Dante’s Dusty Road – Chapitre 4

Il se réveilla en sueur, la climatisation devait être en panne. Classique dans ces petits motels minables de bords de routes. Il prit son carnet de note pour y écrire son rêve et la phrase écrite par la machine à écrire. Il allait utiliser tout ce qu’il allait ressentir dorénavant, du plus simple sentiment au plus complexe, du plus petit événement au plus grand, du plus horrible au plus agréable, pour écrire. Et les rêves et cauchemars fournissaient une matière intéressante et étrange, idéale pour un écrivain d’œuvres d’épouvante.

Après avoir bu un café noir, il reprit la route, direction Forgan, Oklahoma. L’Amérique profonde, celle dont on ne parle jamais, lui ouvrait grand les bras… Dû moins le pensait-il.

Jaskiers

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Dante’s Dusty Road – Chapitre 1

Le réveil a été dur ce matin, mais ça reste un plaisir. Dante Rand pensait tout haut dans sa nouvelle berline de luxe.

Direction : liberté et solitude !

Dante Rand avait enfin sa vie de rêve, écrivain. Avec le succès de son roman d’épouvante « Personne n’est en danger », il s’était fait connaître du grand public et avait assuré sa place dans le milieu littéraire américain. Le New-York Time l’avait proclamé le nouveau Stephen King, ses séances de dédicaces étaient interminables, les gens faisaient la queue pendant des heures pour avoir leur livre signé par le nouveau roi de l’épouvante.

L’argent coulait enfin, et pas qu’un peu. Il venait de vendre les droits cinématographiques de son roman à Universal pour 5 millions de dollars.

Il avait investi dans un ranch abandonné dans le PanHandle de l’Oklahoma. La maison, bien que vieille restait solide sur ses assises. En plus de la maison, il y avait une immense grange qu’il avait remanié selon ses désires, pour travailler dans le calme. Il n’y avait personne à 20 miles à la ronde, il serait seul, sans distraction. Il n’avait pas fait installer internet et le réseau cellulaire restait à désirer. Toute la ferme avait était rénovée selon ses goûts sans qu’il n’ai à y mettre une seule fois les pieds.

C’était là qu’il se dirigeait. Bruce Springsteen chantait qu’il était née dans un trou perdu à tue-tête dans la radio. Il souriait car enfin, l’obsession d’avoir assez d’argent pour manger et payer loyer et factures était loin derrière lui. Tout ce dont il avait à s’inquiéter était d’écrire son prochain roman dans les temps, si possible.

Jaskiers

J’ai fait un mauvais rêve… ou un bon cauchemar. (Billet onirique ?)

C’était bien la première fois depuis longtemps, en faite, depuis toujours que je m’étais réveillé avec l’impression que j’étais heureux d’être vivant. Dans ma vie courante, ce sentiment, je ne l’avais pas eu depuis longtemps.

Il m’a fallu ce « rêve » pour réaliser, non, ressentir, le temps de quelques secondes, que je devrais profiter de la vie et arrêter de me tracasser pour un rien.

Mais ce sentiment est venu quelques minutes après mon réveil, j’étais secoué par le cauchemar que je venais de faire.

Voici le rêve que j’ai fait durant la nuit du 03/06/2022 au 04/06/22 :

J’étais dans un hôpital avec une perfusion dans le bras. J’avais un cancer en phase terminal et j’allai mourir d’une minute à l’autre.

Cancer de quoi ? Je n’en sais rien, je me rappelle avoir mal à la cuisse gauche, j’étais épuisé et terrorisé d’attendre la mort.

Je sais qu’il y a plus de détails de ce rêve mais ils sont passés aux oubliettes de ma mémoire. Vous savez, quand vous avez fait un rêve dont vous ne vous souvenez pas mais que les sensations que vous a laissées ce dernier vous tenaille la poitrine et hante vos pensées… C’est frustrant de ne pas pouvoir se souvenir. Le corps, lui s’en souvient, mais l’esprit a décidé qu’il fallait l’oublier.

Je me rappelle l’attente terrible de ma dernière seconde de vie. Puis, je suis sortie de l’hôpital pour faire une dernière balade avant ma mort.

Le soleil reflétait ses rayons sur une des façades de l’hôpital, comme si les vitres de ce dernier étaient des miroirs.

Je vis mon père, maigre, la peau jaunie et tout aussi épuisée que moi, me rejoindre. Je ne me rappelle plus du tout de ce dont nous avons parlé.

Pour information, mon père est mort d’un cancer.

Puis, je retournais dans ma chambre, seul. Un tout petit peu moins terrorisé.

Mais l’attente et surtout cette douleur qui se propageait dans mon corps reprît sa terrible emprise.

