La loterie nucléaire – Chapitre Final

Pendant ce temps-là, l’ingénieur Thomas dormait du sommeil du poivrot. Il n’entendait pas l’alarme, il était déjà trop loin. Son train circulait à vive allure en direction de l’Est.

Dans le train de Sabrina, qui lui aussi avalait les kilomètres à une vitesse infernale, l’ambiance n’était pas la même. Enfin plutôt, plus la même.

L’alarme nucléaire de la gare, Sabrina ne put l’entendre, non pas qu’elle fut déjà très loin de la gare, mais parce que l’alarme du train s’était déclenché en même temps.

« – Alerte Nucléaire. Ceci n’est pas un exercice. Veuillez suivre les instructions de l’agent de sécurité. Ceci est une alerte nucléaire. Veuillez rester calme et écouter les consignes de sécurité de l’agent de sûreté… »

La jeune mariée ne voyait pas, non plus, son mari courir comme un dératé dans sa direction, dernier geste d’amour, de détresse et de désespoir. Comme souvent, geste inutile, futile, dans ce genre de situation. Mais l’être humain savait aimer, et ce fut bien la seule chose qui était positive chez eux.

« – Mesdames, Messieurs, passagers. Je suis votre agent de sécurité. Garder votre calme. »

La jeune femme était calme, les exercices d’évacuations de ce genre, elle en avait faite des dizaines et des dizaines, à l’école, toute petite, au travail et dans des stages, obligatoires, de préparation à une attaque nucléaire. Tout ce qu’elle devait faire, c’était d’écouter et d’obéir à l’agent.

Tous les passagers réagissaient de même, tous conditionnés comme l’était Sabine. Elle était dans une société, faisait partie d’un peuple qui avait appris à vivre avec la menace d’apocalypse nucléaire toute leur vie, ou presque.

« – La situation s’annonce mauvaise. J’ai reçu par mes supérieurs l’indication qu’une mini-bombe nucléaire téléguidée nous a prise pour cible. Nous n’avons aucune chance de nous en sortir. Il vous… nous reste quelques secondes de vies. Il vous est conseillé d’envoyer à vos proches un dernier message. Nous serons des martyres. »

Aucune panique dans le train, qui curieusement, continuait son chemin tout en sachant qu’il n’attendrait jamais sa destination. Le dernier réflexe de l’Homme pour garder un semblant de sens dans le dernier moment de sa vie.

Chaque passager avait le nez rivé sur leurs écrans de smartphone, c’était les derniers mots que leurs familles et amis auraient d’eux, il fallait trouver les mots avant la fin.

Benjamin regarda l’explosion au loin, il ne vit que le chapeau du champignon atomique, les buildings cachaient la tige.

Le dernier espoir qu’il avait que sa bien-aimée n’était pas morte s’était évanouie car il sentit la vibration de son téléphone dans sa poche. Il sortit son téléphone de sa poche pour lire le message envoyé par « Mon Amour » :

Mon Benjamin, je t’aime. Tu serais devenu Papa. Je regrette tant. Ne m’oublie jamais, nous veillerons sur toi.

Thomas se réveilla, son téléphone avait vibré, c’est sa vieille mère qui lui demande si tout allait bien. Il peina à écrire sa réponse, l’affreuse gueule de bois, le mal de crâne et les tremblements l’empêchaient de taper correctement sur le clavier.

« – Oh et puis merde, qu’elle me laisse tranquille. »

L’ingénieur abandonna l’envoie de son message, se recroquevilla et se rendormit.

Petite postface : ce récit a été inspiré par un de mes cauchemars. J’ai décidé d’utiliser cette « expérience » pour écrire et évacuer le souvenir de ce mauvais rêve.

Jaskiers

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La loterie nucléaire – Chapitre 7

Sabine, assise sur un banc du quai avec son mari, regardait le train de Thomas partir. Elle le suivit des yeux jusqu’à ce qu’il disparaisse à l’horizon.

« – J’espère que c’est lui qui va se prendre une bombe !

