Vous vous recroquevillez, les lamentations, les bruits de bagarres, vous en avez eu votre dose.
Puis, d’énormes néons bleus s’allument, vos yeux, encore agressés, mettent du temps à s’habituer. Plus personne ne bouge, tous ont le regard rivé vers ces lumières.
Puis, c’est une voix, qui vous annonce de rester calme, que des agents vont venir sélectionner des personnes pour une visite médicale, les cas les plus graves passeront en premier, et de restez patient. Au moindre geste hostile, les policiers utiliseront la force létale, il ne tenait qu’à nous de choisir comment les choses allaient procéder.
Les hauts-parleurs s’éteignent, les gens se regardent. On chuchote, on débat.
Ils vont nous tuer, pourquoi se soucieraient-ils de notre santé après nous avoir traités ainsi ? C’est un leurre, il faudra se jeter sur le premier cochon venu, le nombre fait la force.
C’est faux, ils nous ont traités comme cela car nous étions nombreux. Maintenant, ils allaient nous soigner, et essayer de nous faire rentrer dans le droit chemin.
Ou nous serons emprisonnés. Dans ces prisons insalubres, gardées par des flics en fin de carrière, qui n’en auront rien à foutre de nous. À l’intérieur, c’est la loi du plus fort.
Ou dans une sorte de camp d’endoctrinement. Des rumeurs circulent sur l’existence de pareils camps, mais rien de concret. Lavage de cerveau et retour à une vie bien rangée.
Ou recevoir une puce RFID, qui traquera nos moindres mouvements, nous sera implantée. On veut contrôler les troublions, et peut-être que les Sans-Riens implantés par des RFID sont la raison des raids comme ceux que l’on a vécu.
Tout le monde est confus, la visite médicale est peut-être un prétexte pour quelque chose d’autre, ou une vraie visite. Mais c’est sûr qu’aucun de nous ne ressortira totalement libre d’ici.
Les esprits s’échauffent. Personne n’a été fouillé avant d’être introduit ici. Certains sortent des canifs, d’autres des flingues, d’autres des armes de fortune qu’ils transportaient avec eux pour protection avant d’être attrapés.
Vous n’avez rien. Vous savez qu’ils ont raison. Peut-être que les agents savent pertinemment qu’il y aura résistance, ce n’est pas la première fois qu’ils font ce genre de coup de filet, ils s’apprêtent à massacrer tout le monde.
Votre seule option, vous faire petit, trouver une brèche, une faille, une opportunité pour vous enfuir. Ou faire le mort.
Des bruits mécaniques, les lumières artificielles puissantes de dehors s’infiltrent. De grandes portes rectangulaires, s’ouvrent doucement.
Vous ne voyez que les bottes des flics, puis la ceinture, la chemise bleu foncé avec « Police Unie » floquée en blanc sur la poitrine. Puis le casque, et le fusil-mitrailleur déjà en joug dans votre direction. Ils sont une bonne centaine, ce sera une bataille qui se jouera à environ trois contre un, en faveur de votre camp.
Les portes n’ont pas fini de s’ouvrir que déjà, votre camp prend l’initiative.
Le premier coup de feu est à peine parti que la mitraille commence. Les balles sifflent, vous entendez le bruit qu’ils font quand ils pénètrent un corps, perforant la chaire, brisant les os. Des cris, des explosions, de la fumée. Les yeux qui piquent, la gorge qui brûle à chaque inspiration. Penché en avant, vous avancez en poussant, en attrapant le premier venu pour vous en servir de bouclier humain. C’est horrible de faire cela, mais ceux qui survivent à ceux genre de situation ont plus ou moins, consciemment ou pas, profité du malheur de l’autre pour survivre.
Vous approchez d’une des sorties, la masse de flic avance sur vous, vous reculez pour ne pas prendre de balle. Votre clan réalise qu’il n’y a pas d’échappatoire et les plus courageux d’entre eux chargent. Vous les suivez, non pas pour quitter cette vie dans un dernier acte d’insoumission, mais parce que c’est la seule opportunité que vous aurez de pouvoir vous échapper.
Un jeune homme veut se tuer ; il a vingt ans ; il est Juif. Le vieillard qu’il rencontre l’après-midi de ce qu’il croit devoir être son dernier jour, est juif ; il a quatre fois vingt ans ; il est le seul survivant de Kolvillàg.
Cette petite ville d’Europe centrale ne figure sur aucune carte, dans aucun manuel d’histoire. Elle n’existe plus que dans la mémoire du vieillard ; et dans un livre dont il est dépositaire. Lié par un serment, il assure ne pouvoir en parler. Pourtant il en parlera : « Si je te racontais Kolvillàg ?… Il y a là une leçon dont tu pourrais tirer profit. Kolvillàg : la haine contagieuse, le mal libéré. Les conséquences graves d’un épisode banal et insensé… Brisant les chaînes, l’Ange exterminateur a fait de tout les hommes ses victimes… »
C’est l’histoire d’un pogrom. Histoire absurde à l’origine ; angoissante dans la progression de l’inévitable ; hallucinante par l’Apocalypse finale qui n’épargne pas plus les massacreurs que les massacrés. C’est aussi la peinture d’une communauté juive, avec ses figures pittoresques ou émouvante dominées par celle du hassid Moshe, « le fou ».
C’est enfin l’illustration entre toutes pathétique d’un thème obsédant Elie Wiesel : la fidélité aux morts devenant raison de vivre : « Ayant reçu cette histoire, tu n’as plus le droit de mourrir », dit le vieillard au jeune homme.
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C’est impossible, ou presque, de mettre des mots sur ce roman. J’essaye de tourner cette expérience de lecture en article mais je doute que cela soit possible tellement l’expérience était puissante.
Nous connaissons, sûrement, tous le livre La Nuit d’Elie Wiesel. Ouvrage qui avec celui de Primo Levi, Si c’est un homme, ont marqués la littérature concentrationnaire de manière indélébile.