Et je me suis réveillé, en sueur, le cœur battant. Puis, j’ai allumé une cigarette pour décompresser et c’est là que j’ai ressenti cette sensation d’être en vie, relativement en bonne santé (ironique de dire que je fumais en même temps d’avoir cette pensée…) et qu’il fallait que j’arrête de me monter la tête pour des petits riens. Et puis, les réminiscences du rêve-cauchemar revinrent me hanter.

J’ai, à l’époque où j’écris cet article, c’est-à-dire le jour même de ce cauchemar, lu pas mal sur la vie de Jim Morrison, sur sa philosophie de vie. Je lisais le « Photojournal » de Frank Lisciandro sur sa relation avec Jim. Il parlait dans ce livre des écrits de Jim sur ses rêves et cauchemars qu’il avait pour habitude d’écrire sur ses carnets notes. Morrison portait une attention particulière à ses rêves, au monde onirique. Je l’ai lu dans sa poésie et on peut l’entendre dans la musique des Doors.

De plus en plus, je remets en question la vie, pas MA vie mais LA vie. Je commence à être persuadé que nous ne voyons qu’une infime partie de notre monde, que la vie a des mystères, des choses puissantes, peut-être peut-on parler de dimensions ou de plusieurs mondes, parallèles au notre. Des choses invisibles, des choses dont nous perdues la capacité de voir et ressentir.

Je pense aux Indiens d’Amérique, aux Égyptiens de l’Egypte antique, ils semblent qu’ils avaient une vision différente, ou mieux, une relation différente avec notre monde. Évidemment, pour les Égyptiens de l’antiquité, cette réflexion est étoffée de toute cette culture connue dans le monde entier, mais les Indiens d’Amériques, bien que martyrisés, mal traités encore aujourd’hui, ont gardé la sagesse, certains rites et secrets qu’ils protègent depuis je ne sais combien de milliers d’années mais qui reste, je pense, trop inconnus du grand public. J’aimerais parler avec l’un d’entre eux. Nous ne pouvons juger de leurs visions du monde car leur peuple, coutumes, croyances, rites, existent depuis des millénaires, enfin je présume. Ils savent, leurs ancêtres savaient des choses sur notre monde, des facettes que nous avons oubliées.

Ce rêve était peut-être une mise en garde ; ne pas trop chercher ce que je ne pourrai pas supporter. Ou peut-être est-ce l’inverse, une sorte de renaissance. Ou bien, c’était juste un rêve.

Un rêve qui m’a marqué. Je fais souvent des rêves, je les écris sur mes carnets depuis presque 8 ans maintenant. Mais j’avais envie de partager ce rêve avec vous car, au fond de moi, je le trouve important. J’entamerai, bientôt je l’espère, des lectures pour ouvrir un peu mes horizons et m’éclairer un peu sur ce monde qui cache à nos yeux des facettes oubliées. C’est peut-être aussi ça le problème, nous ne pensons et croyons qu’avec les yeux. Jim Morrison l’écrivait, nous sommes dépendants des yeux, ils nous offrent un monde, un seul et nos autres sens sont dominés par eux. Je pense qu’il nous faut nous reconnecter à la nature, à notre nature pour pouvoir découvrir le reste et nous émanciper de la dictature de la vue.

Je parle comme si j’étais fou. Et je le suis un peu. Et je revendique que les fous ont peut-être raison. Peut-être voient-ils quelques choses que le commun des mortels ne voit pas où ne veut pas voir et réprime ces fous. Avons-nous peur d’eux parce qu’ils sont fous ou parce qu’ils voient des choses que nous ne pouvons pas voir ni comprendre ? Peut-être que ces fous sont devenus fou car ce qu’ils ont découvert, les choses dont ils ont fait l’expérience les ont laissés sur le carreau. Parce que nous avons oubliés que l’existence est autre chose que le monde physique et observable à l’œil.

Suis-je à la recherche de la Vérité comme Proust, enfant, dans le jardin de grand’tante Léonie à Combray ? Et, qu’en saurais-je que j’ai trouvé cette Vérité ?

À la recherche d’un monde plus juste, doux qui a un sens. Que nous ne pouvons avoir mais qui est là.

Merci d’avoir lu jusqu’ici.

Jaskiers

Cauchemar d’enfance

Était-ce le milieu de la nuit ? Au début ? À l’aube ?

Je ne me rappelle plus, seulement, je sais que la chambre était plongée dans la pénombre.

Pourquoi étais-je réveillé ? Je ne me rappelle plus.

Pourquoi je fixais la porte de ma chambre ? Vous avez deviné, je ne me souviens plus.

Est-ce que j’étais éveillé ou encore dans les bras de Morphée ? Encore une question sans réponse.

