Ces monstres ne ressemblent pas, pour la plupart, à des tueurs comme notre imaginaire peut se les représenter. Ils ressemblent à des personnes comme vous et moi, on ne peux plus normales. Du moins extérieurement. Certains même ont du charme, de l’intelligence, du savoir-vivre. Les vrais monstres ne ressemblent pas à des monstres. Mais à votre voisin, à votre collègue, voir même peut-être à vos amis.
Voici un extrait de l’avis de Stéphane Bourgoin dans Serial Killers : enquête mondiale sur les tueurs en série. :
Pourquoi un tel intérêt [pour les tueurs en série] ? Serait-ce un moyen pour chacun d’entre nous de transgresser la morale ou une transposition moderne de la « catharsis » ? Ne s’explique-t-il pas aussi par le désir profond de comprendre ce qui peut inciter ces tueurs, que rien ne distingue des honnêtes gens, à passer à l’acte ? Il doit bien exister une raison à ces actes irrationnels ! La réponse n’est pas évidente surtout quand les avis des experts divergent quant aux origines du « mal ». Cette violence résulte de la conjugaison de plusieurs facteurs : prédispositions génétiques, dérèglements hormonaux ( sérotonine, testostérone…), événements déstructurants (violences familiales, abus sexuels…), influence du milieu dans lequel ils évoluent depuis leur naissance. Difficile aujourd’hui de cerner la part exacte de l’acquis et de l’inné. Les travaux des experts en neurosciences apporteront peut-être d’autres éléments de réponse. Néanmoins pour tous les spécialistes, une seule certitude, on ne naît pas tueur en série, on le devient.