Atterrissage forcé

Ce récit fait presque 2 000 mots. Je n’ai pas pensé judicieux de le diviser en chapitres. Lisez-le à votre rythme.

Aux humains qui liront ce témoignage, j’ai utilisé votre langue et essayé de simplifier au maximum sa rédaction pour une compréhension plus simple pour vous.

Je n’ai pas pu identifier avec précision les causes de notre atterrissage forcé sur la planète bleue.

Un de nos moteur anti-gravitationnel a cessé de fonctionner, ainsi que les commandes permettant à notre vaisseaux de reprendre de l’altitude. Quelque chose semble avoir brouillé notre technologie. Je présume que cette panne provient d’un élément naturel de votre planète, et non d’un acte humain tel un missile ou une quelconque technologie défensive de votre part.

L’exploration des planètes, dont mon unité est chargée, réserve parfois quelques surprises. Votre planète n’est pas sans danger même avec notre technologie qui dépasse grandement la vôtre.

Mes camarades ont fait leur possible pour essayer de redresser notre vaisseau. Mon rôle dans l’organisation inter-galactique à laquelle j’appartiens été de coordonner les différentes unités et de les dispatcher selon leur domaine de recherche respectif. J’étais en quelque sorte le chef de l’expédition hors du vaisseau, je n’avais aucune responsabilité quant à l’état, l’entretien, le contrôle de notre engin.

Nous avions repéré votre planète depuis plus de 500 ans, selon votre philosophie du temps.

La manière dont vous avez organisé votre temps, seconde, heure, minute, jour, semaine, mois, année, est unique et pathétique. Chaque planètes habitées par des entités ont leur propre mesure du temps. Comme vous, elle est souvent basée sur les changements climatiques, les saisons.

Seule change la manière dont les entités utilisent ce temps. Vous, humain, êtes limités par votre petite espérance de vie. Votre vie est la plus courte de toute les entités intelligentes de votre petite galaxie.

Mon but, en tant que chef d’expédition planétaire inter-galactique, est de rentrer en contact avec les êtres intelligents habitant une planète, d’apprendre et d’étudier leurs philosophies de vie, leurs habitudes, leurs connaissances.

Nous avions une unité pour l’environnement, prenant en charge l’étude des espèces vivantes, végétale et animalières, ainsi que le climat et le fonctionnement de cette biodiversité et son influence sur la planète.

La votre, selon les renseignements de cette unité et après plusieurs milliers visités sur votre planète, est gravement endommagée par vos agissements. Le profit, l’argent, cette méthode de rétribution à vous, vous a fortement poussée à exploiter vos ressources sans chercher d’alternatives. Résultat : nous venions pour observer les résultats de vos agissement sur votre planète. J’étais donc en charge de votre étude, vous diriez dans votre vocabulaire que je suis un anthropologue.

Revenons au crash du vaisseau Dedalus, mon vaisseau.

Notre vitesse de descente étant extrêmement élevée, je ne pu que donner l’ordre, si nous survivions, de nous mêler aux humains de la planète Terre jusqu’à ce qu’un appareil de la division Minotorus vienne à notre secours.

Notre vaisseaux termina sa course dans le pays appelé États Unis d’Amérique, dans le désert dit de l’Arizona.

Je peux dire que je suis le seul survivant du crash. Mes camarades sont « morts ». La mort chez nous n’a pas la même signification que la vôtre. C’est pourquoi je ne les pleure pas et, après être sorti des débris du site du crash, j’ai erré pendant de longues heures, seul, avant d’atteindre un poste de votre civilisation, appelé « ville » dans votre jargon. Mes compétences m’on permît de me fondre dans votre société, au moins physiquement grâce à l’aptitude inée, que nous avons développé pendant des millénaires chez nous, qui consiste simplement à transformer nos corps d’origines en n’importe quel autre forme vivante. Je suis donc devenu un humain, physiquement.

Votre corps est extraordinaire mais il nécessite beaucoup d’entretien.

La faim, la soif, le sommeil. J’ai expérimenté avec ces phénomènes. Pour fonctionner correctement, vous avez besoin de ces 3 choses. Mon être physique extraterrestre n’en a aucunement besoin. Il a fallut du temps pour comprendre le fonctionnement du votre. J’ai même dû plusieurs fois me métamorphoser en mon être physique normal pour réfléchir et éviter de mourir de faim ou de soif.

Il est étonnant de voir comment fonctionne votre cerveau, encore plus de découvrir que vous ne l’utilisez que très peu. Ses capacités sont importante, peut-être aussi complexe que le mien, mais vous ne l’utilisez pas au maximum de ses capacités. Peut-être est-ce parce que vous êtes des êtres encore récent. Le temps, espérons le, vous amènera a l’utiliser à fond. J’ai remarqué que beaucoup d’entres vous, ceux qui se forcent à l’utiliser et à le maîtriser, tende à être désarçonné et que vous tombez régulièrement victime de la puissance de ce cerveau, en résulte une sorte de torpeur psychique que vos médecins appellent « dépression ».

Les capacités de votre corps sont aussi très intéressants. Saviez-vous que votre peau supporterait d’être sans protection dans l’espace ?

Le fonctionnement de vos organes, votre mécanique, est complexe, ce qui est fascinant. Votre système nerveux m’a demandé beaucoup de temps pour le comprendre. Votre cerveau est lié à votre physique. Ce système nerveux est sensible a l’extrême, vous en négligez trop son existence et l’importance qu’il a dans votre vie.

J’ai compris votre obsession du temps à la vue de votre très courte espérance de vie. Vos corps dépérissent rapidement ainsi que votre cerveau.

Vous êtes ainsi obsédé par ce que vous appelez « la mort ». Vous avez créé des idoles, inventé des histoires pour vous rassurez, auxquelles vous croyez dur comme fer, trop peut-être. Cela vous mène à des confrontations terribles. Beaucoup d’entre-vous êtes prêt à tuer pour vos idoles.

La mort mais surtout la vie après la mort est une des causes de vos grands heurts. Je ne peux vous éclairer sur ce sujet, n’étant jamais mort sur la planète Terre, mais je puis vous direz ce qu’il se passe pour nous.