  • Benjamin, arrête ! Aucune bombe ne va tomber sur ce train, ni sur le mien. Enlève-toi cette idée de la tête.
  • C’est comme ça que tu supportes tout ça toi aussi ?
  • De quoi tu parles chérie ?
  • Tu fais l’autruche, tu refuses de penser que ça peut t’arriver, ça n’arrive qu’aux autres.
  • Arrête un peu ! Réfléchis, on pourrait en recevoir une, ici, maintenant ! Pourquoi lâcher une bombe sur un train en partance pour la campagne ? Ce serait plus logique qu’ils nous en balancent une sur la gare !
  • J’avoue que tu n’as pas tort sur le coup…
  • Évidemment. Mais il ne faut pas penser à ça, on a une vie à vivre, tous les tro… deux !
  • Si on en reçoit une dans les secondes qui suivent, au moins, on mourra ensemble.
  • Assez ! Assez, tu vas mal Benjamin ! Je vais rester.
  • Non, non ! Va dire au revoir à ta grand-mère ! Ne laisse pas cette époque de fou te priver de ce moment… même si c’est pas un moment très joyeux. Mais assister à l’enterrement d’un proche, c’est humain, normal. Tu dois y aller.
  • Si tu me promets de travailler sur ton anxiété.
  • Je vais me mettre à picoler comme tous mes collègues.
  • Arrête tes conneries ! Non, dès que je reviens, je demanderai le numéro d’un thérapeute à une amie qui avait le même genre de problème que toi.
  • Mais quel problème ? Est-ce un problème d’avoir peur de perdre ma femme ?
  • Non, mais c’est un problème de voir la mort partout !
  • Mais c’est l’époque qui veut ça ! J’y peux rien ! On baigne constamment dans la peur !
  • C’est exactement ce que veut l’ennemi !
  • Arrête de parler d’ennemi ! C’est pas les voisins d’à côté le problème ! C’est ceux qui se font de l’argent sur tout ça ! Suis l’argent ma chérie, il mène toujours à la vérité !
  • Je crois que tu as vraiment besoin d’aide… je peux rester, je suis ta femme et j’ai fait le voeux devant le Seigneur d’être à tes côtés dans les bons comme dans les mauvais moments.
  • Et moi je suis ton mari, je refuse de t’empêcher d’aller dire adieu à ta grand-mère. Je réfléchirai à ta proposition d’accord ?
  • Ce n’est pas tombé dans l’oreille d’une sourde.
  • Je ne te promets rien, on ne peut rien promettre à cette…
  • Époque, oui, change de disque un peu ! »

Benjamin ne répondit pas, il venait tout juste de réaliser à quel point il avait été immature. Sa femme allait à l’enterrement de sa grand-mère, elle avait des jours difficiles moralement en perspective et lui avait complètement oublié la peine de sa femme.

Il approcha son visage du sien pour l’embrasser tendrement.

« – Désolé, je suis vraiment un con parfois. Mais c’est cette… non désolé j’arrête.

  • Très bien. Écoute, mon train arrive. Tu es sûr que tout ira bien ?
  • Oui ma chérie, j’en suis sûr. »

Elle regardait son mari, elle le trouvait beau, il y avait quelque chose dans sa manière de se mouvoir qui la rendait folle de lui. Sabine n’en voulait pas à son mari, elle avait vite appris à pardonner. On n’avait plus le temps d’en vouloir à son âme-sœur, le temps était un luxe, encore plus à cette époque.

Le train s’approcha lentement, s’arrêta et ouvrit ses portes automatiques. Quelques âmes en sortirent. Aucuns sourires, ils avaient tous l’air fatigué, abattus, démoralisés. C’était surtout des ouvriers, des cols bleus, ceux qui trimaient pour un salaire de misère, la guerre n’était pas la bonne époque pour épargner, ce n’était pas une bonne époque pour ceux en bas de l’échelle sociale. Même en temps de paix. Les riches devenant toujours plus riches, les pauvres plus pauvres, qu’importe l’époque, la politique, la paix ou la guerre.

Benjamin sentait encore une fois la colère monter en lui. Il venait de trouver, sortie de nulle part, quelque chose en lui qui pouvait amener les gens à la révolte. Mais il avait promis, c’était des enfantillages, aucun homme seul ne peut faire lever un peuple, surtout pas lui, employé de bureau bien payé à ne presque rien faire de la journée. Il laissa sa place de révolutionnaire à quelqu’un d’autre. Surtout que sa femme, qu’il trouvait magnifique avec ses jambes qui semblait ne jamais finir, s’approchait pour le baiser d’adieu.

Il s’embrassèrent longuement, amoureusement. Les derniers ouvriers sortirent, jetèrent un regard triste sur les mariés et continuèrent leur route.

Jaskiers

La loterie nucléaire – Chapitre 5

« – Bon, tu veux attendre le départ ou on se laisse tout de suite ?