Bien que Le serment de Kolvillàg ne soit pas sur l’univers concentrationnaire, du moins pas entièrement, il traite avec une force, une plume et une philosophie incroyable l’antisémitisme. Le martyre du peuple Juif, spécialement durant le XXe siècle. Il est, de mon point de vue, aussi important que les deux premier ouvrages cités dans ce paragraphe. Une plongée dans l’épouvante d’un pogrom dans un petit village de l’Est européen.
Le livre m’a touché, directement. Parlant de suicide dès la première page (Wiesel voulait-il exorciser le suicide de son ami Primo Levi avec se livre ?), avec une rencontre entre un jeune homme suicidaire et un vieillard, près à lui dévoiler son plus grand secret pour lui sauver la vie.
Le récit est rempli de passage sur la culture Juive, sur les traditions, la vie, des hommes et des femmes qui ont tous une personnalités marquantes et une histoire personnelle. On plonge dans le doute, l’enfer que vie cette communauté innocente tout en étant plongé dans l’immensité et la magnifique culture juive. L’horreur inconsciente opposée à l’immense histoire du peuple Juif.
Ce pogrome se déroule avant la Seconde Guerre Mondiale, avant la Shoah. Un terrifiant rappel du martyr que vivait le peuple Juif avant l’Holocauste.
Bien sur, j’avais sélectionné des passages à partager avec vous. Mais je ne pourrai pas faire justice au livre avec juste des passages. Il faut le lire en entier pour le comprendre. Un extrait ne serait pas assez.
Un livre qui étonnamment ne semble pas avoir marqué beaucoup d’esprits, dans le monde littéraire du moins. Pourtant je pense que sa lecture est importante, aussi importante que la lecture de La Nuit. Pour quelle raison ce livre est-il passé inaperçu ? Pourquoi personne n’en a parlé ? Ou bien est-ce moi qui manque de culture ce qui n’est pas impossible, loin de là.
Dans ces temps difficiles ou l’antisémitismes revient au premier plan, une œuvre comme celle-ci serait la bienvenue. La remettre sur les étagères des librairies et bibliothèques. Une force en émane. Celle de l’horreur, de l’horrible stupidité que l’être humain est capable de commettre et mettre en œuvre sans pitié aucune. Mais aussi de l’espoir, de la jeunesse, du combat contre l’oublie et pour la vie et pour la conservation d’une culture juive martyrisée mais millénaire. Ce livre est une preuve et une épreuve. Avec comme point d’orgue : témoigner peut sauver.
Lisez le et parlez en à votre entourage. Car cet ouvrage est important, beau, triste, même poétique, en lisant entre les lignes, pleins d’espoirs et de leçons pour les générations futurs.
La vie quotidienne de l’armée des ombres dans la capitale.
Dès l’été 1940, refusant l’armistice, quelques poignées de Parisiens se cherchent, désireux de « faire quelque chose ». Un premier groupe se forme, au musée de l’Homme ; d’autres suivront.
Résister à Paris de 1940 à 1944, c’est recopier un tract, imprimer une feuille qu’on hésite à qualifier de journal, tracer à la va-vite un graffiti sur un mur, glaner des renseignements dans l’espoir de les retransmettre à Londres… plus tard cacher des prisonniers évadés, des réfractaires au STO, trouver des faux papiers… L’action quotidienne est humble et obstinée plus que spectaculaire, même si elle expose à de grands dangers. C’est cet ordinaire qui transparaît dans l’évocation des lieux de la résistance parisienne : où dormir, où tenir une réunion, où imprimer un journal, où trouver des camarades… Une géographie se dessine d’un Paris clandestin, dérisoire par le nombre, immense par sa foie inébranlable dans la victoire.
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J’ai eu se livre en cadeau. Je n’aurai pas choisi se livre, parce que je ne connais pas du tout la géographie de Paris. J’aurai pu lire se livre avec Google map ouvert à mes côtés mais les lieux ont changées. Certains bâtiments ont été démolis.
Je me suis plus focalisé sur les individus et leurs actions. Il y a tellement de chose à raconter, de personnes à citer, de lieux, d’actions clandestines que je me suis perdu dans se livre, perdu dans Paris. Je n’ai pas su par quel bout prendre cette œuvre. Nous passons d’un article (car le texte, dans son ensemble, ressemble à des regroupements d’articles), d’une action se passant en 1940 pour passer à un tout autre article, sur un autre groupe de Résistant se passant en 1943. J’ai lu l’ouvrage jusqu’au bout malgré tous. Hey c’était un cadeau !
J’ai quand même trouvé, en comparaison avec la quatrième de couverture, que beaucoup de parisiens se sont mobilisés. Des femmes autant que des hommes, parfois très jeunes. Les photographies illustrant le livre sont parfois un peu « légères », il y en a de très intéressantes, comme celle d’un gestapiste guettant sa cible à la sortie d’une bouche de métro, où les lieux où se sont déroulé des événements importants. Le livre contient beaucoup de photographies des résistants en états d’arrestations.
La collaboration de la police et de la gendarmerie française avec les forces allemande est omniprésente dans l’ouvrage. Une honte de lire de telles choses. Bien qu’il faut noter qu’il y avait des résistants dans les forces de l’ordre française.
La Résistance était aussi (et surtout ?) le fait de petites gens dont les actes anonymes, les petits coups de mains, faisaient une grande différence.
Il est intéressant de voir où a été imprimer Le silence de la mer de Vercors.
Un reproche que je ferais au livre, il n’y a aucune carte de Paris ! Je ne connais pas Paris, à part les grands monuments et bâtiments mais c’est tout. Une carte complète et légendée aurait beaucoup aidé ma lecture.
Je vous le conseil uniquement si vous connaissez Paris comme votre poche et/ou que la Résistance vous passionne. Car on vous balance les noms, les lieux, comme si vous étiez déjà un fin connaisseur de l’histoire, de la géographie de la ville et de la Résistance. Malheureusement je ne le suis pas. Le travail d’historienne fournie par l’auteure est impressionnant. Le travail de documentation est monumental.
