Une opportunité rêvée – Chapitre 9

Je décidais d’y aller en courant, comme je l’avais fait pour revenir. J’arrivai en avance, ne sonna pas à l’interphone, ne me dérangea pas à fixer du regard la caméra pour m’identifier. J’eus juste à pousser la poignée de la porte et cette dernière s’ouvrît devant moi, les pênes se brisèrent et le bruit de leur chute sur le sol carrelé raisonna dans l’immense hall d’entrée.

« – Hey docteur ! Votre cobaye est arrivé ! Et il est impatient, impatient de parler des résultats de votre expérience. »

Mes mots aussi raisonnèrent, je savais qu’il me voyait et m’entendait car tout semblait sécurisés dans ce bâtiment. Je repérais une caméra de surveillance, fit un geste amical de la main et pointa ma montre en signe d’impatience.

« – Bonjour cobaye ! »

La voix du docteur se fit entendre par des hauts parleurs. Je m’attendais à de la peur mais pas à de la lâcheté pour un homme de science.

« – Montrer vous doc’ ! Croyez-moi, vous aurez envie de voir ce que je suis devenu grâce à vous ! 

  • Est-ce… une bonne chose ?
  • Ce que je suis devenus ?
  • Oui !
  • Et bien venez vous faire votre propre avis !
  • Vous me paraissez bien agité cobaye ! La destruction de la porte d’entrée blindée sera retenu sur votre rémunération !
  • Oh ! Il n’y a rien dans le contrat que j’ai signé stipulant ce genre de chose docteur ! Mais ce n’est qu’une porte, vous devriez voir ce dont je suis capable grâce à vous !
  • Oh mais quel empressement ! Quel changement effectivement !
  • N’est-ce pas ? Venez voir de plus près !
  • Oh mon garçon ! Pas besoin d’être si pressé ! Dans une expérience il faut observer, avoir de la patience !
  • D’accord, mais… »

John, son homme de main, sortit d’une des portes latérales de gauche et se précipita sur moi. J’avais attendu ce moment depuis plusieurs jours.

Il sortit une matraque télescopique et m’attaqua avec. Je dressai mon avant-bras gauche pour me protéger, la matraque percuta mon bras et elle éclata en plusieurs morceaux. Je ne laissai pas le temps à John de comprendre et lui envoyai un direct du droit en plein nez. Je sentis le cartilage de son nez craquer, je lui envoya un coup de poing avec mon poing gauche dans le ventre. John s’affaissa par terre, à genoux. Je mis un terme à ses souffrances en frappant sa tête d’un coup de pied. Sa nuque fit un bruit de branches séchées sur lesquelles on aurait sauté.

John, allongé sur le dos, la tête dans une position étrange émît un râle rauque, du sang sortait de sa bouche et de ses oreilles. Il agonisait.

« – Docteur ! J’ai besoin d’un autre cobaye ! Le vôtre n’était pas très solide ! »

Le docteur ne répondit pas. Une alarme se mit à gémir.

D’instinct, je me précipitais vers une des portes latérales de gauche, celles où je n’étais jamais allé, celles par où était sorti John. Je pensais que c’était de ce côté que les scientifiques créchaient. Les portes de droites étant sûrement réservées à leurs expériences.

Je me retrouvais dans un couloir similaire à celui où j’avais été torturé. Je pensais qu’ici serait un bon endroit pour une bagarre si plusieurs sbires du docteur se rameutaient, étant dans un couloir plutôt étroit, ils ne pouvaient m’attaquer à plusieurs à la fois.

J’ouvris quelques portes, au petit bonheur la chance. Toutes les portes semblaient mener à des chambres. Des chambres avec lit, table de travail scientifique avec éprouvettes, écrans de surveillance et tutti quanti. J’étais bel et bien dans le quartier où les docteurs et scientifiques observaient et travaillaient sur leurs projets.

Je tombais sur un pauvre hère en caleçon, le crâne chauve avec de fine lunettes.

« – Bonjour monsieur, je suis de la sécurité. Pouvez-vous m’indiquer où se trouve le docteur ?

  • Lequel ?
  • Le docteur qui fait des expériences avec la baignoire.
  • Ah… »

Je sentis que ce monsieur avait compris que je n’étais pas de la sécurité. Il se jeta sur moi. Je l’attrapai par les épaules et le souleva de terre.

« – Monsieur, je suis là pour votre sécurité, le docteur a besoin d’aide, et d’ailleurs vous aussi. Je dois vous amener à la salle de sécurité. »

J’essayais de reprendre mon mensonge histoire de ne pas perdre trop de temps. Et plus les mensonges sont gros, plus les gens ont tendance à les croire. Mais il me regardait, terrorisé.

« – Monsieur ! Nous n’avons pas le temps d’attendre, dites-moi où est le doc’!

  • Su… sûrement dans sa chambre !
  • Quelle chambre ?
  • Au bout de ce couloir.
  • Porte de droite ou de gauche.
  • Gau… gauche ! »

Je reçus comme un coup de poing dans les reins accompagné d’un bruit sourd. Je lâchais le pauvre homme et me retourna pour voir le docteur, un pistolet dans les mains.

Jaskiers

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Une opportunité rêvée – Chapitre 8

Je pris un couteau de cuisine et m’ouvris la paume de ma main gauche. Aucune douleur, seulement une pression, mon corps n’acceptait plus la douleur mais envoyait quand même à mon cerveau un signal avec ce ressenti de pression.

Je regardais ma paume ouverte, le sang couler et une croûte se former, là, sous mes yeux ! Le processus de cicatrisation se déroulait à une vitesse incroyable, toujours sans douleur, c’était fascinant de voir mon corps se soigner. En moins de deux petites minutes, l’entaille avait disparu de ma main, même pas de cicatrice, plus rien.

J’étais vraiment devenu une sorte de super-héros, je me demandais si je pouvais voler, oui c’est une pensée qui vous vient à l’esprit quand vous comprenez que vous êtes désormais doté de super-pouvoirs et que vous êtes gavé de films Marvel et DC.

Je ne tentais pas le diable à sauter par la fenêtre de mon immeuble. J’aurais pu le faire, m’éclater par terre et me relever comme si de rien n’était. Mais je ne voulais pas montrer publiquement ce dont j’étais désormais capable.

Je ne voulais pas finir cobaye dans un laboratoire secret du gouvernement.

