Merci pour votre service ! – Partie 2/3

« – Au fait, vous êtes gradé ? Sous-off’ ou trou fion ?

  • Sergent.
  • Pas mal le petit gars ! Vous êtes jeune et déjà une huile !
  • Quand vous sortez de l’école avec le bac, vous pouvez entrer comme officier.
  • Ah oui mais vous avez dû faire pas mal de terrain !
  • J’ai été sur le terrain évidemment. Autant que mes camarades.
  • Et on nous parle jamais de l’armée aux infos, à part le 14 juillet. On oublie qu’on a des jeunots qui se battent !
  • Le manque d’information, c’est normal. La population n’a pas besoin d’être au courant des guerres en cours. Question d’image et avec ça, plus de latitudes grâce au silence. Les reporters de guerre au plus près des soldats, ça s’est arrêté au Vietnam. Le peuple ne doit surtout pas voir des soldats français se battre tous les jours à la télé.
  • C’est vrai qu’on sait pas vraiment où nos gars se battent ! Oui, c’est curieux.
  • Il y a aussi des femmes vous savez.
  • Ça doit amener son lot de désagrément.
  • Pas du tout. Elles se battent comme les hommes, s’entraînent pareil.
  • Non mais ça d’accord. J’voulais dire par là… des jeunes gens en pleine forme avec des jeunes femmes, bah forcément, il doit y avoir des histoires de coucheries !
  • Non.
  • Étonnant.
  • Il y a beaucoup de gradés femmes qui commandent des hommes.
  • Et ça ne pose pas de problème ?
  • Non.
  • Hey bien mon garçon, c’est sacrément étonnant de voir à quel point l’armée a changé ! »

Je pensais avoir évité la discussion sur les sujets délicats, sujets que je n’ai pas forcément envie de parler. Mais non.

« – Vous avez été où ? Afghanistan truc comme ça ?

  • Oui, entre autres.
  • Y’a quoi d’autre… vous n’avez pas que fait l’Afghanistan ?
  • Non.
  • Je vois pas d’autre conflit auquel la force participe.
  • Il y a l’opération Barkhane au Mali.
  • Qu’est-ce qu’ils foutent là-bas ? Une guerre civile ?
  • Terroristes. Et ça peut tourner à la guerre civile.
  • Évidemment maintenant… c’est le terroriste. À notre époque, on nous disait que l’ennemi c’étaient les Russes.
  • C’était encore l’époque du mur de Berlin, du rideau de fer.
  • C’était une autre époque.
  • Mais les problèmes avec les Russes ne sont jamais trop loin. Voyez l’élection de Trump.
  • Ah ! Un sacré moustique celui-là ! »

Je me demandais s’il allait encore rester là longtemps. Il était chirurgien, il avait sûrement d’autres chats à fouetter. Ou à opérer. Non, ça c’est les vétos.

« – Bon, je vous laisse ! Mesdames, pas d’inquiétude, tout va bien se passer demain matin. Il n’y a aucune raison pour que les choses tournent mal. Et vous soldat, merci pour votre service ! 

  • Merci docteur, tu verras ma chérie demain ça se passera comme prévu.
  • Au revoir docteur. »

C’étaient mes dernières paroles, un au revoir courtois, mais j’avais envie de lui dire que je me fichais pas mal de ses remerciements pour mon service.

Car j’allai quitter l’armée. Il ne me restait plus que quelques mois à finir. Je ne pouvais plus supporter la vie de soldat. Mais je savais que ce qui m’attendait, la vie civile, qui serait une nouvelle épreuve. Une qui réserve ses lots de souffrances. Mais les vétérans, en France, tout le monde s’en fichent…

Jaskiers

Publicité

Bienvenue à la cure de Rien – Partie 4

-> Partie 3 : https://jaskiers.wordpress.com/2022/06/27/bienvenue-a-la-cure-de-rien-partie-2/ <-

J’essayais de me débattre autant que je le pouvais avec l’énergie du désespoir. Je criais, j’étais épuisé, dégoûté.

Je n’avais déjà plus de force après toutes ces émotions et le voyage. Mon corps ne répondait plus, l’adrénaline s’était dissipée, j’étais résigné, j’avais été pris au piège.

On me saisissait par les bras et les jambes.

« – Ne me tuez pas par pitié ! J’admets tout ! Laissez-moi rentrer chez moi et retourner travailler ! »

Mais on ne me répondit pas. J’étais porté par deux personnes, j’entendais une troisième dicter des ordres.

« – Tenez le bien, parfois ils regagnent un surplus d’énergie, celui du désespoir !

  • Très bien.
  • On l’emmène comme d’habitude chef ?
  • Comme d’habitude. Chez la patronne. »

J’entendis un grincement lourd et sinistre, sûrement celui de la barrière métallique que j’avais vu en arrivant, du moins, je pensais que c’était cette grille par laquelle on me portait vers un supplice certain. Je pensais encore une fois aux mots de Selena Brown, je m’étais fourré dans la gueule du loup.

J’entendais le bruit des pas de mes bourreaux qui me portaient je ne sais où.

Un bruit de porte lourde, des bruits de pas qui raisonnent, des voix, mais le sac bien serré autour de ma tête m’empêchait d’entendre clairement ce qu’elles disaient.

Je sentais les virages que prenaient mes kidnappeurs, parfois on me tournait sur la gauche ou la droite.

Puis, un énième bruit de porte automatique qui s’ouvre, puis se referme et cette sensation de monter, j’étais dans un ascenseur.

Les portes se rouvrirent, mes bourreaux continuèrent leur marche.

« – Encore un nouveau ?

  • Y’en a de plus en plus !
  • Ça vous fait les bras !
  • Et ça nous casse les c…
  • Elle est là la patronne ?
  • Oui, on a été prévenu de l’arrivée du nouveau !
  • Bon, bah ouvre nous !
  • Oh ça va ! On peut même pas faire la causette avec les collègues !
  • Il est lourd le monsieur là !
  • Ça va ! Je la préviens. Docteur Proust, le nouveau est arrivé. »

Une voix électronique lui répondit :

« – Faites le entrer Natacha ! »

Le bruit d’une lourde porte fit vibrer mes tympans. Puis, après avoir été transporté, on me posa sur une chaise.

Une voix de femme dit :

« – Merci messieurs ! Vous pouvez nous laissez. »

Les bruits de pas s’éloignaient puis la voix de femme me parla :

« – Monsieur Gaspard Dincy ! Heureuse de vous rencontrer ! Enfin…

  • Ce n’est pas ce que vous croyez.
  • Comment cela ?
  • J’ai fait une erreur !
  • Ah bon ? Et quelle erreur ?
  • J’ai abandonné mon travail ! »

Je sentis la cagoule se soulever d’un geste sec. Une femme, Noire aux yeux verts portant une blouse et des talons se tenait devant moi.

« – Je suis le docteur Proust.

  • Ah… c’est vous !
  • Oui !
  • Je pensais pas que…
  • Que quoi ? Que le docteur était une femme ? Une femme Noire en plus de ça ?
  • Non… enfin… les gens qui m’ont emmené… Ils me parlaient de vous comme si vous étiez un homme.
  • Ils essaient de brouiller les pistes jusqu’aux moindres détails.
  • Mais je suis dans le pétrin non ?
  • Tout dépend de qui vous êtes.
  • Je m’appelle Gaspard Dincy, 40 ans et je suis employé à l’Electric National Company.
  • Vous m’en direz tant ! Où habité vous ?
  • Salt Lake City.
  • Votre date de naissance ?
  • 20 juin 2022.
  • Hmmm… patientez quelque minutes s’il vous plaît. Ah ! Mais de toute façon vous n’avez pas le choix, vous êtes ici fait comme un rat ! Et puis, on ne vous appelle pas patient pour rien ! »

Elle s’installa derrière son bureau, tapa sur le clavier de son ordinateur et pendant deux minutes, ses yeux restèrent fixés sur l’écran.

« – Voyez-vous vous ça ! Monsieur Dincy ! Vous êtes un vrai tire-au-flanc n’est-ce pas ?

  • Je… j’ai contacté l’institut pour la cure de Rien car je pensais avoir besoin de…
  • Tirer au flanc !
  • Non ! J’étais épuisé ! Épuisé !
  • Vous ne l’êtes plus ?
  • Si… si et encore plus maintenant que je réalise ma faute !
  • Quelle faute ?
  • J’aurai dû rester travailler, travailler apporte tous les bienfaits dont nous avons besoin…
  • « Nous » ?
  • Que voulez-vous dire ?
  • Que signifie ce « nous » ?
  • Les citoyens…
  • D’accord… Vous voyez une annonce dans le journal qui vous promet monts et merveilles et vous appelez ? N’était-ce pas un peu trop beau pour être vrai ?
  • Je ne sais pas ce qui m’a pris ! J’avais… j’ai été attiré, c’était… comme si on parlait à quelque chose d’enfoui en moi et…
  • Enfoui en vous ? Mais que dites-vous ?!
  • Je n’en sais rien… je veux retourner au travail et si je passe en jugement pour manquement au devoir du citoyen, je plaide coupable.
  • Aviez-vous exercé d’autres métiers avant ?
  • Non, j’ai toujours travaillé dans la même entreprise.
  • Ça doit être sacrément chiant ! Je vois dans votre dossier citoyen que vous étiez assistant d’expert-comptable polyvalent. Je ne sais pas vraiment ce que ça veut dire mais je suis persuadé que c’était un boulot ennuyeux, abrutissant et mal payé.
  • Non… j’étais heureux de mon travail. Je réalise à quel point j’ai été ingrat envers notre gouvernement et je demande une deuxième chance. Je m’inscrirai comme bénévole au parti de l’Unique. Pitié…
  • Hey bien ! Vous en avez des projets pour l’avenir ! Mais une chose me chiffonne. »

Elle se releva, se posta devant moi et me fixa de ses beaux yeux verts.

