Le réveil a été dur ce matin, mais ça reste un plaisir. Dante Rand pensait tout haut dans sa nouvelle berline de luxe.
Direction : liberté et solitude !
Dante Rand avait enfin sa vie de rêve, écrivain. Avec le succès de son roman d’épouvante « Personne n’est en danger », il s’était fait connaître du grand public et avait assuré sa place dans le milieu littéraire américain. Le New-York Time l’avait proclamé le nouveau Stephen King, ses séances de dédicaces étaient interminables, les gens faisaient la queue pendant des heures pour avoir leur livre signé par le nouveau roi de l’épouvante.
L’argent coulait enfin, et pas qu’un peu. Il venait de vendre les droits cinématographiques de son roman à Universal pour 5 millions de dollars.
Il avait investi dans un ranch abandonné dans le PanHandle de l’Oklahoma. La maison, bien que vieille restait solide sur ses assises. En plus de la maison, il y avait une immense grange qu’il avait remanié selon ses désires, pour travailler dans le calme. Il n’y avait personne à 20 miles à la ronde, il serait seul, sans distraction. Il n’avait pas fait installer internet et le réseau cellulaire restait à désirer. Toute la ferme avait était rénovée selon ses goûts sans qu’il n’ai à y mettre une seule fois les pieds.
C’était là qu’il se dirigeait. Bruce Springsteen chantait qu’il était née dans un trou perdu à tue-tête dans la radio. Il souriait car enfin, l’obsession d’avoir assez d’argent pour manger et payer loyer et factures était loin derrière lui. Tout ce dont il avait à s’inquiéter était d’écrire son prochain roman dans les temps, si possible.
Je me réveillai dans une pièce blanche immaculée, allongé sur un petit lit.
Mes poumons me brûlaient moins, je pouvais me mouvoir plus facilement. Je découvris aussi que j’étais sous perfusion, un liquide bleu phosphorescent se déversait dans mon bras droit.
J’eus l’instinct premier de l’arracher mais considérant que mon état s’était amélioré, je pensais que c’était ce liquide qui me redonnait des forces.
La pièce n’avait aucune fenêtre, aucune horloge. Je n’avais aucun moyen de savoir l’heure. Par instinct, je mis mes mains dans mes poches à la recherche de mon portable mais ne trouva rien. Aussi étonnant que cela puisse être, jamais, au cours de cette expérience on ne me demanda de me changer. J’étais resté habillé comme j’étais entré.
La tête encore lourde, pas comme une migraine mais comme si mon cerveau pesait une tonne, je me rallongeais et dormis encore.
Je fus réveillé par le docteur.
« – Hey bien cobaye au bois dormant ! Bien dormis ?
Ouai…
Ça va mieux ?
Oui…
C’était quelque chose hein ?
C’était l’horreur oui…
Oh petit ingrat ! Tu es aux premières loges d’une révolution de la médecine !
Vous pouvez changer de disque un peu ! Je suis plutôt une victime de cette révolution.
Mais vous n’êtes pas une victime ! Arrêtez votre cinéma ! Et vous savez, vous avez signé de votre plein gré.
Oui, et je le regrette.
Ingrat !
D’ailleurs j’arrête, c’est fini. Payez-moi et laissez-moi filer.
Bien sûr que vous allez être payé ! Mais vous vous êtes engagé pour huit séances !
Je ne pensais pas affronter la mort.
La mort ? Mais quel acteur ! Quel acteur ! Vous n’avez pas affronté la mort ! Au contraire, vous étiez immortel !
C’est ça le truc donc, vous voulez rendre l’humain invulnérable ?
En gros oui ! Savez-vous combien de temps vous êtes resté la tête sous l’eau ?
J’en sais rien, je n’avais aucune notion du temps.
Estimez ! Allez !
Ce n’est pas un jeu ! J’arrête tout !
21 minutes sous l’eau ! Presque une demi-heure sous l’eau et sans mourir ! Vous pouviez même bouger autant que vous le vouliez, enfin prenant en compte que vous étiez attaché à une planche mais jamais vous n’avez perdu conscience sous l’eau !
Mais après si !
Mais c’est à cela que vous servez cobaye !
Arrêtez de m’appeler cobaye. J’arrête aujourd’hui !
Voyons, un contrat est un contrat.
Hey bien je le romps ce contrat !
Malheureusement… cela me chagrine vraiment et je comprends votre colère, ou plutôt votre peur. Mais vous êtes obligé de remplir les clauses de votre contrat.
Je prendrai un avocat, je ferai tout mon possible pour arrêter ce calvaire.
Rien ne vous empêche d’agir comme cela mais, voyez-vous… nous sommes… riches. Riches et avec des… contacts. Contacts assez haut placés pour vous mettre des bâtons dans les roues. Voyez… vous êtes à la fac et… en quelque coup de fil, je pourrai m’arranger pour que votre année ne soit pas validée, modifié quelque résultat de partiels à votre désavantage, faire propager quelques rumeurs… pas très glorieuses à votre propos.
Ah bon, vous vous donnerez tant de mal que ça pour moi ?
Évidemment ! Vous êtes précieux pour nous cobaye !
Arrêtez de m’appeler cobaye maintenant !
Il serait tellement dommage, tellement, que quelque chose de fâcheux arrive à votre mère ou à votre sœur. D’ailleurs, comment ça se passe son entrée au lycée à cette dernière ? »
Je pâlis à ces dernières paroles. Le docteur menaçait ma famille, une menace est une chose mais une menace avec des informations précises sur un point de pression sensible, dans mon cas ma famille, c’est tout autre chose.
Même si je décidais de lutter et d’en subir les conséquences, je ne voulais en aucun cas mettre ma famille en danger.
J’étais comme beaucoup d’étudiant, fauché. Rien de nouveau à ça, et comme beaucoup d’entre eux, il me fallait trouver un gagne-pain pour payer mon prêt étudiant et, surtout, pour régler mon loyer, mes factures et manger.
J’écumais les sites de recherches d’emplois, j’avais inscrit mon mail dans plusieurs de ces sites et je trouvais parfois des offres intéressantes, mais mes envoies de CV avec lettres de motivations restaient lettres mortes. Je commençais à me résigner, à me dire que finalement, travailler dans un fast-food, me bruler les doigts dans l’huile, rester coincé dans le réfrigérateur, et sentir la frite n’était pas si mal que ça, peut-être même n’aurai-je plus besoin d’aller à la Banque Alimentaire pour me nourrir. J’étais à un jour ou deux de craquer quand j’ai reçu un mail me proposant 1 800 euros pour juste une journée de travail par semaine. Et ce pendant un maximum de deux mois.