Cobaye… à cette réflexion une idée germa dans ma tête. Et si j’allai rendre visite au docteur et à son petit ami John ? Et si, je n’étais pas le seul à être devenus super-humain ?

J’écartais cette dernière réflexion de ma tête, je devais être le seul car sinon, j’aurais entendu parler aux infos d’un fou furieux invinsible qui saccageait tout sur son passage. Je me pensais plus sage, un autre que moi se serait fait remarquer. Moi, j’allais la jouer fine.

J’allais demander quelques explications au docteur et lui passer l’envie d’expérimenter. J’allai l’avertir que, maintenant que j’étais devenu ce surhomme, je ne me laisserai plus prendre pour d’autres expériences. Et que son projet, quel qu’il a pu être, qu’importe son but précis, s’arrêtait là, avec moi.

Je décidais d’attendre jusqu’à la semaine prochaine, jusqu’à mon jour de « travail », avant d’entreprendre quoique ce soit. Je mentirais si je disais que je n’avais pas envie d’aller tout de suite aller trouver mon cher tortionnaire et son cher acolyte pour lui faire constater les résultats de ses expérimentations. Mais j’attendis une semaine, au cas où mon état redeviendrait comme avant.

Mais la semaine se passa sans changement dans mon état, je mangeais car j’en avais l’habitude, mais la faim ne me tiraillée jamais, ni la soif. Je dormais, je me forçais à dormir en prenant des somnifères qu’une amie m’avait dépannés. Je n’avais aucune envie de dormir et pas besoin non plus. Le problème était que je n’avais jamais de pauses. J’étais tout le temps conscient, toujours à réfléchir, à penser. C’était effrayant d’être toujours éveillé. Les somnifères ne me firent pratiquement rien du tout. Mon sommeil, si j’ose l’appeler comme tel, n’était qu’en faite de longs moments de méditations.

Les cours étaient devenus simples, je retenais au mot près, chaque chose émises par mes professeurs. Je venais les mains vides en cours, mes amis hallucinaient de ce changement. J’étais un élève moyen toute ma vie, mais là, mes partiels étaient un jeu d’enfant.

Mais le plus étonnant pour moi, c’était ma forme physique. Comme je l’ai mentionné plus haut, je n’étais jamais fatigué, et j’avais une force impressionnante. Je n’ai jamais vraiment fait de sport en dehors de l’école, je n’avais aucun intérêt pour l’activité physique. Mais tous les jours, je constatais une progression dans ma force brute. Je cassais les poignées des portes de mon appartement à simplement appuyer dessus pour les ouvrir. Les poignées me restaient dans les mains. Les verres éclataient sous la pression de mes doigts, j’enfonçais les touches de mon ordinateur et elles finissaient encastrées dans le clavier, qui devint d’ailleurs inutilisables. Les petites choses du quotidien me demandaient de faire attention à ma force.

Ma journée de travail arriva et j’étais pressé de montrer au professeur ce que j’étais devenu. Une sorte de super-homme.

Après avoir passé une nuit à méditer, je me levais pour enfin régler mes comptes avec mon bourreau.

Jaskiers

Une opportunité rêvée – Chapitre 7

« – Très bien… ça sera comme ça à chaque fois ?

  • Ah ! On a changé d’avis ! Hum… je vous laisse la surprise cobaye ! Vous n’avez pas le droit de savoir à l’avance cela pourrait fausser les résultats !
  • Bien… évidemment. Puis-je rentrer chez moi ?
  • Vous sentez vous bien ? Enfin je veux dire… mieux ?
  • Ça ne pourrait pas être pire que durant l’expérience honnêtement mais oui. Quelle heure est-il ?
  • 23h45. Votre journée de cobaye finie à minuit. Je vous conseille de rester encore 10 minutes avec la perfusion et vous serrez complètement remis d’aplomb !
  • Évidement… remis d’aplomb… j’enlève ma perfusion seul et je sors seul aussi ?
  • Voulez-vous que j’appelle John pour vous enlever cette petite aiguille dans votre bras et vous portez jusqu’à la sortie ?
  • Très drôle ! Je me débrouillerai…
  • Bien ! Voyez comme nous nous entendons bien ! À la semaine prochaine cobaye ! Frais et dispos, même jour même heure pour encore marquer l’histoire avec un grand « H » ! L’histoire de la médecine ! Vous serez peut-être un jour dans les livres d’histoires qui sait ? Ah ! Sacré veinard ! Sayonara !
  • C’est ça ouai à plus.
  • Ah j’oubliais… vous les jeunes et vos téléphones ! »

Il me balança mon smartphone et claqua la porte derrière lui.

J’attendis jusqu’à 11h55 comme conseillé par le charmant docteur. J’enlevais la seringue de mon bras d’un coup sec comme j’avais vu faire dans les films d’horreur. Je ne sentis aucune douleur, le liquide était sûrement un anti-douleur puissant.

Je me précipitai vers la sortie, mes muscles, mes poumons ne me faisaient plus souffrir, je me sentais léger, l’impression d’être sur un nuage.

Les portes s’ouvrirent automatiquement à mon passage. Dans le grand hall d’entrée, toujours personne, une fois dehors, dans la nuit, je réalisais que j’allais devoir rentrer chez moi à pied car plus aucun bus ne passait. J’aurais pu prendre le métro mais à cette heure, les rames étaient un repère de gens pas vraiment fréquentables et pas du tout amicaux.

Je me sentais dans une forme olympique. Je me mis à courir, sans m’arrêter je fis une bonne quinzaine de kilomètres, je n’étais pas essoufflé, pas fatigué et à ma grande surprise, ma course se faisait à une vitesse dont je ne me croyais pas capable. J’étais étudiant, et pas dans une filière sportive loin de là. J’étudiais pour vivre confortablement derrière un bureau pas pour enchaîner les marathons. Je n’avais aucune condition physique, et aucune envie de l’améliorer, cette condition.

Je repris ma foulée, les rues étaient vides à l’exception des banlieusards, des chats et des chiens errants. Aucun ne m’importuna pendant ma course.

J’arrivai chez moi en moins d’une demi-heure, surprenant, car l’aller, où j’avais pris les transports en commun, m’avait pris plus d’une heure.

Je me jetai dans mon lit sans me déshabiller et je fermais les yeux, je pensais m’endormir comme une masse mais non, je n’étais pas fatigué. J’aurais voulu dormir sur le coup pour vite oublier cette terrible journée, me réfugier dans le sommeil mais il me fuyait. Après quelque minute de réflexion, je pris une douche, ouvrit mon ordinateur et décida de rattraper mes cours. J’y passai toute la nuit.