Nous vivons, nous les extraterrestres, des milliers et des milliers d’années si l’on compare notre temps au vôtre.

Nos corps ne dépérissent pas ou très peu. Contrairement à vous qui êtes une espèce très jeune, la notre est infiniment plus vielle, à tel point que vous n’avez pas de mots pour la mesurer.

Je pense que notre longue existence a débuté quand nous avons appris à dompter notre cerveau. Je pense que pour vous, cela sera pareil, mais des milliards d’années sont nécessaires à l’acquisition et à la maîtrise des pleines capacités de vos cerveaux

Nous mourrons, suite aussi au dépérissement de nos corps, mais cela comme écrit avant, ce déroule sur les milliers d’années.

Pensons-nous a une vie après la mort ? Non, des milliers d’années sont suffisantes, notre vie a été remplie. Nous appelons la mort le grand sommeil. Nous ne prétendons pas, ni ne voulons, une autre vie après la mort, ayant eu assez de temps de vie durant notre existence.

Évidement nous ne croyons pas en des idoles, des dieux ou autres.

Je passe maintenant au fonctionnement de votre société, très succinctement.

Ce n’est pas forcément la loi du plus fort, mais plutôt celle du plus malin ou intelligent, qui vous gouverne.

Ce qui vous gouverne profite de vous, nous pouvons descendre jusqu’à vos « patrons » et « pdg ». Vous semblez avoir accepter de travailler pour autrui.

Sur ma planète, pas d’argent. Nous avons un but commun, l’exploration. Nous travaillons comme nous le voulons et où nous le voulons. Pas vraiment d’élite ni de gouvernement. Toutes les décisions sont prises naturellement, aucune concertations, nous savons où nous allons et quoi faire. Cela est dû à notre société qui existe et subsiste depuis plusieurs centaines de milliers d’années.

Votre technologie est avancée, de votre point de vue, mais elle reste très en retard par rapport à la notre. Évidemment, cela est dû, ici aussi, à notre longue existence comparée à la vôtre et encore une fois, à vos pauvres capacités intellectuelles.

Si il y a une chose que je n’ai pas compris, c’est ce que vous appelez l’ « amour ». J’ai vu des humains « mariés », ils s’appartenaient l’un à l’autre. Quelque chose dans votre cerveau vous pousse à tomber « amoureux ».

Je me suis grandement amusé de ce stupide attachement que vous pouviez avoir pour une personne. Le contact physique, les sentiments, la fornication dans le seul but du plaisir, cela m’était totalement étranger et me semblait puérile, digne d’une des plus méprisable et arriéré espèce que j’avais étudié jusque-là. Jusqu’au jour où, ayant forme humaine, je suis tombé « amoureux ».

Dès que j’ai découvert ce sentiment, qui me rendait aussi joyeux que triste, je décida de me métamorphosé en mon être physique extraterrestre dans le but de supprimer et de guérir de ce sentiment comme je le faisais avec la faim et de la soif. Mais, à mon grand désarroi, ce sentiment ne disparut pas. Je devais même me retransformer en humain pour pouvoir voir l’humain que j’aimais et pouvoir l’approcher.

Je ne me rappelle pas, dans l’histoire de l’évolution de mon espèce, avoir entendu parler d’amour, d’un attachement avec un autre être, un sentiment très puissant, addictif et déstabilisant. Je présume que nos ancêtre ont supprimés ces sentiments en les réprimants jusqu’à ce qu’ils disparaissent. Pour une existence, une société plus sage et compétente.

Notre espèce s’accouple artificiellement, par le biais de nos médecins. Une opération bénigne, pour le mâle et la femme, une seule, pour créer une progéniture qui grandit dans une sorte de caisson. Un enfant pour chacun d’entre nous, de manière à garder une population relativement stable. Jamais nous ne rencontrons notre enfant, ni la personne avec qui nous partageons sa mise au monde.

Mon existence sur la planète Terre a été bousculée. Je ne voulais plus retourné sur ma planète mais rester avec l’humain que j’aimais. Mes compagnons ont envoyés une équipe de secours qui est venu me récupérer mais j’ai refusé.

Je leur ai expliqué la cause de mon refus. Ils pensèrent que j’étais atteint d’une maladie humaine, inconnue et puissante, une sorte de virus. Ils voulurent m’emmener de force retrouver mon peuple. J’ai combattu fortement, envoyant un message à ma communauté, en leur exposant ma situation.

Ils décident actuellement du sort qu’ils me réservent. Pour eux je suis atteint d’une maladie propre à l’être humain, que vous appelez l’amour.

Je me suis métamorphosé en homme de plus en plus souvent car après avoir observé votre société, j’ai réalisé à quel point il était relativement plus beau d’être un Homme amoureux.

Je suis tomber amoureux d’un homme, de sexe mâle. J’ai réalisé que j’étais, après plusieurs observation, ce que vous appelez « Homosexuelle ». Là, j’ai découvert à quel point certains d’entres vous exècre quand deux personnes du memes sexe s’aiment.

Vous êtes une espèce compliquée, conflictuelle, cruelle, injuste, violente, faible, stupide, lente, homophobique, raciste et j’en passe mais vous avez ce phénomène appelé « Amour » qui n’appartient qu’à vous. Je n’ai jamais vu d’autre espèce « s’aimer », je n’avais jamais vue de « tendresse », « d’affection », « d’attachement » dans aucune autre espèce, et j’en ai vu des milliers.

Je fus atteint de ce phénomène. J’utilisais mes connaissances sur votre espèce et l’homme que j’aimais s’avéra m’aimer en retour.

Je ne pourrais vous décrire ce que cela fait d’être aimé pour la toute première fois après plusieurs milliers d’années d’existences. Vos livres, vos contes, vos fables, vos histoires, vos musique aussi vieux qu’ils soient ne parlent pas d’un être qui découvre l’amour après tant de temps.

J’appris doucement à aimer, à connaître mon amoureux comme jamais je n’avais connu d’autre entités, d’autres personnes, d’autres êtres.