Gagner 1 800 euros en une journée, c’était incroyable, impensable presque. Trop beau pour être vrai, mais laissez-moi vous parler de ce « job ».
Cobaye pour une entreprise pharmaceutique.
Pas le droit de parler de ce que j’allais voir et vivre là-bas. Je ne « travaillerai » qu’un jour par semaine, l’étude ne durant que 2 mois, soit en tout, 8 jours de travail.
Le mail ne demandait rien de plus qu’une personne « relativement jeune et en bonne santé ». Je pense qu’à 20 ans, on est « relativement » jeune, et surtout, j’avais la santé.
J’ai donc envoyé ma candidature sur leur site, site des plus basiques, comme les vieux sites des années 2000. Le formulaire était aussi formel que n’importe quel autre sauf qu’il n’y avait pas besoin d’envoyer de CV ni de lettres de motivations. Je recevrai un deuxième mail pour savoir si j’étais pris dans 24h et aucun, si je n’étais pas sélectionné.
J’attendais patiemment en jouant sur ma console quand le bruit d’une notification mail m’avertit sur mon smartphone.
Même pas 5 heures après ma candidature, je recevais le mail de confirmation !
J’étais extatique ! Fini les fins de mois difficile pour quelque temps, je pourrai même mettre de côté une somme conséquente pour le remboursement de mon prêt étudiant.
Le mail m’indiquait, outre le fait que l’entreprise était très heureuse et impatiente de commencer à travailler avec moi, que je pourrai commencer le lendemain !
De fauché à 1 800 euros en une journée ! Nous étions en semaine, j’allai rater des classes mais je pouvais les rattraper grâce à nos classes « en lignes » qui permettait aux étudiants, qui rater des cours à cause de leur travail, de pouvoir rattraper un peu ce qu’ils avaient manqué.
J’avais juste à envoyer un mail à une autre adresse mail confirmant ma venue. Ce que je fis.
Je dormis peu, car j’étais légèrement angoissé. Bien sûr, « cobaye médical » ne semblait pas être nécessairement une partie de plaisir. J’avais peur des répercutions sur mon corps, le fait de ne pouvoir travailler, en tout et pour tout, seulement 8 jours m’inquiétait. Je présumais que ce que subirais en tant que cobaye n’était sûrement pas rien. Mais après tout, on ne crache pas sur 1 800 € en une seule journée quand le temps nous est compté et que nous sommes fauchés n’est-ce pas ?
Je pense avoir dormi peut-être 3 heures d’un sommeil agité. Mon inconscient m’envoyait des messages inquiétants. Mon corps et mon esprit avaient peur. Et ils avaient raisons. Peut-être est-ce cela « l’instinct », peut-être qu’après tout, nous avons tous ce pouvoir de sentir quand quelque chose ne va pas même si on ne le voit pas.
J’aurais dû m’écouter. Quoique, en y réfléchissant bien…
Le cri est strident, « Le diable se dirigent vers nous ! Ohé ! Le diable en a après nous ! »
Les hommes du Wigram se réveillent sans se faire prier, c’est le branle-bas de combat. On se bouscules pour aller à son poste, les canonniers et boutes-feu se postent derrière leurs canons, prêts à lâcher une bordée au premier ordre.
Antoine, le bosco, posté sur la dunette, sort sa longue vue, la dirigeant sur 360 degrés.
« – Mais qu’est-ce que c’est que ça ! Antoine tu peux me dire ce que c’est !
C’est une boule de feu ! On dirait un… un soleil ! Un petit soleil ! »
Tous les hommes se relèvent de leurs postes pour chercher de leurs propres yeux les paroles terribles d’Antoine.
À l’horizon, venue de l’ouest, une forme rougeâtre est visible, avec un peu de concentration, certains matelots jurent que cette chose approche.
La forme semble être triple dans la longue vue du bosco, il peut voir cette chose de feu, son reflet sur la mer et ce phénomène curieux qui reflète cette énigme juste au dessus de la ligne d’horizon, comme trois cavaliers de l’Apocalypse parfaitement alignés à la verticale.
« – Antoine, qu’est-ce que tu vois exactement !
C’est une chose en flamme mon commandant.
Ça vient vers nous ?
Ça vient pas de doute.
À quelle vitesse ?
Je dirais… , Antoine prend son loch, éclair le cadran en l’approchant d’un brasero. Je dirais 35 noeuds mon commandant !
Trente-cin… Bon dieu. Faisons lui face à notre bâbord, je veux les canons prêts a lâcher une bordée sur ce… machin. »
Le Wagram fait un quart de tour sur la droite, le contre-amiral Kerjulien approuve de la tête en regardant le timonier.
« – À bâbord, je veux 5 canons d’anges à deux têtes, 5 autres de boulets pleins. Prêts à canonner à mon signal !
Oui commandant ! »
Les boutes-feu préparent leurs baguettes, prêts à en enflammer la mèche d’étoupe. Dans la nuit, aucune lune, aucune étoile, les braseros et torches du Wagram vacillent, laissant voir des ombres sur les faces crispés des matelots. Elles dessinent de curieux visages sur celui balafré du contre-amiral, créant l’illusion de lui ajouter, le temps d’une seconde, d’autre cicatrices avant de disparaître. Ses rides semblent se multiplier avec le jeu de lumière erratique, lui donnant des airs de vieillards. Ses pupilles sont rouges, tel un possédé, tel ceux qui entrent en transe dans les lointaines terres hindoues durant ces étranges cérémonies dédiées à Shiva.
« – Commandant, je pense… je pense qu’il dévie de sa trajectoire et met le cap dans notre direction !
Je le sais ! On… ne regardez pas trop cette… chose en feu, rien de tel pour vous éblouir.
Mon commandant, c’est quoi ce truc ? »
Le commandant allume sa pipe à l’aide d’un petit tisonnier qu’il avait préalablement chauffé à un brasero.
« – Ça… c’est une putain de légende, une légende vraie !
Que voulez-vous dire mon commandant ?
Ce que je veux dire ? C’est que si nous ne le coulons pas, nous seront morts.
Évidement…
Évidement quoi sous-fifre ?!
Pardon mon commandant.
Ce truc là messieurs, c’est le diable en personne ! C’est un navire en flamme, qui terminera sa mission infernale soit coulé, soit en nous coulant.
Chef, peut-être qu’on pourrait essayer de le perdre !
Inepties ! Conneries ! Ce machin vient pour nous envoyer en enfer, j’ai… il… on a trop péché ! Trente-cinq noeuds ! T’as pas entendu Antoine ! Notre Wigram dépasse difficilement les 10 noeuds !