Il me fallait aller en cours, sans avoir dormi de la nuit et après avoir été torturé la veille. Aucune fatigue, même après cette nuit blanche a travaillé. Je commençais à me poser des questions. Était-ce l’effet du mystérieux liquide de la perfusion ou était-ce dû à la terrible expérience, à cette piqûre qui m’avait enflammée les poumons ? Étais-je tout simplement en état de choc ? Encore sous l’influence de l’adrénaline après tout ce temps ?

J’allais à mes cours, à pied. Mes quelques amis me trouvèrent « radieux », « changé mais en bien hein ! », « énergique », « sous l’effet d’un rail de coke » ou encore « t’as l’air éveillé tu vois, comme si t’avait bien dormi toute la nuit et tout tu vois ».

Les changements n’étaient pas que dans ma tête, ils étaient physiques et mes amis l’avaient remarqué.

Encore une surprise quand en cours, j’assimila tout ce que disait les professeurs. Aucunement besoin de prendre de note, tout me semblait si simple. À midi, je décidais de rentrer à l’appartement. J’avais peur de ce nouveau moi, j’avais déjà dû faire face aux questions de mes amis, comment avais-je pu changer autant en une journée ? Est-ce que tout cela n’était que temporaire ?

Est-ce que je redeviendrai comme avant, normal ? Et si la douleur revenait ?

La réponse à cette question, c’était le temps. Attendre et voir. J’estimais que si au bout de deux jours, j’étais encore dans cet état, cela signifierait que j’étais bel et bien une nouvelle personne, j’avais quelque chose d’incroyable, je deviendrai un superhéros comme on le voit dans les films.

Est-ce que cela m’enchantait ? Oui et non. Même si c’était une galère, ma vie d’étudiant fauchée était une vie que j’avais choisie et appris à apprécier. C’était difficile mais l’être humain peut s’habituer à tout, nous avons une capacité d’adaptation qui a fait de nous l’espèce en haut de la chaîne alimentaire. Je n’avais par contre pas prévu de devenir une sorte de « super » homme après avoir servi de cobaye. Je m’attendais à être malade, voir à mettre ma santé future en danger et tout ça pour un bon paquet de fric. Mais tout le contraire s’était produit, j’étais comme invulnérable. Pas soumis au sommeil, ni à la faim, ni la soif. Car depuis que j’étais revenu, je n’avais rien avalé, ni nourriture, ni boisson, je n’en ressentais pas le besoin ni l’envie.

Chez moi, je fis quelques expériences, c’était à mon tour de d’expérimenter.

Jaskiers

Une opportunité rêvée – Chapitre 6

Je me réveillai dans une pièce blanche immaculée, allongé sur un petit lit.

Mes poumons me brûlaient moins, je pouvais me mouvoir plus facilement. Je découvris aussi que j’étais sous perfusion, un liquide bleu phosphorescent se déversait dans mon bras droit.

J’eus l’instinct premier de l’arracher mais considérant que mon état s’était amélioré, je pensais que c’était ce liquide qui me redonnait des forces.

La pièce n’avait aucune fenêtre, aucune horloge. Je n’avais aucun moyen de savoir l’heure. Par instinct, je mis mes mains dans mes poches à la recherche de mon portable mais ne trouva rien. Aussi étonnant que cela puisse être, jamais, au cours de cette expérience on ne me demanda de me changer. J’étais resté habillé comme j’étais entré.

La tête encore lourde, pas comme une migraine mais comme si mon cerveau pesait une tonne, je me rallongeais et dormis encore.

Je fus réveillé par le docteur.

« – Hey bien cobaye au bois dormant ! Bien dormis ?

  • Ouai…
  • Ça va mieux ?
  • Oui…
  • C’était quelque chose hein ?
  • C’était l’horreur oui…
  • Oh petit ingrat ! Tu es aux premières loges d’une révolution de la médecine !
  • Vous pouvez changer de disque un peu ! Je suis plutôt une victime de cette révolution.
  • Mais vous n’êtes pas une victime ! Arrêtez votre cinéma ! Et vous savez, vous avez signé de votre plein gré.
  • Oui, et je le regrette.
  • Ingrat !
  • D’ailleurs j’arrête, c’est fini. Payez-moi et laissez-moi filer.
  • Bien sûr que vous allez être payé ! Mais vous vous êtes engagé pour huit séances !
  • Je ne pensais pas affronter la mort.
  • La mort ? Mais quel acteur ! Quel acteur ! Vous n’avez pas affronté la mort ! Au contraire, vous étiez immortel !
  • C’est ça le truc donc, vous voulez rendre l’humain invulnérable ?
  • En gros oui ! Savez-vous combien de temps vous êtes resté la tête sous l’eau ?
  • J’en sais rien, je n’avais aucune notion du temps.
  • Estimez ! Allez !
  • Ce n’est pas un jeu ! J’arrête tout !
  • 21 minutes sous l’eau ! Presque une demi-heure sous l’eau et sans mourir ! Vous pouviez même bouger autant que vous le vouliez, enfin prenant en compte que vous étiez attaché à une planche mais jamais vous n’avez perdu conscience sous l’eau !
  • Mais après si !
  • Mais c’est à cela que vous servez cobaye !
  • Arrêtez de m’appeler cobaye. J’arrête aujourd’hui !
  • Voyons, un contrat est un contrat.
  • Hey bien je le romps ce contrat !
  • Malheureusement… cela me chagrine vraiment et je comprends votre colère, ou plutôt votre peur. Mais vous êtes obligé de remplir les clauses de votre contrat.
  • Je prendrai un avocat, je ferai tout mon possible pour arrêter ce calvaire.
  • Rien ne vous empêche d’agir comme cela mais, voyez-vous… nous sommes… riches. Riches et avec des… contacts. Contacts assez haut placés pour vous mettre des bâtons dans les roues. Voyez… vous êtes à la fac et… en quelque coup de fil, je pourrai m’arranger pour que votre année ne soit pas validée, modifié quelque résultat de partiels à votre désavantage, faire propager quelques rumeurs… pas très glorieuses à votre propos.
  • Ah bon, vous vous donnerez tant de mal que ça pour moi ?
  • Évidemment ! Vous êtes précieux pour nous cobaye !
  • Arrêtez de m’appeler cobaye maintenant !
  • Il serait tellement dommage, tellement, que quelque chose de fâcheux arrive à votre mère ou à votre sœur. D’ailleurs, comment ça se passe son entrée au lycée à cette dernière ? »

Je pâlis à ces dernières paroles. Le docteur menaçait ma famille, une menace est une chose mais une menace avec des informations précises sur un point de pression sensible, dans mon cas ma famille, c’est tout autre chose.

