Découvrez 550 dessins de Poilus gratuitement sur le site mémoire des Hommes

Dessin intitulé « Les morts qu’on n’a pas vengés ne dorment pas » de Jean Veber

Dans la même veine que l’article sur le site spécialisé sur les dessins de soldats de la Première Guerre, j’ai trouvé, grâce à ce premier site, un site du gouvernement, bien connu des généalogistes et historiens, regroupant 550 œuvres (estampes) réalisé par des soldats de la guerre de 14-18. Et il me semble qu’il n’y a pas que des artistes français, mais découvrez par vous-même :

https://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/fr/arkotheque/navigation_facette/index.php?f=peintregrandeguerre

Bon visionnage, bonne visite… et souvenons-nous d’eux.

Jaskiers

Génération Perdue #13 |Au-delà, la mort cueille et accueille.

Dessin inspiré par la photographie ci-dessous :

« La guerre m’a endurci. Je regardais cette tranchée pleine de nos morts ; et c’était tout. Ni pitié, ni peur d’être bientôt mort à mon tour, ni même colère ou haine contre ceux qui les avaient tués. À présent, je n’étais qu’une machine, un élément ou un pion dans cette guerre, un soldat qui faisait de son mieux pour remplir sa mission. Une seule règle dans cette guerre : tuer l’autre avant qu’il ne me tue. »

Alfred Pollard, sous-officier britannique de l’Army Service Corps. Cité dans « Les tranchées de l’Ancre » de Daniel Wintrebert.

Jaskiers

Pourquoi ma maison n’a pas de miroirs ? (Nouvelle)

En hommage à Anna Coleman Ladd

C’était il y a si longtemps gamin, mais pour moi, c’est comme si c’était hier.

Quand la dame m’a posé le masque en céramique sur le visage, elle me tendit un miroir, mais je ne voulais pas voir mon visage tout de suite.

« Et pourquoi ? » Tu dois te demander à cet instant.

Je ne me sentais pas prêt, c’était en quelque sorte un nouveau moi, une personne que je connaissais mais qu’à moitié, que j’allais rencontrer une fois mon regard posé sur mon reflet dans la glace.

J’étais pas prêt gamin, je n’étais pas d’accord avec ça, j’étais un inconnu, physiquement, mais mentalement, je pensais que tant que je n’avais pas vu mon nouveau visage, je resterais moi-même.

La dame comprit immédiatement ce qu’il se tramait, je n’étais pas le premier à qui cette artiste, car c’est comme ça qu’on la considérait entre nous, avait créer un masque sur mesure, épousant et complétant nos gueules cassées.

Ça n’a pas changé ma vie instantanément. En fait, au début, c’était plutôt le contraire. Je m’étais habitué à ce visage ravagé par la guerre. J’avais, en quelque sorte, fais le deuil et accepté cette figure. J’arrivais à encaisser le regard des autres. Tu sais gamin, certains en sont fiers de leurs gueules cassées ! Ça prouve que tu t’es battu pour la France.

Moi, je n’en ai été pas fier. Je n’en avais pratiquement plus honte. Non, aucune fierté d’avoir tué d’autres hommes qui ne m’avaient rien fait. J’étais même en colère, car j’ai vu des copains disparaître en une fraction de seconde. Il disparaissait dans une poussière noire, dans un nuage rouge… certains étaient morts et déjà six pieds sous terre. Les obus, sa tue et sa peut enterrer en même temps.

Je les envie parfois, ils n’ont plus à vivre sur cette terre avec les visions d’horreur qui hantent les vivants. J’ai des copains qui sont devenus fous. Leurs corps étaient bien vivants, mais leurs esprits, gamin, étaient partis dans des recoins tellement sombres, que jamais ils n’ont jamais pu revenir à la réalité. Et puis, il y a ceux qui ont mis un terme à leur vie. Comment les en blâmer ? Les cauchemars, le retour à la vie civile, à une vie normale, c’était très difficile. On pensait tous qu’on allait y passer, jamais on avait pensé à ce que serait notre futur si nous survivions.

La guerre, c’est une connerie gamin, mais c’est malheureusement humain. C’est comme ça…

C’était pas facile pour grand-mère non plus. Je lui en ai fait beaucoup voir, mais elle est restée à mes côtés. Malgré les disputes, l’alcool, mon visage horrible, mes cauchemars qui me réveillaient en sursaut, hurlant à la mort, mon aversion pour le bruit, le silence était primordial pour moi, car chaque bruit pouvait déclencher en moi des souvenirs de la vie dans les tranchées.

Et puis gamin, j’ai tué. Comment on revient à une vie civile après avoir été entraîné et après avoir tué d’autres humains ? En temps de paix, tu tues quelqu’un, tu vas en prison, ou on te passe à la guillotine, mais en temps de guerre, on te pousse à tuer, on donne des médailles, on te portes aux nues quand tu réussis à tuer d’autres être humains.

Je souhaite de tout mon cœur que la guerre ne cogne jamais à ta porte mon garçon.

Mais pour répondre à ta question, j’ai regardé mon nouveau visage, et c’était étrange, beau et effrayant. Une partie de mon visage était moi, l’autre une imitation.

J’ai pleuré. Je n’ai jamais accepté ce masque, mais il me le faut pour pouvoir vivre dans une certaine dignité, pour les autres. Je ne le porte pas pour moi.

C’est pourquoi il n’y a pas de miroir chez moi. L’apparence, c’est quelque chose de secondaire, ce n’est que vanité.

Je sais que tu m’as aussi demandé pourquoi je ne parlais pas. Ma gueule cassée n’a plus de mâchoire. Tu voudras un jour savoir comment c’est arrivé, mais tu le sais déjà, j’étais dans les tranchées. C’est ça, la guerre.

Profite de ta vie, profite de la paix. Je me suis battu pour que cette foutue guerre ne revienne plus jamais.

Ton grand-père qui t’aime.
1937

Jaskiers

Les fabuleux Iocularis ! (Nouvelle)

Décorée de visages de clowns colorés et grimaçants, leur camionnette sillonnait depuis deux jours les rues et ruelles du petit hameau en lançant par haut-parleur, le matin à 10 h et en fin d’après-midi, cette annonce, toujours aux mots près :

« Venez assister à la représentation des fabuleux Iocularis ! Le monde entier se les arrache ! Ils sont venus du monde entier avec un seul but, vous faire rire ! Venez faire les clowns avec nous ! Deux représentations vous attendent ce week-end sur la place de la foire ! Venez rire en famille ! »

Dans ce village, de quelque 2 100 âmes, dont la plupart n’avaient plus envie de rire, ni la force, qui ne pouvaient pas se déplacer, où la jeunesse préfère aller jouer au foot, rester sur internet, ou dormir chez des amis, cette représentation risquait de finir en un flop fracassant.

Il suffisait de se demander pourquoi ces Iocularis venaient faire une représentation dans ce trou perdu. Après tout l’annonceur avait quand même dit que le monde entier se les arrachait… Si cela était le cas, leur monde était différent du nôtre. Ou peut-être était-ce, là déjà, une blague ?

Dans le village, on avait commencé à parler de ce spectacle. On avait vu le chapiteau imposant et aux couleurs criardes et stéréotypées jaunes, orange et rouges, prendre la moitié de la place du marché. Cela ne plaisait pas à tout le monde. Les villageois sont très chatouilleux, leur territoire – leur village, leurs jardins – c’est quelque chose de sacré, demandez à n’importe quel maire de village.

Mais ce qui irritait encore plus les habitants, c’était cette camionnette avec ces hauts-parleurs. Les personnes âgées aiment leurs tranquillités, ils ont travaillé toute leur vie, et n’apprécient guère qu’une personne gueule dans les rues, deux fois par jour. Là aussi, l’oreille droite du maire devait siffler.

Enfin, tout semblait être contre ce groupe de clown.

Les villageois n’en étaient pas à leur première réception de cirque, mais quelque chose semblait clocher avec ceux-là. Ce n’était pas un cirque, le chapiteau pouvait prouver le contraire mais pourquoi donc que des clowns ? Pas de trapézistes ? De magiciens ? De cascadeurs en tout genre ?

Pas d’animaux, car plus personne ne soutient, ni n’accepte, les animaux en captivités, et leurs vies terribles sur les routes et sous les coups et abus.

