Tout perdre – Chapitre 11

Nous avons tout de suite compris la situation, le Gouvernement nous avait bel et bien berné. Comment avions-nous pu être si naïfs ? Nous savions que ces gens franchiraient un jour les limites de l’acceptable. Les belles promesses d’union, de symbiose qu’avait fait naître cette nouvelle ère pour l’humanité n’avait été que pure désillusion. Nous savions, au fond de nous, qu’une poignée de personnes allait recommencer à vouloir dominer la majorité. C’est dans notre nature. Nous avons besoin de leader, et soit nous en faisons partie, soit nous somme ceux qui les serve. Et même si vous êtes en dehors de leur système, d’une manière ou d’une autre, vous contribuez à nourrir leur pouvoir sur la masse. On n’échappe pas à notre vraie nature.

La colère est la première réaction que nous avons eut. Fini les gangs, fini les dissensions, en l’espace d’une nuit, l’Uni nous avait… uni. Elle avait unifié ses ennemis. Voici l’erreur qu’ils ont faite.

Diviser pour mieux régner, une des bases pour gouverner, et doctrine qu’ils avaient su utiliser à leur avantage jusqu’ici, était tombé à l’eau.

Notre colère était doublée de peur. Qu’était-il advenu de nos amis ? Et en filigrane, nous nous identifions tous aux disparues. Et si ça avait été nous ?

Notre rage éclata, partout dans le pays. Dans les rues des grandes villes comme dans les campagnes et trous perdus.

Nous brisions tout ce qui pouvait nous passer sous la main. Voiture, vitrine de magasin, lampadaire, bennes à ordure, monuments, mairie et tout ce qui appartenait au Gouvernement. Les braves gens, les gens-utiles, qui avaient la malchance de nous croiser finissaient en sang, à terre. Nous en avons tué, je ne le démentirai pas. Je ne pourrai pas dire qui, parce que notre folie meurtrière ne nous a pas laissé de souvenirs précis.

Une foule en colère, quand on la voit de l’extérieur, ça doit faire peur, ça doit aussi être un peu pathétique. Mais quand vous êtes à l’intérieur de cette foule, quand vous faites partie de cette foule, quand vous êtes en symbiose avec elle, c’est une expérience puissante. Vous avez l’impression d’être en symbiose avec tous ceux qui vous entourent, vos corps ne font plus qu’un. Vous êtes une sorte de monstre lovecraftien, vous suivez mais aussi créez le mouvement. Votre cerveau est connecté aux autres, c’est quelque chose de très troublant quand on y repense plus tard, mais sur le moment, la foule, c’est vous.

J’ai frappé, cassé, brisé, crié, pleuré, insulté et cogné encore et encore avec des centaines, voir des milliers de personnes.

Ce n’est pas quelque chose que les honnêtes citoyens connaîtront. Pour avoir cette expérience, il faut avoir souffert, avoir perdu quelqu’un et, ou, quelque chose. Il faut avoir l’impression que vous n’avez plus rien à perdre, que vous êtes dos au mur et que vos opposants ne pourront vous arrêtez que s’ils vous passent sur le corps.

Les cochons sont arrivés après une bonne demie heure de carnage de notre part. Ils nous ont ordonné de nous disperser, cet ordre a été reçu par des lancés de pierre et d’objet en tout genre, la riposte a été rapide et douloureuse. Une charge de flic ressemblant, et agissant, comme des robots et quelque chose qui doit être fascinant et morbide à voir de l’extérieur. Mais dans la foule en colère, nous n’attendions que ça. Nous n’attendions que ce contact brutal, ancestral et sauvage de l’ennemi.

Jaskiers

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Tout perdre – Chapitre 9

Un beau jour, à la place des bancs que vous pouviez trouver dans les squares, les parcs, les rues, à tous les endroits où un banc avait été placé, une sorte de caisson, long d’environ deux mètres cinquante et large de deux mètres les avaient remplacés.

Nous avons été surpris. Notre premier réflexe a été de voir ce que ces caissons étaient.

Ils s’ouvraient sur le côté, sur la longueur, d’un seul côté. À l’intérieur, tout était matelassé. Des systèmes de ventilation étaient installés sur les côtés. Un gros oreiller dans un coin, des couvertures bleues, un petit caisson de rangement du côté opposé de l’oreiller, un Thermos, des gourdes, des gobelets et un tout petit réfrigérateur encastré à l’intérieur de la grande portière.

Incroyable, le Gouvernement avait peut-être enfin réalisé que nous étions des êtres humains, et que c’était en nous tendant la main de ce genre de façon que nous pourrions re-basculer dans une vie bien rangée.

Sauf que…

Je suis persuadé que nos leaders avaient pensé que ces caissons pour Sans-Rien n’étaient pas ici pour nous aider, mais pour créer des tensions et dissensions entre nous.

En effet, nous étions des milliers, voir quelques centaines de milliers et même un bon million, à travers le monde, à vivre dans la rue. Et il n’y avait qu’une poignée de caissons par rapport à nos effectifs.

En premier lieux, les bancs étaient déjà occupés par des personnes s’étant battues, au sens littéral du terme, pour pouvoir occuper et garder un banc. Certains bancs appartenaient même à des gangs, qui les louaient pour de l’argent, de la nourriture, de la drogue ou du sexe.

Maintenant, les gangs et autres propriétaires d’un banc se retrouvaient avec un caisson.

Toute la hiérarchie des démunies était chamboulée.

Si vous étiez propriétaire d’un banc, deveniez-vous de facto propriétaire d’un caisson ? Fallait-il procéder à un vote ? Se battre à nouveau pour savoir qui serait le nouveau prophète ? Était-ce juste ou injuste de considérer le caisson comme votre, posséder un luxe que n’était pas le vulgaire objet de ferraille et de bois ? N’était-il pas légitime que ce changement drastique soit suivi d’une nouvelle lutte de pouvoir ?

Qu’importe votre avis, vos réponses, pour nous, la réponse s’imposait d’elle-même ; personne n’était plus propriétaire de rien, il allait falloir se battre, parfois en formant des clans, jouer de la diplomatie, de coup bas, pour devenir propriétaire d’un caisson.

Je n’ai pas participé à ces combats fratricides. Je n’avais jamais dormi sur un banc. Pourquoi ? Parce que je n’avais pas la volonté, ni nécessairement l’envie, de me retrouver mêlé dans une baston à coup de tessons de bouteille, de battes de baseball, de canifs, pour pouvoir dormir dans ce qui semblait être une bénédiction, un luxe, dont je n’avais pas besoin.

Les squats, les cartons empilés, les immeubles et magasins désaffectés, à même le sol, j’étais habitué à vivre sans rien. Je me serai senti mal à l’aise dans ces tubes, ce n’était pas naturel pour moi. Et mon instinct, que j’ai réappris à écouter, me disait que ce petit havre de confort était dangereux. Pas seulement à cause de la nouvelle guerre qu’ils avaient engendrée, mais parce qu’ils venaient du Gouvernement Unis.

Rien n’était gratuit, il fallait apporter quelque chose à la société pour pouvoir bénéficier de la moindre chose vitale. Et ces caissons n’avaient rien d’anodin, ni de charitables, ce n’était pas un acte de compassion envers nous, mais quelque chose de sombre, de sinistre.

Jaskiers

La loterie nucléaire – chapitre 6

Sabine s’approchait de son mari et le tirait par la chemise.

« – Benjamin, calme toi merde ! On as pas besoin de ça, arrête ça tout de suite !