Ne pas oublier les actes de sacrifices et de résilience de gens lambdas qui se sont battus et exposés à leurs risques et périls, je crois que c’est le but de cet ouvrage. Et c’est réussi sur se point.
Ce n’est donc pas vraiment une review du livre en profondeur, je voulais juste avertir un potentiel lecteur/lectrice. Pour appréciez pleinement, il vous faut connaître Paris comme si vous l’aviez construite.
L’histoire de Francisco Boix et des photos dérobées aux S.S. avec les préfaces de Anne Hidalgo et Daniel Simon.
Quatrième de couverture :
Témoignage unique au monde sur le camp d’extermination nazi de Mauthausen : des centaines de photos nous montrent, de l’intérieur, toute la cruauté du système concentrationnaire nazi. Ces images furent prises par les S.S. eux-mêmes lorsque le camp était en pleine activité, comme tant d’autres détruites par les nazis au moment de leurs défaite. Comment celles-ci ont-elles pu être sauvées ? Grâce à Francisco Bloix, un jeune homme à l’esprit vif, courageux et doté d’un fort caractère. Prisonnier à Mauthausen, employé au laboratoire photographique, il parvint, avec l’aide de ses compagnons, à les soustraire et à les cacher pendant des années.
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ATTENTION ! CONTENUS CHOQUANTS !
Francisco Boix, au milieu, lors du procès de Dachau.
Francisco Boix est née le 31 août 1920 à Barcelone dans une famille de commerçant plutot aisée avec des idéaux politiques penchants vers la gauche. Le petit Francisco est énergique et se trouve une passion pour la photographie.
Lorsque la guerre civile espagnole éclate, il se fait recruter comme photographe reporter dans un magasine pour jeunes de gauche. Malgré son très jeune âge, il suit les Républicains sur le front.
À la défaite des Républicains suit la Retirada, la fuite des réfugiés espagnole en France.
La France les accueillera de manière plus qu’irrespectueuse et indigne d’un pays qui se voulait être le Pays des droits de l’Homme. Beaucoup mourront de malnutrition, de maladie et même de maltraitance avant même le début de la guerre.
La plupart des républicains réfugiés seront recruté dans des CTE, Compagnies de Travails Etrangers, la plupart de force d’autres dans la Légion Étrangère ou d’autres branches de l’armée.
À la défaire de la France, les soldats espagnols sont emprisonnés dans les Stalag, considérés comme prisonniers de guerre, puis peu à peu déportés à Mauthausen car Franco ne voulant pas d’eux, ils laissent ces espagnoles dans les mains des bourreaux nazis. Dans les camps, ils porteront le triangle bleu, couleur des apatrides, avec un ‘S’ cousu dessus pour ‘espagnole’… Paradox.
Ici commence l’enfer de Francisco et ses compatriotes.
Les prisonniers de Mauthausen ne sont pas censé sortirent vivant du camps. « Vous sortirez par la cheminée [du crématorium] », ce sont pas ces paroles que sont accueillis tous les prisonniers.
Les détenus du camp de Mauthausen sont classé NN, Nacht und Nebel, en français, Nuit et Brouillard, c’est à dire qu’ils sont voué à une mort certaine après avoir été soumis à l’esclavage au profit du Reich.
Mauthausen est classé parmi les camps de type III, c’est à dire, la mort par le travail, aucun survivant, la brutalité des SS et surtout des Kapos y était extrême. Pour exemple, Auschwitz était classé type I.
Le jeune Boix arriva au Erkennungsdient, le service d’identification et de photographie du camps en décembre 1941. Après être passé au Kommando (groupe de travail) de la carrière Wienergraben. Il était interné à Mauthausen depuis la fin août 1941. Sa place au sein du service d’identification lui a été trouvé par un camarade communiste. Très vite, il est considéré comme le « leader » du service, place qu’il acquerra grâce à son caractère fort et courageux, surtout parce qu’il deviendra l’assistant du SS Paul Ricken, photographe du camp, chargé de prendre des photographies de la vie quotidienne du camp et des morts. Le SS mettra en scène les cadavres, couvrira les meurtres en suicide, il était obsédé par la mort dans l’Art, au grand dégoût de Francisco.
Boix est celui à qui l’on doit d’avoir sauvé de nombreuses photographies et à témoigner lors du procès de Nuremberg après le témoignage de la grande résistante françaises Vaillant-Couturier. Il témoignera aussi lors du procès de Dachau qui jugera aussi les crimes et criminels de Mauthausen.
Jacinto Cortés Garcia, lui aussi réfugié espagnol déporté à Mauthausen, ayant « l’opportunité » de travailler en dehors du camp, faisant parti du Kommando Poschacher, kommando composé de jeunes espagnoles travaillant pour l’entreprise privée Poschacher, sortira les photos volés aux SS pour les donnés à une dame d’un village à proximité du camps. Boix les retrouvera chez cette dame après la guerre. Il retrouvera aussi d’autres négatifs cachés grâce à l’aide de d’autres détenus dans le camp. Pour la petite information, l’entreprise Poschacher existe encore…
À la libération du camp par les américains, Boix reprendra son métier de reporter de guerre. Il photographiera l’interrogatoire de Ziereis, commandant du camp. Agonisant, car en essayant de fuir, il fut retrouvé par des soldats américains. Il mourra peu après l’interrogatoire.
Francisco Boix après la libération du camp. Il reprendra immédiatement son métier de reporter/photographe de guerre.
À sa sortie de Mauthausen, ne pouvant revenir en Espagne à cause de la dictature de Franco, Boix ira à Paris, vivre avec d’anciens détenus et, comme d’habitude, reprendra son travail de photographe pour des magazines communiste. Il perdra un peu espoir à cause des déclarations de Staline, disant que les détenus communistes auraient dû mourrir dans les camps, les armes à la mains, ceux ayant survécus seront dorénavant considérés comme des traîtres.