Même si je décidais de lutter et d’en subir les conséquences, je ne voulais en aucun cas mettre ma famille en danger.

Il me tenait. J’étais un cobaye. Son cobaye.

Jaskiers

Une opportunité rêvée – Chapitre 5

L’homme de main, car il n’avait pas du tout l’air ni la finesse de mouvement que peuvent avoir les infirmiers, souleva la planche du côté de ma tête et la fit traîner, le bois raclant le sol. Nous passâmes par le couloir pour aller dans une pièce juste en face de celle où nous étions.

Il continua à me traîner dans cette salle, qui ressemblait aux autres, même si je ne voyais pas derrière moi, et en aucun cas à une piscine, puis il me souleva légèrement. J’entendais des mécanismes s’enclencher et faire vibrer la planche. John, grommelant dans sa barbe des choses incompréhensibles puis me fit face avec un sourire narquois sur le visage :

« – Toi tu vas faire la baignade ! »

J’essayais de parler mais je n’y arrivais toujours pas, j’étais à la merci de John et du docteur.

Ce dernier arriva peu de temps après avec des gants en latex, une paire pour lui et une qu’il envoya à son assistant. Il tenait un bloc note, un stylo et un vieux chronomètre dans ses mains, puis, il se posta à côté de moi.

« – John à mon signal ! Et écoute bien ! Quand je dis ‘stop’ tu le relèves, tant que je ne dis rien tu le laisse compris ?

  • Ouai patron quand tu dis stop j’le relève sinon j’le laisse.
  • Bien ! Commençons, jeune homme, cobaye, vous allez être témoins mais surtout acteur d’une révolution ! »

J’ouvris la bouche pour protester mais rien, là encore, n’en sorti. Je pensais avoir traversé le pire, mais une nouvelle torture commença.

John me basculât en arrière et je me retrouvais la tête sous l’eau. Juste la tête, mon corps bien harnaché à la planche, cette dernière était fixée sur un système de bascule, tout simplement prévu pour m’immerger la tête, et seulement elle, à l’envers, dans l’eau.

Je retînt ma respiration mais l’eau me rentrait dans le nez, faisait son chemin loin dans mes sinus. Mes yeux me brûlèrent et je commençais rapidement à avoir envie de respirer. J’essayai de crier sous l’eau mais l’eau dans mon nez s’infiltra dans ma gorge.

Vous souvenez vous quand vous étiez petit et que vous jouiez à retenir votre respiration aussi longtemps possible ? C’était cela, sauf que j’avais la tête plongée dans l’eau et que je ne pouvais pas me remettre à respirer normalement. Pour faire court, je me noyais.

Mais là était toute la spécificité de cette expérience. J’avais besoin de respirer, de sentir l’air emplir mes poumons mêmes s’ils étaient en flamme, j’avais ce besoin irrépressible d’oxygène, mais je ne mourrai pas.

Mon corps avait l’impression qu’il se noyait, mais fonctionnait toujours.

J’étouffais, je ne respirais plus depuis une minute ou deux, mais j’étais conscient. Mon corps entier réclamait de l’oxygène, ma mâchoire était grande ouverte, j’avalais de l’eau, mon instinct de survie faisait réagir mon corps ; respirer de l’air, à tout prix. J’espérais m’évanouir, la douleur de mon corps, qui traduisait l’agonie de toutes mes cellules, se déchaînait. Ma mâchoire se disloqua, je sentis une brûlure vive sur le côté droit de mon visage. Mais yeux se révulsaient, je ne voyais rien d’autre que de l’eau et le bord opposé de la baignoire.

Je bougeais mes pieds autant que je le pouvais, c’est-à-dire très peu. J’ouvrais et refermer mes mains, pensant ainsi envoyer des signaux de détresses au docteur.

L’incendie dans mes poumons se propageait partout dans mon corps. Mes muscles semblaient se consumer, pire, c’était comme s’ils essayaient de sortirent de mon corps.

Puis je relâchais la tension dans mes membres, épuisés, du mieux que je le pouvais. J’étais toujours conscient bien que cela faisait quatre ou cinq minutes maintenant que j’étais dans l’eau , et je n’ai jamais été un bon nageur et encore moins un champion d’apnée.

Malgré la douleur qui explosait dans chaque portion de mon corps, l’impression que mon cœur et mon cerveau allaient éclater, j’essayais de me relaxer, d’encaisser. Je ne bougeais plus.

Cela dura peut-être une minute de plus, je ne peux donner que des estimations très vagues car dans un moment pareil, les minutes sont des heures.

Puis d’un coup brusque, la planche basculât dans sa position initiale, j’avalais, aspirais tout l’air que je pouvais en crachant toute l’eau avalée ou logée dans mes bronches. Mais mes poumons se rappelaient à moi et je sentis encore une fois l’incendie qui semblait les ravager.

J’éclatai en sanglot, mes larmes étaient invisibles sur mon visage mouillé. Je ne pouvais fermer ma mâchoire, qui était déboîtée, je criais et aspirais de l’air autant que je le pouvais , mes muscles étaient courbaturés comme jamais, respirer était difficile et l’oxygène semblait nourrir le feu dans mes poumons.

J’essayais encore et encore de parler, c’était impossible.

Le docteur s’approcha de moi avec un grand sourire de satisfaction.

« – Allez, c’est terminé pour aujourd’hui, je prends vos constantes et on vous laisse vous reposer. Bon travail cobaye, et toi aussi John ! »

Il mit le brassard de tensiomètre autour de mon biceps gauche et quand il l’enserra, la douleur m’irradia cette fois avec une telle force que je m’évanouis.

Jaskiers

Une opportunité rêvée – Chapitre 2

Je descendais du bus après avoir pris le métro et changé deux fois de station. J’étais maintenant dans une banlieue limitrophe à la Capitale. Une banlieue… plutôt une sorte d’ancien secteur industriel désaffecté.

Je devais me rendre dans le seul bâtiment en bon état du secteur. Il n’était pas difficile à rater, c’était le seul peint d’un blanc immaculé avec d’imposantes fenêtres, qui semblaient tout juste installées. L’entrée était située sous un porche.