« – De quelle unité faites-vous partie cher monsieur Dincy ?

  • Unité ?
  • Vous êtes sourd ? C’est pour ça que vous êtes venus ici ?!
  • Non !
  • Votre unité agent !
  • Je ne suis pas un agent du Gouvernement Unique !
  • Un citoyen modèle, sans problème, aucun blâme… pourquoi risquer une telle position, plutôt confortable pour venir ici ? Vous ne faisiez pas d’effort physique… Votre dossier citoyen ressemble à un dossier monté de toute pièce !
  • Rien n’est monté de toute pièce !
  • Vous êtes vraiment un bon citoyen ! Mais que venez-vous faire ici ?
  • Je vous ai dit que…
  • C’est qu’il s’énerve en plus !
  • Pardonnez-moi, mais je ne sais pas comment vous prouvez que je ne suis pas un agent !
  • Peut-être que moi, j’en suis une ! Que diriez-vous de ça ? Vous en avez entendu parler des Déviants et de la chasse menée contre eux par le Gouvernement n’est-ce pas ? Le présumé attentat commis par des Déviants à Atlanta, vous en avez entendu parler aussi ?
  • Ou…oui.
  • Évidemment… saviez-vous que le Gouvernement Unique avait empoissonné l’eau courante d’Atlanta avec je ne sais quel produit toxique qui tournaient ces pauvres gens en mangeur d’oiseaux… le saviez-vous, monsieur l’agent, que le Gouvernement était derrière tout ça ? Ce n’était pas les Déviants… vous le saviez, bien évidement…
  • Je ne…
  • Suis pas un agent, oui je sais. Peut-être êtes-vous dans un black site, nom de code, pas très discret, utilisé par le gouvernement pour torturer les Déviants liés à des groupuscules terroristes anti-Unitaire.
  • Je ne sais pas quoi vous dire… Je ne vous comprends plus !
  • Moi je vais vous dire ce que je sais. La chaise sur laquelle vous vous tenez contient des capteurs intégrés, permettant d’enregistrer votre pou, vos constantes et tutti quanti. C’était utilisé durant la guerre Unique. J’en ai récupéré une, ne me demandez pas comment. Enfin, tout les résultats sont sur mon ordinateur. Je vais y jetez un coup d’œil et nous aviserons pour la suite ! »

Elle s’asseyait une nouvelle fois à son bureau, je fixai son visage. C’était comme être arrêté par la police même si vous n’aviez rien fait, quelque chose pouvait être mal interprété et votre vie changeait pour toujours. Intérieurement, j’espérai que ces capteurs n’étaient pas défectueux, rendant ainsi les chiffres faux et me mettant dans un pétrin dont je ne supporterai pas de voir la fin.

Je scrutais ses yeux verts émeraudes, sa tête était posée sur son poing, utilisant l’index de la main gauche pour faire descendre les informations sur l’écran tactile de son ordinateur.

Le temps me paraissait long, j’étais au bout de mes forces, seul mon cœur, qui battait depuis un quart d’heure à cent à l’heure était la seule chose qui semblait encore pouvoir supporter cette interrogatoire.

Elle leva les yeux sur moi, appuya sur une touche de son ordinateur et dit :

« – Faites entrez les agents de sécurité. »

Je baissais la tête, mon cœur fit un dernier grand bond dans ma poitrine, même lui avait fini par capituler.

J’entendis une porte automatique s’ouvrir derrière moi.

« – S’en est bien un, messieurs. Protocole habituel.

  • Bien m’dame »

Je sentis une main se poser fermement sur mon épaule droite et une aiguille me rentrer dans la nuque et puis plus rien.

Jaskiers

Bienvenue à la cure de Rien – Partie 3

— > Partie 1 : https://jaskiers.wordpress.com/2022/06/05/bienvenue-a-la-cure-de-rien/

— > Partie 2 :

Avant de lire cette nouvelle partie, si vous appréciez la série, remerciez Ariane en visitant son blog ! Merci pour ton soutien !

Être embarqué, enfin accueilli, par des hommes en blouses blanches d’infirmiers, quel effet ça fait ?

J’ai été surpris. Et j’ai eu peur. Je me rappelais ce que m’avais dit ma compagne de voyage, Selena Brown, « c’est un piège. »

Un prit mon sac l’autre me prit par le bras comme si j’étais un vieillard.

« – Excusez-moi mais vous pouvez me dire ce qu’il se passe ?

  • Gaspard Dincy, c’est bien vous ?
  • Oui… non… enfin peut-être.
  • N’ayez pas peur, vous êtes bien venu dans le Vermont pour une cure de Rien ?
  • Peut-être… mais je commence à regretter mon choix…
  • Ne vous inquiétez pas ! Vous êtes entre de bonnes mains. »

Il m’amena à l’écart de la foule de voyageur qui emplissait l’aéroport et ses alentours.

« – Écoutez, je comprends que, là, maintenant, vous avez peur. Mais nous ne sommes pas là pour vous punir ou quoique ce soit.

  • Ce n’est pas très discret et un peu brusque de venir me récupérer à l’aéroport avec votre blouse d’infirmier !
  • Justement. Vous pensez que le gouvernement allait vous laissait partir sans rien faire ? Rien ne leur échappent à ceux-là. Venir vous chercher en blouse ajoute une dose de… réalisme à votre… fuite. Nous avons de l’expérience, vous n’êtes pas le premier divergent que nous accueillons.
  • Attendez… divergent ?
  • Oui, je vais vous faire un dessin si vous voulez !
  • Non ça va, donc, je suis un divergent, je me considérais plus comme un tire-au-flanc… car je refuse de travailler et d’être un robot docile et obéissant toute ma vie… mais disons que je suis un divergent, ça sonne… très… dystopique.
  • Exactement ! Mais vous avez aussi besoin de repos, de soin et une sorte de rééducation. Vivre avec des robots, comme un robot, comme vous le dites si bien, vous a fait oublier votre humanité. Il faut… le cerveau est malléable, la « plastique « du cerveau se modifie, durant notre vie et suivant les circonstances, les habitudes et tutti quanti. Il faut, en quelque sorte vous… reprogrammer.
  • D’accord… mais ils nous voient là… le gouvernement ?
  • Je ne peux pas vous les pointer du doigt, niveau discrétion, nous ne serions pas au niveau, mais oui. Maintenant, prenez mon bras, faites votre mine la plus abattue possible, pleurez même, si vous le pouvez. Offrons-leur un spectacle ! »

Je suivis les conseils de l’infirmier. J’avançais à ses côtés en regardant mes pieds et en faisant des moues pitoyables.

Nous arrivâmes devant une belle berline allemande, un chauffeur, celui qui s’était occupé de mon sac, nous y attendez. L’infirmier me fit entrer dans la voiture comme si j’étais un vieillard.

« – Mes affaires !

  • Ils sont dans l’coffre m’sieur, pas d’inquiétude ! Me dit le chauffeur.
  • Ah… dites, vous faites parties de la thérapie vous aussi ?
  • Tous ceux que vous verrez dorénavant font partie de la thérapie. Me répondit le premier infirmier, un jeune Noir avec les yeux rieur et un sourire rayonnant.
  • Donc, nous partons directement à la…
  • Clinique Proust !
  • Proust ! Ce nom dit quelque chose…
  • Sans doute. C’est le professeur Swanky qui l’a appelée ainsi.
  • Ce Swanky c’est…
  • La personne qui a tout organisé.
  • D’accord… et il a décidé, un jour, de devenir déviant et a utilisé sa réputation et ses diplômes pour nous venir en aide, je me trompe ?
  • Oui et non… c’est un peu plus compliqué. Vous verrez la différence après avoir passé une semaine à la clinique. Aujourd’hui, toutes ces questions, ces angoisses, cette peur, elle vient de l’endoctrinement que vous avez subis depuis tout petit. Vous paniquez, votre cerveau envoie des signaux d’alarmes, genre : ‘quelques choses ne va pas du tout’, c’est ce qu’il pense et, bousculé hors de sa zone de confort, il cherche des réponses, des moyens de compenser, de contourner le stress. Vous verrez. C’est étonnant de revivre !
  • Et effrayant !
  • Effectivement. Votre peur est légitime et nous la comprenons. Vous êtes sur la voie de la rédemption. Vous agirez contre la société, enfin, indirectement, en soignant votre âme aliénée. C’est pour cela que le Gouvernement lâche ses pions contre nous. Tout ira pour le mieux maintenant. Je m’appelle Micah Arthur et le chauffeur, Dave Grown.
  • S’lut m’sieur.
  • Enchanté monsieur Grown.
  • De même l’ami ! Vous inquiétez pas, et l’air de la montagne, ça va vous aérer l’esprit ! Rien de mieux ! »

Toujours aussi tendu, je laissais mes nombreuses autres questions de côtés et me laisser aller, bercer par le léger bruit du moteur de la voiture et des virages.

Je regardais à travers la vitre, j’avais oublié le monde. Depuis trop longtemps, je n’avais pas eu la présence d’esprit de regarder les environs, les bâtiments, le soleil, la nature, les oiseaux. J’étais hypnotisé par la routine et le travail depuis si longtemps. Ç’eût été un luxe et une hérésie que de me laisser aller à me promener autre part que dans le petit parc de ma ville le week-end. Instinctivement, j’ai réalisé que j’allais dans ce parc car mon corps et mon esprit avait besoin d’une connections avec le monde naturel.