Il rencontrera d’autres personnalités espagnoles en France tel que Pablo Picasso, Dolorès Ibarruri Gomez aussi connue sous le nom de La Pasionaria ou l’auteur espagnol Jorge Semprun, lui aussi ancien déporté à Buchenwald.
Francisco Boix, photographiant Pablo Picasso. Picasso dira de Francisco qu’il était un jeune très dynamique et passionné.
Son état de santé est mauvaise, même avec son très jeune âge et sa position dans le camp plutôt « aisée » (on appelais ces détenus des Prominenten. Secrétaires coiffeurs cuisinier, photographes, docteurs, infirmiers étaient des places très prisées par les détenus mais les places étaient extrêmement rares…), son séjour en détention a détruit son corps.
Il décèdera à 30 ans. Enterré dans une banlieue parisienne, sa dépouille sera transférée au cimetière du Père-Lachaise en 2017.
Il ne reverra jamais sa sœur Nuria, seule survivante de sa famille.
Transfère de la dépouille de Francisco Boix au cimetière du Pere-Lachaise en présence de la maire de Paris, Anne Hildago. 16 juin 2017
Il est dur de mettre des mots sur le livre. Déjà parce que le sujet est dur et que le livre est basé sur l’histoire d’un tout jeune espagnol déporté dans l’enfer concentrationnaire. Il est donc difficile de parler de se livre sans trop vous en dévoiler.
L’ouvrage se base principalement sur les témoignages de ceux qui ont connus Francisco Boix, en Espagne durant la guerre civile, au camp et après. L’ouvrage peut paraître un peu confus au vu de son organisation. La traduction peut manquer de panache et contient quelques coquilles (oui, d’accord, là c’est l’hôpital qui se fou de la charité), mais vraiment rien de très dérangeant.
Le livre se concentre principalement sur les détenus espagnols du camp et les différents protagonistes ayant aidés à la sortie des négatifs. Mauthausen est le camp contenant le plus de déporté espagnols. Tous déporté de France après leurs fuites d’Espagne.
Une des parties les plus intéressante et la déposition et le témoignage de Boix au procès de Nuremberg avec les photographies utilisées pour prouver ses dires. S’est aussi la partie la plus dur, car ces photographies sont terrifiantes.
D’autres ouvrages et un film sur Mauthausen sont à venir sur le blog, j’ai donc décidé de poster plusieurs photographies non présenté dans se livre et poster quelques passages du livre pour exposer l’horreur de Mauthausen et de ne plus avoir nécessairement à le faire pour les futurs articles. Ce n’est pas forcément un des articles les plus facile, émotionnellement du moins, à écrire.
Je vous laisse avec des témoignages, extraits (écrits en italique), informations et photographies sur Mauthausen.
Le contenu est EXTRÊMEMENT CHOQUANT !
On peut chiffrer à un peu moins de 200 000 les prisonniers passés par Mauthausen entre 1938 et 1945, dont la moitié y trouva la mort.
Cadavres de détenus découvert au camp de Mauthausen. 1945.
Normalement, lorsqu’on évoque un camp de concentration nazi, on pense à des morts cruelles dans les chambres à gaz. Dans le cas de Mauthausen, les détenus (nous devons inclure ici les espagnols), meurent en général d’épuisement associé à la faim. Il y avait un triangle létal formé de trois éléments : l’alimentation insuffisante, le travail dur sous les intempéries et une série de maladies ; chacun de ces éléments renforçait les deux autres.
Francisco Boix déclara ceci à Nuremberg au sujet de cette photographie : Ceci est une mascarade faite au sujet d’un Autrichien [Bonarewitz] qui s’était évadé. Il était menuisier au garage, il a pu faire une caisse où on pouvait tenir et sortir ainsi du camp. Mais, au bout de quelque temps, il a été repris. On l’a mis sur une brouette [à l’extrême gauche sur la photo] qui servait à transporter chaque jour les morts au crématoire ; il y avait des écriteaux en allemand disant : « Alle Vogel sind schon da », ce qui veut dire « Tout les oiseaux sont de retour ». Il a été condamné, promené devant 10 000 déportés ; il y avait un orchestre de gitans, qui pendant tout ce temps, jouait l’air de J’attendrai. Quand il a été pendu, il se balançait à cause du vent qu’il faisait et on jouait une musique très connue qui s’appelle Bill Black Polka. Photographie prise par le SS Ricken.
La carrière Wienergraben est le principal lieu de travail pour les détenus. Qui consiste à casser des pierres toutes la journées, sous tous les temps. Les SS pouvaient prendre en grippe un ou plusieurs détenus, leur faire transporter des lourds blocs de granits sur une longue distance, et leurs faire faire demi tour pour tous recommencer jusqu’à l’épuisement. Un travail de Sisyphe comme le déclarera Lope Massaguer.
[…]Le camp annexe de Gusen, situé à cinq kilomètres à peine de celui de Mauthausen. […] Le complexe de Gusen qui compta finalement trois camps était situé près des collines où l’on installa deux carrières. […] Mais il possédait une particularité tristement célèbre : un espace pour douche en plein air avec bassin au sol. C’est là que beaucoup de détenus furent soumis au supplice des jets d’eau froide par des températures hivernales extrêmes, jusqu’à mourrir sous les coups ou noyés.
Les camps annexes de Mauthausen-Gosen.
Une logique privilégiait l’extermination des détenus du camp, l’autre visait à utiliser cette main d’oeuvre au profit des entreprises des SS et à la louer à des firmes extérieurs . […] les détenus devaient s’épuiser au travail et c’était leur capacité à exercer un labeur productif avec le moindre coût de maintenance qui déterminait leur espérance de vie. […]
Détenus espagnoles cantonnés aux travaux forcés. Ici, ils traînent un wagon de terre. Le SS Paul Ricken dont Boix était l’assistant, est l’auteur de cette photographie.