Et si on manœuv…
Tu pense pouvoir l’esquiver ? Ah ! Ce machin va vouloir se repaitre de nous, c’est intelligent, cela nous est destiné ! Allez me chercher Spark ! Il n’est pas là, doit être en train de prier sa mère au carré.
Oui chef.
Et dite lui que si il ne ramène pas son cul ici, je lui fourre mon tisonnier dans l’œil !
Oui chef !
Du nerf ! »
Le commandant s’approche du charnier et s’asperge le visage d’eau, maintenant, les flammes du navire lui donnent un teint translucide. Les yeux braqués sur le navire en flamme qui approche à grande vitesse.
« – Putain, on dirait… sa carcasse… mais y’a encore les voiles mais c’est… tout en feu !
Antoine, arrête de le regarder, tu vois le diable merde ! Arrêtez de le regardez ! Soyez prêt, foutrement prêt à canonner cette terreur ! On aura pas de deuxième chance !
Commandant…
Spark petit enculé !
Désolé mon com… »
Cosmao Kerujulien prend la tête de Spark entre ses mains pour la placer en vue du navire enflammé.
« – C’est de ta faute ça enfant de putain !
Commandant… je suis désolé !
Tu sais ce que je vais être obliger de faire hein ?
Pitié non ! Non ! Laissez moi une chance, une… »
Le commandant lui tranche la gorge, Le corps de Spark, refusant la mort, fait des soubresauts. Le contre-amiral tourne et retourne sa dague dans le cou de Spark, on entends les tendons et les nerfs se défaire et le bruit de scie que fait la lame sur les os du cou de l’infortuné. Le commandant s’acharne, pose le corps du mort à terre et le décapite.
En brandissant la tête, il se déplace jusqu’aux gaillard avant, se tourne face au vaisseau brûlant qui n’est plus qu’à une moitié de mille et hurle :
« – Voici ! Voici Chtuhulu ! Regarde, j’ai accompli ta vengeance ! Chtuhulu, voici mon offrande, épargne moi, mes hommes et mon navire ! Prend-le ! Par pitié ! »
Ces derniers mots sont dits dans les sanglots. Tous les matelots le regardent, son uniforme est tacheté de substance noir, dégoulinante. Son corps a l’air d’une ombre, brandissant en l’air la tête de Spark comme Persée avait dû brandir celle de Méduse devant Phinée et ses sbires.
Les canonniers placent leurs canons dans leurs sabords respectifs, les boutes-feu enflamment leurs baguettes.
« – Chtuhulu je ne mérite pas ta colère. C’est lui, dont je tiens la tête, qui t’as offensé ! Lui a brisé son serment, pas moi ! »
Antoine ne peut s’empêcher de regarder le navire en feu, il croit même voir un visage, une terrible vision, un crâne à la mâchoire immense sortir puis, le fracas des canons firent vibrer l’air.
Les boulets percutent le vaisseau du diable, éclatant sur sa proue, des esquilles mêlées aux étincèles emplissent l’air, les anges à deux têtes fendent les voiles enflammées mais le vaisseaux fantômes ne ralentit pas.
Une seconde de silence, comme si l’oxygène du monde entier avait disparue, les matelots se regardent, à l’ombre des flammes ils ont l’air de spectres.
Le diable de vaisseau émet un son rauque, à faire exploser les tympans, des matelots en paniquent s’apprêtent à sauter à l’eau dans l’embarcation de sauvetage, le contre-amiral, reste debout, il a baissé les bras et la tête. Il est le premier percuté par le navire.
Soudain, tout le vaisseau prends feu, le bois craque et semble même hurler, le métal se tords, les feux de l’Enfer s’effondrent sur les marins.
L’instinct de tous les matelots est de sauter à l’eau, dans un dernier réflexe de conservation, ils sautent par dessus bords mais la mer n’est plus que flammes. Tel un feu grégeois, les marins sautent à leurs pertes, se consument, brûlés dans l’eau.
Tout se désagrège, l’oxygène n’existe plus pour les hommes encore conscients. Ils préfèrent mourir immédiatement plutôt que d’être les témoins de cette horreur. Préférant une mort rapide que de finir mangé par les flammes un mousse se tranche la gorge, l’autre s’enfonce son poignard dans le ventre, un autre encore plonge, la mer n’est plus un espoir, il brûle. On ne sait comment mais il reste à la surface et pousse des cris d’agonie avant que les flammes se repaissent de son visage.
Les mats s’affaissent, se donnant au feu pour mieux le nourrir, tout n’est que vision d’enfer, des silhouettes titubent et s’affaissent à genoux, des torches humaines sautent dans les lames de feux, des gerbes enflamment chaque parcelles de navire et de corps humains. L’air est emplie de petit débris qui se consument, comme des fées éphémères dont la vie est écourtée net par le présent à l’humanité de Prométhée.
Puis une énorme explosion finit de compléter le tableau d’apocalypse, le feu ayant atteint les réserves de poudres. L’atmosphère aux alentours hurle, comme si elle aussi pouvait sentir la souffrance.
Et le calme reprend ses droits. La mer s’est éteinte, des débris encore fumant flottent et sifflent au contact de l’eau, les squelettes des deux navires embrasés restent encastrés l’un dans l’autre comme des amants maudits.
Une immense lame engloutit les deux carcasses. Une épaisse fumée s’échappe de la mer puis s’évapore.
La vie reprend ses droits. Les flots sont calmes. Rien ne les perturbent, l’équilibre est revenu.
Crédit image : Pinterest
Récit inspiré par « Chtuhulu » d’H.P. Lovecraft et par « Moby-Dick » d’Herman Melville.
Qu’elle soit nécessaire, ou même justifiée, ne croyait jamais que la guerre n’est pas un crime.
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La première panacée pour une nation mal dirigée est l’inflation monétaire, la seconde est la guerre. Les deux apportent prospérité temporaire et destruction indélébile. Les deux sont le refuge des opportunistes économiques et politiques.
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Dans la guerre moderne, vous mourrez comme un chien et sans raison.
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Les yeux qui ont vu Auschwitz et Hiroshima ne peuvent jamais voir Dieu.
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Le monde est un endroit magnifique pour lequel il vaut la peine de se battre.
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Un homme, ça peut être vaincu mais pas détruit.
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Chacun de mes contacts avec la politique m’a donné l’impression d’avoir bu dans un crachoir.
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Lorsqu’un homme est encore en révolte contre la mort, il a du plaisir à emprunter lui-même l’un des attributs divins : celui de la donner.
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Nous devons nous y habituer : aux plus importantes croisées des chemins de notre vie, il n’y a pas de signalisation.
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– C’est pas le moment de penser à ce qui te manque. Pense plutôt à ce que tu peux faire avec ce qu’il y a.