  • C’est toi qui vois ma chérie.
  • Non, moi je m’en fou. T’es sûr que ça va aller ?
  • Oui, il faut bien que tu ailles dire au revoir à ta grand-mère. Je ne veux surtout pas te priver de ça à cause de ma paranoïa.
  • Tu sais, ça fait quelque temps que je te trouve sur les nerfs. Ne le prends pas mal, mais si tu allais voir un professionnel ? Il y en a bien un à ton boulot ?
  • Tu veux dire un psy ? Un psychiatre ?
  • Oui, peu importe. Si tu as besoin de parler, d’évacuer, de parler de la situation. Si c’est un psychiatre, il pourra te prescrire quelque chose pour te relaxer un peu.
  • Et puis quoi encore ! Non, je ne suis pas fou, j’ai pas besoin d’un psy.
  • C’est un peu pousser que de dire ça Benjamin. À t’entendre il n’y a que les fous qui vont chez un psy. Je veux juste t’aider. Parfois, il suffit de faire le premier pas.
  • Arrête, j’ai pas besoin de ça. Je t’ai toi !
  • Il y a peut-être certaines choses que tu ne peux pas me dire, c’est normal. Il faut te décharger un peu.
  • Non. Écoute, je pense que c’est normal d’être un peu à cran quand ta vie risque de s’arrêter d’un coup, comme ça, parce que certains ont décidé qu’il fallait faire la guerre avec le voisin.
  • Ne parle pas comme ça en public !
  • Mais qu’on m’entende ! Je les emmerde, et bien profondément avec ça !
  • Tu vas nous faire avoir des ennuis Benjamin !
  • Comme si vivre avec la crainte qu’une bombe atomique nous annihile n’était pas assez ! Mais qu’ils viennent, qu’ils viennent ! »

La poignée de voyageurs sur le quai regardaient Benjamin d’un air outré et s’écartaient du couple. Certains échangeaient des regards inquiets et d’autres parlaient à voix basses, ce qui énerva le jeune marié qui décida, inconsciemment, de lâcher ses nerfs sur les diseurs de messes basses.

« – Y a-t-il un problème, messieurs dames. que vous parliez dans votre barbe ? Vous êtes du gouvernement peut-être ? Ou bien vous connaissez quelqu’un qui y travaille ? Voir l’ami du cousin du frère de vos beaux-frères peut-être ? Comme j’ai peur ! Venez me dire en face, montrez un peu de courage pour ce beau pays !

  • Ben’ arrête… »

Les mots de supplications chuchotés par sa femme tombaient dans l’oreille d’un sourd. Benjamin s’approcha du groupe de passagers qui, il lui semblait, étaient ceux qui venaient, il y a quelques instants, de parler à voix basse.

« – Me voilà ! C’est moi qui viens à vous ! Dites-moi ce que vous avez sur le coeur ? Est-ce que je l’ai blessé ? Une bombe atomique ça tue, et si ça ne tue pas, ça vous laisse sur le carreau comme une loque humaine ! Un légume ! Mais les mots, prononcés par votre serviteur, ils semblent avoir blessé votre petit cœur sensible ! Toi, jeune homme, viens ! Je t’ai entendu, dis-moi en face ce que tu as osé dire tout bas. »

D’instinct, le petit groupe de passager auquel s’adresse Benjamin s’agglutina, se resserra. Réflexe reptilien, réflexe ancestral ; faire groupe contre l’ennemi.

« – Appelez le berger, les moutons sont rassemblés ! »

Benjamin marcha d’un pas décidé vers le groupe, les épaules relevées, là aussi, un réflexe animal montrant qu’il était prêt à se battre, à lâcher quelques coups de poings, à se préparer à en recevoir.

Jaskiers

La loterie atomique – Chapitre 3

Les chaînes d’informations, avec leurs présentateurs vedettes, qui ressemblaient à des mannequins de publicité pour shampoing hors de prix, récitaient leur texte, les mêmes pour chacun à peu de mots prêts, fournis par le gouvernement, n’existaient que pour faire peur à la population, tout en les rassurants. Étrange dichotomie.

« – Tout va bien, on reçoit quelques bombes sur la gueule ? Et bien nous leur en envoyons le double ! L’ennemi cri famine ! L’adversaire demande pitié ! Ces salauds ont demandé des pourparlers de paix ! Ils faiblissent de minutes en minutes ! Leur air est irrespirable (peut-être faudrait-il leur dire que ‘l’air’ ne connaît pas les frontières, à moins que ce soit le même nuage toxique que Tchernobyl, lui, il avait le respect des frontières !) Nous sommes les meilleurs ! Nos soldats sont tous surentraînés et l’armée possède encore beaucoup d’armes secrètes qui pourraient mettre un terme définitif à ce conflit ! (Pourquoi ne l’utilisent-ils pas ? C’est sûrement secret ça aussi.) Nos dirigeants ont toujours un temps d’avance sur l’ennemi trop idiot ! Notre économie n’a jamais été si florissante ! L’ennemi n’a même plus de maison où aller se réfugier, ils mangent par terre, sucent des cailloux ! Sur le champ de bataille (il n’y en a pas, rappelez-vous), l’adversaire tremble et s’enfuit face à nos braves ! Le monde entier nous soutient, beaucoup nous admirent, nous demandent le secret de nos incroyables succès guerrier ! Voyez comme nous sommes grands, voyez comme ils sont petits ! Portez vos masques ! Réfugiez-vous dans un abris à chaque alerte ! »

Et de l’autre côté de la frontière de l’Est, la télévision émettait les mêmes propos sur le pays de l’ingénieur.