La construction d’un terrain de football pour les SS coutera la vie à 1 000 prisonniers selon Francisco Bloix.
Détenus humiliés et forcés à faire du sport jusqu’à épuisement.
L’anarchiste catalan Lope Massaguer témoigne de son sentiment devant les souffrances et le destin tragique des Juifs Hollandais :
« Un jour un Kommando [groupe de travail] de 1 000 hommes arriva à la carrière, parmi lesquels près de 300 Juifs, la plupart portant des chaussures à semelles de bois. Les SS placèrent ces détenus en tête du rang, qu’ils fermaient eux-mêmes accompagnés de quelques chiens policiers. Lorsque la première centaine de Juifs atteignît la moitié de l’escalier, ils reçurent l’ordre de s’arrêter. Ils obéirent en tremblant, devinant probablement l’horreur qui les attendait (…) Les chiens (…) furent lâchés par les soldats sur les Juifs qui, terrorisés, commencèrent à descendre sous les risées des nazis. Pris d’une panique indescriptible, les plus forts écrasaient les plus faibles dans leur course effrénée pour arriver les premiers. Les galoches en bois les faisaient déraper sur les marches tandis que les chiens déchiquetaient leurs chairs ensanglantées. Les victimes lançaient des cris horribles qui provoquaient aussi bien notre effroi que celui des Juifs qui n’avaient pas encore été attrapés par les chiens. Et par-dessus toute cette horreur, les rires et les moqueries des kapos [prisonniers désignés comme gardien par les SS] et des SS. Lorsque tout fut fini, les marches étaient couvertes de cadavres, de blessés agonisant et de morceaux de membres arrachés.
Détenus montant « L’escalier de la mort », chacun portant une lourde charge de granite. Les chutes arrivaient fréquemment, écrasant, blessant grièvement et tuant des détenus. L’escalier avait 186 marches.L’escalier de la mort aujourd’hui.
Le docteur Podhala, éminent chirurgien et doyen de la Faculté de médecine de Brno (Tchécoslovaquie) déclara au procès de Dachau que plusieurs docteurs SS réalisèrent à Mauthausen et à Gusen des interventions chirurgicales (qui pouvaient inclure l’ablation de l’estomac ou d’autres organes) sur des détenus sains, dans le but de fournir des exercices pratiques au personnel médical SS et de satisfaire la curiosité de certains médecins. Un gros pourcentages des détenus soumis à ces expériences trouva la mort à la suite des interventions.
Je me permet d’ajouter qu’ayant lu le livre de Michel Cymes « Hyppocrate aux enfers », aucunes expériences médicales nazies n’ont fais avancer la médecine. C’était juste du pur sadisme.
Détenu décédé en tombant dans la carrière de Wienergraben (chute de 70 mètres). Photographie de Francisco Boix exposée au procès de Nuremberg. Ils y avaient plusieurs chutes par jour. Suicide, meurtre ou accident, la mort à Mauthausen prenait différente forme.
Un détenu, Marcial Mayans raconte la réaction des SS après le suicide d’un détenu et celui de son fils : « Ils [les SS] rigolaient et nous montraient du doigt en disant ‘Alle kaput’, vous crèverez tous. »
Photographie d’un détenu qui s’est suicidé en touchant les barbelés électrifiés du camp. « Un fait du quotidien » diront les rescapés du camps. Boix dira de cette photo : détenu politique autrichien, 1943. Au fond on distingue l’Appellplatz. Le panneau prévient du danger de mort par la haute tension. Photo prise par le SS Ricken.La libération du camp par la 3ème Armée Armée U.S. La photographie a été mise en scène, prise un jour après la véritable libération. La banderole accrochée à l’entrée du camps dit : Les espagnols anti-fasciste saluent les forces de libération.
Des 9 328 Espagnols internés dans les camps, 7 532 le furent à Mauthausen. 4 817 furent assassinés (Il convient de garder à l’esprit que les chiffres sont uniquement ceux qui sont attestés. Il se peut donc que les chiffres réels soient plus élevés.)
— Dedico este artículo a los refugiados españoles de la Segunda Guerra Mundial a quienes Francia traicionó. —
Éditoriaux et articles, 1944-1947. Édition établie, présentée et annotée par Jacqueline Lévi-Valensi.
Quatrième de couverture :
Entre le 21 août 1944 et le 3 juin 1947, Albert Camus est rédacteur en chef et éditorialiste à Combat.
Ses 165 articles — signés, authentifiés, ou légitimement attribuables — nous transmettent le témoignage lucide d’un journaliste conscient de ses responsabilités dans une époque où, au sortir de l’Occupation, il faut à la fois réorganiser la vie quotidienne et dessiner l’avenir de la France et de l’Europe. Sur de multiples sujets — la politique intérieur ; l’épuration ; la politique étrangère ; les droits, les devoirs et le rôle d’une nouvelle presse ; la politique coloniale, et, en particulier, la nécessité de doter l’Algérie d’un nouveau statut —, Camus informe et réagit.
On entend dans ces textes la voix passionnée d’un écrivain dans l’histoire, épris de justice, de liberté et de vérité ; mais aussi obstinément soucieux d’introduire la morale en politique et d’exiger le respect de la dignité humaine.
– La morale et l’humanisme en plein tournant de la seconde guerre mondiale. Voilà ce qu’a tenté d’invoquer Albert Camus dans le journal résistant « Combat ».
Camus, fils d’une mère illettrée et d’un père mort sur les champs de batailles de la guerre de 14-18, née dans la pauvreté en Algérie.
Cette article n’est pas là pour faire sa biographie, mais pour ajouter au paragraphe précédant, il monte un talent précoce pour l’écriture et surtout pour la philosophie.
Quand la seconde guerre mondiale éclate, il tente par deux fois de s’inscrire dans l’armée. Les deux fois, il est recalé pour ses problèmes de santé, notamment sa tuberculose.
