
« – Je suis là cobaye ! Pas besoin de me chercher ! Papa vient à toi ! »
Il tira une nouvelle fois, j’avais anticipé le coup avec mes réflexes aiguisés à l’extrême. Les mouvements de son index appuyant sur la détente se firent au ralenti. Mais moi, je ne l’étais pas, au ralenti. J’esquivais la balle qui continua doucement son trajet rectiligne en direction du vieil homme. Tout redevint à vitesse normale d’un coup seul coup, me laissant le temps de faire un bond en avant. Je pris la main du doc’ qui tenait le revolver, la tourna à 360 degrés. Ses os craquèrent dans ma main. Je lui tendis le bras gauche avec ma main gauche et assenas un coup du plat de la main droite sur son coude qui émit un son de bouteille en plastique piétinée. Son bras était brisé.
Je le pris par les cheveux et le projetais dans la chambre. Le pauvre vieux qui avait assisté à tout cela avait été touché à l’abdomen par la balle du docteur que j’avais esquivé. En état de choc, il regardait sa blessure et sa main ensanglantée avec laquelle il essayait d’arrêter l’hémorragie.
Je donna une violente claque à ce vieillard, sa tête percuta le sol sur le sol carrelé. Je ne crois pas l’avoir tué, juste l’avoir assommé, il ne m’avait rien fait, mais qui sait ce qu’il aurait pu faire ? Le docteur l’avait tué après tout, je n’avais fais qu’abrégé son agonie.
J’allais maintenant régler mes comptes avec le docteur, dont le bras gauche au coude fracassé et la main droite broyée n’avaient pas l’air de le faire souffrir.
« – Wow ! Gamin ! J’avais pas prévu ça !
- Ah non ? Est qu’aviez-vous prévu ?
- C’était secret…
- Hey bien ça ne le sera plus !
- Écoute-moi ! Arrête ça. Tu as tué John, tu es un tueur ! Tu n’as pas assez de sagesse pour avoir une telle force…
- Allons ! Vous me parlez de sagesse ? Était-ce sage de m’injecter cette… chose ?
- Je ne savais pas que ça allait prendre une telle ampleur !
- Qu’aviez-vous en tête exactement ? C’était quoi ces expériences ?
- C’est militaire ! On… voulait créer… une… substance qui permettrait à un soldat tombé à la mer, marinier ou pilote, de ne pas se noyer…
- Ça a marché !
- Oui mais peut-être… trop !
- Je n’ai pas vraiment à m’en plaindre…
- Qu’est-ce que vous êtes… devenus exactement mon garçon ?
- Je ne suis pas votre garçon, ni votre cobaye. Mais depuis l’expérience, mes sens sont comme décuplés, mes réflexes sont aiguisées, ma force physique est incroyable, ma condition physique en elle-même est impressionnante. Ma mémoire, mon intelligence sont passées à un niveau de capacités incroyablement performantes. Je suis passé d’étudiant fauché à sur-homme grâce à votre expérience docteur !
- Je vois ça… j’ai mal géré la dose… mon projet… c’était de le tester sur vous et d’améliorer la drogue. Vous avez beaucoup souffert pendant l’expérience et cela, même si la vie du soldat est sauvée, n’est pas une bonne chose. Il faut qu’il soit sauvé et puisse reprendre le service le plus rapidement possible, sans séquelle.
- Vous avez l’air tellement déçus docteur ! Mais vous aviez raison, vous avez créé une révolution. J’ai été le spectateur et l’acteur d’une révolution qui va bouleverser le monde entier ! Vous auriez pu devenir encore plus riche… quoique si nous devenions tous des super-humains, le monde s’écroulerait en quelques jours !
- Mais je peux peut-être arrêter ça. Vous ne voulez pas rester dans cet état de… super-humain comme vous dites, toute votre vie ?
- Je n’ai pas vraiment à m’en plaindre. J’ai cassé pas mal de chose sans le vouloir, je dois apprendre à contrôler ma force. Non, je ne veux pas changer.
- Mais… vous réalisez que cela pourra durer jusqu’à votre mort ? Vous… ce n’est pas une vie ! C’est le mythe de Midas en quelque sorte !
- Des mythes gréco-romains ! Belle analogie ! Je suis plutôt Hercule, je pense.
- Je peux vous rendre normal à nouveau !
- Si vous le pouviez, vous l’auriez fait tout de suite après l’expérience. La vérité, c’est que vous n’avez aucune idée de comment faire marche arrière.
- Laissez-moi un peu de temps !
- Mais je ne veux pas redevenir comme avant !
- Vous êtes devenus un tueur !
- Je me suis défendu !
- Vous auriez pu facilement mettre ce pauvre John hors d’état de nuire sans le tuer !
- Effectivement… mais je ne contrôle pas vraiment ma force comme je vous l’ai déjà répété.
- Arrêtons cette folie, tous les deux !
- Et que feriez-vous après ? Vous continuerez vos expériences et ferez souffrir d’autres cobayes et vous ferez de ce monde un champ de bataille !
- Faites ce que vous avez à faire, dites-moi comment vous voulez que tout cela finisse ! Me tuer ne vous apportera rien. Vous savez que l’organisation vous traquera sans relâche
- Je le sais, et je les attends. Je suis tellement pressé de m’occuper d’eux, c’est… euphorisant d’utiliser mes incroyables capacités ! Quand à vous, je vais régler notre différent une bonne fois pour toute ! »
Je ramassai son pistolet, j’appuyais le canon sur la tempe du docteur :
« – Un savant fou se suicide après avoir tué son homme de main et un vieux… je ne sais pas vraiment qui il était mais c’est vous qui l’avez condamné. Meurtres suicide, c’est ce qui ressortira de ce carnage, tout simplement !
- Pit… »
Le coup de feu était partie, sa cervelle dégoulinait sur le mur blanc immaculé.
Je ne pris même pas le temps de regarder les derniers soubresauts de son corps. Je sortis de la salle, découvris après quelques minutes de recherches la salle de surveillance, effaça les enregistrements et brûla les disques durs.
Je sortis du bâtiment, j’allais continuer ma vie comme avant ou presque, car maintenant, j’avais des capacités surhumaines… et confiance en moi. Terriblement confiance en moi.
(A suivre ?)
Jaskiers