Mais que des clowns ? Les plus jeunes semblaient même trouver cela inquiétant, effrayant. En cause ? Le remake du film « Ça » dont l’original, tiré du livre éponyme de Stephen King, avait traumatisé une génération entière. Maintenant, le nouveau film avait provoqué une sorte de buzz en Amérique, où de jeunes gens se déguisaient dans les rues pour effrayer leurs congénères.

Les vieux n’iraient pas, les jeunes non plus. Pire, les deux groupes attendaient avec impatience leur départ du village. Pour une fois, les vieillards et les jeunots étaient d’accord.

C’est que les Iocularis n’en étaient pas à leur coup d’essai. Partout où ils passaient, ils avaient laissé leur emprunte. Pour faire bref, les villages les ayant reçu ne les acceptaient plus, et si jamais les ‘célèbres’ clowns ne montraient ne serait-ce qu’un bout de nez rouge dans le bourg, ils seraient reçus à coup de fusil.

Car les Iocularis ne quitter pas un village sans se venger de l’ignorance subie. Vitrines de magasins, enfin de boutique qui existaient et résistaient encore économiquement mais difficilement, étaient brisées. Vitre de la mairie peintes en rouge, les drapeaux français et européens brûlés, des voitures avec des pneus crevé à coup de canif, les monuments aux morts abîmés à coup de marteaux-burin, les sépultures des cimetières profanées…

Et tout ça se déroulait la nuit d’après la première représentation. Car ces messieurs marrants s’étaient retrouvés sous trop peu de public à leur goût.

Le plus effrayant, c’est que de multiples plaintes ont été enregistrées contre eux. Mais est-ce à cause du manque de moyens des gendarmes ou bien de la mobilités insolentes des clowns, qu’ils ne furent jamais attrapés, et encore moins identifiés ? Les maires ont eut beau avoir averti leurs comparses, ces derniers ne prenaient jamais ces avertissements au sérieux. Une bande de clowns avec un chapiteau qui saccagent comme des sauvageons un village entier en une nuit et ce depuis plusieurs mois, sans se faire attraper ? C’était sûrement une blague, de mauvais goût. Les maires ont souvent un mauvais sens de l’humour, ou un excellent, cela dépend de leur popularité.

Mais jusqu’où s’arrêteraient-ils, ces satanés clowns ? Seront-ils arrêtés un jour ? Seul l’avenir nous le dira.

Ce soir, ils feront un énième flop dans une énième trou perdu. Et cet innocent village sera vandalisé. Mais qui s’en souci vraiment ? Après tout, ils ne s’attaquent qu’à des villages.

Leur prochain arrêt est dans le vôtre.

Jaskiers

He Did It Because Of The Sun -(short story)

The light is reflecting on the hand gun still smocking from the bullet that just exited the barrel.

A dead body, a hole on the left side of the bare chest of a young man laying on the white beach sands. The blood, slowly coming out off the cadaver, is turning black at the contact of the air.

The sun beams gave the killer a headache. He never like the beach, never hated it either, he was just on it because it’s what people seems to do when they have nothing to do.

He hears screams in the distance, movements, but the shooter doesn’t move. He took a life, and it didn’t bother him that much. Maybe a little bit. The sun is still bothering him.

He doesn’t understand the screams. Why are they screaming when every day, thousands of innocents peoples die every day from gun wounds, caught in the middle of a war they never wanted. If he had an uniform, they would’ve probably praised him a hero, he would have received a medal, street would have been named after him. They should worries about the sun, it’s giving him headaches.

The insults that he start to hear are getting more and more distinct. Peoples are angry. Again, for something this common. Did they know the sun gives headaches?!

Lost in his own head, he let two men tackling him down. His face pushed in the sand by a hand. His arms were tied behind his back. Soon, a knee is pressing against his back. A cold metal feeling around his wrist, probably the police, he couldn’t know, his ears are full of sands. He couldn’t care less, sands in his eardrums or not. At least he doesn’t see the sun anymore.

Soon, a firm hand grab him by the shirt to put him on his feet.

There are the heroes of the day, two police officers. Overweight, sweating profusely, with the stereotypical serious, yet proud, smirks on their sun burned faces.

Civilians are running around the dead men, screaming. Because it is common knowledge that screaming and crying next to a dead body will bring it back to life. The other who aren’t busy crying over the dead body of an unknown person are shooting insult at the killer. Some are throwing sands at him, other try to punch him or grab him, but the police officers do their best to protect the killer. Not that they didn’t want their catch to be beat down, but because once you catch a big fish, you have to bring it home so you could show to the inhabitants that you are a useful individual to society.

Slowly, the trio is making their way throughout the angry crowds. It’s strange how peoples work, they seems to be ready to kill him. To kill a killer, therefore making them killers. By just killing one man, dozens are ready to kill him. And some of those peoples are considered good samaritans among theirs peers, some of them are even religious peoples, which make sens because their gods would forgive them if they beg him enough.

The young killer didn’t really know what will happens next, that’s the first time he’s being arrested.

In fact, he is happy, he will be able to continue is analyzing of human behavior under very peculiar circumstances.

And in jail, there’s no sun.

This short story was inspired by Albert Camu’s novel The Stranger.

Jaskiers

Through there and here – Chapitre 2

I got up, open the doors and it was just red and dark, it was like I just opened the door to hell ! No need of a no Virgil, I opened the door to a literal inferno !

I had a few step to climb to get completely out of the cave, but there was no going back. I would have suffocated if I had stayed in the cave. So I climbed the step, slowly.

I could only hear that roaring sounds, the sound of the flame devouring whatever was outside.

After getting up the last stair, I was sucked out in the air, like if I had been swooped over by a tornado !

I thought, at this very second I was about to die. I screamed and closed my eyes, my body was twirling around like a leaf.

And then, quiet. No more flames, no more crackling noises.

I opened my eyes, and there I was in some kind of rocket cockpit, in a cosmonaut suit, helmet and all.

I looked around and there was three men with me. One sitting next to me, and two behind each one of us. Dressed in cosmonaut to.

They looked at me and the one next to me said something like : Hey Jerry, bet you fifty bucks I will step on the moon first.

I looked at the window in front of me.

The cockpit was facing the sky ! And that’s when I’ve heard : Ready for take off in 10…

You get it, we got blasted into the sky. Everything was shaking, again ! I couldn’t move, I guess we all couldn’t move, it’s a thing about G’s force I think, exactly like when you in a rollercoaster and you fill like you brain and guts are disconnecting from your body.

Then, a beeping sound. Someone talked in my earpiece : Jerry, can you confirm that… Oh my god, abort ! Abort ! Eject now !

And my three pals just disappeared into the air, the cockpit had opened itself above us.

« I see… I see three of them ! Who’s still in the rocket ? Eject ! Now ! »

Well, that was for me, and I didn’t knew how to eject myself from a rocket, I ain’t no Elton John nor David Bowie!

There were so many fucking buttons, all flashings lights, and beeping.

« – Jerry ! Jerry jump ! Albuzz here, three of us jumped, I have eye contact with Amry and Dolory but I think Jerry didn’t jump !

  • Fuck sake, Jerry, eject now ! It’s gonna blow up ! »

And in just a flash, I find myself in the middle of… I couldn’t tell you, it was just blue… My feet were under water, water that covered everything, everywhere I looked, it was like a calm, very calm sea. The sky was blue, the sea was blue, the exact same shade. And no noise, nothing.

Now this is weird but I’ve felt very appeased, very relaxed.

The calm, the fresh air, and this place was southing to me. But that feeling didn’t last very long, because in that blue desert, I was alone. Their was strictly nothing, the horizon was non-existent. It was like the sky and the soil were one but it had depth.

This started to confuse me. Soon, I turned into a panic mode and started running. Didn’t know where, didn’t really cared. There was nothing man made, it freaked me out, no bearing. I thought that if I didn’t started to look for something, I would just die here. From hunger and thirst or by trying to kill myself by drowning in the few inches of water.

Jaskiers

Through there and here – Chapter 1

Now, I’m not only confused, nor angry anymore. I’m just fucking done to be honest.

My name is Don Gut, and you are probably my only chance at understanding what the hell is happening to me. Maybe it happened to you, or to someone you know, or you read about it somewhere. I don’t know how much time I’ve got left. Don’t worry, I’m not gonna die or kill myself. But, I’m mean, death wouldn’t even bother, or surprise me at this point. Maybe I’m already dead… I don’t know how much time I’ve got left here. You’ll probably understand, or not, when you finish reading my story. If the space time, loophole shenanigans allow me enough time to write about it.