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La guerre c’est l’enfer, avait déclaré Sherman […]
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« D’ailleurs, pensa-t-il, tout le monde tue d’une manière ou d’une autre. […] »
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« Je t’aime autant que tout ce pour quoi nous nous sommes battus. Je t’aime comme j’aime la liberté et la dignité et le droit de tous les hommes à travailler de n’avoir pas faim. […] comme j’aime tous mes camarades qui sont morts. […] »
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« – Non. Je suis contre la tuerie des hommes.
– Pourtant tu as tué.
– Oui et je le ferai encore. Mais si je vis après ça, j’essayerai de vivre de telle façon, ne faisant de mal à personne, que je serai pardonné […] »
—
Les personnes les plus cruelles sont toujours les plus sentimentales.
Te revoilà cher(e)s lecteur ou lectrice ou n’importe. Ici, tu peux être illuminati et profiter de mes divagations, moi Télémaque, viens, viens on est bien. Viens, mets toi à l’aise, enlève ton sous-tif’ si tu veux. Nan j’deconne, c’est une ligne de Scary Movie 1, j’adore les Scary Movie, j’adore les frères Wayans, j’adore l’humour subtile. J’adooooore, regarder danser les gens…
Donc on est parti pour le Super U avec ma dame et c’est silencieux, on oublie d’mettre la musique maintenant, on est vieux, la trentaine à tout casser. Ça évite les engueulades aussi, chacun a ses goûts et on déteste les goûts de l’autre.
Je regarde les gens déambuler dans la rue et j’me demande où il vont, à quoi ils pensent, si ce matin ils ont fait l’amour mais vu leurs gueules non. Si y’avait pas les masques ce serait plus simple.
J’suis mentaliste vois-tu, Simon Baker, Red John, tu vois l’truc, tu connais. J’aime m’imaginer la vie des gens. Comme j’aime m’imaginer m’approcher d’une personne lentement et lui susurrer : je suis de la police. Et c’est tous. Juste voir leurs réactions tu vois. Comme imagines tu rentres dans un ascenseur et une fois dedans tu restes en face du mur, tu ne te retourne pas pour faire face aux portes automatiques comme tous le monde fait. Juste tu rentre et tu fixe le mur pendant que l’ascenseur monte (ou descend). Apparemment ça mets les gens très mal a l’aise, j’le sais car j’ai regardé MindHunter sur Netflix.
« Ils nous faut quoi pour les courses ?
Je sais pas. »
Je laisse tout à faire à ma copine parce que je ne suis plus bon à rien et que je ne veux pas faire d’effort. Elle répond pas, la pauvre. A sa place je me quitterai et fissa. Mais elle reste. Elle serait moche je comprendrai, mais elle est belle. Elle reste avec moi car sinon elle serait toute seule mais elle est belle et elle reste. Je crois qu’elle m’aime vraiment et que c’est son seul défaut. Tu vois, Dieu a crée l’Homme à son image et l’Homme, lui, a crée l’a connerie et la dépendance affective. Y’a des choses qui s’expliquent et d’autres pas. Comme quand une femme t’aime vraiment. Toi tu comprends pas.
« Bah il me reste un peu de galette ?
Non et puis c’est passé la période y’en aura plus. »
J’aime la galette, oui comme dans la chanson. J’en boufferai matin, midi, soir et la nuit. La vraie galette, à la frangipane ! Si tu prends de la galette à la pomme, je suis désolé mais tu devrais consulter cher(e) lecteur et lectrice. C’est pas normal. Parfois j’enlève la patte de ma part et je sens la frangipane t’vois ? Je renifle l’odeur du nectar des Dieux t’vois ? L’Ambroisie j’crois qu’on appel ça, bah c’est ça.
« C’est à ton tour de payer » qu’elle me dis. J’aime pas payer. C’est comme ça. Elle, elle paie et ne se plaint pas, mais quand c’est à moi, je questionne tout ce qu’elle fourre dans le cadis. J’ai peur d’être endetté, ça va tellement vite. Le pire avec les cartes bleus c’est que tu vois pas l’argent sortir et moi, ça me donne l’impression d’être dans un jeu vidéo, je vois mon argent que sur un écran. Et je m’angoisse car c’est pas un jeu et y’a pas de code de triche pour remédier à un découvert.
Le parking est plein, on est en milieu de semaine il est à peine 11h et bien sûr, on attends qu’une mamie sorte pour lui prendre sa place de parking. Le temps, elle le prends la vieille mais j’aimerai lui dire que le temps qu’elle passe sur ce parking et débité de son temps de vie qui commence sûrement à arriver au bout. T’imagine, mourir sur le parking de Super U ?
« Mesdames, messieurs, nous recueillons aujourd’hui pour honorer la mémoire de Thérèse, morte sur le parking de Super U.
Ah putain Super U avec leurs foutus parking !
Ta gueule Jackie merde !
Bah t’façon elle est morte ça doit pas la déranger. »
Donc on prends la place, il y a le débat du chariot. Tout dépend de ce qu’on va prendre et vu que mon cocktail médicamenteux me donne faim H24 on peux être sûr que y’aura au moins quelques gâteaux. Et j’ai toujours la chance de prendre le cadis avec la roue de travers tu vois c’que je veux dire ?
Donc on prends pas de chariot en faite car il n’y en a plus.
On rentre dans le magasin et comme vous sûrement, j’ai cette foutue sensation quand je passe les portiques de sécurités, même en entrant. Ces trucs ont déjà sonné sur un type qui rentrait juste j’en suis sûr. T’imagine l’angoisse ?
Le pire c’est ceux des caisses, t’a rien fais d’mal mais tu passe ces portiques avec parfois un p’tit pas chaloupé parce qu’on sait jamais. Là si ça sonne c’est la sueur ! Tous le monde te regarde, et la caissière te gratifie automatiquement d’un : « Monsieur ? » et là bah tu fais quoi ? Immédiatement tu penses à baisser ton froc devant elle, te déshabiller façon Magic Mike sauf que, cher lecteur, t’es sûrement pas Channing Tatum.
Mais on vient juste d’entrer dans le Super U là. On se retrouve à l’intérieur ?! Allons-y !
California Rocket Fuel :un traitement psychiatrique mélangeant Venlafaxine et Mirtazapine pour traiter les dépressions aiguës, névroses sévères, insomnies coriaces entre autres.
Chapitre 1
M’éclater la gueule contre le bureau.
Oui ! Tu vois, prendre de l’élan même, me cambrer en arrière le plus possible et BAM ! Rapide, efficace, surprenant ! Le front qui percute le bureau en bois massif de la psychiatre, sentir l’onde de choc résonner dans ma boîte crânienne et surtout, voir leurs réactions !