Thomas aurait aimé dire au gens que ce n’est que purs mensonges. d’ouvrir les yeux. Mais à quoi bon ? Dans la vie, souvent, il ne fait pas bon de dire la Vérité. Toute vérité n’est pas bonne à dire. Surtout que si l’on s’exprime trop ouvertement, le gouvernement à ses sbires, l’unité de protection de la population, ou plutôt l’unité « fermes ta gueule ou bien creuses ta tombe » comme aimait à l’appeler l’ingénieur.

Pour lui, ‘plus le mensonge est gros, plus il passe facilement’ n’était pas un poncif efficace. Thomas dirait plutôt que le mensonge devait être répété, encore et encore jusqu’à ce que les voix qui s’élèvent pour le démentir se fatiguent et abandonnent. Et des mensonges, matraqués tous les soirs à des millions de personnes rivés derrière leurs écrans de télévision, il y en a tous les jours et de toute sorte.

Peut-être qu’au final, boire est exactement ce que son gouvernement voulait qu’il fasse. Tellement plus facile d’endurer quand l’esprit est saoulé. Tellement plus malléable est le cerveau quand il est imbibé de poison. Mais les leaders du pays de Thomas, les mêmes que ceux de Benjamin et Sabine, ne s’inquiétaient pas des pessimistes, des nerveux, des érudits, des intellectuels ou des personnes qui comprenaient le manège qui se tramait derrière ce soit disant conflit.

Ils avaient leur machine à laver le cerveau et les agents pour détruire le corps si besoin.

Pour ces personnes clairvoyantes, ou plutôt avec un esprit critique et une intelligence légèrement supérieure à la moyenne, et à cette époque, il n’était pas difficile de l’être, la vie était un mauvais spectacle mis en scène par des régisseurs richissimes et joué par des acteurs invisible pour un public névrosé et aliéné à souhait.

Peut-être était-ce dû à la frustration, à voir les gens sourire, rigoler, s’aimer, se disputer, se chamailler, faire la fête. C’est peut-être ça la vraie raison de l’alcoolisme de l’ingénieur Thomas. Effet secondaire de l’ignorance : affecte l’entourage. Comme l’alcoolisme.

L’ingénieur faisait partie de ces gens qui réfléchissaient trop. Une mauvaise chose, une maladie psychique qui ne dit pas son nom où ne montre pas sa gravité. Donc Thomas buvait pour éteindre son cerveau, pour l’empoisonner pour devenir lui aussi, le temps que l’alcool se dissolve dans son sang, un ignorant.

Et puis, il était plus facile de prendre un train saoul. En tenant compte de la situation cependant : une fois dans le train en marche, si une bombe nucléaire décidait que c’est sur votre wagon qu’il décide de finir sa sale besogne, il n’y avait pas de fuite possible. Même en dehors d’un train cela dit. Non, en fait, Thomas buvait car à tout moment sa vie pouvait s’arrêter à cause d’un mini engin apocalyptique.

Jaskiers

La loterie nucléaire – Chapitre 2

Benjamin avait beau jouer le dur, faire mine de ne pas être inquiet, elle voyait dans ses traits l’inquiétude. Plus que les traits, l’attitude, les coups d’œil vifs vers le ciel d’un bleu azur vif, les crispations brèves des lèvres, les mains moites dévoilaient la tension nerveuse de son mari.

« – Benny, tout se passera bien, arrête de t’inquiéter.

