Dante’s Dusty Roads – Chapitre 17

« – Re-bonjour monsieur ! Tout va bien ?

– Bonjour. En fait, je me suis déversé un peu d’essence sur les chaussures et le pantalon, et je me demandai si vous vendiez une paire des vêtements.

– Oui, bien sûr…Dites, je peux vous poser une question ?

– Oui…

– Vous êtes l’écrivain là ? Elle pointa du doigt un magazine littéraire, ou son visage était placardé dans un petit encart avec comme titre : « Découvrez le nouveau maître de l’épouvante ! »

– Oui, c’est bien moi.

– Ah ! C’est sympa de savoir qu’un écrivain est dans les parages !

– Pas pour longtemps, je repars immédiatement.

– Pour aller où ?

– Je… je vais rendre visite à un vieux professeur, pour le remercier de m’avoir encouragé à continuer à écrire.

– Oh c’est beau ça, même dans le succès, vous n’oubliez pas d’où vous venez. Vous êtes natif de l’Oklahoma ?

– Non, du tout. Je suis juste resté en contact avec lui. Après tout ce succès, il faut essayer de rester terre-à-terre, et rien de tel qu’un petit retour aux sources.

– Comme Anval.

– Pardon ?

– Anval Thorgenson ? Votre meurtrier sociopathe !

– Ah ! Oui pardon. C’est toujours bizarre quand les gens me parlent de mes personnages comme des vrais gens.

– J’aurai tellement de questions à vous poser ! Mais vous n’êtes pas là pour ça. À vue d’œil, je pense que vous faite du 42 en pointure de chaussure ?

– Vous avez bon œil !

– L’expérience.

– La meilleure des qualités !

– Comme Omar.

– Par… Ah, Omar le flic au bout du rouleau, oui.

– J’adore ce personnage. À quelques jours de la retraite et il doit se coltiner un tueur en série !

– Oui, j’ai pris beaucoup de plaisir à écrire ce personnage complexe.

– De qui vous êtes vous inspiré ?

– De mon grand-père, principalement.

– Toujours une source solide nos grands-parents.

– C’est vrai !

– Il s’est reconnu ?

– Il n’est plus de ce monde.

– Mes condoléances, je suis désolé.

– C’est pas grave, vous ne pouviez pas savoir.

– Et pour Anval, de qui vous êtes vous inspiré ?

– Simple, imaginez un supporter de Trump, ajouter à cela l’amour des armes à feu, du sexisme, pas mal de xénophobie, mélanger le tout avec l’idéologie suprémaciste blanche et la mythologie nordique, et voilà !

– Fascinant ! Vous avez eu beaucoup de mauvaises critiques de la part de groupuscules d’extrême droite. Vous avez pas peur ?

– Non j’ai reçu des menaces de morts, mais on m’avait dit qu’il fallait s’y attendre. Et emmerder des racistes, c’est un plaisir. Être mal vu par l’extrême-droite, c’est un compliment.

– Les menaces ! La rançon du succès !

– Il faut croire.

– Un nouveau livre en route ?

– En route… oui, on pourrait dire ça.

– Ah ! Un petit avant-goût ?

– Il commence juste, je laisse mes personnages et leurs actions me guider ,donc je n’en sais quasiment pas plus que vous.

– La méthode Stephen King !

– Exactement !

– On sent l’influence de son univers sur le vôtre.

– Ça, je l’assume.

– Et ça marche !

– Merci beaucoup ! »

Elle sortit un exemplaire poche de « Personne n’est en danger ».

« -Est-ce que vous pourriez me signer mon exemplaire.

– Oui bien sûr ! Je vous mets un petit mot ?

– Avec plaisir ! »

Il signa son livre, y apposa un petit mot gentil, puis lui tendit le livre. Pour une fois depuis son entrée dans l’Olkahoma, il pouvait avoir une discussion normale avec un autre humain, en plus, sur un sujet qui le passionnait. Il avait presque envie de rester, mais la crainte que la situation ne se retourne contre lui, d’une manière ou d’une autre, le rappela à l’ordre.

« -Désolé, est-ce que vous avez un jean ?

– Oh oui, désolé, je vous l’apporte.

– N’oubliais pas la paire de chaussures s’il vous plaît. »

Elle revint avec un jean bleu foncé, plutôt élégant étant donné qu’il venait d’un magasin de station essence, et des chaussures couleurs rouge sang. Dante réprima une moue de dégoût à la vue des ces dernières.

« – Il vous plaît le jean ? Je crois que c’est la bonne taille. Pour les chaussures, je sais, elles ont l’air un peu funkie, mais c’est les seules potables que j’ai. Pour le jean, j’ai pris une taille L, retroussez-le, si jamais il est trop grand.

– D’accord, parfait, merci beaucoup.

– Vous voulez vous changer ici ?

– Si possible.

– Les toilettes sont à droite à la sortie, dans la petite bâtisse grise avec une porte verte.

– Je vous remercie ! Combien je vous dois ?

– Oh rien ! Offert par la maison !

– Non, je ne peux pas accepter.

– Mais j’insiste ! C’est bien la première fois que je vois un écrivain ici, autant prendre soin de lui !

– C’est très gentil mais ça me gêne. »

Rand sortit 100 dollars qu’il posa sur le comptoir.

« – Vraiment Monsieur Rand, pas besoin de ça, c’est un cadeau !

– Considérez cela comme un pourboire ! »

L’auteur sortit en vitesse et courut en direction des toilettes. Angoissant à l’avance de ce qui se pourrait se passer dans cet endroit, toujours étrange et glauque, que peuvent être les toilettes d’une station-service en bord de route.

Jaskiers

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Dante’s Dusty Roads – Chapitre 15

Springsteen avait disparu dans le rétroviseur de Dante, Bruce, se mit à chanter.

Désolé Bruce, mais entre toi et moi, je crois que c’est fini.

Il éteignit la musique et suivit les panneaux indiquant Alva jusqu’à y arriver, après deux heures de route à une vitesse excessive.