  • Laisse-moi ! J’aime pas qu’on parle dans mon dos, et j’aime encore moins que ceux qui le font n’aient pas le courage d’assumer ! Venez !
  • Arrête, tu vas attirer la sécurité avec tes conneries !
  • Sécurité ? Sécurité de quoi ? Rien que des planqués ! Qu’ils viennent et je leur dirai leurs quatre vérités !
  • Si tu continues, c’est moi qui vais les appeler !
  • Tiens donc !
  • Benjamin arrête ! »

Sabine avait lâché ses derniers mots avec autorité, comme une mère rappelant son fils difficile à l’ordre. Et Benjamin se retourna vers sa femme, passa son bras autour de ses épaules et l’emmena sur un banc. Il suffisait de parler à son mari comme une mère parlerait à son enfant pour le ramener à la raison. Complexe d’oedipe ou, là encore, l’explication se cache t’elle dans les recoins les plus reculés de notre instinct ?

Après ce moment de tension, retournons vers Thomas, qui avait enfin trouvé une place assise. Il avait assisté, mais pas entendu, l’altercation du couple avec les voyageurs sur le quai d’à côté, par la vitre contre laquelle il avait posé sa tête, l’alcool pesant sur le cerveau, sur les muscles et, trop imbibé, le corps miné a besoin de soutien.

« – L’amour, à cette époque ? Des projets ? Des enfants ? Une maison ? Les crédits ? Les disputes ? Les violences verbales et physiques ? Les enfants qui tournent mal ? Le divorce ? Les avocats ? Les coups bas ? Qui en sortira avec le plus d’argent ? La bataille pour la garde des gamins ? Une famille recomposée ? Non ! Peu pour moi, je cède ma place ! Jamais ! À cette époque croire en l’amour ? C’est niais. Croyez en une mort certaine, ça, tout le monde y passe, riche ou pauvre, idiot ou génie (les deux sont d’ailleurs parfois en une même personne, le génie de la connerie, et la connerie du génie), gros ou maigre, chômeur et travailleur, enfin… la liste pourrait continuer indéfiniment. Tiens… je me demande si ceux qui balancent les bombes arrivent à dormir et à se regarder dans la glace le matin. Ils sont sûrement chargés de drogues, ou ça ne m’étonnerais pas qu’ils soient manipulés jusqu’à croire qu’il joue à un jeu-vidéo. Je divague… J’ai envie de vomir mes tripes… Plus je vieillis, plus je picole et moins je tiens l’alcool… s’est pas normal ça. Sûrement un cancer, un truc au foie ou à l’estomac. Tiens, je devrai me mettre à fumer, histoire de viser le cancer du poumon ou de la gorge. J’aurai une chance de me voir mourir, de passer de l’autre côté, au lieu que ma vie finisse en un clin d’œil. Si on réfléchit bien, fumer et boire, c’est un peu comme un suicide lent. Ceux qui sautent d’une falaise ou se font sauter le caisson, eux, ils utilisent la manière rapide. Mais ils sont jugés, vilipendés, l’église ne veut pas célébrer leurs funérailles. Par contre, ceux qui, comme moi, se tuent à petit feu, on ne leur dit rien. C’est un suicide, plus long qu’une bastos dans la caboche mais, au final, c’est pareil. Quel monde étrange. Attends, n’est-ce pas du suicide de sortir de chez soi à notre époque ? Attends, pire, rester chez soi, c’est du suicide aussi ! Une bonbonne atomique ça te fait t’évaporer de la surface de la planète que tu sois dedans ou dehors. Non, le mieux c’est un bunker souterrain ! Mais c’est interdit, enfin je crois… J’évite de trop réfléchir. Ça demande des matériaux nécessaires à l’effort de guerre, ainsi que de la main d’œuvre et tout et tout… Plutôt qu’ils ne veulent pas provoquer la panique en disant que les abris anti-atomiques sont nécessaires… et, en filigrane, ils veulent surtout être sûrs que l’on crève. Ma pauvre petite dame, ne retiens pas la rage de ton bonhomme, laisse le déverser sa bile, ils ne nous restent pas longtemps à vivre, vivons pleinement, et surtout goulûment ! »

Comme à son habitude, Thomas avait pensé tout haut. Chaque passager dans son wagon étaient passés dans celui de devant ou de derrière après avoir entendu sa rente.

« – Je pari qu’il y en a un qui va baver aux autorités ! Je ne sais pas si les prisons sont ciblées par les bombardements… en fait, je n’ai jamais entendu parler d’une bombe ayant atterri sur un pénitencier… C’est peut-être une bonne planque ! Ça et bosser pour le gouvernement. Étrange époque, mais on s’y fait, l’être humain s’habitue à tout ! Et je dirais presque que je l’aime, cette période sombre… »

Le train de Thomas enclenche sa marche en avant, doucement, il quitte la gare. Il enlève sa tête de la vitre, les vibrations que provoque le contact de son cerveau éméché avec la vitre du wagon ne faisaient pas bon ménage avec son état. L’ingénieur ne peut s’empêcher de vomir sur le dos du siège en face de lui. Dégouté par l’odeur de son propre vomi, mais se sentant déjà mieux, il déambula dans le wagon à la recherche d’un siège plus confortable. Il le trouva, s’affala dessus et allongea ses jambes sur le siège de devant. Si un contrôleur passait, il aurait été bon pour une bonne réprimande. Mais pour ça, le valeureux contrôleur aurait dû le réveiller. Et le sommeil d’un homme qui cuve est profond. Parfois le sommeil se transforme en coma.

Jaskiers

La loterie nucléaire – Chapitre 4

Les nerfs souffraient dans les deux pays. L’alcoolisme gagnait les populations. Si ce n’était pas l’alcool, on se faisait prescrire des anxiolytiques, des antidépresseurs et le tour était joué. L’abrutissement psychique semblait un des remèdes les plus efficaces pour les civils pour supporter la guerre moderne.

L’ingénieur alcoolique savait qu’il partait pour travailler sur un chantier militaire. La lettre ne le précisait pas mais les conditions évoquées ne lui laissent guère de doute, la clause de non-disclosure et le « chantier » situé dans la zone ouest.

« – Qu’importe ce qu’ils veulent de moi, je ne ferai pas mon boulot, du moins, par correctement. Je vais salement saboter l’ouvrage, tirer au flanc, rien à foutre de leurs sbires, on sait comment tout cela va terminer… »

Mais cette affirmation, Thomas la regrettait d’emblée. Non, personne ne savait exactement comment cela finirait. Enfin si, ceux en costard cravate. Eux savaient, eux avaient planifié. Il n’était même pas étonnant que les deux côtés furent en fait de très bon amis derrière le théâtre de guerre. Il n’y avait peut-être même pas de côté, ils s’enrichissaient à souhait, sans vergogne ni regret, tout en étant portés aux nues par leur peuple respectif.

« – Et puis, si je crève dans ce train, personne ne me regrettera. »

En effet, Thomas n’avait pas de femme, ni de mari. Pas peine d’avoir essayé pourtant mais l’alcool faisant son effet, il évitait de trop creuser sur ce côté de sa vie. Un échec.

Pas d’enfant non plus. Grand Dieux ! Qui oserait mettre au monde un enfant dans ces conditions ?

Qui ? Beaucoup en fait. De n’importe quel branche de métier, de situations diverses et variées, d’âges également. On trouvait toujours à mettre au monde un enfant même si les conditions de vie étaient exécrables. Peut-être était-ce dû à l’instinct. Perpétuer l’existence (et la subsistance mais Thomas arrête sa pensée là) de la race humaine.

Au sommet de la chaîne alimentaire, au summum de la connerie vivante. Numéro un pour s’entretuer et entraîner les autres espèces dans leur chute. En fait, même sur une planète aux conditions de vie incroyables, réunissant tout ce qui était primordial (et plus ? Trop peut-être ?) pour la vie, l’Homme semblait exceller à entraîner cette immense sphère dans sa chute. Parce que l’être humain a un ego. S’il échoue, tout le monde doit échouer, c’est comme ça. La loi du plus fort. Ou du plus idiot, du plus égocentrique, voir tout ça à la fois.