So it’s all started when I’ve finished my reading session. I read at a certain hour, it fluctuate, depending on my moods and spare time.

I was reading Proust’s « In the search of lost time ». Now, this is a thick ass book. This is actually multiples novels combined in one book.

I’ve loved this book, so far. I really love the way Proust goes deep into our feelings. He put words on things that we don’t really think about, or don’t pay much attention to. It’s like a psychotherapy, every feeling is dissected, it’s powerful. And I feel like the characters are my friends now. Saint-Loup’s my favorite. But anyway.

I closed the book, got up to go to my kitchen to make some tea. Well, when I finished my cup, I’ve left the the kitchen and I fucking ended up in some sort of cave. Not my cave, I don’t have any cave, I live in a flat, in a big building. I’ve never been a fan of caves.

Now, there’s nothing weird with my tea. It’s eucalyptus! I’ve been drinking this since a few months now, it helps me to sleep. At least I love to think it does.

But there I was, in a cave. I turned around because I was freaking out, no door ! No kitchen ! Just a brick wall !

The cave was just made of bricks. The cave was simply rectangular, not very large. There was wooden boxes, some scrap, old tools, paintings, littles statues of… things.

Of course, there a wooden door just in front of me. First reflex, I ran to it, bumping into boxes like a mad man on a mission.

As soon as I touch the door handle : BAM !

Some explosion near almost exploded my guts out, and my heart. Dust falling from the ceiling. And then, BAM, again ! And again ! BAM ! BAM ! BAM !

For a… I don’t know how many minutes, it could be five, ten, or even two hours, the explosions kept coming ! It was a never-ending series of explosions that were happening up there. Everything shook in that little cave of mine. Every bone in my body seemed to be on the verge of breaking. My brain was on the brinks to explode too.

I stepped back into a corner, not wanting to go out there anymore. And curled up behind boxes of children’s toys.

My ear seemed like they where about to bleed. But the worst was that I started suffocating ! The air was… they were none ! Or just a little. It felt like when I was a kid and had asthma. But men, they were nothing I could do.

The vibrations in my heads were the worst, my jaws were clenched so hard but the waves of explosions made my teeth shakes !

Then, all of a sudden, no more explosion. I was drenched in sweat it felt like I was about to melt !

Jaskiers

Vive, lumière !

« – C’était ici ! Dit Jacquot au journaliste.

  • Donc ça s’est passé ici ?
  • Ouai…
  • C’est vous qui l’avez trouvé ?
  • Ouai…
  • Et… comment… qu’est-ce que vous avez ressentis ?
  • Bah… voyez… enfin… c’pas drôle. »

Le journaliste hocha légèrement la tête en signe d’acquiescement ou de sympathie.

Pourquoi je dois me coltiner ces reportages merde !

« -Enfin j’l’ai pas vu au début voyez.

  • Ah, comment ça ?
  • Bah, j’le cherchais partout l’Claude, j’ai cherché chez lui, dans l’étable à côté d’sa maison, dans la grange, j’ai passé au peigne fin ses deux champs, c’te vielle bâtisse j’y étais jamais aller.
  • Et… quand vous passiez du temps avec lui il ne vous en avez jamais parler ?
  • Oh si ! Y’m’disait que ça servait plus à rien depuis l’époque de son grand père d’ja c’te vielle bâtisse. Il voulait l’abattre d’ailleurs car ça prenait d’la place dans son champs.
  • D’accords. »

Le journaliste écrivait sur son calepin.

« -Comme s’qu’on vois à la télé !

  • Pardon ?
  • Z’ecrivez dans un calepin comme à la télé !
  • Ah oui, je suis de la vielle époque.
  • Z’etes jeune pourtant !
  • Oh oui, mais la technologie est bien utile, sauf quand elle vous lâche !
  • Ah ça moi j’ai pas c’probleme m’sieur, ah non ! L’ordinateur, internet machin chouette non non. Vous les jeunes vous avez grandis avec ça mais pas nous !
  • La technologie c’est pas mal, enfin quand ça fonctionne !
  • Ouai sûrement. Mais regardes moi, mon tracteur John Deere, il a une petite panne, paf je le répare en moins d’deux !
  • Moi, changer une roue c’est tout c’que je peux faire.
  • Chacun ses trucs !
  • Exactement. »

Le paysans regardait en l’air, en direction de la poutre, voyait-il un fantôme ?

« – Donc vous me disiez que vous ne l’aviez pas vu tout de suite ?

  • Nan, je connaissais pas la bâtisse, jamais entré d’dans.
  • Vous êtes entré, au rez-de-chaussée, personne ?
  • Bah ouai, personne, mais j’ai senti tout de suite que quelque chose n’allait pas, la poussière, quelqu’un était entré là dedans quoi.
  • Vous l’avez appelé ?
  • Ouai, j’ai fais ‘Claude’ mais rien, mais j’avais une impression bizarre vous voyez, j’devais monter à l’étage.
  • D’accord. Et une fois à l’étage ?
  • Bah y’a c’te porte juste après les escaliers là, par laquelle on vient de rentrer mais elle était fermée à clé.
  • Ah, et vous vous êtes dit qu’il devait être là dedans.
  • C’était le dernière endroit où j’pouvais vérifier.
  • Vous avez forcé la porte ?
  • Ouai, regardez, c’était un vieux loquet comme dans l’temps, pas très solide.
  • D’accord, vous avez peiné ?
  • Bah, j’me fais vieux mais agriculteur sa conserve. »

Un silence s’installa après le dernière parole de l’agriculteur.

« – Donc vous ouvrez, et là vous le voyez ?

  • Nan pas tout d’suite voyez y fait noir sans lumière. Donc moi bah je tâtonne sur le mur à gauche de la porte et coup de chance, si j’puis dire, un vieil interrupteur et ça s’allume.
  • Et là…
  • Ouai là… bah v’la mon Claude quoi.
  • Il était, pendu à cette poutre là ?
  • Ouai celle là juste derrière vous. »

L’agriculteur, les yeux humides et la voix légèrement sanglotante, ajouta :

« S’avez, ça m’étonne même pu… pas le premier ami qui se suicide… s’avez… agriculteur nous… bah on nourris les gens mais on a plus rien dans nos assiettes. »

Le journaliste referma son calepin.

J’écrirai mon article, il sera publié et rien ne changera.

Je dédie ce récit aux agriculteurs de l’Allier et de l’Auvergne, que j’ai eu la chance de côtoyer pendant plus de 10 ans.

« Les agriculteurs se suicident plus que le reste de la population. Selon les données les plus récentes de la sécurité sociale agricole (MSA), 529 suicides ont été dénombrés en 2016 parmi les 1,6 million d’assurés du régime agricole âgés d’au moins 15 ans. » Source : -> https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/11/23/suicides-chez-les-agriculteurs-le-gouvernement-lance-une-mobilisation-collective_6103324_3224.html

Jaskiers

Une matinée de réflexion

Ce jeudi s’annonce comme un jeudi banal pour moi. Je sors de la douche et regarde la table de salle à manger. Des papiers y sont posés… Ah oui ! Il faut que j’aille m’inscrire sur les listes électorales. J’ai jusqu’au mois de décembre mais mieux vaut le faire tout de suite. Pour une fois que je m’y prends à l’avance !

C’est les petits trucs comme ça, après un déménagement qui sont chiants. Ces petites démarches qui ne demandent pas grands choses mais qui font chiés parce qu’on n’y a pas forcément pensé avant. En tous cas pour moi.

Les cheveux encore mouillés, j’enfile mon bombers noir et mes fidèles Timberland. Je fourre mon téléphone dans la poche, mon portefeuille dans l’autre, mes clopes dans la poche intérieures. Pourquoi mettre mes cigarettes dans la poche intérieur, il faudrait plutôt mettre mon portefeuille non ?

Sur ce coup là non, il me faut mon portefeuille à porté de mains, j’y ai plié tant bien que mal les papiers nécessaires pour mon inscription sur les listes.

Oui, l’année prochaine je voterai, comme à la dernière élection, pour éviter que l’extrême droite ne passe.

L’élection qui s’amène entraîne avec elle un candidat d’extrême-droite, une copie de Trump dans l’idéologie nationaliste, physiquement plutôt gargamelle.

C’est très bas d’attaquer les gens sur leurs physiques Jaskiers.

C’est mal. Oui je sais je m’excuse… Mais il a quand même une sacré gueule de… Bref.

