Génération perdue #11 | Est-ce le cœur qui est de plomb ?

« Barrès a eu et a su exprimer ce que je ressentais depuis longtemps : « Je peine à comprendre qu’un jour de bataille soit en même temps un beau jour paisible d’octobre et que tout y soit pareil aux après-midi ordinaires d’automne, sauf que des petites choses dangereuses voltigent dans l’air. » Lettre du Poilus Maurice Maréchal, 1915.Recueillie dans « Paroles de Poilus » de Jean-Paul Guéno.

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Génération Perdue #8 | En avant, c’est disparaître.

« […] les cadavres à moitié enterrés montrant, qui un pied, qui une tête ; d’autres, enterrés, sont découverts en creusant les boyaux. Que c’est intéressant la guerre ! On peut être fier de la civilisation ! » Lettre du Poilus Pierre Rullier, du 26 juillet 1915. Recueilli dans « Paroles de Poilus » de Jean-Pierre Guéno.

Création inspirée par cette image :

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Génération Perdue #6 | À qui se vouer quand même le ciel veut vous tuer ?

« Mes nerfs crient et se froissent à certaines imaginations et dans mon chaos, je ne trouve de causes et de raisons à mes souffrances que le besoin de jouir et de paraître chez mille qui ne sont point à la peine. Et si je refuse de souffrir pour leur donner des honneurs ou de la joie, des richesses et des maîtresses jeunes, jolies et parfumées, je ne suis pas austère pour agréer l’attente de ces maîtres, et j’ai l’estomac trop vide. Je suis trop sale et j’ai trop de poux. Je ne peux croire que c’est le fumier qui fait la rose – et que notre pourriture acceptée par le camp et la tranchée, que notre révolte, que notre douleur feront de la justice ou du bonheur. Et quel égoïsme de dire à son frère : tu mourras pour que je sois heureux ! N’est-ce pas là toute la guerre et ce calcul n’est-il pas le squelette effarant qu’on cache sous les oripeaux d’honneur, de devoir militaire, de sacrifice ?

Chaque putain de guerre représente les milles douleurs de celui qui la porte, mille morts de ceux que le combat a fauchés, et les milles jouissances des ventres et des bas-ventres de l’arrière. Voilà ce qu’elle crie cette putain de guerre : Celui qui me porte est un naïf qui croit que les mots cachent des idées, que les idées feront du bonheur, et qui n’a pas vu quelles bacchanales son dévouement permettait derrière le mur formidable des discours, des proclamations, des compliments et de la censure. […]»

Henri Aimé GAUTHÉ, Poilu. Écrit recueillit dans « Paroles de Poilus » de Jean-Pierre Guéno.

(Dessin réalisé sur IPhone)

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Génération Perdue #4 | Tant de questions dans ce désert de dévastation

Ce dessin a été inspiré par cette photographie :

(Dessin réalisé sur IPhone)

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Génération Perdue #3 | Entre l’ouragan et l’accalmie.

« Situation militaire inchangée, ouragan de fer et de feu dans l’atmosphère. Secteur effroyable, théâtre de continuels engagements, chaque jour attaques acharnées dans l’un ou l’autre camp. Le spectacle est unique, tragique, magnifique, la nuit, l’univers est embrasé, le bruit fantastique et terrifiant. Le corps tremble, des émotions vives et soudaines transpercent le cœur comme une flèche aiguisée, l’âme affolée erre dans un enfer et dans un anéantissement se recommande à Dieu.

Ce n’est pas gai, mais la fournaise éteinte, le ciel apaisé, les Titans fatigués, le calme rétabli, la bonne humeur reprend ses droits […] »

‘Cousin Pelou’ dans une lettre à sa cousine Marthe Pelou, le 19 juillet 1915. Écrit recueillît dans « Paroles de Poilus » de Jean-Pierre Guéno.

(Dessin réalisé sur IPhone)

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Génération Perdue #2| L’Enfer de l’Ouest

« […] au sifflement [d’un obus, on peut] entendre des pères, des femmes, des enfants qui pleurent sur toute la terre, il me semble que la Mort pénètre, comme dans une gravure de Callot, dans un intérieur que je me représente paisible et doux, pour leur annoncer triomphalement, à tous ces visages angoissés qui se tournent vers elle avec épouvante : pour leur annoncer qu’à cette heure un malheureux est mort sur terre – c’est un fils, un frère, un père. Malheureux eux-mêmes ! Car la joie des autres sera leur douleur, et le printemps prochain pour eux sera sans fleurs. – Foyers vides aux soirées des hivers prochains ! Quel Noël pour tant de pauvres enfants et de parents ! La vie n’est-elle pas assez malheureuse ! et avec leurs douleurs, il faudra que des malheureux peinent pour faire vivre et élever leurs enfants ! » Étienne Tanty, Poilu. Témoignage trouvé dans « Paroles de Poilus » de Jean-Pierre Guéno

Dessin réalisé sur IPhone.

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