Le train de Thomas arrivait en gare. L’ingénieur prenait souvent son temps avant d’entrer dans le train, pendant que des passagers descendaient que d’autres montaient, il attendait presque le moment du départ pour admirer la machine qui allait le transporter à une vitesse impressionnante. Le génie humain, quand il est dirigé pour le bien de tous, est une bonne chose. Enfin, tout est relatif…

« – Tout n’est pas à jeter chez l’être humain, il faut chercher, mais on trouve parfois les bons côtés de notre espèce, les bonnes personnes. »

Thomas pensait tout haut, il avait cette habitude depuis tout gamin de laisser s’exprimer sa pensée à haute voix. C’était pour cela que les passagers le regardaient curieusement, le temps d’un instant. Certains s’arrêtaient parfois parce qu’ils pensaient qu’il leur parlait directement. Mais souvent, ils accéléraient le pas quand ils sentaient l’alcool émanent des pores de la peau de l’ingénieur, quand ils voyaient sa démarche titubante. Comme si être saoul était contagieux, comme si, jamais de leur vie ils n’avaient vu quelqu’un alcoolisé. Certains semblaient presque outrés, mais l’ingénieur se fichait du regard des autres depuis longtemps.

Il monta dans le train.

Sabine vit arriver le sien, et elle se demandait si elle devait annoncer la grande nouvelle à son mari.

Non, pas tout de suite. Ce n’est pas le genre d’annonce que l’on fait à la veille d’un enterrement. Quoique…

Benjamin ne desserrait pas la mâchoire, elle était crispée. Son mari était tendu. Quel serait sa réaction ? Quand serait le bon moment pour l’annoncer ?

Jaskiers

La loterie atomique – Chapitre 3

Les chaînes d’informations, avec leurs présentateurs vedettes, qui ressemblaient à des mannequins de publicité pour shampoing hors de prix, récitaient leur texte, les mêmes pour chacun à peu de mots prêts, fournis par le gouvernement, n’existaient que pour faire peur à la population, tout en les rassurants. Étrange dichotomie.

« – Tout va bien, on reçoit quelques bombes sur la gueule ? Et bien nous leur en envoyons le double ! L’ennemi cri famine ! L’adversaire demande pitié ! Ces salauds ont demandé des pourparlers de paix ! Ils faiblissent de minutes en minutes ! Leur air est irrespirable (peut-être faudrait-il leur dire que ‘l’air’ ne connaît pas les frontières, à moins que ce soit le même nuage toxique que Tchernobyl, lui, il avait le respect des frontières !) Nous sommes les meilleurs ! Nos soldats sont tous surentraînés et l’armée possède encore beaucoup d’armes secrètes qui pourraient mettre un terme définitif à ce conflit ! (Pourquoi ne l’utilisent-ils pas ? C’est sûrement secret ça aussi.) Nos dirigeants ont toujours un temps d’avance sur l’ennemi trop idiot ! Notre économie n’a jamais été si florissante ! L’ennemi n’a même plus de maison où aller se réfugier, ils mangent par terre, sucent des cailloux ! Sur le champ de bataille (il n’y en a pas, rappelez-vous), l’adversaire tremble et s’enfuit face à nos braves ! Le monde entier nous soutient, beaucoup nous admirent, nous demandent le secret de nos incroyables succès guerrier ! Voyez comme nous sommes grands, voyez comme ils sont petits ! Portez vos masques ! Réfugiez-vous dans un abris à chaque alerte ! »

Et de l’autre côté de la frontière de l’Est, la télévision émettait les mêmes propos sur le pays de l’ingénieur.

Thomas aurait aimé dire au gens que ce n’est que purs mensonges. d’ouvrir les yeux. Mais à quoi bon ? Dans la vie, souvent, il ne fait pas bon de dire la Vérité. Toute vérité n’est pas bonne à dire. Surtout que si l’on s’exprime trop ouvertement, le gouvernement à ses sbires, l’unité de protection de la population, ou plutôt l’unité « fermes ta gueule ou bien creuses ta tombe » comme aimait à l’appeler l’ingénieur.

Pour lui, ‘plus le mensonge est gros, plus il passe facilement’ n’était pas un poncif efficace. Thomas dirait plutôt que le mensonge devait être répété, encore et encore jusqu’à ce que les voix qui s’élèvent pour le démentir se fatiguent et abandonnent. Et des mensonges, matraqués tous les soirs à des millions de personnes rivés derrière leurs écrans de télévision, il y en a tous les jours et de toute sorte.

Peut-être qu’au final, boire est exactement ce que son gouvernement voulait qu’il fasse. Tellement plus facile d’endurer quand l’esprit est saoulé. Tellement plus malléable est le cerveau quand il est imbibé de poison. Mais les leaders du pays de Thomas, les mêmes que ceux de Benjamin et Sabine, ne s’inquiétaient pas des pessimistes, des nerveux, des érudits, des intellectuels ou des personnes qui comprenaient le manège qui se tramait derrière ce soit disant conflit.

Ils avaient leur machine à laver le cerveau et les agents pour détruire le corps si besoin.

Pour ces personnes clairvoyantes, ou plutôt avec un esprit critique et une intelligence légèrement supérieure à la moyenne, et à cette époque, il n’était pas difficile de l’être, la vie était un mauvais spectacle mis en scène par des régisseurs richissimes et joué par des acteurs invisible pour un public névrosé et aliéné à souhait.

Peut-être était-ce dû à la frustration, à voir les gens sourire, rigoler, s’aimer, se disputer, se chamailler, faire la fête. C’est peut-être ça la vraie raison de l’alcoolisme de l’ingénieur Thomas. Effet secondaire de l’ignorance : affecte l’entourage. Comme l’alcoolisme.

L’ingénieur faisait partie de ces gens qui réfléchissaient trop. Une mauvaise chose, une maladie psychique qui ne dit pas son nom où ne montre pas sa gravité. Donc Thomas buvait pour éteindre son cerveau, pour l’empoisonner pour devenir lui aussi, le temps que l’alcool se dissolve dans son sang, un ignorant.

Et puis, il était plus facile de prendre un train saoul. En tenant compte de la situation cependant : une fois dans le train en marche, si une bombe nucléaire décidait que c’est sur votre wagon qu’il décide de finir sa sale besogne, il n’y avait pas de fuite possible. Même en dehors d’un train cela dit. Non, en fait, Thomas buvait car à tout moment sa vie pouvait s’arrêter à cause d’un mini engin apocalyptique.

Jaskiers

Just Another Haunted Hotel Room Story – Part. 4

FYI: I am not fluent in English, I’m trying to be at least. Sorry for the potentials mistakes. Feel free to correct me in the comment section.

« – Mister? Are you all right?

  • What the fuck happened?
  • A client called me saying she could hear screams coming from you room. I entered and…
  • The fire! Fuck! The fire? Is everyone all right ? Did you take my notebook out of this hellhole?
  • What? No, there is no fire!
  • What the…
  • You are in your room sir, everything all right here. Except you of course.
  • But the TV and the furnitures were on fire and…
  • Jack, the TV is on its stand, there is no fire!
  • I’ve tried to open the window but I couldn’t…
  • Yes, client complaint often about our windows. That why it’s smell like cigarette and shit like that, can’t open it so they… »

Jack T. stopped listening to the young man, because he saw the spot on the ceiling transforming into a picture perfect demoniac face, horns and all.

« – Fuck ! I want to change room right now!

  • Ho ho! Jack! You dull boy! All work and no play, hasn’t changed much it’s seems! »

The writer looked at the young man who’s face was metamorphosing into his wife head and using her voice.

« – You haven’t changed! Asshole!

  • What? Leave! What are you doing here!
  • But I’m your wife!
  • Was…
  • You son of a bitch »

He received a slap on the right cheek and some spit on his face.

« – What the Fuck Rosie! You know you’ve got a restraining order against me, I can’t be close to you!

  • See, I’m gonna call the cops! You will never see the kid again!
  • Bitch! »

Jack pulls up a gun, point it at his wife face and shoot.

The brain matter splatter everywhere and the dead body transform itself as the poor hotel clerk.