Découvert aussi à quel point l’ « amour » est dangereux et parfois attire la haine. La haine, la colère est un trait que partage toute les entités intelligentes que j’ai pu rencontrer. Mais rare était le niveau de violence dont j’ai fais l’expérience chez vous. Vous excellez dans le domaine de l’horreur, signe d’une espèce encore loin d’être intelligente et évoluée.

Il ne m’aime plus, mon amoureux, apparement, il est possible de ne plus aimer. Ce n’est pas mon cas.

J’ai décidé d’attendre, peut-être repartirai-je un jour de votre planète, j’attends comme écrit plus haut la décision des miens quand à mon sort. Je voudrais rester et continuer à aimer et surtout à être aimer.

Peut-être nous croiserons-nous.

Jaskiers

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Naufrage au néant

Ce récit est inspiré par « Chtuluhu » d’H.P. Lovecraft et d’une histoire vraie : la mystérieuse disparition de l’équipage du Mary Celeste en novembre 1872.

Lettre retrouvée dans une bouteille sur les plages de St-Palais-sur-Mer en Charente-Maritime le 7 février 2022.

Voici le contenue de cette lettre traduite de l’anglais.

Mon nom est Benjamin Briggs, commandant du vaisseaux américain le Mary Celeste. Partis de New-York, États-Unis le 5 novembre 1872 avec pour destination Gêne, Italie.

Mon équipage comptait 7 matelots ainsi que ma femme et ma fille.

Le 16 novembre, nous nous sommes retrouvé face à une chose inexplicable qui entraina la disparition de tout l’équipage ainsi que celles de ma femme et de ma fille.

Nous voguions sur une l’attitude de 30* Nord et une longitude de 30* Ouest (ces coordonnées sont une estimation, ma mémoire me joue des tours), sur une mer relativement calme est dégagée quant une brume grise épaisse nous ai tombé dessus. Nous n’avions pas vu cette brume venir, elle est apparue d’un coup sur nous.

Quand je regardais mon baromètre, utile pour les prévisions météorologiques, il explosa. L’aiguille de ma boussole tournait avec une rapidité incroyable dans le sens des aiguilles d’une montre.

Dans cette brume épaisse, mes matelots me demandaient mes ordres, n’ayant aucune vision à plus de 50 centimètres devant moi, je leur ordonnais de ne rien changer, que nous ne faisions juste que passer à travers un phénomène de brume inexpliqué mais qu’il ne fallait pas s’inquiéter.

Les côtes du Portugal étaient encore loin, nous risquions seulement, comme on dit, de percuter un autre bateau mais je n’en avait repéré aucun avant la tombée de la brume.

Mes matelots criaient les ordres aux autres, de ne rien changer et d’attendre d’avoir traversé ce phénomène.

J’entendais ma femme et mon enfant, qui pleurait, me demandant ce qu’il se passait. Je répondis la même chose qu’à mes marins, que cette brume qui avait presque l’épaisseur d’une fumée à ce moment-là, allait disparaître ou bien que nous passerions à travers.

Une minutes plus tard, tandis que j’avais posé mes mains sur le gouvernail pour tenter de garder notre cap, une vague importante nous frappa à bâbord et fit tanguer notre vaisseau brusquement. Un grondement terrible bourdonna dans mes oreilles. J’en concluais que nous avions sûrement percuté un autre bateau. Impossible pourtant d’être sûr.

J’encourageais mes matelots à garder leurs sang froid, mais l’un d’eux se mit un pousser un cri terrible. Quand je demandai si il y avait un blessé, on me répondit de regarder à bâbord. Je n’eus même pas entendu la fin de la phrase du matelot terrorisé quand j’observa une immense forme sortir de l’eau à notre bâbord, dissipant la brume autour d’elle.

J’ai vu des choses étranges sur les mers, croyez-moi. Mais jamais je n’ai vue ni vécus pareille chose.

La forme qui sortait de l’eau comportait plusieurs faces, imaginé une immense sphère recouverte de miroir rectangulaire.

Ces miroirs ne reflétaient pas notre vaisseaux, je n’y voyais que des lumières, floues et ternes. Notre navire ne semblait pas avancer. J’eus peur de percuter cette chose, je tourna d’un quart mon gouvernail à tribord pour éviter tout risque d’être percuté ou soulevé par cette masse qui s’élevait sans cesse. Le bateau ne répondait pas aux mouvements du gouvernail. Quand je compris que cette énorme phénomène allait détruire où renverser notre navire, je donnais l’ordre de vive voix à mes matelots de descendre dans l’embarcation de sauvetage, qui heureusement se trouvait à tribord, immédiatement. J’allais chercher ma femme et ma fille dans mes quartiers.

Quand nous sortîmes des chambres, la masse était devenue translucide et ressemblait maintenant à une montagne, avec des sommets, des crevasses et une sorte de roche rose. Je ne pouvais distinguer, à ce moment-là, à quoi elle s’apparentait exactement. Certaines parties semblaient coniques, les pointes dirigées vers l’intérieur, mais en se déplaçant, les cônes semblait pointer vers l’extérieure. L’œil ne pouvait décrypter précisément la surface et ses caractéristiques.

La plupart des mes marins avaient déjà embarqués. Je mis ma femme et mon enfant dans l’embarquement et dis aux deux matelots, qui étaient courageusement restés sur le pont pour m’aider, de partir avec eux.

Des cris et des pleurs de protestations venant autant de ma femme, de ma fille que de mes matelots m’implorèrent de les suivre. Je leurs répondis que je devais savoir ce qu’il se passait, j’étais le commandant, il me fallait comprendre la situation.

Pour être honnête, j’avais prévu de fuir avec eux mais subitement, je me sentais attiré par cette chose. Elle m’appelait, non pas par des « voix » mais par des sensations. J’avais un besoin irrésistible de découvrir cette chose.

J’entendais le bastingage grincer coté bâbord, côté où l’énorme phénomène continuait son ascension. Notre navire n’allait pas tarder à dessaler. Mais je n’avais pas peur.

J’ordonnais avec autorité à mes matelots de partir le plus loin possible d’ici.

Ils partirent rapidement, les pleurs de ma fille retentissaient, mais je n’en avais cure.