Dans cette voiture, ma rééducation commença, par moi-même, je regardais le décor du Vermont, ses immenses forêts de pin, ces montagnes légèrement enneigées qui me donnèrent l’impression d’être des colosses, inamovibles, qui vivaient leur vie sans craindre de la perdre car bien trop immense pour l’Homme à dompter.

« – À votre arrivée, Mr. Grown ira mettre vos affaires dans votre chambre. Avant que je vous y amène, je vous ferai rencontrer le docteur, ou professeur, le patron se fiche de comment vous le nommerez. C’est la procédure habituelle. Juste un gage de bienvenue.

  • D’accord… et le fonctionnement de la clinique, les heures de repas et tout ça, quand est-ce que je saurai…
  • Ne vous inquiétez pas ! Nous ne sommes pas pressés ! Après votre entretien, soit vous décidez de vous reposer et nous vous informerons de tout cela à votre réveil, ou je pourrai vous faire visiter et vous informez des horaires directement après l’entretien. Comme vous le sentez.
  • Il y a quelque chose qui me chiffonne…
  • Dites !
  • Vous… travaillez… enfin je veux dire, vous êtes salarié, infirmier. Est-ce que… enfin vous comprenez. C’est bizarre, une clinique pour les déviants, qui sont juste des personnes ayant décidé de vivre sans être prisonnier du travail débilitant et vous… travaillez. Vous n’êtes pas déviant. Je présume que vous gagnez votre vie… N’est-ce pas un peu… ambiguë comme situation ?
  • Votre réflexion est pertinente, sauf que contrairement à vous, et à l’immense majorité de la population, j’ai eu le choix de choisir ce que je voulais faire de ma vie, comme travail, je veux dire. Je me suis engagé à aider les gens à revivre. J’ai eu la chance d’être né riche, disons-le clairement. Et avec l’argent viens le pouvoir. Je veux utiliser ce pouvoir pour libérer les gens de cette enclave.
  • Et monsieur Grown ? Vous aussi ?
  • Tout pareil ! Enfin presque, tous les gens qui travaillent à la clinique sont issus de familles aisées. Et dernièrement, d’anciens patients sont devenus des aides-soignants à la clinique !
  • Encore une question… si je ne vous ennuie pas.
  • Non ! Allez-y !
  • Quand je serai guéri, enfin, reprogrammé… ou déprogrammé…
  • Déprogrammé pour vous reprogrammer vous-même, mais le docteur vous en parlera peut-être durant l’entretien. Désolé de vous avoir coupé, continuez.
  • Donc quand je serai reprogrammé, qu’est-ce qui va m’arriver ? Vous allez me relâcher dans la nature, me trouver un autre job ?
  • Que souhaitez-vous réellement pouvoir ressortir de cette cure ?
  • Me soigner…
  • Pensez d’abord à vous soigner ! La suite viendra d’elle-même, nous sommes assez organisés et puissant pour vous aider dans votre nouvelle vie. »

Je me tus, inutile de m’inquiéter, j’étais entre de bonnes mains.

Nous prîmes des chemins tortueux à quelques kilomètres après avoir quitté la ville. Les routes étaient en terre, les sillons sur la terre et l’herbe prouvaient que ces routes étaient souvent empruntées, mais sans une connaissance parfaite du trajet, les routes se croisaient et s’entre croisaient, oscillants entre forêt de pins, champs et grandes prairies sauvages, il aurait été impossible pour un néophyte de trouver la bonne route. Je présumais, et le futur me donna raison, que les employés de la clinique Proust prenaient à chaque fois des routes différentes pour que l’une ne soit pas plus marquée que l’autre, ce qui aurait pu amener les autorités à trouver le chemin en suivant une route plus marquée.

Je redécouvris les grandes plaines, avec ses herbes hautes, ses grandes fleurs colorées dont je ne connaissais pas le nom, jamais depuis mon enfance, je n’eus l’opportunité de regarder des fleurs sauvages, d’en apprendre les senteurs et textures. Les montagnes étaient magiques, pour moi, elles semblaient si loin mais en même temps si proches ! Entre les arbres, je pouvais parfois voir un ou des lacs. Les champs de blés, des prés où des vaches broutaient paisiblement et d’immenses parterres de vignes me donnaient des rêves de vagabonds. Le vent projetant son souffle sur toutes cette nature et elle semblait les faire danser. Je n’avais jamais vu la mer, je pensais que j’avais un avant-goût de ce que je ressentirai le jour où je verrai la mer pour la première fois. De l’eau à perte de vue !

Et les arbres immenses et touffus qui se penchaient, comme si ils nous accueillaient dans leur demeure ancestrale.

L’odeur de pin s’était infiltré dans la voiture. Je ne sentais plus la pollution de la ville, les gaz d’échappements, les fumées des usines et autres joyeusetés odorantes des villes.

Et puis, ce calme ! Le léger bruit de moteur de la voiture, c’était tout ce que j’entendais. J’en fus même anxieux. Quand on est habitué au bruit, le silence semble ourdir de sinistres projets.

Mon entité physique et psychique entraient dans une sorte de nouvelle dimension. L’anxiété était la réponse à cette nouveauté. Depuis tout petit, j’avais été privé de cette vie, de ces expériences qui nous rendent humains sans que nous nous en rendions compte.

Grimper à un arbre, se faufiler dans les hautes herbes, cueillir des fleurs, entendre les oiseaux et les animaux ! La ville moderne était une jungle humaine, pas d’animaux. Les animaux de compagnies étaient interdits, car ils risquaient nous distraire dans notre travail.

Maintenant, j’avais rejoint la vraie vie, celle que l’on pouvait sentir, toucher, humer et admirer.

Mais cela, cette nouvelle expérience vers laquelle je me dirigeais avait gardé pour elle une dernière surprise. Une mauvaise.

Nous arrivions dans une route bordée des deux côtés par des pins plantés symétriquement des deux côtés de la route. Une grande barrière au milieu d’un très haut mur, peint en vert pâle, se dessinait à quelques mètres devant nous et barrait la route.

« – Nous voilà arrivé Gaspard ! Me dit Grown.

  • Enfin !
  • Nous avons des protocoles de sécurités, un consiste à prendre plusieurs détours sur ces routes pour semer de potentiels agents gouvernementaux trop curieux.
  • Il pourrait vous suivre mais peut-être pas revenir !
  • Aucun doute que ce soit déjà arrivé. Nous avons secouru quelque uns de ces agents perdus.
  • Secourus ?
  • Disons… internés de force !
  • Ou butés !
  • Monsieur Grown, n’importe quoi !
  • C’est vrai ?
  • Non ! Jamais le docteur Swanky n’accepterait de tuer impunément.
  • Impunément… ils sont quand même venus fouiner là où ils ne devaient pas. Je m’en serais bien occupé de ces cafards.
  • Assez Grown.
  • Et… vous les avez soignés ?
  • On a essayé, la grosse majorité, on parle d’une dizaine d’agents, ont été déprogrammé. Ils vivent et travaillent avec nous. Ils nous apportent des informations sur la manière de fonctionner du Gouvernement et ce qu’ils possèdent contre nous. Certains sont devenus des agents infiltrés.
  • Et les autres ?
  • Hey bien… ils restent dans leur chambre jusqu’à ce qu’ils daignent nous parler. Ils ont pour ordre de ne pas parler et, au mieux, de se suicider en cas de capture. »

Je restais coi au sort réservé à ces agents du gouvernement, et pour être franc, je n’avais rien à faire que certains d’entre eux ait, peut-être, été tué. J’avais une haine tenace de cette société dans laquelle ils nous forçaient à obéir.

Les policiers, agents du gouvernement les plus présents dans notre vie quotidienne, après nos supérieurs hiérarchiques au travail, n’hésitaient pas à tuer pour la moindre raison, et jamais leur meurtre n’étaient remit en cause. Ils avaient tous les droits. Si vous vous faisiez arrêter, le mieux était de lever les mains en l’air, de baisser la tête et de dire oui à chaque question que l’agent vous posez. Même si vous n’aviez rien fait. Mieux valait obéir et ne pas essayer de défendre sa cause ou crier à l’injustice.

Je pourrai vous parler des prisons, mais les choses qui se passaient là-bas n’étaient qu’une répétition de ce que le vingtième siècle a fait de pire en matière d’horreur.

La voiture s’arrêta, les portières s’ouvrirent, sauf la mienne. Mes compagnons avaient disparu. Paniqué, je regardais autour de moi, une des vitres à côté de moi éclata en morceau et je sentis des mains m’agripper violemment. Saisi à la gorge, me débattant, on força un sac en toile de jute noir sur mon visage. Je ne voyais plus rien. On m’extirpa violemment de la voiture. J’étais pris au piège.

Jaskiers

Cauchemar d’enfance

Était-ce le milieu de la nuit ? Au début ? À l’aube ?

Je ne me rappelle plus, seulement, je sais que la chambre était plongée dans la pénombre.

Pourquoi étais-je réveillé ? Je ne me rappelle plus.

Pourquoi je fixais la porte de ma chambre ? Vous avez deviné, je ne me souviens plus.

Est-ce que j’étais éveillé ou encore dans les bras de Morphée ? Encore une question sans réponse.

Ce dont je me rappelle, ce sont ces mannequins de boutiques, ceux que je voyais quand je passais devant cette boutique de prêt-à-porter, boutique qui dans mes souvenirs n’était jamais ouverte. Les mannequins n’étaient jamais habillés, il semblait y avoir de la poussière sur eux, de la crasse. Ces mannequins n’étaient pas ceux que l’on trouve habituellement dans les boutiques. Ils étaient plats, grands, aucunes formes, asexuelles. On distinguait évidemment la tête, les bras, peut-être un peu de hanche, les jambes et c’est tout. Mais ils étaient plats et chacun avaient sa couleur, bleu, rouge, gris, blanc, noir, vert.