« – Shit shit shit! Sorry!

  • What the hell is going on here!
  • I’ve… shoot a man!
  • What?
  • Oh my God Please help me!
  • Hell no ! I’m calling the cops!
  • No! I’m sick!
  • God damn right you sick you son of a bitch! »

The hotel room door shatters and enters a giant snake.

« – What…

  • Sssssss shut up! »

The author points his gun at the snake.

« – No darling please!

  • Stop ! Stop using my wife voice! »

The reptile jump at him and wrap himself around Jack body and tighten his grip. The bones crack and Jack can’t breathe anymore.

And he woke up. The bedsheets are drenched. No dead body, no giant snake.

Feeling terrified, he decides to have a smoke. Maybe with this, he would be sure that he isn’t dreaming.

He doesn’t waste time, put the cigarette between his lips, take the lighter, light up the smoke and inhale.

He coughed. His lungs and throat weren’t used to the smoke anymore.

His heartbeat who was going haywire slowed dawn and the writer exhaled the poisonous vapor and sighted.

Everything was calm. He felt a sensation of appeasement, the nicotine doing their work.

He builds up some courage to take his notebook to write the strange and horrific dreams he had just experienced.

Just as he put the pencil’s lead on the paper, Jack hears a soft knock on the door.

The adrenaline immediately spread their powerful forces into every part of his body.

He waited a few seconds. Maybe he had confused a soft knock with a random noise from outside.

Silence.

And an another knock, more noisy this time.

« – Yeah? Said Jack in a very low voice.

  • Mister, it’s the hotel’s clerk.
  • Did… what do you want?
  • Is everything all right for you?
  • Yeah… why?
  • Just heard some… noise. You know…
  • Well… what kind of noise?
  • Like someone… like you weren’t alone…
  • Ha… no as far as I know I am alone.
  • It’s okay… if there someone with you… you know, one of those ladies of the night…
  • No! God no! No I promise you I’m all alone here.
  • You wouldn’t be the first customer doing that y’know.
  • No! No! I don’t have prostitutes in my room.
  • If you say so… Wouldn’t be surprised y’know. Fame and money get you some puss…
  • I said no God damn it!
  • Won’t you shut the hell up over there!
  • Sorry madame ! I’m just checking out with a client.
  • Well it’s the fucking middle of the night! Damn! You guys gonna have some bad rating on internet!
  • Oh! Well, we’re used to it there so, go on.
  • Jesus! I will get you fired!
  • Ok boomer whatever.
  • Little asshole!
  • What a distinguished vocabulary you have here!
  • Don’t mess with me boy!
  • It’s okay!
  • No it’s not!
  • Holy shit!
  • Boy you think you can fuck with me?
  • Sorry madame!
  • It’s America asshole! We carry guns for a reason!
  • Yes, right, I’m sorry!
  • Jack! I’ve told you I would found you! »

Gunshots erupt, door bust open. Jack’s ex-wife enters the room.

« – Is this a fucking dream?

  • You shit! It’s probably more of a nightmare.
  • Shit! What the fuck is going on!
  • I haven’t forgotten Jacky boy! »

The woman shoots right at the writer.

Jack woke up. In sweat, once again.

Jaskiers

Just Another Haunted Hotel Room Story – Part 1

FYI: I am not fluent in English, I’m trying to be at least. Sorry for the potentials mistakes. Feel free to correct me in the comment section.

Jack T. had landed in Los Angeles, California, at 3 AM from a red-eye flight from Seattle.

After renting a car, he drove south, toward San Diego, where he had a book signing session on the afternoon for his last work, « Travel With A King ». Not his proudest nor his masterpiece. It was a book with no soul, just for the money.

Since this incident in this fancy hotel in Colorado a couple of years ago, he didn’t felt that the writing mojo he used to have was still there. It disappeared in the fire, along with his favorite typewriter, that good old Adler, his loyal comrade since the beginning of his writing career had disappeared. He also lost his wife and little boy. They aren’t dead, they just don’t want to see him ever again since that dreadful day.

On the interstate 5, driving while Jim Morrison sang lyrics that matched the present moment about driving down a freeway after midnight, Jack felt the heavy weight of sleep affecting his eyelid, therefore his driving. He decided to not taunt the devil, and to stop at the first motel with available vacancy to catch a shower and sleep.

After passing the camp Peddleton, he arrived at Carlsbad where a motel with a view on the Pacific Ocean was available.

He parked his car and took a quick look at the hotel. It was a reflex of his job, he used to think, to take time to watch how things looked and made him feel.

This hotel had nothing really noticeable. It was a regular motel, on three level. The picture perfect of an American west coast hotel. No balcony, doors aligned on three levels directly accessible from the outside. You could stay and watch every tenant going in or out of their room.

At the desk, a young man raised his head from his phone as Jack approached.

« – Welcome to the Mo’Hotel. In need of room? He said in a atone voice.

  • Well… yes. It’s say on your billboard that their’s vacancy available. That’s why I’m here.
  • Yeah… so?
  • I’ll take a room buddy.
  • Alright. Sea side view?
  • Yeah, why not.
  • It coast more with a view on the sea.
  • Yeah, give me a room. I just want a good night of sleep.
  • Room 313, the third floor. Here’s the key.
  • Thanks.
  • It’s 35$.
  • Yeah, alright.
  • Also, it’s a weird room.
  • Sorry what?
  • It’s a room with… things.
  • What are you on about?
  • Previous clients complained of noise, knocking on the door. They found their clothes and stuff in a mess, things displaced and weird things like that.
  • Well, that’s sound fun. Do you have some creepy weirdos as client lately?
  • You want my opinion?
  • Yeah…
  • It’s a ghost! It’s been going on for a bit now. Every time I have to go in this room, I do a little prayer even thought I don’t believe in God.
  • Jesus! You surely know how to ease a client!
  • There’s a weird feeling to that room. You’ll probably feel it.
  • Alright. I just want to sleep, maybe a few hours of sleep will not disturb anything that linger here.
  • Well, I hope for you. I’ve seen your face somewhere but I can’t remember where I saw it. Are you famous or something?
  • No. I just write on papers for a living. Anyway, good night buddy.
  • Yeah, good luck… night mister.
  • Thanks! »

Jack started to think that hotels weren’t his things. Everytime, something weird happened when he rented a room, one time, it coasted him his mariage.

As he climbs the series of stairs, a feeling of dread took over his body. Every cells in his body was telling him to leave.

Jaskiers

Le dessinateur et ses sujets.

Fiction (2 700 mots)

Assis au café des Reflets, le carnet de dessin sur sa table, une tasse de café dans les mains, Édouard ne donnait pas l’air de travailler. C’était là le secret de son succès.

Il y venait avec son carnet à croquis et dessinait les gens, qu’importent qui ils étaient, d’où ils venaient, ce qu’ils portaient.

Le bar était situé au cœur de la capitale, le dessinateur n’était donc jamais à court de sujet, toujours il y avait cette personne qui l’inspirait. De part l’apparence, la démarche, la voix, il trouvait toujours un sujet à croquer. Il apposait à côté de ses dessins quelques mots, quelques adjectifs qui ne pouvaient pas être transfigurés sur le dessin, du moins, pas immédiatement, c’était à son studio qu’il travaillerait à faire transparaître la personnalité de ses sujets. C’était traduire en dessin un caractère, une attitude, une mentalité, une personnalité.

Les serveurs avaient pour habitudes de ne pas le servir quand il dessinait. En pleins travail, dans une sorte de transe silencieuse, il ne répondrait pas à leur question. Ils savaient que c’était un artiste, il avait gagné en notoriété dans son milieu, mais très peu de personne le reconnaissait dans la rue. Peu de gens connaissent le visage d’un dessinateur, surtout quand il refuse la publicité. Son travail à lui, c’était dessiner, pas de faire le VRP de sa petite personne dans le monde hypocrite et faux du show-business.