Selon les indications que j’avais reçues par mail, il me fallait sonner à l’interphone et dire mon nom. Ce que je fis.

Une voix robotique me répondit : « Fixer la caméra. Fixer la caméra. Fixer la caméra… » Elle n’arrêtait pas de réciter cela, je cherchais la caméra en levant la tête, pensant instinctivement qu’une caméra se devait d’être accrochée quelque part en hauteur mais je découvris qu’elle était insérée dans l’interphone.

Je fixais donc mes yeux sur la caméra, un buzz sonore retentit, le bruit se répercutant dans toute la zone, où peut-être était-ce dû à ce porche plutôt imposant.

La double porte vitrée de l’entrée s’ouvrît. Je rentrais. À ma droite était un guichet, où devait travailler les secrétaires à l’époque, mais pas de secrétaire derrière le bureau, non, mais une borne qui me demanda mon nom et de fixer la caméra, encore une fois.

Cela me prit une minute, j’eus le temps d’observer un peu l’intérieur de cette ancienne usine remise à neuf. Tout semblait avoir été repeint en blanc, sauf les portes, repeintes en noires. Le sol immense était carrelé et coloré en damier. Ce hall de réception était gigantesque, quelque chose me dérangeait, sûrement le fait d’être seul au milieu d’un si grand espace. En face de moi, de large et grandes fenêtres par où la lumière passait et se réverbérait contre les murs blancs immaculés. Il y avait des puissants néons produisant une vive lumière jaunâtre. Il fallait se rendre compte de la puissance de ces néons pour arriver à imposer leur lumière à l’immense espace déjà éclairé par la lumière du jour.

Le plafond était plutôt bas, je pensais, à raison, que cela signifiait que le bâtiment comportait plusieurs étages. Les murs latéraux comportaient bien au moins une dizaine de portes chacun, espacés symétriquement, et peintes de cet imposant noir de jais. Elles semblaient lourdes, blindées, leur poignée étaient massives. Et pas de petite fenêtres à ces portes, ce qui leur donnait un côté brute. Je constatais qu’il y avait, situé à côté de chacune de ces portes, une sorte, je présumais et encore avec raison, de lecteur de carte.

Je n’eus pas le temps pour cette première visite d’observer un peu plus cet étage car une des porte s’ouvrît brusquement, je ne pu voir laquelle car mon attention se fixa sur l’homme en blouse blanche qui approchait d’une démarche assurée et faisant raisonner chacun de ses pas dans le hall.

Jaskiers

Une opportunité rêvée – Chapitre 1

J’étais comme beaucoup d’étudiant, fauché. Rien de nouveau à ça, et comme beaucoup d’entre eux, il me fallait trouver un gagne-pain pour payer mon prêt étudiant et, surtout, pour régler mon loyer, mes factures et manger.

J’écumais les sites de recherches d’emplois, j’avais inscrit mon mail dans plusieurs de ces sites et je trouvais parfois des offres intéressantes, mais mes envoies de CV avec lettres de motivations restaient lettres mortes. Je commençais à me résigner, à me dire que finalement, travailler dans un fast-food, me bruler les doigts dans l’huile, rester coincé dans le réfrigérateur, et sentir la frite n’était pas si mal que ça, peut-être même n’aurai-je plus besoin d’aller à la Banque Alimentaire pour me nourrir. J’étais à un jour ou deux de craquer quand j’ai reçu un mail me proposant 1 800 euros pour juste une journée de travail par semaine. Et ce pendant un maximum de deux mois.

Gagner 1 800 euros en une journée, c’était incroyable, impensable presque. Trop beau pour être vrai, mais laissez-moi vous parler de ce « job ».

Cobaye pour une entreprise pharmaceutique.

Pas le droit de parler de ce que j’allais voir et vivre là-bas. Je ne « travaillerai » qu’un jour par semaine, l’étude ne durant que 2 mois, soit en tout, 8 jours de travail.

Le mail ne demandait rien de plus qu’une personne « relativement jeune et en bonne santé ». Je pense qu’à 20 ans, on est « relativement » jeune, et surtout, j’avais la santé.

J’ai donc envoyé ma candidature sur leur site, site des plus basiques, comme les vieux sites des années 2000. Le formulaire était aussi formel que n’importe quel autre sauf qu’il n’y avait pas besoin d’envoyer de CV ni de lettres de motivations. Je recevrai un deuxième mail pour savoir si j’étais pris dans 24h et aucun, si je n’étais pas sélectionné.

J’attendais patiemment en jouant sur ma console quand le bruit d’une notification mail m’avertit sur mon smartphone.

Même pas 5 heures après ma candidature, je recevais le mail de confirmation !

J’étais extatique ! Fini les fins de mois difficile pour quelque temps, je pourrai même mettre de côté une somme conséquente pour le remboursement de mon prêt étudiant.

Le mail m’indiquait, outre le fait que l’entreprise était très heureuse et impatiente de commencer à travailler avec moi, que je pourrai commencer le lendemain !

De fauché à 1 800 euros en une journée ! Nous étions en semaine, j’allai rater des classes mais je pouvais les rattraper grâce à nos classes « en lignes » qui permettait aux étudiants, qui rater des cours à cause de leur travail, de pouvoir rattraper un peu ce qu’ils avaient manqué.

J’avais juste à envoyer un mail à une autre adresse mail confirmant ma venue. Ce que je fis.

Je dormis peu, car j’étais légèrement angoissé. Bien sûr, « cobaye médical » ne semblait pas être nécessairement une partie de plaisir. J’avais peur des répercutions sur mon corps, le fait de ne pouvoir travailler, en tout et pour tout, seulement 8 jours m’inquiétait. Je présumais que ce que subirais en tant que cobaye n’était sûrement pas rien. Mais après tout, on ne crache pas sur 1 800 € en une seule journée quand le temps nous est compté et que nous sommes fauchés n’est-ce pas ?

Je pense avoir dormi peut-être 3 heures d’un sommeil agité. Mon inconscient m’envoyait des messages inquiétants. Mon corps et mon esprit avaient peur. Et ils avaient raisons. Peut-être est-ce cela « l’instinct », peut-être qu’après tout, nous avons tous ce pouvoir de sentir quand quelque chose ne va pas même si on ne le voit pas.