J’imagine l’infirmière, elle pousse un crie et la psychiatre qui se recule et me regarde ébahit !
« Oh là y’a un cas là ! »
Hey ouai l’amie, t’as un gros cas là ! Tu va en avoir pour ton argent. Et puis je recommence à prendre de l’élan avec l’envie cette fois d’ajouter mon gros pif dans le coup. BAAM !
C’est ce que je m’imagine planté là, devant elles. J’aimerai le faire juste pour voir leurs réactions. Leurs visages pétrifiés, terrorisées.
Foutu métier que d’être psychiatre. Est-ce que c’est impossible d’être fou quand t’es psy ? Tu t’autodiagnostique ? Ta vie est réglé au millimètre près, à la pensée près ? T’es parfait ? Et si tu te suicide c’est un peu la loose non ? Limite faute professionnelle !
Et si je me levais doucement, et que je commençais à faire d’amples mouvements avec les bras et mon bassin et que j’entonnais un « hmmmmmm » même, je pourrais dire quelque chose comme : « Vous sentez vous aussi cette tension ?! Oh oui chuuut j’invoque ! » Et je gueule d’un seul coup d’un seul « WE WANT THE WORLD AND WE WANT IT… NOW » et je me dandine comme Jim Morrison. Et je finis par un « All right all right ! »
Une performance psychédélique pour la psychiatre acariâtre, dame maigre, cheveux blanc qui ressemble à la tante avec qui votre mère se prends la tête. Elle a toujours les yeux sur l’écran, peut-être qu’elle se tape un solitaire.
L’infirmière est trentenaire. On l’a sens terrorisé par cette femme, acquiesçant à tous ce qu’elle dit, la psy’. Elle aide aussi la docteur avec son ordinateur.
« Non madame, il faut cliquer juste là.
Là ?
Non là.
Là ?
Oui. »
Sacré duo !
La pauvre. Travailler avec une femme comme ça, la panacée !
Et j’attends les médicaments. Ce sera duoxetine et norset.
« Et si vous avez peur du traitement, vous n’avez qu’a vous renseigner. »
Bien sûr, au lieu d’expliquer au patient, autant qu’il ou elle cherche sur internet. Internet ça fait tous maintenant. Vous voulez savoir pourquoi vous avez la diarrhée aujourd’hui, et bah doctissimo vous dira que c’est sûrement un cancer du cerveau. Panique pas, internet a des remèdes miracles ! Tu peux même grossir ton penis à l’aide d’une pilule magique ! En plus, elle guérira ton cancer mais aussi ta dépression et en prime, si tu l’a mélange à des herbes aromatisées elles te feront maigrir et tu aura une réduction d’impôts ! Et pendant que tu y es lecteur, accepte l’offre du prince saoudiens super riche qui t’a contacté par mail et qui a besoin de toi pour fuir en France. C’est pas une arnaque tu verra !
Toujours est-il que je sors. Je croise des cou-cous comme moi. Des types de toutes les couleurs des femmes, des hommes, des cyborgs !
« Quand est-ce que vous êtes disponible Telemaque ? »
J’adore cette question. Je ne travail pas, en faite si, ma vie c’est de rester en vie. Un peu comme tous le monde, ou presque, peut-être comme les Kardashian mais moi j’suis en mode hardcore, sans sex-tape ni les millions. Pas moi qu’est décidé vraiment d’être déglingué du cerveau. Bon j’lui ai pas répondu ça bien sûr car je suis conscient. Enfin je crois.
« N’importe, comme ça vous arrange.
Mardi 12 à 15h ? »
Non j’ai pas envie mais je réponds
« Oui oui merci. »
Je dis merci tous le temps comme ça.
« Et pour voir l’infirmière, jeudi 7 a 10 h ?
Oui oui, merci. Au revoir. »
Et j’me tire. J’en ai pleins le cul de ces rendez-vous. Je viens pour faire le plein du cocktail de médocs qu’on appelle « California Rocket Fuel ». Je sais car je me suis renseigné sur internet. La vielle psychiatre est en faite une ricaine qui va pécho du jeunot en Floride pendant le spring-break. J’savais bien qu’y’ avais un truc avec elle. Au détour elle va a une conférence de psychiatre, un truc, j’en suis sûr, qui doit ressembler à un rite de la Bohemian Grove Society. Puis elle répare pour Vegas et se fracasse la tête comme Hunter S. Thompson, et se fait bourlinguer par des escorts boys qui profiterons de son coma pour lui faire les poches mais, pas surprise, elle avait tout prévu avant. Il reparte la queue entre les jambes, avec sûrement quelques toiles d’araignée dessus. Et une MST et la coronavirus variant VegasCon. Ça se soigne par inhalation de poudre de coca.
Je sors.
Et ça klaxonne. Là, dans la voiture de marque japonaise blanche, c’est ma blonde, qui est brune. Nan chèr(e)s lecteurs et lectrices, c’est pas une bière qui conduit. C’est les Canadiens nos cousins qui surnomment leurs demoiselles comme cela. Et pour eux des « gosses » ce n’est pas des marmots mais des testicules. Enfin j’crois. Ils sont taquins les cousins canadien tabernacle !
Quand elle klaxonne ça veut dire qu’il faut que je me grouille le cul. La pauvre.
J’ouvre la portière et c’est des discussions bateaux :
« Ça s’est bien passé ?
Oui
T’a donné quoi comme médicaments ?
Ça.
C’est quand le prochaine rendez-vous ?
J’m’en rappel plus mais ils m’ont donné un carton, c’est marqué dessus tient garde le s’il te plaît car moi je vais le perdre. C’était pas trop long ?
Non. »
Mais là, je sais qu’elle veut dire oui. Mais elle garde ça pour elle. C’est pas parce qu’elle est gentille, enfin elle l’est mais c’est pour me ressortir en cas d’engueulade :
« Et c’est qui qui t’emmène aux psy et qui t’attend une plombe hein ? »
Mais c’est de bonne guerre tu vois, moi je lui ai dis que c’était une pute par exemple. Juste pour la blesser. C’est le but d’une dispute, blesser l’autre le plus possible et après t’as gagné. J’ai aussi dis qu’elle pourrait aller faire le tapin quand même histoire de ramener plus d’argent à la maison qui est en faite un appartement minable où le gamin du haut passe ses journées à courir. D’ailleurs dans des pensées inavouables tu rêve de balancer le gamin par la fenêtre et de te taper sa mère, avec consentement bien sûr tu vois, t’es érotomane, fou et t’a déjà défenestré un gamin donc va pas trop loin dans le délire.