Faire le plein de bouffe, prendre un Starbucks, fumer une clope tranquillement, si la Providence le lui permettait, et repartir en direction de Buffalo, dernière étape avant d’arriver à son ranch de Forgan. Eldorado qui lui semblait encore tellement loin, bien qu’il soit tellement près.

Alva ! Sois bienfaisante pitié ! implora l’écrivain tout haut dans l’habitacle de sa voiture. Alva sonnait pour lui comme le nom d’une déesse mineure, peut-être une néréide, de la mythologie grecque. Mais il était forcé d’admettre que la ville ne ressemblait pas à celle d’une déesse. En tout cas pas à celle d’une déesse bienveillante. Elle semblait vide, sans charme, ressemblant à tant d’autre petites villes perdues qu’il avait traversé jusqu’ici.

Il passa au drive d’un MacDonald et commanda un hamburger, des frites et un coca. Personne, pas de queue, la commande arriva rapidement.

Que Dieu bénisse l’Amérique et sa création la plus exportée, le fast food.

L’auteur se gara sur un parking, occupé par une dizaine de voitures, d’un magasin de bricolage. Au moins, si quelque chose lui arrivait, il y aurait des témoins. Des témoins ou des bourreaux potentiels…

Il dévora son Big Mac, la faim l’avait tenaillé pendant des heures sans qu’il ne s’en soit rendu compte. Les frites furent avalées aussi vite et le grand Coca-Cola expédié. Il lui fallait maintenant se trouver un starbucks, le fast-food du café.

Il ne tarda pas à trouver son bonheur, à 1 mile, peut-être moins, du MacDonald.

Que Dieu bénisse l’Amérique et le capitalisme à outrance ! Travaillez dur, soyez riches et payez vos impôts !

Il dut sortir de sa voiture pour aller commander. Il ne risquerait pas de trouver des personnes louches dans un starbucks. C’était habituellement le repaire de jeunes hommes et femmes, souvent sur leurs Macbooks hors de prix, en train d’essayer d’écrire le prochain succès d’Hollywood ou le roman, genre « Young Adult », qui les rendraient riche. En tout cas, c’était ce qu’on pouvait trouver dans un starbucks new-yorkais.

Par chance, encore, le starbuck était vide, aucun client. Dans sa surprise, il crut même qu’il était en fait fermé, qu’il était entré par effraction et que les flics allaient lui tomber sur le dos. Mais une barista penchée sur son téléphone redressa la tête et lui demanda, d’un air nonchalant, ce qu’il désirait.

« – Un Frappucino.

– Ah désolé mais nous n’en avons plus.

– Ah…

– Non je plaisante va pour un frappucino, quelque chose d’autre avec ?

– Oui, en fait, je vais en prendre deux.

– Ah ! Un pour votre dame aussi !

– Non, tout pour moi.

– Votre tête me dit quelque chose.

– Et qu’est-ce qu’elle vous dit ?

– Vous êtes l’auteur, Dante Rand !

– Exactement.

– Un auteur dans un Starbuck au milieu de nul part…

– Observatrice à ce que je vois…

– Sacrément cool votre bouquin au fait !

– Merci.

– J’l’ai pas lu.

– Ah…

– Mais j’ai vu sur Twitter que les gens aimaient bien.

– Twitter ? super !

– Paraît que vous avez vendu les droits à Hollywood pour un sacré tas de pognon.

– La rumeur court mais personne ne la rattrape.

– Vous êtes vraiment perché, un vrai écrivain.

– Je prends ça pour un compliment.

– Avec tout ce succès, vous devez bien avoir trouvé une femme ?

– Non.

– Un bel homme comme vous, talentueux et riche, qui est célibataire !

– Je suis peut-être l’exception qui confirme la règle.

– Moi, je me porte candidate.

– Ah… c’est gentil. »

La jeune femme prépara les cafés, ses yeux semblaient à la recherche de quelque chose.

« – Vous m’offririez bien un café ?

– Pardon ?

– J’avoue, je peux en boire un à l’œil, faut juste pas que mon manager me grille, mais il est en train de s’envoyer de la meth quelque part au fond d’la réserve en ce moment. Enfin, s’il fait comme d’habitude.

– Désolé mademoiselle, je dois y aller. Combien je vous dois ?

– Vraiment ? Et où allez-vous pour être si pressé ?

– Dans un endroit tenu secret.

– Ah ! Secret d’écrivain ?

– Exactement !

– Bon, eh bien, voici pour vous !

– Je paie par carte s’il vous plaît.

– Bien sûr. Allez-y. »

Rand sorti sa carte, l’apposa sur lecteur. Un message d’erreur s’afficha.

« – Oh, c’est sûrement le lecteur qui bug, je vous l’remets.


– Merci. »

Tom frotta sa carte bleue avec sa chemise blanche, juste au cas où, et reposa sa carte sur le lecteur, qui afficha toujours le même message d’erreur.

« – Hey bien ! Vous êtes déjà à sec ? Où avez-vous dépensé tout cet argent ?


– Je comprends pas, je vais essayer avec le code.


– Naturellement. Rentrez bien fort votre carte dans le lecteur. »

Rand souffla sur sa carte, l’essuya encore, espérant qu’il n’ait pas un problème avec sa banque.

Il remit la carte, fit son code. Le lecteur marqua que son paiement avait été accepté.

« – Oh ! Quel dommage !

– Ah c’est plutôt une bonne nouvelle pour moi !

– Sinon, je vous aurai bien fait payer en nature.

– J’ai pas de liquide sur moi.

– Je ne parlai pas de ce genre de nature, si vous voyez ce que je veux dire… »

Un long silence pesant s’imposa. Rand prit ses cafés, lâcha un ‘au revoir’ précipité et se hâta rapidement vers la sortie.

Jaskiers

Dante’s Dusty Roads – Chapitre 9

Il sorta en trombe de la ville.

Entre colère et peur, il essaya de ne penser qu’à sa destination. Là bas, à Forgan, dans son ranch, il allait enfin pouvoir se défouler, sortir ses démons et ses frustrations, ses sentiments enfouis, ses fantasmes, grâce à l’écriture. Quitte à ce que son prochain roman ne soit pas un récit d’horreur fantastique mais un récit d’horreur tout court, ancré dans la vraie vie.