Je me retrouvai donc seul, sur le pont. La masse continuait à surgir de l’eau lentement.

Je m’approchais donc de ce phénomène et le touchais. La surface était lisse et froide, moins froide que je ne le pensais de prime abord. La masse arrêta immédiatement son ascension. Un nouveau grondement terrible résonna dans mes oreilles. Une sensation m’ordonna d’escalader le monticule. Ce que je fis.

Bien que la surface était d’apparence impraticable, je n’avais aucun mal à l’escalader. Je montai comme une araignée sur son flanc inégale et à la surface parfois concave ou abrupte. Une sensation m’ordonna d’en faire le tour, je m’exécutais jusqu’à arriver sur une plateforme, lisse et brillante. La brume s’était complètement dissipée. Je vis mon bateau à environ 1 mille, il avançait rapidement, les voiles étaient gonflées par un vent puissant.

À mon grand malheurs, je vis apparaître de sous l’eau l’embarcation de sauvetage, vide. Aucune trace de ma femme, de ma fille ou de mes matelots.

Un silence terrible s’installa. Les vagues qui percutaient ce terrible rocher ne faisaient aucun bruit. Le sommeil m’envahissais, je ne pouvais lutter et ferma les yeux.

Je me réveillais au même endroit, sur cette sorte de promontoire lisse. Trois hommes étaient assis et me regardèrent me réveiller. Je pensais que c’était mes matelots mais ces hommes étaient barbus et avait une mine fatiguée. Je criais à l’aide en proie à une panique terrible, leur expliquant ce qu’il m’était arrivé.

Ils me répondirent que la même chose c’était produite pour eux. Ils ne savaient pas depuis combien de temps ils étaient là. Mais ils m’apprirent quelque chose de terrifiant. Les vaisseaux qui passaient par là ne les voyaient pas. Nous étions comme invisibles pour eux.

Plus terrifiant encore, il me parlèrent d’une sorte d’énorme pieuvre, un corps de la taille et de l’épaisseur de cinq baleines réunis avec des tentacules immenses, faisait parfois surface et que cette créature leur parlait un langage qu’ils ne comprenaient pas ni n’avait jamais entendus. Nous sommes marins depuis plus de vingts ans chacun, nous avons entendu sûrement toute les langues du monde. Impossible pourtant de comprendre une bribe de ce que disait la créature. Ce n’était presque pas un langage, plus une sensation. Selon eux.

J’étais à la fois très sceptique et en même temps, plus rien ne m’étonnait vraiment. Et cette sensation, je l’avais ressentis aussi, en quelque sorte.

Quand je demandais comment ils se nourrissaient, ils me répondirent qu’ils n’avaient jamais faim ni soif, que le plus dur ici, c’était l’attente, le fait de ne jamais être vus par les autres navires et les apparitions de la créatures qui étaient terrifiantes et leurs drainaient leurs forces.

Comme je l’ai écris plus haut, ils n’avaient aucune idée du temps qu’ils avaient passé sur cette énorme plateforme. Ils me dirent que j’avais sûrement dormis pendant environ une semaine entière ! Et que la créature était venue m’observer dormir, qu’elle me toucha même avec une de ses tentacules.

Je n’y croyais pas quand d’un seul coup, des tentacules apparurent sur le bord de la plateforme et je vis l’immense pieuvre sortir promptement. Ses yeux pouvaient faire la taille d’un vaisseau de guerre. La peau rougeâtre et visqueuse.

Là, je compris ce que les hommes voulaient dires quand ils parlaient du langage de la pieuvre. Des sons et des sensations m’envahissaient. Déjà terrifié par la taille de la créature, s’ajoutait à cela des sentiments de colère, de tristesse et de confusion. C’était comme-ci je répondait au charabia de cette créature par mes sentiments, sentiments que je ne contrôlait aucunement. Comme-ci elle forçait mon âme à lui répondre et que mon âme lui répondait sans aucun contrôle de ma part.

Je ne puis dire combien de temps cela dura. Puis je me suis évanoui.

À mon réveil, les deux hommes qui étaient avec moi n’étaient plus là, aucunes traces.

Je n’avais pas faim, ni froid, ni soif.

Ma femme et ma fille étaient-elle vivantes ? Et mes matelots ?

Pris de colère, je criais et pleurais longuement quand la créature réapparût. Bien que terrifié, je lui demandais dans ma langue ce qu’ils leurs étaient arrivés. Je sentis une profonde tristesse m’assaillir après le balbutiement de la bête. Puis un apaisement.

Elle approcha un de ses énormes yeux sur moi, semblant me scruter. Puis elle repartit dans la mer.

Je vis un vaisseaux passer. Malgré que je sache pertinemment qu’ils ne me verraient pas, je criais et agitais mes bras. Je courus dans leurs direction, je voulais rejoindre la mer mais bien que j’avais beau courir à toute allure, je ne vît jamais le bord du promontoire, et le navire ne s’était pas rapproché non plus. C’était comme si j’avais couru sur place.

Fou de colère et de tristesse, je frappais la surface du promontoire de mes poings, espérant attirer l’attention de la créature et lui demander se qu’elle me voulait.

Puis, j’eus l’impression de tomber et mon corps s’affaissa.

Je me réveilla, sans doute m’étais-je évanouis encore, et trouva à mes pieds des feuilles, une plume et un encrier ainsi qu’une bouteille en verre.

Voici mon histoire, je suis encore vivant mais dans un endroit où je ne suis rien de plus qu’un fantôme.

Si vous trouvez cette lettre, je vous pris de rechercher ma femme, Sarah Briggs et ma fille Sophia, et de leurs dire que je suis vivant. Mon fils, qui n’était pas avec nous dans le vaisseau, s’appelle Arthur Briggs et vit actuellement avec sa grand-mère à New-York.

Les matelots qui étaient avec moi : Albert Richardson, Andrew Gilling, Edward Head, les frères Lorenzen et Boz Volkert, Arian Martens et Gottlieb Goodschaad. Tous étaient d’excellents marins.

À ma famille, je vous aimes.

Au monde entier, des choses plus vieux que la planète semblent nous attendre dans les profondeurs des Mers et Océans.