Je passais devant souvent. La boutique était dans une galerie marchande où ma mère m’emmenait pour faire les courses et je jetai toujours un coup d’œil à ces mannequins, abandonnés au regard de tout le monde.

La nuit dont je parle, ces mannequins ont ouvert la porte de ma chambre, ils étaient toujours aussi plats, leur bras et jambes bougeaient et c’était tout. Qu’ils étaient maigres ces bras et ces jambes ! Mais ils étaient sûrs de leur mouvement. Celui (ou celle…) qui avait ouvert la porte était le mannequin de couleur jaune, j’ai vu sa main et son avant-bras lentement redescendre à ses flancs après avoir ouvert la porte pour lui et ses camarades.

Ils rentrèrent tous, toutes les couleurs et s’installèrent debout, devant mon lit et ne bougèrent plus.

Attendaient-ils de moi quelque chose ? Voulaient-ils que je les habille ? Que je leur parle ?

Je n’en sais rien car j’ai crié et me suis caché sous ma couette. Le temps que ma mère arrive pour demander ce qu’il se passait et me rassurer, ils avaient disparus.

Cauchemar… Cauchemar ? J’avais environ 6 ans, je me rappelle distinctement les voir rentrer doucement, et même si leur visage n’était qu’un vulgaire ovale sans traits aucuns, j’étais persuadé qu’ils me regardaient. Maintenant encore, quand il m’arrive de repenser à cette horreur onirique, je ne m’en rappelle pas comme d’un cauchemar mais comme un vrai souvenir, comme si j’étais éveillé et que ces mannequins étaient vraiment entrées dans ma chambre. Qu’ils étaient vivants, avec une conscience. Si je me concentre, j’ai presque l’impression qu’ils m’ont parlé, pas physiquement, ils n’avaient pas de bouches mais communiquaient par télépathie.

Pourquoi étaient-ils venus ME voir, moi un enfant et pas un autre ? Que me voulaient-ils ? Que me serait-il arrivé si ma mère n’était pas venues à mon secours ?

Peut-être qu’en fin de compte, tout ceci était un rêve, enfin un cauchemar. Même si ma mère ne s’en souvient pas du tout, et pourtant, je n’étais pas le genre d’enfant à crier et à appeler à l’aide après un mauvais voyage onirique.

Après tout, pourquoi, après cette nuit, les mannequins avaient disparu de la boutique ?

Tant de questions, dans un monde qui est obsédé par les réponses. Je ne cherche pas plus loin, les choses sont parfois mieux laissées sans réponses.

Jaskiers

Le vent froid

Le vent froid faisait flotter sa robe de tous les côtés. On pouvait voir ses jambes fines et ses bras pâles. Elle était pied nues dans l’herbe sauvage.

Que faisait-elle au bord de cette falaise ?

Personne ne semblait s’en préoccuper.

Elle attrapait le bas de sa robe et écartait les bras, tournant sur elle même. On pouvait voir un sourire sur ses lèvres et sa chevelure d’un brun de jais s’ébattre elle aussi au gré du terrible vent.

Le temps était d’un gris fade. La plage, en contre bas montrait son sable encore humide, des bouts de bois pourris et des algues mortes. On pouvait sentir l’air salé et la mauvaise odeur que les algues abandonnés sur le rivage projetaient jusqu’ici.

Elle s’arrêta de tourner et elle vous fixa, d’un regard surpris et un peu effrayant. Sa bouche fit une moue, de côté. Il y avait aussi un soupçon de dédain sur son visage. Puis elle continua sa ronde. Vous pouviez jurez l’entendre chanter, mais vous pensez que c’était le vent qui s’engouffrait avec force dans vos oreilles qui vous jouait de mauvais tours.

Il était erratique ce vent, une fois à gauche, une fois à droite, une fois en face et puis dans le dos. Parfois de tous les côtés à la fois vous semblez-t-il.

Vous entendiez les vagues s’écraser sur la plage avec force.

Des oiseaux noirs luttaient tant bien que mal contre ce déchaînement de violence d’Éole. On aurait dit des cerfs-volants dont on avait perdu le contrôle.

Vous rameniez votre col à votre menton, la femme avait disparu.

Vous avez été tenté de vous approchez de l’endroit où elle dansait et surtout du bord de la falaise pour voir si elle n’était pas tombé mais vous ne l’avez pas fais.

De toute façon, je vous le dis, elle n’est pas tombé. Je ne sais pas non plus où elle est partie. Ni comment elle est apparue, vous l’avez sûrement vu apparaître mais pas moi. Peut-être est-elle apparue comme elle a disparu. Dites-moi !

À qui allez vous racontez ça ? Qui vous croira ? Et surtout qui vous écoutera ?

Ce souvenir vous le gardez pour vous seul car tout n’a pas à être partagé.

Et puis vous aussi, vous avez disparu. Et moi je reste et j’attends, dans ce vent froid.

Pour qui ? Pour quoi ? Je ne sais pas. Peut-être est-ce moi, qui dans le vent tournoie.

Jaskiers

Une matinée de réflexion

Ce jeudi s’annonce comme un jeudi banal pour moi. Je sors de la douche et regarde la table de salle à manger. Des papiers y sont posés… Ah oui ! Il faut que j’aille m’inscrire sur les listes électorales. J’ai jusqu’au mois de décembre mais mieux vaut le faire tout de suite. Pour une fois que je m’y prends à l’avance !

C’est les petits trucs comme ça, après un déménagement qui sont chiants. Ces petites démarches qui ne demandent pas grands choses mais qui font chiés parce qu’on n’y a pas forcément pensé avant. En tous cas pour moi.

Les cheveux encore mouillés, j’enfile mon bombers noir et mes fidèles Timberland. Je fourre mon téléphone dans la poche, mon portefeuille dans l’autre, mes clopes dans la poche intérieures. Pourquoi mettre mes cigarettes dans la poche intérieur, il faudrait plutôt mettre mon portefeuille non ?

Sur ce coup là non, il me faut mon portefeuille à porté de mains, j’y ai plié tant bien que mal les papiers nécessaires pour mon inscription sur les listes.

Oui, l’année prochaine je voterai, comme à la dernière élection, pour éviter que l’extrême droite ne passe.

L’élection qui s’amène entraîne avec elle un candidat d’extrême-droite, une copie de Trump dans l’idéologie nationaliste, physiquement plutôt gargamelle.

C’est très bas d’attaquer les gens sur leurs physiques Jaskiers.

C’est mal. Oui je sais je m’excuse… Mais il a quand même une sacré gueule de… Bref.

Maintenant il faut sortir, croiser d’autres êtres humains.

Une voisine entre deux âges nettoie ses vitres et en profite pour me regarder passer. Je me demande parfois si mes bottes me vont bien ou si j’ai l’air d’un clown avec. Non je ne pense pas, ma petite soeur n’aurait pas manqué de me le dire (comprendre : se foutre de ma gueule, mais ce serait de bonne guerre !).

A deux pas de l’entrée de la mairie, je réalise que j’ai oublié mon masque. Classique Jaskiers. Je suis vacciné mais je ne peux pas rentrer sans. Presque deux ans que l’on vit avec le virus et je n’ai toujours pas les « gestes barrières réflexes » ! En faite si, je les avaient mais après m’être fais vacciner, j’ai relâché mes habitudes.

Demi-tour, remonter à l’appartement, prendre le premier masque qui traîne et je redescends pour la mairie.

Une dame dans sa soixantaine m’accueille gentiment. J’ai tous les papiers… Ah non, j’ai oubliés ma carte d’identité. Classique Jaskiers. Normalement, elle est dans mon portefeuille…

Je demande à la dame si je peux revenir en vitesse la chercher. Pas de soucis. Demi-tour, encore, pour l’appartement, je trouves ma carte d’identité bien en évidence sur la table là où étaient exactement les papiers d’inscriptions. Je m’insulte de connard parce qu’il le faut bien. Retour à la mairie.

« Monsieur Jaskier, votre carte d’identité est périmée, depuis trois ans, il faut penser à la changer. Je ne sais même pas si elle vous permettra l’inscription pour les listes.

J’ai mon permis ?

Allons-y peut-être que ça sera utile. »

Elle me donne un papier à remplir, j’ai amené mon stylo Bic quatre-couleurs. Geste barrière niveau expert, je me jette un peu de fleurs. Je commence à remplir mon papier quand l’encre bleu semble au bout de sa vie. Et merde.

La dame qui me regardait fixement remplir mon papier comme une vielle prof fouille dans son tiroir, me sort un stylo bleu. J’en ai marre que ces petits trucs m’arrivent. Mais c’est classique Jaskiers. (Je parle de moi à la troisième personne comme Delon.)

Bien, je finis de remplir mes papiers. Tout est bon. Je rentres a l’appartement.

Mais aujourd’hui j’ai envie de sortir un peu. Seul. Au cimetière. [Petite dédicace à Pandora].

Je ressort tout de suite, si je commence à trop réfléchir je vais rester à l’appartement.

Ça caille.

La Normandie c’est beau, et sa caille. Mais j’aime le froid. Le froid, sa conserve m-a-ton dis un jour. Prendre une grande bouffée d’air frais, la sentir m’envahir les poumons qui sont pleins de merde à cause du tabac. Je tousse dans la rue, les gens vont penser que j’ai la Covid. Et que j’ai l’air d’un clown avec mes chaussures.

