Tout perdre – Chapitre 3

Comme beaucoup, j’ai fait plusieurs jobs. Il y avait une place pour tout monde. On ne travaillait plus pour l’argent, mais pour notre futur et, surtout, celui de nos enfants.

Après avoir été responsable de service qualité d’une usine de robotique, emploi où je n’étais pas qualifié du tout, j’ai fait d’autres boulots, dans la même veine. Jusqu’à ce que je découvre cette position d’agent de liaison avec l’Appolo 100.

L’Appolo 100 a été, et reste pour l’instant, la plus grande prouesse de l’humanité.

L’ancien ISS a été la base de l’immense structure orbitale qu’est devenu le 100. Tout y est pour explorer, aussi loin que humainement et techniquement possible, l’Espace, les systèmes solaires, la Voie Lactée, Andromeda, les trous noirs, les potentielles planètes habitables et j’en passe.

Ces 100 astronautes qui font ce travail au-dessus de nos têtes ont besoin d’assistances, comme je l’ai mentionné précédemment.

L’Organisation Spatiale Internationale, l’OSI, a donc décidé de proposer des places d’assistant pour astronaute. Il y avait deux catégories, la catégorie des assistants basée sur les besoins technique, scientifique, technologique et des assistants dédié au bien-être des astronautes, c’est-à-dire, une assistance pour les liaisons familiales (les liaisons directs entre astronaute et famille pouvant s’avérer dangereux, pour le moral et la sécurité des astronautes), les besoins personnel (nourritures, produit d’hygiène ect…), médical (mettre en liaison l’astronaute avec un thérapeute ou un médecin si besoin).

Les deux catégories étaient donc aussi en charge de remplir des rapports pour les navettes approvisionnant le 100. Tout devait être catalogué, ne rien oublier d’important ni de vital, expliquer les raisons et calculer, grosso modo, le poids et le coût de ces ravitaillements.

Mais la technologie a, et continue, de faire des progrès impressionnants. De mon point de vue, je trouve que nous devrions freiner et planifier plus prudemment le chemin que prend l’innovation à outrance.

J’ai donc perdu mon travail à cause d’une intelligence artificielle qui communique maintenant avec les astronautes… cette perte en amène d’autres. Du jour au lendemain, j’ai presque tout perdu. Comment est-il possible de tout perdre en un instant ?

À notre époque, tout est lié. Vous êtes, comme tout le monde, un pion dans la révolution spatial. La technologie, ceux qui les construisent et surtout qui les contrôlent, savent tout de vous. Tout est enregistré sur les Clouds, rien n’est laissé de côté. Et votre métier vous permets de garder vos possessions, si vous le perdez, vous devenez inutile, le personnel du Gouvernement Mondial vous coupe tout, jusqu’à ce que vous trouviez un métier, un moyen de contribuer au grand projet.

Donc, j’ai tout perdu. Ma maison ne répondait plus à ma clef magnétique. Ma femme travaillant comme infirmière était la seule personne pouvant m’ouvrir la porte. D’ailleurs, elle avait gardé tout contrôle sur ce que moi j’avais perdu.

Nos relations se sont détériorées, elles sont toujours mauvaises. Je suis persuadé qu’elle a subi des pressions à son travail et dans sa vie de tous les jours. Côtoyer un chômeur ? Être marié avec un Inutile ? Non, ce n’était pas acceptable, surtout pour une infirmière dont le travail est d’une importance vitale pour notre société.

J’ai accepté la rupture, j’ai souffert de voir de la honte dans le regard de mes enfants, je devais partir, je l’ai fait.

Jaskiers

Tout perdre – Chapitre 2

Une dernière lueur d’espoir est apparue quand l’Afrique est devenue le continent le plus sûr. Pas de catastrophes écologiques notables, faune et flore intactes. Ainsi la population mondiale s’est dirigé vers ce continent, là où l’Homme est née, un exode. Assez important pour réaliser, un peu tard, que l’humanité avait laissé l’Afrique de côté depuis tout ce temps, et maintenant, des gens de tout pays y affluaient pour avoir une place dans le dernier Eden de la planète Terre.