Oui, pensait-il en lui-même, peut-être que ça surprendra mes lecteurs mais, ce qu’il a de plus effrayant dans la vie, c’est la réalité.

Une fois prit la bretelle d’autoroute, il partit en direction de Tulsa, prochaine étape de son périple. Il y avait encore quelques miles à engloutir avant d’arriver à Forgan, et ils semblaient interminables. Dante décida de mettre le pied au plancher, plus vite arrivée, mieux ce serait.

Après une dizaine de minutes d’une conduite à vive allure, des lumières rouges et bleus firent leurs apparitions dans son rétro ainsi qu’un bruit strident.

Manquait plus que la flicaille, merde !

« – Ranger vous sur le côté immédiatement ! Immédiatement ! »

Le haut-parleur ? Carrément ? Les lumières et les coups de sirène n’étaient pas suffisants ? Un cow-boy ! J’en suis sûr !

Rand mit son clignotant à droite, ralentissant pour s’arrêter sur la bande d’urgence. Pas besoin de faire l’innocent, il avait roulé comme un malade.

Donnes moi ton amende, je te paie immédiatement et je me casse.

Les ‘bouseux’, il en avait sa claque, mais là, c’était un bouseux flic. Et Dieu sait que ça pourrait vite tourner au vinaigre au moindre mot de travers.

Il voyait déjà les gros titres dans la presse et sur internet « Dante Rand, le nouveau Stephen King, arrêté pour outrage à agent, refus d’obtempérer dans un trou pommé de l’Oklahoma. » Toute publicité est bonne à prendre dit-on, mais celle-là, il préférait s’en passer.

Il vit le flic sortir de son rutilant 4×4, tous feu encore allumés. Un chapeau vissé sur la tête, une chemise bardée d’insignes superficiels, sûrement pas réglementaire d’ailleurs, et un pantalon marron qui semblait lui coller à la peau, rentré dans une paire de botte de motards brillante. C’était à quoi ressemblait son policier.

Génial, j’ai le droit aux Village Peoples maintenant.

Il souriait de sa plaisanterie quand le flic toucha la carrosserie de sa berline allemande, geste que Rand trouvait énigmatique.

C’est sûrement un truc qu’ils font pour se donner un genre. Un truc qu’ils voient dans les films et qu’ils reproduisent pour montrer qu’ils ne rigolent pas. Sacrés clowns !

« – Vous souriez monsieur ! Vous savez pourquoi je vous arrête sûrement ?

  • – Je roulais un peu vite ?
  • – Un peu ? Un peu beaucoup oui. Papier du véhicule ainsi que licence de permis de conduire s’il vous plaît. »

Tom se pencha sur le siège passager, ouvrit la boîte à gants, et sortit les papiers. Il prit son portefeuille et tendit le tout.

« – Votre tête me dit quelque chose. Dit le policier.

  • – Ah ?
  • – Oui oui… »

Le policier regarda le permit de conduire et s’esclaffa :

« – Putain mais c’est vous ! Dante Rand !

  • – Ouai… Ouai c’est moi oui.
  • – Merde alors ! Jamais j’aurai pensé vous rencontrer un jour ici !
  • – La vie est pleine de surprises monsieur l’agent !
  • – Ah vous pouvez m’appeler Leonard ! J’ai adoré « Personne n’est en danger » woaw !
  • – Merci merci.
  • – Nan mais j’en ai fais des cauchemars mec ! Et j’suis flic j’en ai vu des trucs mais merde, c’était diabolique votre truc.
  • – Ah merci, enfin désolé et merci.
  • – Ah ! Merde ! Qu’est-ce que vous faites dans l’Oklahoma ?
  • – Je… Le travail.
  • – Bordel ! Vous allez écrire sur l’Oklahoma ?
  • – Non. Juste prendre un peu de recul, m’isoler pour écrire.
  • – Ah cool. Et ça vous dérange si on fais un selfie ?
  • – Ah… non allons-y. »

Le flic sortit son smartphone de son pantalon moulant, enleva ses lunettes Ray-Ban Aviator, retira son chapeau dévoilant des cheveux blond fins qui commençait à se clairsemées. Il doit avoir dans les 35 ans pensa Rand.

Il tendit son bras armé de son téléphone, se pencha et demande à Rand de sortir sa tête de la voiture pour la photo. Le flash se déclencha, ce qui fit sursauter Dante et lui marqua la rétine de traînées violettes à chaque mouvement et battement des yeux.

« -Ah putain j’oublie toujours d’enlever le flash !

  • – Ça arrive, ça arrive.
  • – Et j’peux avoir un autographe ?
  • – Sur mon PV ?
  • – Nan nan, on va passer l’éponge. »

Le blondinet arracha un bout de feuille d’un petit calepin froissé et un stylo qu’il tendit à Rand.

« -Juste une signature ou un p’tit mot ?

  • – Vous pouvez mettre « À Leonard, vieux briscard ! »
  • – D’accord. »

Il gribouilla le papier, tout en évitant de sourire à la mauvaise dédicace qu’il devait écrire et le tendit au flic.

« -Ah j’vous remercie vous êtes super cool en vrai. »

En vrai ? Et en faux je suis comment ? Non, ne dis rien Dante !

  • « – C’est gentil merci.
  • – Vous pouvez y aller. Au fait, vous allez où ? »

L’écrivain ne savait pas s’il devait dire sa destination. Surtout que c’était un fan ET un flic. Mais il pourrait trouver facilement son ranch avec son ordinateur de service. S’il mentait, Rand était sûr que ce blondinet se vengerait en lâchant l’info à TMZ ou un truc dans le genre… voir pire.

Il doit connaître Peter et consœur…

« – Forgan.

  • – Forg’ ? Y’a personne là-bas ! »

Si Dante avait perdu le contrôle de lui-même à ce moment-là, il se serait cogné la tête contre son volant en espérant que l’airbag l’assomme.

« – Ouai c’est le but, être tranquille pour travailler.

– Là-bas vous aller être tranquille parce que c’est la ville de personne. Merde ça peut être dangereux là-bas, on raconte des trucs…

– J’ai entendu parler oui.