Ce dont je me rappelle, ce sont ces mannequins de boutiques, ceux que je voyais quand je passais devant cette boutique de prêt-à-porter, boutique qui dans mes souvenirs n’était jamais ouverte. Les mannequins n’étaient jamais habillés, il semblait y avoir de la poussière sur eux, de la crasse. Ces mannequins n’étaient pas ceux que l’on trouve habituellement dans les boutiques. Ils étaient plats, grands, aucunes formes, asexuelles. On distinguait évidemment la tête, les bras, peut-être un peu de hanche, les jambes et c’est tout. Mais ils étaient plats et chacun avaient sa couleur, bleu, rouge, gris, blanc, noir, vert.

Je passais devant souvent. La boutique était dans une galerie marchande où ma mère m’emmenait pour faire les courses et je jetai toujours un coup d’œil à ces mannequins, abandonnés au regard de tout le monde.

La nuit dont je parle, ces mannequins ont ouvert la porte de ma chambre, ils étaient toujours aussi plats, leur bras et jambes bougeaient et c’était tout. Qu’ils étaient maigres ces bras et ces jambes ! Mais ils étaient sûrs de leur mouvement. Celui (ou celle…) qui avait ouvert la porte était le mannequin de couleur jaune, j’ai vu sa main et son avant-bras lentement redescendre à ses flancs après avoir ouvert la porte pour lui et ses camarades.

Ils rentrèrent tous, toutes les couleurs et s’installèrent debout, devant mon lit et ne bougèrent plus.

Attendaient-ils de moi quelque chose ? Voulaient-ils que je les habille ? Que je leur parle ?

Je n’en sais rien car j’ai crié et me suis caché sous ma couette. Le temps que ma mère arrive pour demander ce qu’il se passait et me rassurer, ils avaient disparus.

Cauchemar… Cauchemar ? J’avais environ 6 ans, je me rappelle distinctement les voir rentrer doucement, et même si leur visage n’était qu’un vulgaire ovale sans traits aucuns, j’étais persuadé qu’ils me regardaient. Maintenant encore, quand il m’arrive de repenser à cette horreur onirique, je ne m’en rappelle pas comme d’un cauchemar mais comme un vrai souvenir, comme si j’étais éveillé et que ces mannequins étaient vraiment entrées dans ma chambre. Qu’ils étaient vivants, avec une conscience. Si je me concentre, j’ai presque l’impression qu’ils m’ont parlé, pas physiquement, ils n’avaient pas de bouches mais communiquaient par télépathie.

Pourquoi étaient-ils venus ME voir, moi un enfant et pas un autre ? Que me voulaient-ils ? Que me serait-il arrivé si ma mère n’était pas venues à mon secours ?

Peut-être qu’en fin de compte, tout ceci était un rêve, enfin un cauchemar. Même si ma mère ne s’en souvient pas du tout, et pourtant, je n’étais pas le genre d’enfant à crier et à appeler à l’aide après un mauvais voyage onirique.

Après tout, pourquoi, après cette nuit, les mannequins avaient disparu de la boutique ?

Tant de questions, dans un monde qui est obsédé par les réponses. Je ne cherche pas plus loin, les choses sont parfois mieux laissées sans réponses.

Jaskiers

Une histoire de fantôme (une histoire vraie… si si !)

J’étais enfant, je dirais que je devais avoir 8 ou 9 ans. J’étais en vacances chez mon père qui m’avait amené à la campagne, dans la maison de ma grand-mère. Une vielle maison qui nous appartient depuis plusieurs générations, si j’ai bien calculé.

C’était (et est toujours) une vieille bâtisse, avec de massifs volets en bois, un étage, un immense jardin, une petite cour devant et l’atelier de menuisier datant de mon arrière-grand-père juste en face. En faite je pense même que l’atelier a été construit à l’époque de mon arrière-arrière-grand-père, mais je ne suis pas sûr.

Toujours est-il que cet été, je jouais dans la cour de devant, une cour pas bien grande mais constituée de cailloux, de sable et de mauvaises herbes qui semblent pousser en une nuit.

Mon père bricolait dans l’atelier et moi, j’avais découvert comment faire du ciment, du moins je pensais que j’avais découvert comment en faire.

J’avais décidé de créer une sorte de petit fort en utilisant le sable et les cailloux de la cour mélangés avec du ciment « prêt à l’emploi ».

Autant vous dire que mon fort ressemblait plutôt à une sorte de montagne. Qu’à cela ne tienne, j’avais sorti mes petites voitures et avait créé des chemins avec une balayette qui passaient autour de la montagne, j’étais content.

Je jouais tranquillement, mon père toujours en train de bricoler je ne sais quoi dans l’atelier, ma grand-mère, handicapée, devant sa télé quand j’entendis quelqu’un cogner dans une vitre.

Je me retournais pour voir si c’était ma grand-mère qui cognait à une des vitres du rez-de-chaussée, personne.