Qu’à cela ne tienne. Je passe devant un bar, personne en terrasse, quelque papys à l’intérieur, sans masque, buvant leur vin blanc. Pas évident de boire avec un masque… Un jeune homme et une femme assis face à face à une table. Je pense qu’ils sont peut-être en plein rencard. Ou peut-être pas, les rencards ça existe plus ? D’ailleurs est que ça a vraiment existé en France ? C’est très américain d’ailleurs, « going on a date ». Maintenant on a Tinder et autres dérivations. Si j’étais une femme, je pense que j’irai à un rencard avec un petit quelque chose pour me protéger, mieux même, une amie devrait me surveiller, de loin. On aurait des signes discrets qu’on utiliserait pour avertir l’autre si il y avait un danger ou au contraire si tout allait bien.

Je continue ma petite marche, je passe devant la boulangerie de la Basilique, j’y sens le pain chaud. J’évite de regarder dedans de peur de craquer pour un petit encas, il faut dire que j’ai pris du poids ces derniers temps, c’est nouveau pour moi. Je fixes mon regard sur l’objectif. Un banc !

(Le mégot de cigarette n’est pas de moi. Ne jetez pas vos foutus mégots par terre sérieusement.)

Une fois mon gros cul (les antidépresseurs font grossir. Ce n’est pas une légende. Si vous allez dans un hôpital psychiatrique, vous verrez que certains patients sont bouffis, pas gros, juste bouffis et leurs visage, gonflés. Pas tous bien sûr mais pour moi, qui ai toujours été mince et sportif, j’ai vu mes muscles abdominaux fondre. J’ai une légère bedaine et un double menton quand je m’assois. Et je vieillis aussi. Quand j’irai mieux j’irai à la salle de sport. Quand j’irai mieux…) posé devant la basilique, je vois deux bonnes sœurs. Elles me fascinent ! J’ai toujours eu envie de leur poser des questions, sur la religion, la vie, la philosophie, Dieu, la vie mais je ne le ferai jamais, à quoi bon au final.

Donc ces deux bonnes sœurs atteignent leurs voitures. Une voiture électrique s’il vous plaît ! Et pas une petite, une sacré berline d’une marque françaises. Je ne pourrai pas vous dire la marque, je ne suis pas du tout voiture, ni bricolage. J’en ai rien à foutre des deux. Tant qu’une voiture roule, c’est tous ce que je lui demande, et j’aime pas conduire depuis que je suis sous traitement.. Quant au bricolage… je ne m’y suis jamais mis. Moi, fils d’un cheminot, petit et arrière petit fils de menuisier, je ne sais pas me servir de mes deux mains. C’est bizarre les gènes.

Si un jour je trouve une femme qui aime conduire, bingo. Rien à foutre des règles sexistes, une femme peut bien conduire son homme non ?

Et si jamais, en plus, elle bricole. Alléluia. Enfin on se mariera pas ni n’aurions d’enfants.

On en était où la ? Ah oui les bonnes sœurs. Elles débranchent tant bien que mal leur voiture de la borne de rechargement. L’une d’elle dit à l’autre : T’inquiète je gère.

Woah ! Elle est à deux doigts de dire « Wesh », si ça s’y trouve elle a un compte tiktok où elle lache des « DAB » sur une musique d’un rappeur américain en chaleur. On peut être bonne sœur et être moderne !

Non c’est trop Jaskiers.

J’allume une clope. Je me dis qu’il me faut écrire un article. Je le sens.

Il faudra que je prenne des photos. Le blog a changé, maintenant j’écris pour moi. Ce premier article sera un test. Je n’écrirai pas que ce genre d’article.

Je contemple la Basilique, elle n’a pas changé, n’a pas bougé de place ni changé de couleur depuis la dernière fois que je l’ai vu.

J’entend le vrombissement typique d’un hélicoptère. C’est l’hélicoptère médicale du CHU de Rouen, Dragon 76. Il passe au loin, derrière la Basilique puis je ne le revois plus. Il passe souvent.

Est-ce ce genre d’hélicoptère qui a transporté les 6 organes de mon frères ? Je crois vaguement me souvenir qu’ils avaient été transportés par hélicoptère. L’idée de faire un tour au cimetière me vient à l’esprit. Oui, c’est bizarre mais j’aime ce cimetière, il est unique, atypique, pour moi du moins. La moitié des cendres de mon frère y reposent dans le Jardin des souvenirs. José-Maria de Heredia y a sa tombe ainsi que le Père Hamel, tué par un terroriste dans son église à St-Etienne-du-Rouvray. J’irai les voir.

Je reste quelques minutes de plus sur le banc. Le vent frais me caresse le visage, ce n’est pas un froid qui vous pétrifie mais un froid doux. Ma respiration s’envole en petite volute.

Deux joggeuses dans la quarantaine peut-être passent et parlent, leurs voix est saccadées par l’effort. Je devrais me remettre au sport. Courir ou même marcher. Mes poumons sont grillés par la cigarette, je cracherai mes bronches après 1 minute d’efforts.

Dire que quand j’étais jeune, j’étais le premier dans les courses d’endurances. Je pouvais courir pendant 1h30 sans m’arrêter puis jouer au foot pendant les récréations. Pas une journée sans sport à cette époque. Le contraste avec aujourd’hui est attristant. Je court deux minutes et mes poumons me brûlent, mes genoux me font mal et craquent et le lendemain les courbatures m’attendront sagement pour se plaindre de mon manque de conditions physiques.

Enfin courir c’est pas pour aujourd’hui. J’ouvre mon téléphone. Je me dis que les passants qui me regardant doivent se dire : Ah ces jeunes, pas 2 minutes sans aller sur leurs téléphones.

J’envoie un snap à ma sœur pour garder nos « flammes ». (Ceux qui utilisent Snapchat savent de quoi je parle.)

J’ouvre l’application de l’Associated Press, un américain exécuté par injection létale, un autre va être exécuté bientôt. Je regarde leur visages, je n’ouvre pas les articles. Je referme l’application.

Pendant que je prends de pleine bouffée de cet air frais, que mes poumons meurtris par mes conneries se gonflent, un type en Amérique a été exécuté. Ses poumons ne se remplissent plus, plus jamais ils ne se rempliront. Je ne sais pas ce qu’il a fais. Peut-être était-ce un enfoiré de première.

La Basilique juste devant moi, je respire encore doucement cet air, je le sens s’engouffrer dans mon poumons et se confronter à mes bronches encrassées.

Lui, là-bas, il est mort dans une cabine, attaché. Ont lui a injecté des produits, il est mort devant des gens venu pour assister à sa mort. Quelles odeurs cette sorte de cabine doit avoir ? Moi, je respire, encore, je sens, encore.

À voir des gens assister à ta mort, certains mêmes sont payés pour, d’autres veulent juste te voir mourrir, il se passe quoi dans ta tête ? Des infirmiers et au moins un médecin doivent assister à l’exécution, je penses en tous cas.

Les médecins américains doivent-ils prêter le serment d’Hypocrate ? Je n’en sais rien.

Dans tous les cas, ils tuent un tueur, en espérant qu’il ne soit pas innocent. On tue un tueur donc… ça ne fait pas un tueur de moins sur terre.

Je sais qu’une exécution en Amérique coûte plus chère qu’un emprisonnement à perpétuité. J’aime l’Amérique même si je n’y suis jamais allé mais je peine à la comprendre. Encore plus ces dernières années. Quelques choses s’est brisés là-bas et bien souvent, ce qui se produit aux États-Unis se répercute d’une manière ou d’une autre dans l’hexagone. Sauf qu’en France, on a moins la class ! On est très terroir quand même ! Appelons ça la french touch.

Et que penser de l’autre qui attends d’être exécuté ?

Je respire encore, je fermes les yeux deux secondes, pas longtemps, on ne sais jamais à notre époque.

Beware of your surroundings comme on dit en Amérique.

J’ai une légère idée de ce qui se passe dans sa tête au type qui attend de crever en public. Lire les ouvrages de Caryl Chessman m’aura au moins appris cela.

C’est pas marrant pour lui évidemment. Je ne sais pas quand il va y passer. Il doit penser à la douleur, à la sensation de la mort. Il va se sentir passer de vie à trépas. Respire t-il l’air vicié de sa cellule du couloir de la mort comme moi je respire l’air frais normand ? Est-ce qu’il regrette ce qu’il a fais ? Est-ce qu’il a pensé à la peine de mort quand il a commis son crime ? Si oui, ça ne l’a pas arrêté… On récolte ce que l’on sème. Tu donne la mort, on te la donne aussi. La loi tu Talion.

Il doit penser à quelqu’un qu’il aime. Regretter de ne pas avoir passé plus de moments avec cette personne. Peut-être qu’il pleure la nuit. Silencieusement pour ne pas réveiller les autres détenus. A-t-il choisis son dernier repas ? A-t-il le droit de se fumer une dernière clope avant d’y passer ? Pense-t-il que sa vie aurait pu être différente ? Blâme t-il quelqu’un pour sa faute ? Est-il innocent ?

Et moi je regarde la Basilique. Un type est mort cette nuit, un autre va bientôt mourrir.

Et Dieu dans tous ça ? Croit-il en Lui le type prostré dans l’antichambre de la mort ? Va-t-on en enfer quand on a commis le crime de Caïn même si on est exécuté ? Est-ce qu’être exécuté pour avoir commis le pire des péchés remet les compteur à zéro durant le Jugement Dernier ?

Et moi dans tous ça ? Et vous ? Nous ?

Je reste à fixer le lieux de culte pendant 5 minutes je penses. Perdu dans mes pensées. Les passant doivent se demander ce que je fais, à fixer la Basilique sans rien faire d’autre, sans même bouger.

Assez attendu, je pars direction la Basilique, je passe à côté pour descendre au cimetière.

Tient, une plaque explicative portant sur l’histoire du cimetière ! Il y en a une devant la mairie, devant la Basilique, la salle des fêtes et d’autres part. Ces panneaux/plaques sont récents.