– Z’inquietez pas ! Je vais prévenir mes collègues, comme ça, on sait jamais ! »

Pitié doux Jesus, Aidez-moi !

« – Non non, ne vous donnez pas de mal pour moi, pas d’inquiétude, je suis sûr que ça ira. Mais c’est gentil, vraiment. »

Mais ces dernières paroles étaient inutiles, car l’officier était déjà parti en trottinant dans son SUV, démarra et reparti dans le sens inverse.

Dante Rand s’alluma une nouvelle cigarette et enclencha la marche avant pour reprendre sa route, à vitesse plus respectueusement de la loi cette fois.

Le panneau pour Enid s’affichait, encore 20 miles.

Mon dieu… je suis si proche de Forgan mais j’ai l’impression que je ne vais jamais y arriver…

Jaskiers

Dante’s Dusty Roads – Chapitre 8

Le cœur de Rand fit un bond dans sa poitrine. Putain, putain, putain. Je n’aurai pas du m’arrêter pour une foutue cigarette.

« – Ouai j’vois à ta gueule que t’es un sacré salopard !

  • – Du calme l’ami, de quoi vous parlez ?
  • – De toi et de ta sale gueule de menteur !
  • – Qu’est-ce que vous me voulez ?
  • – J’suis un ami de Peter ! Forgan mec, écoute moi, c’est l’entrée des enfers là-bas !
  • – Mais y’a personne ! Et merde, maintenant je parle comme l’autre raciste de Peter.
  • – Y’a personne car ils se sont barrés pendant ou après le DustBowl. Ceux qui restent c’est des repris de justice ou des criminels recherchés et y’a même des satanistes. Quelle idée de venir habiter à Forgan !
  • – Merci pour vos… informations. Je vais y aller maintenant.
  • – J’t’aurai prévenue yankee.
  • – Ouai. »

Le barbus retira son bras de la portière, Tom referma la vitre tout en démarrant et en regardant dans le rétroviseur, l’inconnu barbu passa son doigt sous sa gorge avec un grand sourire.

Splendide Dante Thomas Rand. Tu viens à peine de poser les pieds dans l’Oklahoma et on te déteste déjà. Le pire, c’est que tu n’es même pas à destination !

Jaskiers

Dante’s Dusty Roads – Chapitre 6

Putain de bordel de merde ! Voilà ! Voilà pourquoi il fallait rester à New-York ! Pourquoi ce trou paumé remplis de cul-terreux analphabètes ? Le retrait idyllique de l’artiste ? Le fantasme de l’écrivain ermite à la Tolstoï ? C’était un délire de nouveau riche oui !

Il fit vrombir la voiture en marche arrière et passa en marche avant en faisant crisser les pneus. Un bref coup d’œil au dîner. Peter était à l’entrée et le regardait partir. L’envie de lui faire un doigt d’honneur lui démangeait mais il ne le fit pas. Il avait de l’honneur, lui. Insulter de la merde n’en ferait pas de l’or.

Il allait rouler aussi loin que possible, ne s’arrêter que pour l’essence. Il mangerait un MacDonald, dans sa nouvelle voiture. Mieux valait ça que de retomber sur un tel connard, pensait-il.

L’envie d’allumer une cigarette lui taquinait l’esprit. Il avait arrêté depuis trois ans, trop cher, un luxe pour un écrivain sans le sou. Mais maintenant, il pouvait se le permettre. Juste une, pour décompresser un peu, faire un break. Il s’arrêta sur le parking d’un petit magasin. Par chance, pour l’écrivain, le parking et le magasin étaient vide. Dante entra et ressortit presque aussitôt du petit commerce, un paquet de Camels longues dans la main.

Il fuma dans sa voiture. Sa toute nouvelle voiture qui sentait bon le neuf.

Je ne suis même pas arrivé que je commence déjà à faire des conneries.

Un enchaînement de bruit éclata près son oreille gauche. Un type à la barbe hirsute lui faisait signe de baisser sa vitre. Ce qu’il fit sans vraiment réfléchir. Peut-être aurait-il mieux fallu ne rien faire.

Jaskiers

Dante’s Dusty Roads – Chapitre 3

Les États passaient à une vive allure, ainsi que les heures, dans sa nouvelle berline allemande. Il appuyait le pied sur l’accélérateur jusqu’aux plancher et il avait le rock de Springsteen pour l’accompagner, Dante ne voyait pas le temps passer. Quand la fatigue se faisait sentir, il s’arrêtait pour dormir au premier motel qu’il trouvait.

Il avait fait déjà plus de la moitié du chemin en deux jours.

Il ne s’arrêtait à un motel que pour récupérer un peu, faire le plein de caféine et repartir à l’aube.

Ces chambres d’hôtels étaient vétustes et lui rappelaient son ancien appartement à Hell’s Kitchen. Rien de tel pour rester humble. Garder ses racines même quand on est au sommet, car on ne sait jamais quand, et comment, on va en redescendre.

Bien que fatigué, il n’arrivait pas vraiment à s’endormir, trop excité d’arriver et la caféine n’aidait pas. Il plongerait directement dans le travail une fois arrivé, c’était décidé.

La deuxième nuit, dans un motel au bord de la route, il rêva, dans un demi-sommeil étrange, que sa machine à écrire tapée toute seule. Quand il s’approcha de la feuille battue par les tampons de la machine, il lisait : Certaines choses, aussi anciennes soient-elles, ne doivent pas être réveillés ni dérangées.

Jaskiers

Dante’s Dusty Road – Chapitre 1

Le réveil a été dur ce matin, mais ça reste un plaisir. Dante Rand pensait tout haut dans sa nouvelle berline de luxe.

Direction : liberté et solitude !

Dante Rand avait enfin sa vie de rêve, écrivain. Avec le succès de son roman d’épouvante « Personne n’est en danger », il s’était fait connaître du grand public et avait assuré sa place dans le milieu littéraire américain. Le New-York Time l’avait proclamé le nouveau Stephen King, ses séances de dédicaces étaient interminables, les gens faisaient la queue pendant des heures pour avoir leur livre signé par le nouveau roi de l’épouvante.