Il commandait toujours la même chose, café très sucré avec un verre d’eau. Puis il partait s’assoir en terrasse, fumait une cigarette, buvait quelques gorgées de sa tasse puis prenait son carnet de croquis et son crayon de papier, le posait sur ses genoux et observait de manière innocente les passants et touristes.

Quand il repérait son sujet, il griffonnait en lui jetant des regards rapides, le crayon toujours posé sur la feuille, à croire qu’il pouvait dessiner en ne regardant que sa muse du moment, sans vérifier ses traits sur le carnet.

Pour lui, chaque personne qui passait avait une histoire qui se reflétait dans leur apparence. Une histoire qu’il créait de toute pièce au seul jugement de son regard, il ne parlait jamais avec ses sujets, tout était question d’instinct, d’inspiration.

Parfois, en finissant une planche dans son studio, il se demandait si un de ses lecteurs se reconnaîtrait, ou si il était déjà arrivé qu’une personne ouvrit l’une de ses bandes-dessinées ou visita un musée, où ses portraits étaient exposés, et s’était reconnu.

Était-il dans le vrai ? Avait-il deviné le caractère de ses sujets juste en l’observant déambuler le temps d’une minute ou deux ?

Cette exercice, il l’avait fais des milliers de fois, avec des proches, des amis, des petites amies, conquêtes d’un soir ou tentative de relation durable.

Il était convaincu qu’il y avait une relation entre le corps et l’esprit. Le corps faisant ressortir les caractéristiques de l’esprit. Dans les rides, sur le visage, dans leur manière de se mouvoir, de parler, dans le regard, les sourires ou les mous.

Jamais, depuis les 2 années qu’il venait dans se bar régulièrement, il ne repartait sans avoir griffonné un personnage. Parfois même, les histoires venaient d’elles-mêmes. Les gens ne se rendent pas compte de la manière dont leur vécus peut transpirer à travers leur être.

C’était une source d’inspiration intarissable que ce bar. Jusqu’aux jour où le virus arrêta net les habitudes d’Edouard. Plus de bar, pire, les masques cachaient les visages de ses sujets.

Il ne dessina plus et étant resté confiné avec ses sujets croqués sur le papier, il devint ce que les gens appellent « un fou ».

C’était le prix à payer de son art, une fois la source d’inspiration tarie ou disparue, l’artiste se doit d’évoluer et de trouver d’autres moyens. Et si il n’y en avait pas d’autres, il restait coincé dans le passé, au jour où tout basculât. Accusant le coup. Puis se rassurant en regardant ses anciens travaux, il décida de les retravailler, d’en extirper tout ce qu’il pouvait, de faire ressortir chaque pore, chaque fibre. Le temps qu’il passait seul, il le passait dans son univers, et l’obsession de justesse, de vérité l’amena vers des chemins dangereux, là où l’esprit sain se perd.

Rien de plus normal, donc, de devenir fou. Mais le cas d’Edouard est beaucoup plus grave.

En pleine journée, il attira un couple de touriste anglais coincé en France dans son atelier. Leur promettant de les loger gratuitement. En effet, il les logea gratuitement, nous, nous appelons ça un kidnapping.

Edouard avait tout prévu, une cage rectangulaire, en métal leur servait de chambre. L’artiste l’avait construite spécialement pour son projet. Avoir des sujets 24h sur 24 et 7 jours sur 7.

Aucune intimité, les toilette étaient dans un angle, le lit dans un autre, un table en plastique avec ses chaises au milieu.

Le dessinateur s’installait où bon lui semblait, choisissait soigneusement où il posait son matériel de dessin et travaillait. Le couple demandait de l’aide, pitié, éclatait de colère contre Edouard ou entre eux, se rejetant la faute à l’un ou à l’autre, frappait les barreaux en métal, cassait les chaise pour en envoyer des morceaux à leur bourreau, pleurait, se lamentait, restait allongé, sans rien faire.

C’était du pain béni pour leur tortionnaire, il avait un couple dont les humeurs et comportements lui permettaient de dessiner l’Homme dans tout ses états. Sachant qu’il avait tout son temps et que l’occasion d’avoir de tel modèles à sa merci ne se renouvellerait pas de si tôt, il dessinait avec une extrême précision les traits de leurs visages, leurs muscles, leurs peaux. Profusion de mouvements, les membres, les tendons, torsions, pronations, supinations.

Ses prisonniers lui donnaient aussi l’opportunité qu’il n’avait jamais eu auparavant, celle d’étudier des êtres humains dans une détresse extrême. C’était une aubaine.

Quand il voulait des réactions spécifiques, Édouard n’hésitait pas à les priver de nourritures où à les empêcher de dormir. Toutes leurs réactions finissaient en croquis sur ses carnets, annotés de ses remarques.

Le couple réalisa après quelques jours que l’artiste semblait les garder captifs pour étudier leurs comportements. Ils essayèrent de l’amadouer, lui demandant de leur laisser la liberté, et qu’en échange ils poseraient pour lui, autant qu’il le désirerait. Mais Édouard ne se laissa pas berner, d’ailleurs il ne leur parlait presque pas.

Ils changèrent de stratégie, celle de ne plus rien faire, ni bouger, ni parler, ni se nourrir.

Pour le dessinateur, ce comportement était encore une fois l’opportunité de voir une facette de l’être humain et de son comportement dans une situation d’extrême détresse. Ce fut une bénédiction.

Même quand il vit ses sujets dépérirent. De la détresse, le dessinateur allait étudier la mort. Le lent déclin du psyché et du corps. Les multiples changements, la réaction d’un être humain devant la mort d’un être aimé. La folie, le suicide. Edouard jubilait quand arriva ce moment où le couple décida de mourir. C’était une fresque du côté obscur de l’âme humaine qui se présentait à lui.

Son crayon virevoltait sur le papier, il dessinait leur lente agonie, crayonnant la mort, qui jamais n’aurait pu se présenter comme sujet à lui dans une situation normale.

Le début du jeun forcé n’était pas très intéressant mais l’artiste trouvait des détails, des soupirs, des larmes, des visages et des corps résignés, des mots violents.

Puis, ce fut le moment de latence, entre la conscience encore vive et celle de leur privation de nourriture les esprits et les corps réagissaient curieusement. Le couple jubilait, des sourires, des paroles, ils firent même l’amour devant lui. L’extase pour l’artiste. Deux corps en mouvements, s’offrant à l’un et à l’autre. L’amour, même dans des situations difficiles trouvait un chemin.

Puis se fut le déclin, morale, psychique d’abord et physique ensuite.

La faim et la soif les poussaient au délire, à la violence. Edouard avait compris ce qu’ils faisaient ; mourir. Ne surtout pas perdre mes sujets pensait-il. Il les tenta en leur offrant des repas succulents, fumant. Il mangeait et buvait devant eux. Le couple céda et mangea.

Encore une victoire pour l’artiste, qui dessina l’être humain et ses réflexes de survie. La tentation, la manipulation, des histoires lui venaient en tête grâce à leurs faiblesses naturelles.

Ils recommencèrent à demander pitié. Le dessinateur ne leur parlait jamais, c’était son credo, ne pas les influencer, deux humains libres de toutes influences extérieures.

Il dessina la pitié, la sienne car malgré tout il restait lui aussi un humain, il devint sujet pour quelque temps, dessinant et annotant ses propres réactions et sentiments.

Puis ce fut encore une fois la rébellion, le refus de manger. Allongés sur leur lit, ils n’y bougèrent plus. Ne parlèrent, ne mangèrent plus, firent leurs besoins dans les draps.

Le dessinateur, après deux jours de ce comportement se décida à leur parler. Passée la surprise d’entendre leur bourreau parler pour la première fois, ils se concertèrent, en chuchotant et restèrent dans le lit à attendre la mort.

Mais l’artiste trouva encore de matière à être inspiré, dessinant le suicide, la détermination à mettre fin à leur vie.