Maintenant il faut sortir, croiser d’autres êtres humains.

Une voisine entre deux âges nettoie ses vitres et en profite pour me regarder passer. Je me demande parfois si mes bottes me vont bien ou si j’ai l’air d’un clown avec. Non je ne pense pas, ma petite soeur n’aurait pas manqué de me le dire (comprendre : se foutre de ma gueule, mais ce serait de bonne guerre !).

A deux pas de l’entrée de la mairie, je réalise que j’ai oublié mon masque. Classique Jaskiers. Je suis vacciné mais je ne peux pas rentrer sans. Presque deux ans que l’on vit avec le virus et je n’ai toujours pas les « gestes barrières réflexes » ! En faite si, je les avaient mais après m’être fais vacciner, j’ai relâché mes habitudes.

Demi-tour, remonter à l’appartement, prendre le premier masque qui traîne et je redescends pour la mairie.

Une dame dans sa soixantaine m’accueille gentiment. J’ai tous les papiers… Ah non, j’ai oubliés ma carte d’identité. Classique Jaskiers. Normalement, elle est dans mon portefeuille…

Je demande à la dame si je peux revenir en vitesse la chercher. Pas de soucis. Demi-tour, encore, pour l’appartement, je trouves ma carte d’identité bien en évidence sur la table là où étaient exactement les papiers d’inscriptions. Je m’insulte de connard parce qu’il le faut bien. Retour à la mairie.

« Monsieur Jaskier, votre carte d’identité est périmée, depuis trois ans, il faut penser à la changer. Je ne sais même pas si elle vous permettra l’inscription pour les listes.

J’ai mon permis ?

Allons-y peut-être que ça sera utile. »

Elle me donne un papier à remplir, j’ai amené mon stylo Bic quatre-couleurs. Geste barrière niveau expert, je me jette un peu de fleurs. Je commence à remplir mon papier quand l’encre bleu semble au bout de sa vie. Et merde.

La dame qui me regardait fixement remplir mon papier comme une vielle prof fouille dans son tiroir, me sort un stylo bleu. J’en ai marre que ces petits trucs m’arrivent. Mais c’est classique Jaskiers. (Je parle de moi à la troisième personne comme Delon.)

Bien, je finis de remplir mes papiers. Tout est bon. Je rentres a l’appartement.

Mais aujourd’hui j’ai envie de sortir un peu. Seul. Au cimetière. [Petite dédicace à Pandora].

Je ressort tout de suite, si je commence à trop réfléchir je vais rester à l’appartement.

Ça caille.

La Normandie c’est beau, et sa caille. Mais j’aime le froid. Le froid, sa conserve m-a-ton dis un jour. Prendre une grande bouffée d’air frais, la sentir m’envahir les poumons qui sont pleins de merde à cause du tabac. Je tousse dans la rue, les gens vont penser que j’ai la Covid. Et que j’ai l’air d’un clown avec mes chaussures.

Qu’à cela ne tienne. Je passe devant un bar, personne en terrasse, quelque papys à l’intérieur, sans masque, buvant leur vin blanc. Pas évident de boire avec un masque… Un jeune homme et une femme assis face à face à une table. Je pense qu’ils sont peut-être en plein rencard. Ou peut-être pas, les rencards ça existe plus ? D’ailleurs est que ça a vraiment existé en France ? C’est très américain d’ailleurs, « going on a date ». Maintenant on a Tinder et autres dérivations. Si j’étais une femme, je pense que j’irai à un rencard avec un petit quelque chose pour me protéger, mieux même, une amie devrait me surveiller, de loin. On aurait des signes discrets qu’on utiliserait pour avertir l’autre si il y avait un danger ou au contraire si tout allait bien.

Je continue ma petite marche, je passe devant la boulangerie de la Basilique, j’y sens le pain chaud. J’évite de regarder dedans de peur de craquer pour un petit encas, il faut dire que j’ai pris du poids ces derniers temps, c’est nouveau pour moi. Je fixes mon regard sur l’objectif. Un banc !

(Le mégot de cigarette n’est pas de moi. Ne jetez pas vos foutus mégots par terre sérieusement.)

Une fois mon gros cul (les antidépresseurs font grossir. Ce n’est pas une légende. Si vous allez dans un hôpital psychiatrique, vous verrez que certains patients sont bouffis, pas gros, juste bouffis et leurs visage, gonflés. Pas tous bien sûr mais pour moi, qui ai toujours été mince et sportif, j’ai vu mes muscles abdominaux fondre. J’ai une légère bedaine et un double menton quand je m’assois. Et je vieillis aussi. Quand j’irai mieux j’irai à la salle de sport. Quand j’irai mieux…) posé devant la basilique, je vois deux bonnes sœurs. Elles me fascinent ! J’ai toujours eu envie de leur poser des questions, sur la religion, la vie, la philosophie, Dieu, la vie mais je ne le ferai jamais, à quoi bon au final.

Donc ces deux bonnes sœurs atteignent leurs voitures. Une voiture électrique s’il vous plaît ! Et pas une petite, une sacré berline d’une marque françaises. Je ne pourrai pas vous dire la marque, je ne suis pas du tout voiture, ni bricolage. J’en ai rien à foutre des deux. Tant qu’une voiture roule, c’est tous ce que je lui demande, et j’aime pas conduire depuis que je suis sous traitement.. Quant au bricolage… je ne m’y suis jamais mis. Moi, fils d’un cheminot, petit et arrière petit fils de menuisier, je ne sais pas me servir de mes deux mains. C’est bizarre les gènes.

Si un jour je trouve une femme qui aime conduire, bingo. Rien à foutre des règles sexistes, une femme peut bien conduire son homme non ?

Et si jamais, en plus, elle bricole. Alléluia. Enfin on se mariera pas ni n’aurions d’enfants.

On en était où la ? Ah oui les bonnes sœurs. Elles débranchent tant bien que mal leur voiture de la borne de rechargement. L’une d’elle dit à l’autre : T’inquiète je gère.

Woah ! Elle est à deux doigts de dire « Wesh », si ça s’y trouve elle a un compte tiktok où elle lache des « DAB » sur une musique d’un rappeur américain en chaleur. On peut être bonne sœur et être moderne !

Non c’est trop Jaskiers.

J’allume une clope. Je me dis qu’il me faut écrire un article. Je le sens.

Il faudra que je prenne des photos. Le blog a changé, maintenant j’écris pour moi. Ce premier article sera un test. Je n’écrirai pas que ce genre d’article.

Je contemple la Basilique, elle n’a pas changé, n’a pas bougé de place ni changé de couleur depuis la dernière fois que je l’ai vu.

J’entend le vrombissement typique d’un hélicoptère. C’est l’hélicoptère médicale du CHU de Rouen, Dragon 76. Il passe au loin, derrière la Basilique puis je ne le revois plus. Il passe souvent.

Est-ce ce genre d’hélicoptère qui a transporté les 6 organes de mon frères ? Je crois vaguement me souvenir qu’ils avaient été transportés par hélicoptère. L’idée de faire un tour au cimetière me vient à l’esprit. Oui, c’est bizarre mais j’aime ce cimetière, il est unique, atypique, pour moi du moins. La moitié des cendres de mon frère y reposent dans le Jardin des souvenirs. José-Maria de Heredia y a sa tombe ainsi que le Père Hamel, tué par un terroriste dans son église à St-Etienne-du-Rouvray. J’irai les voir.

Je reste quelques minutes de plus sur le banc. Le vent frais me caresse le visage, ce n’est pas un froid qui vous pétrifie mais un froid doux. Ma respiration s’envole en petite volute.

Deux joggeuses dans la quarantaine peut-être passent et parlent, leurs voix est saccadées par l’effort. Je devrais me remettre au sport. Courir ou même marcher. Mes poumons sont grillés par la cigarette, je cracherai mes bronches après 1 minute d’efforts.

Dire que quand j’étais jeune, j’étais le premier dans les courses d’endurances. Je pouvais courir pendant 1h30 sans m’arrêter puis jouer au foot pendant les récréations. Pas une journée sans sport à cette époque. Le contraste avec aujourd’hui est attristant. Je court deux minutes et mes poumons me brûlent, mes genoux me font mal et craquent et le lendemain les courbatures m’attendront sagement pour se plaindre de mon manque de conditions physiques.