L’argent coulait enfin, et pas qu’un peu. Il venait de vendre les droits cinématographiques de son roman à Universal pour 5 millions de dollars.

Il avait investi dans un ranch abandonné dans le PanHandle de l’Oklahoma. La maison, bien que vieille restait solide sur ses assises. En plus de la maison, il y avait une immense grange qu’il avait remanié selon ses désires, pour travailler dans le calme. Il n’y avait personne à 20 miles à la ronde, il serait seul, sans distraction. Il n’avait pas fait installer internet et le réseau cellulaire restait à désirer. Toute la ferme avait était rénovée selon ses goûts sans qu’il n’ai à y mettre une seule fois les pieds.

C’était là qu’il se dirigeait. Bruce Springsteen chantait qu’il était née dans un trou perdu à tue-tête dans la radio. Il souriait car enfin, l’obsession d’avoir assez d’argent pour manger et payer loyer et factures était loin derrière lui. Tout ce dont il avait à s’inquiéter était d’écrire son prochain roman dans les temps, si possible.

Jaskiers

À la découverte de Yukio Mishima

Après Francis Scott Fitzgerald, voici une nouvelle aventure littéraire.

Bien évidemment je n’ai pas encore lu tout Fitzgerald, je n’ai même pas commencé à vrai dire, car je lis de vieux livres retrouvés par ma mère et qui ont faillit finirent dans la benne ! Ivanhoé, Le Capitaine Fracasse, Pinocchio, Alice au Pays des Merveilles et tutti quanti ! Vous devriez relire ces vieux livres de votre enfance, vous serait surpris à quel point ils restent tellement puissants, encore modernes et vous trouverez de nouveaux sens, de nouvelles sensations à leur lecture. Enfin c’est pas nouveau, mais pour moi si.

Bon, j’ai découvert Yukio Mishima !

Enfin ! Cela faisait très, très longtemps que je n’avais pas lu d’œuvre sortant du carcan occidental ! Je me rappelle avoir lu un livre en 5ème, je ne me rappel plus le titre, malheureusement. L’histoire se déroulait après le bombardement d’Hiroshima, c’était une belle histoire d’amour, très poétique. Je me rappel avoir beaucoup aimé ce livre et avoir été interrogé dessus. J’avais eu une excellente note, pas difficile quant le sujet est passionnant. Bref, depuis, je crois que je pourrai compter les livres que j’ai lu d’auteurs venant du Pays du Soleil Levant sur les doigts d’une seule mains.

J’ai d’abord découvert Mishima par un Youtuber, dont je ne citerai pas le nom. Honnêtement, je ne me souviens plus vraiment de ce que ce youtuber en disait, à part peut-être le culte du corps et de la philosophie « samouraï ».

2 années plus tard, je découvrais un article écrit par Paquerite (qui me manque beaucoup…) et où j’appris beaucoup plus sur l’homme. Son suicide, par « seppuku », son travail, sa philosophie très… atypique, sa personnalité, grâce à l’article et à mes échanges avec Paquerite, Yukio Mishima devint un artiste que je me devais de découvrir.

J’ai donc fais mes recherches, choisis d’acheter tout ses récits. J’ai dû sacrifier l’achat de ses pièces de théâtres car le budget pour ses romans et nouvelles était déjà conséquent. J’espère un jour pouvoir les lires.

J’attends de découvrir les coutumes, l’amour, la sexualité, une autre mentalité que celle occidentale, je me trompe sûrement car je parle sans avoir lu, jamais, un seul de ses ouvrages. Je ne me base que sur les quatrièmes de couverture, ce qui n’est pas grand chose vous en conviendrez.

La poésie dans l’écriture. Mishima a l’air avant toute chose d’être un écrivain très talentueux, poétique et très sexué. J’oserai dire érotique ? C’est ce que je cherche aussi dans mon « apprentissage » de l’écriture, apprendre des maîtres, lire différentes plumes, différents univers. lire ceux qui ont marqués la littérature mondiale et pas seulement occidentale.

Sa personnalité, qui reste encore une énigme pour moi, semble poser problème à certain. On le disait nationaliste, fanatique. Ce n’est pas ce que je pense mais ce que j’ai lu des autres. Je me ferai mon propre avis après avoir lu ses ouvrages et une biographie, un essaie de Marguerite Yourcenar, plus une bande-dessiné, cette dernière axée sur son suicide. Mais je vais me risquer à poser ma propre opinion avant tout : nous devrions juger son travail, écrivain. Donc ses livres. Sa personne et ses idées sont secondaires. Je vois la vie personnelle et les opinions d’un artiste comme une farce, un jeu, ce qui compte c’est son travail, en dehors, tout n’est qu’illusion. Bien sûr le travail d’un artiste est influencé par les événements de sa vie et son époque mais je crois que c’est un raccourci beaucoup trop simple pour expliquer l’œuvre d’un artiste. Ce qui compte, avant tout, c’est l’œuvre. On juge l’œuvre, on ne juge pas un artiste sur sa vie, mais sur son travail. Je me répète. Et j’ai peut-être tord et suis prêt à changer d’avis sur de bon arguments. Mais avant toute chose, un artiste doit être jugé sur son art. Sa vie, c’est une tout autre histoire.

Bien sûr, qui dit Mishima dit suicide « rituel ». Nous avons tous notre opinion sur le suicide. Je suis pour ma part curieux de voir ce qui l’a poussé à se donner la mort. Mishima était, je crois, un auteur à succès, pressentit plusieurs fois pour le prix Nobel de Littérature. Pourquoi s’est-il tué ?

Folie ? Dépression ? Message ?

Peut-être aucunes de ces raisons, je pars donc à la découverte de l’énigmatique monsieur Mishima.

Je serai curieux d’avoir votre avis sur cet écrivain ! Sans spoiler évidemment.

Bien évidemment, je n’oublie pas sa relation avec le Prix Nobel de Littérature : Kawabata dont je pense me procurer une anthologie.

Et une pensée émue à Paquerite.

Jaskiers

L’image romantique des outils de l’écrivain.