L’homme n’abandonne pas. Il pense même que ne pas agir, ne pas choisir son camp est un acte de lâcheté.
Fort de son expérience de journaliste et de tout jeune écrivain, il va rejoindre la rédaction d’un journal Résistant à Paris : « Combat ».
Dans ce livre, les articles proposées commence en 1944. Année où l’Allemagne Nazie s’effondre. Ou la Résistance gagne du terrain. Ou la France se libère du joug hitlerien.
Malheureusement, la fin de la guerre ne signifie pas du tous la fin des atrocités et des problèmes en tout genres.
L’épuration : faut-il exécuter les « collabos » sans procès ? Faut il les pardonner ?
L’avis de Camus ? Il est complètement contre la peine de mort, contre la vengeance sans procès. Il veut imposer à la société française la morale. Morale qui a été enterrée durant ces années d’horreur. Il propose avant tout que ces Collabos passe devant la justice, qu’il puisse se défendre. Ne surtout pas appliquer les mêmes méthodes que les Nazis ont utilisé pour terroriser la population des pays qu’ils occupaient.
Viens un sujet très cher à son cœur, l’Algérie. Le respect des musulmans qui se sont battu pour la France, les indigènes. Mais l’Algérie commence à réclamer son indépendance, des sursauts d’insurrections éclatent assez brutalement.
Puis la position de la France sur l’échelle mondiale, fragilisée par la défaite de 1940, de l’occupation de l’Indochine par les Japonais, les colonies d’Afrique du Nord, victime de combat fratricides entre les Forces Françaises Libres, les politiques américains dédaignant laisser la France dans les mains d’un DeGaulle, la peur des communistes, présent en nombre dans la Résistance.
Dans ce livre, un Camus qui s’efforce d’exprimer que l’être humain doit être respecté. Avant tous.
Pour la petite note de la fin, Camus a une très mauvaise opinion de la littérature américaine. La décrivant, comme écriture de « supermarché » (c’est moi qui utilise se mot) comparé à la littérature française.
Albert Camus n’oublie pas aussi l’Espagne et sa République mise en déroute par Franco. Il rappel à ses lecteurs que l’Espagne de Franco est fasciste, que la France, l’Angleterre et tous les autres pays Alliés semblent oublier que des centaines de milliers de réfugiés espagnoles sont encore en danger de mort dans l’Europe libre. Il exhorte la France à aider son voisin européen, abandonné à une dictature dont l’Amérique semble s’accommoder. Du moins laisser de coter.
Après la lecture de se livre, on se rends encore plus compte de l’immense talent d’écrivain, de journaliste et de visionnaire que Camus possédait. Des « prédictions » qu’il faisait des problèmes à venir après la guerre, certains sont encore d’actualités ! À croire que oui, des choses ont changé, pour le meilleurs comme pour le pire, mais que le l’Histoire, l’humanité semble se mettre des bâtons dans les roues. Nous empêchants de vivre en paix. –
Les deux guerres mondiales racontées par la presse
Journaux de Poilus, de Résistant, presse officielles et presse collaborationniste…Cet ouvrage, florilège de documents exceptionnelles et profondément émouvants issus de l’incroyable collection (unique au monde) de Benoit Prot, retrace en images et titres chocs l’histoire des deux guerres mondiales qui ont redessiné les contours du monde.
1915-18 :
« Le canard enchaîné prendra la liberté grande de n’insérer, après minutieuse vérification, que des nouvelles rigoureusement inexactes. Chacun sait, en effet, que le presse française, sans exception, ne communique à ses lecteurs, depuis le début de la guerre, que des nouvelles implacablement vraies. » Le Canard enchaîné, n•1, 10 septembre 1915
1939-45 :
« Soyez discrets : ne cherchez pas à savoir qui fait notre journal ; ne chercher pas à savoir d’où il vient. Faites confiance à celui qui vous l’apporte. Ceci dit, n’oubliez pas de faire lire le même exemplaire par dix de vos amis. Ne confondons pas la prudence et la froisse : notre journal n’est pas fait pour ceux qui, bien calés au fond d’un bon fauteuil, le liront en cachette pour ensuite de hâter de la brûler… par prudence ! ». Le Franc-Tireur, février 1942
Collectionneur de presse passionné, Benoit Prot possède une des plus grande collection de journaux français au monde (plus de 30 000 exemplaires datant de 1631 à nos jours). Il nous dévoile pour cet ouvrage une sélection exceptionnelle de journaux de Poilus, de Résistant et de presse officielle de l’époque
– Partie du magasine sur la Première guerre Mondiale :
Les Poilus, mécontents du traitement de la guerre des tranchées par les journaux traditionnels et sujettes aux censures et mensonges, ont décidé d’écrire leurs propres journaux. Avec des titres différents suivant les tranchées qu’ils occupaient. Les satires, caricatures et textes, la plupart humoristiques leurs servaient d’exutoires, évitant ainsi la lecture frustrante des journaux officiels. Ces journaux étaient aussi un exutoire aux horreurs de la guerre. Des bribes de vie et de malheurs ont écrits par eux même et des compagnons d’infortunes pour rire, se sentir vivant et accompagné dans cette guerre terrible.
L’arrière, les civiles, gavés de fausses informations, de propagandes et bercés de récits alambiqués se montrent parfois arrogants, irrespectueux même insultant vis à vis des Poilus en permission, blessés, traumatisés. Les journaux Poilus ne manquent pas de se faire une joie de leurs rendre la pareil !
Malheureusement, je n’ai pas vu de journaux parlant ou écrit par des tirailleurs sénégalais, marocains ou algériens… On oublie trop souvent leurs sacrifices.