Enfin courir c’est pas pour aujourd’hui. J’ouvre mon téléphone. Je me dis que les passants qui me regardant doivent se dire : Ah ces jeunes, pas 2 minutes sans aller sur leurs téléphones.

J’envoie un snap à ma sœur pour garder nos « flammes ». (Ceux qui utilisent Snapchat savent de quoi je parle.)

J’ouvre l’application de l’Associated Press, un américain exécuté par injection létale, un autre va être exécuté bientôt. Je regarde leur visages, je n’ouvre pas les articles. Je referme l’application.

Pendant que je prends de pleine bouffée de cet air frais, que mes poumons meurtris par mes conneries se gonflent, un type en Amérique a été exécuté. Ses poumons ne se remplissent plus, plus jamais ils ne se rempliront. Je ne sais pas ce qu’il a fais. Peut-être était-ce un enfoiré de première.

La Basilique juste devant moi, je respire encore doucement cet air, je le sens s’engouffrer dans mon poumons et se confronter à mes bronches encrassées.

Lui, là-bas, il est mort dans une cabine, attaché. Ont lui a injecté des produits, il est mort devant des gens venu pour assister à sa mort. Quelles odeurs cette sorte de cabine doit avoir ? Moi, je respire, encore, je sens, encore.

À voir des gens assister à ta mort, certains mêmes sont payés pour, d’autres veulent juste te voir mourrir, il se passe quoi dans ta tête ? Des infirmiers et au moins un médecin doivent assister à l’exécution, je penses en tous cas.

Les médecins américains doivent-ils prêter le serment d’Hypocrate ? Je n’en sais rien.

Dans tous les cas, ils tuent un tueur, en espérant qu’il ne soit pas innocent. On tue un tueur donc… ça ne fait pas un tueur de moins sur terre.

Je sais qu’une exécution en Amérique coûte plus chère qu’un emprisonnement à perpétuité. J’aime l’Amérique même si je n’y suis jamais allé mais je peine à la comprendre. Encore plus ces dernières années. Quelques choses s’est brisés là-bas et bien souvent, ce qui se produit aux États-Unis se répercute d’une manière ou d’une autre dans l’hexagone. Sauf qu’en France, on a moins la class ! On est très terroir quand même ! Appelons ça la french touch.

Et que penser de l’autre qui attends d’être exécuté ?

Je respire encore, je fermes les yeux deux secondes, pas longtemps, on ne sais jamais à notre époque.

Beware of your surroundings comme on dit en Amérique.

J’ai une légère idée de ce qui se passe dans sa tête au type qui attend de crever en public. Lire les ouvrages de Caryl Chessman m’aura au moins appris cela.

C’est pas marrant pour lui évidemment. Je ne sais pas quand il va y passer. Il doit penser à la douleur, à la sensation de la mort. Il va se sentir passer de vie à trépas. Respire t-il l’air vicié de sa cellule du couloir de la mort comme moi je respire l’air frais normand ? Est-ce qu’il regrette ce qu’il a fais ? Est-ce qu’il a pensé à la peine de mort quand il a commis son crime ? Si oui, ça ne l’a pas arrêté… On récolte ce que l’on sème. Tu donne la mort, on te la donne aussi. La loi tu Talion.

Il doit penser à quelqu’un qu’il aime. Regretter de ne pas avoir passé plus de moments avec cette personne. Peut-être qu’il pleure la nuit. Silencieusement pour ne pas réveiller les autres détenus. A-t-il choisis son dernier repas ? A-t-il le droit de se fumer une dernière clope avant d’y passer ? Pense-t-il que sa vie aurait pu être différente ? Blâme t-il quelqu’un pour sa faute ? Est-il innocent ?

Et moi je regarde la Basilique. Un type est mort cette nuit, un autre va bientôt mourrir.

Et Dieu dans tous ça ? Croit-il en Lui le type prostré dans l’antichambre de la mort ? Va-t-on en enfer quand on a commis le crime de Caïn même si on est exécuté ? Est-ce qu’être exécuté pour avoir commis le pire des péchés remet les compteur à zéro durant le Jugement Dernier ?

Et moi dans tous ça ? Et vous ? Nous ?

Je reste à fixer le lieux de culte pendant 5 minutes je penses. Perdu dans mes pensées. Les passant doivent se demander ce que je fais, à fixer la Basilique sans rien faire d’autre, sans même bouger.

Assez attendu, je pars direction la Basilique, je passe à côté pour descendre au cimetière.

Tient, une plaque explicative portant sur l’histoire du cimetière ! Il y en a une devant la mairie, devant la Basilique, la salle des fêtes et d’autres part. Ces panneaux/plaques sont récents.

J’y lis qu’un champion de course de voiture y est mort. Philippe Étancelin. Je Google son nom, Wikipedia. Ah oui c’était il y a vraiment longtemps !

D’autres personnalités, qui ne m’intéresse pas, complètent la liste.

Sur la dernière ligne des célèbres morts enterrés là est écrit : « Notre illustre poète José-Maria de Heredia » je m’arrête la. « Notre » ? Vraiment ? Notre ? Un poète ? Notre ? Je veux dire… Un être humain peut-il appartenir à toute une ville ? Un artiste ? Un être humain n’appartient déjà pas à un autre être humain (dixit Breakfast At Tiffany). Je n’aime pas cette formulation, « notre ». C’est peut-être con. Je m’insurge sûrement pour rien. Peut-être est-ce parce que je suis de cette génération qui est offensée par tout et n’importe quoi.

Bref je rentres dans le cimetière, d’autres personnes, toutes âgées, y déambulent. Pourquoi suis-je s’y vieux ? Dans ma tête comme dans mes actes ? Quand j’étais gamin, j’avais été voir « La môme » au cinéma avec mon père. Ce dernier aimait à dire à tout le monde que j’étais le seul enfant dans le cinéma. C’est vrai il n’avait pas tord. Les autres spectateurs étaient pour l’écrasante majorité des personnes d’âge mûres ou âgées.

Et me voilà ! Une décennie (plus quelques années) après a déambuler dans un truc de vieux. Je sais que je ne suis pas le seul à faire ça (re-salut Pandora, maintenant je comprends pourquoi tu aimes flâner dans les cimetières).

Direction l’immense statue du Christ sur sa croix. Le Calvaire. C’est peut-être le mot adéquat quand on attend d’être exécuter. Un calvaire.

Je regarde la statue. Elle est impressionnante. Ce cimetière est… beau, plutôt grand, sur plusieurs « étages ».

Au pied de la statue, le Jardin des souvenirs. Des petits tas de cendres et des gerbes de fleurs.

Les cendres de mon frangin ne sont plus là depuis longtemps.

L’anniversaire de sa mort arrive et je suis en colère contre lui. Je réalise que je suis dans une nouvelle étape de mon deuil. 15 ans après sa mort : la colère.

Crever à 18 ans c’est nul, toi qui excellait dans tous. Dans le meilleur comme dans le pire car dans le pire, tu a trouvé la mort. Félicitation ! Tes diplômes, tes conquêtes féminines, tes « ami(e)s » qui pleuraient comme des madeleines à ton enterrement, qui me disaient « on sera toujours là pour toi », tu sais que la plupart d’entre eux sont misérables maintenant ? Certains t’on rejoint, certains sont en prison, certains sont des drogués, d’autres vivent dans la misère. D’autres ont « réussis » leurs vies, enfin sûrement car je n’ai plus aucune nouvelles de ceux-là. Aucun n’a jamais été là pour moi. Avec des ami(e)s comme ça mon frère, pas besoin d’ennemi.

Tu était un esprit brillant et combatif, moi, toujours en proie à mes démons intérieurs dont certains sont dû à ta mort. Tu était le jour, je suis la nuit, j’écris, je lis et je prépare l’aube d’une vie sans toi.

Je ne suis pas dans une belle situation non plus je l’admet. Je me bats pourtant. Je suis là, tu es mort à 18 ans, j’en ai 27. Je suis ton grand frère maintenant ! Je suis toujours un petit con comme tu peux le voir. Un jour peut-être je réussirai à te laisser partir. Pour l’instant tu me fais chier. Te rends tu compte de la peine que tu as causé ? Ce n’est pas de ta faute ? Mais avec toi, même si ce « n’était pas de ma faute » il fallait que j’agisse en étant responsable. À ton tour maintenant, d’être « responsable ». Tu ne peux répondre, au final, je vaux aussi bien que toi. Si je continue à penser que tu étais « mieux » que moi je n’avancerai pas. Nous serons à égalité maintenant. Tu n’a pas ton mot à dire. Pas mieux, pas pire que toi. Sauf que moi, j’ai survécu plus longtemps. C’est moi maintenant le grand frère. À toi de porter un peu de ma peine, de porter ma croix, à mes côtés car je l’ai décidé. Le cadet doit respecter l’aîné non ? Maintenant respecte moi et obéi moi. Laisse moi vivre sans ton fantôme à mes côtés ! Non reste à mes côtés, j’ai besoin de toi pour affronter le monde. Reste. Je t’aimerai toujours.