Il y a de ça peut-être 1 ans et demi, je voulais m’acheter une machine à écrire. J’avais déménagé où je vis actuellement et la machine à écrire Olympia de ma grand-mère n’avait pas pu faire le voyage avec moi. C’était une « moderne », des derniers modèles. Pas un électronique, non, une avec ses rubans d’encres à double couleurs : rouge et noir, avec pleins d’autre touches et petits levier, un chariot impeccable.

Ma grand-mère ne se souvenait plus vraiment comment elle marchait, changer le ruban d’encre, que nous pouvons toujours trouver sur Internet, avait été un sacré défi. Nous avions de l’encre plein les mains. Quand enfin, après une bagarre homme-machine, je vis ma grand-mère appuyer sur une touche, je fus époustouflé !

Voir les tampons se lever, toucher le ruban et percuter le papier, former des mots, comme imprimé à l’imprimante moderne, sauf que là, pas de d’électronique, pas d’informatique, tout ce passait directement, sous mes yeux.

Quand j’essayais à mon tour, je fus surpris par l’exercice, il faut appuyer fort sur ces touches ! Et comme j’étais habitué aux claviers d’ordinateur, je cherchai, par réflexe, la touche supprimé.

Ma grand-mère me dit : Tu peux toujours chercher !

C’était magique de voir mes mots directement imprimés sur du papier, comme si j’écrivais un livre, vraiment. Et ajoutez à cela les bruits caractéristiques des machines à écrire : tac tac tac DING !

C’en était presque hypnotisant, on se laisse bercer par ces bruits, comme un rythme. J’écrivais n’importe quoi. Bien sûr, les mécaniques étaient rouillées, elle n’avait pas fonctionné depuis plus de 20 ans. Malheureusement, les majuscules embrouillaient le ruban et étaient décalées par rapport au reste de la phrase.

Je ne suis pas du tout doué de mes mains, et la mécanique m’est un art inconnus. J’admire ceux qui le maîtrise et en font leur métier. Car si j’avais des connaissances, je me ferai le docteur de ces vielles machines toujours charmantes ! Je réglerai leurs mécanismes comme un horloger suisse ! Mais malheureusement, même si j’avais la connaissance, il me faudrait une certaine aisance manuelle, ce que je n’ai pas.

Et je m’imagine ces écrivains, à l’ancienne, les Hemingway (évidemment, Ernest considérait la machine en écrire comme sa psychiatre…), les Steinbeck, Faulkner, Jack Kerouac, Françoise Sagan, Hunter S. Thompson, Stephen King, et j’en passe évidemment, taper sur leurs machines, absorbés par leur art, leur artisanat. Oui artisanat, j’ose le mot. La machine à écrire était (et reste d’ailleurs) un outil. Quelque chose de physique, qui quant on l’utilise fait du bruit. Comme une perceuse, un marteau. Il y a cette image romancée que nous devons, je présume, tous avoir eu un jour, de ces grands noms de la littérature contemporaine, une cigarette au bec, un verre de whisky et les mains pianotant sur ces machines tellement esthétiques.

Et remontons à l’époque de la plume et de l’encre tant que nous y sommes !

Imaginez Victor Hugo, ou Alexandre Dumas, Emily Dickinson, avec leurs plumes et leurs encriers. Si vous avez la chance d’avoir des vielles lettres de vos grands parents, regarder leur écriture ! Les lettres sont sublimes, c’est de l’art, du dessin, les mots sont dessinés !

Imaginez ces écrivains à la lumière des bougies ou des vielles lampes à huile, dans un silence total, assit dans un bureau éclairé par une flamme vacillante, donnant un air de roman gothique à leur environnement de travail. Et ce silence, cette plume qui glisse sur le papier, ces gestes. Même les ratures sont belles ! Enfin je me répète…

Et qu’avons nous maintenant ? J’écris mes articles sur mon smartphone, je n’ai pas d’ordinateur. Quand j’écris, je donne l’impression d’envoyer des sms, d’un type collé à son téléphone. Rien de cela si j’écrivais sur une Remington, rien de cela avec une plume. Bien sûr, je peux écrire n’importe où, mais je doute que « Les misérables » ait été écrit dans un wagon de métro.

Qui viendrait déranger une personne derrière sa machine à écrire ? Ou couchée sur sa feuille ?

On n’hésiterait pas à déranger quelqu’un qui tape sur son téléphone ou sur son clavier d’ordinateur. Pourquoi ? Parce que ce sont des outils de divertissements. Bien sûr on utilise des ordinateurs pour le travail (vive le tout numérique ! Mais pas trop car le site est « surchargé » et qu’il y a des « bugs »), mais je doute qu’en dehors de votre lieu de travail, votre ordinateur ne vous serve QUE pour travailler.

Rien de romantique à voir quelqu’un taper sur le clavier de son ordinateur hors de prix. C’est banal, plat, aucune magie. Évidemment, la technologie simplifie les choses. Le correcteur automatique me rend de bon service. Je peux partager mes écrits avec le monde entier. Mais même ceci à de mauvais côtés. L’autocorrection de mon logiciel de traitement texte est parfois énervant, je n’apprends pas vraiment de mes fautes et ne m’empêche pas de faire des fautes d’accords et autres joyeusetés de la langue française. Partager mes textes avec le monde entier est intéressant, une grande opportunité mais il manque quelque chose.

Le contact humain est biaisé par le contact électronique. Tout va plus vite et plus facilement, tout se dégrade plus vite et change, change à une vitesse telle que ce qui ne peuvent (ou ne veulent) pas suivre finissent sur le bas côté.

Je suis un amateur de vielles choses, d’ailleurs les brocantes me manquent. J’aime les vieux objets, les vieux instruments, les choses utilisées par des mains expertes, ou fabriquées par ces dernières.

Je suis un vieux de bientôt 28 ans, j’aime peut-être ces choses d’un autre temps car mes grands-parents étaient des artisans, ou peut-être qu’à force d’entendre dire « c’était mieux avant », je cherche dans ces objets une époque plus simple, plus belle, avec un sens.