Journal de poilu : La Greffe Générale du 20 février 1918. « – Cette fois, mon vieux, nous avons un pied dans la tombe… – Oui ! Mais nous savons maintenant sur quel pied danser !!! »À droite : dessin d’un journal de Poilus Le Mouchoir du 10 octobres 1916 – Aux camarades et collaborateurs du Mouchoir morts pour la Patrie-
Extrait d’un article écrit dans Le crapouillot, journal de Poilu :
« (…) 11 h 20. Dans le large trou ou je viens de rouler avec B…, je suis encore à plat ventre, quand sans une plainte, un homme s’abat et reste sur mon dos. Par dessus mon épaule, je regarde le blessé qui m’écrase. C’est un tout jeune soldat, de la classe 15 ; les mains appuyées au sol, il cherche en vain à se soulever ; de sa bouche ouverte ne sort aucun son ; ses yeux, agrandis d’angoisse, fixés sur moi, semblent me demander s’il va mourrir. Je m’arrache lentement de sous son corps immobile ; il retombe, la face contre terre, sur ses bras repliés sans un cri. Pendant que B… lui enlevé des grenades et une partie de ses cartouches, je lui prends son masque Tambuté, qui ne lui servira plus. […] Le crapouillot,février 1917
Partie Seconde guerre mondiale :
La partie du magasine sur la Seconde guerre mondiale est beaucoup plus complète, elle contient de vrais trésors historiques. Allant des journaux de la Résistance, aux journaux collaborateurs (dont je ne posterai aucune photographie ni extrait pour des raisons évidentes), de la drôle de guerre ou les soldats, en attente, s’amuse à tromper l’ennui en créant des petits journaux de guerre, de la débâcle ou les journaux officiels choisissent déjà leurs camps, certains cèdent à l’affolement et au défaitisme menant à la Collaboration, certains appel à continuer la lutte, à réveiller et à soutenir les français dans ses jours sombres. La Résistance commence, à mon avis, ici.
Edith Piaf : lorsque nous avons décidé de donner une marraine de guerre à ce journal, les uns nous ont conseillé de prendre Mistinguett, les autres Marlène Dietrich. Certains mème allaient jusqu’à nous proposé Maurice Roustant. Nous avons préféré, quand à nous, avoir comme marraine de guerre une vedette qui tout en étant célèbre et populaire serait restée en étroit contact avec son public, une vedette, petite fille des faubourgs que le succès n’aurait pas grisée et qui aurait compris et aimé la mentalité des simples soldats. C’est pourquoi nous avons demandé à Edith PIAF, l’inoubliable créatrice de « Mon Légionnaire » d’être marraine du « Chic à Nied ». C’est avec empressement qu’elle a accepté et nous l’en remercions tous chaleureusement. Espérons que le « CHIC A NIED » comme sa marraine ira vers la gloire et le succès. Le chic à Nied, 10 mars 1940
La persécution des Juifs est peu présente dans les journaux, résistants ou collaborationnistes. Voici un extrait du journal J’accuse du 20 octobre 1942, journal résistant : « Les nouvelles qui nous parviennent en dépit du silence de la presse vendue annoncent que des dizaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants juifs déportés de France ont été ou bien brûlés vifs dans les wagons plombés ou bien asphyxiés pour expérimenter un nouveau gaz toxique. Les trains de la mort ont amené en Pologne 11 000 cadavres. Telle est l’œuvre sanglante des Huns du 20e siècle, des cannibales de l’ordre nouveau ! Que chaque famille française accueille un enfant persécuté ! »
Résistance, 15 décembre 1940
Je pensais que l’action des Résistants qui consisté à produire des journaux et pamphlets aux périls de leurs vies était dangereux, que le risque n’en valait pas la peine. Autant vous avouez qu’après avoir lu ces tracts, j’ai changé d’avis. Dans une France occupée et asservie, ce genre de texte pouvait aider la population à garder le moral, à s’engager dans la Résistance, à réaliser que tout n’était pas perdu.
Courrier de l’air, journal résistant largué par les Alliés sur la France occupé en 1941 : « On connaît plus d’une façon de manifester sa joie en la victoire. L’emploi de la lettre V en est une. Au surplus, les peuples opprimés ont inventé toute une série de méthodes pour afficher la lettre V, en la traçant à la craie ou la peinture, aux façades ou sur les pavés, en la dessinant avec le doigt dans le sable ou la poussière. Une autre méthode consiste dans l’emploi très simple du code Morse, en tapant, par exemple, sur la table d’un café, ainsi : • • • — , ce qui fait la lettre V »
Je regrette que le combat des anciennes colonies françaises, tirailleurs Algériens, Marocains, Sénégalais ect… ne soient pas mentionnés. Ils ont bravement combattus sous le drapeau à croix de Lorraine mais aucun extrait dans ces journaux ne semblent en faire mention.
Libération (édition du bord de la France Libre), 5 septembre 1944
Les images des journaux sont superbes et tellement intéressant. Tous les journaux viennent d’un passionné, Benoit Prot, qui a difficilement rassemblé tous ces petits trésors aux grès de multiples années de recherches et d’investissements financiers. L’ouvrage est très intéressant et la collection personnelles de Prot est un apport majeur pour l’Histoire. Je préfère vous laisser découvrir ce très belle ouvrage par vous même. –
Allemagne, octobre 1945. Les puissances victorieuses de la Seconde Guerre mondiale s’apprêtent à juger les crimes commis par les nazis. Durant un an défileront devant une cour internationale des responsables de l’Allemagne hitlérienne, sous les yeux attentifs de la presse du monde entier. S’appuyant sur de nombreux documents et témoignages consignés au moment du procès, Annette Wieviorka présente une vision d’ensemble de cet événement majeur du XXe siècle, depuis sa genèse – problématique – jusqu’aux répercussions considérables qu’il eut sur le conception d’une justice internationale.
Annette Wieviorka, historienne, directrice de recherche émérite au CNRS, fut membre de la Mission d’étude sur la spoliation des biens des juifs de France. Elle est l’auteur de nombreux ouvrages, notamment Déportation et génocide : entre la mémoire et l’oublie (Hachette, 1992) et Auschwitz, soixante ans après (Robert Laffont, 2006). Elle a codirigé aux éditions Liana Levi les ouvrages Les juifs de France et Mille ans de cultures ashkénazes.
