
J’étais enfant, je dirais que je devais avoir 8 ou 9 ans. J’étais en vacances chez mon père qui m’avait amené à la campagne, dans la maison de ma grand-mère. Une vielle maison qui nous appartient depuis plusieurs générations, si j’ai bien calculé.
C’était (et est toujours) une vieille bâtisse, avec de massifs volets en bois, un étage, un immense jardin, une petite cour devant et l’atelier de menuisier datant de mon arrière-grand-père juste en face. En faite je pense même que l’atelier a été construit à l’époque de mon arrière-arrière-grand-père, mais je ne suis pas sûr.
Toujours est-il que cet été, je jouais dans la cour de devant, une cour pas bien grande mais constituée de cailloux, de sable et de mauvaises herbes qui semblent pousser en une nuit.
Mon père bricolait dans l’atelier et moi, j’avais découvert comment faire du ciment, du moins je pensais que j’avais découvert comment en faire.
J’avais décidé de créer une sorte de petit fort en utilisant le sable et les cailloux de la cour mélangés avec du ciment « prêt à l’emploi ».
Autant vous dire que mon fort ressemblait plutôt à une sorte de montagne. Qu’à cela ne tienne, j’avais sorti mes petites voitures et avait créé des chemins avec une balayette qui passaient autour de la montagne, j’étais content.
Je jouais tranquillement, mon père toujours en train de bricoler je ne sais quoi dans l’atelier, ma grand-mère, handicapée, devant sa télé quand j’entendis quelqu’un cogner dans une vitre.
Je me retournais pour voir si c’était ma grand-mère qui cognait à une des vitres du rez-de-chaussée, personne.
Trois nouveaux coups retentirent à ce même moment et je levais ma tête. Une femme pâle, brune, un visage fin, avec sur la tête une sorte de voile, me faisait signe, avec un grand sourire.
Je lui rendis son signe amical et recommença à jouer. Je pensais que c’était une nouvelle femme de ménage qui était venue aider ma grand mère, sans que je ne m’en rende compte. Je n’ai pas plus été surpris que ça.
Après une demi-heure de course poursuite effrénée autour de la montagne de ciment, appelons cette montagne ce à quoi elle ressemblait vraiment, un monticule de sable, de cailloux mélangé avec du « ciment » et de l’eau, je décidais de rentrer pour prendre mon goûter.
En rentrant dans la cuisine, je dis à ma grand-mère, qui était devant sa télévision, que je ne savais pas qu’elle avait une nouvelle femme de ménage. Elle me répondit qu’elle n’avait pas changée de femme de ménage depuis plus de 10 ans. Je lui demandais donc qui était cette personne à l’étage qui m’avait fait « coucou ». Elle me répondit par un silence, une expression un peu inquiétante, comme si elle parlait à un fou. Elle me répondit que personne n’était monté là-haut, les femmes de ménages ne pouvant faire le ménage que dans les espaces de vies de la bénéficiaire. Ma grand-mère étant lourdement handicapée, l’étage n’était pas un espace de vie. Aussi, personne n’était venu faire une visite de courtoisie à ma grand-mère, ce qui était chose courante à cette époque pas si lointaine.
L’étage n’était occupé par personne, excepté par mon père et moi quand nous y dormions.
J’affirmais avec certitude avoir vu quelqu’un à l’étage, une femme. Mais ma grand-mère trouva l’explication : j’avais imaginé ça, j’étais tellement pris dans mes courses de petites voitures que j’ai imaginé une femme me faisant un signe de la main et un sourire.
Depuis ce jour, c’est la chose la plus inexplicable qui m’est arrivée. Je suis persuadé que j’ai vu cette femme car je me rappelle exactement à quoi elle ressemblait, et surtout, je me souviens avoir entendu distinctement les coups sur la vitre, le signe de la main, le sourire, le beau visage de la femme et son châle de marié.
En regardant des vieilles photos de famille, je crois avoir reconnu mon arrière-grand-mère, une femme brune au visage fin, je n’ai que cette photo d’elle… en robe de marié. Je n’avais jamais vu cette photo auparavant, c’était en fouillant il y a 3 ou 4 ans dans une vieille armoire que j’ai trouvé cette photographie.
J’ai demandé des renseignements à ma grand-mère, elle m’a dit que c’était une femme très belle, avec des cheveux magnifiques, mais avec une personnalité des plus… extravagantes. Elle croyait aux extraterrestres par exemple, ce qui n’est pas rien quand on sait qu’à l’époque, cette croyance était très mal vue.
Parfois, ma grand-mère me dit parfois qu’elle entend quelqu’un cogner à une vitre la nuit. Elle et moi ne croyons pas aux fantômes. J’aimerais qu’ils existent, cela rendrait la vie plus intéressante, mais je ne peux expliquer ce que j’ai vu ce jour-là. Je m’en rappelle comme ci c’était hier.
J’ai dormi des années et passées plus de dix ans dans cette maison et je n’ai jamais vécu quelque chose de paranormal. Je n’ai jamais entendu les bruits que ma grand-mère entends la nuit, jamais vu d’autre apparition ni senti de présence.
Mais j’ai vu, j’en suis sûr et certain, ce que je crois être le fantôme de mon arrière-grand-mère, dont je porte le prénom en troisième prénom (ça se dit ça ?).
Je préfère cette théorie là, celle du fantôme, à celle d’une personne qui vivait en cachette dans la maison familiale, à l’insu de ma grand-mère, et même de moi et de mon père.
Je sais ce que j’ai vu, et jamais je n’ai vécu d’autres expériences. Et honnêtement, j’aime à me souvenir de son beau visage.
Jaskiers