C’est la dame qui conduit. J’aimerai lui dire qu’elle est belle et gentille et tous mais je ne peux plus. Ni la toucher. Y’a un truc qui a merdé dans mon cerveau. La pauvre. Et en plus de ça je n’ai même plus envie de coucher avec elle, elle est belle tu vois, mais le traitement fait que tu pourrais avoir Rihanna, Beyoncé, Miss Univers et Patrick Sébastien nus devant toi que tu ressentirais même pas le désir qui fait monter ton penis en toile de tente. Et même si d’avenir tu l’as, hey bien bonjour l’orgasme ! Tiens, au moins tu tiendras pour celui de ta dame, pour une fois, mais le tiens AhAh tu peux aller te faire foutre (haha).
On sort du parking et on va sûrement faire des courses. Attends t’vas voir le prochain épisode sera peut-être folklorique. À tal’heure !
Accoudés au bars, les trois joyeux lurons étaient déjà bougrement pintés bien que l’horloge a cou-cou n’indiquait que 22h.
« – Hey O’culer ton tour de payer ta tournée plait-il hein !
La blonde va gueuler. Dommage qu’elle n’aiment pas se mettre une pété de temps en temps, dit O’cullaigh.
C’moi qui lui met la fessé à ta donze ! Dit Dedlumrgh.
Hey Bloom, on refais un tour. C’moi qui passe à la caisse.
Prendrez quoi m’ssieurs ?
Guinnes, répondit Dedlumrgh
Patriote le Catho ! Remarqua Kolvalsk. J’prends un baby !
Moi pareil. Répondit O’Cullaigh. »
O’cullaigh piocha tant bien que mal dans sa poche, approcha les shillings à quelques centimètres de ses yeux, ses deux yeux verts louchants.
« – Hey p’tain les gars j’suis riche !
Tu vois double surtout !
Tu veux j’t’aide à compter ?
Ah surtout pas toi Dedlumrgh !
Bah demerde toi alors !
Hey Bloom, tiens. Il tendit ses pièces et les fit tomber sur la table. Avec ça y’a sûrement assez vas-y donne.
Vas y Bloom on commence a rouiller t’es vraiment pas fais pour servir, donne moi l’pub tu va voir c’mment je vais l’gerer ton café ! Proposa Kolvalsk.
Autant le donner aux Anglais !
Ah ! Breton de l’Ouest de mes couilles j’savais bien que t’était un des leur ! Cria Kolvalsk.
Moi j’dis, hoquetât O’Cullaigh, qu’un bon Albion, c’est un Albion mort !
Putain ouai mon con ! »
Bloom déposa les verres, ramassa les pièces éparpillées sur le comptoir, fit un rapide compte puis déposa les shillings et pièces en trop.
« – Fortune les gars ! C’est le barman qui me paie pour boire ! »
Tous trois rigolaient quand Antoine entra.
« – Manquait plus que le petit français ! Cria le dockers Kolvalsk
Un français ! Sacre Bleu ! Hey prépare la prochaine tournée Bloom c’est La Marianne qui paît !
Toi tu perd rien pour attendre sale radin !
Voyez vous ça messieurs, hurla Kolvalsk debout, les bras écartés ! Le français qui dit au Catho qu’il est radin !
Si c’est pas du foutage de gueule ça mon con !
Toujours à s’plaindre ces maudits français ! Aller ‘monsieur Cock’ corico ! vient donc boire un godet ! »
Le français s’avança, serra les fortes mains calleuses du dockers Kolvalsk, les mains douces du botaniste O’Cullaigh et celle bien manucurées du comptable Dedlumrgh.
« – C’est quoi s’t’histoire de catho ? Demanda Antoine.
J’en sais rien c’est Kolvalsk qui sort sa d’nul part !
C’est qu’mon père s’est un converti, l’était Juifs avant !
Ah bah d’accord.
C’tais pour rester ici !
C’est pas plutôt un protestant ?
Ah nous les français on sait protester nous ! Dreyfus oui laisser-le tranquille !
C’est triste quand même moi j’dis, hoqueta O’Cullaigh, la religion la vraie, c’est la boisson ! Plus d’bois t’vois bah plus t’es heureux !
On s’en fou du type au Calvaire on préfère le Calva ! Éructa le dockers.
Moi j’dis, la religion c’est pour éviter de dormir avec la femme du voisin c’tout. Et pour nous casser les couilles avec la boisson ! Dit le français.
Bien dit Antoine ! Mais Sacre bleu ça m’empêche pas de baiser la tienne de femme ! Dis le comptable.
J’en ai pas donc comme ça t’es bien avancé.
Ta mère alors.
Pas les mères ça c’est pas Irlandais ! Hurla Kolvalsk, les yeux révulsés ouvrant grand la bouche à chaque syllabe. On accueille bien les étrangers NOUS !
L’a pas inventé l’eau chaude le français ! Dit O’cullaigh.
C’est qui d’ailleurs qu’la inventé, demanda Dedlumrgh.
C’est Prométhée ! Répondit Antoine.
Ephaïstos ! Beugla Kolvalsk.
Mais non ! C’est…
À cet instant résonna un bruit régulier, les quatre poivreaux se retournèrent pour jeter leurs yeux sur la porte d’entrée du pub.
Y rentra Félix, l’aveugle, qui devait changer de canne plusieurs fois par an à force de la frapper avec force sur sols et obstacles pour tâter son chemin.
« – Hey salut bigleu !
Hey j’suis peut-être aveugle mais pas con ! Bloom, y’a une lettre pour moi ?
C’est pas la poste ici Félix. Non t’a rien.
Bah j’reviendrai demain p’tetre y’aura.
Nan je te dis ici c’est un pub ! Pas de lettre, jamais, nada !
Attend c’est qui croit que c’est la poste ici ? Demanda O’Cullaigh.
Vient tous les jours. Répondit Bloom
Fel’ ! T’es con en plus d’être aveugle.
Le con de ta mère, répliqua Félix.
L’est aveugle depuis qu’il a vu le minou de la reine Victoria, dit Dedlumrgh. Acide sa minette !
Broute minou ! Cria Kolvalsk.
Dis t’utilise t’a canne pour aut’ chose que marcher pour la casser si souvent ! Pour ça que tu t’assois jamais ! Hurla Dedlumrgh, rouge comme une pivoine. L’était bonne celle-là hein mes cons !
Aussi bonne que ta femme à la cuisine, rétorqua l’aveugle.
Broute minou t’va brouter le gazon dans pas long !
T’es comptable et t’sais meme pas compter !
Heureusement que t’a pas à voir ta tronche dans un miroir t’ferai des cauchemars !
Enculé !
Ordure !
Escroc !
Poivreau !
Pignouf ! »
Dedlumrgh s’avança brusquement, portant difficilement une chaise sur l’épaule, les yeux injecté de sang.