L’artiste décida de ressortir la méthode de la tentation, leur offrant des mets succulent, du fast-food. Il mangeait devant eux, buvait devant eux. Quand il observa que cela ne marchait pas, il mit à exécution une torture qu’il n’avait pas pratiqué jusqu’ici, les empêcher de se réfugier dans le sommeil.

Il mit de la musique, au début, il changeait de chanson. La folie les guettaient encore, ils se disputaient. La femme voulait manger, survivre car un jour ou l’autre, ils sortiraient. L’homme faisait son possible pour lui faire comprendre que leur tortionnaire ne s’arrêterait pas, que leur mort lui servirait d’inspiration. Le manque de sommeil ajouté aux supplices de la faim et de la soif les poussa encore une fois à craquer.

Edouard s’en réjouissait, mais ses sujets commençaient à l’ennuyer. Il décida de continuer à les influencer en passant toujours la même musique, une vielle balade française. Au début il nota que le couple n’était pas très affecté mais passé une journée et une nuit, ils demandèrent à ce que la musique s’arrête. Il ne fit rien, dessinant leur désespoir.

Les tourtereaux entamèrent une nouvelle stratégie. Il y avait bien longtemps qu’ils avaient compris ce que voulait le dessinateur, faire d’eux ses modèles, cobayes, pour ses « desseins » artistiques.

Le mari décida de se couvrir le corps avec les couvertures, de manière à ce que le dessinateur ne puisse plus les dessiner. Edouard trouva évidement ressources à tirer de ce comportement. Mais le couple continuait à se cacher le visage.

La marche à suivre pour le dessinateur était toute trouvée ; monter le son de la musique, les priver de nourriture et de boisson.

Les amoureux comprirent son manège mais durent se découvrir pour se nourrir.

L’artiste était exalté, il commença à mettre de la drogue dans leur nourriture. Du LSD.

Les délires commencèrent pour le couple. Des éclats de rires, des exclamations de peurs, ils hallucinaient et devenait une nouvelle fois de parfaits cobayes pour le dessinateur qui jouissait d’avoir deux êtres-humains à sa merci pour son travail.

Il expérimenta avec d’autres drogues, marijuana et cocaïne.

Les deux drogues étants aux antipodes l’une de l’autre, le comportement du couple était erratique. Puis, Édouard décida de les rendre dépendant. Les endormants avec des somnifères toujours cachés dans leur nourriture, il décida de leur injecter de l’héroïne.

Ils se réveillèrent, se posant des questions, perdus. Il leur balança des seringues et du black tharp, une héroïne puissante.

Il sembla que d’instinct, ils savaient ce qu’ils avaient à faire. Peut-être n’était-ce pas la première fois que les amoureux se droguaient. Arrachant leurs guenilles pour en faire des garrots, utilisant des cuillers et un briquet, ils s’injectèrent le smack.

Bientôt, ils semblaient heureux, n’avaient plus besoin de manger. Ne se plaignait plus tant qu’ils avaient leur dose.

L’artiste dessina leurs corps qui se dégradaient, leurs peaux changeant de couleurs et même de textures. Leur comportement était devenu docile, ils passaient la plupart de leurs temps allongés après leur shoot. Parfois, ils faisaient l’amour, où ce qui semblait être l’acte car leurs corps ne semblaient plus capables de grand chose.

L’addiction était devenue un objet d’étude importante. Et Edouard passait des heures à les dessiner, à les écouter. Ils ne parlaient que de leur prochaine dose, rien d’autre.

Après deux semaines de shoot intensif, l’artiste passa à une autre étape, réduire les doses. Les amoureux découvrir immédiatement, juste à la vue et au poids de la substance, que quelque gramme manquaient. Mais le shoot qu’ils se faisaient les calmer. Puis il ne leur donna qu’une seule dose pour deux. Les disputes commencèrent. C’était violent, passés les mots et insultes, les bagarres éclatèrent très rapidement. C’était à celui qui était le plus fort que revenait l’unique dose. La plupart du temps, l’homme l’emportait sur la femme mais l’inverse arrivait aussi. Les disputes faisaient couler le sang.

Quand l’un avait mis l’autre hors d’état de nuire, il se shootait sous les yeux implorant et avides du perdant. Le supplice de Tantale. C’était là encore un sujet rêvé, les yeux de ses victimes exorbités, l’un d’envie, l’autre de réconfort et d’extase.

Le dessinateur passa à la moitié d’une dose. Les amants maintenant se battaient, griffé le sol avec leurs ongles, ils étaient en manque, la petite dose n’était pas suffisante. Ils implorèrent l’artiste qui décida de les torturer en les narguants. Il prenait le black tharp, le leur tendait puis ramener la substance à lui. Ils déclamèrent des paroles de pitié, des appelles à sa générosité. Puis se fut les propositions innombrables d’échange de relations sexuelles et même d’organes pour une simple dose.

Il réalisa que le couple était à bout, c’était la fin. Car Edouard n’avait plus de drogue, dehors, tout était confiné et les dealers ne couraient plus les rues. Et qu’importe, il avait assez de matériel pour des années.

Il regarda le couple en manque, trembler, transpirer, vomir leur bile. Ils trouvait le moyen, la force de se battre, accusant l’un et l’autre, pensant aussi qu’en punissant l’autre, leur bourreau leur donnerait ce qu’ils voulaient. Mais c’était fini. Soit il se désintoxiquaient seuls, soit il mourraient. Édouard engrangeait encore des matériaux, l’agoni de l’être humain. Il le savait, c’était ses dernières études car il n’avait plus que la mort à étudier.

Il arrêta aussi des les nourrir. Ils tombèrent dans un état catatonique après les crises de manques. Leurs corps n’étaient plus que squelettes.

Il vit leur dernier souffle, qui étaient un râle roque. Leurs dernières paroles, des hallucinations. Plus rien, ils n’étaient plus rien, leur dernier souffle se fit doucement. L’homme mourut avant la femme. La femme resta encore vivante deux jours après la mort de son mari.

L’artiste dessina l’agonie du corps et les derniers sursauts de leurs esprits. Ces deux sujets ayant rendus l’âme, il dessina leurs cadavres. Il décida de garder les corps pour voir leur décompositions. Les corps n’était déjà plus rien, l’odeur devint insupportable. Il dessina ce qu’il put. Puis, il prit le risque de sortir avec sa voiture avec les deux cadavres enroulés dans un vieux tapis. Il s’arrêta au bord de la Seine, dans un endroit calme. Il lesta le tapis de pierre, le ferma comme il put avec des cordes, puis y mît le feu.

L’odeur intolérable et la fumée allaient le faire repérer, mais s’armant de patience et de sang froid, il laissa les flammes consumer le tapis aussi longtemps qu’il le pensait utile puis, ramassant ce qu’il resta après avoir étouffé les flammes avec un extincteur et du sable, il ramassa les restes qui n’étaient qu’une matière noirâtre et compacte. Il balança tout cela dans la Seine. Restant encore quelque instant pour voir si les débris allaient remonter, il sortit vite son carnet de croquis pour immortaliser l’endroit où il se sépara du couple pour toujours.

Il rentra chez lui et dessina ses histoires. Le confinement étant levé, il donna son travail à son éditeur qui était extatique quant à la qualité de sa nouvelle œuvre.

Il garda encore de la matière pour plus tard. Ce contentant de la bonne sommes d’argent tiré de son album qui devint un best-seller. Il resta toujours discret, refusant toute promotion, ce qui accroissait sa popularité et les ventes de ses œuvres.

Puis, le bar rouvrit ses portes et le dessinateur reprit ses anciennes habitudes.

Il était heureux d’avoir pu passer cette époque difficile, heureux d’être resté au meilleur de sa créativité et dessina.

On dit qu’il dessine encore, peut-être ferez vous un jour parti de son œuvre sans le savoir.

Jaskiers

D’une femme sur la route

-Ce récit est inspirée de l’histoire vraie de Mary Defour.