J’aurais dû m’écouter. Quoique, en y réfléchissant bien…

Jaskiers

Les maux violets

C’est dans le domaine onirique que l’anxiété se déploie dans sa plus forte forme. Cauchemars qui se répètent de nuit en nuit, d’une régularité effrayante, la plupart du temps indescriptibles car au réveil, il ne me reste que des images floues et incohérentes mais surtout, il me reste ces sensations d’angoisses terribles.

J’imagine, quand je suis éveillé, une vapeur de couleur violette très sombre qui est tapit dans mon estomac et dans les moments d’angoisses terribles, cette vapeur se propage dans mes bras, mes jambes et le reste de mon corps. Elle stagne dans mon ventre la plupart du temps, se nourrissant de tout les petits tracas du quotidien, de la douleur physique et des angoisses. Un feu grégeois qui attend les moments opportuns pour enflammer mon esprit et mon corps dans les temps où j’ai le plus besoin d’être serein. Donc serein, je ne l’ai jamais été. « Il ne sert à rien de s’inquiéter » est la phrase que je reçois souvent en guise de conseil. Si seulement c’était si simple !

J’ai essayé, il y a longtemps, de méditer. J’ai lu pas mal de blogueurs ici en parler, de la méditation.

J’essayais de m’installer confortablement, de faire attention à ma respiration. Tout ce que je ressentais, c’était cette vapeur qui languissait tranquillement dans mon ventre. Elle me montait à la tête et mes pensées se mettaient à vagabonder dans mes souvenirs les plus terribles.

Elle m’empoisonne, cette « vapeur » et je dois vivre avec.

Je réalise que je ne peux être totalement détendu. Impossible. Physiquement et mentalement. Rien ne m’apaise à part mon traitement.

Mon corps ne peut pas se détendre, mes muscles et mes nerfs sont constamment en feux, empoisonnés par cette entité colorée mais invisible au yeux et ressenti d’autrui. Je suis toujours crispé. Un kinésithérapeute m’a un jour dit qu’il n’avait jamais vue de personne si nerveuse, si tendue à un si jeune âge.

Mon corps, et je présume, mon psyché, sont toujours sur le qui-vive. Essayer de me relaxer est impossible car mon corps est habitué à cette tension permanente et me relaxer semble un danger pour mon entité physique et, peut-être aussi, psychique. La normalité, ma normalité, c’est la tension permanente.

Je ne peux rester à ne rien faire, il faut que je sois toujours occupé à quelque chose. Lire, écrire, aller sur internet, regarder un film ou une série, jouer à un jeu-vidéo. Je ne peux rester sans rien faire car la vapeur se répand dans mes membres et mes pensées s’affolent et m’angoissent.

Je ne peux rester seul avec moi même qu’avec l’écriture. Mon esprit fonctionne, mon corps bouge pour écrire. C’est une introspection, la seule que je puisse pratiquer ayant un impact positif sur ma vie.

C’est pour cela aussi que mes récits de fictions s’avèrent violents. Je m’adonne à l’exorcisation de mes peurs, angoisses, souvenirs, inspirations du moment.

Je pense parfois que derrière ma dépression aiguë, mon anxiété, mes névroses, se cache une maladie non-diagnostiquée. J’ai ma petite idée sur ce dont je crois pouvoir souffrir mais, pour l’instant, après avoir parlé avec des professionnels, rien n’est sûr. J’espère avoir raison et poser une bonne fois pour toute un nom sur mon mal-être perpétuel.

Est-ce que je vis par procuration avec mes lectures ? Oui. En grande partie même. Et je pense que chaque lecteur, chaque personnes qui prennent le temps de lire un livre vivent par procuration, le temps de leur lecture.

Est-ce un mal ? Je préfère ça plutôt que d’autres méthodes plus violente, tel la drogue ou l’alcool ou tout autre addiction.

Lire, une addiction ? En tous cas un besoin. Je ne m’imagine pas passer une journée sans lire une page d’un livre. Depuis 10 ans, tous les jours, j’ai quelque chose à lire. Je ne dois pas lire, ce n’est pas une obligation, c’est plutôt un plaisir, quelque chose que je m’accorde à moi-même.

Pendant la lecture, le feu grégeois s’évapore, lâche mon corps et ne préoccupe plus mon esprit. Pendant l’écriture aussi parfois mais je l’utilise aussi pour m’aider à créer. Faire d’une tare un atout, ou du moins essayer.

Le futur est incertain, pour moi. Mon corps vieillit, les choses ne sont plus aussi simples qu’avant, elles deviennent parfois même plus difficiles. Parfois, une simple broutille devient une terrible épreuve pour ma petite personne. J’ai réalisé que je n’était pas le seul. Nous sommes tous de grands acteurs et actrices pour cacher nos névroses. Nous avons tellement peur d’être vulnérable, ou de se montrer vulnérable au yeux des autres. Nous sommes humains, je crois, et personne n’est invulnérable, tout le monde a ses faiblesses. Mais l’avis et le regard des autres nous obligent à tout cacher. Et si on a de la chance, parfois, cela arrive, on peut trouver quelqu’un avec qui vous pouvez baisser la garde. SI on a de la chance. Et si nous-même pouvons accepter et comprendre les peurs et les faiblesses d’autrui.

Maintenant, je vis, tant bien que mal. Et tant qu’il y a de la vie… vous connaissez la suite.

Jaskiers

Patricia Cornwell is back on the blog !

Madame Cornwell est de retour sur le blog !

Après avoir lu « Une peine d’exception » (et écris un article dessus) j’ai eu l’opportunité d’acheter pour une poignée d’euros deux autres ouvrages de cette auteure.

D’abord, Le Registre des Morts qui continue l’aventure de Kay Scarpetta et un autre, La Griffe du Sud qui suit l’aventure d’une autre héroïne créé par Patricia Cornwell ; Judy Hammer.

Si vous avez lu mon article précédant sur celui d’Une peine d’exception, ce n’est pas ma première expérience avec la légiste Scarpetta, ce le sera par contre avec Judy Hammer.

Allons-y !