  • Je peux pas m’en empêcher… désolé. Ça aurait été plus simple si j’avais pu t’accompagner.
  • Tu n’as jamais vu ma grand-mère et puis, ton boulot passe avant. C’est un peu rustre de la dire mais tu le sais, on ne peut pas se permettre un jour de congé tous les deux en même temps.
  • Oui, je sais. Mais c’est comme ça, tu serais sûrement pareil à ma place non ?
  • Oui, mais regarde, les risques sont minimes !
  • C’est toujours quand on s’y attend le moins que le malheur nous tombe sur la tronche.
  • J’ai marié un éternel pessimiste !
  • Et moi une éternelle optimiste !
  • Les opposés s’attirent… enfin je crois que c’est comme ça qu’on le dit.
  • Et un philosophe en plus !
  • Et une comique en plus ! »

Pendant ce temps-là, dans la même gare mais sur un autre quai, Thomas, ingénieur, célibataire et alcoolique invétéré attendait son train pour Bradpost. Une certaine mission de vérification des armements, ou quelque chose comme cela, il ne se rappelle plus vraiment ce que disait le courrier qu’il avait reçu du ministère de la guerre hier matin. Il avait ouvert l’enveloppe avec une gueule de bois terrible, qu’il atténua avec deux bons verres de whisky. Tout ce qu’il avait retenu, c’était qu’il était attendu à l’Ouest, dans une base arrière. Un militaire gradé l’attendrait sur le quai pour l’emmener au site en question.

Thomas n’était pas un militaire, juste un ingénieur civil dans l’aéronautique qui avait atteint doucement mais sûrement la cinquantaine. D’ailleurs, c’était peut-être pour cela qu’il buvait tant. Il regrettait cette jeunesse et cette vie passée trop vite, pourrie par la guerre mais remplie d’histoires de cuite et de soirées délirante dans la capitales. La même chose lui était arrivée à quarante ans. La fameuse crise de la quarantaine, celle qui vous fait regarder en arrière plutôt qu’en avant. Qui vous montre les choses que vous avez manqué et que vous avez raté. Le futur ? Dans le cas de Thomas, il le voyait sombre. Cette guerre stupide, dont tout le monde semblait avoir oublié la raison pour laquelle elle avait commencé, continuait, elle semblait sans fin.

La planète suffoquait, en temps de paix, elle était déjà très mal en point, mais, avec les retombées radioactives, il n’y avait maintenant plus de retour en arrière possible, aucune possibilité de minimiser les dégâts. Tout le monde suffoquait, la faune et la flore dépérissaient à un rythme terrifiant.

D’ailleurs, depuis quelques années, le gouvernement avait commencé à fournir gratuitement des masques à gaz à tous les citoyens. Aucune obligation de le porter, après tout, aux infos, on signalait que le pays de Thomas gagnait, c’est que les attaques ennemis étaient moins puissantes et moins destructives que celle de ses leaders. Mais Thomas avait beau avoir les idées embrouillées, il a compris là que c’était le début de la fin. Les masques à gaz pouvaient être fournis avec des petites bonbonnes d’oxygène. C’étaient aussi des masques à oxygen. Cela se passe de mot. Respirer l’air pur était devenu dangereux, mais tout le monde s’en fichaient. Si le gouvernement avait décrété que les masques et bonbonnes n’étaient pas obligatoires, c’était pour une raison, celle évoquée plus haut ; on gagnait.

Jaskiers

Billet d’humeur (ou d’actualité ?)

Fallait-il vraiment cet article ? Au fond de moi, je pense qu’il le faut.

La dernière fois que j’avais écris ce genre d’article, disons personnel, je parlais de mes cauchemars, cauchemars où je me retrouvais en plein milieu du conflit entre la Russie et l’Ukraine bien que la Russie n’avait pas encore attaquée son voisin et que l’espoir d’une résolution diplomatique sans sang versé était encore d’actualité.

Maintenant, c’est chose faite, le sang a coulé. Et je me retrouve dans une situation confuse. J’ai écris un article à chaud le jour de l’attaque, prévoyant ceci et cela pour finalement ne pas le poster. Je ne veux pas être cette personne qui d’un coup devient expert en géopolitique et en stratégie militaire. On en a déjà assez comme cela. Mais inévitablement, j’en parlerai dans cet article.

J’avais par contre besoin de m’exprimer sur ce conflit, j’ai posté ces musiques, des « protest songs », que j’écoute régulièrement et qui maintenant ont une toute autre saveur.

Le jour de l’attaque, j’ai senti que nos vies, notre société allaient encore êtres impactées. L’Histoire, après le Covid, avait pris un autre tournant.

Sur internet, les anglophones appellent déjà la décennie 2020 : The Roaring 20’s of the What the Fuck. Traduction : la furieuse décennies 2020 du grand n’importe quoi.

En effet, depuis 2020, tout tourne à la débandade. Les plus optimistes se taisent maintenant, on parle de guerre, d’une vraie cette fois, d’une moderne que l’on peut presque suivre en temps réel grâce aux réseaux sociaux et aux chaînes d’informations en continues. Nous voyons les drames, les morts, les civiles toujours les premières victimes. Un monde qui s’est tourné tout entier pour observer un petit pays affronter un mastodonte. À notre grande surprise, ce petit pays tient bon. Et heureusement. Je paris que tout les matins vous ouvrez les informations où les réseaux sociaux pour voir si le président ukrainien Zelensky est encore vivant, voir si l’Ukraine a encore tenue bon, un jour de plus.