Steven Owscard connaissait Marina Delord depuis qu’il travaillait comme infirmier assistant pour l’hôpital pour criminels fous de l’état dans le Nord de l’Illinois.

Comment et surtout pourquoi avait-elle atterri ici, dans cet enfer, il se le demandait, sans toutefois partager ses interrogations à haute-voix.

Médicalement parlant, rien ne montrait qu’elle était folle, ni dangereuse. Elle avait, disait-on, était retrouvé sur le bord de la route, seule, perdue, ne connaissant ni son nom, ni où elle habitait, ni où elle allait.

Et juste pour une amnésie sévère, on l’avait enfermé ici, avec des fous, des vrais, des tueurs, des violeurs, des hommes, pour la plupart. Cette jeune femme d’environ 25 ans, avec des yeux bleus très clair, des pommettes hautes, des cheveux châtain clairs bouclés, et son visage rond faisait tache, une tache élégante, dans cette antichambre de l’enfer.

Quand Steven apportait le dîner à Marina, il essayait de poser des questions, variées mais ayant toujours attrait à son passé pour voir, si par une curieuse gymnastique du cerveau, elle pouvait recouvrer cette mémoire, mémoire défaillante qui l’a retenez ici, ou elle n’avait pas sa place.

Madame Delord, pourquoi l’avait-on appelée ainsi ? Personne ne le sais vraiment. Comme si on devenait amnésique juste à la côtoyer. Il ne travaillait pas encore dans cet hôpital quand elle y fut amenée. Selon ses collègues, elle était catatonique, ne parlait pas, ne manger presque pas, comme une créature venue du ciel échouée sur la planète Terre et se demandant où elle avait atterrie.

Maintenant, elle semblait calme, sortie de sa carapace et communiquait normalement avec le personnel de santé, elle avait un vocabulaire, une capacité d’éloquence qui faisait penser à ceux d’un professeur. Le seul problème c’était cette mémoire défaillante.

Aux questions que Oswcard avait posé à ses collègues qui était là le jour de son arrivée, on lui avait répondu qu’elle avait souffert d’une agression à caractère sexuelle violente. Quand Steven fit remarquer que ça placé était dans un hôpital civil et que la place de son agresseur était ici, avec les criminels fous, on lui répondit que c’était comme ça. À ses pourquoi, on lui répondit qu’ici, il ne fallait pas trop poser de question. Non seulement, on risquait de devenir fou comme ces patients criminels, mais aussi parce que cela pouvait affecter les soins prodigués aux malades, qui étaient aussi des prisonniers.

Madame Delord, bien qu’amnésique, avait un traitement de cheval, extrêmement lourd, doublé par des séances d’électrochocs régulières. Bien qu’étant la plus saine des patients ici, et n’étant pas une criminelle, son traitement semblait avoir comme but premier de l’assommer et si possible, de dégrader sa santé mentale.

L‘assistant-infirmier Steven avait assisté au lent et terrible déclin de la psyché de cette jeune femme. Sortie de sa catatonie, elle était lucide, intelligente, éloquente et charmante, elle était passée dans un état d’hébétude, d’avilissement et bien sûr, de folie dû à ce lourd traitement.

Des questions, Oswcard en avait beaucoup, et plus le temps passait, plus il y en avait. Comme pourquoi une femme victime était enfermée avec des criminels ? Pourquoi le traitement que l’on lui donnait n’avait pas pour but de la soigner mais plutôt d’empirer son état ?

En plus de ce traitement injuste, l’assistant infirmier apprit qu’elle avait accouchée d’un enfant tout de suite après son arrivée ici. L’enfant avait été placé directement en orphelinat. Bien qu’elle réclamait sa fille, il lui fut interdit de la voir. Ni même de la nommer. Là encore, pensait-on vraiment qu’arracher une tout jeune et nouvelle mère à son enfant allait l’aider à recouvrir la mémoire ?

Son traitement était indigne d’être appelé ainsi. Steven n’avait jamais signé pour abrutir une jeune femme innocente.

Au début, Marina avait tenté de se rebeller contre son sort injuste. Steven était arrivé en plein milieu et il avait assisté et aidait à lui faire prendre de force des concoctions de médicaments destinées à annihilé son esprit, mais les médecins disaient, eux, que c’était pour la calmer. Protester une injustice, il n’y a rien de plus normal et de plus sain, mais selon ces tous puissants docteurs, c’était une névrose, une maladie psychique à annihiler. Qu’elle guérisse non, mais l’annihiler oui. Tel semblait être le mot d’ordre sans jamais le mentionner.

L’ingestion forcée de médicaments n’était pas assez, parfois, tant sa détresse justifiée l’a menée à la révolte.

Dans ces moments-là, il fallait la déshabiller entièrement, l’attacher sur une chaise roulante, l’amener pour des séances d’électrochocs : de puissantes et très douloureuses décharges électriques administrées au cerveau, sans anesthésies.

Les traitements aux électrochocs étaient choses courantes, mais le traitement réservé à Marina était d’une brutalité sans pareille. Les décharges étaient tellement fortes qu’elle finissait par s’évanouir de douleur. Quand elle finissait par tourner de l’œil, son corps, nues, était plongé dans une baignoire remplie d’eau froide et de glaçon.

Pour Steven, ces moments où il était appelé pour assister à la torture, car c’est comme cela qu’il considérait ce traitement, était une épreuve. Un traitement si violent que même les criminels les plus dangereux internés ici n’avait pas à subir.

L’injustice, Oswcard l’a ressentez aussi. Cette femme avait été probablement violée et molestée, avec une telle violence que son cerveau décida de lui ôter la mémoire dans un soucis de conservation. Elle ne devait pas être déshabillée de force par des hommes pour se voir coller des électrodes sur le crâne afin de lui griller l’esprit et finir balancée dans une baignoire glacée. C’était un traitement pour un criminel fou à lier, et non pour une victime. Victime qui réclamait son nouveau-né, le seul élément positif de sa vie, capable de la guérir, de la faire avancer.

Steven ne pouvait plus supporter d’être complice d’une telle horreur. Il était un allié de Marina, essayant de placer des mots d’encouragements, de réconfort, de soutiens, quand il était appelé à son chevet. Mais des alliés, Delord n’en voyait pas, ou plus. Elle était devenue une morte-vivante, son esprit cédait, le peu de résistance dont elle pouvait faire preuve était supprimé par la torture. Elle ne luttait plus ou peu. Et Oswcard sentait qu’il était de son devoir, devoir professionnel mais surtout d’être humain, de l’aider à sortir de cet enfer et de retrouver sa famille, essayer de reconstituer son passée, de trouver des personnes qui l’avaient connue et même aimée. Quitte à donner des informations confidentielles aux médias, enfreindre les règles de déontologies pour une cause juste.

On l’appelait à l’instant dans la chambre de Marina qui se débattait, du peu de force qui lui restait, pour ne pas prendre ses médicaments.

Steven s’offusquât de la manière brutale dont ses collègues l’avait plaqué contre le lit. Hubert, l’infirmier en chef lui rétorqua qu’il n’avait pas son mot à dire, qu’il n’était même pas infirmier à proprement parler mais un sous-fifre forcé d’obéir. Il n’avait qu’a démissionner si ces méthodes n’étaient pas à son goût.

Mais Hubert oubliait comment Steven avait eu cette place, par le père de sa fiancé. Gouverneur dans l’Illinois. Bien que ses relations avec lui étaient tendues, il savait que son beau-père le soutiendrait car ce travail rapportait de l’argent au ménage de sa fille.

Steven éructa d’une colère terrible, hurlant l’injustice dont Marina était la victime. Il se précipita sur Hubert, le prenant par le col de sa blouse, il voulait le tuer, le faire passer par la fenêtre grillagée de la chambre de Delord, lui faire comprendre que lui n’était qu’un infirmier, pas un médecin. Il en avait sa claque de ces infirmiers qui pensaient être aussi compétent qu’un docteur. Il cracha son venin sur l’infirmier en chef, l’accusant de prendre son pied à dévêtir une jeune femme pour la maltraiter. Qu’il semblait presque qu’Hubert avait quelque chose à gagner dans tout ça, qu’il ne serait même pas surpris qu’il l’ai violé pendant ses pertes de connaissances.