Trois nouveaux coups retentirent à ce même moment et je levais ma tête. Une femme pâle, brune, un visage fin, avec sur la tête une sorte de voile, me faisait signe, avec un grand sourire.

Je lui rendis son signe amical et recommença à jouer. Je pensais que c’était une nouvelle femme de ménage qui était venue aider ma grand mère, sans que je ne m’en rende compte. Je n’ai pas plus été surpris que ça.

Après une demi-heure de course poursuite effrénée autour de la montagne de ciment, appelons cette montagne ce à quoi elle ressemblait vraiment, un monticule de sable, de cailloux mélangé avec du « ciment » et de l’eau, je décidais de rentrer pour prendre mon goûter.

En rentrant dans la cuisine, je dis à ma grand-mère, qui était devant sa télévision, que je ne savais pas qu’elle avait une nouvelle femme de ménage. Elle me répondit qu’elle n’avait pas changée de femme de ménage depuis plus de 10 ans. Je lui demandais donc qui était cette personne à l’étage qui m’avait fait « coucou ». Elle me répondit par un silence, une expression un peu inquiétante, comme si elle parlait à un fou. Elle me répondit que personne n’était monté là-haut, les femmes de ménages ne pouvant faire le ménage que dans les espaces de vies de la bénéficiaire. Ma grand-mère étant lourdement handicapée, l’étage n’était pas un espace de vie. Aussi, personne n’était venu faire une visite de courtoisie à ma grand-mère, ce qui était chose courante à cette époque pas si lointaine.

L’étage n’était occupé par personne, excepté par mon père et moi quand nous y dormions.

J’affirmais avec certitude avoir vu quelqu’un à l’étage, une femme. Mais ma grand-mère trouva l’explication : j’avais imaginé ça, j’étais tellement pris dans mes courses de petites voitures que j’ai imaginé une femme me faisant un signe de la main et un sourire.

Depuis ce jour, c’est la chose la plus inexplicable qui m’est arrivée. Je suis persuadé que j’ai vu cette femme car je me rappelle exactement à quoi elle ressemblait, et surtout, je me souviens avoir entendu distinctement les coups sur la vitre, le signe de la main, le sourire, le beau visage de la femme et son châle de marié.

En regardant des vieilles photos de famille, je crois avoir reconnu mon arrière-grand-mère, une femme brune au visage fin, je n’ai que cette photo d’elle… en robe de marié. Je n’avais jamais vu cette photo auparavant, c’était en fouillant il y a 3 ou 4 ans dans une vieille armoire que j’ai trouvé cette photographie.

J’ai demandé des renseignements à ma grand-mère, elle m’a dit que c’était une femme très belle, avec des cheveux magnifiques, mais avec une personnalité des plus… extravagantes. Elle croyait aux extraterrestres par exemple, ce qui n’est pas rien quand on sait qu’à l’époque, cette croyance était très mal vue.

Parfois, ma grand-mère me dit parfois qu’elle entend quelqu’un cogner à une vitre la nuit. Elle et moi ne croyons pas aux fantômes. J’aimerais qu’ils existent, cela rendrait la vie plus intéressante, mais je ne peux expliquer ce que j’ai vu ce jour-là. Je m’en rappelle comme ci c’était hier.

J’ai dormi des années et passées plus de dix ans dans cette maison et je n’ai jamais vécu quelque chose de paranormal. Je n’ai jamais entendu les bruits que ma grand-mère entends la nuit, jamais vu d’autre apparition ni senti de présence.

Mais j’ai vu, j’en suis sûr et certain, ce que je crois être le fantôme de mon arrière-grand-mère, dont je porte le prénom en troisième prénom (ça se dit ça ?).

Je préfère cette théorie là, celle du fantôme, à celle d’une personne qui vivait en cachette dans la maison familiale, à l’insu de ma grand-mère, et même de moi et de mon père.

Je sais ce que j’ai vu, et jamais je n’ai vécu d’autres expériences. Et honnêtement, j’aime à me souvenir de son beau visage.

Jaskiers

Rêve de chambre funéraire

C’était un rêve que j’avais fait, peut-être 1 ou 2 ans après avoir dit adieu à mon grand frère.

Mon grand frère, mon héros, a été le premier corps sans vie que j’ai vu de ma vie.

Je ne sais pas si vous avez déjà vu un corps sans vie, mais le choc est terrible. Surtout quand on a connu la personne, qu’on l’a côtoyé tous les jours depuis l’enfance. Mais je me rappelle que mon esprit n’acceptait pas les informations envoyées par mes yeux, impossible qu’un corps ne bouge plus, ne respire plus, ne vive plus.

Quelque chose s’est brisé en moi ce jour-là, je n’ai jamais vraiment pu me reconstruire. Encore moins quand j’ai dû voir le corps sans vie de mon père 10 ans après.