Nous avons eu le discours du président qui, peut importe notre opinion sur lui, fait tous son possible pour nouer un dialogue avec un dangereux qui ne lâchera rien. Et cette phrase qu’il a prononcé : la guerre en Europe n’est plus que dans nos livre d’Histoire, elle est là.

Nous avons vu les politiques de tous les pays du monde, ou presque, s’unirent contre ce criminel russe. Nous avons encore en tête la Seconde Guerre Mondiale et c’est rassurant de savoir que nous n’avons pas oublier que la guerre est toujours une infamie. Nous avions oublié les conflits au Moyen-Orient qui font rage depuis plus d’une décennies. Nous avons tous eux cette anxiété de savoir que nous aussi, nous n’étions pas à l’abris des bombes. Réalisé que la guerre n’était pas une chose du passé mais présente.

Nous avons deux peuples qui souffrent directement, dans leur chair, l’Ukraine et la Russie. Nous ne détestons pas les russes mais leur gouvernement. Le peuple russe, peuple qui a toujours vécus les conséquences désastreuses et les malheurs des guerres n’a pas demandé ce conflit. Je me demande toujours, si il n’y avait pas ce fou furieux à leurs têtes, y’aurait-il des Tolstoï, des Dostoievski, Vassili Grossman et autres génies qui, ne pouvant s’épanouir, se cachent à cause de cet homme et nous privent de leurs talents et génies ?

Comment cela va terminer ? J’essaierai d’être positif : le peuple russe destitue son dictateur. Le pire des cas sera une guerre à grande échelle. Je doute fortement que les généraux en chargent d’envoyer les missiles nucléaires appuieront sur le bouton. Je suis intimement (naïvement ?) convaincu que ces hommes et femmes n’appuieront jamais sur ce maudit bouton, sachant que cela ne réglerait rien et marquera la fin de notre civilisation. Car il n’y aura plus de retour en arrière possible, plus de vie possible. Pourquoi faire cela ? Ce serait amener la mort partout, pas de gagnants ni de perdants. Aucun bénéfice, aucune victoire. Sinon celle de l’inventivité humaine en matière de (auto?)destruction et sa folie.

Je crois à l’âme du peuple russe, qui mérite tellement mieux, une place d’exception dans le monde que l’homme à sa tête actuellement assouvit et martyrise. Je crois en eux, j’ose. Un peuple qui a eu un jour un Tolstoï ne peut déclencher un cataclysme. Je ne le crois pas. Des militants LGBT qui risquent l’humiliation et la prison, ainsi que des les féministes, les Pussy Riots, qui eux aussi risquent leurs libertés et leurs vies pour la défense de leurs droits. Des Navalny qui osent tenir tête au dictateur, et qui finissent la plupart du temps assassinés. Les russes ne sont pas du tout à l’image de leurs dirigeants, beaucoup ne l’acceptent pas, et confrontent l’oppresseur payant de leurs vie leurs militantismes.

Il faut mentionner l’abnégation, le sacrifice, le courage du peuple ukrainien. Personne ne prédisait une résistance si solide contre l’ogre russe. Tous les jours, je regarde la prise de parole de leur président Volodomyr Zelensky. Nous sommes à la croisée des chemins de l’histoire, ce que nous pensions ne jamais pouvoir se produire s’est produit : un conflit majeure en Europe. Fébrilement, j’espère un dénouement, une aide plus sérieuse devrait être apportée à l’Ukraine, montrons au furieux dictateur russe que ses menaces ne nous font pas peur. L’entourage de ce Tsar de pacotille est loin de le soutenir. Il est seul, seul ! Le peuple ukrainien supporte seul la folie d’un seul homme, les soldats russes se retrouvent à tuer des gens, des civiles, qui ne leur ont rien fais. Ils savent que la roue va tourner. Ils savent que tous cela va amener le peuple russe à souffrir encore, éternels martyrs. Martyrs à chaque fois des décisions d’un seul homme. Quand réaliseront-ils qu’ils méritent mieux ? Que leur culture est immense mais bafouée par les seuls caprices d’un seul homme ?