Registre des morts

Quatrième de couverture :

À la morgue, tous les décès sont consignés au Registre des morts. Ce livre va bientôt revêtir une signification différente pour Kay Scarpetta. Lorsqu’elle s’installe à Charleston, en Caroline-du-Sud, pour y ouvrir, avec sa nièce Lucy et Pete Marino, un cabinet de médecine légale, elle pense commencer une nouvelle vie. Mais très vite, elle entre en conflit avec des politiciens locaux, et on cherche visiblement à saboter son projet. C’est alors que va se produire une série de morts violentes : un meurtre rituel, un enfant victime de sévices, une joueuse de tennis retrouvée mutilée à Rome, sans autre lien entre ces affaires qu’une certaine patiente d’un prestigieux hôpital psychiatrique de Nouvelle-Angleterre. D’autres noms vont s’ajouter au Registre des morts, peut-être même celui de Kay…

Patricia Cornwell

Il m’est difficile de parler d’un roman, d’un livre de fiction. (Je me répète beaucoup non ?) Il faut trouver de quoi parler, sans rien dévoiler de l’intrigue tout en vous gardant intéressé par l’article.

Il n’est pas très utile donc que je vous fasse un résumé si vous avez lu la quatrième de couverture plus haut.

Je parlerai donc de mon ressenti.

L’ouvrage est bien ficelé. Patricia Cornwell sait exactement de quoi elle parle est maitrise son sujet à la perfection, il faut dire que son ancien métier de légiste l’a sûrement bien accompagné. Sa plume est sure !

Elle maîtrise aussi parfaitement la narration, le suspens et sait aussi construire un scénario compliqué mêlant des personnages à la psychologie développée. Aucun doute avec elle, vous ne devinerez jamais comment l’histoire finira grâce à sa plume finement maniée. Je trouve parfois des similarités avec Stephen King, auteur qu’elle apprécie, du moins je crois l’avoir lu quelque part.

Maintenant ce qui me déroute un peu : les dialogues ne semblent pas naturels, les personnages s’expriment de manière un peu trop soutenue.

Mêler à cela, les termes scientifiques précis de la médecine légale, il faudrait avoir un bac +10 pour comprendre certains passages où l’auteure nous étales des procédures scientifiques précis, du coup, j’ai continuer ma lecture sans trop m’en accommoder. Ces termes ne dérange pas vraiment la lecture, les dialogues par contre son un peu plus gênants, pas de là à stopper la lecture mais ce genre de dialogue : soit trop soutenue soit familier jusqu’au pathos peu déranger.

Comme avec le premier roman que j’ai lu d’elle, la fin fini avec LA révélation mais laisse place au prochain tome, c’est à dire que la fin vous laisse un peu… sur la faim ! (Wow ont vous l’avez jamais faite celle-là hein ?…)

Je pense que pour vraiment apprécier pleinement les romans dont Kay Scarpetta est l’héroïne, il faut avoir lu les autres tomes.

La Griffe du Sud

Quatrième de couverture :

Judy Hammer, l’héroïne de La Ville des frelons, est nommé à Richmond (Virginie). Sa mission : réorganiser la police, lutter coûte que coûte contre une criminalité qui a fait de l’ancienne capitale sudiste une jungle urbaine. Auprès d’elle, ses adjoints, Virginia West et Andy Brazil.

Il leur faudra se battre sur tous les fronts : réformer une police corrompue et récalcitrante, braver des mentalités racistes et bornées, et venir à bout d’une délinquance souvent formée souvent de très jeunes criminels, soumis à la loi de fer des gangs. Comme celle que fait régner Smoke, véritable psychopathe qui sème la terreur et tue de sang-froid.

Noirceur et humour forment un mélange détonnant, où l’efficacité n’empêche pas la lucidité. Dans cette nouvelle série, Patricia Cornwell brosse le tableau sans concession d’une société à la dérive.

Comme à l’accoutumé, votre serviteur n’a pas lu La Ville des frelons, donc je ne peux pas parler de la continuité de ce roman avec celui là.

Le roman est basé sur la ville de Richmond au Sud des États-Unis dans les années 90, où les mentalités sont encore ancrées, malheureusement, dans la vielle rivalité entre sudiste et nordiste, confédères et unionistes. Autrement dit, le racisme est encore présent. Même aujourd’hui d’ailleurs.

Ce polar se veut different de la série des Kay Scarpetta. Plus d’action, une réflexion sur le racisme, la pauvreté, le milieu criminel et policier et même des réflexions politiques.

Comme dans les ouvrages précédents, le scénario est mené de mains de maître, peut-être un petit peu moins pointu que les autres mais cela ne nuit pas vraiment à la lecture car j’ai trouvé plus d’action dans cet ouvrage.

J’ai trouvé les dialogues plus réalistes cette fois, même si certains passages et échanges me gênent encore un peu. Ils peuvent s’avérer plutôt clichés, trop faciles. Malheureusement, l’auteure utilise aussi, bien que rarement, un language informatique pointu. Cornwell a l’air de connaître à la perfection l’informatique. Le codage ne semble avoir aucun secret pour elle, mais pour moi, qui suis complètement étranger et sans beaucoup de connaissances dans ce domaine, je n’ai pas cherché à comprendre plus loin lors de ces (petits) passages. Heureusement, ces passages n’empêchent pas la bonne compréhension de l’histoire.

J’ai aimé, vraiment. Il semble que cette série soit plus accessible que la série sur Kay Scarpetta. Un avis personnel bien sûr.

Je conseil vivement les ouvrages de Patricia Cornwell si vous aimez les polars axés principalement sur les techniques scientifiques (le personnage de Kay Scarpetta est une médecin légiste), basé sur l’informatique et avec un scénario bien travaillé.

Pour la série Judy Hammer, il semble, pour le seul ouvrage que j’ai lu d’elle, être axée sur la police de terrain, la politique interne au sein du système policier, avec une réflexion importante sur la politique et la société américaine qui est aujourd’hui encore (La Griffe du Sud date de 1998) d’actualité.

Le seul bémol, pour moi, reste qu’il faut avoir lu tous les autres livres de la série pour bien être immergé dans l’histoire.

Patricia Cornwell est une de mes découvertes cette année, j’en suis heureux, une leçon d’écriture que cette auteure nous livre sur la construction d’un scénario et sa crédibilité, une maitrise du suspens et une connaissance parfaite de ses sujets.

Jaskiers

Japan’s Infamous Unit 731 par Hal Gold

Firsthand Accounts of Japan’s Wartime Human Experimentation Program

Quatrième de couverture :

Some of the cruelest deeds of Japan’s war in Asia did not occurs on the battlefield, but in quiet antiseptic medical ward in obscure parts of China. Far from the front lines and prying eyes, Japanese doctors and their assistants subjected human guinea pigs to gruesome medical experiments in the name of science.