Mais revenant au début de l’article, je parlais d’un rêve que j’avais fait quelques années après cette vision traumatisante.

J’avais rêvé que je rentrais dans la chambre funéraire, toute la chambre était blanche, ne ressortait que le visage de mon frère, pâle, lui qui était toujours bronzé, les joues rouges et les yeux pleins de vies.

Je m’approchai de lui et son visage fermé se tourna vers moi. Je n’étais nullement effrayé, j’étais curieux. Je présumais qu’il voulait recevoir un bisou sur la joue, comme je l’avais fait en vrai. Je me rappelle encore aujourd’hui la froideur de sa peau, l’impression que j’embrassais quelque chose de synthétique. En écrivant ces lignes, me revient l’odeur, fade mais aussi forte, de la chambre funéraire. Cette odeur revient me hanter parfois. N’importe où, n’importe quand. Cette odeur me renvoie dans cette salle, directement. Elle me renvoie aussi à la chambre funéraire de mon père. Pour lui, je n’eus pas le courage de l’embrasser. Je ne voulais pas sentir encore une fois sur mes lèvres la peau sans vie d’un proche. Mais cette odeur, ce sens que nous ne pouvons pas contrôler, l’odorat, c’est peut-être la pire des choses. L’odorat et l’ouïe sont les sens que nous ne pouvons contrôler en situation de stress. Je présume cela. Je pense à ces soldats qui reviennent traumatisés de zones de conflits. Les feux d’artifices, les pétards peuvent déclencher de graves réactions de stress post-traumatique. Je présume que l’odeur aussi, peut provoquer ces choses. Ces deux sens sont des traîtres qui nous ramènent, contre notre gré, au pire moment de nos vies.

Bien sûr, les odeurs ne rappellent pas que des mauvais souvenirs, comme celles qui ramènent Proust du côté de Méséglise ou de Guermantes. Où même pourrions-nous parler du goût, de la sacro-sainte « madeleine de Proust ».

Si jamais vous n’avez jamais vécu de telles expériences, un petit exemple. Écoutez une musique que vous aviez l’habitude d’entendre ou juste d’écouter à une période difficile de votre vie et vous comprendrez. Je suis certain que cela touche tout le monde.

Mais revenons à la chambre funéraire onirique de mon frère.

Son visage tourné vers moi, je regardais fixement ses paupières quand ils s’ouvrirent d’un seul coup. Au lieu de pupilles, des roses d’un rouge vif, me fixaient.

Je ne me rappelle plus si j’avais eu peur, le temps joue des tours à la mémoire et je ne veux pas inventer. Je sais par contre que j’étais curieux, que je n’ai pas reculé. C’était étrange, terrifiant mais tout en étant beau, fascinant et hypnotique. Je me rappelle encore cette couleur rouges si intense encore aujourd’hui.

Et puis je me suis réveillé.

Jaskiers

On m’a offert une machine à écrire pour mes 28 ans

Enfin ! J’ai une machine écrire !

Diantre ! J’ai 28 ans !

J’aurais aussi aimé une à remonter le temps ! Je n’ai pas vu la vingtaine passée ! Je me souviens encore de la fête que j’avais faite pour mes 20 ans comme ci c’était hier ! Le temps passe vite passé un certain âge, je dirais qu’à partir de 18 ans, les années défilent très vite !

Je me rappelle quand j’étais gamin et que chaque année paraissait durer une plombe. Je ne sais pas pourquoi, mais à partir de mes 18 printemps les années semblent avoir filé sans que je m’en rende compte.

C’est peut-être parce que l’on vieillit, on réalise que l’on est adulte et on panique un peu, essayant de s’accrocher, de ralentir le temps, inexorable et sans pitié qui n’attend personne. La vraie richesse, c’est la santé et le temps. Les deux choses les plus précieuses qui ne peuvent pas s’acheter (ou presque).

En parlant de temps, me voici en possession d’une Olympia datant des années 60 !

Merci à ma sœur et à ma mère d’avoir réalisé un de mes rêves.

C’est fait, j’ai une machine à écrire !

Déjà au milieu de mon bordel !

Elle est beaucoup plus âgée que moi, mais est toujours belle et surtout, elle fonctionne à merveille !

Quelle ironie qu’une vielle machine qui a plus de 60 ans fonctionne encore parfaitement quand l’ordinateur ou le téléphone sur lesquels vous lisez ces lignes seront obsolètes dans quelques années.

C’est quelque chose d’écrire sur une machine ! Vraiment. J’avais déjà parlé de l’Olympia de ma grand-mère qui ne pouvait pas aligner les majuscules, mais qui fonctionnait quand même après être resté plus de 40 ans dans une armoire.

Voici mon Olympia, une « De Luxe » s’il vous plaît !