Peut-être ne trouverai-je rien, et dans ce cas, tant pis. J’écris cette dernière phrase avec devant moi deux énormes tomes d’« À la recherche du temps perdu » de Proust. Proust avec sa plume à écrit tout ceci. Pas de logiciel de traitement de texte, pas de raccourci, de copier-coller, de recherche instantanée de mots. Sûrement une pile de feuilles immense dans lesquelles il devait se perdre, les doigts tachés d’encres. Et presque une centaine d’année plus tard, un vieux de 28 ans se plaint que la vie est devenue trop facile d’un côté et trop difficile de l’autre.

Le temps peut être perdu mais il a la curieuse habitude aussi de se répéter. N’est-ce pas fascinant ?

La vie est un éternel recommencement.

Mon obsession du temps…

Jaskiers

Francis Scott Fitzgerald la totale !

Je dédie cet article à Filipa, fidèle lectrice, fidèle amie, toujours surprenante et adorable.

C’est surprenant mais je n’ai pas lu Fitzgerald tant que ça, disons-le, je n’ai lu que « Gatsby le Magnifique » grâce au film sortit en 2013 avec (mon) Leonardo DiCaprio.

Actuellement, mes goûts en lecture partent dans tous les sens !

De la littérature made in New-York aux romans d’amour classiques, aux classiques tout court, français principalement puis aux True Crime, sports, polars, thrillers, dystopiques, policiers, épouvantes, témoignages, fantastiques, psychologiques, documentaires, sur la musique, la drogue, la psychiatrie et tutti quanti.

Donc pourquoi cet article sur Scott Fitzgerald ?

Bien qu’étant un admirateur d’Hemingway, ayant lu jusqu’à ses lettres, faisant mentions (élogieuses et parfois cocasses) de l’auteur Dandy de la Génération Perdue, Fitzgerald ne m’avait jamais autant attiré que ces derniers temps.

Pourquoi ?

C’était il y a un an, je pense, (je pourrai vérifier sur le blog mais honnêtement, j’ai la flemme) j’ai lu « Anna Karénine » de Tolstoï. J’avais vu le livre dans la partie magazine d’un grand magasin. J’avais cherché « La guerre et la paix » mais cet ouvrage n’était nul part dans le rayon, donc je me suis rabattu sur « Anna Karénine ». Ce que je savais de Tolstoï, je l’ai appris principalement grâce aux correspondances d’Hemingway. Tolstoï était considéré par Ernest comme un de ces génies, tellement génial qu’appréhender son génie était une peine perdue.

Bref.

Je lis l’ouvrage du monsieur, un roman d’amour principalement, c’était rare pour moi. J’ai été subjugué par l’histoire ! D’habitude, je trouve les fins de romans plutôt faibles, bâclées, quelque chose manque. Mais pour « Anna Karenine », la fin est presque un roman à elle seule. J’ai encore plus été impressionné quand j’ai appris que Tolstoï avait peiné à écrire ce roman, repoussant sa rédaction de plusieurs années. Et surtout, il s’était inspiré d’un fait-divers véridique. Je ne le mentionnerai pas ici car en aucun cas je ne voudrais vous spoiler la lecture de ce magnifique livre.

Aujourd’hui, j’ai envie de lire des romans d’amours, avoir le même ressenti que quand j’ai lu le livre du fabuleux russe. Mais goûts en lecture ont évolué radicalement depuis quelques temps. Des auteur(e)s et des genres, qui, il y a de ça deux ou trois ans, ne m’intéressaient pas ou peu, m’attirent aujourd’hui.

En ce qui concerne les romans d’amours, j’ai ressortis mes classiques, français en majorité. J’ai réalisé que j’ai manqué à la lecture de pas mal d’œuvres importantes, j’y ai remédié du mieux que je pouvais, j’ai « investis » dans des livres, comme j’aime le dire à mes proches quand ils me reprochent d’avoir beaucoup trop de bouquins. Je pourrai leurs sortir cette phrase de John Steinbeck : ‘ Je pense que nous n’avons jamais trop de livres.´ Mais mieux vaut acquiescer, leur dire qu’ils ont raisons et continuer à vous acheter ce qui vous passionne. La vie est courte, on ne sais pas ce que nous réserve demain, encore plus à notre époque. Et puis, mieux vaut des livres que de l’alcool ou de la drogue non ?

Bref (x2)

En cherchant des livres sur New-York, j’ai trouvé, par exemple, Les New-Yorkaises d’Edith Wharton, mais s’est rappelé à moi Francis Scott Fitzgerald !

Je me demande encore aujourd’hui comme j’ai pu lire presque tout Hemingway, en français et en anglais mais ne pas lire son ami Fitzgerald. Parce que les deux légendes de la Génération Perdue était bon amis ! Bien sûr, entre Hemingway et la femme de Fitzgerald, Zelda, le courant ne passait pas du tout. Elle de dire qu’Hemingway n’était qu’un rustre, alcoolique, un homme violent, imbus de lui-même. Lui de dire qu’elle n’était aussi qu’une alcoolique et qui, par jalousie envers l’immense talent de son mari, faisait tout pour l’entraîner dans le fond du gouffre avec elle. Selon Ernest, elle forçait Fitzgerald à aller faire la fête, à boire pour qu’il n’écrive pas. Hemingway a-t-il dis ce qu’il pensait de Zelda en face de Fitzgerald ? Je pense que oui. Comment a réagis Fitzgerald, je n’en sais rien. En tous cas, Scott ne semble pas lui en avoir voulu. Mais je vous donne rendez-vous en fin d’article pour la « présentation » de deux ouvrages de Donaldson, traitant de la relation entre ces deux talentueux écrivains.

Zelda Sayre Fitzgerald et Francis Scott Fitzgerald

Qui croire, Zelda ou Ernest ?

Honnêtement, aucune idée, mais à rédiger cet article je réalise que quelqu’un pourrait en écrire un beau roman. Je laisse cette idée à quelqu’un d’autre, je serai trop partial. Hemingway est mon favori !

Je crois me souvenir d’avoir découvert Hemingway dans un des personnages de l’unique roman de Zelda « Accordez-moi cette valse », d’ailleurs j’avais écris, là-aussi, un article sur cette lecture mais je n’ai pas envie de le relire. Panacée que de relire mes anciens articles.