‘Non, mère. Laisse-moi être et laisse moi vivre’ à pensé Stephen Dedalus en voyant sa mère passe de vie à trépas.

Les fleurs sentent cette hideuse odeur de crématorium. Je pensais que c’était dû aux corps brûlés cette odeur mais non. L’expérience m’a appris que c’était ces fleurs.

Pourquoi les gens mettent-ils ces plantes qui sentent tellement mauvaises ? Ou peut-être est-ce le papier avec lesquelles elles sont vendues ? Sûrement cela.

Je me retourne pour voir une vue dégagée de Rouen Ouest et de ses alentours.

De grande cheminée au loin crachent leurs fumée. Crématorium. Non Une usine.

Poumpoumpoum. Tiens Dragon 76 est de retour ?! Non, cette fois c’est l’hélicoptère de la gendarmerie qui fais des allers-retours au dessus d’une zone industrielle traversée par un chemin de fer. Je regarde ce numéro d’insecte mécanique que je n’ai pas l’habitude de voir. Il tourne et tourne, en rond… L’argent du contribuable est bien dépensé ! Il y a des habitations par là, des HLM. Et moi de penser à 1984. Enfin, pour nous surveiller, maintenant, la police peut utiliser des drones ! Et j’ai lu qu’Elon Musk avait, peut-être, un projet consistant à projeter des publicités dans le ciel ! Imaginer regarder le ciel bleu mais devoir regarder un spot publicitaire avant… Ce n’est pas la technologie le problème, c’est l’humain.

Je regarde la Seine qui passe en contrebas. Elle a l’air tranquille. J’ai même le droit de voir quelque mouettes. Je me demande ce qu’elles font si loin dans les terres. J’ai envie de leur dire : vous savez, y’a vraiment des endroits plus beaux, vous avez des ailes, profitez-en. Et éviter de nous chier dessus ou sur les voitures.

Les oiseaux sont très intelligents, si ils sont là, c’est sûrement pour une raison.

J’ai perdu de vue l’hélicoptère des gendarmes. Disparu comme il est arrivé.

Si ça se trouve, au pied d’une statue du Christ. Ils m’ont peut-être vu prendre en photo le panorama et pensés que j’étais un truand.

Un panneau indique les différentes banlieues que l’on peut voir depuis ce panorama. J’ai l’impression que Rouen se trouvent dans une sorte de cuve, entourée de grande collines de forêts.

Le panneau indique que je regarde plein ouest. L’ouest, l’Amérique ! Si ça se trouve, je fais face à New-York.

Dernièrement, je suis fasciné par New-York. J’ai commandé des livres de Colum McCann, de Paul Auster, de Truman Capote (j’ai carrément pris tout ses ouvrages), de Hubert Shelby Jr, de Dennis Cooper, de Patti Smith, un ouvrage de Beigbeder (Window on the World un livre que m’a conseillé Pandora), J.D. Salinger, Tom Wolfe, James Baldwin et d’autres ouvrages se déroulant dans la Grande Pomme. Je ne me comprend pas, j’oscille entre l’envie de découvrir la nature sauvage de l’Alaska ou la jungle urbaine de New-York. Je n’irai peut-être jamais dans la ville qui ne dort jamais, mais je lirai New-York.

Les livres sont ma vie. C’est triste à dire. Ma pile à lire est immense. Je dirai quelque chose comme 300 livres. Certains me diront qu’à 27 printemps, il serait plutôt temps de trouver une copine plutôt que de rester seul avec mes bouquins.

L’immense majorité des livres sont d’occasions, ça reste que ça coûte cher ! Mais quand on aimes, on ne comptes pas, quitte à manger des pâtes tous les jours.

Pour l’instant, il n’y aura personne dans ma vie sentimentale. Ma liberté et ma tranquillité passent avant tout. Et les livres aussi. La demoiselle attendra que je sorte de mes pénates après avoir lu plus de 300 ouvrages.

Les gens pensent que je souffre de la solitude quand en faite, je l’apprécie tellement. J’en ai besoin. Est-ce que je m’ennuie ? Jamais ! Quand on aimes les livres, on as la chance de ne jamais souffrir de l’ennuie.

Du bruit derrière mon dos, je me retourne doucement, une dame de 70 ans environ marche sur la petite étendue d’herbes où sont dispersées cendres et gerbes de fleures. Tranquille la mamie qui marche sur les cendres. L’être humain est bizarre. Je me tais, on respect les aînés.

Il est temps d’aller voir « notre » illustre poète.

Je connais le chemin, j’avais visité ce cimetière il y a de ça un an.

Ça descend sévère. La pente est abrupte. Des deux côtés, des tombes pour la grande majorité délaissées, certaines semble même ouvertes. Que font les familles ? Les concessions ne doivent pas être gratuites ça s’est sûr, mais venir passer de temps en temps un coup de chiffon ou de balayette sur la tombe d’un proche, c’est pas la mort…

Une belle vue sur la Seine m’encourage à ne pas me casser la gueule.

Il me faut tourner à droite, prendre un tout d’escalier abrupte et étroit. Je les monte en faisant attention. Si je me casse quelque chose, je n’ai pas de couverture maladie. L’administration, ça a l’air d’être un bon job, prendre son temps, c’est ça leurs méthodes semble-t-il. Et la collection de papiers qu’ils perdent. Désolé si vous travaillez dans cette branche, évidement aucun travail n’est évident . Mais il faut bien se plaindre de quelque chose quand on est français.

La tombe du poète est entourée d’une sorte de grille « légèrement » rouillée. Des escargots, tous blancs, immobiles, semblent dormir autour de sa sépulture. La nature et le poète. Je prends une photo, je vais la mettre dans mon article. J’ai vu plusieurs blogs parler du poète, ils ont mis la photo de sa tombe. Son Wikipedia contient une photo de sa tombe. Même la pancarte explicative à l’entrée en a une.

Je lis ce qu’il est écrit sur sa tombe, je peine à déchiffrer. Le lieu de repos du natif de Cuba n’a pas l’air d’être entretenue. C’est triste.

Un homme de lettre, pardon, « notre » homme de lettre, un poète, qui repose avec je crois deux autres membres de sa famille semble ne pas être important pour la mairie. J’aimerai y (re)faire un tour pour le leur dire. Mais ne serait-ce pas un peu hypocrite de ma part ? Je n’ai jamais lu un seul de ses poèmes depuis mon arrivé. Il faudra que je penses à faire des recherches pour un recueil.

Les dalles sur lesquels je me tiens sont en mauvaises états, l’une est complètement décrochée des autres. Les poètes sont-ils condamnés à la misère et à la déconsidération même durant la mort ? Au moins, les escargots aux blanches coquilles lui rendent hommage. Je n’en ai pas vu d’autre sur les tombes aux alentours. Ou peut-être ne voulais-je pas les voir. Voulant garder une sorte de magie, une preuve que les Hommes de lettres sont d’immenses artistes.

La vérité, c’est que devant cette tombe, je me sens apaisé. Devant le Jardin des souvenirs : de la colère, devant « notre » José-Maria de Heredia : je me sens mieux. Peut-être est-ce le soleil qui commence à sortir des nuages et à me réchauffer un peu. Des rayons percent les nuages. C’est beau. J’aime les nuages quand ils se mélangent au soleil. J’ai toujours cette idée juvénile que les dieux grecques crèches là-haut. Encore plus ses jours-ci car je relis Homère la base du story-telling, le premier poète, le père de la littérature, du roman, j’ose l’affirmer. Je suis en plein dans l’Iliade, et ça bataille sec autour des nefs des Argiens. Les Dieux se querellent, font l’amour et se mêlent à la bataille.