J’y lis qu’un champion de course de voiture y est mort. Philippe Étancelin. Je Google son nom, Wikipedia. Ah oui c’était il y a vraiment longtemps !

D’autres personnalités, qui ne m’intéresse pas, complètent la liste.

Sur la dernière ligne des célèbres morts enterrés là est écrit : « Notre illustre poète José-Maria de Heredia » je m’arrête la. « Notre » ? Vraiment ? Notre ? Un poète ? Notre ? Je veux dire… Un être humain peut-il appartenir à toute une ville ? Un artiste ? Un être humain n’appartient déjà pas à un autre être humain (dixit Breakfast At Tiffany). Je n’aime pas cette formulation, « notre ». C’est peut-être con. Je m’insurge sûrement pour rien. Peut-être est-ce parce que je suis de cette génération qui est offensée par tout et n’importe quoi.

Bref je rentres dans le cimetière, d’autres personnes, toutes âgées, y déambulent. Pourquoi suis-je s’y vieux ? Dans ma tête comme dans mes actes ? Quand j’étais gamin, j’avais été voir « La môme » au cinéma avec mon père. Ce dernier aimait à dire à tout le monde que j’étais le seul enfant dans le cinéma. C’est vrai il n’avait pas tord. Les autres spectateurs étaient pour l’écrasante majorité des personnes d’âge mûres ou âgées.

Et me voilà ! Une décennie (plus quelques années) après a déambuler dans un truc de vieux. Je sais que je ne suis pas le seul à faire ça (re-salut Pandora, maintenant je comprends pourquoi tu aimes flâner dans les cimetières).

Direction l’immense statue du Christ sur sa croix. Le Calvaire. C’est peut-être le mot adéquat quand on attend d’être exécuter. Un calvaire.

Je regarde la statue. Elle est impressionnante. Ce cimetière est… beau, plutôt grand, sur plusieurs « étages ».

Au pied de la statue, le Jardin des souvenirs. Des petits tas de cendres et des gerbes de fleurs.

Les cendres de mon frangin ne sont plus là depuis longtemps.

L’anniversaire de sa mort arrive et je suis en colère contre lui. Je réalise que je suis dans une nouvelle étape de mon deuil. 15 ans après sa mort : la colère.

Crever à 18 ans c’est nul, toi qui excellait dans tous. Dans le meilleur comme dans le pire car dans le pire, tu a trouvé la mort. Félicitation ! Tes diplômes, tes conquêtes féminines, tes « ami(e)s » qui pleuraient comme des madeleines à ton enterrement, qui me disaient « on sera toujours là pour toi », tu sais que la plupart d’entre eux sont misérables maintenant ? Certains t’on rejoint, certains sont en prison, certains sont des drogués, d’autres vivent dans la misère. D’autres ont « réussis » leurs vies, enfin sûrement car je n’ai plus aucune nouvelles de ceux-là. Aucun n’a jamais été là pour moi. Avec des ami(e)s comme ça mon frère, pas besoin d’ennemi.

Tu était un esprit brillant et combatif, moi, toujours en proie à mes démons intérieurs dont certains sont dû à ta mort. Tu était le jour, je suis la nuit, j’écris, je lis et je prépare l’aube d’une vie sans toi.

Je ne suis pas dans une belle situation non plus je l’admet. Je me bats pourtant. Je suis là, tu es mort à 18 ans, j’en ai 27. Je suis ton grand frère maintenant ! Je suis toujours un petit con comme tu peux le voir. Un jour peut-être je réussirai à te laisser partir. Pour l’instant tu me fais chier. Te rends tu compte de la peine que tu as causé ? Ce n’est pas de ta faute ? Mais avec toi, même si ce « n’était pas de ma faute » il fallait que j’agisse en étant responsable. À ton tour maintenant, d’être « responsable ». Tu ne peux répondre, au final, je vaux aussi bien que toi. Si je continue à penser que tu étais « mieux » que moi je n’avancerai pas. Nous serons à égalité maintenant. Tu n’a pas ton mot à dire. Pas mieux, pas pire que toi. Sauf que moi, j’ai survécu plus longtemps. C’est moi maintenant le grand frère. À toi de porter un peu de ma peine, de porter ma croix, à mes côtés car je l’ai décidé. Le cadet doit respecter l’aîné non ? Maintenant respecte moi et obéi moi. Laisse moi vivre sans ton fantôme à mes côtés ! Non reste à mes côtés, j’ai besoin de toi pour affronter le monde. Reste. Je t’aimerai toujours.

‘Non, mère. Laisse-moi être et laisse moi vivre’ à pensé Stephen Dedalus en voyant sa mère passe de vie à trépas.

Les fleurs sentent cette hideuse odeur de crématorium. Je pensais que c’était dû aux corps brûlés cette odeur mais non. L’expérience m’a appris que c’était ces fleurs.

Pourquoi les gens mettent-ils ces plantes qui sentent tellement mauvaises ? Ou peut-être est-ce le papier avec lesquelles elles sont vendues ? Sûrement cela.

Je me retourne pour voir une vue dégagée de Rouen Ouest et de ses alentours.

De grande cheminée au loin crachent leurs fumée. Crématorium. Non Une usine.

Poumpoumpoum. Tiens Dragon 76 est de retour ?! Non, cette fois c’est l’hélicoptère de la gendarmerie qui fais des allers-retours au dessus d’une zone industrielle traversée par un chemin de fer. Je regarde ce numéro d’insecte mécanique que je n’ai pas l’habitude de voir. Il tourne et tourne, en rond… L’argent du contribuable est bien dépensé ! Il y a des habitations par là, des HLM. Et moi de penser à 1984. Enfin, pour nous surveiller, maintenant, la police peut utiliser des drones ! Et j’ai lu qu’Elon Musk avait, peut-être, un projet consistant à projeter des publicités dans le ciel ! Imaginer regarder le ciel bleu mais devoir regarder un spot publicitaire avant… Ce n’est pas la technologie le problème, c’est l’humain.

Je regarde la Seine qui passe en contrebas. Elle a l’air tranquille. J’ai même le droit de voir quelque mouettes. Je me demande ce qu’elles font si loin dans les terres. J’ai envie de leur dire : vous savez, y’a vraiment des endroits plus beaux, vous avez des ailes, profitez-en. Et éviter de nous chier dessus ou sur les voitures.

Les oiseaux sont très intelligents, si ils sont là, c’est sûrement pour une raison.

J’ai perdu de vue l’hélicoptère des gendarmes. Disparu comme il est arrivé.

Si ça se trouve, au pied d’une statue du Christ. Ils m’ont peut-être vu prendre en photo le panorama et pensés que j’étais un truand.

Un panneau indique les différentes banlieues que l’on peut voir depuis ce panorama. J’ai l’impression que Rouen se trouvent dans une sorte de cuve, entourée de grande collines de forêts.

Le panneau indique que je regarde plein ouest. L’ouest, l’Amérique ! Si ça se trouve, je fais face à New-York.

Dernièrement, je suis fasciné par New-York. J’ai commandé des livres de Colum McCann, de Paul Auster, de Truman Capote (j’ai carrément pris tout ses ouvrages), de Hubert Shelby Jr, de Dennis Cooper, de Patti Smith, un ouvrage de Beigbeder (Window on the World un livre que m’a conseillé Pandora), J.D. Salinger, Tom Wolfe, James Baldwin et d’autres ouvrages se déroulant dans la Grande Pomme. Je ne me comprend pas, j’oscille entre l’envie de découvrir la nature sauvage de l’Alaska ou la jungle urbaine de New-York. Je n’irai peut-être jamais dans la ville qui ne dort jamais, mais je lirai New-York.

Les livres sont ma vie. C’est triste à dire. Ma pile à lire est immense. Je dirai quelque chose comme 300 livres. Certains me diront qu’à 27 printemps, il serait plutôt temps de trouver une copine plutôt que de rester seul avec mes bouquins.

L’immense majorité des livres sont d’occasions, ça reste que ça coûte cher ! Mais quand on aimes, on ne comptes pas, quitte à manger des pâtes tous les jours.

Pour l’instant, il n’y aura personne dans ma vie sentimentale. Ma liberté et ma tranquillité passent avant tout. Et les livres aussi. La demoiselle attendra que je sorte de mes pénates après avoir lu plus de 300 ouvrages.

Les gens pensent que je souffre de la solitude quand en faite, je l’apprécie tellement. J’en ai besoin. Est-ce que je m’ennuie ? Jamais ! Quand on aimes les livres, on as la chance de ne jamais souffrir de l’ennuie.

Du bruit derrière mon dos, je me retourne doucement, une dame de 70 ans environ marche sur la petite étendue d’herbes où sont dispersées cendres et gerbes de fleures. Tranquille la mamie qui marche sur les cendres. L’être humain est bizarre. Je me tais, on respect les aînés.

Il est temps d’aller voir « notre » illustre poète.

Je connais le chemin, j’avais visité ce cimetière il y a de ça un an.

Ça descend sévère. La pente est abrupte. Des deux côtés, des tombes pour la grande majorité délaissées, certaines semble même ouvertes. Que font les familles ? Les concessions ne doivent pas être gratuites ça s’est sûr, mais venir passer de temps en temps un coup de chiffon ou de balayette sur la tombe d’un proche, c’est pas la mort…

Une belle vue sur la Seine m’encourage à ne pas me casser la gueule.

Il me faut tourner à droite, prendre un tout d’escalier abrupte et étroit. Je les monte en faisant attention. Si je me casse quelque chose, je n’ai pas de couverture maladie. L’administration, ça a l’air d’être un bon job, prendre son temps, c’est ça leurs méthodes semble-t-il. Et la collection de papiers qu’ils perdent. Désolé si vous travaillez dans cette branche, évidement aucun travail n’est évident . Mais il faut bien se plaindre de quelque chose quand on est français.