Adieux !

Signé : Benjamin Brigg, commandant du Mary Celeste.

Gravure du Mary Céleste telle qu’elle aurait été retrouvée : source Wikipedia.

Jaskiers

Le vin de la colère divine par Kenneth Cook

Quatrième de couverture :

Aller combattre le communisme pour sauver le monde : tel est le motif qui conduit un jeune homme de vingt ans à se retrouver au cœur de la jungle du Vietnam. Confronté à la mort, il ne peut se raccrocher qu’aux valeurs chrétiennes et occidentales auxquelles il croit. Mais survivre au crescendo des bombes et de napalm mène à accepter les pires atrocités. Et à oublier la « guerre juste », lorsque se répand, dans une vision d’apocalypse, le vin de la colère divine.

« Dans une narration à couper le souffle, l’écrivain australien Kenneth Cook fait acte de foi en la littérature, celle qui réveille les consciences. Le vin de la colère divine est un cataclysme. » – Télérama

Kenneth Cook, écrivain couronné de succès, journaliste et leader d’un parti politique opposé à la guerre du Vietnam, fut un personnage hors norme. Il est également l’auteur du Koala tueur, de La vengeance du wombat et L’ivresse du kangourou, tous parus aux Éditions Autrement.

Ceci est un roman, l’histoire n’est pas tirée du vécu de l’auteur. C’est un changement, pour moi, amateur de récits de guerres écrient par des anciens soldats. Mais ce petit roman s’avère être au final un bon changement dans ma routine de lecture.

Ce jeune homme narre son histoire accoudé à un bar. C’est comme si vous étiez son ami de beuverie pour un soir, vous rencontrer ce jeune bidasse de 20 ans, qui a l’air d’en faire 10 de plus, et il vous narre son expérience.

Fervent catholique, il s’engage volontairement dans l’armée américaine pour combattre le communisme. Parce que, selon lui, les communistes sont les ennemis de Dieu. Il semblait presque parti pour une croisade, bien qu’il ne le mentionne pas tout au long de son récit, tout comme il ne mentionne pas les Vietnamiens, les Nord-Vietnamiens, les Viet-congs. Non, tous le long du récit, il les appelle « communistes ».

Jeune, croyant et bon soldat, l’expérience de la guerre du Vietnam va le plonger dans une grande confusion. Sa foie est ébranlée. N’est-il pas marqué dans les 10 Commandements : « Tu ne tuera point ? »

De plus en plus confus devant l’horreur, devant la mort, les valeurs qu’il a appris enfant auprès d’un père aimant et d’une mère française se désagrège. Il cherche à comprendre tout en ne cherchant pas. Il s’exprime par contradictions, sophismes, répond à ses propres questions pour les remettre en doute tout de suite après.

Sa rencontre avec Karl, venu remplacer un camarade de guerre du narrateur (ce dernier n’a d’ailleurs pas de nom, il n’est du moins pas mentionné dans le récit), qui s’autoproclame militariste-pacifiste n’arrange pas sa remise en question perpétuelle de sa foi, de sa place sur Terre, des Hommes, de leur natures, de la politique et de la guerre.

Durant une permission dans une ville de L’Asie de l’Est, qu’il ne nomme pas, il rencontrera Santi, un Vietnamien, avec qui il se saoul. Le narrateur notera avec quelle bienveillance, quel respect il est traité par cet homme. Il pourrait être un ennemi, ce qu’il a fait dans se bar, se lier avec un vietnamien est déconseillé par l’armée, mais Santi est bon, loin des stéréotypes racistes véhiculés par l’armée. La confusion qui s’exerce dans sa tête devient obsédante. Que penser de cette guerre ? S’est-il trompé d’ennemi ? S’est-il fait manipuler pour aller combattre si loin de chez lui des hommes qui, bien qu’ayant des croyances différentes, restent des hommes comme lui ?

Entre questionnement, au bord de la folie, de la confusion la plus extrême, le jeune homme plongera en plein enfer, le napalm, les bombes, les balles, les cadavres, les agonisants. Il ne sait même plus si il pleur. Le peut-il encore ? Sait-il encore ce qu’est se sentiment ? Les sentiments ?

La fin de son récit termine en apothéose. Un enfer sur Terre, une vision d’apocalypse.

Son récit terminé, le jeune homme ne vous dit ni au revoir ni à la prochaine. C’est nous qui partons, car il semble avoir déversé toute sa confusion et ses réflexions sur vous, jusqu’à ces derniers paroles.

Une réflexion sur la jeunesse, l’éducation, la religion et la guerre. Une dure expérience, qui remet en doute certaines de vos valeurs, sans les changer, peut-être, mais vous pousse à vous remettre en question comme le narrateur le fait. Sur vos croyances, votre éducation, l’autorité exercée sur vous et sur le monde en général.

Voici quelques extraits qui, je pense, montre la confusion et la peur du narrateur, qui le suivent tout au long de l’ouvrage :

Mais chaque fois que je pense, il m’apparaît qu’en ce bas monde, un homme sain d’esprit n’a d’autre choix que de devenir fou.

Nous ne pensions pas vraiment tuer. Nous ne pensions pas beaucoup, en réalité ; enfin, c’est ce qui m’apparaît maintenant. Il était impossible de penser. Qu’est-ce que veut dire « penser » de toute façon ?

En y repensant aujourd’hui, je dois reconnaître que j’étais le roi des cons. Ma seule consolation, c’est que nous étions tous les rois des cons.

Si ça se trouve, le monde foisonne de gens qui réalisent que leurs actions sont insensées mais qui craignent de passez pour des fous s’ils se comportaient raisonnablement. J’espère qu’il en est ainsi, mais je n’en suis pas si sûr.

Je m’étais attendu à quoi en partant à la guerre ? À ce que toutes les balles finissent dans les parties les plus charnues de la jambe et à ce que les ennemis soient les seules victimes ?

En général, l’idée qu’on enterre les gens, ou même qu’on les incinère, me dérange. Le principe même que les gens meurent me dérange. Je préférerai que ça n’existe pas.