« –Arretez vos connerie, commanda Bloom. Pose cette chaise – tu casse tu paie – et tu va me faire avoir des emmerdes ! Et Félix y’a pas de lettre taille ta route maintenant ! »
Kolvalsk, de loin le plus costaud des alcoolos ramenait le comptable, éructant d’un rire gras. « – Faut être sacrément siphonné pour vouloir frapper un aveugle » dit le français à O’Cullaigh. Ce dernier était affalé la tête posée dans ses bras. Le français dit triomphant :
« –C’est une première Bloom ! Un français qui couche un irlandais à la beuverie ! T’as jamais vu ça dans ton pub j’paris !
Il a commencé avant toi faut dire ! Et j’en vois pas beaucoup des froggies par ici.
Ta ta ta pas d’excuses ! Sert m’en don’ une peinte t’va voir c’que le français il taquine du gosier !
Les français hein ? Monsieur Antoine ! Brailla le comptablequisavaitpascompter, bon à rien à part baiser !
Mais tu sais ce qu’ils te disent les François ?
M’en fou, bon a rien ! On vous donnes tout pour casser de l’anglois et vous arrivez à perdre ! Et Dreyfus hein ?! Z’etes que des mauvais italiens !
Mais qu’est-ce que j’ai à voir dans tous ça moi merde j’suis marchant !
Va bouffer tes cuisses de grenouilles !
Trop occuper à manger celles de ta donzelle ! »
Puis, c’est à ce moment on ne peut plus poétique que le garde civile se pointa.
« – Messieurs !
Oui c’est ceux là oui j’les reconnais !
Mais vous êtes aveugle cher monsieur !
J’suis p’tetre aveugle mais pô’ sourd !
Silence ! Tonna la voix de stentor du garde.
Désolé monsieur, ils sont agités se soir. Dit Bloom
Comme tous les soirs dans votre gargotes on en ramasse toujours quelque pingres !
C’pas nous m’sieur, c’est l’aveugle qu’a commencé, plaida O’Cullaigh.
Ouai c’est lui, il pense que c’est un guichet de poste ici ! Comment vous pouvez le croire après ça ?! Dit le français.
Dans tous les cas, messieurs, vous nous offrez un magnifique tintamarre. Je crois que vous avez le droit à une loge en cellule !
• Hey il peut dire des choses intelligentes parfois lui ! Dit Dedlumrgh, se laissant trainé par le garde.
• Je proteste en Protestant ! Cria Antoine.
• Par Saint-Barthélémy ! » Cria O’cullaigh
Les trois mousquetaires de la Guiness furent jetés dans la berline. Cette dernière démarrât àfonddetrainlesgrelôts, les chevaux frigorifiés ne se faisaient pas prier pour galoper et la berline de faire des bonds stratosphériques à chaque mauvais tronçon de route, c’est à dire tout les 10 secondeshorlogeenmain. Cou-cou. Oiseau de malheur, plus tu l’entend, moins longtemps que tu as à vivre.
Des Icares ennivrés sarcophagés, carambolages encagés, ces têtes bosselées n’apprendront donc jamais. Ils s’envolent ces artistes de l’ivrogne Bacchus. Peut-être un Pan au tournant. Et ce manger un pin.
Il était exquis d’entendre les passagers gémirent et pour certains, vomirent, pour Félix qui annonça à Bloomlefacteurquestpasvraimentfacteur qu’il reviendrai bah… demain !
« – On va en entendre parler dans tous L’village demain à la première heure… C’est foutrement petit Dublin. Hey James, grattepapier, j’paie ma tournée, tous va bien j’espère ? Pas taché ton beau papier ? Dit Bloom.
• Tutto è perfetto ! » Répondit Joyce.
– Cette nouvelle est inspirée de mes lectures de Ulysse et Dubliners de James Joyce. Je me suis inspiré de son style, j’ai pioché ces mots et son style parfois atypique principalement dans son Ulysse.
Cette année s’annonce spéciale pour moi, car c’est, je l’espère, l’année où je progresserai dans mon écriture.
Il me faudra lire encore plus que je ne le fais. Mais plus important encore, écrire. Instituer un temps précis dans la journée pour « travailler ». Une discipline. Entre 500 et 1 000 mots par jours minimum. Articles, nouvelles, stream of consciousness, séries… tout ne sera sûrement pas posté sur le blog.
Il faut que je me bouge pour écrire. Le plus dur pour moi, c’est toujours le commencement.
Me décider à écrire est une panacée mais quand je commence je ne m’arrête plus. C’est paradoxal mais ma théorie se confirme : l’Homme est paradoxal. Si ça se trouve cette théorie n’est pas nouvelle mais je l’ai découverte moi-même !
Je veux rentrer en plein dans le lard de l’écriture. (Très poétique comme phrase n’est-ce pas ?)
Les ratés, les fautes, l’incompréhension, la frustration arriveront avec mais c’est cela aussi l’apprentissage. L’échec. Vous pensez, peut-être, que je suis pessimiste mais je prends plaisir à écrire de la fiction, c’est que je n’oublie pas la difficulté qu’est d’écrire.
Je voudrais m’adresser à ceux qui me lisent et me liront ; merci d’être là, juste de prendre le temps de me lire est déjà quelque chose d’important à mes yeux. Ce qui va arriver va sûrement vous surprendre, vous choquez et autres joyeusetés. Je n’ai de haine contre personne, ce que j’écris et écrirai dans mes fictions ne sont que fictions. Il me faudra faire avec vos questionnements, vos critiques et/ou vos ressentis tout en gardant mon style et mon « originalité » personnelle. Bien sur les commentaires sont importants mais, comme je l’ai dis, je vais rentrer en plein dans l’écriture créatrive. Ça risque de partir en queue de poisson. Certains penseront que c’est une mauvaise idée, ils ont raisons mais je suis une tête de cochon. Si il y a une connerie à faire, je l’a fais, j’apprend et j’avance.
Combien de temps vais-je tenir ? Est-ce que je l’ai vraiment en moi, ce truc de l’écriture ? Prenez les paris !
Ma plus grande peur, c’est de vous choquez. Retenez bien en tête que j’écrirai de la fiction, rien d’autre. Il y aura dans ces récits des passages politiques, religieux, sociétal, sexuelles et autres sujets dangereux. Par pitié, gardez en tête que ce ne sont que des récits de fictions. Que rien ne représente ma pensée sur ces sujets, ils seront là car il le faut. Mes propres pensées et convictions ne regardent que moi, je suis juste là pour écrire, essayer de vous divertir, progresser. Mais j’écris de prime abord pour moi et rien que pour moi.
Mais pourquoi je partage mes écrits ?