La tombe du poète est entourée d’une sorte de grille « légèrement » rouillée. Des escargots, tous blancs, immobiles, semblent dormir autour de sa sépulture. La nature et le poète. Je prends une photo, je vais la mettre dans mon article. J’ai vu plusieurs blogs parler du poète, ils ont mis la photo de sa tombe. Son Wikipedia contient une photo de sa tombe. Même la pancarte explicative à l’entrée en a une.

Je lis ce qu’il est écrit sur sa tombe, je peine à déchiffrer. Le lieu de repos du natif de Cuba n’a pas l’air d’être entretenue. C’est triste.

Un homme de lettre, pardon, « notre » homme de lettre, un poète, qui repose avec je crois deux autres membres de sa famille semble ne pas être important pour la mairie. J’aimerai y (re)faire un tour pour le leur dire. Mais ne serait-ce pas un peu hypocrite de ma part ? Je n’ai jamais lu un seul de ses poèmes depuis mon arrivé. Il faudra que je penses à faire des recherches pour un recueil.

Les dalles sur lesquels je me tiens sont en mauvaises états, l’une est complètement décrochée des autres. Les poètes sont-ils condamnés à la misère et à la déconsidération même durant la mort ? Au moins, les escargots aux blanches coquilles lui rendent hommage. Je n’en ai pas vu d’autre sur les tombes aux alentours. Ou peut-être ne voulais-je pas les voir. Voulant garder une sorte de magie, une preuve que les Hommes de lettres sont d’immenses artistes.

La vérité, c’est que devant cette tombe, je me sens apaisé. Devant le Jardin des souvenirs : de la colère, devant « notre » José-Maria de Heredia : je me sens mieux. Peut-être est-ce le soleil qui commence à sortir des nuages et à me réchauffer un peu. Des rayons percent les nuages. C’est beau. J’aime les nuages quand ils se mélangent au soleil. J’ai toujours cette idée juvénile que les dieux grecques crèches là-haut. Encore plus ses jours-ci car je relis Homère la base du story-telling, le premier poète, le père de la littérature, du roman, j’ose l’affirmer. Je suis en plein dans l’Iliade, et ça bataille sec autour des nefs des Argiens. Les Dieux se querellent, font l’amour et se mêlent à la bataille.

Je me retourne pour contempler la vue qu’à le fantôme du poète. Elle est belle. Puis j’aperçois une curieuse chose perchée dans un arbre qui entoure le cimetière, on dirait un ballon de foot. Je prends une photo :

Je sais très bien que ce n’est pas un ballon, mais c’est curieux. Cette chose est quand même massive, perchée tout en haut de l’arbre. Encore une œuvre de ces génies d’oiseaux ? Si vous savez ce que c’est, je suis preneur.

Et tous ces découvertes se déroulent quand je suis aux côtés de la tombe d’un poète cubain. Cuba, si je me décale un peu sur ma gauche, je fais peut-être face à Cuba. Hemingway. Il me faut lire le grand ouvrage que j’avais trouvé par hasard et relire ses principales œuvres en anglais. Il me faut aussi trouver et lire José-Maria.

Lire lire lire. J’en oublie de vivre. Et honnêtement je m’en fous. Le virus nous empêches de voyager normalement. C’est l’excuse que je me donne car au lieu de prévoir un voyage je dépense toutes mes économies dans les livres. Bien qu’au fond de moi, je sais très bien que je ne peux pas faire de long voyage.

L’Homme est une contradiction, j’en suis sûr.

Je décide de descendre direction la tombe du prêtre assassiné. Vue sur la Seine, une péniche commerciale (c’est correct ça ? Enfin vous voyer ce que je veux dire, voici une photo) navigue doucement.

J’arrive presque en bas du cimetière. Sur la gauche, une longue série de tombe, sur trois rangs (je crois, je ne suis plus si sûr maintenant que je corrige l’article) longe le flanc jusqu’à un mur haut, gris et plutôt moche. Un écriteau indique quelque chose comme tombes communales. Les allées sont étroites, les tombes n’ont pas l’air très bien entretenue mais belle vue sur la Seine. Je ne m’y aventurerais pas, honnêtement, cette partie du cimetière est… glauque. Pardon mais bon.

Je continue tout en bas du cimetière pour visiter la tombe du Père Hamel. Il y a 1 an, j’avais beaucoup peiné à la trouvée. Elle est fleuri, tellement que l’on ne voit presque plus son nom. Je me retourne, je constate que la tombe du prêtre fait face à la cathédrale de Rouen. C’est beau. Ça a du sens. Les êtres humains aiment que les choses ai du sens. Enfin la majorité. Je pense.

Avant de quitter l’homme de foi, de remonter, je décide d’aller sur la gauche ou un portail ouvert donne sur un petit monument aux morts dédié aux soldats belges morts pendant la première guerre mondiale.

Plus loin, une longue allée bordée de buissons qui ont l’air à l’agonie donne sur un grand monument dédié au Roi Soldat, Albert I. Je décide d’aller le voir. Je prend une photo, je regarde l’œuvre de l’artiste. Ce monument n’est pas répertorié sur la pancarte à l’entrée du cimetière. Pas cool pour nos cousins belges !

Je fais demis tour, un couple de personnes âgées se recueil devant la tombe du Père Hamel. Ils doivent se demander ce que je pouvais bien faire ici. Un truc pas très catholique sûrement. Ou peut-être qu’ils sont cool et n’ont pas du tous pensé à ça. Et je me demande bien comment ils ont pu arriver jusqu’en bas tellement la côte menant à la tombe est escarpée.

Je passe devant la tombe des « Petites Sœurs des Pauvres ». C’est une grande tombe blanche, sans nom, sans fleur, sans gravure rien à part un écriteau : Petite Sœurs des Pauvres.

Même dans la mort, elles sont resté… pauvres ? C’est triste. J’imagine la vie de ces femmes, une vie dédié aux autres, aux plus démunis et elles reposent ici, aussi, sans rien, aucun artifice. Ça force le respect, l’humilité. Jusqu’à la mort elles sont restés fidèles à leurs idéaux. Je me force a comparer certaines tombes qui ont des formes… atypique je dirais. Certaines sont même Too Much, tape à l’œil. Je remonte et vois une tombe avec une sculpture de femme. C’est une très belle sculpture, la femme est prostrée comme Le Penseur de Rodin sauf que son visage est marqué par la souffrance. Cette sculpture fait en faite partie d’une tombe. Je ne la prends pas en photo. Mais je me dis que quand même… certains ont de la vanité jusque dans la mort. C’est peut-être méchant de ma part, mais la sépulture des Petites Sœurs des Pauvres me parle plus que cette tombe.

Je me rends compte que je parles de tombe comme si je faisais une review de livres. Je suis vraiment un connard. Vous me pardonnerez n’est-ce pas ?

En continuant mon ascension vers la sortie, je décide de repasser par la tombe du poète. J’ai envie de ressentir cette sensation de douceur comme tout à l’heure. J’entends des gens parler, je n’y reste pas longtemps.

Je passe à côté du Calvaire, sans un regard pour le Jardin des souvenirs. Colère, tristesse. Il est temps de partir.

Je vois deux personnes dans la cinquantaine à la sortie, un homme, une femme. Ils finissent leurs conversation et se séparent dès que j’arrive, la femme lui dit de prendre soin de lui, lui de répondre « qu’au final c’est comme une simple grippe, je souffre pas tant que ça ».

Cool l’ami ! Donc tu as la Covid et tu vas au cimetière sans masque. Normalement je crois que tu dois rester chez toi en « quarantaine ». Qu’est-ce que tu fous au cimetière ? T’a peut-être peur que le virus t’emporte et t’as décidé de visiter ta prochaine demeure au cas où le virus te ôte la vie ? Un peu comme une visite d’appartement mortuaire peut-être. Ta dernière demeure. Peut-être que sur ta tombe tu mettra une sculpture de la Covid.

Je suis vraiment un connard.

Je suis vacciné, je peux attraper le virus mais avec des risques moindres d’hospitalisations, apparemment. Avec ma chance, le type m’aura passé un peu de sa Covid et je finirai à l’hôpital car j’ai des antécédents d’asthmatiques, asthme qui a disparu dans mon enfance. Au moins j’aurai visité le cimetière où ma mère déposera mes cendres. Mélangé à ceux d’inconnu(e)s et de mon frère, si il en reste.

Maintenant que j’y penses : Bobonnes a dessiné son expérience de vaccination.

Moi, je n’ai pas écris sur ma vaccination. (À l’heure où j’édite et vérifie ce texte, j’apprends que nous devrons recevoir une troisième dose pour garder notre pass-sanitaire… enfin je crois. C’est à ne plus rien y comprendre.)

Moi j’étais trop fainéant pour écrire ne serait-ce qu’une ligne sur mon expérience.

Je me suis fais piqué au Kindarena à Rouen. À ma première injection, c’était bondé ! Une file d’attente énorme. J’avais cette mauvaise impression, tout ces gens vont se faire vacciner, moi y compris. Je me suis peu renseigné sur le vaccin, j’ai peur, pas de la piqûre mais des effets secondaires. Une fois rentrée dans les locaux, des infirmières, infirmiers, très jeunes mon âge ou encore moins me donnent des papiers à remplir. Des médecins, des infirmières encore (que des femmes là) s’occupe de l’administratif. Je me fais vacciner par une dame de 60 ans. Elle me fais mon vaccin, aucune douleur. Elle me dit que je sens bon, sympa, elle me donne un chocobon et je m’installe pour patienter 15 minutes en cas d’effet secondaire. Le lendemain j’ai juste mal à l’épaule.