« Un ouvrage incontournablepour comprendre et expliquer. » Actualité Juive
– Il y a pléthore de livre sur le procès de Nuremberg mais j’ai choisi celui de Annette Wieviorka car, lisant beaucoup d’ouvrages sur la Shoah, j’ai vu son nom et son travail plusieurs fois cité.
Wieviorka a écrit ici un petit livre, qui se lit rapidement, elle « vulgarise » et mets sur la table les documents les plus concrets et les plus importants dont ce sont servis les juges (français, américains, russes et anglais) pour juger les personnalités du troisième Reich les plus importants. Hitler et Himmler et Goebbels s’étant suicider, il ne restent qu’à juger Goring, Hess, Ribbentrop, , Donitz, Kaltenbrunner, Speer, Jodl, Rosenberg et Bormann (par contumace).
Il semble facile aujourd’hui de juger des criminels de guerres mais à la capitulation de l’Allemagne Nazi, le terme « génocide » n’est même pas dans le dictionnaire. Il faut aux juges préparer des chefs d’accusations nouveaux, qui devront marquer, pour l’Histoire, les procès contre les criminels de guerre.
Wieviorka signale les dissensions entre les juges, surtout avec les russes, car ils sont compromis à cause du pacte Germano-sovietique signé en 1939 entre les deux puissance pour l’agression et le partage de la Pologne. Les russes sont aussi partisans du « Tous pendus », alors que les juges des autres puissance s’appuie sur un jugement plus partial.
Nous avons aussi le droit à des réactions et des résumés d’entretiens psychologiques des accusés. Le comportement de Goring durant cette année de procès changera. Tout d’abord imbus de lui même et la tête haute, son attitude change quand des films enregistrés après la libération des camps par les Alliés est diffusé en plein procès. Arrivé à la fin, c’est un Goring pensif, amaigris et silencieux qui écoutera sa sentence, mort par pendaison, sans sourciller. Il se suicidera avec une capsule de cyanure dans sa cellule. Personne ne sait comment il s’est procuré cette capsule encore aujourd’hui.
Je laisse au futur lecteur de découvrir comment les autres accusés se sont comportés durant le procès et découvrir comment les juges ont fait de ce procès historique une base pour les prochains criminels de guerre.
Bien sur, je conseil vivement la lecture de ce livre très important pour comprendre le poids de ces jugements et la place qu’ils portent dans l’Histoire, encore aujourd’hui. –
Quatrième de couverture : « Il y a cet entassement des corps dans le wagon, cette lancinante douleur dans le genou droit. Les jours, les nuits. Je fais un effort et j’essaye de compter les jours, de compter les nuits. Ça m’aidera peut-être à y voir plus clair. Quatre jours, cinq nuits. Mais j’ai dû mal compter ou alors il y a des jours qui se sont changés en nuits. J’ai des nuits en trop ; des nuits à revendre. Un matin, c’est sûr, c’est un matin que ce voyage a commencé… ». Jorge Semprun a reçu le prix Formentor et le prix littéraire de la Résistance pour Le grand voyage qui retrace sa propre expérience de la déportation.
La déportation en train vers les camps de la mort raconté par Jorge Semprun, réfugié espagnol de la guerre civile d’Espagne (il sera surnommé le « rouge espagnol » par la dédaigneuse bureaucratie française de cette époque), pour avoir fait parti d’un réseau de Résistance. Son récit jongle entre la terrible promiscuité des wagons à bestiaux, ou hommes, femmes et enfants sont entassés, sans nourriture, sans eau, sans intimité, hanté par la soif, hanté de savoir où ils arriveront, si ils arrivent vivants du moins, et des récits de l’intérieur du camps, de ses horreurs, de sa libération ou la joie de la liberté retrouvée se confond avec le traumatisme, dans l’impossibilité d’expliquer l’enfer des camps aux « autres », l’incompréhensible silence des villageois vivant à côté du camps. Retrouver son Espagne natal ne soignera pas les terribles souvenirs qui restent ancré en lui.
Jorge Semprun a décidé d’écrire sur sur cette déportation des années après se cauchemars. Il me reste à lire de lui un autre ouvrage : L’écriture ou la vie. Dans certains des passages de son livre Le grand voyage, il semble que l’écriture l’aide à exorciser ses traumatismes, mais le titre du prochain ouvrage que je vais lire m’intrigue et je suis peut-être dans le faux. Bien sur, j’écrirai sur la lecture de L’écriture ou la vie mais pas tout de suite, la lecture de ce livre me demande du temps pour emmagasiner ce que l’Homme peut faire à un autre.
Petit passage du livre : « Cette certitude éblouissante dans les tons gris, les grands sapins, les villages pimpants, les fumées calmes dans le ciel de l’hiver. Je m’efforce de garder les yeux fermés, le plus longtemps possible. Le train roule doucement avec un bruit d’essieux monotone. Il souffle, tout à coup. Ça a dû déchirer le paysage d’hiver, comme ça déchire mon cœur. J’ouvre les yeux, rapidement, pour surprendre le paysage, le prendre au dépourvu. Il est là. Il est simplement là, il n’y a rien d’autre à faire. Je pourrais mourrir maintenant, debout dans le wagon bourré de futur cadavres, il n’en serait pas moins là. […] Nous pouvons tous mourrir, moi-même […] et le vieux qui hurlait tout à l’heure, sans arrêt, ses voisins ont dû l’assommer, on ne l’entend plus, elle serait quand même là, devant nos regards morts. Je ferme les yeux, j’ouvre les yeux. Ma vie n’est plus que ce battement de paupières […] Ma vie a fui de moi, elle plane sur cette vallée d’hiver, elle est cette vallée douce et tiède dans le froid de l’hiver. »