La raison en était sans doute évidente. Mais je soupçonnais que le vraie raison n’était pas la raison évidente. Rien de ce qui est évident ne semble être vrai.

[…] Sans parler de cette bonne vielle maxime qui raconte plus ou moins qu’il faut prendre les armes pour faire taire les armes. Ils sont tous fous.

– Qui est fou ?

– Tout le monde. […]

Si tous les hommes qui en ont tué d’autres, depuis qu’il y a des hommes, étaient alignés les uns à côté des autres, combien de fois feraient-ils le tour de la Terre ? Et tous les morts ? Lesquels représentent le plus grand nombre, ceux qui ont tué ou ceux qui ont été tués ?

[…] il s’y inscrivait si il y avait une logique. S’il n’y en avait pas, eh bien, il n’y en avait pas. Mais il devait bien y en avoir une, car s’il n’y en avait pas, comment concevoir l’idée qu’il y en ait une ? Est-ce possible ?

[…] – Justement. Je trouve difficile d’imaginer un contexte permettant de justifier moralement une guerre moderne : on doit tuer trop de gens qui n’ont rien à voir avec la guerre.

L’armée vous aide à créer des illusions. Elle offre quelque chose de rassurant et convenable, avec le son du clairon, des tambours, et le rythme des soldats qui marchent au pas, sans compter qu’on vous tient occupé la plupart du temps, limitant tout loisir d’entretenir des pensées subversives. C’est sans doute la grande découverte qu’ont dû faire les généraux : le premier homme qui s’est dit « Je dois absolument occuper les lascars pour qu’ils n’aient pas le temps de penser. » a sans doute ouvert la voie à toutes les armées du monde.

[…] Mais ce qui m’inquiète – enfin, ça ne m’inquiète pas vraiment, pas trop en tous cas – bref ces actes que nous devons commettre… Les combats sont si atroces que je me demande s’ils sont justifiables.

Tous les bruits [dans la jungle] étaient ceux de chasseurs et de proies : les bruits de la violence. Aucun d’eux n’arrivait à la cheville de la violence que nous avion perpétrée […] L’idée de violence est d’ailleurs enracinée dans la nature […]

Il y a peut-être une logique à tout. Je ne dis pas qu’il n’y en a pas – mais elle m’échappe. En fait, il y a forcément une logique ; la pure futilité, apparemment aveugle, de tous ça exige qu’il y ait une logique.

Je crois que j’essayais d’organiser mes pensées de manière ordonnée et civilisée, comme j’avais appris à le faire, ce qui est en triste contradiction avec les faits. En réalité, mon esprit paniqué tournait en rond. Réaction typique de l’esprit…

Un soldat doit se sacrifier pour la victoire. Savoir qui le tue n’est qu’une question théorique. Ça ne fait pas grande différence après coups, et si l’on accepte que la victoire représente le but ultime et que la mort est un mal nécessaire, ça ne fait pas une grande différence avant non plus. À moins d’avoir l’infortune d’être partis les soldats qui vont se faire tuer. Ça avait de l’importance à mes yeux.

Affirmation, infirmation, dans la même phrase. La confusion est le maître mot de se roman, de l’esprit devenu torturé et fragmenté par la guerre et ses visions d’horreurs. Sa lucidité, son intelligence ont été ses pires ennemis. Il est dur d’imaginer le futur du narrateur tant sa vie est maintenant entachée, et sa foi, pilier de son psyché, ébranlé, ébréché, craquelé, d’une manière violente à cause de manipulations, de mensonges et de l’expérience de soldat. À nous lecteurs de nous faire notre propre histoire sur ce que serait devenu ce « jeune homme » après avoir entendu son histoire. Et de se poser la question de tout ces autres jeunes hommes qui ont vécut un enfer similaire. Et qui sont sûrement accoudés aux bars, un verre à la main, attendant un badaud pour lui conter une énième fois son histoire. Peut-être pensent-ils avoir encore 20 ans d’ailleurs. Car il semble que personne ne sort grandi de la guerre, elle semble plutôt vous traumatiser au point que plus rien ne puisse vous faire avancer. Rester coincé mentalement au moment ou l’horreur du conflit vous touche. Une frontière mentale. Vous n’avancerez plus.

Jaskiers

Miracle dans les Andes de Nando Parrado

Quatrième de couverture :

C’est un vendredi 13, en 1972, que le Fairchild F-227 qui transportait une équipe de rugbymen uruguayens s’est écrasé dans les Andes.

Cet accident allait donner naissance à une légende.

Soixante-douze jours durant, les survivants de ce crash vécurent sur un glacier à 3 500 mètres d’altitude, au milieu des cadavres et des débris de la carlingue.

Seuls au monde, ils luttèrent contre le froid et le désespoir – n’ayant bientôt d’autre choix que de manger la chair de leurs compagnons morts.

De cet episode – dont le journaliste Piers Paul Read tira un ouvrage qui émut le monde entier -, il nous manquait, à ce jour, le récit d’un survivant.

Et c’est ce récit que Nando Parrado, après s’y être refusé pendant plus de trente ans, vient d’écrire.

Une extraordinaire leçon de courage.

Je me rappel, j’étais très jeune quand j’avais entendu parler de cette histoire. Je l’avais entendu à la télévision. Et comme tout enfant ayant des questions, j’avais demandé à ma mère de m’en dire plus. C’était la première fois que j’entendais parler de cannibalisme. J’étais choqué d’apprendre que des gens pouvaient se manger entre eux.

Des décennies plus tard, peut-être deux, j’ai acheté se livre. La boucle allait se boucler… d’une manière brutale.

Ils étaient jeunes, très jeunes. Fier d’être rugbymans. La vie devant eux, Nando avait sa mère et sa sœur dans cet avion. La plupart d’entre-eux n’avaient jamais vu la neige, ne l’avaient jamais touchées. Ils étaient uruguayen, un pays plutôt plat, gorgé de soleil. Rien ne les avaient préparé à affronter cette terrible expérience.

La lecture est incroyable, incroyablement prenante, incroyablement triste, incroyablement épuisante. Je ne m’attendais pas à tant d’horreurs, de luttes, d’espoirs, de malheurs, de déterminations, de foi, d’amours.