La deuxième dose. Personne dans la file d’attente, presque personne a l’intérieur. Les formalités administrations expédiées, un type dans la cinquantaine me vaccine.

Là ça fais un peu plus mal. J’ai l’impression de sentir le liquide chaud passé de la seringue à ma peau. J’ai eu le droit là encore à un chocobon. 15 minutes d’attentes. Une bonne fatigue pendant 2 jours et puis c’est tout.

Tada ! J’ai raconté vite fais comment je me suis fais vacciné.

Bobonnes l’a fais avec ses dessins et moi avec mes pauvres mots.

Je réalise qu’on peut raconter une histoire de différent moyens. L’art c’est magique putain. (Passez faire un petit coucou à Bobonnes, elle est cool.)

Par les mots, on peux raconter, écrire, en one-shot comme Pandora. On peux aussi lire les textes de Iotop, fort bien écrits, une maîtrise et un vocabulaire qui impressionnent.

Je ne peux écrire un texte décent sans le réviser un peu, au contraire de Pandora, et je n’ai pas la science des mots d’un Iotop. Peut-on parler de style ? Aucune idée, le plus important c’est que les textes/articles soient plaisant à lire quelque sois le sujet.

Bref.

Je bifurque sur la gauche et je vois le monument au morts. A ses pieds, des gerbes de fleures, c’était le 11 novembre il y a quelques jours. Je prends une photo et réalise que le monument dédié aux soldats belges de la première guerre mondiale plus bas n’a même pas une petite fleure à ses pieds. Très vite oubliés nos cousins belges et leurs sacrifices. C’est injuste et triste. Ou bien ces fleurs ont été enlevées mais pourquoi les gerbes des français sont-elles encore là ?

Le français est ingrat, il oublie vite et se plaint beaucoup. Je le sais, j’en suis un. Un gaulois pas réfractaire mais qui veut juste être seul, en paix. Un gaulois anachorète agnostique.

Je continue sur la gauche et je revois le couple de personne âgée, qui se recueillait sur la tombe du Père Hamel, sortir du cimetière et je réalise qu’il y a une autre entrée beaucoup plus accessible pour accéder à la partie la plus basse du cimetière. Jeune et con ! Les vieux ont l’avantage de la sagesse. Et l’expérience.

Je m’assied sur un banc près du magnifique monument de Jeanne d’Arc.

Malheureusement, impossible d’aller ce mettre à côté de sa statue. La vue y est imprenable sur une partie de Rouen. Le monument est magnifique. Pour une raison que j’ignore, l’accès y est fermée. Elle ne l’était pas avant la Covid dixit ma mère. Je ne comprends pas pourquoi son accès est fermée. C’est en plein air, il y a de l’espace. Si les gens sont civilisés, ils respecteraient la distanciation sociale. En faite ça me fais chier. Le monument est magnifique, c’est de l’art, de la culture. Culture qui a été malmenée voir sacrifié à cause de la Covid. On sacrifier la culture, on perd son identité. L’Homme a besoin d’histoire ! Que ce sois des livres, des chansons, des films, des séries télés, des sculptures, des tableaux, des dessins ect… Depuis la nuit des temps l’Homme a besoin de s’exprimer et d’entendre des histoires. Nos ancêtres dessinaient dans leurs grottes, l’art, c’est aussi prouver qu’on existe, que l’on a existé. Que nous sommes des humains. Sacrifier la culture, fermer les librairies, les cinémas, les musées, reviens, à mon avis, à fermer un magasin d’alimentation. L’Homme n’est plus nourris dans son âme. Et Dieu sait ce qu’il pourrait se passer quand l’Homme a besoin de rassasier sa soif de liberté, liberté d’apprendre, de s’éduquer, de s’émerveiller, de s’évader…

Je pense à ces petites librairies qui ont dû en chier pour rester debout. Je commande l’énorme majorité de mes livres par internet, j’achète des livres d’occasions qui proviennent d’associations ou de librairies indépendantes quand c’est possible. C’est à dire souvent.

Et là je m’imagine à New-York, je déambule dans une rue et je découvre une petite librairie. Je m’y engouffre, m’y vois y rester deux heures à feuilleter, sentir l’odeur, peut-être discuter avec la personne qui possède ce petit havre de culture et de paix. Je m’imagine que c’est une femme, 60 ans peut-être, elle a des lunettes, habillé à la cool, pas sophistiqué, du vécus, elle a peut-être croisée Blondie, Lou Reed, Bob Dylan et d’autres fortes personnalités qui ont marqué les U.S.A. dans sa jeunesse. Peut-être qu’elle a fréquenté des musiciens de Jazz aussi. Elle sourit en entendant mon accent français à couper à la tronçonneuse, me parle de son voyage en France et moi de lui parler du miens ici. Et on parle littérature américaine. On part loin, tous les deux sans bouger. Et puis je repars, un livre à la main, en espérant que la libraire ne soit pas la version féminine de Joe dans YOU. (Si vous ne le saviez pas, cette série, excellente au passage, est tirée de deux livres : Parfaite et Les corps cachés. L’auteure, Caroline Kepnes est même consultante sur la série ! Et non, je n’ai pas encore lu les livres, je fais tout à l’envers. La série avant les livres…)

Ah ! J’ai aussi plus de 30 livre de Stephen King ! J’ai presque tout ses livres. Je suis fou d’avoir tellement commandé.

Je me rappel qu’à l’appartement m’attendent des livres, notamment je me rappel aussi cette découverte : Virginie Despentes. King Kong théorie, bye bye blondie, baise-moi, les chiennes savantes, mordre à travers, Vernon Subutex. je suis impatient de lire cette écrivaine. Sa vie est… atypique . Comme la mienne. Qu’elle vie ne l’est pas d’ailleurs ? J’ai envie de lire son travail.

Find what you love and let it kill you.

Bang… Bang…Ding

La cloche de la Basilique me fait sursauter, déjà midi. Je m’allume une clope et je regarde Jeanne d’Arc. Il faut que j’aille visiter le musée dédié à elle à Rouen. Ma mère m’a dis que ça faisait peur, les mannequins bougent et truc comme ça. Elle m’a déjà emmener voir le lieux où elle a brûlé. Je ne sais pas trop quoi en dire. Je suis dubitatif. Jeanne d’Arc messieurs dames ! Je ne sais pas, ils auraient pu faire mieux.

Je me plains tous le temps en faite.

Ma clope consommée et le mégot rangé dans le paquet (sérieux, les mégots par terre, c’est degueulasse !), je vais faire un tour à côté de la salle des fêtes. Il y a une belle vue sur Rouen.

En chemin, des femmes mûres me suivent, elles ont des bâtons de marches dans chaque mains (marche nordique ?) et parlent du bienfait de la marche.

Je m’arrête pour vous prendre en photo cette horrible chose que les gens par ici appellent « le crapaud ». Voyez par vous même.

Qui a eu cette idée ? Qui a pensé que ce serait vraiment une bonne idée de poser ce truc là ? Petite infos complémentaires, des jeunes viennent souvent se garer à côté pour se défoncer à coup de protoxyde d’azote (je crois) contenu dans des ballons de baudruches. Une sorte de drogue qui est dans les parages depuis quelques années maintenant. Ces jeunes ne se cachent même pas.

J’arrive vers l’endroit qui donne une vue dégagée de Rouen ouest. Une photo puis je repart.

Je repasse à côté de la Basilique, je me demande si je vais y rentrer. Un panneau indique « vigilance », ce dernier mot écrit dans un triangle. Ce ne doit pas être pour la Covid, je pense que c’est un plan vigipirate, le pauvre Père Hamel

Quel monde triste, je ne rentre pas. Je passe à côté du presbytère, un arbre magnifique est planté dans sa cour. Je ne le prends pas en photo, je ne pense pas que cela sois judicieux mais il est beau. Tout tordu . Je lis vite fais une affiche accrochée sur une porte attenante au mur du bâtiment religieux.

Je lis « inscription pour le café » au lieu de « caté ».

Maintenant j’ai envie d’un café.

Bourré de sucre. Mais j’ai arrêté. Le café hein, pas le sucre. Je m’étonne d’être gros !

Arrive à quelque mètres de mon appartement, je tâte les poches, je ne trouve pas les clés !

Je fais une fouille minutieuse de mes poches, je commence à suer. Je vais devoir me retaper tout le chemin jusqu’à tout en bas du cimetière ?!

Je revérifie mes poches et les retrouvent, emmitouflées dans mon masque. Super Jaskier !

J’entre dans mon bâtiment, ouvre ma boîte aux lettres. J’ai reçus des livres.

Pour finir cet article (très long, désolé), une petite citation que j’ai retrouvé dans mes notes. Je ne sais plus où je l’ai trouvé mais elle était là, dans mon application. Autant la partager avec vous en guise de fin !

JD Salinger au New-York Times : « La publication est une terrible invasion de ma vie privée. J’aime écrire. J’adore écrire. Mais j’écris pour moi et mon propre plaisir. »

P.S. : depuis que j’ai écris cet article (le 18/11) l’homme qui devait être exécuté en Amérique ne le sera pas, le gouverneur de son État l’a gracié.

P.S. 1 : j’ai finis L’Iliade et L’Odyssée, je m’apprête à attaquer Un été avec Homère de Sylvain Tesson. Suite logique !

P.S. 2 : n’hésitez pas à jeter un coup d’oeil aux blogueurs que j’ai mentionné dans l’article !

P.S. 3 : désolé pour les fautes de français… et pour le très long article. Merci d’avoir lu jusque-là !

Jaskiers