Je me retourne pour contempler la vue qu’à le fantôme du poète. Elle est belle. Puis j’aperçois une curieuse chose perchée dans un arbre qui entoure le cimetière, on dirait un ballon de foot. Je prends une photo :

Je sais très bien que ce n’est pas un ballon, mais c’est curieux. Cette chose est quand même massive, perchée tout en haut de l’arbre. Encore une œuvre de ces génies d’oiseaux ? Si vous savez ce que c’est, je suis preneur.

Et tous ces découvertes se déroulent quand je suis aux côtés de la tombe d’un poète cubain. Cuba, si je me décale un peu sur ma gauche, je fais peut-être face à Cuba. Hemingway. Il me faut lire le grand ouvrage que j’avais trouvé par hasard et relire ses principales œuvres en anglais. Il me faut aussi trouver et lire José-Maria.

Lire lire lire. J’en oublie de vivre. Et honnêtement je m’en fous. Le virus nous empêches de voyager normalement. C’est l’excuse que je me donne car au lieu de prévoir un voyage je dépense toutes mes économies dans les livres. Bien qu’au fond de moi, je sais très bien que je ne peux pas faire de long voyage.

L’Homme est une contradiction, j’en suis sûr.

Je décide de descendre direction la tombe du prêtre assassiné. Vue sur la Seine, une péniche commerciale (c’est correct ça ? Enfin vous voyer ce que je veux dire, voici une photo) navigue doucement.

J’arrive presque en bas du cimetière. Sur la gauche, une longue série de tombe, sur trois rangs (je crois, je ne suis plus si sûr maintenant que je corrige l’article) longe le flanc jusqu’à un mur haut, gris et plutôt moche. Un écriteau indique quelque chose comme tombes communales. Les allées sont étroites, les tombes n’ont pas l’air très bien entretenue mais belle vue sur la Seine. Je ne m’y aventurerais pas, honnêtement, cette partie du cimetière est… glauque. Pardon mais bon.

Je continue tout en bas du cimetière pour visiter la tombe du Père Hamel. Il y a 1 an, j’avais beaucoup peiné à la trouvée. Elle est fleuri, tellement que l’on ne voit presque plus son nom. Je me retourne, je constate que la tombe du prêtre fait face à la cathédrale de Rouen. C’est beau. Ça a du sens. Les êtres humains aiment que les choses ai du sens. Enfin la majorité. Je pense.

Avant de quitter l’homme de foi, de remonter, je décide d’aller sur la gauche ou un portail ouvert donne sur un petit monument aux morts dédié aux soldats belges morts pendant la première guerre mondiale.

Plus loin, une longue allée bordée de buissons qui ont l’air à l’agonie donne sur un grand monument dédié au Roi Soldat, Albert I. Je décide d’aller le voir. Je prend une photo, je regarde l’œuvre de l’artiste. Ce monument n’est pas répertorié sur la pancarte à l’entrée du cimetière. Pas cool pour nos cousins belges !

Je fais demis tour, un couple de personnes âgées se recueil devant la tombe du Père Hamel. Ils doivent se demander ce que je pouvais bien faire ici. Un truc pas très catholique sûrement. Ou peut-être qu’ils sont cool et n’ont pas du tous pensé à ça. Et je me demande bien comment ils ont pu arriver jusqu’en bas tellement la côte menant à la tombe est escarpée.

Je passe devant la tombe des « Petites Sœurs des Pauvres ». C’est une grande tombe blanche, sans nom, sans fleur, sans gravure rien à part un écriteau : Petite Sœurs des Pauvres.

Même dans la mort, elles sont resté… pauvres ? C’est triste. J’imagine la vie de ces femmes, une vie dédié aux autres, aux plus démunis et elles reposent ici, aussi, sans rien, aucun artifice. Ça force le respect, l’humilité. Jusqu’à la mort elles sont restés fidèles à leurs idéaux. Je me force a comparer certaines tombes qui ont des formes… atypique je dirais. Certaines sont même Too Much, tape à l’œil. Je remonte et vois une tombe avec une sculpture de femme. C’est une très belle sculpture, la femme est prostrée comme Le Penseur de Rodin sauf que son visage est marqué par la souffrance. Cette sculpture fait en faite partie d’une tombe. Je ne la prends pas en photo. Mais je me dis que quand même… certains ont de la vanité jusque dans la mort. C’est peut-être méchant de ma part, mais la sépulture des Petites Sœurs des Pauvres me parle plus que cette tombe.

Je me rends compte que je parles de tombe comme si je faisais une review de livres. Je suis vraiment un connard. Vous me pardonnerez n’est-ce pas ?

En continuant mon ascension vers la sortie, je décide de repasser par la tombe du poète. J’ai envie de ressentir cette sensation de douceur comme tout à l’heure. J’entends des gens parler, je n’y reste pas longtemps.

Je passe à côté du Calvaire, sans un regard pour le Jardin des souvenirs. Colère, tristesse. Il est temps de partir.

Je vois deux personnes dans la cinquantaine à la sortie, un homme, une femme. Ils finissent leurs conversation et se séparent dès que j’arrive, la femme lui dit de prendre soin de lui, lui de répondre « qu’au final c’est comme une simple grippe, je souffre pas tant que ça ».

Cool l’ami ! Donc tu as la Covid et tu vas au cimetière sans masque. Normalement je crois que tu dois rester chez toi en « quarantaine ». Qu’est-ce que tu fous au cimetière ? T’a peut-être peur que le virus t’emporte et t’as décidé de visiter ta prochaine demeure au cas où le virus te ôte la vie ? Un peu comme une visite d’appartement mortuaire peut-être. Ta dernière demeure. Peut-être que sur ta tombe tu mettra une sculpture de la Covid.

Je suis vraiment un connard.

Je suis vacciné, je peux attraper le virus mais avec des risques moindres d’hospitalisations, apparemment. Avec ma chance, le type m’aura passé un peu de sa Covid et je finirai à l’hôpital car j’ai des antécédents d’asthmatiques, asthme qui a disparu dans mon enfance. Au moins j’aurai visité le cimetière où ma mère déposera mes cendres. Mélangé à ceux d’inconnu(e)s et de mon frère, si il en reste.

Maintenant que j’y penses : Bobonnes a dessiné son expérience de vaccination.

Moi, je n’ai pas écris sur ma vaccination. (À l’heure où j’édite et vérifie ce texte, j’apprends que nous devrons recevoir une troisième dose pour garder notre pass-sanitaire… enfin je crois. C’est à ne plus rien y comprendre.)

Moi j’étais trop fainéant pour écrire ne serait-ce qu’une ligne sur mon expérience.

Je me suis fais piqué au Kindarena à Rouen. À ma première injection, c’était bondé ! Une file d’attente énorme. J’avais cette mauvaise impression, tout ces gens vont se faire vacciner, moi y compris. Je me suis peu renseigné sur le vaccin, j’ai peur, pas de la piqûre mais des effets secondaires. Une fois rentrée dans les locaux, des infirmières, infirmiers, très jeunes mon âge ou encore moins me donnent des papiers à remplir. Des médecins, des infirmières encore (que des femmes là) s’occupe de l’administratif. Je me fais vacciner par une dame de 60 ans. Elle me fais mon vaccin, aucune douleur. Elle me dit que je sens bon, sympa, elle me donne un chocobon et je m’installe pour patienter 15 minutes en cas d’effet secondaire. Le lendemain j’ai juste mal à l’épaule.

La deuxième dose. Personne dans la file d’attente, presque personne a l’intérieur. Les formalités administrations expédiées, un type dans la cinquantaine me vaccine.

Là ça fais un peu plus mal. J’ai l’impression de sentir le liquide chaud passé de la seringue à ma peau. J’ai eu le droit là encore à un chocobon. 15 minutes d’attentes. Une bonne fatigue pendant 2 jours et puis c’est tout.

Tada ! J’ai raconté vite fais comment je me suis fais vacciné.

Bobonnes l’a fais avec ses dessins et moi avec mes pauvres mots.

Je réalise qu’on peut raconter une histoire de différent moyens. L’art c’est magique putain. (Passez faire un petit coucou à Bobonnes, elle est cool.)

Par les mots, on peux raconter, écrire, en one-shot comme Pandora. On peux aussi lire les textes de Iotop, fort bien écrits, une maîtrise et un vocabulaire qui impressionnent.

Je ne peux écrire un texte décent sans le réviser un peu, au contraire de Pandora, et je n’ai pas la science des mots d’un Iotop. Peut-on parler de style ? Aucune idée, le plus important c’est que les textes/articles soient plaisant à lire quelque sois le sujet.