Entravé maintenant par ses collègues qui l’empêchaient de fracasser Hubert, il vit sur ce dernier un sourire narquois. Et une réflexion lui vint à l’esprit. Et si le traitement de Marina avait pour but de couvrir quelqu’un ? Quelqu’un de haut placé ou un groupe de personne ? Et si, ici, elle était à la merci de son agresseur ?

Il sentit une piqûre sur son épaule gauche, les ténèbres l’envahirent. La dernier chose qu’il vit était le regard inquiet et le sourire niais de Hubert.

Jaskiers

Patricia Cornwell is back on the blog !

Madame Cornwell est de retour sur le blog !

Après avoir lu « Une peine d’exception » (et écris un article dessus) j’ai eu l’opportunité d’acheter pour une poignée d’euros deux autres ouvrages de cette auteure.

D’abord, Le Registre des Morts qui continue l’aventure de Kay Scarpetta et un autre, La Griffe du Sud qui suit l’aventure d’une autre héroïne créé par Patricia Cornwell ; Judy Hammer.

Si vous avez lu mon article précédant sur celui d’Une peine d’exception, ce n’est pas ma première expérience avec la légiste Scarpetta, ce le sera par contre avec Judy Hammer.

Allons-y !

Registre des morts

Quatrième de couverture :

À la morgue, tous les décès sont consignés au Registre des morts. Ce livre va bientôt revêtir une signification différente pour Kay Scarpetta. Lorsqu’elle s’installe à Charleston, en Caroline-du-Sud, pour y ouvrir, avec sa nièce Lucy et Pete Marino, un cabinet de médecine légale, elle pense commencer une nouvelle vie. Mais très vite, elle entre en conflit avec des politiciens locaux, et on cherche visiblement à saboter son projet. C’est alors que va se produire une série de morts violentes : un meurtre rituel, un enfant victime de sévices, une joueuse de tennis retrouvée mutilée à Rome, sans autre lien entre ces affaires qu’une certaine patiente d’un prestigieux hôpital psychiatrique de Nouvelle-Angleterre. D’autres noms vont s’ajouter au Registre des morts, peut-être même celui de Kay…

Patricia Cornwell

Il m’est difficile de parler d’un roman, d’un livre de fiction. (Je me répète beaucoup non ?) Il faut trouver de quoi parler, sans rien dévoiler de l’intrigue tout en vous gardant intéressé par l’article.

Il n’est pas très utile donc que je vous fasse un résumé si vous avez lu la quatrième de couverture plus haut.

Je parlerai donc de mon ressenti.

L’ouvrage est bien ficelé. Patricia Cornwell sait exactement de quoi elle parle est maitrise son sujet à la perfection, il faut dire que son ancien métier de légiste l’a sûrement bien accompagné. Sa plume est sure !

Elle maîtrise aussi parfaitement la narration, le suspens et sait aussi construire un scénario compliqué mêlant des personnages à la psychologie développée. Aucun doute avec elle, vous ne devinerez jamais comment l’histoire finira grâce à sa plume finement maniée. Je trouve parfois des similarités avec Stephen King, auteur qu’elle apprécie, du moins je crois l’avoir lu quelque part.

Maintenant ce qui me déroute un peu : les dialogues ne semblent pas naturels, les personnages s’expriment de manière un peu trop soutenue.

Mêler à cela, les termes scientifiques précis de la médecine légale, il faudrait avoir un bac +10 pour comprendre certains passages où l’auteure nous étales des procédures scientifiques précis, du coup, j’ai continuer ma lecture sans trop m’en accommoder. Ces termes ne dérange pas vraiment la lecture, les dialogues par contre son un peu plus gênants, pas de là à stopper la lecture mais ce genre de dialogue : soit trop soutenue soit familier jusqu’au pathos peu déranger.

Comme avec le premier roman que j’ai lu d’elle, la fin fini avec LA révélation mais laisse place au prochain tome, c’est à dire que la fin vous laisse un peu… sur la faim ! (Wow ont vous l’avez jamais faite celle-là hein ?…)

Je pense que pour vraiment apprécier pleinement les romans dont Kay Scarpetta est l’héroïne, il faut avoir lu les autres tomes.

La Griffe du Sud

Quatrième de couverture :

Judy Hammer, l’héroïne de La Ville des frelons, est nommé à Richmond (Virginie). Sa mission : réorganiser la police, lutter coûte que coûte contre une criminalité qui a fait de l’ancienne capitale sudiste une jungle urbaine. Auprès d’elle, ses adjoints, Virginia West et Andy Brazil.

Il leur faudra se battre sur tous les fronts : réformer une police corrompue et récalcitrante, braver des mentalités racistes et bornées, et venir à bout d’une délinquance souvent formée souvent de très jeunes criminels, soumis à la loi de fer des gangs. Comme celle que fait régner Smoke, véritable psychopathe qui sème la terreur et tue de sang-froid.

Noirceur et humour forment un mélange détonnant, où l’efficacité n’empêche pas la lucidité. Dans cette nouvelle série, Patricia Cornwell brosse le tableau sans concession d’une société à la dérive.

Comme à l’accoutumé, votre serviteur n’a pas lu La Ville des frelons, donc je ne peux pas parler de la continuité de ce roman avec celui là.

Le roman est basé sur la ville de Richmond au Sud des États-Unis dans les années 90, où les mentalités sont encore ancrées, malheureusement, dans la vielle rivalité entre sudiste et nordiste, confédères et unionistes. Autrement dit, le racisme est encore présent. Même aujourd’hui d’ailleurs.

Ce polar se veut different de la série des Kay Scarpetta. Plus d’action, une réflexion sur le racisme, la pauvreté, le milieu criminel et policier et même des réflexions politiques.

Comme dans les ouvrages précédents, le scénario est mené de mains de maître, peut-être un petit peu moins pointu que les autres mais cela ne nuit pas vraiment à la lecture car j’ai trouvé plus d’action dans cet ouvrage.

J’ai trouvé les dialogues plus réalistes cette fois, même si certains passages et échanges me gênent encore un peu. Ils peuvent s’avérer plutôt clichés, trop faciles. Malheureusement, l’auteure utilise aussi, bien que rarement, un language informatique pointu. Cornwell a l’air de connaître à la perfection l’informatique. Le codage ne semble avoir aucun secret pour elle, mais pour moi, qui suis complètement étranger et sans beaucoup de connaissances dans ce domaine, je n’ai pas cherché à comprendre plus loin lors de ces (petits) passages. Heureusement, ces passages n’empêchent pas la bonne compréhension de l’histoire.

J’ai aimé, vraiment. Il semble que cette série soit plus accessible que la série sur Kay Scarpetta. Un avis personnel bien sûr.

Je conseil vivement les ouvrages de Patricia Cornwell si vous aimez les polars axés principalement sur les techniques scientifiques (le personnage de Kay Scarpetta est une médecin légiste), basé sur l’informatique et avec un scénario bien travaillé.

Pour la série Judy Hammer, il semble, pour le seul ouvrage que j’ai lu d’elle, être axée sur la police de terrain, la politique interne au sein du système policier, avec une réflexion importante sur la politique et la société américaine qui est aujourd’hui encore (La Griffe du Sud date de 1998) d’actualité.

Le seul bémol, pour moi, reste qu’il faut avoir lu tous les autres livres de la série pour bien être immergé dans l’histoire.

Patricia Cornwell est une de mes découvertes cette année, j’en suis heureux, une leçon d’écriture que cette auteure nous livre sur la construction d’un scénario et sa crédibilité, une maitrise du suspens et une connaissance parfaite de ses sujets.

Jaskiers