J’ai déballé ce cadeau devant ma sœur et ma mère (et Roméo aussi, mais il ne semble pas vraiment fan d’une si bruyante chose).

Elle m’a été offerte, merci maman et merci soeurette, avec sa housse de transport. L’occasion de parler avec ma petite sœur de la vielle époque où les gens devaient se trimbaler avec cette lourde machine jusqu’au travail.

On se plaint beaucoup que la vie ne soit pas facile. Mais ce simple fait que nos grands-parents devaient se coltiner des trajets avec une machine à écrire remet les choses en perspectives.

Qu’est-ce que nous nous plaignions ! On est français après tout, un sport national ! Mais vraiment, oui, la vie est foutrement difficile, rien n’est simple, mais comparé à nos aïeux ? Les avez-vous entendus se plaindre que la vie était dure ? Pas moi ! Jamais ! Et j’ai eu la chance de connaître mon arrière-grand-mère qui, morte à presque 106, avait vécu les deux guerres mondiales (et qui a eu la visite de la gestapo à cause des activités de résistant de mon arrière-grand-père) et a élevée quatre enfants sans aides sociales. Jamais elle ne s’est plainte de la vie. Enfin si… elle disait qu’à 100 ans, elle commençait à trouver le temps long.

Revenons à nos moutons !

Saviez-vous que ma petite sœur, qui approche de sa vingtaine, ne savait pas qu’il fallait des feuilles pour utiliser une machine à écrire ?!

Quelle génération !

Mais je sais que tu lis cet article. T’es chiante mais tu es la meilleure.

C’était tellement agréable de pouvoir écrire parfaitement (avec mes fameuses fautes d’orthographe) sur le clavier d’une machine à écrire qui retranscrit parfaitement les mots sur la feuille !

Je découvre aussi que cela sera un apprentissage de maîtriser la bête !

Comment faire des paragraphes ? Parfaitement revenir à la ligne, bien organiser l’espace sur la feuille etc… Je trouve petit à petit mes marques et le fonctionnement mystérieux de cette machine. Une relation de musicien à son instrument se créait. Je commence avoir le même attachement à celle-ci qu’avec ma guitare sèche qui malheureusement est loin de moi. Je rêve souvent que je joue de la guitare, mais électrique. Ah ! Ce vieux rêve d’être RockStar ! C’était Jim Morrison, je crois, qui disait qu’à 27 ans, on été déjà trop vieux pour être une rock star. Ou peut-être était-ce Kurt Cobain qui a dit cela.

En tout cas, je trouve que ce sera un outil de plus pour me pousser à écrire, me déchaîner. Personne ne lira ce que j’écris avec, ce sera peut-être l’outil d’un « stream of consciousness » sauvage et sans fin.

Je vois cette machine comme une sorte de défouloir, extérioriser encore plus que dans mon journal.

Mais rien n’est sûr et s’est peut-être cela qui rend la chose encore plus intéressante.

Je vois des projets, pas grand-chose pour l’instant, pour le blog. La machine à écrire, c’est le futur !

D’ailleurs, dans quelque temps, le blog prendra un tournant temporaire. Sacrément casse-gueule.

Et je deviens tout doucement vieux.

Merci maman et à toi, petite sœur casses-bonbons !

Jaskiers

La Porte Dorée

En une file longue d’une dizaine de personnes, vous vous retrouvez la dernière.

La première personne passe par une porte qui, quand elle s’ouvre, laisse passer une lumière blanche très vive.

Personne ne réagit, tout semble normal. Vous vous tenez donc dans cette file, vous attendez votre tour pour franchir cette porte.

Pourquoi ? Comment vous êtes-vous retrouvé ici ? Pourquoi tout est blanc, sauf cette porte, qui est dorée ? Vous ne vous posez pas la question, c’est comme si cette scène était normale, comme si vous l’aviez attendu toute votre vie. Comme si vous saviez le sens, la signification de votre présence dans cet endroit. Mais vous ne savez rien, vous avez juste ce sentiment mystérieux d’être à votre place.

Une deuxième personne passe dans la lumière, la porte doré et sculptée de fioritures se referme derrière elle. Elle ne fait aucun bruit, ni à l’ouverture ou à la fermeture.

Les gens avancent d’un pas, vous aussi. Personne ne parle, personne ne pose de question, personne ne se retourne. Vous attendez, comme eux, de passer la porte.

L’idée de ce qu’il pourrait y avoir derrière cette porte ne vous traverse l’esprit qu’une petite seconde. Au final, tout le monde y passe, et personne ne semble s’en plaindre. Pourquoi vous plaindriez-vous ?

Personne ne pose de questions, pourquoi en poseriez-vous ?

Personne ne parle, pourquoi parleriez-vous ?