Bref.

Je bifurque sur la gauche et je vois le monument au morts. A ses pieds, des gerbes de fleures, c’était le 11 novembre il y a quelques jours. Je prends une photo et réalise que le monument dédié aux soldats belges de la première guerre mondiale plus bas n’a même pas une petite fleure à ses pieds. Très vite oubliés nos cousins belges et leurs sacrifices. C’est injuste et triste. Ou bien ces fleurs ont été enlevées mais pourquoi les gerbes des français sont-elles encore là ?

Le français est ingrat, il oublie vite et se plaint beaucoup. Je le sais, j’en suis un. Un gaulois pas réfractaire mais qui veut juste être seul, en paix. Un gaulois anachorète agnostique.

Je continue sur la gauche et je revois le couple de personne âgée, qui se recueillait sur la tombe du Père Hamel, sortir du cimetière et je réalise qu’il y a une autre entrée beaucoup plus accessible pour accéder à la partie la plus basse du cimetière. Jeune et con ! Les vieux ont l’avantage de la sagesse. Et l’expérience.

Je m’assied sur un banc près du magnifique monument de Jeanne d’Arc.

Malheureusement, impossible d’aller ce mettre à côté de sa statue. La vue y est imprenable sur une partie de Rouen. Le monument est magnifique. Pour une raison que j’ignore, l’accès y est fermée. Elle ne l’était pas avant la Covid dixit ma mère. Je ne comprends pas pourquoi son accès est fermée. C’est en plein air, il y a de l’espace. Si les gens sont civilisés, ils respecteraient la distanciation sociale. En faite ça me fais chier. Le monument est magnifique, c’est de l’art, de la culture. Culture qui a été malmenée voir sacrifié à cause de la Covid. On sacrifier la culture, on perd son identité. L’Homme a besoin d’histoire ! Que ce sois des livres, des chansons, des films, des séries télés, des sculptures, des tableaux, des dessins ect… Depuis la nuit des temps l’Homme a besoin de s’exprimer et d’entendre des histoires. Nos ancêtres dessinaient dans leurs grottes, l’art, c’est aussi prouver qu’on existe, que l’on a existé. Que nous sommes des humains. Sacrifier la culture, fermer les librairies, les cinémas, les musées, reviens, à mon avis, à fermer un magasin d’alimentation. L’Homme n’est plus nourris dans son âme. Et Dieu sait ce qu’il pourrait se passer quand l’Homme a besoin de rassasier sa soif de liberté, liberté d’apprendre, de s’éduquer, de s’émerveiller, de s’évader…

Je pense à ces petites librairies qui ont dû en chier pour rester debout. Je commande l’énorme majorité de mes livres par internet, j’achète des livres d’occasions qui proviennent d’associations ou de librairies indépendantes quand c’est possible. C’est à dire souvent.

Et là je m’imagine à New-York, je déambule dans une rue et je découvre une petite librairie. Je m’y engouffre, m’y vois y rester deux heures à feuilleter, sentir l’odeur, peut-être discuter avec la personne qui possède ce petit havre de culture et de paix. Je m’imagine que c’est une femme, 60 ans peut-être, elle a des lunettes, habillé à la cool, pas sophistiqué, du vécus, elle a peut-être croisée Blondie, Lou Reed, Bob Dylan et d’autres fortes personnalités qui ont marqué les U.S.A. dans sa jeunesse. Peut-être qu’elle a fréquenté des musiciens de Jazz aussi. Elle sourit en entendant mon accent français à couper à la tronçonneuse, me parle de son voyage en France et moi de lui parler du miens ici. Et on parle littérature américaine. On part loin, tous les deux sans bouger. Et puis je repars, un livre à la main, en espérant que la libraire ne soit pas la version féminine de Joe dans YOU. (Si vous ne le saviez pas, cette série, excellente au passage, est tirée de deux livres : Parfaite et Les corps cachés. L’auteure, Caroline Kepnes est même consultante sur la série ! Et non, je n’ai pas encore lu les livres, je fais tout à l’envers. La série avant les livres…)

Ah ! J’ai aussi plus de 30 livre de Stephen King ! J’ai presque tout ses livres. Je suis fou d’avoir tellement commandé.

Je me rappel qu’à l’appartement m’attendent des livres, notamment je me rappel aussi cette découverte : Virginie Despentes. King Kong théorie, bye bye blondie, baise-moi, les chiennes savantes, mordre à travers, Vernon Subutex. je suis impatient de lire cette écrivaine. Sa vie est… atypique . Comme la mienne. Qu’elle vie ne l’est pas d’ailleurs ? J’ai envie de lire son travail.

Find what you love and let it kill you.

Bang… Bang…Ding

La cloche de la Basilique me fait sursauter, déjà midi. Je m’allume une clope et je regarde Jeanne d’Arc. Il faut que j’aille visiter le musée dédié à elle à Rouen. Ma mère m’a dis que ça faisait peur, les mannequins bougent et truc comme ça. Elle m’a déjà emmener voir le lieux où elle a brûlé. Je ne sais pas trop quoi en dire. Je suis dubitatif. Jeanne d’Arc messieurs dames ! Je ne sais pas, ils auraient pu faire mieux.

Je me plains tous le temps en faite.

Ma clope consommée et le mégot rangé dans le paquet (sérieux, les mégots par terre, c’est degueulasse !), je vais faire un tour à côté de la salle des fêtes. Il y a une belle vue sur Rouen.

En chemin, des femmes mûres me suivent, elles ont des bâtons de marches dans chaque mains (marche nordique ?) et parlent du bienfait de la marche.

Je m’arrête pour vous prendre en photo cette horrible chose que les gens par ici appellent « le crapaud ». Voyez par vous même.

Qui a eu cette idée ? Qui a pensé que ce serait vraiment une bonne idée de poser ce truc là ? Petite infos complémentaires, des jeunes viennent souvent se garer à côté pour se défoncer à coup de protoxyde d’azote (je crois) contenu dans des ballons de baudruches. Une sorte de drogue qui est dans les parages depuis quelques années maintenant. Ces jeunes ne se cachent même pas.

J’arrive vers l’endroit qui donne une vue dégagée de Rouen ouest. Une photo puis je repart.

Je repasse à côté de la Basilique, je me demande si je vais y rentrer. Un panneau indique « vigilance », ce dernier mot écrit dans un triangle. Ce ne doit pas être pour la Covid, je pense que c’est un plan vigipirate, le pauvre Père Hamel

Quel monde triste, je ne rentre pas. Je passe à côté du presbytère, un arbre magnifique est planté dans sa cour. Je ne le prends pas en photo, je ne pense pas que cela sois judicieux mais il est beau. Tout tordu . Je lis vite fais une affiche accrochée sur une porte attenante au mur du bâtiment religieux.

Je lis « inscription pour le café » au lieu de « caté ».

Maintenant j’ai envie d’un café.

Bourré de sucre. Mais j’ai arrêté. Le café hein, pas le sucre. Je m’étonne d’être gros !

Arrive à quelque mètres de mon appartement, je tâte les poches, je ne trouve pas les clés !

Je fais une fouille minutieuse de mes poches, je commence à suer. Je vais devoir me retaper tout le chemin jusqu’à tout en bas du cimetière ?!

Je revérifie mes poches et les retrouvent, emmitouflées dans mon masque. Super Jaskier !

J’entre dans mon bâtiment, ouvre ma boîte aux lettres. J’ai reçus des livres.

Pour finir cet article (très long, désolé), une petite citation que j’ai retrouvé dans mes notes. Je ne sais plus où je l’ai trouvé mais elle était là, dans mon application. Autant la partager avec vous en guise de fin !

JD Salinger au New-York Times : « La publication est une terrible invasion de ma vie privée. J’aime écrire. J’adore écrire. Mais j’écris pour moi et mon propre plaisir. »

P.S. : depuis que j’ai écris cet article (le 18/11) l’homme qui devait être exécuté en Amérique ne le sera pas, le gouverneur de son État l’a gracié.

P.S. 1 : j’ai finis L’Iliade et L’Odyssée, je m’apprête à attaquer Un été avec Homère de Sylvain Tesson. Suite logique !

P.S. 2 : n’hésitez pas à jeter un coup d’oeil aux blogueurs que j’ai mentionné dans l’article !

P.S. 3 : désolé pour les fautes de français… et pour le très long article. Merci d’avoir lu jusque-là !

Jaskiers