Arrivé au milieu du livre, une petite section photographie nous ai présenté. Prise par l’auteur grâce à un appareil photo miraculeusement retrouvée dans la queue de l’avion, à des heures de marches de leur épaves. J’ai eu les larmes aux yeux. J’ai mis des visages sur des noms, des souffrances, des morts. La lecture a commencé à me hanter. Au point d’en cauchemarder la nuit. Jamais je n’aurai penser que cet ouvrage aurai pu me bousculer autant.

Leçons de courage, de sacrifice, de survie, d’abnégation, d’amitié, de loyauté.

J’ai l’habitude de couper des petits lamelles de post-it pour marquer les passages qui me marquent, que je trouve important de partager, mais le petit ouvrage est rempli de ces lamelles. Recopier tous les passages de se livres rendrai une potentiel lecture de votre part gâchée. Je me contenterai que d’un seul passage.

Comme noté plus haut, bien trop d’extrait de se livre m’ont marqué. Chaque lamelle de Post-It est un de ces passages.

Cette histoire de survie, d’hommes, de jeunes hommes, accrochés à la vie est émouvante, dure, cruelle. Mais vrai.

Nous pensons être les maîtres du monde, en haut de la chaîne alimentaire, mais des endroits sur cette planète, que nous détruisons d’ailleurs, peuvent nous détruire en quelque heures. Quelques minutes.

Nous ne sommes pas grand chose, juste une partie, infime, de cette immense univers. Dieu, ou la vie, ou qu’importe prend et donne, sans faveurs, c’est comme ça. Terreur de savoir que rien n’est totalement sous notre contrôle. Que la mort est notre finalité et qu’elle peut s’abattre sur nous à tous moments. Nul n’est immortel.

À part l’amour de vivre, l’Amour avec un grand « A », l’amour d’un proche qui les attends, d’une femme, d’une famille, juste l’amour, rien d’autre n’aurait pu aider ses hommes à survivre. Rien.

Cette lecture est une expérience, que vous devriez faire. Absolument.

C’est une remise en question, métaphysique, presque impossible à décrire, que de lire ces lignes. Les lignes d’un survivant, amené au-delà des limites humaines, presque une autre dimension, une trance ? Non, quelque chose d’autre. Qui se passe dans notre tête, ou dans notre âme. Nous sommes capables de choses qui dépassent l’entendement. Utilisons cette capacité pour le bien de tous.

Roy Harley, dans les bras de sa mère après le sauvetage. Roy était le plus jeune survivant du crash. Il était aussi à quelques heures de la mort.
Mémorial dressé sur les lieux du crash. Les débris de l’avion ont été utilisés pour sa création.
Les survivants apercevants l’helicopter venu les secourirs.
Débris de l’avion retrouvé des décennies après le crash.
Nando Parrado, l’auteur, après avoir trouvé les secours.

Extrait :

[…] La croûte était collante et grumeleuse : ce n’était rien d’autre que mon propre sang en train de sécher. « Nando ? répéta Roberto. Souviens-toi, nous étions dans l’avion… pour aller au Chili… ». J’acquiesçai en fermant les yeux. J’étais désormais sorti des brumes ; ma confusion ne pouvait plus me cacher la vérité ; et pendant que Roberto me nettoyait le visage, je commençais à me souvenir.

Ici [dans les Andes], rien n’était favorable à la vie humaine, rien ne reconnaissait même son existence. Le froid me tourmentait. L’air était trop rare pour satisfaire aux besoin de nos corps. Le soleil violant nous aveuglait, […] il était impossible de s’aventurer ne serait-ce qu’à quelques mètres de l’avion sans [s’enfoncer dans la neige]. […] il n’y avait pas un seul organisme pour nous servir de nourriture. […] toutes formes de vie est ici une anomalie, et les montagnes ne tolèreront cette anomalie que pendant un certain temps.

« L’amour affronte la mort ; lui seul, non pas la vertu, est plus fort qu’elle. »

La montagne magique (1924) Thomas Mann

Jaskiers

Une histoire vraie personnelle #4 – Le jour où je me suis perdu aux milieux des champs, complètement saoul.

Crédit photo – Trip Advisor

Avant de rentrer dans le vif du sujet, je tiens, cher lecteur et lectrice, à vous avertir que j’ai changé le début de l’histoire pour raison d’anonymat. La partie où je sors de la voiture et le point de l’histoire ou rien n’a été modifié ou inventé. L’alcool, les ami(e)s, avec modération.

Je devais avoir 20-21 ans, il y a quelques années de ça. C’était un samedi soir, bien sur, un ami fêtard m’appelle pour me demander si je veux sortir en boîte. BIEN SUR lui ai-je répondu. Allez danser et surtout boire pour oublier un peu les problèmes, c’était notre truc avec mon ami fêtard.

Étant de gros buveur, en soirée je précise, nous ne conduisions JAMAIS alcoolisé. Il nous fallait un chauffeur, un SAM comme disait la publicité pour la sécurité routière de l’époque.

SAM, CELUI QUI CONDUIT, C’EST CELUI QUI NE BOIT PAS

Alors si possible un SAM et pourquoi pas décuver chez quelqu’un. Nous avions en vu d’être hébergé par une amie qui habitait pas loin de la boîte de nuit où nous voulions aller. Elle avait la trentaine, nous laisser dormir dans sa maison puis repartir le lendemain.

Avec bonheur, nous trouvons notre SAM et la femme qui nous hébergeait a accepté que nous « crashions » chez elle après la beuverie.

Tous ce déroule comme prévu, nous arrivons en boîte, buvons beaucoup (trop), dansons, flirtons maladroitement (enfin si je me rappel bien). Nous étions dans la « vibe » voyez vous. Quand une personne est dans la vibe cela signifie être assez saoul pour mettre le feu au danse floor (enfin c’est ce que la personne croit), assez désinhibé pour flirter aussi, malheureusement, il est très dur de sortir cette personne de la boîte de nuit. Elle a envie de continuer jusqu’au bout de la nuit. Sortir ? Déjà ? Hors de question !