La porte s’ouvre, une autre personne s’engage dans la lumière vive, son ombre s’enfonce dedans et la porte se referme. Vous avancez encore d’un pas.

Vous entendez une voix, vous la connaissez, une voix familière, on vous appelle ! Vous tendez l’oreille, vous ne comprenez pas ce que la voix dit mais son ton est pressant, elle semble dire quelque chose d’urgent, elle essaie de vous prévenir de quelque chose.

La porte s’ouvre, une nouvelle personne est engloutie.

Cette voix, vous êtes sur que vous la connaissez, « n’y vas pas ! » semble-t-elle dire.

Une nouvelle personne est engloutie.

La voix se fait pressente, elle vous dit que vous n’êtes pas à votre place ici.

Vous avancez encore d’un pas. La porte dorée s’ouvre encore, elle émet un bourdonnement maintenant que vous êtes proche d’elle, une vibration, que vous ressentez dans tout votre corps. Ce n’est pas douloureux, ni effrayant mais curieux. En faite, cette lumière vous attire, vous avez envie de passer à travers cette porte comme toute les personnes avant vous.

Mais cette voix familière retentit, elle semble vous avertir encore, elle vous demande de ne pas suivre ces gens, que vous n’avez rien à faire ici, que ce n’est pas le moment. Vous ne savez pas à qui appartient cette voix mais vous l’entendez.

Les personnes s’engouffrent dans la lumière, trois personnes à passer puis ce sera votre tour. À chaque fois que la porte s’ouvre, vous ressentez une douceur bienveillante, accueillante mais la voix vous dit de ne pas franchir la porte, de s’écarter.

La porte s’ouvre, vrombissement, doux ressentis, légère chaleur. C’est bientôt votre moment.

Une force terrible vous pousse hors de la file, les gens qui la composent vous regarde, ébahis, choqués.

Vous communiquez votre désarroi par un hochement d’épaule.

Tout s’effondre autour de vous, et doucement vous ouvrez les yeux, allongé dans votre lit.

Jaskiers

Pensées d’un carnet

Sur mes pages vierges son crayon glisse. Parfois les courbes sont belles, souples, amples. Parfois les lettres sont serrées, les unes contre les autres, aplaties. Elles peuvent parfois être striées, abruptes.

Chaque fois, son écriture est différente. Il appose toujours son encre à la même heure, tous les jours. Racontant les mêmes choses, les journées se répètent, donc souvent les mêmes mots, les mêmes phrases reviennent en boucles.

Ses rêves sont les seuls choses qui apportent nouveautés. Ils se répètent aussi, mais souvent avec des nuances. Ils sont souvent terribles, anxiogènes. Parfois beaux, doux, amoureux et poétiques. J’aime surtout quand ses rêves son curieux, sans queues ni têtes. Il y a matière à rire parfois.

Ses habitudes changent peu, sa vie se répète, toujours, ou presque, la même rengaine, le même refrain. Quand sa routine change, son écriture change, son humeur aussi.

Que c’est triste d’être son journal personnel.

J’aurai préféré être le carnet d’un génie, ou d’un écrivain, ou d’un fou, d’un illuminé, d’un taré. Au moins, j’aurai eu la chance de voir s’étaler sur mes pages des choses vraiment exaltantes, des récits sortant des carcans, jamais une entrée similaire à l’autre. Quelque chose qui me divertirai ! Mais c’est la vie des carnets de notes, on ne choisit pas son propriétaire, comme l’humain ne choisit pas sa famille. C’est en faite eux, les humains, qui nous choisissent. Pourquoi donc ai-je été choisis par cette triste créature ?

Mon format moyen, mon design sobre, l’élastique pour le refermer, une fine lamelle de tissus comme marque-page jamais utilisée. Je n’ai pas de défaut à bien me regarder. Je ne me vante pas, c’est simple un carnet de note, et j’ai été fabriqué pour ça, et plutôt bien.

Ces 5 minutes où l’encre du stylo déverse les pensées du propriétaire qui m’a été déchu sont les seuls moments de la journée où je travail.
Je reproche bien des choses au propriétaire, mais toujours est-il que je travail tous les jours. C’est un bon point. Mais quel ennui de voir les tribulations de l’être humain moderne. On pourrait croire à une évolution constante de sa vie mais non. C’est rare, mais quand ça arrive, c’est chaotique. L’encre se déverse sur mes pages. Jamais il n’a de mots durs envers les autres, il arrive parfois d’y voir quelques plaintes envers autrui mais j’ai surtout le droit de voir sur mon papier une apathie et une haine qu’il dirige envers lui-même. Parfois, je ne vous le dis qu’à vous, il espère, beaucoup, car il a peur d’agir. J’utilise donc la magie de l’écriture pour l’aider dans le monde. Je réalise ses vœux comme je le peux. C’est dur à croire, sûrement, mais nous autres, outils d’écritures, et surtout nous, les supports de ces outils, nous avons le pouvoir de changer les choses, de réaliser des vœux ou des espoirs pour notre propriétaire. C’est quelque chose de magique vous pensez ? Non ! C’est normal, les choses dans le monde se produisent et nous changeons le cours des événements grâce à aux pouvoirs de l’encre et de l’écriture.