Si ce bouffon a la tête enflée obtient l’Ukraine, il ne s’arrêtera pas. Il a déjà menacé la Suède et la Norvège. L’Ukraine partage une frontière avec la Pologne, membre de l’OTAN. Il cherchera la petite bête et cela continuera. Il fera mine de s’apaiser au début mais travaillera dans l’ombre pour déclencher encore des conflits meurtriers jusqu’à obtenir ce qu’il veut, l’Europe. Disons le clairement.

J’espère que l’Ukraine résistera encore longtemps et sera plus efficacement épaulée, car il le faudra. Beaucoup d’admiration pour ces ukrainiens, hommes et femmes qui se battent pour leurs futurs contre une agression sanglante et perfide. Voyez ces réfugiés, qui se trouvent sous les bombes dans des « couloirs d’évacuations » instaurés par les deux pays mais qui sert de cible aux obus russes. Comment ne pas ressentir colère, honte ? J’espère que le peuple russe se soulèvera car il le faudra. Il lui faudra comprendre qu’il mérite bien mieux que cette abjecte personne qui les gouvernes. Et je sais que cela est possible, le réveil du peuple russe, pour son propre bien contre son vrai ennemi : leur « président ».

Après cet article, je recommencerai à poster mes histoires, mes textes. J’écris encore, je lis encore, je pensais ne plus pouvoir après ces événements mais ils s’avèrent que si, qu’en faite c’est un besoin. D’évasion, de déconnection. Je ne pouvais reprendre mes articles habituels sans parler des événements. Je veux que les gens sachent que, même si mes textes ne parlent pas du conflit, je reste conscient que le monde est à un tournant. Nous sommes tous dans le même bateau. Nous marchons sur une fine corde qui s’effrite et va se briser, ce qui compte, c’est de quel côté nous allons tomber.

Qui vivra verra comme dit l’autre.

Sur un plan plus personnel : mes vertiges sont encore présents. Cela pourrait venir de mon traitement anti-dépresseur, rien de sur. Ma tension est aux alentours de 10. On m’a prescris des bas de contention, comme les vieux ! Je refuse de les mettre. C’est idiot je sais mais je suis persuadé que ça n’arrangera pas grand-chose.

J’écris toujours au minimum 500 mots par jours, la plupart du temps plus. J’ai écrit un court récit en anglais inspirée de la situation actuelle, mais il requiert une grosse dose de réécriture, correction et relecture avant de sauter le pas et de le partager.

J’ai enfin reçus tous les ouvrages de Francis Scott Fitzgerald. Un article arrive.

J’ai finis « Moby-Dick » de Melville que j’ai bien aimé, aussi lu « L’étrange cas du Dr Jekyll et M. Hyde » de R. L. Stevenson. Mon deuxième livre de cet auteur cette année (le premier était bien sûr « L’île au trésor »). J’ai beaucoup aimé ! Je regrette cependant le look d’homme des cavernes/ loup-garou qu’Hollywood a affublé à M. Hyde. Je ne me rappelle pas avoir lu une description du double maléfique du Docteur qui laisse penser à une créature comme celle-ci. Je vois plutôt M. Hyde comme quelqu’un qui ressemble à n’importe qui mais dont les traits, inexplicablement, mettent mal à l’aise ceux qui le regarde. Je pense qu’il ressemble à un être humain, plus qu’à un animal, et c’est ça qui fait de Hyde un personnage terrifiant. Impossible à le décrire, sanguinaire, violent mais dont le visage est humain, banal. Le mal est humain, c’est cela, je pense, qui déstabilise ceux qui le rencontre et qui l’ont vus commettre des méfaits. Je pense que Stevenson a fais de Hyde un personnage différent, physiquement, de son double « gentil » tout en gardant un certains mystère quand à son apparence mais je ne me rappel pas, et c’est probable que je sois passé à côté, qu’il ai créé Hyde avec ce look de loup-garou. Le mal a une forme humaine.

Je lis actuellement « Tristan et Iseut ». J’ai eu l’agréable surprise de retrouver chez ma mère de vieux livre dont : Ivanhoé, Les Chevalier de la Tables Rondes, Jane Eyre, Pinocchio, Alice au Pays des Merveilles et j’en passe. Et dire qu’elle voulait les jeter ! Sacrilège !

Cela me fais plaisir de redécouvrir le royaume des chevaliers, des reines, rois, princesse, des dragons, des amours interdits, des péripéties, des manipulations et coup bas, maints philtres magiques, l’univers médiévale avec son parlé tellement… atypique (?) mais au combien séduisant et poétique ! L’ouvrage que j’ai en ma possession est un vieux livre dont les tranches des pages sont colorées en rouge, avec une préface exquise et provocatrice de Jean Giono.