Author Hal Gold draws upon a wealth of sources to construct a portrait of the Imperial Japanese Army’s most notorious medical unit, giving an overview of its history and detailing its most shocking activities. The book presents the words of former unit members themselves, taken from remarks they made at a traveling Unit 731 exhibition held in Japan in 1994-95. They recount vivid firsthand memories of what it was like to take part in horrific experiments on men, women and children, their motivations and reasons why they chose to speak about their actions all these years later.

A new foreword by historian Yuma Totani examines the actions of Unit 731, the post war response by the Allies an the lasting importance of this book. Japan Infamous Unit 731 represent an essential addition to the growing body of literature on the still unfolding story of some of the most infamous war crimes in military history. By showing how the ethics of normal men and women can be warped in the fire of war, this important book offers a window on a time of human madness and the hope that history will not be repeated.

HAL GOLD was a writer, journalist and historian who was a resident of Kyoto for over 30 years. He authored many books, essays and articles on Japanese history and culture including Japan in a Sake Cup, Neutral War, Japanese army medical officer and several articles on turn-of-the-century Kyoto development.

YUMA TOTANI is professor of modern Japanese history at the University of Hawaii at Manoa. She authored The Tokyo War Crimes Trial : The Pursuit of Justice in the Wake of World War II, co-authored, Justice in Asia and the Pacific, 19451952 : Allied War Crimes Prosecutions and has written numerous articles.

Comment écrire sur ces horreurs et surtout, quoi partager avec vous, ceci est le dilemme (encore) pour cet article.

L’unité 371 a été créée par le jeune et ambitieux Ishii avec l’aval de l’empereur Hirohito. Le but étant de préparer, de créer et d’améliorer des armes offensives et défensives chimiques en les testants sur des êtres humains vivants.

L’unité était installée dans l’état fantoche de Mandchourie, créée par les japonais lors de la guerre sino-japonaise, à l’est de la Chine. À Pingfang plus exactement. L’endroit était tenu secret défense. Construit comme un château, avec deux cheminées pour incinérer les corps.

Médecins, infirmiers, étudiants et jeune soldats y ont « exercés ».

Vivisections avec et/ou sans anesthésies, expériences sur le froid, sur les maladies vénériennes, le typhus, le choléra, la peste ect…

Les victimes étaient appelé des maruta, des « planches ». Elles étaient chinoises, coréennes, russe, anglaises, françaises et américaines. Les victimes occidentales restaient rares. Des femmes, des hommes et des enfants (incluant les nourrissons) en étaient les victimes et cobayes.

Le livre est partagé en deux, une section historique, une section témoignages d’anciens soldats (car les médecins, infirmiers ect… étaient soldats). Les deux sections étant séparées par une toute petite partie photos, contenant juste les photographies des ruines de l’établissement et des reconstitutions des expérimentations. Cette section est plus anecdotique qu’autre chose, vous pouvez trouver sur internet plus de photographies.

Les témoignages des bourreaux sont important, car à la fin de la guerre, les soldats étaient priés de se taire. Et nous connaissons l’obéissance et la discipline des soldats japonais envers leur empereur. Surtout que beaucoup recevaient de l’argent pour leur silence. Heureusement, une poignée a décidé de témoigner pour ne pas oublier. Aucune victime n’a survécu, nous n’avons que les aveux des bourreaux pour savoir ce qu’il se passait dans cette unité. Les anciens bourreaux témoignent, expriment leurs regrets et demandent pardon.

Aucuns des ces criminels n’a été jugés, les japonais ayant utilisés judicieusement la guerre froide pour se couvrir. En échangeant des informations avec les américains, en les menaçants de révéler les résultats des expériences à l’URSS. La plupart de ces « expériences » n’ont pas apportées de découverte majeure, loin de là. Les japonais ont bluffés leurs juges.

Femmes enceintes éventrées, femmes de conforts, victimes gazées, forcées a des relations sexuelles pour étudier la propagation des maladies vénériennes.

Congeler des membres du corps pour tester la résistance des os avec un marteau, victimes vidées de leurs sangs, attachées à des planches pour observer l’efficacité des obus contenant des agents pathogènes, élevages de rats et de puces pour étudier et propager des virus. Ces expériences servaient à créer des armes bactériologiques, par bombe, ou par empoisonnement des rivières, principalement.

Aucuns « tests » sur d’innocents villages civiles chinois n’ont donnés de résultats concrets. Un témoin/bourreau raconte en fin d’ouvrage que la plupart des professionnels y travaillant le faisaient pour s’amuser.

Le sujet des « femmes de conforts », autrement dit des femmes forcées à la prostitution, est légèrement traité dans le livre. Leurs sort étaient évidemment terribles. Ce sujet aurait mérité d’être plus développé tant le sort de ces femmes durant la Seconde Guerre Mondiale est encore peu connut.

Est mentionné aussi l’entraînement de jeunes soldats japonais, apprenant le maniement de la baïonnette sur des civils vivants.

Est-ce que je conseil se livre ? Il n’est pas mal écrit, ce n’est pas la question, le sujet est difficile. Si vous voulez en apprendre plus sur ce crime de guerre japonais, oui, mais les informations que vous pouvez trouver sur internet sont amplement suffisantes. Je pense à la lecture du Wikipedia de l’Unité 731 notamment.

Je n’ai pas jugé important de partager des extraits de ces horreurs. Je ne me sens pas la force de les écrire ni de les relire.

Voici quelques photographies glanées sur internet pour compenser le manque d’extrait.

L’énorme complexe de l’unité 731.
Général Ishii, responsable et créateur de l’unité 731.
Une victime, appelée maruta (planche), emportée par des soldats japonais en combinaison.
Reconstitution d’une des nombreuses expériences commises dans l’Unité 731. Celle-ci consistait à enfermer un(e) prisonnier(e) dans une sale réfrigérée et de lui verser de l’eau sur les membres jusqu’à ce qu’ils gèlent, puis des les frapper jusqu’à ce que le membre se cassent. Expérience censée étudier l’effet des gelures et du froid extrême sur le corps humain.

Je regrette de ne pas avoir eu la force de partager avec vous les extraits du livre mais relire l’horreur et l’inhumanité de ces expériences m’est difficile. Comme noté plus haut, vous trouverez assez d’informations sur ce crime de guerre sur internet. Le plus important, je pense, est de ne pas oublier ce crime de guerre peu connu et, surtout, ses victimes oubliées.

Jaskier