Eh bien… Cette fois là, j’étais en plein dans cette vibe quand la femme qui nous hébergeait nous déclara que c’était le moment de partir. Elle avait des choses à faire.

Bien sur, je refuse, je suis dans mon truc, j’y reste jusqu’à l’aube !

C’était sans compter sur notre chauffeur et notre amie logeuse, qui avec mains efforts m’on traînés jusqu’à la voiture avec mon camarade de beuverie.

Dans la voiture, je commence à me plaindre, sérieusement, si c’était pour rentrer à 2h30 du matin, c’était pas la peine de nous héberger ni de nous amener. J’aurai pu rester chez moi à bouquiner. Et puis de toute façon, vous êtes plus comme avant. Et puis-

Je m’arrête dans mon monologue de soûlard avec une superbe idée en tête, faire arrêter la voiture et m’enfuir.

« – Hey l’ami, faut que tu t’arrête je vais gerber »

Le SAM arrête la voiture dans un petit chemin champêtre menant nul ne sait où. Je sors avec mon complice de beuverie et lui dit avec le ton qu’on les gens bourrés quand ils parlent :

« – Mec, ils me cassent les couilles sévère !

– Ouai moi aussi.

– J’m’en fou, j’ai pas b’soin d’eux pour me ramener !

– Mec, le village doit être encore à… genre… 11, 12 km !

– Par les champs mecs, j’vais rentrer par les champs !

– Arrête tes conneries ! T’es bourré tu sais pas c’que tu fais ! »

Trop tard, je passe à travers la haie d’un champ, tant bien quel mal, racines, ronces et fils barbelés ne m’ont pas arrêté. Quand on est saoul, on ne sens rien à par le lendemain… J’entends mon collègue gueuler à notre SAM :

« – Putain les gars ils se cassent par les champs ! »

SAM m’interpella :

« – Putain Jaskiers ! REVIENS ! J’te préviens si tu reviens pas je te défonce ! »

C’est exactement ce qu’il ne faut pas dire à un mec bourré. Ne provoquez pas un mec saoul pour essayer de le ramener à la raison. Ça a en faite l’effet inverse… J’ai pris ces paroles comme un défi.

« – Bah viens puceau ! Viens me chercher alors ! »

J’étais déjà loin, je ne sais pas si il m’a entendu, dans tous les cas, je marchais dans la terre humide d’un champ dans une direction complètement aléatoire. « J’l’ai emmerde ! » pensais-je tout en passant encore à travers une autre haie de ronce et de barbelé.

Je ne me souviens pas combien de temps je suis rester à marcher dans les champs. Il faisait littéralement nuit noir ! Les étoiles étaient cachés par des nuages, et je commençais vite fais à dessoûler au fur et à mesure de ma petite escapade.

Puis viens la sacro-sainte question de tous les personnes qui dessoûle : POURQUOI J’AI FAIS ÇA ?

Dieu merci, j’avais mon téléphone. J’essayas d’appeler mon camarade de beuverie, je tomba directement sur la messagerie. Il fallait que je ravale ma fierté. Il me fallait appeler mon SAM à la rescousse. Ce que je fis.

« – Jaskiers putain t’es où ?

– Je sais pas ce qui m’as pris putain j’suis désolé ! J’suis dans un champ, vers une haie, il y a trop de boue pour que je puisse passer. Je dois pas être loin de la route j’entends des voitures !

– Ok on va klaxonner et faire des appels de phares et dis nous si tu entends.

– Je crois vaguement entendre un klaxon mais pas de phare.

– Essaie de te rapprocher de la route et je vais rouler, si ça se trouve t’a pas trop dévier de la route. »

C’est ce que je fis, tant bien que mal, chaque pas m’enfonçant dans la boue jusqu’à la cheville.

« – Je suis au bord de la route, je vous attends. »

Tout en restant au téléphone et avec mon SAM qui utilisait son klaxon et ses phares, je vis enfin mon carrosse arriver !

« – C’est bon je vous vois ! »

Mon SAM bienfaisant s’arrêta, m’aida a traverser le fossé qu’il y a au bord de chaque route de campagne en France.

« – Ou est mon camarade de beuverie ?

– il t’a suivis, ont pensé qu’il était avec toi !

– Je ne l’ai pas vu, et son téléphone donne directement sur son répondeur ! »

Nous voilà terriblement paniqués. Je m’imagine les pires scénarios. Il était bourré, comme moi, il s’est noyé dans la boue, il est tombé dans un fossé et s’est brisé la nuque !

Avec panique et précipitation, nous refaisons tant bien que mal le chemin inverse, l’aube commence à ce pointer. Nous crions son prénom, marchons, encore, dans la boue et à travers les ronces.

Un fermier se pointe. Je le vois arriver. Je constate qu’il n’a pas sorti le fusil, c’est déjà ça. Il nous interpelle, nous demande ce que nous faisons ici à cette heure à crier comme des perdus. Nous lui expliquons la situation. Il nous dit qu’il n’a rien vu. Qu’il faut qu’on parte. Ce que nous faisons avec une énorme appréhension. Peut-être le retrouverons nous sur la route…

Bien sur, personne sur la route. Arrivé dans la rue de ma maison, je vois la voiture de mon collègue de beuverie. Il était chez moi !

« – Hey merde compagnon de beuverie ! Ça fais 2 heures qu’on te cherche dans les champs !

– Bah bravo ! Je t’ai suivis mais dans le noir je t’ai perdu ! J’ai continué mon chemin jusqu’au premier village que j’ai trouvé, je suis rentré dans une boulangerie tout crotté et j’ai demandé le téléphone pour que mon père vienne me chercher, car devine quoi, mon téléphone ne marche plus ! Mon père m’as ramené, je lui ai expliqué ce qui c’était passé et on a décidé de venir voir ton père pour l’avertir. »

Après une explication plus ou moins confuse donnée à mon père, nous décidâmes de descendre au bar du village pour nous détendre et refaire la soirée. Avec de l’eau bien sur…

Merci d’avoir lu jusqu’ici mon aventure de beuverie. Jamais quelque chose comme ça ne s’est répété, d’ailleurs depuis ce jour, je fais très attention à l’alcool.

Jaskiers