Encore dans mes péripéties et mes découvertes (obsessionnelles ? Définitivement) littéraire, je semble être poussé par le genre de la nouvelle dernièrement : Maupassant et Tchekov entre autre.

L’article est déjà assez long comme cela, je vous laisse et je voulais vous remerciez de me lire, c’est toujours une source de… fierté ? En tous cas, je me sens chanceux et j’ai un sentiment de gratitude de savoir qu’on prend la peine de me lire. Merci !

Photo d’une boîte à livre derrière la mairie de Darnétal.

Jaskiers

Humain avant tout | Brother In Arms

https://youtube.com/watch?v=9ykZc5E6UEE

These mist covered mountains
Are a home now for me
But my home is the lowlands
And always will be
Someday you’ll return to
Your valleys and your farms
And you’ll no longer burn to be
Brothers in arms

Through these fields of destruction
Baptisms of fire
I’ve witnessed your suffering
As the battle raged high
And though they did hurt me so bad
In the fear and alarm
You did not desert me
My brothers in arms

There’s so many different worlds
So many different suns
And we have just one world
But we live in different ones

Now the sun’s gone to hell and
The moon’s riding high
Let me bid you farewell
Every man has to die
But it’s written in the starlight
And every line in your palm
We’re fools to make war
On our brothers in arms

Source:lesoir.be

Jaskiers

Toujours les mêmes qui trinquent | Fortunate Son

https://youtube.com/watch?v=40JmEj0_aVM

Some folks are born made to wave the flag
They’re red, white and blue
And when the band plays « Hail to the Chief »
They point the cannon at you, Lord

It ain’t me, it ain’t me
I ain’t no senator’s son, son
It ain’t me, it ain’t me
I ain’t no fortunate one

Some folks are born silver spoon in hand
Lord, don’t they help themselves, yeah
But when the taxman comes to the door
The house look a like a rummage sale

It ain’t me, it ain’t me
I ain’t no millionaire’s son, no, no
It ain’t me, it ain’t me
I ain’t no fortunate one

Yeah, some folks inherit star-spangled eyes
They send you down to war
And when you ask ’em, « How much should we give? »
They only answer, « More, more, more »

It ain’t me, it ain’t me
I ain’t no military son, son
It ain’t me, it ain’t me
I ain’t no fortunate one, one

It ain’t me, it ain’t me
I ain’t no fortunate one
It ain’t me, it ain’t me
I ain’t no fortunate one

Source:euronews

Jaskiers

Les Hommes, des Milliards et des Bombes | War Pig

Source:Pinterest

https://youtube.com/watch?v=LQUXuQ6Zd9w

Generals gathered in their masses
Just like witches at black masses
Evil minds that plot destruction
Sorcerer of death’s construction

In the fields, the bodies burning
As the war machine keeps turning
Death and hatred to mankind
Poisoning their brainwashed minds
Oh lord, yeah!

Politicians hide themselves away
They only started the war
Why should they go out to fight?
They leave that role to the poor, yeah

Time will tell on their power minds
Making war just for fun
Treating people just like pawns in chess
Wait till their judgement day comes, yeah!

Now in darkness, world stops turning
Ashes where their bodies burning
No more war pigs have the power
Hand of God has struck the hour

Day of judgement, God is calling
On their knees, the war pigs crawling
Begging mercy for their sins
Satan laughing, spreads his wings
Oh lord, yeah!

Source:euronews

Jaskiers

Et Bis Repetita | The Times They Are A-Changin’

Gif Source : Pinterest

https://youtube.com/watch?v=90WD_ats6eE

Come gather around people, wherever you roam
And admit that the waters around you have grown
And accept it that soon you’ll be drenched to the bone
If your time to you is worth savin’

Then you better start swimmin’ or you’ll sink like a stone

For the times they are a-changin’

Come writers and critics, who prophesize with your pen
And keep your eyes wide, the chance won’t come again
And don’t speak too soon, for the wheel’s still in spin
And there’s no tellin’ who that it’s namin’
For the loser now will be later to win

For the times they are a-changin’

Come senators, congressmen, please heed the call
Don’t stand in the doorway, don’t block up the hall

For he that gets hurt will be he who has stalled
The battle outside ragin’
Will soon shake your windows and rattle your walls

For the times they are a-changin’

Come mothers and fathers throughout the land
And don’t criticize what you can’t understand
Your sons and your daughters are beyond your command
Your old road is rapidly aging
Please get out of the new one if you can’t lend your hand

For the times they are a-changin’

The line it is drawn, the curse it is cast

The slow one now will later be fast
As the present now will later be past
The order is rapidly fadin’
And the first one now will later be last
For the times they are a-changin’

Crédit photo : Lev Radin

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