Parce que j’ai envie et besoin de partage. D’être lu. De savoir qu’au moins une seule personne lira ma création en entier me rempli de joie. Car bien que j’écrive pour moi d’abord, savoir que mon « travail » est lu est un honneur. Aussi, comme noté plus haut, je ne posterai sûrement pas tous.
Ces craintes sont maintenant gravées dans cette article. J’ai prévenu, maintenant place à l’écriture. Cette dernière s’avère parfois violente chez moi. Il y a une sorte de terreur que j’aime écrire, un besoin d’extérioriser une certaines colère sûrement. Peut-être est-ce dû au faite que mon premier « vrai » livre que j’ai lu étant gamin était un Stephen King (Les Tommyknockers pour les plus curieux !).
Bonne année à vous, que l’argent tombe du ciel mais plus que tous, ayez la santé et continuez, ou faites, ce que vous aimez le plus. Pratiquez, apprenez, créez, avancez et que cela vous apporte du bonheur, à vous, avant tout !
D’un point de vue plus global, j’espère que ce foutu virus va arrêter de faire tant de dégâts, qu’il nous lâche un peu (beaucoup !) la grappe, que l’on retrouve notre liberté surtout. Une pensée aux étudiants pour qui tout ça a été terrible et aux petites entreprises qui ont payé le prix de cette catastrophe de plein fouet.
Merci de m’avoir lu et j’espère vous voir cette année, vous risquez de vous divertir de ma médiocrité mais autant en rire !
Merci à ceux qui sont là depuis longtemps, ils et elles se reconnaîtront. Vous êtes important pour moi et j’espère vous avoir encore à mes côtés pour faire un bout de chemins ensemble !
Cela fait longtemps que je repoussais cet article. J’espère bien m’exprimer, me faire comprendre. L’article marquera la fin d’une époque sur le blog. Bon, j’utilise les grands mots « fin d’une époque » c’est un peu too-much !
La raison de cet article est simple : je n’écrirai plus de Review de livre. Ou presque…
Pourquoi ?
Je n’y prends plus plaisir. J’avais déjà écris un article sur la difficulté de gérer pour moi mes lectures, l’écriture des articles et ma vie personnelle en milieu d’année. Sauf que j’ai continué dans cette voie.
Il en va qu’une certaine anxiété m’est venue lors de mes lectures. L’article que je devais écrire sur le livre devait être le plus précis, intéressant et travaillé possible, du mieux de mes compétences. Cela me procurait une gêne durant la lecture, c’est devenu presque une obsession. Choisir les extraits adéquates pour l’écriture de l’article, la mise en page (même si elle n’est pas folle, je blogue via mon smartphone), les photographies, les recherches supplémentaires…
J’ai une pile de livres à lire tellement haute qu’elle peut toucher le plafond de mon appartement. J’ai envie de les lire, mais je regarde ces livres et je me dis : plus d’article. Ce ne pourra pas être possible. Trop fatiguant et comme rédigé plus haut, je ne peux plus prendre cette foutue angoisse. Si le plaisir n’y est plus, autant arrêter non ?
Mais j’aimes le partage, j’aimes les gens que je suis sur WordPress, ces personnes sont devenus des ami(e)s, des personnes à laquelle je tiens. Malheureusement, beaucoup d’entre-eux sont partis, ou ne passe plus souvent par ici. Il y a comme un sentiment de solitude qui s’est installé récemment. Parce que je crois que l’Homme est un paradoxe, je m’attaches vite aux gens mais ne les approches pas en premier, dans la vraie vie, j’aimes la solitude, mais ce blog m’a ouvert un peu au autres. Enfin, c’est difficile à expliquer. Mais merde, ce n’est plus comme avant par ici.
Je n’ai pas envie de quitter ce petit microcosme que je me suis créé. J’aimes passer du temps à lire les articles des autres. D’ailleurs je passes peut-être trop de temps ici…
Bien que je n’ai plus envie de poster sur mes lectures, du moins en détail, j’ai quand même envie d’écrire. Et à la base, j’avais créé ce blog dans le but de faire de l’écriture creative, d’écrire, de progresser. J’ai commencé à partager mes lectures et découvertes et ceci ont pris le dessus sur mon projet d’écriture. Certes j’ai pris beaucoup de plaisir à partager avec vous les ouvrages que j’avais lu et échanger avec vous sur divers sujets. J’ai appris tellement de vous !
Je l’avais déjà mentionné il y a longtemps, j’ai perdu de vue mon projet initial. Écrire pour moi. Donc passons au futur du blog.
J’ai des idées de nouvelles, du moins j’ai envie d’en écrire. De même pour la poésie. Des articles sur ma vie personnelle. Des très petites histoires…
Je pense que je posterai peut-être quelques unes de mes réflexions sur mes lectures, peut-être en parlerai-je au passage d’un article divers. Certaines lectures marquent et le besoin de partager est encore là.
Le changement décevra sûrement les habitués du blog (si il y en as !). J’en suis désolé. J’essaie de passer à quelque chose de nouveau. De plus personnel, de plus créatif. Quelque chose qui vienne de moi. J’aurai, bien sûr, besoin de vos avis sur mes créations. La critique est toujours bienvenue. Je vais sûrement me casser la gueule, avoir des ratés, mais il faut essayer, il n’y a pas d’autre moyen.
Le changement m’angoisse, mais j’ai maintenant besoin d’exposer mes écrits après avoir parler de ceux des autres tout en apprenant et en lisant encore et encore. Le but est de prendre du plaisir et de travailler sur des choses qui me passionnent et me fascinent. C’est un pari. Peut-être n’ai-je pas l’étoffe pour écrire mais essayer ne coûte rien… À part peut-être certains d’entres vous qui perdront de l’intérêt. Désolé. Mais il faut essayer. Merci d’être passé !
Il faut que j’améliore mon écriture, que je crée. Que je fasse fonctionner ma machine à écrire cérébrale. Je ne pense pas qu’écrire sur les œuvres d’autres artistes puissent (ou ai) amélioré mon écriture… Enfin si, quand même, au moins un peu. Maintenant, j’écrirai pour moi, sur moi, sur des personnages, sur d’autres personnes, des histoires et des mots venants de moi. Il me faut pratiquer, écrire et écrire. Et lire tout autant. Chose que je ne fais pas suffisamment. Et le temps prend son dû.
Je prendrai aussi mon temps, les articles seront sûrement espacés dans le temps…
Une fin est aussi un commencement. Je l’espère !
Rust Cohle (Matthew McConaughey) dans TrueDetective saison 1 (ma série préférée avec The OA). Traduction : La vie n’est même pas assez longue pour être bon à une seule chose.