Mais vous verrez quel ouvrage j’ai trouvé en fin d’article. Une amitié brisée ? Je n’espère pas.

Bref (x3)

Toujours est-il que je n’ai lu que Gatsby, et comme vous allez le voir, je vais me rattraper. Je pense m’être procuré toutes ses œuvres et de bonnes biographies. Des histoires d’amours, à New-York ou dans la French Riviera ect… en filigrane, l’histoire d’amour du couple littéraire le plus glamour de la Génération Perdue, et les lettres qu’ils s’échangeaient, m’attendent. (Je suis conscient que j’ai acheté des doublons, mais trouver toutes les œuvres de Fitzgerald n’est pas chose aisée et j’évite les regroupements des œuvres dans un seul livre de peur que l’ouvrage ne contienne pas toutes les œuvres…)

Romans, nouvelles, biographies, correspondances. J’ai choisis d’acheter ses ouvrages en anglais ou en bilingue quand c’était possible, une philosophie de lecture que j’ai emprunté à l’incroyable Filipa. Lire un livre dans sa langue d’origine !

Je me suis d’ailleurs permis une petite folie, l’édition finale de The Great Gatsby de chez Simon & Schuster.

Pour Francis S. Fitzgerald, j’ai cette esthétique Fitzgeraldienne venant purement du film avec DiCaprio, je vous l’accorde, peut-être est-ce là une mauvaise chose. Mais j’ai aimé le film (et j’aime DiCaprio d’amour) contrairement aux critiques guère élogieuses. J’espère le retrouver, cette esthétique et lire des fulgurances, j’espère découvrir un écrivain que Hemingway adorait (et vice-versa). Et être écrivain, apprécié, publiquement et en privé par Ernest Hemingway n’était et n’est pas rien. Ernest pouvait s’avérer jaloux, autant en amour que dans son travail.

Un jeune Ernest Hemingway et un jeune Scott Fitzgerald. Je m’avance peut-être un peu trop mais on voit dans leurs manières de s’habiller la différence stylistique en matière d’écriture. Ernest est direct quand Francis Scott, lui, est dans la finesse.

J’attends beaucoup de cet écrivain, je suis très heureux de découvrir un auteur important et talentueux. C’est comme si je m’ouvrais à un nouveau monde. J’espère aussi apprendre du monsieur, sa vie, son enfance, ses premiers écrits, d’où il tient son talent et ses (son unique ?) amours. Et pourquoi pas en apprendre encore plus sur l’écriture.

En cherchant pendant de longue nuit sans sommeil tous les ouvrages possibles que je pouvais me procurer, j’ai constater que j’étais loin d’être le seul à avoir découvert Fitzgerald via Hemingway. C’est surprenant comment ces deux auteurs sont liés l’un à l’autre. Je me rappel un commentaire d’une personne disant que « son esprit lui disait Hemingway mais son cœur Fitzgerald ». Les deux auteurs semblent toucher en nous une dualité, dualité qui semble presque complémentaire. Deux styles d’écriture différents, deux styles de vie différents, mais qui sont indissociables, ils sont autant important l’un que l’autre, écrivant différemment, certes, mais symbolisant la Génération Perdue à eux seuls. Ou presque.

Pour l’instant, je dirai que l’écriture d’Hemingway est physique, il joue sur le corps, le solide tandis que Fitzgerald (et gardez en tête que je n’ai lu qu’un seul de ses livres) semble être l’écrivain de l’âme, de l’esprit de l’impalpable. Mes lecture me confirmeront mes dires. Peut-être avez vous une idée sur ce sujet ?

J’ai trouvé un ouvrage de Scott Donaldson : Hemingway contre Fitzgerald, je me demande de quelle qualité sera ce livre, je ne connais pas Donaldson, j’espère quelque chose de sérieux et d’objectif même si il semble que Donaldson ai beaucoup écrit sur Hemingway. Mettre dos à dos les plus grand écrivain de leurs générations, cela est ambitieux. J’ai aussi trouvé Hemingway and Fitzgerald par le même auteur. Donaldson à donc mît côte à côte et face à face les deux auteurs.

Petite parenthèse, encore une, j’ai encore trouvé deux livres d’Hemingway que je n’avais pas lu et pourtant, j’écume les sites pour trouver tous ses ouvrages et quand je pense avoir tout lu, PAF, un nouveau livre me saute à la gorge. C’est comme trouvé un billet dans ses poches. C’est ce dire : en faite je ne suis pas arrivé au bout du travail d’Hemingway. Et dire que maintenant je m’attaque à Fitzgerald… si lui aussi arrive à toucher mon âme comme Ernest, je suis parti pour une grande et belle nouvelle aventure. Et ça me rends heureux rien que d’y penser. Les deux sont différents dans leurs style d’écriture mais je sais d’avance, et peut-être est-ce une erreur, que je vais apprécier. Comme Gatsby, il me reste l’espoir.

En ces temps modernes, difficiles, conflictuelles, ces moments de bonheurs devraient êtres chéries car ils sont rares et précieux. Parfois, du papier et de l’encre est ce qui nous (me) rends le plus heureux. Tous simplement. Nous avons tellement besoin d’histoires actuellement. Besoin de ressentir autre chose que la morosité ambiante, conflictuelle et délétère.

N’hésitez pas à me donner des suggestions de lectures sur ou en rapport avec F. S. Fitzgerald si vous en avez ! J’en serai ravis ! Et pas la peine de critiquer le film avec Leonardo car je sais qu’il a été assez vilipendé mais moi je l’ai aimé. DiCaprio fait un très bon Gatsby je trouve.

Évidemment, la pile contient des doublons.

P.S. : comme je ne suis pas très doué, je pense m’être emmêlé les pinceaux dans les photos. Mais je suis persuadé d’avoir tous les ouvrages possibles. Et je suis un grand feignant, ressortir, re-ranger, re-trier tout ces livres, trop de travail ! Lire est beaucoup moins fatiguant !

Merci de m’avoir lu !

Jaskiers