Mon propriétaire s’en ai aperçus, il plaide ses demandes avec parcimonie. Je ne peux tout changer mais je fais de mon mieux.

Je fais mon travail. Le travail d’aider mon partenaire, même si il m’ennuie la plupart du temps.

C’est rare pour nous les carnets de notes, de pouvoir nous exprimer.

N’hésitez pas à nous utiliser, ne nous laissez pas à l’écart. Nous sommes fais pour vous servir, pas pour être laissé au fond d’un tiroir ou à prendre la poussière sur une étagère ou un bureau. Et écrivez vrai pour que nous puissions vous aider.

Jaskiers

L’homme vide

C’est une vie ou il ne se passe rien. Rien d’interessant. Ou peut-être est-ce ce rien qui la rend unique. Unique ? Non, d’autres personnes vivent leurs vies dans le rien.

C’est au réveil que la différence avec une vie pleine de faits se faisait sentir.

Le réveil sonne et émet sa musique wagnérienne. Étonnant quand rien l’attends.

Toujours le même déjeuner, un bout de pain de mie avec du chocolat à tartiner. Il regarde fixement devant lui, les yeux grands ouverts comme traumatisé. Il pense, essaie de se remémorer ses rêves. Important que de s’en rappeler, c’est dans ses rêves qu’une femme l’aime, qu’il voyage, qu’il s’amuse. Enlever lui ses rêves et vous lui enlever ce qui le lie à l’homme automate moderne. Parfois il les écrivait ses rêves mais ce matin, comme souvent, des bribes disparates et sans queues ni têtes étaient tout ce qui lui restait de son voyage onirique. La frustration, il avait parfois ces rêves où il se sentait tellement bien, ou mal, mais ces rêves étaient impossibles à retranscrire sur le papier tant les détails et les bizarreries en faisaient un charabia trop compliqué à écrire. C’était les sensations qu’ils lui donnaient qu’il appréciait le plus.

Les cauchemars, eux, venaient le hanter toute la journée. Toujours le même genre de cauchemar, celui qui prend vos peurs à pleines mains et instille l’angoisse, la terreur et l’anxiété. Ces cauchemars qui vous trottent dans la tête toute la journée. Pour lui, des sentiments dithyrambiques le liaient à eux. Il ressentait. Pour des journées remplies de vides, de solitude, c’était eux qui lui donnaient l’indicible opportunité de se sentir vivant et humain.

Ses yeux se refermèrent quand il eut fini son déjeuner. Il n’avait pas faim le matin, c’était pour son corps, une entité qu’il avait pris pour acquis jusqu’ici, qu’il mangeait un petit déjeuner. La faim l’assaillirait avec une force encore plus terrible à midi si il n’avait pas manger ne serait-ce qu’une miette au levé.

Ces petits détails de la vie, infimes et futiles pour le commun des vivants étaient, pour lui, une source de réflexion et de tracas. Son esprit se resserrait sur ces détails pour donner un sens à une existence morne.

Posté devant la fenêtre de sa petite salle à manger, il regardait ces gens pressés, pressés d’aller travailler, pressés de donner de leurs temps si précieux, pressés de faire violence à leurs corps, à leurs psychés, pour remplir les poches de leurs patrons. Toujours, ces mines tendues éveillaient sa curiosité, cette violence du mouvement forcé, les stigmates du forçat, les soucis de la vie, tous ceci étaient visible dans leurs yeux. Pas sur les visages, car l’Homme enfile son masque de mensonge tout les matins, cachant les cicatrices du vécue, mais dans les yeux. En regardant bien dans les yeux, il pouvait voir, subrepticement, la détresse, la peur, la fatigue, le stress.

Ce n’était pas, là, les marques de la vie moderne, non. Tous le monde a son histoire, et tous le monde peut lire l’histoire de l’autre en regardant attentivement ses yeux.

C’était déjà l’heure pour lui de ne rien faire jusqu’au coucher. Il s’assit et ne fit rien. A part peut-être manger, boire et faire ses besoins. C’était peut-être ça être humain. Faire ces petites choses à rythme régulier et dans des mœurs normales. Être humain, c’est peut-être combattre l’ennui toute sa vie. Car qui s’ennuie toute sa vie préféra les mystères que la mort lui réserve plutôt que la vie. L’épreuve des vivants : qui fera de sa vie quelque chose qui ne l’ennui pas jusqu’à sa mort.

Jaskiers