Cela bouscula le continent Africain, des tensions amenèrent à des conflits armées, les africains, délaissés depuis des siècles, se voyaient maintenant envahir par toute la planète.

L’économie s’effondra également. L’Afrique eut à subir le choc, le sursaut de désespoir de l’humanité.

Mais, chose improbable, il fallait y être pour le croire, nous nous sommes arrêté de nous entretuer, quelque chose de fort était apparue en nous, comme une sorte d’instinct. Ce dernier a surgit pour éviter notre autodestruction. Si nous continuions à nous entretuer, aucune chance de vivre, de survivre, était en perspective. La planète était déjà en révolution, pas besoin d’amener le grain de sel humain pour réduire à néant nos espoirs.

Nous étions tous dans le même bateau. Et ce fut cette prise de conscience qui changea tout. Peut-être est-elle arrivée tard, mais elle est arrivée à un moment charnière de l’humanité. La chose était simple : soit on s’unissait malgré nos différences, soit on continuait sur la voie de la dissonance qui nous mènerait à une extinction pure et simple.

Nos regards se sont posés sur les étoiles, avec un, voir des, espoirs que nous pourrions recommencer à zéro sur une autre planète.

Mais pour cela, pour mener à bien un projet spatial solide, il nous fallait déjà regarder à nos pieds, essayer de réparer, de rattraper les dommages faits à notre planète.

Il a fallu de l’abnégation, des leaders, pour essayer de limiter les dégâts et réparer ce qui pouvait l’être.

Il serait trop long d’expliquer chaque changement, chaque petite révolution, positive et non-violente, qui nous a permis de pouvoir rester sur Terre. Nous avons apaisé notre terre.

Certaines catastrophes se reproduisaient, beaucoup de mal avait été déjà fait, il nous a fallu nous adapter. Notre espèce a une capacité incroyable d’adaptation, nous avons des ressources en nous qui ressortent aux moments les plus cruciaux. Et bien sûr, nous avions l’espoir.

Les changements, prit d’un commun accord avec chaque pays, chaque gouvernement, ont permis à notre espèce de survivre, et de renaître rapidement de ses cendres.

Et puis, nous avons mis les bouchées doubles en matière de technologie. Tout le monde travaillait dans ce domaine. Nous en avions besoin. Nous sommes des créateurs géniaux. Et quand nous nous concentrons sur une tâche, collectivement, des choses incroyables arrivent. C’en est presque magique tellement le changement peut-être rapide quand nous sommes tous sur la même longueur d’onde.

La robotique a fait une avancée incroyable. C’est simple, les robots ont été utilisés pour les tâches les plus difficiles, rébarbatives, épuisantes, donnant ainsi plus de mains d’œuvre pour notre projet : soigner du mieux possible la planète Terre et conquérir l’Espace.

Avant que la Terre ne se rebelle contre nous, j’étais simple commercial pour une société produisant des applications pour smartphone. Je gagnais très bien ma vie. San Francisco, la Silicon Valley, était l’endroit idéal pour ma carrière. Mais c’était aussi, et reste encore, l’endroit où la fameuse faille de San Andreas pouvait réduire en miettes la côte Ouest. De terribles tremblements de terre nous ont touchés.

Ce n’est que par un concours de circonstances que ma famille et moi avons trouvé refuge dans un de ces bunkers spécialisés « doomsday » appartenant à un milliardaire ayant fait fortune en Californie durant le grand déluge.

L’ami d’un ami de travail connaissait quelqu’un qui pouvait nous trouver une place dans ces bunkers sous-terrains ultra sophistiqués.

Quand l’humanité a décidé de s’unir, nous appelons cette époque La Grande Union, il me fallait trouver ma place dans ce nouveau monde. Que faire quand on est un simple commercial dans un monde où les ingénieurs de tout bord, les scientifiques, les programmateurs, les physiciens et astrophysiciens étaient les piliers indispensables à notre redemption ?

Jaskiers